Martha déboula de l'escalier comme une furie en fusillant tout ce qui bougeait, et ce qui ne bougeait pas.

Jaime, qui était toujours debout en plein milieu de la salle, se prit trois balles dans la poitrine. Le sang gicla de son torse. Il regarda une dernière fois le Presidente, comme pour implorer son pardon, puis il s'effondra, gisant dans une marre de sang grandissante.

Martha continua de faire pleuvoir un déluge de balles, avant de se retrouver à court de munitions, ce qui laissa quelques secondes de répits aux agents, le temps qu'elle recharge.

S'en suivit une fusillade effrénée entre la mercenaire et les trois agents de la Brigade. Ils étaient certes plus nombreux, mais la vieille dame était mieux équipée. Les deux camps se rendaient coup sur coup, et personne ne voulait fléchir.

Martha semblait disposer de tout un arsenal sous sa veste en laine rose. Lorsqu'elle se retrouvait à court de munitions, elle sortait une nouvelle arme.

Les agents, eux, ne disposaient que de leurs pistolets et d'un nombre limité de munitions qu'ils tentaient d'utiliser avec parcimonie.

—Sanchez, il te reste une grenade ? demanda Calderon, le souffle court.

—Ouais, la frag'. T'as une idée ?

—Avec Maxwell on va faire diversion en nous dirigeant vers le poste de contrôle, la-bas, indiqua-t-elle d'un mouvement de la tête. T'as pas intérêt à te louper. On est presque à court de munitions.

Après un regard approbateur, ils mirent leur plan à exécution.

Maxwell et Calderon sortirent de leur cachette et coururent vers la gauche en tirant sur Martha. Il n'y avait que quelques mètres à parcourir à découvert, avant de plonger derrière un des postes de contrôle dont disposait la pièce. 

Pendant ce temps, Sanchez resta à couvert. Il sortit la dernière grenade qui lui restait, celle à fragmentation.

—Allez ma belle, lui dit-il en l'embrassant.

Puis il la dégoupilla et l'envoya par-dessus son épaule en direction de la vieille femme qui était occupée à vider ses chargeurs sur les deux autres agents qui venaient de se jeter à l'abri.

La grenade s'envola et parcourut les quelques mètres qui la séparait de la mercenaire en virevoltant dans les airs.

Lorsque Martha s'aperçut de sa présence, l'objet se trouvait déjà juste au-dessus de sa tête.

BOUM !

La grenade explosa, libérant ses différents fragments qui explosèrent à leur tour sur la vieille femme, dans un carnage de feu, de sang et de fumée.

Puis peu à peu, les choses se calmèrent, le silence retomba.

—Yes ! On l'a eu cette grand-mère hystérique ! jubila Sanchez en se dirigeant vers ses coéquipiers.

Mais son sourire ne dura pas longtemps. Maxwell était allongé sur le sol, plein de sang, avec à ses côtés Calderon qui tentait de le soigner, les deux mains appuyant sur le ventre du blessé. Il avait visiblement été touché à plusieurs reprises.

—Une des balles a effleuré son épaule droite, c'est superficiel, l'informa Calderon. Par contre, il a pris une balle dans l'abdomen, et ça n'arrête pas de saigner. Je vais essayer de contenir l'hémorragie jusqu'à ce qu'on évacue.

Rassemblant ses dernières forces, Maxwell tenta d'articuler quelque chose.

—Les... missiles... la... console... murmura-t-il dans un souffle.

Dans le feu de l'action, ils avaient totalement oublié pourquoi ils étaient là. Empêcher le lancement des missiles !

Sanchez se précipita sur le poste de contrôle principal. Tout était complètement détruit. Les interfaces tactiles, les écrans, tout était criblé de balles. Des étincelles surgissaient ça et là dans des bruits de crépitements électriques.

Irrécupérable.

A moins que.

Il aperçut quelque chose dans un fragment d'écran encore fumant, et réussit tant bien que mal à lire, où du moins à deviner ce qui était indiqué.

—Les missiles sont bel et bien lancés. Mais il semblerait que lors de la fusillade leur trajectoire ait été accidentellement modifiée !

—Tu as la nouvelle cible ? demanda Calderon tout en maintenant la pression sur l'abdomen de son compagnon.

—Malheureusement non. Et au fait, ou est le Presidente ?