Chapitre 13 - LOUIS

Je ne comprends pas.

Ça fait vingt minutes que je suis rentré et Harry n'a pas répondu à mon message.

Je ne comprends pas.

Nous avons passé une agréable soirée. Il a été tactile pendant tout le repas, ses yeux ont rarement quitté les miens. Quand il a fermé mon manteau, sa main est restée quelques secondes sur mon torse. J'aurais dû l'embrasser à ce moment-là, ne pas laisser passer l'instant et lui envoyer un SMS comme un adolescent. J'aurais dû assumer les sentiments qui naissent au fond de moi depuis des semaines, et arrêter de me poser des questions comme il me l'a gentiment fait remarquer. Je suis un imbécile. Il a dû trouver tellement ridicule mon message. En fait, il a bien dû rire et se dire que finalement, ce n'était pas la peine d'insister d'essayer de partager quelque chose ensemble.

Je rumine pendant que je me prépare pour la nuit et encore quand je monte dans ma chambre pour me coucher. Je ne vais pas savoir où me mettre demain quand je vais le croiser à l'école. Je suis chargé de l'accueil des petits donc je vais inévitablement le voir.

*

* *

Je n'ai pas beaucoup dormi alors j'ai décidé de me lever plus tôt et je suis allé courir sur la plage. En arrivant devant la rue qui mène à la maison d'Harry où j'aperçois sa voiture, j'ai hésité à aller jusqu'à la maison mais j'ai finalement fait demi-tour. Je m'en veux tellement de ne pas avoir su saisir l'occasion qui s'offrait à moi. Je termine ma course entre déception et énervement. Cette journée ne sera pas une bonne journée. Je le sens au fond de moi.

Après un passage sous la douche et un bon petit-déjeuner, je pars pour l'école avec une boule au creux du ventre. J'espérais quand même que ce matin, Harry m'enverrait un message. Mais je n'ai toujours rien reçu. J'ai même été jusqu'à éteindre et allumer mon téléphone pour vérifier qu'aucune mise à jour ne devait être faite, bloquant la réception de message. Je suis désespéré... par moi-même !

La cloche retentit et je me dirige vers la grille de l'école pour l'ouvrir. Les petits commencent à rentrer, certains me font un bisou pour me dire bonjour. J'essaye de me concentrer sur ce que me dit Danielle, debout près de moi, un café entre les mains, mais je ne cesse de surveiller les alentours pour le voir arriver.

"Lou, tu m'écoutes pas ! Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ?

- C'est bizarre... je dis, plus pour moi-même que pour Danielle

- Qu'est-ce qui est bizarre ? Lou ?"


J'abandonne Danielle et m'avance vers Éléa que je vois arriver... avec Katia. La petite court vers moi et me fait un bisou que je lui rends volontiers. Elle embrasse Katia et se dirige vers la cour où elle rejoint ses petits camarades.

Alors que je m'apprête à demander à Katia pourquoi c'est elle qui accompagne Éléa ce matin, elle me regarde avec un grand sourire avant d'engager la conversation.

"Alors Louis, pas trop fatigué ? Vous avez passé une bonne soirée Harry et toi ?

- Euh oui. Oui c'était une bonne soirée, je réponds un peu perplexe. Pourquoi c'est toi qui accompagnes Éléa ?

- Comme si tu ne le savais pas, hein ? elle me répond avec un clin d'oeil.

- Non Katia, je ne sais pas. J'ai pas eu de nouvelle d'Harry depuis que nous nous sommes quittés hier soir à Cherbourg.

- Quoi ? Mais il m'a envoyé un message tard hier soir, en me demandant de gérer Éléa ce matin. J'en ai déduit que vous passiez la nuit ensemble, me dit-elle gênée.

- Bah non.

- Tu es sûr qu'il est bien rentré ? elle s'inquiète.

- Oui, j'ai vu sa voiture ce matin, en allant courir. C'est pas normal."


Je tourne les talons sans rien ajouter ni prendre congé de Katia que j'entends m'interpeller. Je rentre dans l'école et me dirige vers la salle des maîtres où je récupère mes clefs de voiture. Je passe par le bureau de la directrice et m'excuse auprès d'elle de devoir m'absenter. Ma décision est sans appel et je ne fournis pas d'explication. Je ressors comme je suis entré et passe devant Danielle et Katia qui m'observent, incrédules.

Je monte dans ma voiture et me dirige vers la route de la plage. Au-delà de l'absence de réponse à mon SMS, le fait que Harry demande à Katia de s'occuper de sa fille sans raison apparente n'est vraiment pas normal. Je connais suffisamment Harry pour savoir que quelque chose l'empêche d'accompagner sa petite à l'école. Et le fait de me voir n'en fait pas partie.

La route m'a rarement semblé si longue. Une angoisse s'infiltre en moi faisant accélérer les battements de mon cœur. J'essaie d'appeler Harry mais je tombe directement sur sa messagerie. Ça non plus ce n'est pas normal.

J'arrive devant la maison. Sa voiture est stationnée tant bien que mal devant son portail. Habituellement, il la rentre dans son allée de garage pour éviter qu'elle soit abîmée par le passage des autres véhicules ou des promeneurs.

Je sors de ma voiture et me dirige jusqu'à la porte d'entrée. Je sonne. Je frappe. J'appelle Harry. Plusieurs fois. Aucune réponse. Aucun bruit ni mouvement. Je sonne à nouveau, de manière frénétique. Rien.

Je m'inquiète vraiment. Il est forcément à la maison. A moins qu'il soit allé courir sur la plage ? Je pars en courant jusqu'à l'entrée de la plage, espérant l'apercevoir. Mais je ne le vois pas. Alors bien sûr la plage est longue de quelques kilomètres et il pourrait être hors de mon champ de vision mais, inexplicablement, je sais qu'il n'est pas sur la plage.

Je remonte jusqu'à la maison. Je sonne une nouvelle fois mais toujours aucune réaction à l'intérieur. Alors, je fais le tour de la bâtisse jusqu'à la baie vitrée du salon que je fais coulisser.

"Harry ? Harry ? j'appelle.

- J'suis sur le canapé."


Sa voix est cassée, plus rauque que d'habitude, plus lente aussi. Mon cœur s'accélère et je me précipite devant le canapé.

"Harry, mon dieu. Mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?"

Je m'agenouille à ses côtés et passe ma main sur son visage pour dégager ses cheveux. Sa pommette est tuméfiée. A chaque respiration erratique, il grimace, sa main posée sur son flanc gauche. Je ne sais pas quoi faire. Mon estomac se tord face à la souffrance d'Harry.

"Harry... qui t'a fait ça ? Où ? Quand ? je demande doucement, alors que je le vois ravaler un sanglot.

- Hier soir. Après qu'on se soit quittés. Sur le port.

- Mon dieu. J'aurais dû te raccompagner à ta voiture, je suis désolé.

- Louis, c'est pas ta faute. J'ai refusé.

- Où as-tu mal ? je demande sans oser le toucher.

- Partout. J'ai mal quand je respire, j'ai mal à la tête mais parce que j'ai pas dormi.

- Pourquoi tu ne m'as pas appelé ? il ferme les yeux à ma question et je comprends qu'il est blessé dans sa fierté. Harry..., je presse son biceps mais je récolte une nouvelle grimace. Harry, je vais te conduire à l'hôpital. Il faut que tu vois un médecin.

- Non. Ça va aller. C'est normal que ce soit douloureux, ils n'y sont pas allés de mains mortes.

- Ils ? Qui Harry ? Ils étaient combien ?

- Quatre, il dit alors que sa voix se casse. Je ne sais pas qui c'est, je ne les connais pas, il ferme ses yeux à nouveau.

- Harry, tu me fais peur. Ils t'ont frappé à la tête ?

- Non. Juste un coup de poing.

- Je vais t'aider à te lever et on va aller voir un médecin.

- Non Louis. Je peux pas monter en voiture.

- Je te laisse pas le choix en fait. Il faut que tu ailles porter plainte aussi. C'est certainement les...

- NON ! Louis. S'il te plait. Non... il m'interrompt en s'énervant. J'ai pas la force. J'ai pas la force de me lever, pas la force de bouger... pas la force de me battre...

- Mais Harry, tu ne peux pas rester comme ça. Tu as des contusions, certainement des côtes fêlées ou cassées vu comme tu tiens ton flanc.

- Y a rien à faire de toute manière....

- Qu'est-ce que je peux faire Harry ? je lui demande en prenant ma tête entre mes mains.

- Tu as vu Éléa ce matin ? Elle allait bien ?

- Oui. Très bien, je réponds en lui souriant.

- C'est parfait."


Il ferme une nouvelle fois les yeux et sombre dans le sommeil. Je reste assis sur la table basse juste à côté de lui pendant une heure sans bouger, juste à le regarder, sa cage thoracique se soulevant au rythme de sa respiration.

Je finis par me lever et prends mon téléphone dans la poche de mon pantalon. J'ai quelques messages de Katia et Danielle qui me demandent des nouvelles.

Message groupé à Katia et Danielle : Harry est chez lui. Il dort. Il s'est fait agresser hier soir sur le port. Je reste avec lui. Pas un mot à Éléa pour le moment.

Message de Katia : Oh mon dieu ! Comment va-t-il ? Il est blessé ?

Message à Katia : Il a pas dormi de la nuit. Il a un hématome sur la joue et sûrement sur le corps. Il ne veut pas aller à l'hôpital ni à la gendarmerie.

Message à Katia : Tu peux garder Éléa encore aujourd'hui ?

Message de Katia : Je peux venir si tu veux ? Oui je m'occupe d'Éléa.

Message à Katia : Merci. Je vais essayer de le convaincre. Je te tiens au courant.

Je vais dans la cuisine et prépare du café. Je sors ce que je trouve de ses placards pour lui préparer un encas même si je doute qu'il veuille manger quoique ce soit.

Je vais ensuite dans sa salle de bain à la recherche de médicaments pour soulager sa douleur et ses hématomes. En papa qu'il est, je trouve tout pour soigner les petits bobos du quotidien mais rien d'assez fort pour lui.

Je redescends. Harry dort toujours. Il n'a pas bougé d'un centimètre sur le canapé mais son visage est crispé par la douleur. Je suis démuni, je ne sais pas quoi faire. Ça va faire près de deux heures que je tourne en rond quand je me souviens que Niall a eu récemment une formation de premiers secours dans le cadre de son travail. Je décide de l'appeler en espérant qu'il me réponde. Je lui explique brièvement ce qu'il se passe. Niall ne me cache pas son choc d'apprendre qu'Harry s'est fait agresser et me conseille de le conduire à l'hôpital pour qu'il passe des radios.

"Il dort depuis deux heures bientôt. Il ne voulait pas que je l'emmène et il me dit qu'il peut pas monter en voiture.

- Il doit avoir des côtes cassées, c'est pour ça qu'il n'ose pas bouger. Et c'est vrai que le trajet serait douloureux. Comment il respire ?

- Assez bien. Il n'a pas l'air de manquer de souffle. Mais on voit sur son visage qu'il souffre, même pendant qu'il dort.

- Dès qu'il se réveille, demande-lui s'il a pris des analgésiques et quand. Qu'il en reprenne si ça fait plus de six heures. Dépose une poche de glace sur son flanc, ça atténuera la douleur.

- D'accord.

- Tu as vu l'étendue des contusions ?

- Non. Il est couché sur son canapé. Il porte ses vêtements et encore ses chaussures d'hier.

- Bon. Enlève-lui ses chaussures et surélève un peu ses jambes. File à la pharmacie et achète de l'elastoplast. Ce soir avant qu'il se couche, strappe ses côtes. Tu sais on avait vu une vidéo quand Liam s'était blessé au foot.

- Ah oui ! Je vais chercher pour le faire correctement.

- Ça lui évitera de faire un faux mouvement pendant la nuit. Mais il faut vraiment qu'il aille faire une radio et surtout qu'il porte plainte.

- Je sais... je souffle. Je vais lui en reparler tout à l'heure. Katia arrivera peut-être à le convaincre.

- Il le faut. C'est inadmissible. Vraiment. Je suis tellement choqué. J'veux dire, il ne fait pas de vague en ville. Il est hyper discret et on ose s'en prendre à lui. C'est dégueulasse.

- Oui.... Merci Niall. Je vais faire tout ce que tu m'as dit.

- Louis ?

- Oui ?

- Comment tu vas, toi ?

- J'ai mal pour lui. Je m'en veux de ne pas l'avoir accompagné à sa voiture hier. Si nous étions restés ensemble, ça ne serait pas arrivé.

- Ne culpabilise pas. C'est arrivé. Prends soin de lui maintenant. C'est maintenant qu'il a le plus besoin de toi.

- Ouais...

- Tiens-moi au courant, OK ?

- Merci."


Je raccroche et pose mon regard sur Harry. Je prends une feuille blanche et un feutre qui traîne sur la table basse et lui laisse un mot pour le prévenir de mon aller-retour à la pharmacie. Dans la cuisine, je sors un sachet de haricots verts du congélateur que j'emballe dans un torchon et que je pose sur ses côtes douloureuses. Puis, comme Niall me l'a suggéré, j'enlève ses chaussures à Harry et glisse un coussin sous ses mollets. Je caresse doucement son visage et file en ville rapidement.

En remontant de la pharmacie, je passe rapidement chez Katia pour lui donner des nouvelles. Je vois bien sur le visage de l'amie d'Harry toute l'inquiétude et la rage qui la gagnent au fur et à mesure de mon récit.

"Je vais demander à ma mère d'aller chercher Éléa à l'école tout à l'heure. Je passerai à la maison prendre quelques affaires pour la petite pour les deux prochains jours.

- Oui c'est une bonne idée.

- Et puis il faut absolument qu'on arrive à le convaincre de porter plainte.

- Oui... je réponds en soupirant. On n'en a pas encore discuté parce qu'il est tombé de fatigue, mais il va forcément s'inquiéter pour la boulangerie...

- Je vais voir avec mon père s'il peut reprendre du service pendant qu'Harry se remet. Mon père va être tellement en colère ! Il ne faut pas qu'Harry s'inquiète.

- Tu lui diras alors.

- Oui Louis. Prends soin de lui et dis lui que je vais passer, d'accord.

- D'accord. J'y vais. Je voudrais être là quand il se réveille."


Katia me serre dans ses bras et ça me fait un bien fou. Depuis l'arrivée d'Harry en ville, nous nous sommes rapprochés, créant un nouveau groupe d'amis. C'est très agréable. Harry peut compter sur nous, je peux compter sur eux.

Je refais la route jusqu'à la maison et entre sans frapper. Harry a déserté le canapé. Je dépose mes achats sur la table basse et enlève ma veste. J'entends la porte des toilettes se refermer et aperçois Harry revenir dans le salon. Il est si pâle. Je m'approche de lui pour le soutenir.

"Tu es réveillé depuis longtemps ?

- Non même si j'ai dû mettre des heures à aller jusqu'aux toilettes...

- Je te rassure, je n'me suis pas absenté pendant des heures. Tu as pris un analgésique ?

- J'ai rien pris du tout.

- Même pas hier soir ?

- Non, rien.

- OK. Je te ramène jusqu'au canapé et je vais te chercher un verre d'eau. Il faut que tu manges quelque chose aussi.

- J'ai pas vraiment faim... et les haricots verts n'étaient pas assez cuits !

- Ahahah ! je vois que tu as gardé ton sens de l'humour !

- C'est mieux, non ?" il répond alors que son visage s'assombrit.


Je ne réponds pas et me dirige vers la cuisine. Je mets les deux poches de glace que j'ai achetées dans le congélateur puis retourne dans le salon avec un sandwich et une bouteille d'eau. Je tends d'abord un comprimé à Harry avec l'eau puis le sandwich avec un regard presque suppliant pour qu'il mange un peu. Je me racle la gorge avant de prendre la parole.

"Katia va passer tout à l'heure, prendre des vêtements pour Éléa. Elle va la garder pendant quelques jours pour que tu te reposes.

- Je vais devoir lui expliquer.... il dit, l'angoisse se lisant clairement dans son regard.

- Tu trouveras les bons mots, j'en suis sûr. Et... Il faut vraiment que tu ailles porter plainte Harry...

- Louis, s'il te plait... Honnêtement ça va changer quoi ?"


Le plus triste c'est que je suis d'accord avec lui. Il y a peu de chances pour qu'on retrouve ses agresseurs mais je ne peux pas le laisser ne rien dire. C'est trop grave. Il faut que les forces de l'ordre soient averties, pour être plus vigilantes. La boulangerie a été vandalisée il y a moins d'un mois, les lettres de menaces reçues et maintenant son agression. J'ai peur que les événements soient liés. Je prends une profonde inspiration avant de lui donner mon point de vue.

"Louis ? il me répond, tu sais ce que ça veut dire si je vais porter plainte ? Je vais devoir me mettre à nu devant les flics, dans tous les sens du terme. Me rappeler de chaque détail de l'agression, des mots prononcés par ces abrutis, montrer mes ecchymoses.

- Mais Harry, ça ne doit pas rester sous silence...

- J'aurais pas la force Louis...

- Je sais, enfin je m'en doute. Je n'imagine pas ta terreur quand ils t'ont encerclé, je n'imagine pas ta douleur aussi bien physique qu'émotionnelle. Mais tu ne peux pas te taire. Tu ne dois pas te taire."


Harry tente de se lever du canapé pour me fuir, fuir notre conversation, mais il est arrêté dans son mouvement par ses côtes qui le font terriblement souffrir. De rage, il donne un coup dans le coussin du canapé et laisse échapper une larme.

"Tu veux que je t'aide à aller te mettre dans ton lit ? je lui demande doucement

- J'ai pas envie d'être seul.

- Je peux rester. Enfin, je ne comptais pas partir...

- Merci."


J'aide Harry à se lever du canapé et à monter l'escalier jusqu'à sa chambre. Il s'installe avec difficulté et je m'empresse de réunir tous les oreillers et coussins que je trouve pour qu'il soit le plus à l'aise. Je descends dans la cuisine et le salon, pour le rejoindre ensuite avec de quoi grignoter et boire, et son ordinateur portable. Je m'installe à côté de lui, faisant bien attention en bougeant et cherche un film à regarder sur Netflix.

La respiration d'Harry se fait plus lente et régulière. Il s'est endormi. Je descends du lit doucement et retourne dans le salon. Je mange un morceau en regardant la télévision, feuillette un magazine sur la photographie. Je suis dehors en train de fumer une cigarette quand Katia arrive.

"Je te relaie Louis, si tu veux retourner chez toi.

- Je vais aller chercher des affaires et passer par l'école voir la directrice pour mon absence d'aujourd'hui et celle de demain.

- D'accord. Tu reviens alors ?

- Oui. Oui je reviens. Tu essaie de lui reparler pour la plainte. Il ne veut toujours rien entendre.

- J'essaye."


Katia m'enlace pour la deuxième fois de la journée. Je la laisse entrer dans la maison alors que je me dirige vers ma voiture. Je me rends d'abord à l'école et vais m'entretenir avec la directrice. Très honnêtement, je lui fais part de l'agression de l'un de mes amis, sans mentionner le nom d'Harry car je ne veux vraiment pas que ça vienne aux oreilles d'Éléa avant que quelqu'un de son entourage ne lui explique. Je lui annonce que je serais absent le lendemain également. En passant devant la classe de Danielle, je lui fais signe de sortir et lui fait un rapide résumé de la situation. Je lui confie que Diane, la mère de Katia, viendra chercher Éléa à la fin de la journée. Mon amie me serre dans ses bras et me demande d'embrasser Harry de sa part. Je souris devant l'ironie de la situation...

Je passe par le supermarché et fais quelques courses pour le dîner et le petit déjeuner demain matin. Je monte ensuite jusqu'à chez moi et prépare un sac avec des vêtements de rechange.

*

* *

Katia n'est pas parvenue à convaincre Harry d'aller porter plainte mais l'a quand même convaincu de me laisser prendre en photo ses contusions. Je suis assez mal à l'aise avec cette idée mais apparemment Harry semblait plus à l'aise à l'idée que ce soit moi qui m'en charge plutôt que Katia, malgré le lien amical très fort qui les unit.

Je n'ai pas insisté plus. Je lui ai apporté de quoi dîner dans le canapé puis il a appelé Éléa pour savoir comment c'était passé sa journée et lui donner une excuse pour qu'elle reste avec Katia cette nuit encore. Il a appelé Madame COLIN pour ne pas qu'elle vienne demain matin et m'a dit être rassuré de savoir qu'Alain, le père de Katia, se chargerait de la boulangerie dans les prochains jours.

Harry semble aller bien. Le voir manger un peu et sous l'effet des médicaments pourraient presque faire oublier ses blessures. Il est debout près de moi dans la cuisine en train de boire un café pendant que je nettoie et range la vaisselle.

"Merci beaucoup Louis. D'être resté.

- De rien."


Je tourne mon visage vers lui et lui souris gentiment. Je termine ce que je fais et éteins la lumière de la cuisine en sortant de la pièce. Nous montons ensemble à la salle de bain. Je déglutis, mal à l'aise. J'aide Harry à enlever son pull et je ne peux m'empêcher d'écarquiller mes yeux à la vue de son torse et ses biceps. Son flanc gauche est violacé et deux ecchymoses marquent ses biceps. Je sens la rage monter au fond de moi en même temps que la nausée.

"C'est pas beau à voir, hein, il me dit alors que mon regard reste bloqué. C'est pour cette raison que je préférais que ce soit toi qui prenne les photos. Katia n'aurait pas supporté."

Je lève mon regard vers le sien et tente, tant bien que mal, de garder une certaine contenance. Je prends mon téléphone et commence à photographier son flanc. Il peine à garder son bras en l'air alors j'essaie de faire au plus vite. Je prends des clichés de son visage, ses bras, son torse avant de reposer mon téléphone.

Je lui explique ensuite que je vais coller des bandes d'elastoplast sur ses côtes contusionnées pour le maintenir pour la nuit. Je lui demande de lever le bras à nouveau et m'attelle à appliquer les bandes soigneusement au niveau du sternum et légèrement en biais, les croisant les unes par dessus les autres. Je sens le souffle erratique d'Harry percuter mon visage. Je plaque la paume de ma main sur sa poitrine pour coller au mieux les bandes, suivant le chemin jusqu'au milieu de son dos.

"Tu aurais dû, il me dit soudainement alors que je suis concentré sur ma tâche.

- Pardon ?

- Hier soir, tu aurais dû m'embrasser, oui...."


Je m'arrête dans mon dernier geste et lève mon regard vers le sien. Ses yeux sont brillants, de fatigue, de douleur... de désir ? J'avale difficilement ma salive. Je lui tends son t-shirt pour qu'il se couvre sans quitter ses yeux et l'aide à enfiler le vêtement. Ma main s'attarde sur son épaule alors que la sienne s'agrippe à ma hanche. Je passe mes doigts sur sa pommette blessée puis dans ses cheveux, dégageant son visage. Nos souffles se confondent tant nos visages sont proches. Je passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier. Mon coeur s'emballe alors qu'Harry s'approche un peu plus de moi, mon corps épousant les courbes du sien. Il me sourit, ce sourire si beau si tendre qu'il arbore souvent, puis penche son visage vers le mien. Il dépose ses lèvres sur les miennes doucement et claque un simple baiser. Mon corps réagit instantanément et mon estomac se contracte. Il y a trop longtemps que je veux connaître le goût d'Harry. Je lui rends son baiser et caresse ses lèvres du bout de la langue. Je sens un sourire s'étirer avant qu'il entrouvre ses lèvres.

Le baiser est tendre, agréable à l'image d'Harry. J'ai envie d'agripper son corps et de le serrer tout contre moi. Mais je me souviens de son corps endolori et à la place, je laisse glisser mes doigts le long de son bras jusqu'à entrelacer nos mains. Nos bouches se détachent et nos regards s'accrochent. Je lui souris avant de lui murmurer :

"J'aurais dû, en effet..."

Mon autre main caresse doucement ses cheveux alors que son visage tombe dans le creux de mon cou. Il passe son bras droit autour de ma taille et nous restons quelques minutes comme ça, accrochés l'un à l'autre.



*

*  * 


Tadam.... Enfin... Après 14 parties publiées, le baiser est enfin là. Et il a bien failli ne pas y être mais crotte de bique, j'en pouvais plus d'attendre.

Harry me fait mal au cœur dans ce chapitre. Chaque fois que je l'ai lu, mon cœur s'étreignait.

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Je vous embrasse.

Mimi

@Butterfly_1802

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