Chapitre 27 - HARRY

Quand nous sommes rentrés de Cherbourg, je suis monté dans ma chambre pour appeler Zayn. C'était important que je l'informe que Louis et moi avions annoncé à Éléa que nous formions désormais un couple. Je voulais qu'il sache comment réagir si notre fille venait à lui en parler, de manière naturelle ou pour lui faire part de ses doutes ou ses craintes. Éléa me parle parfois de Gauthier. Je suppose qu'elle parlera de Louis, différemment dorénavant.

Nous sommes restés quelques minutes seulement en ligne. C'était une conversation un peu étrange même si la situation est très claire entre nous et que nous avons rencontré nos nouveaux partenaires respectifs.

Je descends rejoindre ma fille et mon amoureux... officiel. Éléa est installée sur le canapé, là où elle a entrepris de rassembler tous ses Pony sirènes, les fameux... Je les observe quelques minutes, au milieu de l'escalier. Louis semble passionné par la conversation de ma fille qui lui détaille un à un chaque jouet. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, un peu nostalgique du passé mais confiant en l'avenir.

Je finis par m'avancer vers eux et embrasse le haut du crâne de ma fille en passant, ma main négligemment posée sur l'épaule de Louis.

"Tu embêtes pas Louis, ma puce, hein !

- Bah non... Je lui montre mon nouveau Pony sirène !

- Encore un nouveau ?

- Oui. C'est Daddy qui me l'a acheté. Il voulait que je le laisse à l'appart, mais je l'ai mis quand même dans mon sac. Regarde, il est tellement beau... !"

Son regard contient autant, si ce n'est plus, de paillettes que le petit animal en plastique. Je lui souris et l'embrasse à nouveau, lui glissant un petit Je t'aime au creux de l'oreille.

"Tu devrais les remettre dans ton sac et monter tout ça dans ta chambre, poulette. Tu vas aller prendre ta douche. Y a école demain, faut pas aller au lit tard."

Éléa soupire mais range ses jouets et monte d'un pas lourd dans sa chambre.

Je m'avance vers la cuisine, suivi de Louis. Ses bras m'enlacent et je laisse ma tête aller en arrière pour se caler contre son épaule, offrant mon cou à ses lèvres douces. Je frissonne légèrement. Je me tourne entre ses bras pour lui faire face et capture ses lèvres doucement.

"Tu restes dîner avec nous ? Tu restes tout simplement ? je lui demande.

- Je vais rentrer et vous laisser tous les deux. J'veux pas m'imposer. J'préfère laisser un peu de temps à Éléa, il me répond en claquant ses lèvres sur les miennes.

- Ok, je réponds, un peu déçu. Sa main caresse ma joue...

- On a tout notre temps, mon cœur.

- Je sais."

Louis se détache de moi pour regagner le salon et s'apprêter à quitter la maison. J'appelle Éléa pour qu'elle vienne lui dire bonsoir.

"Tu t'en vas déjà Louis ? elle demande depuis le haut des marches.

- Oui minette. Y a école demain... faut que je rentre tout préparer moi aussi.

- T'as pas de devoir, toi ? elle demande, espiègle.

- Non... mais je dois quand même rentrer, il répond dans un sourire.

- D'accord. Bisous alors."

Éléa descend et embrasse Louis. Nous nous retrouvons l'un en face de l'autre, ne sachant pas trop comment agir devant ma fille. Les bras de Louis m'enlacent et il dépose un chaste baiser sur ma joue.

"On s'appelle.

- Bien sûr. Merci pour ce week-end Louis.

- Avec plaisir. Tu le sais."

Je hoche la tête en lui ouvrant la porte. Sa main serre légèrement mes doigts avant qu'il ne sorte.

"Tu sais Papa, Louis il pouvait rester manger avec nous, hein.

- Je sais ma puce. Je lui ai demandé, mais il a préféré rentrer chez lui.

- Une autre fois alors !

- Oui."

Ma petite puce est formidable. J'aimerais quand même savoir ce qu'elle pense au fond d'elle, de tout ça, de Zayn et Gauthier, Louis et moi.

*

* *

La semaine s'est rapidement enchaînée. Le rythme de l'école, l'après-midi de mercredi sur le terrain de foot, sous une fine bruine. Louis et moi sommes restés discrets devant Éléa. Louis est d'une patience d'ange avec moi, et je lui en suis vraiment reconnaissant. J'ai tellement envie que notre relation évolue sereinement. Je ne veux pas qu'Éléa se sente mal à l'aise par rapport à nous, ou même par rapport à Zayn.

Katia rentre dans l'arrière boutique de la boulangerie avec le courrier dans les mains que vient de déposer Nicolas. Elle a les joues rosies alors je l'interroge du regard. Elle rougit un peu plus, mal à l'aise.

"Qu'est-ce qui t'arrive, Katia ? je lui demande en m'emparant du courrier.

- Nicolas vient de m'inviter à prendre un verre... elle dit, comme si cette situation était improbable.

- C'est cool. Vous sortez quand ? Katia ne répond pas, bafouille un peu avant de quitter le fournil. Hep ! Katia, tu vas pas t'en tirer comme ça !!! je lui dis en la suivant dans la boutique. Elle sert une dame et attend que celle-ci soit sortie pour se tourner vers moi.

- Non mais Harry... Enfin... pourquoi Nicolas, d'un seul coup, me propose d'aller prendre un verre ?

- C'est à lui qu'il faut demander. Je trouve ça top, perso. Nicolas est un type bien.

- Tu le connais à peine, me dit-elle en balayant ma réponse de la main.

- Dis-donc... T'aurais pas un peu la frousse de ce qui pourrait se passer ?

- Non... Non... elle ment.

- Katia, tu m'as toujours poussé à aller de l'avant. Écoute un peu tes propres conseils ! Hein ?!?"

Katia soupire et s'apprête à me répondre quand une nouvelle cliente entre dans la boulangerie. Mon estomac dégringole et mon cœur accélère ses battements. Emmitouflée dans un manteau gris, la femme qui se tient devant nous est pâle comme un linge, amaigrie, fatiguée.

Un silence gênant s'installe quand nos regards se croisent. En quelques secondes à peine, j'ai perdu ma joie et sûrement mes couleurs aussi. Je me racle la gorge avant d'aborder la mère d'Ethan qui se tient devant nous.

"Bonjour, je dis simplement.

- Bonjour Monsieur Styles. Je... elle hésite. Non, je n'aurais pas dû venir, elle finit par dire avant de commencer à faire demi-tour.

- Madame Muller. Vous êtes là maintenant, dites-moi ce que vous venez faire ici, je l'interpelle en tentant d'être le plus neutre possible.

- Je..., elle déglutit. Je voulais vous présenter des excuses pour ce qui est arrivé. Je ne pensais pas mon fils capable d'une chose pareille. Ce n'est pas comme ça que nous l'avons élevé son père et moi. Nous n'avons pas su voir à quel point il a été affecté par notre séparation... Enfin. Voilà, je voulais vous présenter des excuses et vous dire qu'Ethan est incarcéré.

- Bien, je réponds, ne sachant pas quoi ajouter de plus.

- Un article est paru dans le journal local."

La mère d'Ethan nous observe Katia et moi, et nous adresse un faible sourire avant de quitter la boulangerie, le regard noyé de larmes.

Le courrier toujours entre mes mains, tremblantes, je m'empare du journal en question. Je tourne les premières pages avant de tomber sur un article dans la rubrique "Faits Divers". Mon cœur se serre. Je survole l'article, Katia près de moi, lisant par-dessus mon épaule. Mon nom n'est jamais mentionné, mais la description de la victime laisse peu de place à l'imagination : un trentenaire nouvellement installé dans la région, père célibataire d'une petite fille, victime de vandalisme sur son commerce et d'une violente agression homophobe, nécessitant plusieurs semaines d'arrêt de travail.

Je souffle en fermant le journal, espérant secrètement que cet article passe inaperçu.

Et ça presque été le cas. Seuls quelques clients et parents d'élèves ont fait le lien avec moi. Quelques uns ont porté un regard méprisant sur moi auquel j'ai tenté de faire abstraction. Mais la plupart a eu un mot gentil et je n'ai voulu retenir que ça.

Alors que nous sommes en train de fermer la boulangerie, Katia et moi, en ce dimanche midi, Louis apparaît par la petite porte de service, les cheveux en bataille après la douche qu'il a sûrement pris après l'entraînement de foot. Il me sourit avant de faire la bise à Katia.

"Alors, Katia... Ce rencard ?"

Mon amie se tourne vers moi, le regard noir d'avoir parlé à Louis de l'invitation de Nicolas. Katia rougit et s'empresse de continuer sa tâche en sortant du présentoir les invendus de la matinée.

"Et bien... y a pas grand chose à dire. On a discuté hier autour d'un dîner. Voilà.

- Comment ça autour d'un dîner ? J'croyais que c'était juste un verre ! je dis, presque choqué qu'elle ne m'ait rien dit.

- Oh ça va Harry ! Comment s'est terminé votre premier rendez-vous à tous les deux ?

- Et bien on a juste pris un verre ! Le dîner s'est fait après ! je réponds.

- Ouais... Bah Nicolas et moi on a décidé d'aller dîner. Bref... Les garçons pas de question... s'il vous plaît ! dit-elle gênée.

- Juste une Katia. Tu as passé une bonne soirée ? demande Louis, gentiment.

- Excellente... répond Katia, un large sourire sur les lèvres.

- C'est tout ce qui compte ma belle", je lui dis en embrassant sa joue.

*

* *

J'ai rêvé de cet instant, je l'avoue. Ce moment calme, Éléa contre moi, son pouce dans la bouche et son doudou contre son cœur, les doigts de Louis, à côté de moi, glissant doucement dans mes boucles.

J'ai rêvé cet instant et je m'accorde quelques minutes pour l'apprécier à sa plus juste valeur.

Ça fait maintenant trois semaines que nous avons annoncé à Éléa notre relation. Éléa apprécie beaucoup Louis et c'est réciproque. Ils aiment me faire tourner en bourrique et je finis toujours par céder. Comme ce midi où ils ont décrété qu'on serait beaucoup mieux installés par terre autour de la table basse pour déjeuner ! Louis ne fait pas ça pour s'attirer la tendresse de ma fille, non. Il m'a raconté avoir fait faire la même chose à ses parents, à l'âge d'Éléa.

Les lèvres de Louis embrassent ma joue et me sortent de mes pensées. Je tourne mon visage vers lui et lui sourit.

"A quoi tu penses ?

- A rien...

- Ton sourire tout niais te trahit, Harry !"

Je ris et capture rapidement ses lèvres avant de caler ma tête contre son épaule.

"Je pense à cet instant. Au fait qu'on soit bien. Simplement..." je murmure.

Louis resserre son étreinte autour de moi et je soupire de bien-être.

"Louis ? Tu arrêtes de me faire des chatouilles ! on entend la petite voix de ma fille.

- J'te fais pas de chatouilles, minette !

- Si..."

Éléa se décolle de moi pour nous faire face. A genoux sur le canapé, elle nous toise pour savoir si Louis lui ment ou pas. Le sourire qui se dessine sur ses lèvres le trahit. Ma fille se jette sur lui pour le chatouiller à son tour.

Deux gosses ! Que j'aime plus que tout au monde.

Je fais mine de me lever pour les laisser se chamailler et passe derrière le canapé. Je m'empare des bras de Louis et laisse ma fille torturer mon amoureux.

"Mais c'est pas juste ! Deux contre un c'est pas équitable ! Harry lâche-moi !

- Fallait pas embêter ma fille, mon cœur !!! Et pour une fois que c'est pas moi qui subis vos assauts !

- Tu me le paieras !

- J'ai hâte de voir ça..."

Je me penche sur son visage pour l'embrasser rapidement et me dégage juste à temps avant que nos têtes se télescopent. Je finis par le lâcher et me dirige vers la cuisine.

Les rires d'Éléa et Louis emplissent le salon. Quelle douce mélodie. Après des semaines d'inquiétude, de peur irrationnelle, de mal être, je suis si heureux de ressentir cette plénitude dans mon foyer.

Les rayons de soleil de cette journée hivernale traversent la baie vitrée de la cuisine. Je l'entrouvre et respire l'air iodé. J'offre mon visage à la brise. La mer doit être bien loin, car je n'entends pas le bruit des vagues.

Je sors ce qu'il faut pour le goûter : brioche et jus de pomme avec deux, trois barres de chocolat et rejoins mes amours dans le salon.

Les cheveux de Louis sont en bataille, la jupe d'Éléa toute de travers et son sweat remonté sur son ventre rebondi de petite fille. Je m'approche d'elle et ajuste ses vêtements avant de l'embrasser.

"On goûte et on va faire une petite balade sur la plage pendant qu'il fait beau ?, je propose en déposant le plateau sur la table basse.

- Oh ouiiii !!!" s'écrit Éléa en s'installant à genoux devant la table.

Louis me sourit et m'embrasse furtivement.

"Vous savez, ça me gêne pas si vous faites des bisous d'amoureux, hein ! dis Éléa. C'est pas comme si je vous avais pas déjà vu !"

Son petit air coquin nous fait rire, Louis et moi. Il glisse sa main dans la mienne et nous allons dans la cuisine. Il se prépare un café et m'en propose un que j'accepte volontiers.

Il se passe moins de dix minutes avant que nous ne voyons débarquer Éléa dans la cuisine ; ses bottines aux pieds, son manteau boutonné et son bonnet sur la tête.

"Déjà ? Tu perds pas de temps, dis-moi ! lui dit Louis.

- C'est pas la même chose quand il s'agit d'aller à la douche !! je renchéris.

- Mais euh !!!! Allez ! Mettez votre manteau vous aussi. Je veux aller voir la mer !"

Nous obéissons aux ordres de notre petite chef. J'ajuste son manteau pour être sûr qu'elle n'attrape pas froid et nous sortons de la maison.

Le ciel est totalement dégagé. Pas un seul nuage et juste un brin d'air froid. Le soleil brille et c'est vraiment agréable. J'ai hâte que le printemps revienne, qu'on puisse passer plus de temps dehors ; Éléa adore ça.

Sa main dans la mienne, nous parcourons le bout de rue qui nous amène de la maison à la plage. La mer est basse laissant place à une plage immense. Quelques promeneurs sont là. Nous partons tout droit pour nous approcher de l'eau. Éléa trépigne à côté de moi. Je lâche sa main et la regarde partir en sautillant devant nous. Son visage rayonne de joie.

Je glisse ma main dans celle de Louis et approche mon corps du sien. Il tourne son visage vers moi, nos regards se croisent et nos lèvres se rejoignent. Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas senti aussi heureux, aussi en phase avec ma vie. Ça fait du bien. Je soupire d'aise.

"Tu restes dormir à la maison ce soir ?"

Louis s'arrête et me fait face. Ses bras s'enroulent autour de ma taille. Je me love contre lui, jette un regard furtif à ma fille qui s'amuse à embêter un goéland. Je l'embrasse.

"S'il te plaît...

- Tu es sûr ? Vis à vis d'Éléa ?

- Oui. Je suis sûr. Reste avec moi, reste avec nous. En plus demain, personne ne doit se lever. On pourra prolonger cette belle journée."

Louis m'embrasse glissant l'une de ses mains dans ma nuque pour approfondir notre baiser. J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous n'avons pas ne serait-ce que dormi ensemble.

"Tu me manques, j'ajoute pour le convaincre.

- On se voit tous les jours ou presque.

- Tu sais ce que je veux dire. Tu me manques...

- Tu me manques aussi. Je reste."

Je lui souris pour toute réponse et reprends notre balade jusqu'à rejoindre Éléa un peu plus loin. Le temps frais ne m'atteint pas ; mon cœur amoureux propageant sa douce chaleur dans tout mon être.



*

*  *

Bientôt deux mois depuis ma dernière publication.

Je suis vraiment désolée de vous avoir abandonnée mais c'est de leur faute à eux, ces deux nigauds amoureux... ils m'ont laissée tomber.

J'espère que ce chapitre vous aura plu.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.




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