Chapitre VIII : Sennar

« Pourquoi toutes les couleurs du monde s'étaient-elles effacées de mon esprit ? »



Quelle horrible douleur...Je ne pouvais même plus bouger...Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ouvris lentement les yeux. La première chose que je vis fut deux yeux dorés me dévisageant. Un regard tel que celui-ci...jamais je n'en avais vu de semblable. Je fermai brutalement les yeux à cause d'une lumière aveuglante qu'on venait d'allumer. Mais où est-ce que je suis bordel ?

- Sennar ? Oh Sennar tu te réveilles enfin !

Cette voix...Celle de Neera...Je tentais d'ouvrir les yeux mais cette même lueur aveuglante était insoutenable donc je dus les garder clos. Une autre voix se fit entendre, celle de Lukas.

- Je suis tellement soulagé que tu ailles bien !

L'agression. Je m'en souvenais clairement à présent. J'avais...perdu connaissance ?

- Sennar ? balbutia une nouvelle voix féminine.

Maman...Pourquoi diable ne parvenais-je pas à la regarder ?! A les regarder tous ?! Je posais une main tremblante sur mes yeux clos et demandai d'une voix cassée à faire peur.

- Maman...Tu peux arrêter de...m'aveugler s'il te plaît ?

Personne ne me répondit. Mais j'entendis tout de même le bruit d'un interrupteur qu'on éteignait. Je pus enfin ouvrir les yeux et dévisageait un à un les visages de Neera, Lukas et Maman. Je remarquai également que nous étions dans mon salon.

Il y avait aussi un inconnu près d'eux. Mais...quelque chose clochait. J'avais beau plisser les yeux, me les frotter, les cligner rien y faisait. Je voyais tout parfaitement bien, les formes, les visages de mes proches mais...je les voyais en noir et blanc...

- Maman...commençai-je d'une voix blanche. Pourquoi...Pourquoi je vous vois...

- C'est normal.

Je posai mon regard sur l'étrange inconnu aux yeux dorés. Il reprit.

- Tu es un...

- Arrête ! ordonna brutalement ma mère.

L'inconnu sembla se tourner vers elle mais il s'immobilisa et ne répliqua rien. Ma mère reprit d'une voix plus douce mais elle ne me regardait pas.

- Sennar...Mon ange...Est-ce que...Est-ce qu'on peut allumer la lumière ?

Je sentis soudainement ma respiration s'accélérer. Rallumer la lumière ? Mais...elle était déjà allumée...Non ? Mon absence de réponse sembla attrister ma mère. Elle s'approcha de lampe sur la table du salon, les mains devant elle pour chercher l'interrupteur. Je me souviens que quand Maman avait acheté cette lampe, je m'étais moqué car je trouvais qu'elle n'éclairait rien du tout. Maintenant, je regrettais.

Dès qu'elle fut allumée, mes yeux se fermèrent brutalement. C'était...horrible...Comme regarder le soleil et ne pas parvenir à s'en détacher. Qu'est-ce que ça brûlait ! Je poussais un gémissement de douleur. Ma mère murmura quelque chose et un soupire résonna dans la pièce. J'entendis une sorte de crépitement puis ma mère m'assura.

- Tu peux ouvrir les yeux Sennar...

J'obéis. Et je n'avais plus mal. Par contre, je voyais toujours tout en noir et blanc, malgré la lampe allumée. Je pus m'attarder à contempler les visages de mes proches. De l'inquiétude et de la tristesse. Voilà ce que reflétaient leurs visages. Excepté cet étrange homme qui me fixait silencieusement, les bras croisés devant lui.

Je finis par regarder mon ventre qui se soulevait régulièrement. J'étais...J'étais persuadé d'avoir eu tellement mal seulement quelques minutes auparavant...Mais c'était quoi ce bordel ! Je m'assis sur le canapé non sans difficulté.

Malgré l'absence de toutes blessures visibles, mon ventre me faisait un mal de chien ! Ma mère était agenouillée près de moi, les lèvres tremblantes et les yeux débordants de larmes. Pourquoi ? Sûrement parce qu'elle avait eu peur...Brutalement elle explosa en sanglots. Elle avait la tête baissée et tout son corps était secoué de violents soubresauts.

- Pardonne-moi...oh je t'en prie pardonne-moi...Je suis...la plus mauvais mère du monde...

Mais qu'est-ce qu'elle racontait là ! Je me penchai vers elle et lui prit les bras pour l'obliger à se relever et à me regarder. Son regard baigné de larmes me bouleversa. Je parvins cependant à balbutier.

- Maman...qu'est-ce que tu dis là ?

- Dis-lui.

Ma mère et moi nous tournâmes vers l'inconnu, toujours présent. Je pus le dévisager attentivement. Il était grand, très grand, musclé aussi. Son visage fin et bien dessiné nous fixait fermement. Mais...tout était en noir et blanc...Pourquoi ? Pourquoi ça ? Pourquoi toutes les couleurs du monde s'étaient-elles effacées de mon esprit ?

Non...Pas toutes les couleurs...Le doré de ses yeux. Le même que celui que j'avais vu en me réveillant était toujours présent, illuminant son visage sombre. La seule couleur de tout ce que je voyais était ce doré étincelant qui brillait dans les yeux de cet inconnu.

- Sennar...Tu...Tu vas vraiment mieux ?

J'abandonnai cet homme des yeux pour les poser sur le visage pâle et inquiet de ma meilleure amie, elle-aussi en noire et blanc. Non...pas entièrement. Ses yeux verts magnifiques et envoûtants brillaient fortement.

- Sennar ?

J'abandonnai le visage de Neera pour contempler celui de Lukas. Ses cheveux d'habitude blonds étaient en bataille et son visage tout aussi pâle que celui de Neera. Et, tout comme elle, ses beaux yeux bleus illuminaient mon monde obscur. Dépité, je demandai d'une voix blanche.

- Pourquoi...Pourquoi je ne vois qu'en noir et blanc...Qu'est-ce qu'il m'arrive...

Ma mère se releva brusquement et voulut parler mais sa voix était toujours entrecoupée de sanglots.

- Tu es spécial.

Encore cet inconnu. Pour l'instant, seul lui semblait être au courant de ce qu'il m'arrivait. Mais pas sûr qu'il puisse m'aider, ma mère venait de lui jeter un regard noir. Mais je ne voulais pas qu'elle décide pour moi.

Je venais de me faire agresser au point d'être au bord de la mort dans une sombre ruelle puis je me réveillai là, chez moi, avec un étranger. Je voulais savoir...Je devais savoir...J'allais parler quand Lukas déclara gravement.

- Je crois qu'il a raison. Sennar...Neera m'a brièvement expliqué le temps qu'on te ramène. Tu...T'as fait un truc dingue...

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait Lukas ?

Mon ami se tut. Neera semblait ne pas vouloir m'expliquer non plus. Je me tournai alors vers l'inconnu et le toisait froidement. Pourquoi froidement ? Je l'ignorais. Je n'aimais pas son attitude. J'avais l'impression qu'il me prenait de haut.

En grimaçant, je parvins tout de même à me relever. Debout, j'étais presque à la même taille que lui. Je le dévisageai en jurant intérieurement. C'était vraiment perturbant de ne voir aucune couleur, seulement ces deux prunelles dorées incroyablement lumineuses. Je lui demandai durement.

- Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je sais que tu es au courant. Dis-moi !

Mon ton s'était fait plus autoritaire. Mais c'était compréhensible. J'avais besoin de savoir. J'en avais marre de rester à l'écart de la vérité. L'inconnu me dévisageait toujours silencieusement, droit, ses bras musclés croisés devant son torse tout aussi athlétique. Il jeta un bref regard vers ma mère qui détourna le regard.

J'allais soupirer de frustration, agacé que personne ne veuille me répondre, quand l'homme face à moi s'agenouilla brusquement devant moi, un poing sur le cœur et la tête baissée. Il...se prosternait ? Mes amis parurent tout aussi stupéfaits que moi. Ma mère s'était assise sur le canapé, les yeux larmoyants et les membres tremblants. Alors que je me sentais encore plus perdu, la voix de l'inconnu résonna dans tout le salon éclairé.

- C'est un immense honneur pour moi que de vous voir sain et sauf lord Sennar.














Bonsoir à tous ! En média le thème de Lunafreya, personnage de Final Fantasy XV intitulé Luna.

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