PARTIE 1: Kërcënimi... - Prologue
— Ramène-moi la marchandise Néo ! Dépêche-toi ! Nous avons beaucoup de travail, on a reçu une grosse commande aujourd'hui ! cria une voix féminine, d'une voix puissante et pressante.
— Oui, Mère, j'y vais de ce pas. Laisse-moi une dizaine de minutes, acquiesçait-le jeune adolescent que j'étais en tachant de maintenir son enthousiasme.
Je sortis de ma petite maison de bois, Kéolys, mon frère jumeau, sur les talons. Il avait proposé de me porter un coup de main. Mais au-delà de son côté altruiste envers moi, je savais que Kéolys n'aimait pas me laisser seul dehors.
Notre père appartenait au corps de chasse du village. Il appartenait alors principalement aux fournisseurs qui nous apportaient nos commandes, notamment à propos de la viande animale. Kéolys suivait la même voie que notre paternel.
Nous nous rendons à l'entrée du village, se trouvant comme par hasard à l'autre extrémité de l'endroit où nous habitions depuis la naissance. Un postier nous attendait en tapant du pied.
Nous le saluâmes respectueusement. Un respect qu'il nous instinctivement.
Kéolys commença à prendre quelques cartons de vivres et m'incita à en faire autant. Je n'étais pas très à l'aise. J'étais un adolescent assez timide avec les personnes que je ne connaissais pas.
— Tout ce qui est en rapport avec le montant, voyez ça avec notre père, indiqua Kéolys avec assurance.
Au sein des petites bourgades d'El'Terra'Gevaar, le Monde des Elfes, il n'y a pas de système monétaire. En effet, c'était le troc de ressources qui garantissait notre commerce... et les taxes.
Mon frère ajouta encore quelques cartons supplémentaires à sa charge, détestant effectuer plusieurs allers-retours. Il faisait également ça pour alléger la tâche que l'on m'avait confiée. Toutefois, même en m'allégeant, je trouvais cela encore trop lourd !
Par ailleurs, sur le chemin du retour, d'autres bambins elfiques du même âge ricanèrent en me voyant galérer avec mes cartons. Ils se moquaient ouvertement de moi.
Malheureusement, ce n'était pas une surprise pour moi, cela en était même une habitude.
— Néo, les écoutes pas ! Ils te connaissent pas, ils ne te méritent pas ! lança Kéolys, de sa voix rassurante et affirmée.
Mon frère jumeau arriva plus vite que moi à la maison, déposant ainsi ses cartons en avance. Deux adolescents baraqués, qui avaient l'habitude de m'humilier, profitèrent de l'absence de ce dernier et arrivèrent vers moi.
— Eh ! Qu'est-ce que tu portes, petit boulet ?! Ça serait cool de voir ce que c'est ! exclama l'un des deux, l'air menaçant à m'en foutre les pétoches.
— Vous aurez rien du tout ! rétorquais-je, sur la défensive.
— Tu crois ? Eh ! Le boulet, il se rebelle ! Remettons-le à sa place ! proposa l'autre d'un ton mesquin.
Ils allaient s'en prendre à moi physiquement, à me frapper de toute leur force, comme ils le faisaient chaque fois que j'osais un élan de résistance. J'entendis alors quelqu'un débarquer en trompes.
Au moment le plus critique, j'allais me mettre à crier, lorsque Kéolys s'interposa entre moi et le duo.
Il en éjecta un de quelques centimètres et prit l'autre par le col.
— Oses faire du mal à mon frère et t'as plus de vie, OK ?
Mon frère pouvait avoir le visage le plus héroïque qu'il soit, mais aussi, celui le plus effroyable et tétanisant qui puisse exister.
Son visage, son corps, ses paroles exprimaient cette même menace dévastatrice qui serait parfaitement stupide d'aller à son encontre. Il resserrait l'étreinte autour du col progressivement.
Kéolys pouvait être inelfique, terrifiant si jamais un inconscient osait s'attaquer à la « prunelle de ses yeux », « sa moitié », son frère jumeau. Moi.
L'autre brava l'interdit et s'approcha. Mon frère répliqua avec un coup de poing tout en étranglant l'autre.
— Qu'est-c't'as pas compris ? Je vous ai dit de dégager si vous voulez pas vous retrouvez au sol !
Kéolys les foudroyait de son regard noir. Le jeune Elfe libre prit ses jambes à son cou et disparut. Le second, mon frère le jeta par terre, le laissant baigné dans la boue.
— Je vous défends de recommencer, la prochaine fois, je serais beaucoup moins clément, menaça-t-il.
L'Elfe ne se fit pas prier, il se releva et prit la fuite, prenant l'exemple de son congénère, après avoir entendu ses propos.
— Merci Kéo... remerciais-je, sincèrement, les yeux brillants.
— De rien Néo. Je suis ton frère, c'est normal.
Il m'envoya un agréable sourire en retour, son visage reprenant son aspect sympathique et assuré en un rien de temps. En plus, il me déchargea de deux cartons qui se trouvait dans mes bras.
Nous retournâmes à la maison, Mère avait déjà commencé à préparer le dîner. Obligeamment, après mettre laver les mains, j'allais directement l'aider.
Je n'avais jamais voulu devenir cuisinier, comme ma mère, mais c'étaient mes parents qui avaient choisi ma classe de formation.
Je n'avais pas eu mon mot à dire, comme tous les autres déçus. En effet, la tradition disait que c'étaient les parents qui choisissaient une formation en parallèle à son parcours scolaire – dont le niveau et la qualité variaient en fonction du milieu rural ou urbain – jusqu'à notre première majorité, soit 30 Nostas. Ainsi, à la majorité, l'Elfe pouvait choisir sa propre voie en persévérant dans la même formation décidée par ses parents ou totalement changer de domaine d'exercice. Pour ma part, plus que 2 Nostas pour enfin pouvoir diriger mon existence !
J'étais un adepte des sensations fortes. J'étais si ambitieux que j'essayais toujours de réaliser l'Impossible. J'étais terriblement en manque de stimulation, d'aventures, à cause de cette vie lassante et monotone d'apprenti cuistot...
Malheureusement, ce n'était pas prêt de s'arranger avec le régime tyrannique de la Reine de Glace.
Je crois, je me rappellerais toujours le jour de sa prise de pouvoir, le jour de son coup d'État. À cause de sa Tribu de Glace, elle a condamné Monarkia, la Capitale d'El'Terra'Gevaar, à l'hiver éternel après avoir massacré la famille royale et l'Armée elfique. Un hiver mortel qui se propageait toujours un peu plus sur nos terres, détruisant nos paysages printaniers et nos champs agricoles, pour condamner le Monde des Elfes à sa fin.
Désormais, elle régnait sans pitié ni scrupule sur le monde entier, instaurant son régime omnipotent auquel il serait insouciant de s'y rebeller.
En effet, certaines personnes complètement folles à lier avaient tenté de se dresser contre elle... elles avaient péri, ou elles allaient le devenir.
Sa Majesté Glacée ne tolérait plus ses ennemis sur son territoire, étant nuisibles à sa suprématie, se devant donc d'appliquer les grands moyens.
Je ne me rebellerai jamais, c'était une initiative insensée. Puis, j'étais bien trop peureux pour rejoindre la Résistance !
Je sortais de mes troubles pensées, ma mère venait de me faire part de sa fierté pour mes réalisations culinaires. Plutôt valorisant, les commanditaires de la commande allaient être satisfaits !
La porte d'entrée venait d'ouvrir. Mon paternel venait de faire son entrée. Avant toutes choses, il vint embrasser Mère puis saluer ses fils.
Puis, comme à son habitude, il prenait Kéolys en aparté pour discuter et approfondir ses connaissances sur la chasse. En m'ignorant totalement, comme si ma vie ne l'intéressait pas.
« Pourquoi n'ai-je pas le droit de chasser ?! Pourquoi devrais-je rester en cuisine pendant que les autres s'amusent en dehors du village ?! Suis-je trop petit, trop maigre, pas assez bien ou fort pour qu'on m'apprenne l'art de la chasse ?! »
De toute façon, j'avais toujours été beaucoup plus proche de ma mère que de lui. En voilà une preuve : il avait comme passe-temps de me sous-estimer dès qu'il me donnait légèrement de l'intérêt, au regret de Kéolys qui aurait préféré que l'on soit tous deux de futurs chasseurs confirmés.
J'en avais toujours voulu à Père pour ça, il avait toujours privilégié mon frère. Je ne jalousais en aucun cas Kéo, ni même le tiendrait pour responsable de ce jugement qu'il n'avait pas choisi. C'est mon frère, ma moitié, mon autre-moi...
Une fois seul, je me lançai dans les bras de mon père en pleurnichant.
— Père, ils ont recommencé, ils ont voulu encore s'en prendre à moi alors que j'ai rien fait ! Sans Kéo, je sais pas dans quel état je serais rentré !
Oui, j'étais faible. Et, je l'assumais totalement.
— Je sais il me l'a dit...
Sa voix était calme, mais en vue de son faciès, cela ne présentait rien de bon.
— Aussi, Néolys, écoute. Si tu savais de défendre, aussi ! Si t'étais un peu plus fort physiquement et si tu savais te faire respecter, ce genre d'histoires débiles ne t'arriveraient pas !! rabâcha mon père mécontent avant de sortir, énervé, avant de soupirer, désolant. Pourquoi t'es pas comme Kéolys...? Pour le coup, ça nous simplifierait la vie...
Je me réfugiais dans ma chambre, enfin plus exactement notre chambre. Kéolys rappliqua autour de moi sur le champ.
— Tu n'aurais jamais dû lui dire. Tu connais sa réaction. Il a pourtant essayé de t'apprendre à combattre mais étant donné que t'aimes pas la violence... Père a vite jeté l'éponge. Mais, t'en fais pas, Néo... Je suis avec toi, pour toujours.
Je séchai mes larmes. Nos auriculaires, nos petits doigts, se serrèrent, et un sourire élargi réapparut aussitôt.
— Frère un jour, frère toujours ! Toujours l'un pour l'autre quoi qu'il arrive ! exclamèrent bravement les deux jumeaux que nous étions en chœur.
Je nous promis que j'essayerais d'apprendre à me battre avec lui.
À la nuit tombée, les soldats locaux, de nature elfique, gardaient Dashuria en faisant des rondes. Le village, comme tous les autres, étaient sous surveillance d'une élite de Glacés.
Avant de débuter le dîner, toute la famille offrit une prière à notre divinité, Mère Nature, la Créatrice, telle en était la tradition et balivernes du culte de la personnalité de la Reine de Glace ! Nous n'allions pas oublier nos coutumes pour elle !
Ensuite, je regardais le feu qui dansait dans notre cheminée improvisée, ayant pour objectif de cuire des aliments et chauffer l'habitation.
Allez savoir pourquoi, depuis ma plus tendre enfance, j'avais toujours eu une fascination pour les flammes, le feu. Mais, genre, vraiment, vraiment beaucoup. Chose anormale pour les membres de notre espèce provenant de la nature, et donc craignaient le feu même s'il était indispensable à nos vies.
Cela me fascinait d'une part, car j'avais l'impression de voir des formes à l'intérieur. Je pouvais donc imaginer des histoires par rapport à ce que me dévoilaient les flammes.
Toutefois, des hurlements déchirèrent le voile calme et paisible de lanuit.
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