Chapitre 43-2
Son regard passa de la surprise à la suspicion, alors qu'elle s'asseyait en grimaçant.
— Parce que vous voulez me faire croire que vous savez où il se trouve ?
— Il vient de nous envoyer une tête en guise de petit mot doux. Nous pouvons donc en déduire qu'il n'est pas loin.
— Il va nous attaquer ?
— Si je ne me rends pas, c'est fort probable et je n'en ai pas l'intention... du moins pas selon ses conditions.
— Non ! s'écria-t-elle en prenant appuis sur le matelas.
Comprenant qu'elle ne parviendrait pas à réaliser ce qu'elle avait en tête, c'est-à-dire se lever seule, je me précipitai et la saisissant avec douceur sous les bras, l'empêchai se s'effondrer sur le sol.
— Non, quoi ? demandai-je en l'aidant à s'assoir sur le bord du lit, avant de m'éloigner rapidement de quelques pas, comprenant à son regard farouche qu'elle n'appréciait pas mon aide.
— Vous ne devez pas vous rendre.
— Depuis quand vous souciez-vous de mon bien-être ? ne pus-je m'empêcher de lui balancer.
— Personne ne mérite d'être à sa merci, chuchota-t-elle en fixant ses mains qui tremblaient.
Cette femme et moi partagions les mêmes traits de caractères, la fierté, l'indépendance et la hargne. Mais la ressemblance s'arrêtait là, si bien que j'avais du mal à la cerner complètement et à la comprendre. Pourtant j'avais besoin d'elle, nous avions besoin d'elle pour que notre plan insensé et suicidaire ait une chance de réussir. Mais je ne m'attendais pas à la trouver en si piteux état et le temps nous manquait cruellement.
— C'est vrai, vous avez raison. Et en vous apitoyant sur votre sort, vous le laissez avoir de l'emprise sur vous, vous le laissez gagner.
— C'est faux !
— Non c'est vrai ! C'est d'autant plus vrai que c'est ce que j'ai moi-même fait durant toutes ces années sans même m'en rendre compte ! Je me suis renfermée sur moi-même, je suis devenue une femme froide et inaccessible afin que personne ne puisse plus me toucher comme lui il l'avait fait. Ne tomber pas dans le même piège que moi, laissez-moi vous aider ?
— Et qu'avez-vous à y gagner ?
— Pourquoi faudrait-il toujours une contrepartie à tout ?
— Parce que la vie et ainsi faite, et que vous ne m'appréciez pas plus que je ne vous apprécie.
Je marquai une pause et durant quelques instants, nous nous jaugeâmes du regard. Elle avait raison. Son côté agressif, buté, et ouvertement anti-métamorphe me dérangeait, même si elle avait peut-être de très bonnes raisons pour cela. Elle n'avait jamais fait l'effort de s'ouvrir et de ne pas nous mettre tous d'emblé dans le même panier. L'épisode Kane, n'ayant évidemment rien arrangé ! Mais étrangement, j'avais envie de l'aider. Car malgré tous ses défaut et ce qu'elle pouvait penser, une petite part de moi commençait à l'apprécier.
— Mis à part votre caractère entier et borné sur certains sujets, je n'ai rien contre vous. Mais si vous voulez la vérité, la voici : Nous avons besoin de vous pour faire diversion.
— Pourquoi moi ? Pourquoi ne pas choisir l'un des vôtres, tellement plus fort et performant ? Je dois être la seule humaine présente ici.
— Justement. Il ne s'y attendra pas et vous sous-estimera, ce qui nous donnera un avantage, du moins nous l'espérons.
— Un avantage ? Pfff... j'arrive à peine à marcher seule, alors me battre contre un... je ne sais même pas ce qu'il est !
— Nous n'en sommes pas sûr...
— Pas sûr de quoi ? De sa nature ? Vous comptez le vaincre comment si vous ne connaissez même pas ses points faibles ?
— Oh que si je connais son point faible, c'est l'arrogance ! Il a beaucoup trop confiance en lui et ça le perdra. Au fond, sa véritable nature importe peu. Qu'il soit pur métamorphe ou loup-garou, sans sa tête il sera tout aussi mort !
Je vis le doute, puis l'espoir illuminer brièvement les iris de Monroe, alors qu'inconsciemment elle redressait légèrement les épaules. Je sus qu'elle avait prit sa décision avant même qu'elle n'ouvre la bouche.
— Faire diversion, ce devrait être dans mes cordes, me dit-elle avec un petit sourire grimaçant.
— Avant de parler stratégie, laissez-moi vous aider à rejoindre la salle de bain.
Elle hésita quelques secondes, avant de finalement hocher doucement la tête. Je la guidai vers la seule autre porte de la pièce. La salle d'eau était tellement petite que nous eûmes du mal à y entrer à deux. Je l'aidai à s'assoir de nouveau, mais cette fois-ci sur l'abatant des toilettes, tandis que je faisais couler l'eau.
— Merci, mais maintenant je peux me débrouiller toute seule, s'empressa-t-elle de me dire lorsque j'avançai la main pour l'aider.
Comprenant sa gène, je ne dis rien et me contentai de sortir de la petite pièce. Je m'assis sur le lit, rongeant mon frein tandis que les minutes passaient et que mon cerveau retors envisageait les pires scénarios. Chaque son et craquement naturel me faisaient sursauter, emballant mon cœur tellement je m'attendais à entendre le signal d'intrusion à tout moment. Le bruit sourd qui retentit dans la salle de bain me fit presque le même effet, et c'est d'un bond que je me retrouvai poignée dans les mains et porte ouverte avant même d'avoir réfléchi.
Monroe gisait en sous-vêtements, par terre, entre la douche et le lavabo. Malgré son regard noir, je m'avançai et me penchai pour l'aider, ne lui laissant pas le loisir de refuser. Avec mille précautions je passai mes bras sous ses aisselles, essayant de ne pas toucher ni effleurer ses membres, tous recouverts d'une multitudes de coupures et de lacérations.
Un horrible frisson me parcourut. Je savais d'expérience qu'aucune de ces blessures n'étaient graves ou fatales, seulement superficielles, mais aussi horriblement douloureuses et faites pour détruire l'autre psychiquement. Lui saper ses forces et le laisser impuissant.
— Vous savez, il y a un moyen de vous soigner complètement en à peine quelques heures, lui dis-je du bout des lèvres, d'une voix tremblant de rage contenue.
— Me transformer en loup-garou ?
— Rien d'aussi radical, rassurez-vous.
— Pourquoi personne ne m'en a parlé avant, alors ?
— Parce qu'ils étaient certains que vous refuseriez.
— Et pas vous ?
— Si certainement, mais je me dois quand même de vous le proposer, dis-je en l'aidant à s'installer dans la cabine de douche. Il m'a fait subir la même chose qu'à vous, lui avouai-je en faisant couler le plus doucement possible un filet d'eau tiède sur ses chevilles.
Elle ferma les yeux, poings et dents serrés, mais comme elle ne me demanda pas d'arrêter, je continuai.
— Et vous, vous n'avez pas de cicatrice, parvint-elle à murmurer d'une voix voilée, comprenant certainement où je voulais en venir.
— Et vous n'en aurez pas non plus, si vous acceptez une transfusion.
— Une transfusion de sang de métamorphe ?
— Oui, lui répondis-je simplement.
— Qu'est-ce que cela impliquerait sur le long terme ?
— Normalement, rien. Comme vous êtes cent pour cent humaine cela ne fera pas de miracle. Mais comme vos blessures sont superficielles, elles guériront simplement beaucoup plus vite. Vous aurez aussi, peut-être, un peu plus de force et de réflexe, mais je ne peux pas vous le certifier. Ce n'est pas une pratique courante.
— En gros que des avantages ? parvint-elle à persifler.
— En résumé oui, lui répondis-je avec un petit sourire.
Elle me fixa de son regard voilée par la fatigue et la douleur et presque à contrecœur, me fit un petit signe d'assentiment de la tête. Intérieurement, je poussais un petit soupir de soulagement et m'empressai d'éteindre l'eau.
— Je vais chercher ce qu'il faut à l'infirmerie et je reviens, la prévins-je tout en sortant de la pièce avant qu'elle ne change d'avis.
J'allais atteindre la porte de la chambre lorsque cette dernière s'ouvrit à la volée sur Connors, souffle court et regard paniqué.
— Ils attaquent.
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