Chapitre 4 - HARRY

Je referme doucement la porte de la chambre d'Éléa. Ma fille dort à poings fermés, après avoir profité de sa journée. Elle semble déjà beaucoup aimer la maison ; la proximité de la plage y étant pour beaucoup. Dans l'après-midi, nous sommes allés nous promener en ville jusqu'à l'école qu'elle va intégrer. Même Zayn a reconnu que vivre ici serait plus agréable pour Éléa : moins de monde, moins de voitures, plus proche de la nature et du grand air.

Ils sont arrivés ensemble depuis quatre jours. Zayn dort dans la chambre d'ami où j'ai installé un lit d'appoint. Éléa a bien assimilé le fait que Zayn et moi n'étions plus amoureux. Les trois semaines qu'ils ont passé ensemble ont sûrement aidé. Mais j'ai peur qu'elle ne comprenne pas quand Zayn va rentrer à Paris. Même pour moi, cette situation est étrange. On vit tous les trois dans la maison comme la famille que nous avons toujours été. A certains moments, quand je regarde Zayn, mon cœur se serre, et j'ai l'impression de tout gâcher. Que si nous en sommes là aujourd'hui, c'est par ma faute.Et puis, je me souviens que nous nous étions éloignés à tel point que partager le même lit était devenu difficile.

Je descends dans le salon et trouve Zayn assis dans le canapé en train de regarder la télévision. Je sors sur la terrasse après avoir enfilé mon sweat et m'assieds les yeux fermés, juste bercé par le bruit du vent et des vagues au loin.

« Tu as toujours voulu vivre ici, n'est-ce pas ? »

La voix de Zayn me sort de ma rêverie. Il s'installe à mes côtés, allume une cigarette et m'en propose une.

« Oui, depuis que je suis gosse. Et cette maison faisait partie du rêve, je réponds en allumant ma cigarette

- C'est une belle opportunité alors. Mais j'ai quand même une question. Quelque chose que nous n'avons pas abordé.

- Je t'écoute.

- C'est bien de partir vivre à 400 Km de moi. Éléa sera bien ici, je n'en doute pas.

- Mais...

- Mais, comment tu vas gérer quand tu vas devoir partir travailler à 3 ou 4h du matin ? »

Je m'attendais à cette question. Et ça fait plus de deux semaines que j'y réfléchis. Je reconnais que lorsque Katia m'a fait cette proposition, j'ai uniquement pensé à l'opportunité qui se présentait à moi. Avoir enfin ma propre boulangerie et vivre là où j'ai toujours voulu vivre. Ce n'est pas que je n'ai pas pensé à ma fille, non. Mais les matins à Paris ont toujours été gérés par Zayn alors, oui, je n'ai pas réfléchi jusque là quand j'ai décidé de me lancer dans ce projet.

« Il est prévu que je la dépose chez Katia avant d'aller travailler. Je l'emmènerai à l'école pendant ma pause.

- Harry ! Mais c'est pas une solution pour une petite fille. Je ne suis pas d'accord !

- C'est temporaire, Zayn.

- C'est temporaire ? Jusqu'à quand ? Que tu rencontres quelqu'un d'autre, pour me remplacer ?

- Jusqu'à ce que je trouve une nounou disponible ! Zayn, quoique tu puisses en penser, jamais personne ne te remplacera aux yeux d'Éléa, ni à mes yeux. Tu es son père.

- Je pourrais me battre pour obtenir sa garde, pour lui offrir une vie plus stable.

- Tu veux vraiment qu'on ait cette conversation ? La vie que j'offre à Éléa est stable. Elle a un toit au-dessus de la tête, je travaille. En décalé, certes, mais je travaille. Alors oui, tu peux te battre pour ta fille mais pas comme ça Zayn. On en a déjà parlé et il est hors de question qu'on se déchire.

- Mais... je ne sais pas..., il soupire

- Tu ne sais pas quoi ? je réponds, sentant l'énervement m'envahir

- Je ne sais pas vivre sans vous. »

Les mots de Zayn me brisent le cœur. Je tire sur ma cigarette alors qu'il s'en allume déjà une deuxième.

« Zayn, je reprends, nous n'étions plus heureux ensemble. Tu vas refaire ta vie. On a toute la vie devant nous.

- Je sais. Mais c'est dur.

- Je sais. »

Je passe mon bras par-dessus ses épaules, et il vient caler son visage contre la mienne. Zayn et moi seront toujours liés, quoiqu'il advienne. Je suis triste que notre couple ne fonctionne plus, peut-être moins que lui, parce que je ne serai jamais vraiment seul. Je tire une dernière fois sur ma cigarette avant de l'écraser et je m'arme de tout le courage nécessaire pour formuler les mots que je m'apprête à dire.

« Tu sais, peut-être que tu devrais repartir dès demain. Éléa ne comprendrait pas si tu restais là pour les vacances.

- Oui. Je partirai en fin de matinée.

- D'accord.

- Je vais me coucher. Bonne nuit Harry.

- Bonne nuit Zayn. »

Mon ancien compagnon se détache de moi et rentre dans la maison. Je remonte ma capuche sur ma tête et ferme les yeux. Du revers de ma manche, j'essuie la larme qui roule sur ma joue.


*

* *


La semaine qui a suivi le départ de Zayn a été difficile à gérer. Éléa était triste et l'organisation de nos journées, chaotique.

Comme prévu, je la dépose chez Katia tous les matins vers 3h, avant d'aller à la boulangerie. Ma puce termine sa nuit chez mon amie puis passe la journée avec Diane, la mère de Katia. Ce n'est définitivement pas une solution et il faut vraiment que je me mette en quête d'une nounou qui acceptera mes horaires.

Katia et moi sommes assis sur la plage. La journée est belle alors quand nous avons pu fermer la boulangerie en ce dimanche après-midi, nous avons décidé devenir profiter du soleil de juillet. Éléa s'amuse à faire des allers-retours entre nous et la mer, scintillante sous les rayons du soleil. Il y a autant de sable sur nos serviettes que sur la plage,mais le sourire sur le visage de ma fille est si grand que je m'en contrefiche. Je bascule en arrière pour m'allonger. Tant pis si j'ai du sable plein les cheveux.

« Tu sais Louis est repassé à la boulangerie aujourd'hui. J'ai un peu discuté avec lui, me dit Katia

- Qui est Louis ?

- Le prof de sport de l'école. Tu sais celui qui est venu prendre des viennoiseries la semaine dernière quand la boutique était encore fermée.

- Ah oui ! Et ?

- Louis est issu d'une famille nombreuse. Il a une sœur d'une vingtaine d'années qui est là pour toutes les vacances et qui cherche un petit boulot. »

Je me redresse, soudain très intéressé. Katia se tourne vers moi et me sourit.

« Je lui ai dit que tu cherchais quelqu'un pour garder Éléa en journée.

- Tu crois que sa sœur serait intéressée ?

- C'est possible. Leurs parents ont des jumeaux du même âge que Éléa en plus. J'ai pris son numéro. Tu n'auras qu'à l'appeler.

- Merci Katia. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

- De rien. Tu sais bien que je suis là pour toi. Et égoïstement, je ne veux pas que tu regrettes ton choix d'être venu d'installer ici.

- Ça il n'y a pas de risque. Mais c'est vrai que je n'avais pas tout pris en considération. »

La main de Katia presse légèrement mon bras. Je lui souris d'un air ennuyé. J'ai toute confiance en Katia, je sais qu'il n'y a aucun jugement dans son regard. Mais avoir organisé mon départ de Paris pour venir m'installer ici, sans prévoir la garde d'Éléa me met mal à l'aise. J'ai l'impression d'avoir fui ma vie parisienne, ma vie avec Zayn.

Le vent se lève et le ciel s'assombrit. Je commence à rassembler nos affaires, ranger les jeux de plage dans le seau d'Éléa.

« Allez ma puce,on rentre !

- Oh non encore cinq minutes, papa.

- Non ma belle, il y a du vent, tu en as déjà bien profité. Tu reviendras demain.

- Avec toi ?

- S'il fait beau, on prendra le goûter sur la plage.

- D'accord. »

Je suis surpris qu'elle obéisse aussi facilement et regarde Katia, un sourcil levé.

« J'espère pour toi qu'il fera beau demain » me dit mon amie en riant.

Nous nous dirigeons tous les trois vers la maison. Katia me donne le numéro de la jeune fille que je dois contacter et nous embrasse avant de monter dans sa voiture. Elle fait demi-tour dans la rue étroite et klaxonne, en nous faisant signe de la main.


Éléa et moi remontons l'allée qui mène à la maison. Ma fille court devant moi et je me demande où elle trouve toute cette énergie. A peine sommes-nous rentrés dans la maison, Éléa enlève ses chaussures et les range dans le placard. Elle se dirige directement vers la table basse et allume mon ordinateur.

« Éléa !Qu'est-ce que tu fais ?

- On appelle Daddy ? S'il-te-plaît ?

- Oui bien sûr. »

Je dépose les sacs dans l'entrée et rejoins ma fille sur le canapé. Je mets en route la conversation et dès que Zayn se connecte et me salue, je les laisse tous les deux discuter. J'en profite pour appeler le numéro que Katia m'a laissé. Au bout de deux sonneries, Félicité décroche.

« Bonjour, je suis Harry Styles, je me présente

- Bonjour. Louis m'a prévenue que vous alliez peut-être m'appeler

- Oui. Je ne vous dérange pas j'espère.

- Non pas du tout.

- Alors, j'ai su que vous étiez en recherche d'emploi pour les vacances, et j'ai besoin d'une nounou pour ma fille. De 9h45 à 18h environ. Ça dépend des jours. Du lundi au vendredi. Je m'arrangerai pour les week-ends.

- Vous travaillez à la boulangerie, c'est ça ?

- Oui. C'est pour cette raison que les horaires peuvent varier. Est-ce que vous êtes intéressée ?

- Oui beaucoup.

- Vous pourriez passer demain vers 16h ? Pour que nous nous rencontrions, que je vous présente Éléa et que nous nous mettions d'accord sur un salaire.

- Oui. Demain c'est très bien. Je vous rejoins à la boulangerie ?

- Oui. Vous êtes disponible à partir de quand ?

- Je suis en vacances chez mes parents à Flamanville. Donc dès mardi si vous vous voulez.

- Ce serait super.

- D'accord. Je vous dis à demain alors.

- A demain. Merci beaucoup. »

Je raccroche, soulagé.La jeune femme a une voix assurée et agréable. J'ai un bon feeling pour notre entrevue.

Je retrouve Éléa dans le salon, en grande conversation avec son père. Je m'assieds à ses côtés et la hisse sur mes genoux. Le regard de Zayn croise le mien et je lui souris. Il semble épuisé.

Éléa termine son histoire et se rapproche de l'écran pour envoyer des baisers à son père. Je lui demande de monter et de préparer son pyjama avant qu'elle aille à la douche.

« Ça va ?je demande à Zayn

- Oui, ça va. Et toi ? Cette semaine ?

- Chaotique. Mais on commence à prendre nos marques.

- D'accord. Tu as trouvé une nounou ?

- J'ai rendez-vous demain avec une jeune fille dont Katia connaît le frère.

- Tu me tiendras au courant.

- Bien sûr. »

Zayn fuit mon regard et je comprends qu'il n'est pas à l'aise que nous nous parlions de cette manière. Nous mettons un terme à la conversation et je rabaisse l'écran de l'ordinateur en soufflant.

« Papa, tu viens ?

- J'arrive ma puce. »


*

* *


Les semaines passent et je suis heureux de voir Éléa prendre ses marques dans sa nouvelle vie. Je suis encore obligé de la déposer tôt le matin chez Katia,mais j'ai trouvé une personne de confiance qui viendra la garder dès le mois de septembre. Il s'agit de Madame Colin, une infirmière en retraite, légèrement insomniaque.

L'avantage d'avoir une boulangerie, c'est que lorsque vous avez une demande à faire,l'information circule rapidement. Très rapidement. Un jour, alors que je déposais des pains dans les paniers de présentation, Madame Colin s'est présentée à la boulangerie en disant « Il semble que vous ayez besoin d'une assistante maternelle ! ».Nous avons discuté tous les deux, installés dans l'arrière boutique, autour d'un café. Madame Colin a travaillé toute sa vie en horaires décalés et a gardé le rythme. Alors ça ne l'ennuie pas de venir à la maison à 3h du matin tous les jours pour garder et préparer Éléa pour l'école. De mon côté, j'essaierai du mieux que je peux de m'éclipser pour pouvoir accompagner ma fille à l'école.

Ainsi, la rentrée est sous contrôle. Et les vacances se passent à merveille grâce à Félicité. Le feeling est tout de suite passé entre ma fille et la jeune femme quand nous nous sommes rencontrés. Elle garde Éléa tous les jours, joue avec elle, lui fait faire des activités. Éléa ne semble pas trop souffrir de l'absence de Zayn ni de la mienne à cause du travail. Félicité nous rejoint souvent à la boulangerie en fin de journée. Mais aujourd'hui, elle a gardé Éléa dans la maison de ses parents et c'est moi qui vais récupérer ma fille.

Je regarde à deux fois l'adresse qu'elle m'a notée sur un bout de papier. Quand j'arrive à destination, je suis devant une énorme bâtisse, digne d'un château.Il y a un grand parc qui entoure la propriété, fermée par un grand portail noir. Je sonne et le portail s'ouvre devant moi. Je remonte l'allée au ralenti avant de m'arrêter sur le devant de la maison. Je suis époustouflé. La construction est magnifique.

Une femme de 45 ans environ m'accueille.

« Bonjour. Je suis la mère de Félicité. Johanna. Vous devez être Harry ?

- Oui, en effet. Bonjour Madame.

- Venez. Les enfants sont derrière en train de jouer au foot avec les plus grands. »

Je suis Johanna dans la maison jusqu'à la terrasse qui surplombe le jardin. Le parc devrais-je dire. Il y a une piscine sur le côté gauche, un trampoline à l'opposé et au milieu tout un espace où les enfants peuvent jouer.

« La partie n'est pas terminée et Louis n'interrompra pas le jeu. Je vous offre quelque chose à boire.

- Je ne veux pas vous déranger. C'est déjà très gentil de votre part d'accueillir Éléa.

- Ça nous fait plaisir de l'avoir avec nous. Elle a pu faire connaissance avec Doris et Ernest. La rentrée sera plus facile pour tous les trois.

- Oui c'est vrai.

- Alors, un soda ça vous va ?

- Parfait. »

Alors que la mère de Félicité s'éloigne, je porte mon regard sur le jeu. En plus des trois petits, il y a deux adolescentes, Félicité et un homme de mon âge à peu près. Louis.

Je l'observe discrètement et me souviens de l'avoir aperçu plusieurs fois à la boulangerie. Il a une silhouette athlétique mise en valeur par le short et le débardeur qu'il porte. Son rire résonne jusqu'à moi quand les petits parviennent à lui prendre le ballon et partir avec en direction du but opposé. Tout le monde semble s'amuser.

La petite équipe nous rejoint quelques minutes plus tard sur la terrasse. De la citronnade et des viennoiseries, dont le sachet m'indique qu'elles viennent de ma boulangerie, attendent les enfants sur la table. Éléa me saute dans les bras et m'embrasse comme si nous ne nous étions pas vus depuis des jours.

« C'est gentil d'avoir accepté qu'Éléa vienne jouer avec nous, me dit Félicité

- C'est à moi de vous remercier. Éléa semble beaucoup s'amuser.

- Oh oui Papa c'était vraiment trop bien ! »

Je passe ma main sur la tête de ma fille en souriant quand Louis vient me saluer. Il tend sa main vers moi que je serre. Ses yeux bleus me percutent et me déstabilisent quelque peu, alors que sa main s'attarde dans la mienne. Je détourne le regard et revient à ma fille.

« On va y aller mon cœur !

- Oui Papa. Dis, je pourrais revenir ?

- Et bien, si tu es invitée une nouvelle fois, oui, je pense que ça peut être envisageable.

- Ce sera avec plaisir et ça fera plaisir aux jumeaux, répond Louis dans mon dos.

- Je m'organiserai avec maman, ajoute Félicité.

- Très bien. On y va alors. Merci encore. Éléa, tu dis au revoir à tout le monde ? »

Les enfants s'embrassent, Félicité fait un câlin à Éléa tandis qu'elles se disent « A demain » et que je m'avance vers la sortie. En me retournant, je surprends le regard de Louis sur moi et tente d'en faire abstraction.

Nous montons dans la voiture et sur tout le chemin, Éléa est une vraie pipelette.

« Tu sais Louis ce sera lui que fera faire mon sport à l'école !

- C'est bien. Tu le connais déjà comme ça !

- Oui. Il est trop gentil en plus. Il est rigolo. On a fait les fous sur le trampoline et on a joué au foot.

- Et oui je t'ai vu ma puce. Je suis arrivé à ce moment-là.Tu crois que je pourrais faire du foot ? Tu sais comme je ferai plus la gymnastique à Paris.

- On se renseignera mais oui, si tu veux.

- Super... Et puis tu sais... »

Éléa enchaîne et me raconte en détail sa journée. Elle va s'endormir dans son assiette au vu de tout ce qu'elle semble avoir fait aujourd'hui.



*

* *

C'est assez chaotique de poster sur Wattpad en ce moment. J'espère que vous arrivez à suivre le fil de cette histoire aux chapitres qui disparaissent et réapparaissent dans le désordre. Bref...

Chapitre 4... On sent une petite attirance entre les deux loulous... Affaire à suivre.

Merci de votre passage ici. J'espère que ça vous plaît.

Des bisous. Mimi

#BakeryFic

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