ÉPILOGUE

Six ans plus tard....

Louis :

Ma journée de cours est enfin terminée et je suis ravi de rentrer à la maison. Je fais un crochet par le salon de thé. Harry m'a manqué toute la journée et je sais qu'il va rentrer tard ce soir pour cause d'inventaire.

J'ouvre la porte et le carillon joue sa petite mélodie. L'ambiance est calme, tamisée. Il y a quelques clients, installés autour des tables à discuter ou seuls, un livre entre les mains. C'est ainsi que Katia rêvait cet endroit. Harry et elle sont parvenus à lui donner l'âme d'un lieu de rencontres, de retrouvailles, d'échange. Un endroit où on prend plaisir à s'installer juste pour savourer une boisson ou une pâtisserie dans le décor chaleureux qu'ils ont créé.

"Boire, Manger, Bavarder, S'amuser et Flâner" C'est devenu la devise de Éléa's Bakery.

Je tourne mon visage vers la table en vitrine entourée de deux fauteuils, et aperçois Éléa, penchée sur ses devoirs. Je m'approche d'elle et embrasse le haut de son crâne en passant ma main sur son dos.

"Ça va minette ? je lui demande.

- Pfff..., elle souffle. Je suis dégoûtée !!!

- Qu'est-ce qu'il se passe ? je lui demande en m'installant en face d'elle.

Éléa va avoir treize ans dans quelques mois. Elle devient une jolie jeune fille. Toujours passionnée par le sport, elle a de bonnes notes à l'école. C'est une élève sérieuse et Harry et moi n'avons aucun problème quant à son éducation. Éléa se laisse porter par son âge, sa génération. Elle sait qu'elle peut tout nous dire.

Elle semble désabusée ce soir, affalée dans le moelleux du fauteuil. Ses écouteurs pendent autour de son cou, son ordinateur est ouvert sur une page internet et des copies recouvrent la table. Elle bûche sur un devoir d'histoire qu'elle a à faire depuis plusieurs jours déjà.

"C'est pas pour demain, ce devoir ? je lui demande en reposant le polycopié devant elle.

- Oh non, s't'plaît Loulou... ! Papa m'a déjà enguirlandée. C'est pour ça que je suis là. Il veut garder un œil sur moi.

- Il est où ?

- Dans la réserve. J'pense qu'il attendait que tu passes pour me ramener à la maison et te donner ses instructions !

- T'as fini ?

- Bah non, tu vois bien !

- Non... pas tes devoirs ! Ton cinéma ?" j'ajoute amusé.

Éléa souffle de plus belle et je souris. Je me redresse et caresse son bras doucement. Je vois bien que ce n'est pas le semblant de punition de son père qui la contrarie.

"Dis-moi ce qui te tracasse, ma belle ?"

Elle hésite quelques secondes avant de se redresser et de poser ses coudes sur son ordinateur qu'elle a fermé.

"C'est l'anniv de Coraline ce week-end. Je voulais y aller. Papa était OK dès l'instant que mes devoirs sont faits, et tout...

- Alors pourquoi tu boudes ?

- J'boude pas !

- Pardon... je réponds en levant les mains.

- Daddy est pas dispo ce week-end. Gauthier et lui ont un mariage et partent tout le week-end. Papy et Manou sont pas là non plus... Alors j'peux pas y aller..."

Éléa s'empare de son sac à dos et entreprend de ranger ses affaires pour que nous rentrions ensemble. Elle semble vraiment peinée de ne pas pouvoir se rendre à l'anniversaire de sa meilleure amie. Coraline et elle ont gardé leur amitié intacte malgré la distance et j'avoue que ça m'attriste pour elle.

"Je t'emmène moi. On dormira chez Charlotte."

Éléa s'arrête dans son geste et relève le regard vers moi. Ses yeux sont brillants et un sourire se dessine sur son visage.

"Pour de vrai Loulou ?

- Bien sûr ma puce. Tu sais bien que ça me fait plaisir et puis on verra Tata Lottie en même temps. C'est top !

- Oh merci, merci !!!"

Elle me saute au cou et embrasse ma joue. Nous nous relevons tous les deux et mon regard croise celui d'Harry qui nous rejoint. Lui aussi sourit.

"Qu'est-ce que vous manigancez tous les deux ?

- Loulou m'amène à Paris pour l'anniv de Coraline !!!!

- C'est une éventualité qu'on avait pas envisagée. Mais j'peux pas vous accompagner, il ajoute.

- Je sais. On ira chez Lottie. On partira vendredi après les cours et on rentrera dimanche dans l'après-midi.

- Et ça vous fait rien de m'abandonner ?

- T'es pas tout seul Papa !!! Dis oui ?

- Si Louis est OK, j'y vois pas d'objection ma puce. Tu le sais.

- Merci !!! J'vous adore tous les deux. J'vais appeler Coraline pour lui dire que je viens. Il faudra m'emmener à Cherbourg pour lui acheter un cadeau !"

Éléa s'éloigne de nous, son sac sur l'épaule et sort de la boutique. Harry réduit l'espace entre nous et m'enlace avant d'embrasser mes lèvres doucement. Les années ont passé mais nos sentiments sont toujours aussi forts. Je me sens si bien dans les bras d'Harry.

*

* *

Comme prévu, juste après les cours ce vendredi, Éléa et moi prenons la route en direction de la capitale. Nous avions préparé nos sacs la veille et j'ai tout mis dans ma voiture en partant travailler ce matin. Nous sommes bien sûr passés par la boulangerie pour dire au revoir à Harry. Il a toujours cette nostalgie dans le regard quand il regarde sa fille partir. Un peu plus encore aujourd'hui, sachant que je pars avec elle.

Éléa est assise à côté de moi, la tête penchée sur son smartphone. Je lui jette un regard en coin, pas trop sûr de moi. Pourtant ça semble être le moment idéal depuis le temps que j'y songe.

Ça fait un peu plus d'une heure que nous sommes partis et nous approchons de Bayeux.

"Éléa, j'ai... quelque chose à te demander, je dis un peu hésitant.

- Dis-moi ?"

Je mets mon clignotant et m'engage vers l'aire de repos. Je stationne la voiture et coupe le contact. Éléa relève la tête, regarde par la fenêtre avant de tourner le regard vers moi.

"On n'est pas prêts d'arriver si tu t'arrêtes déjà, Loulou !

- C'est important", je lui réponds.

Mes mains sont moites et mon cœur cogne fort dans ma poitrine. Si nous devions respecter les traditions, je crois que ça aurait été plus simple de demander aux parents d'Harry mais pour moi, c'est l'avis de ma belle-fille qui importe le plus. Je prends une profonde inspiration, prêt à me lancer, mais Éléa m'interrompt dans mon élan.

"OK, Loulou... T'es tout blanc, tu m'fais peur. Tu veux que j'appelle Papa ?

- Non. Non non. Ça va, je t'assure. Écoute, ça fait un moment que j'y pense. On en a déjà parlé avec ton père. J'ai toute l'attention d'Éléa qui me fixe de ses grands yeux verts. J'aimerais demander à Harry de m'épouser mais je veux savoir si tu es d'accord ?"

Éléa porte ses deux mains devant sa bouche avant de se jeter sur moi en criant.

"Mais ouiiiii !!!!! Oui bien sûr ! Je crois que Papa n'attend que ça, aussi, Louis ! Et moi, j'y ai déjà pensé si souvent. Oh je suis si heureuse ! Tu vas lui demander quand ?"

La réaction d'Éléa m'émeut et je lui rends son étreinte en lui murmurant un merci au creux de l'oreille. Je sens mes yeux s'humidifier de larmes et tente de les contenir.

"Je ne sais pas. Enfin... rapidement, je pense, maintenant que je sais que tu es OK.

- Tu as cru que je ne voudrais pas ? Mais Loulou c'est trop bien !

- Je ne sais pas, non... ! Enfin, tu aurais pu vouloir que les choses restent comme elles sont.

- Ça va rien changer pour moi. Mais pour vous, je sais à quel point c'est important. Et j'en suis vraiment contente.

- Merci ma puce.

- Ohlalala ! J'ai tellement hâte ! Papa va être fou de joie.

- Tu tiens ta langue hein !

- Oui... mais bon dépêche-toi ! elle me répond en riant. Bon comme on est arrêtés, j'vais faire pipi !"

Éléa descend de la voiture et je la suis. Je ne serais pas contre un café après cet instant émotion.

*

* *

Je n'ai pas résisté et je me suis confié à Charlotte sur mes intentions envers Harry. Tout comme Éléa, ma sœur est heureuse pour moi, pour nous. Je lui ai demandé de ne rien dire que ce soit à Félicité (la plus pipelette de mes sœurs) ou à nos parents.

Samedi après-midi, alors qu'Éléa a déjà rejoint son amie, Charlotte me traîne dans les Grands Magasins du Boulevard Haussmann. Si elle s'est parfaitement faite à la vie parisienne, je déteste toujours autant. Je peste à chaque coin de rue parce qu'on ne peut pas mettre un pied devant l'autre sur les trottoirs envahis par les touristes.

"Tu ne peux pas faire ta demande sans bague de fiançailles Louis !

- C'est pas nécessaire, je t'assure. Harry et moi, on n'est pas comme ça !

- Bien sûr que si vous êtes comme ça. Tous les amoureux le sont. Sinon, il y a bien longtemps que vous seriez passés devant Le Maire !"

Je lève les yeux au ciel alors que Charlotte me tire par la manche. Nous entrons dans Le Printemps par le rayon parfumerie. Les étals sont plus luxueux les uns des autres. Je me sens plutôt mal à l'aise dans ce décor, avec mon jean légèrement troué et ma paire de Vans. Je suis Charlotte entre les allées. Nous montons à l'étage supérieur, réplique du rez-de-chaussée entre vêtements, chaussures et chocolatiers. Nous nous approchons d'un bijoutier. Les lumières blanches font scintiller les bijoux et les vitrines. C'en est presque aveuglant.

Je suis un peu en retrait, vraiment pas certain de me trouver au bon endroit. Charlotte se tourne vers moi et s'agrippe à mon bras.

"Louis, tu n'es pas obligé d'acheter un bijou ici, mais tu peux au moins regarder s'il y a quelque chose qui pourrait plaire à Harry.

- Tu connais pas une bijouterie plus..., je cherche le mot. Moins clinquante ?

- On regarde et si vraiment rien ne te plaît on ira à Saint Lazare. C'est à côté.

- OK."

Personnellement, j'ai juste envie de sortir de là. Les odeurs, les éclairages me donnent la nausée. Charlotte me guide jusqu'au présentoir de la joaillerie masculine. Tous les anneaux se ressemblent et pourtant les prix varient du simple au double. J'en ai presque des sueurs froides. Jusqu'à ce que mon regard se pose sur un anneau de couleur argentée creusé d'un sillon. C'est simple mais avec une touche d'originalité, pas trop large, il semble confortable.

Je reste fixé sur le bijou quelques minutes. Quand je relève mon visage pour le montrer à Charlotte, c'est son regard que je croise, empli d'émotion et de fierté, peut-être le reflet du mien à cet instant.

"Une alliance c'est comme l'amour de ta vie, une évidence" chuchote ma sœur à mon oreille.

Et je ne peux pas la contredire. J'imagine parfaitement cet anneau sur l'annulaire d'Harry. Je n'ose pas regarder le prix du bijou et je regrette d'avoir suivi Charlotte parce que s'il n'est pas dans mon budget, je ne parviendrai pas à trouver une équivalence.

"Respire, t'es tout blanc... Elle ne vaut pas trois millions de dollars, me taquine ma sœur.

- J'ose pas regarder.

- 650 €, elle me répond. C'est correct. C'est de l'or blanc.

- Je ne sais pas, c'est beaucoup d'argent, quand même."

C'est le moment que choisit la vendeuse pour s'approcher de nous. Après nous avoir gratifiés d'un sourire éclatant, elle ouvre la vitrine et me tend le bijou. Je le glisse autour de mon annulaire, juste pour me faire une idée. Mais je dois admettre que c'est l'anneau parfait.

"Ne réfléchis pas Louis... C'est celui-là, ça se lit sur ton visage.

- Je ne sais pas...

- Nous pouvons vous proposer des facilités de paiement, Monsieur, intervient la vendeuse. Et nous vous offrons la gravure.

- Elle est parfaite pour Harry. Il pourra la porter tous les jours sans problème.

- Je sais... C'est tout le problème, elle est parfaite."

Je fais un rapide calcul dans ma tête. Je peux l'offrir à Harry. Je veux l'offrir à Harry. Alors, le cœur battant, j'approuve et rends l'anneau à la vendeuse. Nous la suivons jusqu'à une petite table où elle prend mes coordonnées et la mention que je souhaite graver à l'intérieur de l'anneau. Je lui explique que je ne suis pas de la région et que je dois impérativement repartir avec ce bijou ce week-end. Je considère que vu le montant de la transaction, ils peuvent réaliser la gravure dans l'après-midi.

Nous prévoyons de repasser dans deux heures. Je règle la somme et me rends compte que cette fois, je vais vraiment me lancer et demander à Harry de devenir mon mari.

Je sors rapidement du magasin le cœur battant, avec ce besoin de reprendre mes esprits et une grande bouffée d'air frais.

*

* *

Le week-end est passé rapidement. Éléa est enchantée par sa soirée même si elle m'a confié avoir eu un peu de mal à trouver sa place au milieu des amis de Coraline. Évidemment, j'ai montré l'anneau à ma petite complice. Ma belle-fille m'a renouvelé ses félicitations et nous avons repris la route ensemble, impatients de retrouver Harry.

Ça circule bien dans ce sens le dimanche. Nous avalons les kilomètres rapidement et ne faisons qu'un seul arrêt, si bien que nous arrivons en début de soirée.

La maison est calme lorsqu'Éléa ouvre la porte d'entrée. Je récupère son sac à dos et mon petit sac de voyage dans le coffre avant de verrouiller la voiture. Il y a une douce odeur de cuisine dans la maison mais personne pour nous accueillir.

"Ils doivent être en train de se balader sur la plage, dit Éléa.

- Oui sûrement. Tu viens voir ?

- Je monte un peu dans ma chambre. Je vous attends là !

- D'accord."

J'embrasse sa joue et la serre rapidement entre mes bras, la remerciant pour ce week-end. Éléa me sourit gentiment.

"Merci à toi Loulou. Grâce à toi, j'ai passé un super week-end.

- Ça m'a fait plaisir ma belle."

Je la regarde monter l'escalier puis ressors de la maison. Quel plaisir de retrouver la Normandie, l'odeur des embruns, l'air frais et sain. Je parcours la rue jusqu'à la plage et m'avance un peu. Harry est là... bien sûr. Son amour pour cette plage n'a pas faibli au fil du temps, bien au contraire, d'ailleurs. Je ne compte plus les heures passées ici, à observer la valse des vagues, quelque soit le temps.

Je m'approche un peu et siffle. Sweetie, notre labrador noire relève la tête et s'élance vers moi. Nous avons adopté cette chienne il y a quatre ans maintenant. Après quelques difficultés dans son éducation, elle s'est révélée douce et gentille. Il faut dire que les premiers mois, nous l'avons éduquée comme un chien de petit gabarit alors quand elle a commencé à devenir plus imposante et qu'elle continuait à grimper sur nous quand nous étions assis dans le canapé, ça été un peu compliqué. Mais avec patience, nous lui avons expliqué et Sweetie s'est assagie. Aujourd'hui, nous passons des heures en balade avec elle, sans laisse. Sweetie est obéissante.

Elle arrive près de moi et ralentit avant de venir frotter son museau contre ma cuisse. Je me baisse légèrement et plonge mes mains dans son poil pour la caresser. Elle aboie de contentement et commence à me tourner autour. Elle me sent et me fait la fête. J'aime cette chienne plus que tout.

Harry nous rejoint et caresse doucement le haut de la tête de Sweetie. La chienne se calme un peu et nous laisse, Harry et moi, nous retrouver. Harry a plus d'autorité que moi sur elle, c'est indéniable. Ses bras m'enlacent et son visage tombe dans le creux de mon cou. Ses lèvres m'embrassent et sa fine barbe me chatouille. Je souris contre sa peau, embrasse sa joue. Nos lèvres se retrouvent et il me donne un baiser avide.

"J'ai l'impression d'être parti des semaines, je dis en riant contre sa bouche.

- Tu es parti une éternité ! Deux nuits sans toi, ça ne nous est plus arrivé depuis si longtemps.

- C'est vrai. Ça été quand même ? je lui demande taquin.

- Il a bien fallu ! Tu as laissé ma fille là-bas ? il me demande en regardant derrière moi.

- Non... Elle m'a suivi...

- Ah zut !

- Tu parles !!! je le chatouille légèrement. Tu aurais été la chercher toi-même si elle n'était pas rentrée avec moi.

- J'avoue. Vous avez passé un bon week-end ?

- Oui. C'était bien. Éléa s'est amusée et moi j'ai pu profiter de Lottie.

- Qu'est-ce que vous avez fait ?

- Rien de particulier, tu sais... On a un peu flâner dans les rues de Paris, dîner au resto... Rien d'extravagant, je réponds sentant le rouge me monter aux joues.

- OK.... On remonte ?"

Sa main glisse dans la mienne. Il appelle Sweetie qui nous rejoint en marchant doucement et nous regagnons la maison.

*

* *

Harry :

Est-ce qu'il est normal après plusieurs années de vie commune de ressentir toujours ce même élan quand on voit la personne qu'on aime revenir de seulement deux jours de week-end ?

J'ai passé la soirée scotché à Louis. Il m'a manqué comme jamais. Éléa m'a manqué aussi, évidemment, mais malheureusement, j'ai l'habitude de la voir s'en aller. Depuis que nous avons pris la décision de vivre ensemble, les nuits que Louis et moi n'avons pas partagées peuvent se compter sur les doigts d'une main.

Nous avons dîné tous les trois, Éléa m'a raconté l'anniversaire de Coraline. Elle a glissé dans la conversation son souhait d'inviter son amie à venir passer quelques jours ici. Maintenant que les filles ont bien grandi, je pense que les parents de Coraline accepteraient de laisser partir leur fille pour des vacances.

"Il faut regarder quelles vacances vous avez en commun, voir avec Zayn si ça ne le dérange pas d'inverser si besoin et on en parlera aux parents de Coraline, je conclus.

- Oh Papa, t'es le meilleur papa du monde, tu sais !!! répond ma fille en s'accrochant à mon cou.

- On va dire ça oui ! Allez file prendre une douche pour te mettre au lit. Y a cours demain !"

Éléa claque un bisou sur ma joue et celle de Louis avant de monter.

"Ne cours pas dans l'escalier Éléa !!!

- Oui Loulou !!!"

Louis me sourit en levant les yeux au ciel. Je l'ai toujours laissé agir avec Éléa comme s'il était son père. Ça a surpris ses parents dans les premiers temps, mais Louis a toujours su jusqu'où il pouvait aller. Il connaît mes principes et j'ai toujours voulu qu'il se sente bien dans notre famille, qu'il y trouve sa place. Nous avons eu quelques discordes bien sûr. Dire que tout a toujours été rose serait mentir. Éléa n'a jamais eu de crise d'adolescence, pour l'instant en tout cas, mais la séparation d'avec Zayn était parfois compliquée et elle savait en jouer pour me faire culpabiliser. Elle nous a testé aussi, jouant parfois sur mon état de fatigue.

Aujourd'hui, c'est une jeune fille bien élevée, bien dans sa tête, aimante et aimée. Elle partage avec Louis une jolie complicité et a fini par se sentir à l'aise avec Gauthier.

Je débarrasse la table et charge le lave-vaisselle. Je suis de repos demain et je suis heureux de pouvoir profiter de Louis toute la soirée. Il entoure ma taille de ses bras et cale son visage entre mes omoplates. Je me laisse aller contre lui, savourant son étreinte, sa chaleur. Ses lèvres caressent doucement la peau de ma nuque.

"J'ai pas envie d'aller bosser demain..., il chuchote à mon oreille.

- Reste..., je murmure.

- Il faut emmener Éléa au collège...

- Tu peux revenir juste après... Ou tu restes au chaud sous la couette et je fais l'aller-retour..."

Je me retourne pour lui faire face et passe mes bras autour de son cou. Son regard bleu est brillant. J'embrasse ses lèvres doucement et nos bassins se rapprochent inexorablement.

"Tu m'as beaucoup trop manqué, je chuchote contre ses lèvres, glissant ma main dans la cambrure de ses reins.

- J'ai pensé à toi tout le week-end, tu sais..."

Louis accentue notre baiser et je sens une douce chaleur m'envahir. Je m'écarte à regret de mon homme. Ce n'est qu'une question de minutes pour que nous nous retrouvions dans l'intimité de notre chambre.

"Sweetie... ma belle, tu viens !" j'appelle ma chienne et en profite pour sortir prendre l'air.

*

* *

"Je pars pas avec Loulou ce matin ?

- Non... Euh... il a pas très bien dormi cette nuit. Il va rester là aujourd'hui."

J'essaye d'être convaincant mais le regard appuyé d'Éléa sur moi me fait rougir. J'enclenche la marche arrière et sors de l'allée de garage. J'emprunte la route pour rejoindre Les Pieux et déposer Éléa au collège. Nous faisons le trajet en silence, Éléa rivée sur son smartphone et moi, perdu dans mes pensées.

J'arrête la voiture quand nous atteignons l'établissement. Éléa se penche vers moi et m'embrasse.

"Passe une bonne journée ma puce.

- Merci papa... Toi aussi."

Son petit sourire en coin me surprend. Ma fille grandit et n'est pas dupe, loin de là. Je n'ose pas imaginer les conversations qu'elle doit avoir avec ses copines... Non, vraiment, je préfère ne pas y penser.

Je fais le chemin inverse, impatient de retrouver Louis et de flâner toute la journée entre la chambre et le canapé. Louis ne sèche pas souvent les cours... C'est arrivé juste quelques fois. Je sais qu'il déteste ça et quand il le fait, il ne s'absente que le matin. Mais, j'avoue qu'aujourd'hui, j'ai bien envie de le garder pour moi, toute la journée.

J'ouvre la porte d'entrée, Sweetie m'accueille avec joie. Je la caresse et la laisse sortir dans le jardin pendant que je change sa gamelle d'eau et lui donne des croquettes.

Louis ne descend pas me rejoindre, alors je prépare un plateau avec deux tasses de café et quelques toasts. Je rappelle Sweetie pour la faire entrer, verrouille la porte et monte dans la chambre.

Je pousse doucement la porte avec mon dos, une douce musique arrive à mes oreilles et... si je voulais surprendre Louis avec mon petit-déjeuner au lit, c'est moi qui suis surpris en entrant dans la chambre. Je reste figé, mon plateau entre les mains.

Louis est agenouillé sur notre lit, un bouquet de roses rouges entre les mains, un sourire radieux aux lèvres. Je n'ai aucune idée d'où il sort les fleurs. Je n'ai aucune idée de ce qu'il manigance mais mon cœur s'emballe.

Je m'approche de la commode et y dépose le plateau. Je ne dis pas un mot et Louis non plus. Il attend que je le rejoigne sans se départir de son sourire. Je grimpe à genoux sur le lit, face à lui.

"Tu en as mis du temps...

- J'en ai profité pour faire quelques courses. Tu es sorti toi aussi ? je demande en baissant mes yeux sur les fleurs.

- Non. Je les ai achetées hier en rentrant.

- Tu avais prévu de ne pas aller travailler alors... ?

- Il y a des jours où c'est important de faire des choix, il répond, le sourire aux lèvres, les yeux brillants.

- Louis... Qu'est-ce que tu fais ?"

Louis me tend le bouquet de fleurs. Les roses sont grosses, ouvertes et rouges foncés. Un délicat parfum s'en dégage. Je m'imprègne de l'arôme avant de déposer le bouquet sur le lit près de moi. Je ne sais pas si ce que j'imagine est en train de se produire mais j'approche mon visage de celui de Louis, caresse doucement sa joue et l'embrasse. Il me rend mon baiser juste avant de se détacher de moi, s'emparant de ma main dans la sienne, qu'il porte à ses lèvres.

Mon cœur bat de plus en plus fort dans ma poitrine, à mesure que le regard de Louis se voile. Il prend une grande inspiration, m'embrasse doucement avant de prendre la parole.

"Ce week-end avec Éléa tombait à pic, j'avais quelque chose à lui demander, il commence. C'était important pour moi d'en parler avec elle parce que son avis compte énormément pour moi, pour toi...

- Louis..., je m'impatiente.

- Harry, on a déjà évoqué cette éventualité à plusieurs reprises et puis, finalement, nous ne nous sommes jamais lancés. On s'est laissés porter par la vie, notre quotidien, le temps qui nous manque parfois. Mais j'ai envie que les choses changent, que nous avancions encore un peu, mais toujours ensemble."

Louis m'embrasse une nouvelle fois. J'ai l'impression de manquer d'air, je suis au bord des larmes, submergé par l'émotion, par tout l'amour que Louis me fait ressentir, par l'espièglerie de ma fille qui savait pertinemment ce qu'il allait se passer quand je retrouverais Louis.

"Éléa m'a donné sa bénédiction."

Louis se redresse un peu et glisse sa main dans la poche de son pantalon de pyjama. Il est en train de me faire sa demande en pyjama !!!! Au milieu de notre lit !!!!

"Harry Edward Styles, accepterais-tu de devenir mon mari ?"

Ses mots se perdent dans un sanglot, pris par l'émotion qu'il retient depuis plusieurs minutes. Il tend vers moi un écrin qu'il ouvre pour me laisser découvrir un anneau argenté. Mon cœur explose. C'est une avalanche d'amour qui déferle dans tout mon être. Je glisse mes deux mains autour du cou de Louis et l'embrasse passionnément. Je caresse son cou avec mes lèvres, remontant jusqu'à son oreille. Je mordille son lobe et chuchote :

"Oui. Oui je veux devenir ton mari !"

Nos larmes se mêlent quand nos bouches se retrouvent avides, amoureuses, pleines de promesses. Je ris, ivre de bonheur et d'amour.

Louis glisse l'anneau autour de mon annulaire et y dépose ses lèvres. Mon regard s'accroche à ma main gauche. L'instant est parfait, magique. Je me penche vers Louis et le couvre de baisers.

Je fais l'amour à mon fiancé, mon futur mari, nos cœurs battant à l'unisson de notre amour. Je suis heureux depuis sept ans avec Louis à mes côtés, malgré les débuts chaotiques et les doutes. Aujourd'hui et depuis longtemps, je n'ai plus aucun doute sur mon avenir. J'ai pris la meilleure décision de ma vie en venant m'installer ici, ignorant alors que j'allais y rencontrer l'homme qui partagerait le reste de ma vie.

Essoufflés, nos corps accrochés l'un à l'autre, mon regard ne quitte pas l'anneau.

"J'y ai fait graver quelque chose à l'intérieur" me dit Louis contre ma joue.

J'enlève l'anneau et le mets dans la lumière.

"Pour un jour et pour toujours, je lis.

- Pour un jour et pour toujours, mon amour..."



Fin



Le petit plus....

Liam et Cheryl ont eu un petit garçon, Thibaut, 5 ans. La jeune femme est enceinte de leur deuxième enfant.

Niall et Séverine se sont séparés il y a 3 ans. Niall cherche le grand amour, un peu jaloux de ses amis...

Katia et Nicolas se sont mariés l'été dernier. Ils essayent d'avoir leur premier enfant.

Zayn et Gauthier vivent une vie simple à Paris, flânant dans les expositions des capitales européennes.

La vie est douce en Normandie.




***

Et voilà, c'est fini...

C'est le cœur lourd que je vous ai posté l'épilogue ce soir.

Merci infiniment d'avoir partagé et suivi cette aventure avec moi. Merci pour vos petits mots.

Des bisous.

Mimi

#BakeryFic

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