Chapitre 12 - HARRY
"Harry ? m'interpelle Katia alors que nous sommes en train de quitter la boulangerie après la fermeture. Tu as parlé avec Éléa ?"
Je soupire. J'ai essayé de mettre derrière moi l'incident qui s'est produit sur la boutique. Même s'il m'arrive d'y penser, j'essaye d'aller de l'avant en espérant que ce soit un acte isolé qui ne se reproduira pas. La rentrée à l'école s'est bien passée pour Éléa. Danielle et Louis ont fait attention à ce qu'ils pouvaient entendre ou voir. Rien à signaler.
"Non. Je ne sais pas si je dois lui en parler. Je ne voudrais pas qu'elle s'inquiète.
- Mais ce serait bien de savoir. Pour lui dire comment elle doit réagir et surtout te prévenir si quelque chose devait arriver.
- Oui, tu as raison."
Je regarde mon amie qui me sourit gentiment pour m'encourager à parler à ma petite fille. Elle passe son bras autour de mes épaules et dépose un baiser sur ma joue pour me dire aurevoir.
"Je sais que tu veux que tout ça soit derrière toi. Je comprends. Mais ce qui est arrivé est grave et pour mieux protéger Éléa, il faut malheureusement que tu aies une conversation avec elle.
- Je sais.
- Qu'est-ce que vous avez prévu pour cet après-midi ?
- Doris et Ernest viennent jouer à la maison.
- Louis vient aussi ?
- Euh... - je me racle la gorge en plaçant mon poing devant ma bouche - non. Non, non c'est... Johanna qui les dépose.
- D'accord, répond Katia en me souriant. Parle à Éléa avant l'arrivée des jumeaux. Comme ça, elle ne restera pas sur votre conversation.
- Ouais."
Nous montons l'escalier situé à côté de la boulangerie et qui mène dans l'appartement au-dessus de la boutique où vivent les parents de Katia. Comme tous les week-ends ou presque, Diane et Alain gardent ma fille pendant que je travaille. Je reste à discuter quelques minutes avant que nous rentrions chez nous.
*
* *
"Dis-moi ma puce, tu veux qu'on fasse des gâteaux pour le goûter ?
- Oh oui ! On les fait tous les deux ?
- Bien sûr ! Je prépare tout dans la cuisine pendant que tu ranges un peu ta chambre ?
- D'accord !"
Je quémande un bisou et je récolte un câlin.
Je vais jusqu'à la cuisine, mets un peu de musique et commence à sortir de quoi faire des sablés. Je monte voir si Éléa avance dans son rangement, même si sa chambre va être en bazar dans moins de deux heures. Je l'observe rassembler ses peluches sur son lit, ranger son doudou sous son oreiller. Elle me surprend à la regarder et me lance un regard interrogateur suivi d'un "Quoi ?" un peu sec. Je souris.
"Rien mon ange. Tu viens, tout est prêt !
- Oui ! Papa, on pourra faire un peu de peinture aussi ?
- Oui, si tu veux !
- Super ! J'ai trop hâte qu'ils arrivent !"
Éléa passe devant moi et descend dans la cuisine où elle grimpe sur le marchepied pour être à bonne hauteur du plan de travail.
"On se lave les mains minette !"
Un passage par l'évier et Éléa est fin prête à commencer sa préparation. Elle verse tous les ingrédients dans une grande jatte et je l'aide à pétrir la pâte qu'on laisse reposer un peu avant de la travailler. Chacun sa boule de pâte devant soi, je regarde Éléa concentrée à passer son rouleau à pâtisserie. Quand la pâte atteint la bonne épaisseur, elle s'empare de ses emporte-pièces et commence à former ses biscuits. Je décide que c'est le bon moment pour lui parler. Je pétris ma pâte et la lisse en prenant la parole.
"Éléa, je peux te poser une question ?
- Oui Papa...
- Est-ce que quelqu'un à l'école t'a déjà dit quelque chose de pas très gentil ?
- Euh... non...
- Tu me le dirais, si c'était le cas hein ?
- Oui, me dit-elle d'une petite voix
- Parce que c'est important tu sais. Si quelqu'un dit quelque chose qui te semble pas juste, sur toi, sur moi ou Daddy, il faut me le dire. D'accord ?"
Éléa hoche la tête pour toute réponse et dépose ses biscuits sur la plaque de cuisson avant de reformer sa boule de pâte. Je n'ajoute rien. Je ne veux pas insister. Je pense qu'elle a compris que c'était important et je ne veux surtout pas l'inquiéter.
Je l'aide à terminer ses gâteaux avant de les enfourner. Je nettoie le plan de travail de la cuisine. L'heure tourne et les enfants vont arriver. Je prépare du café pour en proposer un à Johannah.
La minuterie du four sonne et je m'apprête à sortir la plaque du four quand Éléa revient dans la cuisine, son doudou à la main.
"Tu viens voir si tes gâteaux sont réussis ma belle ?
- Papa ?
- Oui ?
- Un jour, Tom y m'a dit que son frère, eh ben, il trouvait pas ça normal d'avoir deux papas. C'est pas très gentil ça hein ?"
Je m'interromps dans mon geste et referme la porte du four, le regard posé sur ma petite fille. Mon sourire a quitté mon visage et les battements de mon cœur accélèrent. Je me mets à sa hauteur et la prends dans mes bras. J'embrasse le sommet de sa tête et la regarde droit dans les yeux.
"Qu'est-ce que tu as répondu à Tom ?
- Bah que moi j'avais deux papas et que c'était bien.
- D'accord, ma puce. Si Tom ou une autre personne te parle de ça, tu me le dis. Je peux compter sur toi mon cœur ?
- Oui, d'accord. Parce que c'est grave Papa ?
- Parce que c'est pas très bien de dire ces choses-là, oui. Il y a des gens qui ne comprennent pas bien que pour être une famille, on n'a pas forcément besoin d'une maman. Que deux papas savent aussi rendre heureux un enfant, que deux garçons ont le droit d'être amoureux et de vouloir un bébé. Et c'est pareil pour deux mamans. Alors, il faut me le dire.
- D'accord."
Éléa referme ses bras autour de mon cou et je me relève en la tenant sur ma hanche. J'ouvre le four d'où la bonne odeur des petits biscuits s'échappe. Je tourne mon visage vers ma fille. Ses yeux s'émerveillent devant ses gâteaux.
"On fait des dessins dessus maintenant ?
- Oui ! Mais il faut se dépêcher parce que Doris et Ernest vont vite arriver."
Je repose ma fille au sol et nous terminons la préparation du goûter juste à temps ; la sonnette retentit quelques minutes plus tard et un joyeux désordre inonde la maison.
*
* *
J'aide Katia à servir les clients. Enfin... Je sers les clients pendant que Katia discute avec Séverine autour d'un café. Depuis quelques semaines, si ce n'est pas Danielle ou Séverine qui passent à la boulangerie prendre un café, c'est Louis. Alors Katia a débarrassé la petite table qui servait de présentoir et a installé deux chaises.
Les deux amies discutent depuis quelques minutes et je souris en les écoutant. Je reporte mon attention sur la cliente qui entre et que je salue avec un grand sourire.
"Bonjour !
- Bonjour ! Je vais prendre deux baguettes et un café à emporter s'il vous plait.
- Alors les deux baguettes sans problème, mais le café, je ne peux rien faire pour vous malheureusement, je réponds.
- Ah... je pensais que vous faisiez ça. Enfin... La jeune femme laisse sa phrase en suspens et se tourne vers la petite table.
- Ah non... ça c'est juste une invention de Katia !
- Tant pis alors...
- Je peux vous en préparer un si vous voulez, intervient Katia et moi je lève les yeux au ciel.
- Non non je ne veux pas déranger.
- Il n'y a pas de souci ! Je reviens dans une minute.
- Combien je vous dois du coup ? m'interroge la cliente
- Juste les deux baguettes, 1.70 €.
- Merci.
- Je vous en prie."
Katia revient avec un gobelet de café qu'elle tend à la jeune femme. Elle nous remercie vivement en sortant.
"Tu sais Harry, c'est une idée à creuser.
- Vendre des cafés ?
- Ouvrir un salon de thé, café, chocolat... avec les viennoiseries et des petits biscuits.
- Tu ne trouves pas qu'on a assez de travail, je réponds en secouant la tête.
- Je suis certaine que ça fonctionnerait !
- Qu'est-ce qui fonctionnerait ? demande Louis en entrant dans la boutique.
- Ah je suis sûre que l'idée va plaire à Louis ! enchaîne Séverine.
- Vous êtes infernales ! Je retourne derrière..."
Je salue Louis et entre dans l'arrière boutique pour surveiller la cuisson de ma dernière fournée. Je ne suis pas surpris d'entendre des pas à ma suite et sentir un bras enlacer mes épaules.
"Alors, quelle idée a eu Katia ?
- Ouvrir un salon de thé en annexe de la boulangerie !
- Ah ouais ce serait top. On aurait plus de place pour prendre le café. Ce serait plus agréable pour les petits déj' aussi !
- Mais Louis, je réponds en me retournant pour lui faire face, personne n'est censé prendre son petit déjeuner ici, ni même boire un café. C'était occasionnel et maintenant vous débarquez tous, tout le temps...
- Ça t'ennuie ? il me demande, un sourire taquin aux lèvres.
- Hum... non... enfin... non bien sûr que non, mais...
- Cette réponse est très éloquente !" il dit en riant.
Je râle en déposant ma main sur le visage de Louis pour le repousser. Il rit et s'empare de mon poignet. Sentir ses doigts sur ma peau m'électrise un peu plus. Je sens une agréable chaleur m'envahir, cette sensation qui s'immisce en moi de plus en plus chaque fois que je passe du temps avec Louis. Nos regards se captent et le temps semble s'arrêter autour de nous.
"Tu as réfléchi ?
- A quoi ? je réponds en sortant les pains du four
- Ton gain... suite à notre course.
- Ah oui, c'est vrai ! Hummm... on pourrait aller dîner dimanche soir. Ça te tente ?
- Avec plaisir !
- Je demanderai à Katia de prendre Éléa chez elle.
- Parfait !"
Je me fais la réflexion que Louis est passé à la boulangerie exprès pour me rappeler qu'il me "devait" quelque chose. Il me laisse avec mes pains et retourne dans la boutique. J'entends Katia lui proposer un café après avoir servi un client. En passant la tête, je ne suis pas surpris de le voir assis, avec Séverine, en train de discuter.
*
* *
Je remonte le quai jusqu'à la Place du Général de Gaulle. J'ai donné rendez-vous à Louis devant le majestueux théâtre de la ville. J'avais des courses à faire pour la maison et Louis un match de foot. C'était plus simple de nous retrouver sur place.
J'arrive sur la place et regarde autour de moi pour repérer Louis. Je sais qu'il est arrivé car il m'a envoyé un message pour me prévenir. Je l'aperçois assis sur le pourtour de la fontaine. J'ai l'habitude de voir Louis en survêtement et je suis heureux qu'il ait fait un effort vestimentaire pour notre soirée. Parce que j'ai décidé que ce serait Notre soirée.
Quand il me voit arriver, Louis se lève et vient à ma rencontre. Comme depuis plusieurs jours déjà, nous nous saluons en nous enlaçant. Notre étreinte dure un peu plus longtemps qu'une simple accolade entre amis. Je tourne mon visage légèrement et laisse mon nez caresser ses cheveux, m'enivrant au passage du parfum de Louis.
"Tu es bien élégant, je le complimente
- Merci. Je peux en dire autant de toi.
- C'est une soirée spéciale..., je réponds avec un clin d'oeil.
- Vraiment...
- Oui. Allez on va dîner ?"
Nous nous dirigeons vers le restaurant et je laisse ma main s'attarder dans le bas du dos de Louis. Il lève son visage vers moi et me sourit, ce sourire radieux qui atteint ses yeux, les faisant se plisser légèrement. Un groupe de quatre garçons nous siffle lorsque nous passons devant eux, interrompant ce petit moment suspendu.
Nous nous installons à la table que Louis a réservée et commandons les apéritifs. La carte est diversifiée, traditionnelle. C'est un bel endroit, avec une ambiance tamisée, des murs en pierre de granit et des poutres apparentes au plafond. Louis et moi sommes assis l'un à côté de l'autre et non l'un en face de l'autre comme dans la plupart des restaurants. Nos genoux se frôlent sous la table chaque fois que l'un de nous deux bouge. Et étrangement, nous avons tous les deux du mal à rester en place ce soir. Louis comme moi est nerveux. Après des semaines à se chercher, s'apprivoiser, je pense que nous avons tous les deux conscience que l'un de nous va devoir faire le premier pas. Louis m'a montré son intérêt pour moi à plusieurs reprises, il s'est démené pour qu'Éléa puisse intégrer l'équipe de foot. C'est à moi d'agir ce soir, lui montrer que ses efforts ne sont pas vains.
Alors pendant toute la durée de notre repas, je n'hésite pas à plonger mon regard dans celui de Louis quand il me parle. Je me concentre sur ses lèvres quand il s'interrompt pour mettre une bouchée de son plat dans sa bouche. Nos corps sont proches l'un de l'autre, ma main posée négligemment sur son avant-bras quand je lui raconte des anecdotes de vacances avec Katia lorsque nous étions adolescents.
La soirée est vraiment agréable. Je regrette finalement que nous n'ayons pas pris qu'une seule voiture. Se quitter va forcément rompre le charme du dîner.
Comme promis, Louis paye l'addition après que nous ayons pris notre dessert et un café. Il s'est mis à pleuvoir pendant que nous dînions, cette petite pluie fine et pénétrante de Normandie. Je noue mon écharpe autour de mon cou et tandis que Louis est face à moi, une cigarette entre les lèvres, je m'approche et ferme les boutons de son manteau.
"Ce serait dommage que tu attrapes froid, je lui dis.
- C'est vrai.
- Merci pour le resto, pour la soirée.
- C'était avec plaisir et puis tu avais gagné", il me répond avec un petit sourire au coin des lèvres.
Je lui rends son sourire. Je suis submergé par la panique. J'ai cette impression désagréable d'avoir 15 ans et de devoir embrasser celui qui fait battre mon cœur pour la première fois. Je déglutis difficilement, mettant mes mains, moites, dans mes poches. Le regard de Louis est plongé dans le mien. Y lit-il mon trouble, mes craintes, mes envies ?
"Je te ramène à ta voiture ?"
Oui. Je dois répondre oui.... parce que je n'ai pas envie de quitter Louis, parce que je n'ai pas envie que cette soirée si agréable se termine.
"Non. J'ai juste le quai à remonter. J'ai laissé ma voiture au centre commercial."
Ai-je à ce point si peu confiance en moi ? Oui.
Est-ce que je viens certainement d'anéantir les espoirs de Louis ? Oui
Je suis un imbécile.
"OK. On se voit bientôt.
- Oui. Avec plaisir vraiment.
- D'accord."
Louis s'approche de moi et m'enlace pour me dire aurevoir. Je sens mon cœur accélérer mais je suis paralysé à l'idée de ce qu'il pourrait se passer. Il passe sa main sur ma joue qu'il presse doucement et s'en va.
Je souffle fort en me traitant d'imbécile et me dirige vers le parking.
En passant devant le cinéma Odéon, je croise le petit groupe de garçons que nous avons aperçu tout à l'heure. Je ne m'attarde pas sur eux, interrompu par la sonnerie de mon téléphone.
Message de Louis : J'aurais dû t'embrasser, hein ?
Je souris et m'apprête à répondre quand je reçois un projectile dans les jambes. Je prête un peu plus attention à ce qui m'entoure et accélère légèrement mes pas. Ma réponse attendra. Le groupe me suit et m'interpelle. Je respire pour essayer de contrôler l'angoisse qui s'empare de moi. J'aurais dû accepter que Louis me raccompagne jusqu'à ma voiture.
J'aurais dû, même pour cinq minutes de marche.
"Hey, la tapette ! Tu t'arrêtes quand on appelle !"
J'accélère encore un peu. J'hésite même à me mettre à courir mais je me dis que si je continue de les ignorer, ils finiront par se lasser et passer leur chemin. Je regarde par-dessus mon épaule. Ils ne sont plus que trois, alors qu'il me semble qu'ils étaient quatre.
J'essaye de ne pas céder à la panique. Évidemment le quai est désert. Le dimanche soir, les gens sortent peu et ce côté-là du port n'est pas trop fréquenté quand le centre commercial est fermé.
"Hey... p'tit PD ! T'es sourd ! Allez arrête toi, on veut juste discuter. Comprendre pourquoi t'aime te faire enculer !" Ils rigolent dans mon dos.
Un nouveau projectile m'atteint à la tête et je ne peux m'empêcher de toucher l'arrière de mon crâne. La colère commence à me gagner, intensifiée par la peur.
"Foutez-moi la paix ! OK !
- Oh... mais tu parles ! Tu vois c'était pas compliqué, chéri !"
Je me retourne pour poursuivre mon chemin, mais je suis stoppé par le quatrième jeune homme, celui qui avait disparu quelques secondes plus tôt.
"Alors, tu comptes aller où comme ça ? Mon pote veut juste te parler.
- Je ne pense pas non ! Laisse-moi passer !
- Non... On a envie de s'amuser ce soir. Et il paraît que les ptits PD dans ton genre aiment bien ça !"
J'entends dans mon dos les autres rire, sauf l'un d'entre eux qui demande à un certain Ethan d'arrêter. Il se fait envoyer balader par le même garçon qui ne cesse de m'interpeller. Ethan. Je déglutis, prêt à affronter cette bande d'imbéciles.
Celui face à moi me donne un coup dans l'épaule, puis un autre pour me déséquilibrer. Je serre les poings, les bras le long de mon corps.
"Allez c'est bon, foutez-lui la paix ! j'entends derrière moi.
- On s'amuse, casse-toi si ça te dérange !"
La rage monte en moi. Je fixe le gars face à moi qui me bloque le chemin. Je me décale sur sa droite pour passer. Il m'en empêche et me bouscule à nouveau. Je riposte et plaque mes deux mains sur ses épaules pour le faire bouger. Son poing atterrit directement contre ma mâchoire. Je lève mon bras prêt à rendre le coup.
"Eh bien, c'est qu'on essaye de se défendre !"
Ethan. Encore. Un coup à l'arrière de mes genoux me fait perdre l'équilibre et je manque de justesse de m'écraser sur le sol, mais un coup de pied m'atteint dans les côtes et je tombe à genoux.
"Alors, enculé, on fait moins le malin là, hein !"
Je passe ma main sur ma mâchoire endolorie et lève mon regard vers Ethan dont je vois enfin le visage. Je ne le connais absolument pas.
"Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Je te connais même pas !
- Mais moi, je les connais les gars comme toi ! Tu es en ville depuis, quoi ? 6 mois ? et t'es en train de pervertir tout le monde !
- Quoi ? je demande totalement dans l'incompréhension.
- Tu crois qu'on t'a pas vu avec l'entraineur de foot ! C'est quoi votre problème à vous les PD ? Il faut que tout le monde devienne PD !"
Il ponctue sa phrase avec un nouveau coup dans mes côtes. Je ravale le cri de douleur. J'essaye de me relever, l'adrénaline et la peur qui s'infiltrent dans mes veines m'aident à ne pas m'effondrer. A peine ai-je amorcé un geste que deux mains agrippent mes bras pour me maintenir sur l'asphalte. D'autres coups fusent. Je ne les compte plus, retenant ma respiration et me contractant pour éviter de hurler ma douleur et ma peine.
Je suis à bout de souffle, prisonnier des mains qui me maintiennent au sol pendant que mon agresseur m'assène un nouveau coup dans l'estomac. Je tousse, la respiration coupée par l'intensité donnée à cette nouvelle attaque.
"C'est bon les gars ! Vous allez finir par le tuer !
- Mattéo tu fais chier sérieux !
- Ethan, il t'a rien fait ce type OK ! On s'casse maintenant !"
Ethan réfléchit quelques secondes puis doit prendre la décision de me foutre la paix. Les deux mains agrippées à mes bras finissent pas se desserrer et me libérer. Une dernière tape sur la tête et je les entends s'enfuir en courant. En riant !
"Mattéo, tu t'ramènes ?"
Je suppose alors que celui qui, depuis le début essaye de retenir son ami, est toujours près de moi. Mes deux mains posées sur le bitume, je tourne mon visage juste pour le voir s'éloigner en courant.
Je ravale le sanglot qui me bloque la gorge et tant bien que mal me redresse pour me mettre debout. Je peine à respirer. Je l'impression qu'une masse écrase ma poitrine chaque fois que je prends une inspiration. J'avance de quelques pas avant d'être pris d'une violente nausée. La main appuyée sur la voiture stationnée le long du quai, je vomis. Mon corps, ma gorge sont en feu. Mon cœur cogne contre ma poitrine et je ne contiens pas plus longtemps mes larmes.
*
* *
Je ne sais pas par quel miracle j'atteins ma voiture et encore moins comment j'arrive à parcourir la vingtaine de kilomètres jusqu'à chez moi.
Message à Katia : Tu pourras gérer Éléa demain matin et l'accompagner à l'école.
Message de Katia : Hum... petit coquin ! J'ai hâte que tu me racontes. Passe une bonne fin de soirée. Bisous.
Je ne réponds pas et m'effondre littéralement dans mon canapé. Les larmes ruissellent sur mes joues. Mon corps est endolori, je peine à respirer normalement entre les sanglots et la peur qui m'étreint encore. Mais c'est la blessure sur mon âme qui est la plus douloureuse. Une seule question résonne en moi : POURQUOI ? Pourquoi moi ?
*
* *
Voilà voilà... Vous ne deviez pas à vous attendre à ce genre de fin pour le chapitre.
J'espère que vous n'êtes pas déçus et que vous poursuivrez l'aventure avec moi...au prochain chapitre.
Des bisous
Mimi
#BakeryFic
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