16 - Chuintements et Pickles
J'ouvre lentement les yeux. Il fait noir. Il doit être... Quatre heures du matin, environ. Je mets un moment à me rappeler où je suis : à Al-Drim, dans le Secteur Ombre. Je tends l'oreille, et des bruits me parviennent. Des sortes de... chuintements, je dirais. Intriguée, je m'extirpe laborieusement du lit, avant de me diriger à pas de loup -ou plutôt à pas de Snaelow- vers l'escalier. J'écarte le rideau de la chambre, et pose le pied sur la première marche, qui s'enfonce légèrement dans le vide. Maintenant, j'entends distinctement les chuintements. Ils semblent provenir de l'entrée... Je descends les dernières marches, puis je commence à marcher vers la porte, le plus discrètement possible.
Alors, j'aperçois Nyx. Il pose sa patte sur le bas de la porte, où la plaque ronde de la chatière high-tech disparaît dans un chuintement, puis, quelques secondes plus tard, reprend sa place, avec le même bruit. Le petit félin recommence son manège plusieurs fois, jusqu'à-ce que je l'interrompe :
-Nyx ? je m'étonne ne m'approchant.
Il sursaute en poussant un petit cri suraigu.
-Ah ! Rhuwen ! Tu m'as fait peur ! se rassure-t-il.
-Mais... Qu'est-ce que tu fais ?! je m'écris, incrédule.
-Oh, moi ? Je... teste la chatière ! répond-il.
Je le regarde, sceptique.
-Bon, d'accord ! avoue-t-il en soupirant. En vrai... J'adore le bruit que ça fait ! Écoute !
Il réenclenche le mécanisme.
-Mais voyons, Nyx ! je m'exaspère. Il doit être près de quatre heures ! Ce n'est pas l'heure de jouer avec une chatière, nom d'une tartiflette moisie !
-Mais...
-Pas de mais ! Au lit !
Je l'attrape par la peau du coup et le dépose contre moi, puis grimpe jusqu'à la chambre.
-Mais Rhuweneuuuh ! chouine-t-il lorsque je le dépose sur le lit.
-Au lit, j'ai dis ! Tu vas être encore plus ronchon que d'habitude, si tu ne dors pas assez !
Il se roule en boule en grommelant, et je le rejoins rapidement, mais il s'éloigne en me donnant un petit coup de sa queue touffue dans le visage, ce qui me fait éternuer.
Au bout de quelques minutes de bouderie, je lui dis :
-Allez, je te pardonne, va ! Viens là...
Il semble hésiter quelques temps, avant de se rapprocher légèrement. Je l'attire vers moi, et murmure doucement :
-Je t'aime, mon chaton.
Puis, je sombre de nouveau dans le sommeil...
***
J'ouvre lentement les yeux, afin de m'accoutumer à la lumière tamisée qui filtre à travers le rideau de l'entrée de la chambre. Je m'étire longuement, faisant craquer mes articulations, bientôt imitée par Nyx.
-Wai wain ! bâille-t-il.
-Quoi ?
-J'ai faim ! répète-t-il.
-Hm... moi aussi... On va aller voir ce qu'on peut trouver en ville.
Je me lève et m'habille rapidement, puis je pars dans la salle de bain, me passer un peu d'eau sur le visage, afin de me réveiller complètement. Je me peigne également un peu les cheveux, puis je rejoins Nyx dans le salon. En le voyant, j'affiche une mine dégoûtée.
-Bah quoi ? demande-t-il en me regardant. Tu te lèches jamais les fesses, toi ?
-Beurk non ! Allez, en route, monsieur kislèchléfes !
Il pousse un petit soupir amusé, puis me rejoint, attrapant la petite bourse pleine de Volutes que m'a passé Herbow. Je la prends, après avoir enfilé mes bottes.
-Prêt ? je demande à Nyx.
Il acquiesce. Je presse mon pouce contre la plaque à empreintes digitale, puis sors dans la vive lumière matinale. Tiens... Au fait... D'où vient-elle, cette lumière ? Nous sommes sous une montagne, pourtant, non ? Je hausse les épaules. Il faudra que je demande à Hava et Alwey.
Ah, c'est vrai ! Il faut que je les rejoigne au parc du Secteur Terre, ces deux-là... Mais... Quand ?
-Bon, Nyx, le programme : on va se rendre dans le Secteur Terre, et on va se trouver un petit quelque-chose à emporter, il est à-peu-près midi, et on meurt tous les deux de faim. On ira le manger dans le parc Terre, en attendant Alwey et Hava. Qu'est-ce que tu en penses ?
-C'est parfait ! s'écrie-t-il en sautillant de joie.
Un Trans-Sphère et quelques rues plus tard, nous voilà devant un petit bar à la façade recouverte de plantes. De petites chaises de bois sont disposées autour de quelques tables de pierre. Je passe sous le rideau de plantes tombantes, et entre dans l'échoppe. Les murs sont en écorce, et un petit comptoir de bois patiné est installé le long d'une paroi. Une lumière dorée, douce, et chaleureuse éclaire la pièce.
Une petite ardoise est posée sur le comptoir. Dessus, le menu est écrit en Drimel.
Je reste perplexe. Non pas à cause de la langue, que je comprends -étonnement- parfaitement, mais plutôt parce-que je ne connais aucun de ces plats !
Ah, si ! Cornet d'erlan pané... Ça doit ressembler au poisson pané...
-Tu as choisi ? me demande une voix sympathique.
Une femme brune et souriante se tient derrière le comptoir.
-Oui. Je vais prendre... De l'erlan pané, et des pickles d'ulmée, s'il-vous-plaît.
Elle acquiesce et passe dans la cuisine. Elle revient une dizaine de minutes plus tard, avec en main deux cornets faits de... feuilles rouges, il me semble. L'un contient d'appétissants cubes recouverts d'huile et de chapelure, et l'autre, de petites billes rouges et luisantes.
-Treize Rin et dix-huit Liv, s'il-te-plaît.
Je lui tends les Volutes et la salue en souriant, avant de sortir du petit bar. Dehors, il fait légèrement plus chaud, et quelques passants se promènent, l'air préoccupé. Je me dirige tranquillement vers le parc, observant les bâtiments et les pavés. Quelques minutes plus tard, les silhouettes gigantesques des arbres se dessinent derrière les bâtiments. Je presse le pas, tenant les cornets bien droits dans mes mains. Nous arrivons rapidement en vue de la première racine.
Après une déambulation parmi les géants verts, nous finissons par dénicher une grande racine formant un creux, parfait pour s'asseoir confortablement. Je m'y installe, et tends le paquet à Nyx. Du bout de la griffe, il attrape un morceau d'erlan pané, et le gobe avec gourmandise.
-Alors ? je demande.
-Mdé-li-chieux !
Je goûte alors à mon tour. Il a raison, c'est vraiment excellent ! Un peu comme du poisson pané, mais avec quelque-chose en plus... Un peu plus acide, plus frais, et en même temps plus rond... On sent également une pointe de citron vert. Bref, c'est parfait.
Je pique ensuite un petit pickles d'ulmée. En croquant dedans, il libère un flot de jus acide et un peu piquant. Après le gras de la panure, ça nettoie et rafraîchit la bouche.
Je regarde les arbres, grands, impressionnants, magnifiques...
-Nyx... Tu penses ce que je pense ?
-Oui ! s'exclame-t-il. Mais tu penses quoi ?
-Qu'on va rester ici pour toujours !
-Oh oui ! ronronne-t-il. Pour manger de l'erlan pané tous les jours !
-Je ne voyais pas vraiment ça sous cet angle, mais... Ça me va aussi !
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