Chapitre 6 - HARRY
Je ne sais pas lequel de nous deux est le plus stressé entre Éléa et moi. En fait, si, je le sais et ça me désespère parce que c'est moi. Madame COLIN est venue à la maison à 3h30 et je suis parti à la boulangerie préparer mes premières fournées de pain, viennoiseries et autres gourmandises. Julien m'a bien aidé parce que j'avais la tête ailleurs et à 7h45 je suis rentré à la maison pour préparer ma fille pour son premier jour au CP.
Pendant qu'elle prend son petit-déjeuner, je suis allé prendre une douche. Je suis en train d'essayer de dompter mes cheveux quand je vois sa frimousse passer derrière moi. Éléa s'assied sur mon lit et me regarde. Elle a voulu mettre sa plus jolie robe et m'a demandé de lui faire une petite tresse. Mon bébé a bien grandi.
"Ça va ma poulette ?
- Ça va mon papa. On part bientôt ?
- Dans 5 minutes ! Viens là."
Éléa descend de mon lit et s'approche de moi. Je m'accroupis pour me mettre à sa hauteur et vérifie qu'il n'y a pas de trace de chocolat autour de sa bouche. Je lui fais un énorme câlin et dépose un baiser sur sa joue en la serrant contre moi.
"Mais papa ! Arrêteeeeee !!!!
- Quoi ???? je lui réponds en la serrant plus fort sur mon cœur
- Mais tu m'étouffes !!!!
- Mais non.... roooh. Allez viens, on descend. Ton cartable est prêt ?
- Oui. Il est en bas.
- Parfait ! Alors c'est parti !"
Nous descendons dans le salon. Je prends mon téléphone et mes clefs de voiture. Éléa enfile ses chaussures et j'en profite pour récupérer son cartable et y glisser une barre chocolatée.
"Prête ?
- Prête !"
Nous sortons et fermons la maison. Éléa rejoint la voiture pendant que j'ouvre le portail. La journée est belle, le ciel est dégagé. Je respire à plein poumons l'odeur des embruns qui nous arrive de la plage. C'est marée haute ce matin.
Je monte dans la voiture. Nous sommes largement en avance. Je démarre et remonte la route qui serpente entre les bocages. Nous atteignons le village en moins de dix minutes. Je stationne la voiture devant la boulangerie. Nous terminerons le chemin à pied.
Éléa descend et vient prendre ma main. Elle est plus calme que tout à l'heure.
"Ça va toujours ma puce ?
- Oui, elle me répond tout doucement. Papa ?
- Oui ma puce ?
- Tu crois qu'elle sera gentille ma maîtresse ?
- J'en suis sûr mon cœur. Tu es contente de retrouver Doris et Ernest ?
- Oui."
Sa petite main se resserre autour de la mienne. Mon cœur s'emballe. Je sais qu'une fois qu'elle aura retrouvé ses petits amis, tout ira bien. Mais c'est difficile de voir mon bébé stressé. Alors que j'embrasse le haut de son crâne, mon téléphone sonne dans ma poche. Je ne suis pas surpris de voir qui m'appelle et tends directement l'appareil à Éléa tout en décrochant.
"Regarde qui pense à toi mon cœur ?"
Éléa prend le téléphone et sourit quand elle voit le visage de son deuxième papa apparaître à l'écran.
"Coucou Daddy !
- Salut mon p'tit cœur ! Comment tu vas ?
- Ça va ! Avec papa on arrive à l'école.
- Je t'appelais pour te souhaiter une bonne journée. Tu as bien dormi ?
- Oui ! J'ai mis ma nouvelle robe pour l'école. Je te montre."
Éléa me tend le téléphone et je la filme pendant qu'elle tourne pour montrer sa jolie robe à Zayn. Il sourit en la regardant.
"T'es belle ma puce ! Je te fais pleins de bisous. On s'appelle ce soir pour que tu me racontes ?
- Oui !!!
- Je t'aime mon ange.
- Moi aussi Daddy. Bisous"
Je récupère le téléphone et coupe le facetime pour parler à Zayn une minute avant de raccrocher.
Il y a déjà du monde devant l'école. Des mamans me saluent. Éléa tire sur mon bras lorsqu'elle aperçoit Johannah avec Doris et Ernest. Les petits se disent bonjour et je salue leur maman. Nous échangeons quelques banalités avant que la grille n'ouvre et que tout le monde pénètre dans la cour de l'école. Je me laisse guider par les enfants qui connaissent les lieux et nous nous retrouvons devant la classe où Éléa est accueillie par la maîtresse.
"Bonjour Monsieur Styles. Je suis Danielle. C'est moi qui assurera la classe cette année.
- Enchanté, je réponds en serrant la main qu'elle me tend.
- Vous viendrez à la réunion des parents la semaine prochaine... avec votre compagne ?
- Euh... oui, je viendrai... Oui."
Je me racle la gorge. Je n'ai pas très envie d'avoir une conversation sur ma vie privée devant les autres parents. Je me décale pour laisser aux autres parents la possibilité de rencontrer la maîtresse et conduis Éléa jusqu'à sa place dans la classe. Elle dépose son cartable sur sa chaise, rejointe par Doris qui s'installe à côté d'elle. Ça me rassure que ma fille ait déjà une petite copine dans la classe. Je sais que ça fait beaucoup de changement pour elle en très peu de temps.
Nous nous faisons un dernier câlin et un dernier bisou avant que je laisse Éléa aux bons soins de la maîtresse. La cloche retentit et tout le monde rentre dans les classes, laissant les parents démunis au milieu de la cour, qui se vide peu à peu.
Je remonte la rue jusqu'à la boulangerie et souffle fortement. Mon bébé vient d'entrer au CP.
*
* *
"J'ai mis trois pains au chocolat pour Éléa, Doris et Ernest.
- Merci Katia. J'y vais et je rentre directement à la maison. Julien vient de mettre une nouvelle fournée dans le four.
- D'accord. Bonne soirée Harry. A demain.
- A demain Katia."
J'embrasse la joue de mon amie et m'empare du sachet qu'elle me tend. Je vais chercher Éléa à la sortie de l'école. Cette journée m'a semblé interminable. Je descends rapidement la rue jusqu'à l'école où quelques parents et nounous attendent déjà.
La cloche retentit et quelques secondes plus tard, les portes des classes s'ouvrent. Les enfants se rangent deux par deux et viennent jusqu'à la grille. J'aperçois Éléa qui regarde autour d'elle.
"Papa !!!"
Éléa court vers moi et se jette dans mes bras.
"Ça été mon ange ?
- Oui. C'était bien. On a eu des cahiers tout neuf et des livres. Et c'est moi qui a écrit mon nom dans mon cahier d'écriture.
- Super ma puce. Tu vas me montrer tout ça. Est-ce que tu as déjà des devoirs ?
- Bah non, papa. Pas encore !!!
- Je ne sais pas moi, je lui réponds en souriant. Je t'ai amené du goûter. Il y a même deux petits pains pour Doris et Ernest.
- Ils sont encore dans la classe avec la maîtresse. Ils vont rentrer avec Louis.
- Oh...
- Mais on peut aller leur donner. Viens."
Éléa tire sur ma main et nous avançons dans la cour jusqu'à sa classe où les enfants dessinent sur le tableau.
"Doris, Ernest, regardez mon papa il nous a amené le goûter !"
Danielle, la maîtresse, relève la tête vers nous lorsqu'elle entend Éléa. Les petits la rejoignent et ils s'asseyent tous les trois pour manger leur pain au chocolat. Je suis un peu gêné et reste planté à l'entrée de la classe.
"Entrez et venez vous installer pendant qu'ils mangent, me dit Danielle.
- Merci. Je ne veux pas vous déranger.
- Il n'y a pas de problème. Nous attendons leur frère. Il discute avec la directrice.
- D'accord."
Je m'approche et m'assieds sur une des chaises d'enfant. Éléa se colle dans mes genoux tout en mangeant son goûter. Elle glisse sa main dans mes cheveux et les entortille entre ses doigts. Elle fait ça lorsqu'elle est fatiguée et je me rends compte que la journée a sûrement été longue pour elle aussi.
"La journée s'est bien passée ?, je demande à Danielle pour rompre un peu le silence gênant qui s'installe
- Oui. Les enfants étaient un peu dissipés mais c'est normal le premier jour. A partir de jeudi les choses sérieuses commencent !
- Oui !
- Papa ?
- Oui ?
- On rentre à la maison et on appelle Daddy ?
- On y va mon cœur. Tu dis au revoir à ta maîtresse et tes copains."
Éléa fait un bisou à Ernest et Doris, et un petit signe timide à Danielle. Je la salue également et prends ma fille par la main. Nous regagnons la voiture puis notre maison.
"On peut aller voir la mer ?
- Avec plaisir mon cœur."
Éléa se met à courir devant moi. Dix minutes de voiture et elle retrouve de l'énergie. Je la regarde parcourir le chemin sablonneux en souriant. J'ai transmis mon amour pour la mer à ma fille. Je la surprends souvent le regard perdu vers l'horizon. J'aimerais savoir ce qui lui traverse l'esprit dans ces moments-là.
Je rejoins ma petite puce et la soulève pour la prendre dans mes bras. Je niche mon visage dans son cou et lui donne un baiser.
"Y a des grosses vagues dis donc !
- Oui, c'est à cause du vent. C'est beau.
- Oui. On va appeler Daddy ?
- Oui mon cœur."
Zayn manque à Éléa. Et dans une journée comme aujourd'hui, la présence de son père me manque aussi. L'entrée à l'école primaire est une étape importante pour notre fille, c'en est une pour nous aussi.
Je remonte le chemin à grandes enjambées, couvrant ma fille de petits bisous.
Une fois les chaussures et les vestes enlevées et rangées, nous nous installons dans le canapé et j'appelle Zayn. Il décroche à la deuxième sonnerie, sûrement impatient de voir sa fille.
"Coucou mon p'tit amour !
- Coucou Daddy !
- Ça va ? Alors cette première journée ?"
J'écoute Éléa raconter sa première journée d'école à son père. Elle lui parle de ses nouveaux amis, de sa maîtresse, de sa nouvelle école. Je vois Zayn sourire au récit de sa fille.
"Harry ? dit Zayn à mon attention
- Oui ?
- Je pensais venir passer le week-end prochain avec Éléa. Est-ce que c'est bon pour toi ?
- Oui bien sûr. Tu pourras rester à la maison.
- Oh oui oui.... J'ai envie de te voir Daddy. Tu me manques ! enchaîne Éléa
- Tu me manques aussi ma puce. J'ai regardé pour venir en train cette fois, c'est plus rapide. J'ai vu qu'il y avait des bus pour aller de la gare à chez vous.
- Je peux venir te récupérer à la gare aussi, si c'est plus simple.
- Je verrais et je te tiens au courant.
- D'accord. Tu penses que tu peux arriver dès vendredi ? Il y a la réunion d'information de l'école. Ce serait bien que tu y assistes.
- Oui. Je vais voir avec le boulot. Mais ça devrait pouvoir se faire.
- OK. Allez je vous laisse tous les deux."
Je fais un petit signe à Zayn pour lui dire au revoir et me lève pour aller à la cuisine, laissant ma fille et son père terminer leur conversation.
Quelques minutes plus tard, ma petite vient me rejoindre. Elle suce son pouce en calinant son doudou.
"On va prendre la douche ma puce ?
- Je peux jouer un peu avant ?
- Si tu veux... mais tu t'endors pas dans ta chambre hein ! Il faut qu'on mange avant !"
Éléa sort de la pièce et je l'entends monter l'escalier. J'ouvre la baie vitrée qui donne sur la terrasse et sors prendre l'air quelques minutes.
*
* *
La semaine se passe plutôt bien. Éléa est un peu fatiguée et a du mal à prendre le rythme de l'école. Elle s'est endormie dans son assiette presque tous les soirs et le matin, Madame COLIN m'a dit qu'il était difficile de la faire sortir de son lit. Il faut qu'elle prenne ses marques et je sais que ça va aller mais ça me fait de la peine de voir ma petite puce si fatiguée.
Diane, la mère de Katia, m'a proposé de garder Éléa hier soir pour qu'elle puisse dormir ce matin, sans que je n'ai à la lever pour la déposer en allant à la boulangerie. C'est compliqué pour moi aussi de m'organiser. Je ne regrette pas mon choix mais parfois la présence de Zayn me manque pour s'occuper de notre fille. Si nous vivions proche l'un de l'autre, il pourrait la prendre tous les week-ends. Mais je ne peux pas demander à mon ex-compagnon de venir s'installer ici. Son travail est sur Paris. Sa vie à lui est sur Paris.
Il est 7h du matin. Je termine de façonner les baguettes quand mon portable sonne. C'est Julien, mon apprenti.
"Allo ?
- Harry, bonjour, désolé de vous déranger.
- Pas de problème Julien. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je suis malade. J'ai été mal toute la nuit et je ne vais vraiment pas pouvoir venir aujourd'hui. Je suis désolé.
- Ça arrive Julien. Ça ne m'arrange pas mais je ne peux pas t'obliger à venir travailler si tu ne t'en sens pas la force. Je vais me débrouiller avec Michel.
- Je suis désolé vraiment.
- T'inquiète pas. Repose toi et reviens en forme demain si tu peux, sinon mardi.
- Je vous tiens au courant. Merci.
- Je t'en prie. A plus tard."
Julien raccroche et je range mon portable. La boulangerie ouvre dans trente minutes et il me reste plusieurs choses à faire. J'interpelle Michel et le préviens de l'absence de Julien.
Je souffle. Il faut vraiment que je trouve une organisation de secours ou que j'embauche une personne supplémentaire. Et aujourd'hui, l'absence de Julien ne m'arrange pas du tout. J'avais promis à Éléa de l'accompagner au stade pour qu'elle s'inscrive au football... sa nouvelle passion.
Je suis en train de nettoyer le plan de travail avant de sortir mes pains du four quand Katia arrive. Je lui fais un débrief de notre matinée et du déroulement de la journée. Je sais que je peux compter sur mon amie mais il y a des choses pour lesquelles elle ne peut malheureusement pas me venir en aide.
"Je suis certaine que ça ne dérangera pas Maman de l'accompagner, me dit Katia
- Non, non, je ne peux pas demander encore un service à ta mère. J'ai déjà tellement l'impression d'abuser.
- Harry... Tu sais pertinemment que ça ne la dérange pas. Maman adore Éléa et ta fille se sent bien avec elle. Y a pas de raison. Je l'appelle.
- C'est gentil. Quand elles descendront, je parlerai à Éléa. En espérant qu'elle, elle ne m'en veuille pas.
- Mais non. Allez ! Remets-toi au travail... Les clients vont venir chercher le petit-déjeuner !"
J'embrasse la joue de mon amie. Sans Katia dans ma vie, je n'aurais jamais franchi le cap d'avoir ma propre boulangerie et sans son soutien, j'aurais sûrement baissé les bras face aux difficultés au quotidien que je rencontre.
Je suis parvenu à gérer les fournées du matin, et la confection des viennoiseries. Michel m'a donné un coup de main et Katia a rempli les étalages dès qu'il n'y avait pas de client. C'est un samedi relativement calme. Eléa et Diane sont descendues et après un câlin et une petite conversation avec ma puce, elles sont parties toutes les deux en direction du stade. Éléa était toute excitée, vêtue de son plus beau survêtement Adidas rose, sur lequel elle a littéralement craqué.
Alors quand j'entends Katia dans la boutique, mon coeur se serre et je me demande bien ce qu'il se passe.
"Bah ma puce, pourquoi tu pleures ?" dit Katia à Éléa.
Je sors de l'arrière boutique et m'avance vers ma fille qui se jette dans mes bras. Je l'embrasse et passe ma main sur ses cheveux, interrogeant Diane du regard.
"Hey, ma puce... - je dis dans le creux de son oreille - qu'est-ce qu'il se passe ? Raconte-moi. Pourquoi tu pleures ?
- Louis.... - elle sanglote - Louis, il veut pas que je fasse du foot.
- Comment ça ?"
Et alors que ses larmes reprennent de plus belle, Diane m'explique que les entraînements de foot sont réservés aux garçons, qu'il n'y a pas d'équipe pour les filles.
Mon sang ne fait qu'un tour. Pendant tout l'été, le grand frère de Doris leur a laissé penser que les petites pourraient faire du foot dans son équipe. Éléa m'en parlait chaque fois qu'elle rentrait d'un après-midi passé avec lui.
Je sens la colère monter en moi. J'embrasse ma fille et la console comme je peux avant de la donner à Diane. Katia est déjà en train de lui préparer un chocolat chaud et des chouquettes. J'époussette mes vêtements et sors en trombe de la boulangerie après avoir récupéré les clefs de la voiture. Je traverse le village jusqu'au stade où je me stationne n'importe comment, derrière les véhicules des autres parents.
J'aperçois Louis sur le deuxième terrain et traverse la pelouse d'un pas décidé jusqu'à lui. Je le vois tourner le visage vers moi. Quand j'arrive à sa hauteur, je me retiens de ne pas attraper son maillot. Il y a du monde autour de nous mais ça ne m'empêche quand même pas de lui hurler dessus :
"Mais c'est une putain de blague ! Tu promets à une petite fille de 6 ans qu'elle pourra jouer dans ton équipe et quand elle vient s'inscrire tu lui dis non ! Mais quel genre de personne tu es ?"
*
* *
Alors voilà, ce chapitre je l'aime beaucoup plus que le précédent. J'aime Harry et Éléa, leur jolie relation.
Si j'étais de ces "auteurs" sadiques, je vous laisserais comme ça (comme j'ai dû faire sur Skyrock puisque que la suite n'était pas écrite)... Mais je suis gentille, alors la suite arrive tout de suite...
J'espère que ça vous plaît. Dites-moi... C'est encourageant de savoir... ou pas !
Des bises.
Mimi
#BakeryFic
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