Guillaume Alphonse était tranquillement assis sur la terrasse d'un bar de Cuzco. Le jeune homme, blond, écrivait un article sur son ordinateur portable tout en sirotant son Pisco Sour, cocktail typique à base de Pisco, l'alcool dont il tirait le nom.

Après tout, quitte à être envoyé couvrir un article au bout du monde, autant en profiter pour savourer les petits plaisirs de la vie.

Son papier concernait les tensions actuelles entre le Pérou et le Chili. D'ordinaire tendues, les relations entre les deux pays s'étaient  considérablement refroidies suite à la nouvelle revendication chilienne.

Mais avant d'aborder ce sujet d'actualité brûlant, il avait du resituer le contexte. Depuis la guerre du pacifique de 1879, le Chili n'avait cessé de s'approprier des biens péruviens, ou du moins avait essayé. Des territoires marins jusqu'aux spécialités gastronomiques, tout y passait, y compris le Pisco, cet alcool même que le journaliste était en train de boire. Revendication plutôt incongrue quand on sait que la ville de Pisco qui donna son nom à l'alcool se situe au Pérou.

Mais tout cela n'était rien comparé  à la dernière trouvaille des dirigeants chiliens. Cette fois, ils ne réclamaient ni plus ni moins que Machu Picchu, le site archéologique inca le plus célèbre du monde.

En effet, d'après  leurs scientifiques, des échantillons de roches prélevés sur le site il y a quelque mois présentaient des similitudes avec les roches de l'île de Pâques,  propriété chilienne. Il n'en fallait pas plus aux dirigeants politiques pour entamer les procédures de revendication. Depuis, les piques par interventions interposées se multipliaient, à travers des articles, des discours télévisés ou  des émissions radio.

Guillaume était environ aux trois quarts de son article. Il était plutôt satisfait de son travail de recherche, qu'il avait bien approfondi, ainsi que du séjour tout frais payé à Cuzco.  Néanmoins,  il lui manquait quelque chose pour terminer son article en beauté. Il aimerait finir avec une touche de sensationnel, quelque chose de surprenant qui laisserait bouche bée les lecteurs.

Il aimait ajouter sa touche d'originalité, même si pour cette fois cela semblait compromis. Son patron serait satisfait, certes, mais cela faisait une bien maigre consolation. Il y avait tout de même de l'espoir avec cette source anonyme qu'il devait rencontrer un peu plus tard. Il avait reçu un appel en début d'après midi, de la part de quelqu'un qui prétendait avoir des informations très importantes sur l'article qu'il était en train de rédiger.

Bien que cela paraissait fort intéressant, c'était certainement un plaisantin. D'une, peu de personnes étaient au courant de l'article qu'il rédigeait, et de deux, il ne voyait pas quelles nouvelles pourraient apporter quelque chose à son écrit. Cela devait quelqu'un qui cherchait à attirer l'attention pour faire parler de lui. C'était courant dans le métier. 

Sur ces pensées, il termina son Pisco Sour avant d'en commander un autre.