Chapitre 14 - HARRY
Les circonstances de l'instant ne sont pas les meilleures pour partager ce baiser avec Louis. Mais existe-t-il un bon moment ?
Ses doigts dessinent des cercles sur ma nuque. C'est doux, ça m'apaise. L'angoisse qui étreint mon corps tout entier depuis vingt-quatre heures s'évapore un peu. Je laisse glisser mes lèvres sur la peau chaude de son cou, mon visage toujours enfoui contre son épaule. Je resserre légèrement l'étreinte autour de sa taille avant de faire remonter mes lèvres sur la ligne de sa mâchoire et retrouver sa bouche. Son baiser est plus timide, mais la caresse de sa langue contre la mienne tout aussi agréable.
Je détache nos mains liées avant de m'écarter de son corps. Je suis épuisé. Physiquement et moralement. Mon flanc me fait souffrir et les anti-douleurs ne semblent plus faire effet. Je ne peux plus rester debout. J'ai besoin de m'allonger, sur mon lit, espérant trouver une position pas trop inconfortable pour passer la nuit.
"Tu restes encore un peu ?", je demande à Louis.
Ses pommettes sont rosies par notre baiser, ses lèvres semblent m'appeler encore. Je lui souris légèrement.
"Je suis revenu avec un sac. Je vais dormir sur ton canapé. Si tu as besoin de quoi que ce soit pendant la nuit, tu n'auras qu'à m'appeler."
Louis ne me laisse pas répondre et sort de la salle de bain. Il tire le store de la fenêtre de ma chambre et allume la lampe à la tête de mon lit. Mon ordinateur est encore posé dessus depuis cet après-midi.
Je m'approche de mon lit et retape les oreillers. Je m'allonge en grimaçant, attrape ma bouteille d'eau et avale deux comprimés d'antalgique.
"Je serai en bas d'accord ?
- Louis ! Attends."
Sur le pas de la porte, il se tourne vers moi. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Je lis dans son regard son trouble.
"S'il te plaît, reste encore un peu."
Il passe sa main dans ses cheveux et vient me rejoindre sur le lit, à une bonne distance de moi. Regrette-t-il notre baiser ? Je retiens ma question et ignore la douleur lancinante dans mon flanc. Je glisse ma main entre nous et viens m'emparer de la sienne. J'ai juste besoin de tendresse, de compagnie ce soir.
Le plus doucement possible, Louis se tourne vers moi, en appui sur son coude et lève son regard vers le mien.
"Comment tu te sens ?
- C'est douloureux. Mais ça va passer. Ça pourrait être pire.
- Je voulais dire... moralement, Harry ?"
J'hésite à répondre. La soirée d'hier résonne en moi. Chaque fois que je ferme les yeux, je revois ces garçons, acerbes, dédaigneux, insultants.
"Harry, il ne faut pas que tu gardes tout ça au fond de toi.
- Je sais, je réponds en passant ma main sur mon visage et soufflant fort, pour me donner du courage. J'ai tellement de mal à croire que ça me soit arrivé. C'était surréaliste. Je veux dire, je n'ai pas compris. Je marchais le long du port, ils ont commencé à m'interpeller quand j'ai reçu ton message. J'ai rangé mon téléphone et accéléré le pas, sauf qu'ils ont continué à me suivre. Je ne sais pas pourquoi Louis. J'étais seul. Je ne me suis affiché avec personne ici qui aurait pu mettre mal à l'aise quelqu'un. Je ne comprends pas. L'un d'eux disait qu'il connaissait les types comme moi, et qu'on essayait de pervertir tout le monde. PERVERTIR. Les coups sont douloureux mais les mots..."
Je tente de calmer les battements de mon cœur au souvenir des phrases qu'il a pu me dire. Ethan. Jamais je ne pourrais oublier ce prénom. Jamais je ne pourrais oublier les mots qu'il a prononcé, les insultes.
"C'est sûrement eux qui ont tagué la boulangerie, reprend Louis doucement, alors que je garde le silence, perdu dans mes souvenirs.
- Certainement. Mais pourquoi ?
- Je ne sais pas Harry...
- La boulangerie, je pensais que c'était un acte gratuit. Il y a des homophobes partout et le fait que j'arrive en ville, bon... voilà. Je n'accepte pas mais j'ai cru à un acte de vandalisme isolé.
- Il y avait les lettres, ajoute Louis
- Oui... je souffle. Les lettres...."
Je laisse ma phrase en suspend. Louis éteint la lumière et s'allonge à côté de moi, sur le dos, les yeux rivés au plafond. Sa respiration est lente et je tente de caler la mienne sur son rythme. Je cherche le contact de la peau de Louis, tâtonne l'espace entre nous à la recherche de sa main. Quand je sens ses doigts se glisser entre les miens, mon cœur s'accélère. Notre soirée ne devait pas se passer de cette manière. Je sens la rage m'étreindre et les larmes monter à mes yeux.
La pénombre de la nuit nous enveloppe comme un cocon. La chaleur du corps de Louis, sa main dans la mienne, me rassurent. Je ne suis pas seul ce soir.
"J'ai eu si peur Louis. Je me suis senti humilié, incapable de me défendre. J'ai pris les coups sans pouvoir répliquer. Je n'arrêtais pas de me dire que c'était des gamins, que j'avais la force de me défendre, de rendre les coups. Mais l'un d'eux m'immobilisait, à genoux sur le sol. C'était tellement humiliant. J'étais pris au piège Louis."
Des larmes silencieuses coulent sur mes joues au souvenir douloureux de toute l'impuissance que j'ai ressentie à cet instant-là. Louis resserre légèrement l'étreinte de sa main autour de la mienne, soutien silencieux à mon récit.
"C'était comme s'ils m'en voulaient personnellement. J'ai cru que les coups ne s'arrêteraient jamais. Je pensais à Éléa, mon bébé qui allait vivre dans ce monde sans moi. Et moi qui allait finir seul sur ce trottoir."
Ma voix se brise dans un sanglot. Plus que tout au monde, j'ai besoin de voir ma fille, mais devoir lui expliquer mes blessures aujourd'hui c'était trop pénible. Je repense à l'inquiétude de Louis, à ma bêtise de n'avoir prévenu personne hier soir quand je suis rentré.
Imperceptiblement, je sens le corps de Louis se coller à moi et sa main se poser sur mon torse blessé. Peu importe la douleur, je me tourne pour lui faire face. Ses bras m'entourent et j'éclate en sanglot dans son cou. Je laisse aller ma peine, ma rage, mes peurs... ma honte. Louis ne dit rien. Il est juste là. Et c'est tout ce dont j'ai besoin.
Sa main caresse mon dos dans un geste lent pour apaiser le flot de mes larmes. Ses lèvres recueillent les larmes qui ruissellent encore sur mes joues, jusqu'à la commissure de mes lèvres. Les gestes de Louis sont empreints de douceur. Je m'accroche à son corps comme à une bouée, mes jambes enroulées dans les siennes.
Mes larmes finissent par se tarir et la fatigue m'envahit. Louis dépose de légers baisers sur mes joues, jusqu'à mes lèvres. Je me perds dans le baiser que nous échangeons mais qui s'achève bien trop vite à mon goût.
"Tu n'es pas seul Harry. Jamais. Je suis là."
Une nouvelle caresse sur mon visage, son corps qui se détache légèrement pour me permettre de me remettre sur le dos. La douleur de mes côtes me brûle et je souffle.
"Je vais chercher une poche de glace. Je reviens." dit Louis doucement.
La fraîcheur sur mes contusions d'un côté et la chaleur de son étreinte de l'autre m'aident à sombrer dans le sommeil.
*
* *
C'est d'abord un fin rayon de soleil sur mon visage qui me sort de mon sommeil, puis le rappel violent de la douleur dans mon flanc gauche quand je bouge sur le matelas. Je consulte l'heure sur mon réveil pour voir qu'il est près de dix heures. Je me souviens m'être réveillé durant la nuit et d'avoir repris des comprimés pour soulager la douleur. Lentement, je bascule sur le lit pour me lever. Je passe par la salle de bain. Le reflet de mon visage dans le miroir me tire une nouvelle grimace. Ma pommette est plus violacée qu'hier. Tant bien que mal je me déshabille et entre dans la douche. Je laisse l'eau chaude dévaler sur mes cheveux, mon visage, mes épaules. Je reste sous l'eau quelques minutes avant de me laver, retenant des gémissements de douleur au moindre mouvement.
Je me sèche comme je peux et passe des vêtements propres. J'attache mes cheveux mouillés puis entreprends la descente de l'escalier.
Une odeur de café flotte dans l'air et quand j'atteins la cuisine, je suis surpris d'y trouver Louis, une tasse à la main.
"Hey, salut, me dit-il.
- Bonjour. Tu ne devrais pas être à l'école ou au collège ?
- Non. J'ai prévenu hier que je serais absent aujourd'hui aussi.
- Louis...., je soupire, gêné de toute l'attention qu'il me porte. Tu ne devrais pas.
- Je ne veux pas te laisser seul.
- Je peux me débrouiller...
- Vraiment ? Tu es encore totalement mouillé de ta douche", il dit en me détaillant.
Mon t-shirt colle à ma peau et aux bandes d'elastoplast que je n'ai pas osé décoller, et mes cheveux gouttent sur mes épaules. Je ne peux pas le contredire. Je m'assieds à la table, alors qu'il me tend une tasse de café et des croissants.
"Tu es allé à la boulangerie ? je dis surpris.
- Oui. Pour rassurer Katia. Son père se charge de te remplacer le temps qu'il faudra.
- Merci.
- Comment tu te sens aujourd'hui ? Tu penses pouvoir aller en ville ?
- Pour quoi faire ?
- Pour aller porter plainte Harry. Pour aller te faire examiner.
- On ne va pas en reparler."
Louis s'approche de moi et passe sa main dans mon dos. Je le repousse dans un mouvement d'épaule.
"N'essaye pas de m'amadouer, Louis. Je me suis confié à toi. Ça m'a fait du bien. Mais ça en restera là. Je n'irai pas porter plainte.
- Harry ! Tu es inconscient. Non seulement tu ne dois pas te taire, pour toi, mais tu ne dois pas te taire pour tous ceux qui se font agresser comme toi, et qui n'ont pas la chance de s'en sortir.
- Arrête ! Arrête ça tout de suite Louis. Je culpabilise suffisamment. Merci d'être resté. Merci de t'être occupé de moi mais arrête d'essayer de me convaincre de faire quelque chose que je ne veux pas faire."
Ma respiration s'accélère, m'obligeant à maintenir mes côtes. J'ai cette douleur ancrée en moi pour plusieurs semaines. Je ne veux pas avoir à ressasser cette histoire, encore et encore. Devant des policiers, des psychologues ou je ne sais qui encore.
"Je ne te retiens pas si tu as mieux à faire."
Je lâche ces mots en terminant mon café, sans avoir touché aux croissants. Avec difficulté je me lève de la chaise pour aller m'allonger sur le canapé, laissant Louis au milieu de ma cuisine.
Il passe derrière le canapé et je l'entends monter à l'étage, puis l'eau de la douche couler. Je m'en veux.
Moins de vingt minutes plus tard, je le vois se poster devant moi, dans son jean et son pull, ses vans aux pieds et son sac à la main.
"Il y a des plats dans le congélateur si tu as faim. Pense à manger, à boire de l'eau régulièrement. Remets de la glace sur tes côtes pour atténuer la douleur.
- Louis...
- Je vais voir avec Katia si elle peut te ramener Éléa, sinon je le ferai.
- Louis", je tente à nouveau.
Il ferme les yeux, s'avance vers moi et dépose ses lèvres doucement sur les miennes.
"Fais attention à toi."
Il sort de la maison et me laisse seul, abattu, malheureux, blessé.
*
* *
La journée a été terriblement longue. Coincé sur le canapé à ne pas pouvoir bouger, j'ai essayé de me concentrer sur la télévision, en vain. Je ne suis pas parvenu à dormir et j'ai à peine déjeuné. Alors lorsque vers 16h30, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir, je soupire de soulagement. Enfin de la compagnie. Je me redresse difficilement et me lève pour rejoindre mes visiteurs, avec ce petit espoir de voir Louis.
"Éléa va doucement. Il faut pas bousculer Papa !" dit Katia à ma fille.
Je n'ai qu'une envie, me mettre à sa hauteur et la prendre dans mes bras sauf que c'est impensable pour le moment.
"Hey coucou ma puce !"
Le regard d'Éléa se pose sur moi, sur ma joue tuméfiée. Elle n'ose pas s'approcher malgré le sourire que je lui donne. Je vois ses yeux s'emplir de larmes.
"Oh non mon p'tit coeur c'est rien.
- Harry retourne sur le canapé. Éléa vient t'asseoir avec nous", dit Katia face à mon désarroi.
Je m'installe sur le canapé, mon côté droit à l'entière disposition de mon bébé qui vient se coller à moi. Katia nous laisse quelques minutes tous les deux et la première chose que je fais est d'étreindre ma fille et d'embrasser le haut de son crâne.
"Tu as eu un accident Papa ?" me demande Éléa d'une toute petite voix inquiète.
Je dois lui expliquer avec les mots justes ce qu'il m'est arrivé et c'est difficile. Difficile pour moi de devoir parler de mon agression, difficile de trouver les mots qui ne vont pas inquiéter ma petite fille, difficile de lui avouer que c'est grave mais que tout ira bien.
Katia revient et dépose sur la table une boîte de gâteaux et des verres de jus de fruit. Elle plonge son regard dans le mien pour m'encourager et serre mon genou avec sa main pour m'assurer qu'elle est là, qu'elle me soutient.
"Non ma puce, j'ai pas eu un accident, je commence.
- Mais Katia, elle m'a dit que tu avais mal partout, que tu avais des bobos sur toi. Et puis ta joue, elle est toute bleue, elle me répond, les larmes de nouveau au bord des yeux.
- J'ai fait une mauvaise rencontre dimanche soir, je réponds en embrassant ses cheveux. Je marchais tranquillement pour aller chercher ma voiture et un groupe de garçons a voulu se battre avec moi.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas ma puce. Tu sais des fois les gens sont bêtes et cherchent la bagarre comme ça, juste parce qu'ils sont pas d'accord avec toi. Alors j'ai essayé de les ignorer, mais ils ont continué à m'appeler et me suivre. Et puis l'un d'eux m'a bousculé et ils m'ont donné des coups."
Je ravale mes propres larmes et essaye au mieux de calmer ma respiration et les battements de mon cœur.
"Tu as mal ?
- Oui mon cœur. J'ai mal parce qu'ils m'ont fait du mal. Mais c'est des bleus comme toi quand tu tombes. Ils sont juste un peu plus gros et je vais avoir mal plus longtemps mais ça va finir par passer.
- Il faut le dire à leurs papas et leurs mamans parce qu'il faut qu'il se fasse disputer. C'est pas bien de taper les autres."
Je resserre mon bras autour de ma fille en lui murmurant un "oui" timide. Je relève mon regard vers Katia qui semble me dire "Tu vois... Même Éléa le dit". Je ferme les yeux et inspire profondément. Éléa se redresse et avec toute la douceur qui la caractérise vient embrasser ma joue à plusieurs reprises.
"Je vais te faire des bisous magiques !
- Merci mon cœur. C'est bien ce dont j'ai besoin."
Je finis par lui sourire en l'embrassant sur sa joue d'enfant, tendre et toute chaude. Elle prend son goûter bien calée contre moi avant de descendre du canapé et de monter dans sa chambre.
Katia s'installe à côté de moi après avoir débarrassé la table.
"Ma mère est à la boulangerie. Elle fera la fermeture.
- Merci. Je ne remercierai jamais assez tes parents.
- Tu sais, Harry, tout le monde s'inquiète pour toi.
- C'est gentil. Ça va aller.
- Je pensais trouver Louis en arrivant... elle dit doucement.
- Il est resté cette nuit et ce matin il est parti.
- Pourquoi ? elle m'interroge en se redressant. Je veux dire, il m'avait dit qu'il prendrait sa journée. Il ne voulait pas te laisser seul."
Je baisse la tête. Je n'ai même pas pris la peine de lui envoyer un message, trop orgueilleux.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé Harry ? Louis a accouru dès qu'il s'est inquiété de ne pas te voir à l'école hier. Il a prévenu tout le monde puis nous a donné des nouvelles pour ne pas qu'on s'inquiète.
- On s'est un peu disputés ce matin.
- Pour quelles raisons ?
- Il voulait absolument m'amener en ville, voir un médecin et...
- Et aller à la gendarmerie. Merde Harry... Pourquoi tu es aussi buté ? Je ne comprends pas.
- Ça changera quoi que j'aille porter plainte, honnêtement ? C'était des types comme on en croise tous les jours. Basiques. On ne les retrouvera pas.
- Mais Harry, c'est pas comme s'il n'y avait pas d'antécédent.
- Katia... Comme j'ai dit à Louis, ça me regarde. C'est mon choix.
- Et bien tu fais le mauvais choix, Harry !"
Comme Louis ce matin, Katia se lève et me laisse seul sur le canapé. Elle monte rejoindre Éléa, je les entends discuter. Quelques minutes plus tard, mon amie descend et m'informe qu'elle reviendra en début de soirée. Éléa refuse d'aller dormir chez elle et insiste pour rester ici. Katia passera la nuit à la maison pour m'aider à gérer ma fille. Je la remercie avant de la voir quitter la maison, contrariée. Je monte dans ma chambre, rapidement rejoint par Éléa qui vient se blottir contre moi. Son câlin est réconfortant mais dans ses bras je ne peux pas me laisser aller. Alors je ravale ma peine, mes peurs et regrette mon comportement d'avoir laisser fuir deux de mes amis.
*
* *
J'ai passé la matinée à regarder les dessins animés avec ma fille tout contre moi, dans mon lit. Katia est venu pour le déjeuner avant de repartir à la boulangerie. Je sens qu'elle m'en veut à cause d'hier mais je sais aussi que c'est parce qu'elle s'inquiète pour moi. Malgré tout elle est présente.
Louis est venu chercher Éléa pour son entrainement de foot. Ernest et Doris l'accompagnaient et l'attendaient dans la voiture. J'ai demandé à Éléa de mettre son manteau et de rejoindre les petits le temps que je parle à Louis.
"Je voulais..., je commence
- Oui ?"
Je ne sais pas par où commencer, lui présenter mes excuses bien sûr, lui dire qu'il a sûrement raison mais que c'est trop douloureux pour moi de ressasser les événements. Lui dire que j'ai peur de tout gâcher entre nous.
"Je voulais savoir si tu redéposais Éléa après l'entraînement ?"
Louis passe sa main dans ses cheveux, la déception se lit clairement dans son regard qu'il fixe sur moi.
"Oui. Bien sûr..., il répond en soupirant. A tout à l'heure."
Ça fait moins d'une heure qu'ils sont partis, alors je suis surpris d'entendre la sonnette retentir dans la maison. Et puis si c'était Éléa, elle rentrerait sans sonner. Je me lève du canapé lentement, la main sur mes côtes et m'avance jusqu'à la porte d'entrée que j'ouvre.
Mon souffle se coupe en voyant mon visiteur. Son regard me détaille de haut en bas avant de s'accrocher à la marque sur mon visage. Sa main vient effleurer ma joue dans un geste doux.
"A quel moment tu comptais me prévenir Harry ? me demande Zayn.
- Comment tu as su ? C'est Katia qui t'a appelé ?
- Non", dit-il simplement en entrant dans la maison.
Je suis Zayn dans le salon où je reste debout, incrédule, pendant qu'il dépose son sac sur le fauteuil et enlève sa veste.
"Avant qu'on parle, est-ce qu'il y a quelque chose que je puisse faire pour que tu te sentes mieux ? Est-ce que tu as besoin d'une douche ? Que je t'aide à te laver ?"
Le soulagement doit se lire sur mon visage à cet instant. Après tout ce que nous avons partagé, traversé, Zayn est mon pilier et le restera toujours. Devant lui, je n'ai aucune retenue. Je lui réponds par l'affirmative et il m'aide à gravir l'escalier. Il enlève son pull, ses chaussettes puis remonte son jean sur ses mollets avant de m'aider à me déshabiller. Il décolle doucement les bandes d'elastoplast et découvre l'étendue de l'hématome qui recouvre tout mon côté gauche. Il ne dit rien, passe sa main doucement dessus. Je grimace sous la fraîcheur de ses doigts et la brûlure de la douleur. J'entre dans la douche et me mouille. Zayn passe derrière moi et lave mes cheveux, mon corps. J'ai terriblement envie de pleurer. Les émotions remontent, les blessures sont douloureuses. Je reste quelques minutes sous l'eau pour me rincer avant de sortir de la douche. Zayn m'aide à me sécher puis à m'habiller. Il prend dans ses mains les bandes d'elastoplast découpées et soupire en me regardant.
"Je ne sais pas comment les coller correctement. Ça te soulageait ?
- La nuit surtout. C'est Louis qui me le a mises...
- Louis.... il dit avec un petit sourire au coin des lèvres.
- C'est lui qui t'a prévenu, n'est-ce pas ?
- Oui. Il est fou d'inquiétude pour toi. Il m'a dit que tu refusais d'aller te faire examiner par un médecin.
- Ça va. C'est des contusions, ça va passer d'ici quelques jours.
- On descend ou tu préfères t'allonger sur ton lit ?
- La chambre c'est mieux.
- OK."
Zayn se dirige vers ma chambre et s'assied sur le coffre à côté de mon armoire pendant que je m'installe. Je peine à respirer. Chaque mouvement de ma cage thoracique est une torture.
"Harry... Je vais pas y aller par quatre chemins. Louis m'a appelé pour me dire ce qu'il t'était arrivé. Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ?
- Je t'avoue que je n'y ai pas pensé. Les événements se sont enchaînés.
- Éléa t'a vu comme ça, il demande en pointant son menton vers mon visage blessé.
- Oui. Hier. Je lui ai expliqué brièvement ce qu'il s'était passé.
- Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi tu ne veux pas voir un médecin ? Si ça m'était arrivé, si quelque chose était arrivé à Éléa, tu n'aurais pas réfléchi et tu serais allé aux urgences. Pourquoi pas toi ?
- Je... Parce que...", je bafouille.
Le regard de Zayn s'assombrit d'inquiétude et de colère. Il a raison... lui aussi.
"Tu as raison Zayn, je reprends. Mais je suis incapable de faire de la route.
- Ça ne t'es pas arrivé dans la maison. Tu as pu rentrer. Tu peux refaire la route en sens inverse aussi douloureux soit-il. J'ai besoin d'être sûr que tu n'es pas en train de te perforer un organe Harry !
- Zayn... ça va, je t'assure.
- Non, ça va pas ! il dit en se levant brusquement du coffre. Harry ! Tu t'es fait agresser par quatre individus ! QUATRE ! Ils auraient pu te tuer ! Alors, les choses vont être très claires Harry. Il est hors de question que je te laisse décider si oui ou non tu vas à l'hôpital, si oui ou non tu portes plainte. Il est hors de question que je te laisse Éléa si tu n'es pas capable de prendre les décisions les plus importantes te concernant !"
Zayn est en colère. Vraiment. Je l'ai rarement vu comme ça. Même pendant nos disputes, il ne me parlait pas sur ce ton. Il tient son visage entre ses mains qu'il laisse glisser dans ses cheveux.
"Je t'aide à tout ce que tu veux Harry mais on part tout de suite à Cherbourg te faire examiner puis on ira au commissariat pour que tu portes plainte.
- La gendarmerie suffira. Ils ont déjà une main courante..., je dis doucement.
- Pardon ? il me dit, incrédule.
- Pendant qu'Éléa était chez toi, à la Toussaint. La Boulangerie a été vandalisée.
- Merde Harry. Mais depuis quand tu me caches des choses aussi importantes !
- Je suis perdu Zayn. Totalement."
Je craque. Littéralement. Les larmes dévalent mes joues. Zayn s'approche du lit et s'y allonge tout en douceur avant de me prendre dans ses bras. C'est étrange de me retrouver dans l'étreinte de mon ancien compagnon, mais cette familiarité me fait du bien. J'ai le sentiment d'être chez moi.
Nous restons longtemps dans les bras l'un de l'autre jusqu'à ce que nous entendions la porte d'entrée s'ouvrir et Éléa m'appeler. Zayn passe ses doigts sous mes yeux pour effacer les dernières traces de larmes.
Quelques coups frappés à la porte, puis Louis apparaît dans l'embrasure, nous découvrant Zayn et moi, allongés sur le lit.
"Oh... euh... désolé. C'était pour prévenir que nous étions rentrés. Enfin qu'Éléa était rentrée."
Nouveau chapitre, nouvelle épreuve pour mon pauvre Harry qui souffre physiquement et moralement. Il me fait mal au cœur mon amour.
J'espère que ce chapitre vous a plu.
N'hésitez pas à me laisser vos impressions, ça fait toujours plaisir de vous voir participer.
Je vous embrasse.
Mimi
@Butterfly_1802
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