INTERLUDE
Zayn :
Je souffle fort et prends mon visage entre mes mains. J'ai le cœur serré et cette mélancolie au fond de moi. Les fêtes de Noël n'ont jamais été aussi tristes que cette année. Faire bonne figure pendant toute la conversation s'est révélé plus compliqué que je ne pensais même si je suis certain qu'Eléa n'a rien remarqué. Ma fille est encore trop petite. En tout cas je l'espère.
Je me lève du canapé et referme l'écran de l'ordinateur. Je me dirige jusqu'à la cuisine pour me servir un verre d'eau.
Ça va faire sept mois qu'Harry et Eléa ont quitté cet appartement. Sept mois que nous sommes séparés Harry et moi. Sept mois que ma fille vit loin de moi. Je me suis jeté corps et âme dans mon travail les premiers temps, pour combler l'absence. Puis mes amis, ma famille m'ont forcé à relever la tête et surtout à arrêter de me voiler la face.
Harry et moi n'étions plus proches depuis un an. Ce n'est pas un échec, juste la vie qui nous a éloignés, malgré notre petite fille, malgré les années d'amour partagées. J'ai mes torts dans notre séparation, c'est la raison pour laquelle j'essaye de me montrer le plus fort possible dans les moments où Eléa me manque, où je prends conscience qu'Harry a tourné la page et commence à construire une nouvelle histoire, avec Louis.
Je ne peux pas lui en vouloir, Louis est beau garçon et vraiment très gentil, prévenant. Harry m'a rapidement parlé de lui, de leur relation naissante. Le jour où Louis a téléphoné pour m'informer de l'agression subie par mon ex-compagnon, j'ai compris que ce n'était pas une simple passade entre eux, mais certainement le début d'une nouvelle belle histoire.
Je suis moins honnête qu'Harry. Peut-être pour le faire culpabiliser, je ne sais pas. En tout cas, je ne lui ai toujours pas parlé de Gauthier.
Gauthier est l'une des raisons pour lesquelles je me suis éloigné d'Harry. Il a intégré la société dans laquelle je travaille et, si nos relations ont été houleuses au départ, la tension s'est rapidement transformée en une attirance incontrôlable. Je n'ai pas cédé à la tentation, pas avant qu'Harry et moi ayons rompu officiellement, pas avant qu'il soit parti en Normandie.
La porte de l'appartement s'ouvre sur Gauthier, justement, qui me sort de mes pensées. Il m'adresse un sourire radieux en enlevant son bonnet et son manteau. Mon cœur s'emballe et ma nostalgie s'envole. Il s'approche de moi et vient m'enlacer. Il me raconte sa journée passée en famille. Je ne l'écoute pas vraiment, je savoure la chaleur de son étreinte.
"Ça s'est bien passé chez tes parents ? il me demande en embrassant ma joue.
- Oui. C'était différent des autres années, je réponds en haussant les épaules, résigné.
- Tu as appelé Eléa ?
- Elle l'a fait avant moi. Je viens de raccrocher. Elle a été gâtée. Elle est heureuse, je dis dans un souffle.
- Elle arrive dans deux jours mon cœur.
- Je sais. Mais elle me manque.
- Je sais.
- Surtout à cette période.
- L'année prochaine, vous passerez Noël ensemble.
- Ouais..."
Je me détache de Gauthier. Il se veut rassurant et c'est normal. Mais ce n'est pas lui qui est séparé de son enfant. Il ne connaît pas ce sentiment indescriptible qui vous prend aux tripes, cet amour pour lequel vous seriez prêt à tout. C'est au-delà des sentiments qu'on peut éprouver pour un conjoint. L'amour que je porte à Eléa transcende tout.
Et ce soir, ma fille me manque. Son bonheur, son sourire, ses histoires devraient me ravir mais ils ne font que creuser le vide dans mon cœur.
*
* *
J'ai rangé l'appartement et préparé la chambre d'Eléa. Gauthier m'a aidé à préparer un goûter de Noël puis nous avons disposé ses cadeaux au pied du petit sapin qui trône dans le salon. Ça fait maintenant trente minutes que je fais des allers-retours entre le canapé et la fenêtre qui donne sur la rue, attendant impatiemment d'apercevoir la voiture d'Anne et Robin qui arrivent de Normandie avec ma fille.
J'ai hésité mais finalement j'ai demandé à Gauthier de rester pour accueillir ma fille avec moi et lui présenter. Je vérifie une nouvelle fois les paquets, la chambre et le goûter. Je consulte mon portable et trouve un message d'Anne qui m'indique qu'ils arrivent dans cinq minutes. Enfin... !
J'enfile ma veste et m'apprête à sortir de l'appartement quand la main de Gauthier me retient par le bras.
"Tu es sûr de vouloir que je reste ?
- Oui. J'ai envie que tu rencontres mon rayon de soleil. Tu nous attends là ou tu descends ?
- Donne-moi une seconde et je te suis."
Ses lèvres embrassent les miennes. Même si Harry tiendra toujours une place importante dans ma vie, aujourd'hui Gauthier et Eléa sont les deux personnes les plus importantes dans mon cœur. Gauthier m'a redonné le sourire, me soutient quand l'éloignement me pèse. Il a bousculé mes convictions et prouvé qu'on peut tomber amoureux plusieurs fois dans une vie, et surtout quand on ne l'a pas prévu.
L'ascenseur ouvre ses portes et je sors sans attendre une seconde de plus. J'ouvre la porte de l'immeuble et me poste sur le trottoir. Robin se gare sur l'emplacement réservé aux livraisons sur le trottoir en face. Je traverse et ouvre la portière d'Eléa. Ma fille dort dans son siège. Je la détache et embrasse son front. Je murmure quelques mots à son oreille pour qu'elle se réveille doucement avant de la prendre dans mes bras. Ses bras enlacent mon cou et son visage se niche au creux de mon épaule. Je respire son parfum de vanille, heureux de retrouver mon petit cœur.
Anne me salue alors que Robin ouvre le coffre de la voiture pour sortir les affaires de ma fille.
"Elle s'est endormie aux portes de Paris, épuisée. J'espère que ça va aller ce soir, me dit Anne, caressant doucement le dos d'Eléa.
- On va la laisser se réveiller doucement, je réponds. Je lui ai préparé un goûter. On reste ici ce soir, on ira chez mes parents demain. Ç'a été la route ?
- Oui. On a eu de la pluie, c'est pour ça qu'on arrive un peu plus tard que prévu."
Le regard d'Anne se porte derrière moi, vers l'arrière de la voiture où Gauthier se tient pour récupérer les affaires d'Eléa.
"Anne, Robin, je vous présente Gauthier. Gauthier, ce sont les parents d'Harry.
- Madame, Monsieur, enchanté" dit-il en leur tendant sa main.
Je croise le regard d'Anne et répond à sa question silencieuse en hochant la tête. Elle me sourit gentiment.
"Harry ne nous a rien dit. Je suis heureuse pour toi Zayn."
Je suis un peu gêné et je me rends compte que j'aurais dû en parler à Harry. Anne va certainement lui en parler. L'espace d'une seconde, je regrette que Gauthier m'ait suivi.
"Bien, on va y aller. Au revoir ma poulette, dit Anne en embrassant la joue d'Eléa. Tu es bien sage avec Daddy, d'accord.
- Oui, répond ma fille, à peine réveillée et toujours nichée dans mon cou.
- Je suis sûre que le Père Noël a descendu des jolis cadeaux ici aussi, ma puce."
Anne embrasse ma joue et je serre la main de Robin. Nous les regardons partir avant de monter jusqu'à l'appartement.
Eléa ne me lâche pas, pour mon plus grand plaisir mais son air bougon gâche un peu la surprise que je lui ai préparé et l'enthousiasme que j'espérais.
"Tu m'aides à enlever ton manteau ma belle ?"
Eléa fait glisser la fermeture et je l'aide à se défaire du manteau. Elle me fait un bisou sur la joue et reste accrochée à moi, son regard vers la cuisine où Gauthier se tient, en retrait, nous laissant à nos retrouvailles.
Je prends ma fille dans mes bras et nous rejoignons mon ami.
"Ma puce, je te présente Gauthier. Tu dis bonjour ?
- 'jour... elle marmonne.
- Bonjour jolie demoiselle. Je suis très content de faire ta connaissance."
Eléa se cache un peu plus dans mon cou.
"Tu préfères regarder ce que le Père Noël a descendu ou tu veux goûter ?"
Je la vois hésiter, partagée entre les deux options ; la fatigue et sa timidité ne l'aidant pas à se décider.
"Et si on faisait les deux en même temps, qu'on prenait le goûter sur la petite table, dit Gauthier en avançant avec l'assiette de mini gâteaux au chocolat tout juste réchauffés.
- C'est une bonne idée, ça !"
Quelques minutes passent, deux paquets sont ouverts et je retrouve enfin ma petite fille et son entrain. Elle est maintenant totalement réveillée et s'émerveille sur chaque petit paquet que je lui tends. Elle mange un gâteau qu'elle trouve "vachement trop bon" et je lui dis que c'est Gauthier qui les a préparés avec moi. Elle se tourne vers lui et lui adresse un sourire timide. Gauthier reste un peu en retrait et n'a aucun geste envers moi qui pourrait mettre mal à l'aise ma fille. Je la surprends à plusieurs reprises lui jeter des regards en coin.
Elle emmène ses nouveaux jouets dans sa chambre, reprend ses marques dans l'appartement qui l'a vue grandir.
Je la regarde, appuyé contre la porte et lui propose d'appeler Harry. Je la laisse avec l'ordinateur, assise sur son lit, dès qu'Harry prend la conversation. Je retourne dans le salon et commence à ramasser les papiers déchirés. Gauthier s'approche et m'embrasse furtivement.
"Ça va ?
- Oui. Le trajet en voiture est trop long. Elle est crevée.
- Ça ira mieux demain. Je vais vous laisser pour ce soir, d'accord ?
- Ouais. Merci.
- De rien. Tu m'appelles ?
- D'accord."
J'embrasse ses lèvres et le serre rapidement dans mes bras.
*
* *
Ça fait déjà quatre jours qu'Eléa est arrivée. Le temps passe vite et nos journées bien chargées. Nous sommes allés rendre visite à mes parents et mes sœurs. Eléa a une fois de plus été gâtée et ravie de retrouver ses grands-parents et tantes.
Nous sommes allés au cinéma et à la Cité des enfants au Parc de la Villette. Sa petite copine Coraline est venue jouer avec elle un après-midi. Gauthier est passé tous les jours. Il est resté dîner avec nous hier soir et a passé la nuit avec moi. Il est allé travailler avant que ma fille se lève ce matin.
Nous nous préparons pour le réveillon du jour de l'an. Nous participons à la soirée organisée par l'une de mes sœurs et ses amis dans le village où elle habite, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Nous dormirons chez elle et rentrerons demain tranquillement dans la journée, avant de préparer les affaires d'Eléa pour son retour chez Harry.
Cette semaine est passée beaucoup trop vite et, à l'idée de me séparer encore de ma fille, je sens ma poitrine se serrer.
Je suis en train de mettre son pyjama dans un sac lorsque ma fille me rejoint, toute jolie dans sa robe en tulle violet. Elle grimpe sur mon lit, son doudou dans la main.
"Y aura qui Daddy à la fête ?
- Et bien, il y aura Papy et Mamie, tes taties. On va dormir chez tatie Doniya. Et puis il y aura d'autres gens que je ne connais pas, des enfants pour s'amuser avec toi. C'est une grande fête.
- OK, elle me répond simplement.
- Et puis..., je me racle la gorge, il y aura Gauthier aussi. Il va faire la route avec nous.
- Il va aussi dormir chez tatie ?"
J'arrête de préparer nos affaires et m'installe à côté de ma fille, que je prends sur mes genoux. J'embrasse sa joue et entreprends de tresser ses cheveux. J'hésite un peu puis je me lance.
"Oui, Gauthier va dormir avec nous chez tatie, parce que c'est le nouveau chéri de Daddy."
Voilà, c'est dit. Je sens Eléa se tendre un peu puis elle se tourne vers moi. Je lâche ses cheveux et croise son regard, interrogateur.
"Ton nouveau chéri ? C'est ton amoureux Gauthier ?
- Oui. C'est mon amoureux. Il est gentil ?
- Oui, il est gentil. Mais..., elle hésite, triture les oreilles de son doudou, Papa c'est plus du tout ton amoureux alors ?
- Non ma puce. C'est pour ça qu'on n'habite plus ensemble. On te l'a expliqué, tu te souviens ? Un jour, papa aussi il aura un autre amoureux tu sais."
Eléa ne répond rien et vient se caler contre moi. Je termine de la coiffer avant de l'envoyer regarder un dessin animé en attendant que nous partions.
Je m'enferme dans la salle de bain pour me préparer et j'appelle Harry. Je tombe sur sa messagerie alors je réitère mon appel. C'est d'abord son rire que j'entends quand il décroche et la voix de Louis tout près. Nous sommes tous les deux passés à autre chose. Il est temps que nous ayons une conversation tous les trois, tous les cinq peut-être.
"Salut Harry, ça va ? Je te dérange ?
- Salut Zayn, non non. Je me prépare pour ce soir. Tout va bien ?
- Oui oui. Eléa regarde un dessin animé. Tu l'appelleras tout à l'heure ?
- Vous allez chez ta sœur, c'est ça ?
- Oui. Je garderai mon téléphone sur moi. Je pense que ça lui fera plaisir de t'entendre.
- D'accord. Ça va Zayn ?
- Oui, je me racle la gorge, j'ai... j'ai quelque chose à te dire.
- Je t'écoute.
- Tu as eu ta mère au téléphone depuis qu'Eléa est avec moi ?
- Rapidement pour me dire qu'ils étaient bien arrivés. Qu'est-ce qui se passe Zayn ? il me demande, l'inquiétude dans la voix.
- Rien de grave, t'en fais pas. C'est juste que j'ai dit à Eléa que j'avais quelqu'un dans ma vie.
- Tu as quelqu'un dans ta vie ? Tu aurais pu me le dire avant, je l'aurais préparée.
- Je sais...
- J'aimerais le rencontrer avant qu'elle ne le voit.
- Elle le connaît déjà, je dis dans un souffle.
- Zayn ! Je ne peux pas t'empêcher de fréquenter quelqu'un mais s'il doit être en contact avec ma fille, j'aimerais le connaître, tu ne crois pas ?
- Tu fréquentes Louis et je ne le connaissais pas !
- Ça n'a rien à voir, Louis est son prof ! Et tu l'as rencontré à l'école, puis chez moi quand tu es venu et avant que lui et moi ne commencions quoique ce soit ! Et puis, je t'en ai parlé avant. Là tu m'annonces que tu as quelqu'un dans ta vie, comme ça !"
Je n'avais pas prévu la tournure de cette conversation et le ton de reproche dans la voix d'Harry. Je souffle en passant ma main dans mes cheveux.
"C'est Gauthier" je lâche.
Le silence me répond. Je sais ce qui est en train de se passer dans la tête d'Harry car quand Gauthier est entré dans ma vie, mon comportement a changé et lorsque nous nous sommes séparés, j'ai avoué à Harry avoir rencontré quelqu'un.
"Harry ?
- Alors c'est lui... D'accord. Je viendrai chercher Eléa après-demain. On lui expliquera. Et je veux rencontrer Gauthier.
- D'accord. Tu lui as annoncé pour Louis et toi ?
- Non. On pensait lui dire à son retour, mais on va attendre et lui laisser le temps d'assimiler cette nouvelle, je pense.
- OK."
Nous terminons notre conversation et je sors de la salle de bain pour donner le téléphone à Eléa. Harry lui parle deux minutes et un sourire se dessine sur son visage, remplaçant son air mélancolique de tout à l'heure.
Elle raccroche, descend du canapé et vient me rendre mon téléphone. Elle m'embrasse la joue.
"Alors tu es prêt Daddy qu'on aille faire la fête !
- J'arrive mon coeur."
Je l'embrasse à mon tour et la regarde s'installer de nouveau sur le canapé, son doudou toujours dans la main.
*
* *
Alors, cet interlude et le point de vue de Zayn n'étaient absolument pas prévu... Mais voilà, c'est sorti comme ça.
J'espère que ça vous aura plu.
Le prochain chapitre est commencé. J'espère pouvoir le terminer rapidement.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Je vous embrasse.
Mimi
#Bakeryfic
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