Chapitre 22 - HARRY

Nous avons quitté un temps froid, sec et ensoleillé, et à l'approche de la capitale, le ciel gris et la pluie nous accueillent. Louis a conduit les deux cents premiers kilomètres. Ça faisait une éternité que je n'avais pas été passager sur cette route. C'est même un peu étrange de faire ce chemin avec Louis à mes côtés. Quand on y pense, c'est notre premier périple ensemble et c'est pour rejoindre Paris et ramener ma fille, avec nous. Louis s'immisce dans ma vie d'une manière si naturelle. La tension des débuts aurait pu donner un tout autre sens à notre relation, mais il a su venir vers moi, me séduire. Je n'ai pas su résister, je n'ai pas voulu résister. Déménager c'était aussi commencer une nouvelle vie, tourner la page sur ma relation passée avec Zayn, et je suis heureux d'avoir croisé le chemin de Louis.

Je jette un regard dans sa direction. Son visage est tourné vers la fenêtre, songeur. Ce n'est pas un week-end romantique que nous nous apprêtons à passer. Je dépose Louis qui rejoint sa sœur Charlotte chez qui il passera la nuit avant de nous retrouver demain chez mes parents. C'est l'occasion pour lui de passer un moment avec sa sœur même si je sais qu'il espérait autre chose de notre week-end parisien avec Éléa.

Mais l'arrivée de Gauthier dans la vie de ma fille risque déjà de la chambouler, je ne veux pas en rajouter. Je préfère y aller en douceur et prendre le temps de lui expliquer une nouvelle fois que, si ses papas ne sont plus amoureux l'un de l'autre, ça ne change rien à l'amour que nous lui portons Zayn et moi. Je veux pouvoir lui expliquer qu'on peut tomber amoureux plusieurs fois dans une vie mais que jamais nos compagnons respectifs remplaceront l'un de nous.

Je glisse ma main sur la cuisse de Louis pour attirer son attention. Il tourne son visage vers moi et m'offre un sourire.

"C'est tellement moche ce paysage, tout plat, tout gris !"

Je ris devant sa réflexion. C'est exactement ce que je répétais à mes parents à chaque retour de vacances. La nostalgie de notre belle Normandie.

"Non mais c'est vrai ! Je comprends mieux pourquoi les parisiens sont aigris !

- Tu exagères ! Paris est une ville magnifique.

- Paris peut-être, mais regarde cette banlieue. Le monde partout. Quelle horreur !"

Je m'apprête à rétorquer mais Louis poursuit.

"Ne me contredit pas Harry ! Tu as déménagé en partie pour ces raisons !

- C'est vrai ! Mais au fond de moi, il y a toujours un francilien en sommeil !

- Et bien laisse-le où il est et espérons que ce week-end passe rapidement !"

Il nous reste une quarantaine de kilomètres à parcourir avant d'entrer dans la capitale. L'aire de repos de Morainvilliers se profile devant nous. Je mets mon clignotant et m'engage vers la sortie. Je gare la voiture et coupe le contact en détachant ma ceinture de sécurité.

"On va prendre un café ?

- Je pensais que tu voulais arriver tôt ?

- Il est tôt Louis. Je suis pas à quinze minutes, d'accord.

- OK."

Nous descendons du véhicule et avant que Louis s'engage sur le chemin, je glisse mes doigts autour de son poignet et l'amène contre moi. J'embrasse ses lèvres doucement, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il enlace ma taille.

"Je suis désolé de t'embarquer dans mes histoires, Louis.

- Tu n'as pas à t'excuser, voyons. Je comprends.

- Je sais mais quand même. Enfin, je veux dire... Tu es toujours présent pour moi et depuis qu'on se connaît, ça n'a pas été de tout repos. Ce début d'année devait être paisible et, finalement Zayn me met devant le fait accompli en ayant présenté Gauthier à Eléa sans même m'en avoir parlé.

- Harry... Je comprends. Je t'assure. Ça m'ennuie parce que je ne vais pas pouvoir passer autant de temps avec toi, avec vous, que j'aurais aimé. Mais je comprends.

- Je ne voudrais pas que tu te lasses..."

J'ai conscience que j'en demande beaucoup à Louis qui a déjà dû supporter mon sale caractère et mon entêtement suite à mon agression. Je lui impose maintenant de tenir notre relation encore secrète devant Eléa.

"Ce que je veux te dire, c'est que je comprendrais que tu ne veuilles pas t'investir plus, je finis par lâcher.

- Wow wow wow !!!! Hey Harry qu'est-ce que tu fais, là ?

- Je ne sais pas. Je t'en demande beaucoup...

- Non. Tu ne me demandes rien du tout. Je sais dans quoi je "m'embarque", il dit en mimant des guillemets. C'est moi qui aie cherché à te séduire...

- Et qui a réussi, je l'interromps, ce qui le fait sourire.

- Ouais... Je connaissais ta situation de père célibataire, nouvellement séparé, nouvellement installé dans une activité professionnelle très prenante, et pourtant je n'ai pas hésité à vouloir te connaître plus. C'est moi qui aies voulu t'accompagner ce week-end. Tu ne m'imposes rien. Je sais très bien que rien ne sera simple et je m'en moque, Harry. Ce que je veux le plus aujourd'hui c'est être avec toi. Peu importe si c'est cinq minutes derrière le four à pain ou dans les vestiaires du stade quand tu viens chercher Eléa. On trouvera des solutions, jusqu'à ce que tu te sentes prêt à en parler à ta fille."

Louis resserre son étreinte autour de ma taille. Mon cœur s'accélère dans ma poitrine tant ses mots me touchent. En l'espace de quelques semaines, Louis a pris une place bien plus importante dans ma vie que je n'ose l'avouer. Cette conversation que nous avons sous-entend des sentiments que nous n'avons pas encore oser nous avouer, autrement que par des actes, des gestes.

"J'ai pas l'habitude d'être celui qui est sûr de lui, Harry, il ajoute. Mais si je dois tenir ce rôle entre nous pour que tu saches que je n'ai pas envie de m'engager à la légère dans notre relation, alors j'accepte la mission.

- Merci, je réponds simplement en embrassant ses lèvres. Merci."

Louis me sourit et se détache de moi pour se diriger vers la porte du Mac Donald's. Je souffle. Je pense que devoir parler à Zayn et rencontrer Gauthier me perturbent plus que je ne pensais.

*

* *

Je claque la portière de ma voiture et lève mon regard vers l'immeuble. Mon ancien immeuble. Je souffle en passant la main dans mes cheveux, traverse la rue et tape le code pour ouvrir la lourde porte en bois. Je gravis les deux étages et quand j'arrive devant la porte de l'appartement, je ne sais plus comment agir.

Est-ce encore chez moi ? Est-ce que je rentre ? Est-ce que je frappe et attends que Zayn vienne ouvrir ? J'ai vécu dans cet appartement pendant plus de huit ans, et aujourd'hui, je m'y sens comme un étranger.

Je reste indécis devant la porte pendant près de cinq minutes. C'est la sonnerie de mon portable qui me sort de mes pensées. Je souris en ouvrant le SMS.

Message de Louis : Ça va bien se passer. Discuter. Pour Eléa. Je pense à toi.

Message à Louis : Ouais. Merci Lou.

Je souffle un grand coup et tape à la porte. Je fais tourner mon téléphone entre mes mains dans un geste traduisant clairement ma nervosité. La porte finit par s'ouvrir sur mon ex-compagnon. Ses cheveux ébène tombent devant ses yeux et il les ramène en arrière dans ce geste que je l'ai vu faire des centaines de fois.

"Salut ! je dis après m'être raclé la gorge.

- Je me demandais si tu allais rester longtemps dans ce couloir à attendre, sans rien faire. Je t'ai entendu arriver, il ajoute.

- Désolé. Je... je ne savais pas comment agir. C'est ridicule.

- Allez entre. Eléa est chez Coraline et Gauthier ne va pas tarder.

- Bien. La puce va bien ?

- Oui. Elle a passé une bonne semaine. On en a profité pour voir ma famille, elle a passé du temps avec Coraline et ses petits amis de l'année dernière. Elle est beaucoup plus à l'aise quand il y a du monde !

- Oui ? Je suis content. Elle grandit.

- Et oui. Ça passe trop vite, dit Zayn avec une pointe de nostalgie dans le regard. La route s'est bien passée ?

- Oui, ça été, on n'a pas eu trop de monde.

- On ? il demande en se tournant vers moi, le regard interrogateur.

- Louis m'a accompagné. Il est avec sa sœur.

- Je vois, il me répond en levant les yeux au ciel.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu vois Zayn ?

- Tu me reproches de faire entrer Gauthier dans la vie d'Eléa mais tu viens carrément la chercher avec lui. Tu trouves pas ça un peu contradictoire ?"

Est-ce que ça l'est ? Est-ce que j'agis en total opposition avec les principes que je veux inculquer à notre fille ?

Je défais mon manteau que je pose sur le canapé avant de m'y asseoir. Zayn m'apporte une tasse de café et s'installe sur le fauteuil en face de moi. Rien n'a bougé dans l'appartement. Quand je suis parti, j'ai tout laissé à Zayn et Eléa pour que notre fille garde ses repères quand elle vient passer du temps ici. Je note quelques touches plus personnelles de Zayn, des dessins qui ornent les murs du salon, les siens et ceux d'Eléa. J'en viens à les imaginer tous les deux, allongés sur le sol à dessiner, s'échanger les feutres. C'est étrange de me retrouver là, de me replonger dans mes souvenirs de notre vie de famille. Ça me serre le cœur.

Je gagne du temps en prenant une gorgée de café alors que Zayn m'observe. Finalement il reprend la parole mais le sujet qu'il choisit ne me détend pas du tout. Il me demande si la procédure liée à mon agression avance. Je lui explique que nous attendons la date de convocation à l'audience et la décision que le Juge rendra. Je lui rapporte ce que le brigadier m'a expliqué et la possibilité pour moi de ne pas me présenter à l'audience, revoir Ethan, revoir les images de ce soir-là. J'ai vraiment envie, et besoin, de mettre cette histoire derrière moi. Le regard de Zayn est doux, compatissant. Je retrouve celui que j'ai aimé, celui que j'ai perdu.

La porte s'ouvre soudainement, me faisant sursauter. Je LE vois rentrer dans l'appartement, comme s'il était chez lui. J'ai l'impression que mon estomac dégringole dans mon corps. IL est là devant nous, IL embrasse Zayn au coin des lèvres sous mon regard, avant de se poster devant moi et de me présenter sa main pour me saluer.

A cet instant, j'ai juste envie de donner un coup dans cette main et de lui hurler dessus. Lui demander ce que ça lui fait de savoir, qu'en s'immisçant dans la vie de Zayn, il a brisé l'équilibre de notre famille.

Mais je suis un homme adulte, alors je prends la main qu'il me tend et me présente à lui, ravalant ma haine et tentant de prendre un air détaché. Mon regard se pose sur Zayn que je surprends en train de m'observer. Les traits de son visage trahissent une certaine gêne. Je reste impassible.

Gauthier dépose ses affaires dans l'entrée avant de se diriger dans la cuisine d'où il revient avec une tasse de café entre les mains. Il s'installe sur l'accoudoir du fauteuil où Zayn s'est installé.

Je suis submergé d'un sentiment étrange, une sorte de jalousie qui m'envahit au fil des minutes. Je suis conscient que je n'ai pas le droit, je n'ai plus le droit, de ressentir cette émotion, d'autant plus que je suis moi aussi en couple avec Louis, maintenant. Mon amertume vis-à-vis de Gauthier peut s'expliquer uniquement parce qu'il a été le déclencheur de notre rupture à Zayn et moi. Mais si je suis honnête avec moi-même, notre couple partait à la dérive. Si ça n'avait pas été Gauthier, ça aurait pu être une rencontre que j'aurais faite ou cette même opportunité de partir en Normandie qui aurait eu raison de notre couple, de notre famille.

Je dois absolument ravaler ma rancœur et agir en toute intelligence, comme nous essayons de le faire depuis notre séparation, pour le bien d'Eléa.

Je me redresse légèrement, me racle la gorge et regarde tour à tour Zayn et Gauthier.

"Avant tout, je voulais vous dire que je n'avais aucune objection à votre couple. Je n'ai pas mon mot à dire. Et si ma réaction au téléphone t'a semblé inappropriée Zayn, je m'en excuse.

- C'était peut-être un peu disproportionné, non ? Surtout quand on sait que tu entretiens une relation avec Louis...

- Eléa n'est pas au courant. Nous ne nous sommes jamais montrés devant elle.

- Pourtant elle en parle souvent. De Louis.

- C'est normal. C'est son professeur et un ami. C'est le frère de ses amis.

- Ouais...

- Ecoute Zayn, je t'ai parlé de Louis dès que j'ai su que nous pourrions commencer quelque chose lui et moi. Je ne te reproche pas d'être avec Gauthier...

- Heureusement, j'entends dire Gauthier, ce qui me glace le sang.

- J'aurais juste aimé que tu m'en parles et qu'on en parle avec Eléa avant, j'ajoute en lançant un regard peu amène à Gauthier. Nous n'avons pas à intervenir dans la vie de l'autre, mais il me semble logique que nous continuons de nous parler de ce genre de chose. Parce que ça touche Eléa, donc l'un de nous, d'une manière ou d'une autre.

- Gauthier n'a encore passé aucun week-end avec nous si c'est ce qui t'inquiète.

- Je sais, sinon Eléa m'en aurait parlé.

- Elle a très bien réagi quand je lui ai expliqué qui était Gauthier.

- Harry, intervient ce dernier. Je n'ai pas l'intention de m'immiscer dans votre vie de famille.

- C'est pourtant ce que tu as fait, je réponds glacial, malgré moi.

- Harry ! m'avertit Zayn.

- Non Zayn, c'est vrai. Gauthier s'est immiscé dans nos vies à tous les trois, et il va forcément s'immiscer dans l'éducation d'Eléa, comme le fera Louis. C'est normal. Il arrivera un jour où elle sera seule avec l'un ou l'autre parce qu'on formera de nouvelles familles. C'est légitime et c'est la seule raison pour laquelle je voulais connaître celui qui partage désormais ta vie. Parce qu'il va forcément partager celle de ma fille."

Je souffle un grand coup. Je sens mon sang battre dans mes veines. Il y aura toujours une part de moi qui rendra Gauthier responsable de notre séparation à Zayn et moi, et j'aurais forcément toujours une rancœur vis-à-vis de leur couple et de l'implication de Gauthier dans la vie de ma fille. C'est humain. J'aimerais le contrôler mais je pense que notre rupture est encore trop récente. J'ai conscience de la mauvaise foi dont je fais preuve et c'est une lutte interne qui est en train de se jouer en moi, à cet instant où les deux hommes assis en face de moi m'observent : Gauthier d'un regard froid, Zayn plus désolé. Je n'ai pas le droit de leur faire un quelconque reproche quand je sais qu'en sortant de cet appartement, la seule chose dont j'aurais envie sera de retrouver Louis.

Je secoue la tête pour me ressaisir et passe ma main sur mon visage avant de relever le regard sur eux. Je reprends.

"La seule chose que je demande c'est que l'éducation que nous donnons à Eléa depuis sa naissance ne soit pas remise en question. Tu peux ne pas être d'accord avec Zayn ou moi, mais Eléa est notre fille. Si tu dois la reprendre sur quelque chose, assure-toi que ça corresponde à nos principes et non aux tiens, je dis à l'attention de Gauthier.

- A mon avis, toute cette conversation est prématurée, répond Gauthier, mais j'en conviens.

- Maintenant que vous vous êtes affichés devant elle, votre relation va prendre une autre ampleur, vous passerez du temps ensemble. Donc, non, pour moi ce n'est pas prématuré."

Nous continuons cette conversation en prenant en compte uniquement le bien-être d'Eléa. C'est le plus important et ça me rassure de constater que Zayn et moi sommes toujours d'accord sur ce point. Je ne suis pas surpris lorsqu'il me demande de rencontrer Louis également. Même s'ils se sont croisés à plusieurs reprises, Louis n'a jamais été présenté en tant que mon petit-ami pouvant intervenir dans la vie d'Eléa.

"Bien sûr, je comprends, je réponds.

- Eléa passe la nuit chez Coraline. Sa maman la dépose demain vers 10h. Venez avant.

- D'accord."

Cette situation est étrange, et le sentiment que je ressens me met quelque peu mal à l'aise, cette impression bizarre d'avoir négocier. Je prends congé de Zayn et salue les deux hommes avant de quitter l'appartement.

A peine suis-je monté dans ma voiture que je récupère mon téléphone dans la poche de mon manteau. J'ai un message de ma mère qui s'inquiète de ne pas avoir de nouvelle. J'ai complètement oublié de lui dire que j'étais bien arrivé. Je l'appelle pendant que l'habitacle se réchauffe un peu.

"Salut Maman !

- Tu as oublié ta mère ! me dit-elle théâtrale.

- Je plaide coupable mais avec des circonstances atténuantes !

- Tu as vu Zayn ? elle me demande doucement.

- Oui. Gauthier était là, je souffle. Je sors de l'appartement.

- Oh alors tu arrives bientôt ?

- Euh... oui. Enfin... je vais voir si Louis n'est pas occupé et passer un moment avec lui.

- Louis est à Paris ?

- Il a fait la route avec moi. Je l'ai déposé chez sa soeur.

- Invite-les à dîner avec nous ce soir. Gemma et Michal seront là.

- Oh, je ne sais pas...

- Harry ! me sermonne ma mère.

- Je vais lui demander.

- Parfait. J'attends de tes nouvelles rapidement, juste pour préparer ma table !

- Bien sûr."

Je raccroche en levant les yeux au ciel et compose immédiatement le numéro de Louis. Il décroche avant même que la première tonalité fasse écho.

"Comment ça s'est passé ?

- Ça été. Vous êtes en train de faire un truc en particulier avec Charlotte ?

- Euh non... Je suis installé au Starbucks à Opéra pendant que Lottie est aux Galeries Lafayette. La capitale n'est définitivement pas faite pour moi, il soupire.

- Je vois, je ris. Je prends le métro et je te rejoins. Attends-moi.

- Avec plaisir. Viens me sauver de toute cette cohue !"

Je raccroche en riant. La voix, le ton chantant et rassurant de Louis me donnent immédiatement le sourire. Je coupe le contact et abandonne ma voiture pour rejoindre la station de métro la plus proche.

Quand je pousse la porte du café, je remarque rapidement Louis installé à une table près de la baie vitrée. Charlotte l'a rejoint. Le frère et la sœur sont en pleine conversation, un sourire radieux sur leur visage. Je m'approche du comptoir et commande un macchiato avant de les rejoindre.

Alors que Charlotte lève son regard sur moi, Louis se tourne et se lève instantanément. Ses bras s'accrochent à ma taille et ses lèvres capturent les miennes dans un léger baiser. Mon cœur cogne dans ma poitrine. C'est agréable et réconfortant après le tumulte des dernières heures. Je salue Charlotte et enlève mon manteau que je dépose sur la chaise entre eux deux, avant d'aller récupérer ma boisson au comptoir.

Louis me raconte le périple que sa sœur lui a imposé. Sous la table, nos genoux sont collés l'un à l'autre, un geste anodin qui pourtant a le mérite de me rassurer. Je fais glisser ma main vers lui et entoure son poignet. Je dessine des petits cercles sur le dessus de sa main. Nos regards s'accrochent et il finit par me demander comment s'est déroulé ma rencontre avec Gauthier. Je lui explique brièvement la teneur de notre conversation et ce que nous avons convenu.

"J'ai dit à Zayn que tu m'avais accompagné. Il voudrait qu'on aille récupérer la puce demain matin, tous les deux. Pour te rencontrer, j'ajoute.

- Me rencontrer ? Bah on se connait déjà ! répond Louis surpris par cette demande.

- Je sais. Mais pas en tant que petit-ami qui pourrait intervenir dans la vie de notre fille. Gauthier sera là aussi."

Je regarde Louis. J'observe sa réaction. Parce que cette demande, cette rencontre, rend notre relation plus sérieuse encore. Ses mots, ce midi sur l'aire d'autoroute, me reviennent et j'ai peur qu'il revienne dessus. Comme si d'un seul coup tout devenait réel. Mais je ne lis pas de regret, pas de crainte... juste un regard serein et sa main qui se pose sur la mienne.

"D'accord. Mais ça veut dire qu'Eléa va apprendre pour nous deux ?

- Non. Elle revient de chez sa copine vers 10h. Nous irons avant. Je veux vraiment voir comment elle réagit par rapport à la relation de Zayn avant de lui confier la nôtre. J'ai peur que ça fasse trop d'un coup.

- Bien sûr. J'essaierai de bien me tenir ! dit Louis avec un petit sourire, pour donner un peu de légèreté à notre conversation.

- Bon... je veux pas vous presser, mais on doit aller récupérer ma voiture et filer chez mes parents. Vous êtes invités tous les deux à dîner chez moi, je dis en tapant dans mes mains et soufflant. Ma sœur et son mari seront là aussi."

Le visage de Louis blêmit un peu. La timidité le rend encore plus séduisant. Je vois Charlotte sourire puis elle me remercie pour l'invitation.

Nous sortons du Starbucks et nous dirigeons vers le métro. La nuit est tombée et les décorations de Noël illuminent la rue. C'est magique. Je glisse mon bras autour des épaules de Louis et me rapproche de son corps. J'embrasse sa joue et murmure à son oreille :

"Tu vois comme c'est beau Paris."

Il tourne son visage vers moi et son regard brille. Il passe son bras autour de ma taille et nous poursuivons notre chemin.

Le métro est bondé et la lueur angélique a quitté le regard de Louis. Je souris et il se renfrogne. Vivement que nous rentrions chez nous.

*

* *

"Prêt ?

- Ouais. C'est pas comme si je ne l'avais jamais rencontré", répond Louis alors que nous pénétrons dans l'immeuble.

Le dîner d'hier soir s'est très bien passé. Michal et Louis se sont parfaitement entendus, parlant foot une grande partie de la soirée. Gemma m'a complimenté sur mes goûts en matière d'hommes. C'était surtout pour me taquiner avant de m'avouer que Louis semblait être quelqu'un de sérieux.

Louis et Charlotte ont pris un Uber pour rentrer chez la jeune femme à la fin du dîner et je suis allé chercher Louis ce matin.

Il est 9h quand nous frappons à la porte d'entrée de l'appartement. Zayn nous accueille. Louis et lui se serrent la main alors que je pénètre dans le salon. L'odeur du café fraîchement préparé embaume la pièce. Je tends à Zayn le sachet de viennoiseries que je suis allé chercher à la boulangerie où je travaillais avant.

"Tu ne peux pas t'en empêcher, hein ? il me dit en récupérant le paquet.

- Je n'imagine pas une vie sans croissant ! J'y peux rien !" je réponds en souriant.

C'était aussi l'occasion de rendre un peu moins solennel l'instant que nous nous apprêtons à vivre. Hier, ça été difficile de rencontrer Gauthier. Je sais que pour Zayn aussi, ce n'est pas évident de voir Louis, même s'il n'y a aucune rancœur entre les deux hommes.

Nous nous installons autour de la table du salon. Zayn sert les cafés alors que Gauthier nous rejoint, à peine sorti de la douche. Je vois Louis se crisper légèrement, à moins que ce soit moi.

Nous faisons les présentations puis discutons. C'est cordial, parfois un peu tendu. Louis jauge Gauthier. Gauthier me scrute par moment. Zayn et moi tentons de ne pas montrer le malaise qui nous gagne. C'était une drôle d'idée de nous réunir tous les quatre de cette manière, même si Eléa est le cœur de toute la conversation.

A 10h tapante, l'interphone grésille tel une libération. L'atmosphère lourde qui planait au-dessus de nous s'évapore en un rien de temps. Zayn déclenche la porte et va ouvrir la porte d'entrée de l'appartement. Nous nous levons tous et nous plantons dans le salon.

Cette situation reste cependant étrange.

Eléa entre dans l'appartement et je sens mon cœur se gonfler. Ma fille m'a manqué pendant une semaine. Je retrouve mon petit bout d'âme et tout va mieux. Elle embrasse son père puis me voit et me court dans les bras. Je la couvre de baisers alors que ses bras s'enroulent autour de mon cou.

Je salue la maman de Coraline et embrasse la joue de la petite copine de ma fille.

"Eléa n'a pas beaucoup dormi, dit la maman. Je ne sais pas si c'est le fait d'être chez nous, ou l'excitation de vous retrouver.

- Elle dormira dans la voiture", je réponds alors que je dépose ma fille au sol et lui enlève son manteau.

Elle dit au revoir à son amie puis s'avance dans l'appartement.

"Louis !!! Tu es venu avec papa me chercher ?

- Coucou poulette, il lui répond en se baissant pour embrasser sa joue. Oui ! C'est mieux de faire la route à plusieurs !

- Bah oui ! Je suis contente. Viens je vais te montrer ma chambre ici et mes nouveaux cadeaux."

Eléa prend la main de Louis et se dirige vers sa chambre. Je les observe tous les deux et je souris, avant d'entendre Zayn rappeler à l'ordre notre fille.

"Ma puce, tu dis bonjour à Gauthier aussi !"

Ma fille se retourne et regarde Gauthier qui se tient à côté de mon ex-compagnon. Une petite lueur que je ne définis pas vraiment traverse le regard d'Eléa mais elle s'exécute. Gauthier tente une petite conversation mais Eléa retourne rapidement vers Louis.

Je lance un regard désolé vers Zayn.

"C'est normal. Ne te formalise pas Gauthier.

- C'est bon.

- Elle connaît Louis depuis plus longtemps.

- Et elle passera plus de temps avec lui qu'avec nous ! enchaîne Zayn, l'intonation de sa voix contrariée.

- Elle viendra vous rendre visite plus souvent. On en a parlé. Laisse-lui du temps. Elle est petite.

- Ouais.

- Les enfants s'adaptent à toutes les situations. Fais-lui confiance."

Zayn hoche la tête et je me retrouve à rassurer mon ex-compagnon sur la réaction d'Eléa par rapport à sa nouvelle relation. Le monde à l'envers quand on réfléchit aux raisons qui m'ont amené à Paris ce week-end.

*

* *

Nous avons repris la route depuis plus de deux heures, après avoir déjeuné chez mes parents. Eléa s'est endormie trente minutes après notre départ.

La route défile devant nous. Il n'y a pas de circulation à l'approche de Caen. Louis se détend à mes côtés, ravi de rentrer en Normandie. L'affluence dans la capitale au moment des fêtes de fin d'année lui a confirmé qu'il n'était pas fait pour vivre en ville.

Je sens ses doigts caresser ma nuque doucement. Je penche ma tête sur le côté pour le câliner aussi. Je jette un coup d'oeil dans le rétroviseur intérieur. Eléa dort, le visage tourné vers la vitre. Je pose ma main sur sa cuisse que je caresse doucement, alors qu'il glisse sa main libre sur la mienne. Nos regards se croisent et je lui souris.

"Merci de m'avoir accompagné, je lui dis.

- Avec plaisir. Ça été un bon week-end.

- Papa ?"

La voix ensommeillée d'Eléa nous surprend tous les deux. Je retire rapidement ma main de la cuisse de Louis, alors qu'il amorce un geste pour retirer sa main de ma nuque. Dans la précipitation, alors que je me tourne pour regarder ma fille, Louis me donne un coup dans le visage. Je le vois désolé et je lui souris. Plus le temps va passer et plus nous cacher d'Eléa risque d'être rocambolesque.

"Oui ma puce !

- J'ai soif et j'ai envie de faire pipi.

- D'accord. On va s'arrêter à la prochaine aire de repos.

- D'accord."

Le son de sa voix s'éteint dans un murmure. Louis se tourne vers elle.

"Elle s'est rendormie !"

Nous rions ensemble. Les enfants ont des dons cachés... pour faire tourner en bourrique les adultes.



*

*  *

Désolée pour l'attente... Presque un mois, je crois, depuis mon dernier post.

Celles et ceux qui me suivent sur Twitter ont peut-être vu mes doutes par rapport à cette histoire, à l'écriture en général.

C'est difficile de tenir à bout de bras une histoire...

J'espère que ce chapitre vous aura plu, même si je doute parfois de sa cohérence.

Merci d'avoir lu...

Bisous.

Mimi

@Butterfly_1802

#BakeryFic

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top