Chapitre 9

Kidou ouvrit les yeux, encore un peu endormi. Il s'assit dans son lit, prit son téléphone, et jura en voyant l'heure.

« Merde !!

— Mghblf... ? »

Kidou lâcha son téléphone, voyant Fudou s'asseoir à ses côtés. Ils se fixèrent quelques instants, avant de se rendre compte qu'ils étaient habillés, excepté Kidou qui avait enlevé son haut.

« On en était à où ?

— A "Merde", dit Fudou.

— On est en retard ! Reprit Kidou, en attrapant un t-shirt au sol.

— M'en fous. »

Fudou glissa ses mains sur les joues de Kidou, le stoppant. La veille, ils avaient décidé d'ouvrir une belle bouteille de vodka pour fêter le départ de Kageyama. Et puis finalement, Kidou avait été aussi saoul que Fudou. Un peu plus et ils copulaient ensemble.

« Je crois que tes yeux sont plus beaux que les miens, dit finalement Fudou. Et faut dire que j'ai jamais trouvé mieux que les miens.

— La modestie, tu connais ?

— Nan. C'est une marque de déo ? »

Kidou sourit, amusé. Fudou captura les lèvres qui s'offraient à lui, fermant les yeux.

« Fudou...

— Mh ?

— Hier, tu m'as appelé "Yuuto".

— Ah... Ouais... C'était sur le moment, j'ai pas... Lâcha Fudou, un peu rouge, détournant le regard.

— Ça ne me dérange pas, tant qu'on est entre nous, le rassura Kidou. Mais à une condition.

— Laquelle ?

— Je veux t'appeler Akio.

— Nan. Akio, ça fait trop "gosse". Reste sur Fudou.

— Akio...

Ils se disputèrent quelques minutes sur le nom du rasé, avant de rire. De toute façon, Kidou comptait bien rester sur "Akio". Le rasé demanda alors :

« Yuuto, tu m'aimes ?

— Peut-être, répondit Kidou. Je n'ai jamais eu de coup de foudre ou même d'histoire d'amour avant toi.

Fudou hocha la tête, et tandis qu'ils parlaient, ils entraient en cuisine. Fudou lui proposa de sécher le cours d'aujourd'hui. Il voulait parler avec Kidou toute la journée. En savoir encore plus sur lui.

Fudou tendit une tasse à Kidou, qui en but une petite gorgée, s'appuyant contre la table.

« En soi, on sèche pas vraiment, vu qu'on a pas cours. On a qu'à juste annuler le cours en lui-même pour danser pour le plaisir. »

Le rasé acquiesça. Danser, avec Yuuto Kidou, ça ne se refusait pas. Il allait rendre Sakiyama vert de jalousie. Le téléphone de Kidou se fit entendre. L'intéressé regarda sa messagerie, avant de lever la tête vers Fudou.

« Mon ami Shirou m'a proposé d'aller patiner ce soir, ça te dit ?

— C'est de la danse, donc pourquoi pas ?

— Tu réfléchis comme moi, toi, dit Kidou.

— Kageyama le disait... souffla Fudou.

— Tu as dit quelque chose ?

— Non, rien. On a du temps avant le prochain bus ?

— Exactement trois minutes. »

Fudou sourit, engloutit son café d'une traite, se dirigeant vers leurs chaussures. Kidou en fit de même, attrapant un haut au hasard. Ils descendirent rapidement, et, juste à temps, ils sautèrent dans le bus.

Kidou s'assit pour reprendre son souffle. Fudou vint s'asseoir à ses côtés, et, discrètement, le rasé posa sa main sur celle du brun, avant de fermer les yeux.

***

La porte s'ouvrit sur la pièce assombrie. Pourtant, la lumière était allumée. Sans doute l'homme à l'intérieur assombrissait-il son bureau par sa simple présence.

« Tu voulais me voir, Fudou-kun ? »

Akio entra dans le bureau. Kageyama était debout, devant les fenêtres. Dos à Akio et bras croisées, il observait les joueurs de football de première année de Master de la Teikoku.

Le brun avait désormais dix-neuf ans. L'année allait se terminer, mais Akio resterait dans cette université lors de l'année suivante, pour sa deuxième année de licence.

« J'ai remarqué votre petit manège, dit le garçon. Vous pensiez que je ne le verrais pas ?

— Mon manège ? Quel manège ? Nia Kageyama.

— Vous accentuez la difficulté des exercices en danse. Je ne compte même plus les demandes pour quitter le club.

— Alors tu l'avais remarqué ? Souffla l'homme après quelques secondes. Tu Lui ressembles de plus en plus, Fudou-kun. Tu réfléchis comme Lui.

— Comme le traître ? Lâcha Akio.

— Oui. »

Akio serra les poings quelques secondes, repensant au dit traître. Un héros pour lui et son groupe. Il releva la tête avant de lancer :

« Je vous propose un marché, Kageyama-san.

— Un marché ? Répéta-t-il, sans se tourner vers Akio.

— J'en ai parlé avec les "survivants" du club de danse de la Teikoku. Il ne reste plus qu'à vous le soumettre.

— Je t'écoute.

— Nous avons décidé de monter un spectacle de danse, pour Noël. Si la recette dépasse le million de yens, nous gagnons. Sinon, vous gagnez le marché.

— Que gagnerais-je ?

— Si nous ne passons pas la barre du million, nous dissoudrons le club et nous concentrerons sur le football. Par contre, si nous gagnons, vous devrez arrêter votre petit manège et nous laisser faire les deux sports. Auquel cas, nous quitterons purement et simplement l'Université. »

Kageyama se tut, se frottant le menton. Puis, il se retourna.

« A une condition.

— Laquelle ?

— Un seul yen manquant et je gagne le pari.

— Très bien, dit Akio du tac-au-tac. J'ajoute une dernière chose. Nous choisirons notre spectacle et notre coach, toutefois, sans quitter Tokyo.

— Cela me va. Marché conclu. »

Akio tendit sa main, que Kageyama serra, avant de se tourner de nouveau vers la fenêtre. Alors qu'il allait sortir, Akio s'arrêta.

« Une dernière chose, Fudou-kun, dit Kageyama, stoppant l'intéressé. N'oublie pas. Tu m'as fait une promesse. »

Akio se courba, avant de sortir. Il passa dans le couloir, esquissant un large sourire, rejoint par Takanashi et Genda.

« Alors ?

— Il est tombé dans le panneau, répondit Akio. Lancez la tactique fabuleuse de la tentative de meurtre. »

***

Kidou mit un coup de pied au haut-parleur, se frottant la nuque. Fudou mit ses écouteurs dans ses oreilles, après les avoir branchés à son téléphone. Il démarra la musique, commençant à danser. Il dansa seul quelques instants, avant que Kidou attrape ses poignets. Il prit un écouteur pour lui, rejoignant Fudou dans son monde. Collant son corps à celui de l'autre, chacun tentait d'imposer son rythme. Comme si Fudou allait se laisser faire face à son aîné. Comme si Kidou allait laisser un gosse le dominer.

La salle leur appartenait, désormais, le reste de la Teikoku ayant préféré assister à leurs cours ou bien aller flâner dans la ville. La journée passa si vite qu'ils ne le remarquèrent que lorsque la femme de ménage passa. Ils repartirent un peu gênés, tout en parlant de ce qu'ils mangeraient.

Car oui, Fudou avait décidé de s'inviter chez Kidou, pour manger quelques pizzas.

« COMMENT ÇA, TU AIMES LES PIZZAS HAWAÏENNES ?! »

Kidou fit un bond sur son canapé lorsque Fudou cria. Où était le problème avec les pizza hawaïennes ?

« Bah... je la trouve sympa ?

— T'en as jamais mangé d'autre ?

— ... non... Avoua Kidou. Je n'en mangeais pas vraiment souvent, et Kageyama-san n'aimait que ça.

— OK, je vais refaire ton éducation sur les pizzas. Sors ta carte bleue. »

Et tandis que Fudou attrapait son téléphone portable et tapait le numéro d'un pizzaiolo – il le connait par cœur ou quoi ? – Kidou lâcha un soupir. Tant pis, il lui ferait confiance. Comme si il avait le choix.

« D'ailleurs, faut que je te mette à niveau pour les musiques. T'écoutes encore du Avicii, ça devient grave.

— Mais j'aime bien, moi...

— Ouais, je sais, moi aussi, mais écoute plutôt du Mamoru Miyano. Écoute de vrais trucs !

— Dit-il alors qu'il a encore du Mafumafu dans son téléphone.

— Bordel.

— Eh oui, tu n'es pas le seul à savoir fouiller dans les téléphones.

— Bref, revenons à nos pizzas. »

Kidou rit doucement, amusé. Fudou rougit en lui rétorquant que ce n'était pas drôle. Mais Kidou lui assura qu'il ne se moquait pas.

« Je te crois pas.

— Tu crois que je peux me faire pardonner ?

— Oui. Et tu sais comment ?

— En t'embrassant ?

— J'aurais plutôt pensé te demander de danser devant moi en caleçon mais pourquoi pas ? »

Kidou déglutit en entendant la proposition, et préféra poser ses lèvres sur celles du rasé. Le baiser dura de longues secondes, et lorsque qu'il se termina, Fudou lâcha, un sourire aux lèvres :

« T'es sûr que tu veux pas danser en caleçon ? »

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