Chapitre 15-1
*Modifié le 06.05.22*
Monroe et Allistaire, toujours aveuglés par leurs cagoules, reculèrent instinctivement devant le grondement peu amène de la panthère.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? s'écria Monroe. Vous nous avez emmenez où ? Dans un zoo ?
— Aah... presque ! Rejoue encore ! plaisanta Jude en leur retirant leurs bandeaux improvisés d'un coup sec.
Le cri que poussa Monroe en apercevant le fauve à seulement quelques mètres d'elle, valait son pesant d'or. Surtout lorsque ce dernier feula en lui montrant les crocs, pour faire bonne mesure.
— Dites-lui de se transformer ! couina-t-elle en reculant, manquant faire tomber son collègue dans sa précipitation.
— Continues à l'insulter et elle va te bouffer ! s'exclama Jude en rigolant. Féline est une vraie panthère et elle n'aime pas beaucoup qu'on la prenne pour un bipède ! C'est elle qui le dit ! ajouta-t-il avec un clin d'œil, tout en se tapotant la tempe du bout du doigt.
— Vous êtes des... laissez-moi partir d'ici !
— Crois moi, j'aimerai bien mais... heureuse ou non, tu es coincée avec nous pour le moment. Alors essaies de ne pas nous insulter tous les deux mots, ce sera plus sûr pour ta santé.
— Jude, arrête de l'asticoter ! intervint Christina. Tu vois bien que tu lui fais peur.
Pour toute réponse, ce dernier lança un regard noir à Monroe, qui essaya de le soutenir mais abandonna au bout de quelques secondes. Puis s'approchant de Christina, il ouvrit son blouson, permettant à frimousse de sauter dans la main de cette dernière dans un « squiiiit » plus qu'éloquent.
— Ne restons pas là, on ne sait jamais, murmura Jude à sa compagne en l'entraînant vers la maison à un étage, nichée au milieu de la verdure semi-entretenue du parc arboré où nous nous trouvions.
Je n'étais venue qu'une seule fois ici depuis qu'ils y avaient emménagé. Ce n'était pas faute d'avoir reçu des invitations mais, leur bonheur évident me rappelait trop ma solitude volontaire, mais étouffante. Sans compter que Christina et moi, avions toujours eu des rapports houleux et difficiles, de mon fait principalement. Me faire des copines n'avait jamais été mon truc.
— Tu es fou de nous avoir amené ici, murmurai-je à Jude en le rejoignant. Tu mets ta famille en danger.
— Nos sort de protections sont puissants. Il y a peu de chance qu'il nous trouve ici.
— Et si cela devait arriver, nous avons un plan B. Mais par sûreté, les petits sont chez Isaac, ajouta Christina en me souriant. Merci de t'inquiéter pour nous Hannah, ça me va droit au cœur ! ironisa-t-elle gentiment en ouvrant la porte, avant de nous inviter à entrer.
Nous pénétrâmes directement dans la pièce principale, qui servait à la fois de salon, de salle à manger et de cuisine. La pièce au parquet brut était décorée dans des tons chauds et naturels, assortis à des meubles simples mais finement sculptés, habillés de tissus clairs en lin. Cette déco me rappelait étrangement l'ancien appartement que Christina partageait avec Cassie sa colocataire, au moment où nous nous étions rencontrés pour la première fois.
— Nous sommes chez qui ? me demanda soudain Monroe, me sortant brutalement de mes souvenirs.
— Chez moi, lui répondit Jude en nous dépassant, Allistaire appuyé sur son épaule.
Il l'accompagna jusqu'au canapé où il le fit assoir, avant de me faire signe.
— Hannah, à toi de jouer.
Au même instant, comme si tout avait été millimétré, Christina revint avec une trousse de premier secours de la taille d'une petite valise.
— On n'est jamais trop prudent ! commenta-t-elle mon coup d'œil appuyé avec un grand sourire, tout en ramenant une mèche auburn derrière son oreille.
Amusée et détendue malgré-moi pour la première fois depuis longtemps, je lui rendis son sourire tandis que je comblais la distance me séparant d'Allistaire.
— Elle a été infirmière, lui expliqua Worth devant sa posture tendue et son air surpris.
— En fait, je n'ai jamais exercé, rectifiai-je en m'accroupissant devant lui pour examiner sa cheville. Mais j'ai mon diplôme, ajoutai-je pince-sans-rire pour l'asticoter.
— C'est l'humour douteux de Jude qui déteint sur toi ? s'exclama l'inspecteur en s'asseyant lourdement aux côtés d'Allistaire. Je crois que c'est la première fois que je t'entends plaisanter.
— Parce-ce que ça, c'était une plaisanterie ? s'esclaffa Allistaire en grimaçant lorsque j'effleurai sa cheville blessée.
— Dans sa bouche... oui ! Notre Hannah n'est pas particulière connue pour être une femme rigolote ! intervint Jude qui paraissait s'amuser comme un petit fou, tandis qu'il aidait Christina à préparer des sandwichs.
Pour toute réponse, je lui fis un geste fort peu courtois, qu'il prit pour ce qu'il était en riant de plus belle. Je finis de bander la cheville meurtrie du jeune policier puis me relevai avant de me tourner vers Worth dont le teint palissait à vue d'œil.
— Occupe-toi de Monroe d'abord, me dit-il d'une voix qui ne me plu pas.
J'allais répliquer quand son regard et un subtil influe mental m'arrêtèrent. Sa blessure était plus sérieuse qu'il n'y paraissait et il ne voulait pas que ses hommes le sachent. À contrecœur, je pivotai vers la jeune femme et m'approchai pour examiner son bras.
— Ne me touchez pas ! glapit-elle en reculant, aussitôt que mes doigts s'approchèrent de sa peau.
— Vous pouvez cesser vos enfantillages ?! rugit Jude, exaspéré. Vous lui sauver la vie et maintenant vous avez peur qu'elle vous approche ?! Vous l'avez bien touché tout à l'heure, non ? ajouta-t-il d'un ton dur et froid qui montrait qu'il était à la limite de sa patience.
— J'ai agi par instinct, sans réfléchir, répondit-elle en reculant encore de quelques pas, jusqu'à buter contre le comptoir de la cuisine.
— Ce que vous regrettez maintenant ? lui demandai-je sans acrimonie et d'un ton détaché, tout en m'éloignant pour aller ranger ciseaux et compresses dans la trousse.
— Non, me répondit-elle avec une franchise qui me dérouta. Ce serait à refaire, je le referai. Je suis devenue flic pour porter secours et pour aider les autres. Mais...
— Dis-leur, lui ordonna doucement Worth. Explique-leur, ils ont le droit de savoir.
Personne ne dit un mot, bien conscient que ce moment était décisif sur beaucoup de plans. L'avenir du groupe de Worth, de son poste et de bien d'autres choses. Monroe prit une grande inspiration tremblante, nous regardant tous à tour de rôle. Puis fixant son regard sur Jude, elle se lança.
— Lorsque j'avais dix ans, mes parents sont morts. Tués... tués par des... par des monstres comme vous, cracha-t-elle en plantant brièvement ses yeux dans les miens.
— Vous êtes certaine que c'était des métamorphes ? lui demanda gentiment Christina, en lui tendant un verre de jus d'orange, qu'elle refusa.
— Oui mais tout le monde m'a pris pour une folle ! Ils ne savaient pas que j'étais là. Il était tard, c'était en pleine nuit. Un simple cambriolage qui a mal tourné, commença-t-elle à raconter d'une voix serrée. Ils avaient des armes et ont tiré sans réfléchir dès qu'ils ont entendu du bruit. Mais j'ai eu le temps d'apercevoir une des mains du deuxième hommes... il avait des griffes. Des griffes longues et aiguisées comme celle d'un fauve... Évidemment personne ne m'a cru. Ils ont mis ça sur le compte du choc et de mon jeune âge. Ils sont même parvenu à me faire douter et à me faire croire que j'avais rêvé, mais...
— ... le jour de la grande révélation est arrivé et là, vous avez su, continuai-je à sa place.
— Oui, j'ai su. J'ai eu la preuve que je n'avais pas rêvé et que je n'étais pas folle. J'ai fait des recherches, je me suis renseignée, jusqu'à tomber sur votre nouvelle brigade spécialisée, dit-elle en se tournant vers Worth. J'ai aussitôt demandé mon transfert et je ne vous ais rien caché.
— C'est vrai, admit-il. J'ai senti votre haine et votre rage à la seconde où vous avez pénétré dans mon bureau.
— Pourquoi m'avoir accepté dans ce cas ?
— Parce que vous êtes un bon élément et que j'espérai que vous puissiez trouver les réponses que vous cherchiez. Mais j'espérai surtout vous faire changer d'avis sur les métamorphes.
Le silence s'installa et alors que les secondes s'égrenaient lentement, j'avais envie de leur hurler « Regardez-le bon sang ! Vous ne voyiez pas qu'il ne va pas bien ! » Mais je sentais que le moment était aussi important pour Worth que pour Monroe alors je pris sur moi et me tus.
— J'ai conscience que vous ne cherchez qu'à m'aider et que je ne devrais pas me comporter de la sorte envers vous, reprit enfin Monroe d'une voix hésitante et fluette. Mais...
— ... vous avez peur, affirmai-je en l'épinglant du regard.
Elle acquiesça d'un simple signe de tête, baissant les yeux sur ses mains.
— C'est compréhensible mais pas une excuse à tout, lui balançai-je en me détournant.
La remercier pour m'avoir sauvé la vie me brulait les lèvres, mais ce n'était pas le moment. Je trouverais une meilleure occasion, du moins je l'espérais.
— Si vous ne voulez pas de mon aide, je vais m'occuper de ceux qui en ont vraiment besoin, ajoutai-je en me tournant vers Worth, tandis que Christina et Jude déposaient deux assiettes de sandwichs et les verres de jus de fruits sur la table.
— Mes hommes passent d'abord et puis, ce n'est qu'une égratignure, mentit-il d'un ton détaché.
— Ça, ça m'étonnerait ! intervint Monroe d'un ton bougon. Je vous ai vu grimacer, ajouta-t-elle en acceptant finalement le verre qu'on lui tendait. Faites-vous examiner.
Nos regards se croisèrent, nous n'avions presque plus besoin de mots pour nous comprendre.
— Peut-être pas ici ? Finit-il par dire d'un ton espiègle. À moins que vous ne vouliez tous me voir en caleçon ?
— Il y a une chambre d'ami avec salle de bain, au bout du couloir. Ce sera mieux pour ton intimité ! lui indiqua Christina en souriant.
Pourtant je vis passer de l'inquiétude dans son regard lorsqu'elle remarqua les traits tirés et la grimace involontaire de l'inspecteur lorsqu'il se leva. Rassemblant le matériel dont j'aurais besoin, je m'empressai de le suivre, le regard braqué sur la tache écarlate qui semblait encore s'élargir à chacun de ses pas.
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Désolée pour cette interruption involontaire, mais trop de choses ce sont produite en même temps ^o^ Les vacances, le salon du Fantastique, la rentrée, un article dans le journal de ma région et...plein d'autres choses !!*o*!! J'espère que ce chapitre vous aura plu et à bientôt sur les suites de mes autres histoires ^.^
Des bisous <3
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