Chapitre 4-1
*Mis à jour le 24.03.22*
Tout ce que je perçus fut un hoquet de surprise tandis que le silence semblait s'épaissir et l'air se refroidir.
— Je croyais que les métamorphes avaient une capacité de guérison exceptionnelle, dit Monroe d'une voix blanche.
— Pas au-delà d'un certain nombre de dégâts. Nous avons nos limites, comme tout le monde, lui répondis-je en refermant mon chemisier avant de ramasser ma veste.
— Cette blessure parait ancienne, fit remarquer Allistaire. De quand date-t-elle exactement ?
— D'une quarantaine d'années.
Un hoquet de surprise retentit, manquant m'arracher un sourire. La réaction des humains était toujours rafraichissante.
— Quarante ans ! Il y a donc peu de chances que cela est un lien avec notre affaire...
— Le temps n'agit pas de la même manière sur eux que sur nous, l'interrompit Worth d'une voix sourde et maîtrisée à l'extrême. Au bout de trois mois, tu devrais le savoir ! Si c'est un non-humain qui a fait ça, il n'a sans doute même pas pris une ride.
Sa voix était tellement tranchante et incisive que je me tournai vers lui sans réfléchir et restai figée de stupeur devant son regard. Ses iris avaient viré à un bleu tellement clair qu'elles en paraissaient blanches et son teint semblait plus blafard également. Un frisson me parcouru et je me rendis compte que ce n'était pas mon imagination, la température avait chuter dans la pièce et cela venait de Worth. Une fine pellicule de givre était même en train de se former sur sa peau.
— Je peux te parler une minute, seul à seul ? lui demandai-je précipitamment de peur que ses collègues ne se rendent compte de quelque chose.
— Allistaire, Monroe, allez prendre un café ! leur ordonna-t-il sans desserrer les dents.
Je les vis hésiter et Monroe commencer à ouvrir la bouche, mais son coéquipier lui posa la main sur le bras accompagné d'un petit signe de tête et l'entraîna hors de la pièce.
— Worth, tu dois te calmer avant que tes collègues ne se rendent compte de quelque chose, lui-dis-je à la seconde où la porte se fut refermée sur les deux inspecteurs.
— Je ne suis pas énervé, juste fou de rage. Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
— Parce qu'avant cette histoire, ça ne te regardait pas.
— Comment peux-tu dire ça ?! Je suis flic, nom de dieu !
— Et moi métamorphe ! Tu n'as pas oublié nos codes moyenâgeux et notre adoration du secret.
— Depuis la révélation, rien ne t'empêchait de venir porter plainte ou au moins... venir te confier à moi.
Un silence désagréable tomba sur la petite pièce tandis que ses derniers mots semblaient résonner dans ma tête comme un écho.
— Ce que tu dis est idiot et tu le sais parfaitement, répondis-je finalement. Cela s'est passé il y a bien longtemps et te concernait en rien. Maintenant calme-toi et vite, si tu ne veux pas avoir à expliquer pourquoi il a neigé dans ton bureau.
— Quoi ! Mais qu'est-ce que tu...
Il s'interrompit subitement, semblant sortir de sa transe lorsque qu'il posa son regard sur ses mains couvertes de givre.
— ça t'arrive souvent ? lui demandai-je d'une voix sérieuse, en réprimant un frisson.
Il ferma les yeux et prit une grande inspiration, avant de balayer d'un revers de main, les flocons blanc saupoudrant les photos éparses.
— Par moment, lorsque je suis soumis à un stress ou à des émotions fortes, finit-il par me répondre les yeux rivés sur ses mains. Je ne sais pas comment le contrôler.
— Tes collègues sont au courant ?
— Pourquoi fais-tu semblant de t'en soucier, maintenant ? éluda-t-il d'une voix hargneuse bien que ses yeux reprissent peu à peu leur teinte d'origine, preuve qu'il se calmait. Il fallait répondre à mes coups de fils, si tu te souciais un tant soit peu de ce qui m'arrivait.
— Comment voulais-tu que je devine que c'était pour ça ?! Tu ne laissais jamais aucun message.
— Parce que tu m'aurais répondu ou tu serais venue si j'en avais laissé ? ricana-t-il d'un ton amer. Tu t'imaginais quoi, au juste ? Que je te harcelais ? Que je ne pouvais plus me passer de la sublime Hannah ? Peu importe, laisse-tomber, finit-il en secouant la tête. C'est lui ? C'est lui qui t'a fait ça ?
Ne pouvant plus esquiver plus longtemps, je me contentai d'acquiescer d'un signe de tête, pas pressée de réaborder le sujet.
— Tu es consciente que tu vas devoir nous expliquer ce qu'il s'est passé... en détail ?
C'est à cet instant que la porte s'ouvrit sur les deux inspecteurs de retour de leur pause-café forcée, qui n'avait pas duré plus d'une poignée de minutes !
— Il doit y avoir un problème de chauffage dans ce bureau, ronchonna Monroe en allant gigoter le thermostat du radiateur. Il fait un froid de canard ici.
— Tu n'avais qu'à prendre un café, ça t'aurait réchauffé, lui répliqua Allistaire en s'approchant de moi deux gobelets fumant à la main. Je vous l'ai pris noir, ça ira ? me demanda-t-il en me tendant l'un des deux.
— Oui, merci, lui répondis-je avec un léger temps de retard, surprise et étonnamment touchée par son geste.
J'en bu une gorgée, plus par réflexe qu'autre chose et fus surprise de le trouver buvable. Le liquide brulant traça une ligne incandescente dans ma gorge, semblant me réchauffer de l'intérieur. Ce n'est qu'à cet instant que je pris conscience du froid qui me glaçait les entrailles. Un froid brut et implacable qui n'était pas naturel et ne venait pas de moi... mais de Worth. Vue de l'extérieur rien ne se voyait, mais à l'intérieur il bouillonnait d'une rage froide. Je pouvais presque ressentir sa colère et sa fureur à la simple idée de n'avoir pas pu me protéger.
Il releva brusquement la tête et me fixa intensément, comme s'il sentait que je venais d'avoir accés à ses pensées. Je le soutins quelques secondes mais sans le défier. Il avait raison, je n'aurais pas dû l'éviter et le laisser gérer ça tout seul. J'essayai d'exprimer mes regrets à travers mon regard avant de détourner les yeux, de peur que les deux autres flics de la pièce ne remarquent quelque chose.
— Que représente cette marque ? me demanda soudain l'inspecteur Monroe, nous replongeant dans le vif du sujet avec le tact qui semblait la caractériser.
— C'est le symbole d'un clan métamorphe, lui répondis-je en me tournant vers elle.
— Donc notre tueur est un métamorphe ?
— À moins que cela ne soit un humain qui veuille brouiller les pistes, commenta Allistaire en retournant s'assoir sur le coin du bureau, après avoir donné l'autre gobelet à Worth.
— Non, je ne pense pas, commentai-je prudemment. Ce clan a disparu depuis des dizaines d'années. Un humain n'aurait pas pu avoir accés à ce symbole.
— Alors à qui avons-nous à faire exactement ? Vous en avez une idée au moins, ou vous nous faites juste perdre notre temps !
— Eléa ! Tu as bien vu la marque sur son épaule, réagit Allistaire visiblement lassé de son comportement.
— C'était peut-être juste une diversion pour nous attendrir et...
— Monroe... j'ai encore une réflexion à te faire et tu es virée... pour de bon cette fois ! la prévint Worth d'un ton calme mais implacable qui la remis enfin à sa place.
Worth me fit ensuite un signe de tête m'enjoignant à répondre malgré tout.
— A un métamorphe du nom de Kane Adams, répondis-je à l'inspecteur Monroe en rongeant mon frein. Et jusqu'à aujourd'hui, je le croyais mort.
— Qu'est-ce qui vous fait dire que c'est lui, alors ? Cette marque peut être une simple coïncidence ou être le fait d'un autre métamorphe admiratif ou nostalgique de ce... Kane ?
— Parce qu'il vient de reprendre contact... aujourd'hui. Ça, plus les photos, ça ne peut pas être une coïncidence.
Worth approuva d'un signe de tête tandis qu'Allistaire émettait un « yep » en posant une fesse sur le coin du bureau.
— Quand t'a-t-il contacté pour la première fois ? reprit aussitôt Worth en prenant des notes.
— Je te l'ai déjà dit ! Ce matin, chez Charles, lui répondis-je sèchement.
— Peut-être bien, mais il y a une heure, ta réponse n'avait pas autant d'importance que maintenant, me rétorqua-t-il d'un ton polaire. Donc, ce matin à quelle heure ?
— Dix heure, lui répondis-je aussitôt, récoltant au passage un coup d'œil surpris de Monroe.
— Vous êtes bien précise et sûre de vous, commenta-t-elle suspicieuse. Vous vous attendiez à ce coup de fil ?
— Je suis précise car je quitte toujours le chevet de mon père à la même heure pour ne pas être en retard à mon travail. Le téléphone a sonné au moment où je partais.
— Il va falloir que l'on trace l'appel...
— Tu sais très bien que c'est hors de question ! La localisation de notre clan doit rester secrète pour notre sécurité et ce n'est pas négociable.
— Ce qui n'est pas négociable, c'est que je perdre une piste précieuse à cause de votre paranoïa infondée ! s'énerva-t-il en me jetant un regard noir.
— Tu ne sais absolument pas de quoi tu parles...
— Et pour cause ! Tu ne...
— Tiens, fais mumuse avec ça, si ça peut te faire plaisir ! l'interrompis-je en lui balançant mon portable, de peur qu'il ne se trahisse devant ses hommes dans un accés de colère. Mais si tu crois vraiment le retrouver aussi facilement, c'est que tu sous-estimes son intelligence.
Il parvint à le rattraper au vol avant qu'il ne s'écrase au sol et c'est au moment où il allait me demander le code, qu'il se mit à sonner.
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Psst..."Elémental" c'est glissé jusqu'à la #16ème place du classement il y a deux jours !!*o*!! Merci à toutes et à tous <3 C'est grâce à vous ^.^
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