Chapitre 18 - HARRY
Je pousse la porte de la chambre doucement et m'approche du lit. Je remonte la couette sur Éléa pour qu'elle n'ait pas froid. Elle dort à poing fermé, son doudou entre ses doigts. Je me penche et dépose un léger baiser sur son front, dégageant les cheveux de son visage. Ses joues sont toutes chaudes. J'ai envie de la croquer comme lorsqu'elle n'était qu'un petit bébé. Je reste quelques minutes, assis sur le bord de son lit, à la regarder dormir paisiblement, loin des soucis des adultes.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer doucement. Louis est sorti raccompagner Danielle à sa voiture après que nous ayons terminé notre conversation et découvert qui se cachait très probablement derrière mon agresseur.
J'ai une boule à l'estomac et le cœur qui bat trop fort dans ma poitrine. La respiration douce et régulière d'Éléa peine à me calmer. J'embrasse une nouvelle fois ma fille, qui gigote légèrement, puis sors de la chambre.
Louis est debout au milieu du salon, les mains dans les poches de sa veste. Je descends l'escalier et le rejoins. Mes bras s'enroulent autour de sa taille, instinctivement. J'ai besoin de me raccrocher à ce qu'il y a de meilleur dans ma vie en ce moment. Et le meilleur, c'est Louis. Je niche mon visage dans le creux de son cou et m'enivre de son odeur désormais familière, tandis que ses mains caressent mon dos doucement.
"Ça va ? il me demande, ses lèvres frôlant ma joue.
- Ouais", je réponds d'une voix étouffée.
Louis m'oblige à me détacher de lui pour pouvoir me regarder. Ses yeux me scrutent et me reposent silencieusement la question. J'embrasse ses lèvres furtivement avant de souffler et lui répondre.
"Ça va. C'est bizarre. Cette histoire va pouvoir être derrière moi, derrière nous, d'ici quelques semaines. Je suis soulagé et en même temps, ça me terrifie. Je ne sais pas si j'arriverai à me confronter à lui.
- Tu ne seras peut-être pas obligé de le faire.
- Pourtant, aussi paradoxale que ça puisse être, j'aimerais. J'aimerais pouvoir entendre ses explications, des excuses.
- Il n'existe pas d'explications valables...
- Je sais. Mais la situation de sa famille en est une malgré tout. Je veux dire, un divorce c'est déjà douloureux. Sa mère a été blessée dans la séparation et son père n'a pas dû savoir lui dire les choses pour que Ethan comprenne bien.
- C'est un jeune adulte. Il peut comprendre les choses sans qu'on lui explique. Zayn et toi expliquez à Eléa votre situation, c'est normal, elle a six ans, mais Ethan...
- Louis, je l'interromps, tu n'as pas vécu le divorce de tes parents. C'est une épreuve, quelque soit l'âge que tu as. Et le père d'Ethan a quitté sa mère pour un homme. Ce sont tous ses repères qui se sont écroulés.
- Harry, tu le défends ?"
Je sens Louis s'énerver près de moi. Il commence à tourner en rond dans le salon. Je n'oublie pas qu'à travers mon agression, Louis a été blessé également. J'attrape sa main lorsqu'il passe devant moi et le ramène tout contre mon corps. Il se débat quelques secondes avant de lever son regard vers le mien.
"Non Harry, je ne te suis pas là !
- Tu m'offres une cigarette ?
- Quoi ? Si tu veux, il répond en soupirant.
- Viens, on va fumer sur la terrasse, prendre l'air.
- On n'a pas fini de discuter.... il dit dans mon dos.
- Je sais."
Nous sortons dans la nuit froide. Le ciel est dégagé et maculé d'étoiles. On entend au loin le bruit des vagues. J'inspire profondément, essayant de chasser les questions qui encombrent mon esprit. Louis me tend une cigarette que je porte à mes lèvres. La flamme vacillante du briquet éclaire son visage crispé. J'aspire une longue taffe avant de recracher doucement la fumée. Je me décale et enveloppe Louis de mes bras, mon torse collé à son dos.
"Tu essayes de m'amadouer ?
- Non... je réponds en déposant mes lèvres sur sa joue. Non. Je veux juste qu'on soit bien, tous les deux. Tu sais Louis, jamais je ne pourrais pardonner les actes de Ethan, de ses amis. J'ai pris les insultes et les coups. Tout résonne encore en moi après plus d'un mois. Chaque matin, mon corps me rappelle les blessures qu'il endure. Mes journées sont longues parce que je ne peux pas encore reprendre le travail. Alors, crois-moi, je ne pourrais jamais leur pardonner. Ce que je veux juste te dire, c'est qu'il est paumé. Qu'il a besoin que quelqu'un l'épaule.
- Tu veux être cette personne ? me demande Louis incrédule.
- Non. Je ne pourrais pas. Mais peut-être que..."
Louis se tourne brusquement entre mes bras pour me faire face, comprenant où je veux en venir. Malgré la pénombre, je peux lire toute son incompréhension dans son regard.
"Moi ? Tu penses que je pourrais expliquer à Ethan ce que ses parents n'ont pas su faire ? Tu penses sincèrement qu'après ce qu'il t'a fait, je vais pouvoir m'asseoir tranquillement autour d'une table pour lui expliquer ce qu'est l'amour sincère entre deux hommes et ça, sans lui sauter dessus ? Tu divagues Harry. Je suis désolé mais j'en serais incapable.
- Louis...
- Non. Non, c'est hors de question. Merde Harry, j'ai vu ce qu'il t'a fait. J'ai vu les coups qu'il t'a donné et j'ai soigné tes blessures. J'ai supporté ton désarroi et ton mutisme. Alors non. Si je me retrouve en face de lui, je ne pourrais pas être calme. Est-ce que tu as conscience qu'un coup de plus, ou donné au mauvais endroit, et tu n'étais plus de ce monde.
- Oui j'en ai parfaitement conscience, merci ! je réponds agacé.
- Comment tu peux croire que je peux supporter ça ?
- Louis... on n'était même pas encore ensemble quand ça s'est produit !
- Et alors ? Tu crois que ça change quelque chose ? Bordel... tu crois que je ne tenais déjà pas à toi ? J'ai pas arrêté de penser à toi depuis le jour où nos regards se sont croisés pour la première fois. Ce soir-là, si tu n'étais pas parti de ton côté, on aurait passé notre première nuit ensemble et je suis sûr qu'on ne se serait plus quittés."
Pour la première fois, je vois Louis perdre le contrôle. Pour la première fois depuis que toute cette histoire a commencé, que la boulangerie a été vandalisée, puis que je me sois fait agresser, Louis craque. Il s'écarte de moi en repoussant mon bras qui l'enserre, et arpente la terrasse en se tenant le visage entre les mains.
"Je ne comprends pas Harry. Ethan ne mérite qu'une seule chose : être puni pour ce qu'il a fait. C'est tellement grave. Il a entraîné ses potes. Il faut l'arrêter pour qu'il ne recommence jamais.
- Et tu ne penses pas que tenter de comprendre ce qui lui a traversé l'esprit l'aiderait plus qu'autre chose ? Tu ne crois pas que quelqu'un doit l'aider ?
- Ne joue pas au héros Harry....
- Ce n'est pas ce que je cherche. Je pense simplement qu'il a besoin d'aide.
- Il n'aura pas la mienne, je suis désolé."
Louis se tourne et entre dans la maison. Je reste quelques instants sur la terrasse, partagé entre l'envie de rattraper Louis et la déception qui m'envahit face à son refus. Ethan doit se faire aider parce que ce n'est pas une arrestation qui l'empêchera de recommencer ce qu'il m'a fait subir.
C'est le bruit du moteur de la voiture de Louis qui démarre qui me sort de mes réflexions. Je soupire et rentre dans la maison.
Il est parti.
*
* *
"Papa ? m'appelle Éléa alors que nous prenons notre petit déjeuner.
- Oui mon cœur ?
- Tu sais, j'ai rêvé que ma maîtresse et Louis étaient dans la maison. Même que Louis il était pas très content."
Je m'étrangle avec mon café, surpris par cette affirmation sortie de nulle part. Je pose ma tasse devant moi et regarde ma fille manger sa brioche. Je me racle la gorge avant de répondre.
"Tu n'as pas rêvé ma puce. Ils sont venus me voir hier soir. On a dû parler un peu trop fort et ça t'a réveillée.
- Ah bon ! Pourquoi ils sont venus ?
- Bah tu sais, ce sont mes amis maintenant, et Danielle avait quelque chose à me dire.
- Sur moi ?
- Non mon cœur. Pas sur toi. Tu fais des bêtises à l'école que Danielle devrait me raconter ? je lui demande, les sourcils froncés mais un sourire sur les lèvres.
- Nooonn !
- Bon, je préfère ça ! Allez finis de manger. On va être en retard."
Éléa hoche la tête et termine son chocolat et sa brioche, alors que je me lève et dépose ma tasse vide dans l'évier. Nous nous préparons et partons pour l'école. Éléa m'embrasse quand nous atteignons la grille de l'école puis rentre dans la cour en courant pour rejoindre Doris. J'aperçois Louis. Nos regards se croisent rapidement mais il reste impassible. Alors, je me dirige vers ma voiture, le cœur tambourinant dans ma poitrine, vexé. Je suis épuisé par ces dernières semaines. Louis est ce qui me tient la tête hors de l'eau et j'ai le sentiment d'avoir tout gâché.
Je remonte la rue principale et gare ma voiture devant la boulangerie. Je pénètre dans le fournil, passe par le vestiaire et enfile un t-shirt blanc que je laisse toujours là. J'attache mes cheveux, me lave les mains et m'avance vers le plan de travail. Tout le monde m'observe mais personne ne m'interroge sur ma présence, mon attitude parlant clairement d'elle-même. Je sors tous les ingrédients dont j'ai besoin et commence la confection de couronnes des rois à la fleur d'oranger. La saison approche dans quelques jours et Éléa adore ça, ça lui fera plaisir.
Il aura fallu plus de deux heures à Katia avant de craquer et entrer dans le fournil pour venir me voir. Elle s'appuie au plan de travail, les bras croisés sur sa poitrine, son regard posé sur moi. Je ne m'interromps pas et continue de former mes couronnes, sortir celles qui sont prêtes et enfourner des nouvelles. Face à mon silence, Katia s'éloigne avant de revenir avec une bouteille d'eau dans une main et une tasse de café dans l'autre.
"Julien ? elle appelle, tu peux surveiller la cuisson des brioches s'il te plaît ?"
Je vois notre apprenti s'essuyer les mains et s'approcher de mon espace de travail. Katia me donne la bouteille d'eau et m'oblige à m'éloigner.
"Tu m'expliques ?
- Quoi ?
- Ce que tu fais là ? Pourquoi tu as l'air de ne pas avoir dormi ? Pourquoi tu n'adresses la parole à personne ?
- J'ai pas dormi. J'ai besoin de me détendre et être ici ça me détend. J'ai pas besoin de me justifier, je pense.
- Harry ! Hey, c'est quoi cette attitude ? Je ne te reconnais pas ! Qu'est-ce qu'il se passe ?" me demande Katia, l'inquiétude clairement présente dans sa voix.
Je souffle fortement en passant mes mains dans mes cheveux. Je prends une grande gorgée d'eau et, après avoir tourné en rond pendant deux minutes, m'assieds sur le meuble, juste à l'entrée du fournil. Katia dépose ses mains sur mes genoux et cherche mon regard, que je finis par lever vers le sien.
Je soupire, une nouvelle fois.
"Danielle et Louis ont sûrement identifié mon agresseur, je dis simplement.
- Comment ?
- Pendant le conseil d'école de la classe d'Éléa. Il y a dans sa classe un petit Tom, frère d'un certain Ethan qui en fait baver à sa mère suite au divorce de ses parents.
- Oh... Et ce serait lui ? Un prénom ne suffit pas...
- Cet Ethan est ami avec un certain Mattéo, comme au soir de mon agression. Mais surtout, le père d'Ethan a quitté sa mère pour un homme. Ça fait vraiment beaucoup de coïncidences et ça justifie sa haine envers les homosexuels.
- Oui.... Je comprends, dit Katia en soufflant, elle aussi. Qu'est-ce que vous comptez faire .
- Vous ? je demande.
- Louis et toi ?
- Louis ? Rien du tout ! je réponds agacé. Moi, je dois passer à la gendarmerie donner son nom pour qu'ils fassent des recherches et l'identifient avec sa photo d'identité. Je vais y aller d'ailleurs."
Je descends du meuble pour m'avancer vers Julien et vérifier la cuisson des derniers gâteaux avant de partir. La main de Katia m'arrête dans mon élan.
Comme si j'allais m'en sortir comme ça...
"Harry... Tu te moques de moi ? Qu'est-ce qu'il y a qui te contrarie vraiment ? Parce que trouver Ethan ne peut pas te mettre dans cet état, au contraire. Donc il y a autre chose ? Louis et toi vous vous êtes pris la tête ?"
Je me tourne vers mon amie et je suis surpris de sentir monter mes larmes. J'aimerais croire que c'est à cause de mon insomnie mais je sais que je me voile la face. Les traits de Katia s'adoucissent et ses bras m'enlacent tendrement. Je me laisse aller à son étreinte et lui avoue les raisons de ma présence à la boulangerie, la conversation échangée hier après le départ de Danielle et le départ inopiné de Louis de chez moi, sa froideur ce matin à l'école. Katia caresse ma joue et recueille une larme qui s'échappe.
"Harry, pourquoi tu te mets des obstacles comme ça ? Pourquoi tu refuses de voir à quel point Louis tient à toi depuis le jour où vous vous êtes rencontrés ?
- Je ne sais pas....
- Tu devrais vraiment réfléchir. Je sais ce que tu veux, j'aimerais que tu en prennes conscience. Louis a vécu tout le stress lié à ton agression et plus que nous tous parce que c'est lui qui a su que quelque chose n'était pas normal ce matin-là, c'est lui qui a débarqué chez toi pour te trouver si mal, c'est lui qui s'est occupé de toi, tout le temps. Tu ne peux pas lui demander de parler à Ethan, tu ne peux pas lui demander de pardonner ce que toi, tu auras du mal à pardonner.
- Je sais. Je pensais juste que...
- Je sais ce que tu penses et tu as raison. Ethan a besoin d'aide. Mais pas de la vôtre. Alors, tu prends de quoi déjeuner et tu vas le rejoindre, lui présenter tes excuses et avancer ensemble. D'accord ?
- Ouais."
Ma réponse se perd dans un souffle. Katia a raison. J'ai des craintes par rapport à mes sentiments envers Louis, parce que ce que j'éprouve arrive trop tôt après Zayn, arrive au pire moment de ma vie. J'ai toujours cette peur que mon couple avec Louis ne soit basé que sur les conséquences de mon agression.
Katia et moi continuons de discuter quelques instants avant d'être interrompus par la clochette de la boutique.
"Souviens-toi de tous les moments que vous avez partagés ensemble avant cette fameuse soirée et tu sauras que Louis est sincère."
Katia embrasse ma joue et rentre dans la boutique pour servir les clients. Je rejoins Julien et l'aide à terminer ce que j'ai commencé. J'en profite pour discuter avec lui puis avec Alain et Michel, avant de m'éclipser.
*
* *
J'aurais aimé aller marcher un peu sur la plage pour réfléchir ou me vider l'esprit. Mais il pleut depuis le milieu de la matinée. Alors, en rentrant de la boulangerie, je me suis mis à ranger la maison, la chambre d'Eléa et nettoyer la cuisine. Les heures passent et je n'ai pas pris le temps de manger quelque chose pour le déjeuner. Éléa va bientôt finir l'école alors je monte prendre une douche et me prépare à sortir.
En montant dans la voiture, je décide de passer par la gendarmerie. Il est temps de mettre cette histoire derrière moi, une bonne fois pour toute.
Je me gare sur le parking et traverse la cour. J'entre et tombe directement sur le brigadier qui m'a reçu à plusieurs reprises. Nous nous saluons et il m'invite à m'installer à son bureau. Après quelques banalités, il rentre dans le vif du sujet et les raisons de mon passage.
"Vous savez Monsieur Styles, il va nous falloir un peu de temps pour aboutir à cette enquête.
- Oui je sais. Je ne suis pas venu pour vous demander où vous en étiez. Je me doute que s'il y avait du nouveau, vous m'auriez contacté. Non, je suis venu parce que j'ai récolter des informations. Je pense connaître le nom de mon agresseur. Il s'agit de Ethan Muller.
- Oui, Monsieur Tomlinson est venu nous faire part de ses suppositions.
- Comment ? je dis, surpris.
- Votre ami est passé ce midi, il ne vous l'a pas dit ?
- Euh... j'hésite. Non... Enfin, hum, on en a parlé hier soir, je ne savais pas qu'il viendrait vous prévenir.
- Nous avons communiqué les informations aux services concernés pour faire ressortir l'identité de ce jeune homme. Au vue des éléments transmis par Monsieur Tomlinson, il y a en effet de fortes chances pour que ce soit celui qui vous a agressé.
- Oui. Bien, je ne vais pas prendre plus de votre temps alors. Merci de m'avoir reçu.
- Je vous en prie Monsieur Styles. Je vous tiens informé. Sinon, vous allez bien ?
- Oui, ça va. Merci.
- Ma femme a hâte de vous retrouver à la boulangerie. Elle me soutient que vos pains sont les meilleurs.
- Vous la remercierez pour moi, je réponds en souriant. Je vais reprendre le travail début janvier.
- Prenez soin de vous et passez de bonnes fêtes de fin d'année.
- Merci."
Le brigadier me tend sa main que je serre et je sors de la gendarmerie. Mon estomac se tord et la conversation que j'ai eu hier soir avec Louis me revient en mémoire. Comment je peux mériter quelqu'un comme Louis, si attentif et si avenant.
Je fais le trajet jusqu'à l'école, perdu dans mes pensées et les mille scénarios que je suis en train de mettre en place pour que Louis accepte mes excuses.
Évidemment, il ne me rend pas la tâche facile puisque je ne le vois pas à la sortie de l'école. Je m'approche de Danielle pour la saluer et j'en profite pour lui demander si Louis est dans le coin.
"Non, il est au collège cet après-midi.
- Ah oui, bien sûr. J'avais oublié.
- Il risque de terminer tard. Enfin c'est ce qu'il m'a dit.
- D'accord. C'est pas grave.
- Ça va Harry ? elle me demande, un peu soucieuse.
- Oui. Oui ça va. On s'est un peu pris la tête hier soir. Et... , je passe ma main dans mes cheveux humides en soupirant, je ne suis pas sûr de mériter tout ce qu'il fait pour moi, je réponds, le regard baissé sur mes chaussures.
-Je ne veux pas me mêler de votre histoire, mais Louis est vraiment une bonne personne. Il ne s'investirait pas autant s'il ne tenait pas sincèrement à toi.
- Je me doute.
- Tu devrais arrêter de te poser des questions et juste te laisser vivre. Fais-lui confiance. Fais-toi confiance, Harry. Louis s'est métamorphosé depuis qu'il t'a rencontré. Je veux dire qu'il est plus en phase avec lui-même. On ne se connait pas depuis longtemps toi et moi, mais lorsque je vous vois tous les deux, il y a des attitudes et des regards qui ne trompent pas."
Danielle me sourit avant d'appeler Eléa pour qu'elle nous rejoigne. Elle embrasse ma fille et me sourit doucement avant de retourner dans sa classe.
La petite main d'Eléa dans la mienne, nous remontons jusqu'à la voiture et rentrons chez nous. Eléa me raconte sa journée et son impatience à attendre le Père Noël. Les vacances commencent dans deux jours et ma famille vient fêter les fêtes avec nous.
Pendant qu'Eléa prend son goûter sur la petite table du salon, devant un dessin animé, je m'installe dans le canapé derrière elle, faisant tourner mon téléphone entre mes doigts. Je prends une grande inspiration, puis :
Message à Louis : Viendrais-tu dîner à la maison ce soir, avec Éléa et moi ?
Je glisse mon téléphone dans ma poche et me concentre sur ma fille. Quand elle a fini de prendre son goûter, je la laisse monter jouer quelques instants dans sa chambre avant de la rejoindre, son cartable à la main. Nous voyons ensemble les quelques devoirs qu'elle a et c'est avec une joie non cachée qu'elle me lit une histoire. Les rôles s'inversent et je me retrouve tout ému à écouter mon bébé me lire l'une de ses petites histoires. Le temps passe vite, trop vite à mon goût.
Et puis le rituel du soir se met en place. Je prépare le repas puis Eléa va prendre sa douche. Je l'observe depuis la porte de la salle de bain. Elle s'installe ensuite sur mon lit et appelle Zayn par Skype. Comme chaque jour, ou presque, elle lui raconte sa journée.
Je suis en train de descendre l'escalier lorsque j'entends des coups frappés à la porte. J'ouvre et me retrouve nez à nez avec Louis. Je suis d'autant plus surpris qu'il n'a pas répondu à mon message.
"Salut, je lui dis doucement, presque gêné.
- Bonsoir. Je voulais juste te dire que je suis allé à la gendarmerie donner l'identité de Ethan.
- Oui je sais. J'y suis allé aussi. Merci.
- Ah. D'accord. Je ne savais pas si tu irais et - il se racle la gorge - il faut vraiment qu'il soit puni.
- Oui, tu as raison.
- D'accord. Bon, bah bonne soirée.
- Louis ! Attends ! Tu ne veux pas rester dîner avec nous ?
- Euh, bah je ne sais pas trop. Je ne veux pas vous déranger.
- Tu n'as pas eu mon message ?
- Ton message ? Non... dit-il en sortant son téléphone. Ah bah non. J'avais pas vu, sinon je t'aurais répondu.
- Reste, s'il te plaît."
Nos regards s'accrochent. J'espère que Louis lit dans le mien le début des excuses que je veux lui faire pour ma conduite de la veille.
"S'il te plaît, je chuchote. Éléa ! Viens voir qui mange avec nous ce soir !
- Enfoiré ! Je peux pas refuser maintenant, me dit Louis un sourire sur les lèvres.
- C'est mal, j'avoue. Mais j'ai vraiment envie que tu restes."
On se sourit et je laisse Louis pénétrer dans la maison tandis qu'Éléa déboule en courant dans l'escalier.
"Cours pas comme ça minette, lui dit Louis.
- Papa a fait des lasagnes... tu vas voir c'est trop bon Louis !
- J'ai hâte de les goûter alors !"
Nous nous dirigeons tous les trois vers la cuisine. Eléa s'installe à sa place et Louis commence à mettre le couvert, tout naturellement, pendant que je sors le plat du four.
Alors que ma fille était toute timide avec Louis pendant l'été, ce soir, elle monopolise la conversation. Louis et moi peinons à avoir une conversation malgré mes réprimandes envers Eléa pour qu'elle cesse de nous interrompre.
L'heure du coucher arrive. Eléa fait un bisou à Louis et monte dans sa chambre. Je la retrouve sous sa couette, son doudou dans les bras. Je ferme le volet, enclenche sa veilleuse et lui fais un bisou. Elle entoure mon cou de ses bras et embrasse ma joue.
"Bonne nuit mon papa d'amour !
- Bonne nuit mon p'tit cœur. Fais de beaux rêves !
- Oui, elle me répond alors que je commence à m'éloigner de son lit. Papa ?
- Oui ma puce ?
- Tu sais, je l'aime bien Louis.
- Lui aussi, il t'aime bien mon cœur.
- Et toi Papa ?
- Oh... euh... je me sens rougir, oui moi aussi je l'aime bien. Allez dors maintenant."
Je lui envoie un baiser et pousse la porte de sa chambre.
Je retrouve Louis, assis à la table de la cuisine, deux tasses de thé devant lui. Maintenant que Éléa est couchée, j'ai envie de le prendre dans mes bras mais je dois d'abord lui parler. Alors je m'assieds à côté de lui, le remercie pour le thé.
"Écoute Louis... Tout d'abord, merci d'être resté ce soir. Merci d'être venu tout simplement.
- Tu m'as un peu pris au piège. Mais si je n'avais pas voulu te voir, je t'aurais envoyé un message pour te prévenir que j'étais passé à la gendarmerie. Donc...
- Tu sais, je m'en veux pour hier. J'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Je n'ai pas cessé de me repasser notre conversation. J'ai beaucoup réfléchi et discuté avec Katia. Même avec Danielle.
- Avec Danielle... ?
- Ouais... Enfin... voilà, je te présente mes excuses Louis. Pour avoir osé te demander d'aider Ethan. C'est absurde de ma part. Je reste convaincu qu'il a besoin d'aide, mais en effet, pas de la nôtre. A travers moi, il t'a blessé aussi, et j'ai du mal à l'assimiler même si je le sais, au fond de moi.
- Je suis content que tu en aies conscience alors.
- Et..., je continue, je dois t'avouer aussi que... j'ai peur que notre relation ne soit basée que sur mon agression, je finis par lâcher.
- Quoi ?!? Mais pourquoi tu penses ça ? Parce qu'on a commencé à être ensemble après ? Mais Harry... On avait déjà partagé des instants tous les deux avant. Un baiser ou le sexe, dit-il un sourire narquois aux lèvres, c'est l'accomplissement mais la relation a commencé avant.
- Je sais... Je suis désolé pour ça aussi."
Louis recule avec sa chaise et vient s'installer à califourchon sur mes cuisses.
"Eléa ne risque pas de descendre ?
- Non... normalement non...
- Parfait."
Ses lèvres retrouvent ma bouche et sa langue joue doucement avec la mienne. Je glisse mes mains sous son sweat et caresse la peau chaude de son dos. Je retrouve toute la tendresse de Louis et l'amour naissant entre nous, mon estomac qui se tord délicieusement, mon cœur qui cogne contre ma poitrine. Louis intensifie le baiser en glissant ses doigts dans mes cheveux.
"J'attends ce moment depuis que j'ai sonné à ta porte hier soir.
- Je suis désolé...
- Tu peux l'être mais je te pardonne. Mets-toi juste dans la tête que toi et moi, ça risque de durer un long moment. Je suis pas prêt de te lâcher..."
Son regard s'ancre au mien et je me perds complètement dans le bleu de ses yeux. J'acquiesce silencieusement avant de retrouver le goût de ses lèvres et de lâcher prise... enfin.
*
* *
Il aura été long à venir ce chapitre...
Mon esprit a vagabonder jusqu'à Londres, jusqu'à Harry et je me suis un peu perdue.
Mais voilà la suite est là et j'espère sincèrement qu'elle vous a plu.
Je vous embrasse.
Mimi
@Butterfly_1802
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