Chapitre 25 - HARRY

NDA : Je rappelle qu'il s'agit d'une fiction. Ce qui va suivre dans ce chapitre peut comporter des incohérences et en comporte certainement. Je ne suis pas spécialisée dans le droit pénal, j'ai juste effectué quelques recherches sur internet et adapté pour mon histoire.

*

* *

Je tourne en rond dans la maison en attendant qu'Éléa termine de se préparer. J'ai déjà descendu sa petite valise et sorti ses chaussures et son manteau du placard de l'entrée. Nous devons partir de la maison d'ici une vingtaine de minutes. Éléa prend le train ce matin et passera trois jours chez Zayn.

Le procès d'Ethan a lieu aujourd'hui. Je suis convoqué cet après-midi et je n'ai aucune idée précise de l'organisation d'une telle procédure. Je sais simplement que plusieurs dossiers sont appelés à la même heure et plaidés selon l'ordre d'arrivée des différents protagonistes. Alors je me suis arrangé avec Zayn pour échanger nos week-end et surtout que notre fille puisse être accueillie dès aujourd'hui, vendredi. Je ne sais pas à quelle heure je vais sortir du Tribunal et encore moins dans quel état d'esprit.

Éléa sait que j'ai un rendez-vous important. Elle en connaît aussi la raison. Même si être auprès de ma fille est le meilleur des remèdes quand je suis à bout, j'ai peur d'avoir besoin de craquer et de devoir me contenir pour ne pas l'inquiéter.

Louis s'est également arrangé pour avoir son après-midi. Il m'accompagne.

Je rejoins Éléa dans sa chambre. Elle est plongée dans la caisse de jouets où elle range toutes ses petites figurines Little Pony. Elle a un air concentré sur le visage, les sourcils légèrement froncés. Je m'approche d'elle et m'assieds sur la petite chaise près d'elle.

"Qu'est-ce que tu cherches ma puce ?

- Je retrouve pas mes Pony sirènes ! Et je veux les emmener chez Daddy pour lui montrer

- Tu as regardé partout ? Peut-être que tu ne les as pas mis dans la boîte...

- Je sais plus, elle répond désolée, son regard scrutant sa chambre.

- Je vais t'aider à chercher. Il faut qu'on parte bientôt. Tu te souviens quand tu as joué avec ?

- Non..."


Sa petite moue me fait sourire et comme souvent apaise l'angoisse qui s'infiltre doucement en moi. Je me lève et regarde un peu partout. C'est difficile de trouver quelque chose dans cette chambre qui regorge de jouets en tout genre. Mais après cinq minutes, il faut nous rendre à l'évidence : les petits poneys ne sont pas là. Je glisse ma main dans le dos d'Eléa et lui demande de descendre. Elle râle un peu mais l'heure tourne et il ne faut pas que nous soyons en retard.

Elle descend l'escalier doucement. Je jette un coup d'oeil dans les autres pièces de l'étage, même ma chambre. Rien. Je suis ma fille dans le salon. Elle est plantée au milieu de l'entrée. Elle attend.

"Mets tes chaussures ma puce, on va bientôt partir."

Elle ne bouge pas d'un millimètre alors je me tourne vers elle et la vois commencer à pleurer. Je m'approche d'elle et me mets à sa hauteur.

"Hey, mon cœur... Qu'est-ce qui se passe ?

- Mais je voulais partir avec mes poneys ! elle répond en reniflant.

- Je sais mais on a regardé partout et on ne les a pas trouvés. Je rangerai ta chambre ce week-end et je suis sûr que je les retrouverai.

- M'oui...

- Allez ! Tu te prépares maintenant ?

- M'oui.... Papa ?

- Oui mon cœur ?

- On peut aller dire au revoir à la mer avant de monter dans la voiture.

- Bien sûr !"


Je souris à cette proposition. Ma fille a pris mes rituels. Chaque fois que nous partons pour plusieurs jours, il faut dire au revoir à la mer, à la plage. Même rituel en revenant. Se gorger d'oxygène, d'air pur... ce petit bonheur qui met du baume au cœur.

Je remonte la fermeture Éclair de son manteau et ajuste son bonnet sur sa tête. Elle s'empare de sa valise et m'attend devant la porte, le temps que j'enfile mon blouson. Nous sortons tous les deux. Je ferme la porte d'entrée à clefs. Éléa dépose sa valise près de la voiture puis glisse sa main dans la mienne. Nous remontons les quelques mètres qui nous séparent de la plage. Le ciel est couvert et il y a du vent. Le cap du Rozel est sous la brume. Il y a quelques téméraires qui s'adonnent au kitesurf. L'air iodé et frais s'infiltre dans mes poumons. Je jette un regard vers ma fille. Ses yeux sont grands ouverts, pétillants devant la vue qui s'offre à nous et le ballet des voiles au-dessus de l'eau.

J'ai hâte que les beaux jours reviennent pour que nous puissions passer du temps ensemble sur cette plage, les jeux, les longues balades.

Je me baisse et prends ma fille dans mes bras. Nous nous câlinons et rejoignons la voiture.

Je démarre et sors de l'allée de garage avant de m'engager sur la petite route en direction des Pieux puis de Cherbourg.

Une trentaine de minutes plus tard, je stationne la voiture sur le parking de la gare. Éléa se détache et je lui ouvre la portière, récupère sa valise dans le coffre.

Elle renifle à côté de moi alors j'ouvre la boîte à gants pour lui donner un mouchoir en papier et glisser un paquet dans son manteau. Je souris quand je vois trois petites figurines colorées bien installées à côté de la boîte d'ampoules et du vieux GPS que je n'utilise plus.

"Regarde qui a voyagé discrètement avec nous ? je dis à Éléa en lui tendant ses jouets.

- Oh mes p'tits poneys !!!! Mais comment ils sont arrivés là !

- Y a que toi qui peux le savoir ! Ce n'est pas moi qui joue avec !" je réponds en riant.


Éléa s'accroupit et ouvre sa valise pour mettre ses jouets à l'intérieur. Nous nous dirigeons ensuite vers la gare. Son train est affiché et déjà à quai. Nous remontons jusqu'au wagon où ma fille sera prise en charge par un accompagnateur qui ne la quittera que lorsque Zayn aura pris le relais.

Je prends ma fille dans mes bras. On se câline, s'embrasse. Je lui murmure des Je t'aime au creux de l'oreille.

"Passe un bon week-end ma puce.

- Oui Papa.

- Tu m'appelles hein ?

- Oui."


Elle claque un nouveau baiser sur ma joue et enfouit son visage au creux de mon cou. Même si nous savons tous les deux qu'elle va passer un bon moment avec Zayn et Gauthier, la séparation est toujours un peu difficile.

Je monte avec elle dans le wagon et l'installe à sa place. Je l'embrasse une dernière fois avant de la quitter. Je reste sur le quai encore cinq minutes, jusqu'à ce que le train démarre et quitte la gare.

J'ai le cœur gros en sortant et en rejoignant la voiture.

Il est 11h.

Message à Louis : Le train vient de partir... Tu me rejoins à la maison après tes cours

Je traîne un peu sur internet en attendant la réponse de Louis.

Message de Louis : Le prof qui doit prendre mes élèves est en retard. Je te rejoins directement à Cherbourg.

Message à Louis : OK. Tiens moi au courant.

Message de Louis : Oui je te dis quand je pars. Quoiqu'il arrive, je serai là ❤️

Message à Louis : Merci

Je range mon téléphone, un peu déçu de ne pas retrouver Louis tout de suite. Je démarre et me dirige vers le port de plaisance, pour passer le temps. Même si j'ai le temps de faire l'aller-retour pour manger chez moi, je n'en vois pas trop l'intérêt. Je vais profiter de ces deux heures pour flâner un peu sur le quai et appeler ma mère.

*

* *

Je suis assis sur le banc, en contrebas du Palais de Justice. Je ne parviens pas à calmer les battements de mon cœur. Plus l'audience approche et plus mon angoisse grandit. Mon dossier est le prochain à être appelé à la barre. Louis n'est pas encore arrivé mais il m'a envoyé un message pour me prévenir qu'il est en route. Je glisse ma main dans la poche de mon blouson et sors le paquet de cigarettes que j'ai chipé à Louis. Je ne fume qu'occasionnellement, le plus souvent en soirée. Je savais qu'aujourd'hui, la nicotine pourrait me détendre un peu. J'allume une cigarette, la troisième depuis qu'Éléa est partie, et aspire fortement, la main sur ma nuque pour tenter de décontracter mes muscles. Le ciel est gris et le vent froid. Je grelotte malgré mon blouson et mon écharpe. J'ai tellement hâte que cette journée se termine. Je commence à regretter d'être venu à cette audience.

J'aspire une nouvelle taffe sur la cigarette et recrache la fumée. Mon portable vibre dans ma poche. Je l'extirpe et trouve un message de Louis.

Message de Louis : Où es-tu ?

Message à Louis : Dehors. En train de fumer.

Message de Louis : Je ne t'ai pas vu. Bouge pas. J'arrive.

Je remets mon téléphone dans ma poche, tire une dernière taffe et écrase la cigarette avec le talon de ma bottine. Je ramasse le mégot et me lève pour le jeter dans la poubelle. Deux mains s'accrochent à ma taille et le parfum de Louis m'enivre. Je me tourne et trouve ses lèvres. Il m'embrasse doucement. Mes mains légèrement tremblantes glissent sur ses hanches et nos corps se rapprochent. L'étreinte de Louis me réchauffe instantanément et les battements de mon cœur ralentissent imperceptiblement.

"Tu es là... je dis doucement.

- Je te l'avais promis. Désolé d'être en retard, il répond en embrassant ma joue.

- Tu es là maintenant et c'est le principal. Je crois que je ne serais pas rentré dans cette salle tant que tu n'aurais pas été là. J'en n'aurais pas eu le courage.

- Allons-y alors.

- Oui."


Le regard de Louis se veut rassurant et encourageant. Il caresse doucement ma joue, passe ses doigts dans mes boucles et m'embrasse. Encore. Il glisse sa main dans la mienne et ensemble, nous gravissons les marches du Tribunal.

La salle est beaucoup plus petite que je l'imaginais. Légèrement ovale, il y a dans le fond une estrade sur laquelle est disposé un grand bureau avec trois places : l'une pour le Président et deux pour ses assesseurs. Face à elle, deux bureaux distincts, derrière lesquels il y a plusieurs rangées de bancs. Il y a quelques personnes venues assister aux audiences successives, peut-être des journalistes locaux. Je souffle. Mon cœur a repris sa cavalcade dans ma poitrine et la douce caresse de Louis dans mon dos n'y fait plus rien. Dans quelques minutes, Ethan, accompagné de son avocat, va faire son entrée.

Un homme d'une quarantaine d'années se présente devant nous, accompagné du brigadier chargé de l'enquête. Il nous salue et se présente comme étant le Procureur en charge du dossier. Il m'invite à m'installer à ses côtés. Louis s'assied sur le banc derrière moi.

"Il s'agit d'une comparution immédiate. C'est-à-dire que le Magistrat rendra le verdict à l'issue des plaidoiries. Il n'y aura pas de délibéré, d'autant plus qu'Ethan a reconnu les faits lors de son interpellation, m'indique le Procureur.

- Oui, la procédure m'a été expliquée lorsque je suis allé identifier Ethan" je réponds, la gorge nouée.


Le Procureur s'installe et sort le dossier. Je cherche une position sur ma chaise mais mon corps est tellement contracté et mes jambes tremblantes que je ne parviens pas à rester immobile.

Le battant de la porte de la salle claque me faisant sursauter. Je me retourne et aperçois un couple entrer et venir s'installer sur le banc opposé à celui où Louis est assis. La femme semble nerveuse et contrariée. L'homme ne laisse rien paraître. Il y a une certaine proximité entre eux et pourtant ils n'ont aucun geste l'un envers l'autre.

La porte s'ouvre une nouvelle fois. La pression de la main de Louis sur mon épaule me fait comprendre qu'il s'agit d'Ethan. Je ne me retourne pas. Je suis pris d'une nausée et d'une sueur froide. Je veux juste sortir d'ici. Les souvenirs de cette nuit se rappelle une nouvelle fois à moi, ses coups, ses mots. Je tente de prendre un air indifférent mais je sens les regards se tourner vers moi.

Ethan prend place au bureau à côté du nôtre, accompagné d'une femme en robe d'avocat.

Jamais. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver dans ce genre de situation. Victime d'une agression. Témoin dans une audience. C'est surréaliste.

La greffière fait son entrée et s'installe à sa table. Le Magistrat entre à son tour précédé par les deux juges qui l'assistent, un dossier rouge entre les mains.

Tout le monde se lève et se rassied lorsque le Président nous invite à le faire. L'audience commence. L'accusation. Le rappel des faits. Le visionnage de la vidéo. La présentation d'Ethan et la plaidoirie de son avocate. La plaidoirie du Procureur insistant sur la gravité des faits, des gestes, incluant les lettres d'intimidation et le vandalisme sur la boulangerie.

Mon estomac se noue au fur et à mesure des déclarations de chacun. Je tourne mon visage vers Ethan, si jeune et semblant si fragile dans le costume qu'il porte. Je dévie mon regard sur le couple installé derrière lui, ses parents vraisemblablement. La femme est à bout, au bord des larmes, choquée par les images qui ont défilé sur l'écran, par les mots rapportés par le brigadier, extraits de ma déposition.

Le Magistrat écoute, prend des notes, consulte les assesseurs. Un silence glaçant s'installe dans toute la pièce. Je ne parviens pas à calmer le tremblement de mes jambes. Mes mains sont moites. Louis passe sa main sur mon épaule, qu'il presse légèrement. J'essaye de respirer calmement, bois un verre d'eau.

Ethan est pâle et se lève à la demande du Président.

"Ethan Muller, il commence, vous avez reconnu les faits.

- Oui Monsieur, répond le jeune homme.

- Vous avez également précisé être l'instigateur de l'agression de Monsieur Harry Styles.

- Oui Monsieur.

- Avez-vous conscience de la gravité de votre geste ?

- Oui Monsieur, la voix d'Ethan est de plus en plus éraillée.

- C'est la première fois que vous vous retrouvez dans ce genre de situation et j'ose espérer qu'il s'agit là d'un acte isolé de votre part. Vous avez été coopératif et avez donné des explications qui ne justifient pas votre acte. Vous avez reconnu pendant la phase des interrogatoires être également l'auteur des lettres reçues par Monsieur Harry Styles et du vandalisme sur la boutique qu'il possède. Ce que vous avez fait est très grave Monsieur Muller. Vous êtes jeune et c'est bien mal commencer dans la vie. Vous êtes majeur et les actes seront repris dans votre casier judiciaire. Cette situation aura des conséquences et des répercussions tout le long de votre vie. Au-delà des excuses que je vous demanderai de formuler par écrit à Monsieur Harry Styles, je vais vous soumettre à un suivi psychologique."


La voix du Magistrat est calme, posée mais sans appel, autoritaire. Ethan se tient debout, le dos droit et le regard parfois fuyant. Sa mère retient des larmes tandis que son père semble partagé entre colère et culpabilité.

"Ethan Muller, au vu des faits qui vous sont reprochés, menaces, vandalisme, agression verbale et physique sur autrui, intimidation et entraînement à la violence, coups et blessures ayant entraîné l'incapacité totale du travail pendant une période de deux mois à l'encontre de Monsieur Harry Styles, la loi prévoit une condamnation de trois ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende."

La mère d'Ethan laisse échapper un sanglot. Mon cœur cogne contre ma poitrine d'une telle force que mon souffle se coupe à plusieurs reprises.

"Monsieur Ethan Muller, s'agissant de votre première arrestation et implication dans ce genre d'affaire, compte tenu de votre jeune âge, le Tribunal vous condamne à verser la somme de 5 000 € à Monsieur Harry Styles au titre de dommages et intérêts pour la perte pécuniaire liée à son incapacité totale du travail. Le Tribunal vous condamne à une année d'emprisonnement à la maison d'arrêt de Cherbourg. Vous subirez une mise à l'épreuve de six mois et devrez œuvrer pour les associations de la ville."

J'aperçois une larme rouler sur la joue d'Ethan. Le Magistrat est intransigeant et insiste sur la gravité des faits mais reste juste pour le jeune homme présent devant lui.

"Monsieur Ethan Muller, reprend le Président, j'espère n'avoir jamais à revoir votre nom dans un des dossiers que je traiterai dans l'avenir. J'espère que vous avez sincèrement pris conscience de la gravité de vos actes et que vous les regrettez aujourd'hui.

- Oui Monsieur. Je tiens à présenter mes excuses à Monsieur Styles pour mon comportement inapproprié."


Le regard d'Ethan se pose sur moi l'espace de quelques secondes. Je ne flanche pas et reste de marbre face à ses paroles.

"L'audience est levée."

Le Magistrat en termine et se lève pour quitter la salle. Les parents d'Ethan étreignent leur fils avant qu'il ne soit pris en charge par un officier de police présent dans la salle.

Louis me rejoint et passe son bras autour de ma taille. Je l'enlace brièvement avant de glisser mes lèvres dans son cou. Le procureur se tourne vers nous et nous serre la main à chacun.

"Le jeune Mattéo s'est présenté de lui-même aux autorités. Il est encore mineur et étant celui qui a tenté de raisonner Ethan pendant votre agression, il n'écope d'aucune condamnation. Les deux autres personnes seront prochainement condamnées à quelques mois de prison, sûrement avec sursis et des travaux d'intérêt général.

- Bien, je ne parviens pas à répondre autre chose.

- Cette histoire est désormais derrière vous Monsieur Styles. Ethan connaissait la teneur de sa condamnation, il n'y aura pas d'Appel.

- D'accord. Merci beaucoup.

- Je vous en prie. Prenez un peu de temps pour vous, pour vous remettre de cette journée et passez à autre chose. Je vous souhaite bonne continuation.

- Merci."


Le Procureur nous serre une nouvelle fois la main avant de s'éloigner. Louis et moi quittons la salle d'audience puis le Tribunal.

L'air frais me fait du bien. Je m'arrête au bas des marches et respire un grand coup, essayant de me défaire du poids sur ma poitrine. Je sens Louis se rapprocher de moi et passer son bras autour de ma taille.

"Viens, on rentre. Où as-tu garé ta voiture ?

- Vers le port de plaisance. Et toi ?

- Je me suis fait déposer par ma mère, pour pouvoir rentrer avec toi."


Je souris à Louis pour le remercier de l'attention. Nous marchons l'un à côté de l'autre dans les rues commerçantes de Cherbourg jusqu'à rejoindre la statue de Napoléon en bord de quai.

Dès que nous avons passé ce que Louis appelle l'embouteillage du centre-ville - dix minutes à peine - je file en direction de la maison. Je n'interroge pas Louis sur ses projets pour la soirée et s'il souhaite récupérer sa voiture certainement stationnée devant le collège. Je rentre directement. Il ne fait aucun commentaire.

Quand nous arrivons à la maison, je lie mes doigts à ceux de Louis et nous dirige vers la plage. Le vent n'a pas faibli depuis ce matin mais le ciel est plus dégagé. La marée est montante et nous renvoie quelques embruns quand on s'en approche. Je lève mon visage vers le ciel et laisse le vent caresser ma peau.

Louis passe derrière moi, enlace ma taille et niche son visage dans mon dos en m'étreignant. Je laisse aller mon regard vers le large et je ne contrôle pas l'émotion qui me submerge alors. Les larmes silencieuses glissent sur mon visage et ma respiration s'allège au fur et à mesure. Toute la pression de ces deux mois s'envole, toutes mes angoisses commencent à disparaître. Ethan est arrêté. Ethan est puni. Ethan s'est excusé.

Même si les mots prononcés n'effaceront jamais ceux de cette nuit-là, ni les coups, je me sens soulagé. La pression des bras de Louis autour de mon corps me rassure. J'essuie les larmes sur mon visage et prends les mains de Louis dans les miennes avant de me tourner pour lui faire face.

Son regard s'ancre au mien, inquiet, interrogateur.

"Ça va. C'est terminé" je lui dis doucement avant d'embrasser ses lèvres.

Je me délecte du goût de Louis et caresse ses lèvres. Il entrouvre la bouche et j'en profite pour me frayer un chemin, caressant doucement sa langue. Le baiser s'intensifie, mes bras se resserre autour du corps de Louis, ses mains fourragent mes cheveux.

La fraîcheur de l'air de janvier ne nous atteint pas, préservés par la chaleur de l'autre.

Je me recule légèrement et prends le visage de Louis entre mes mains. Ses joues sont rosies et chaudes.

"Merci d'être là."

Son sourire s'agrandit sur son visage et son regard se fait malicieux.

"On rentre au chaud... ?"

Je capture ses lèvres une dernière fois en souriant et nous repartons en direction de la maison. Nous avons toute la soirée devant nous...

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