Chapitre 30

- Takanashi-san, tu m'écoutes ?

La jeune fille sursauta légèrement. Elle hocha la tête. Elle avoua qu'elle était dans les nuages à cause de son ami d'enfance. Il ne s'était pas présenté en cours de la journée, d'après Sakiyama. Que s'était-il passé avec Kageyama ?

Elle secoua la tête et reprit sa fiche de révision. Le lendemain, elle avait sa deuxième épreuve. Elle allait devoir tenir minimum sept ans comme ça. Deux ans de licence et de master, ainsi que trois ans de doctorat.

La rose lâcha un soupir, se laissant retomber sur le canapé.

- Du coup, tu veux manger quoi, ce soir ?

- N'importe... m'en fous.

Takanashi se tourna pour observer sa colocataire provisoire. C'était une fille rencontrée sur Internet, du nom d'Aki Kino. Elles avaient toutes deux repéré ce logement, mais au lieu de choisir qui l'aurait, elles avaient préféré le partager. Takanashi repensa à Sakiyama. Encore une fois. Les révisions étaient foutues pour ce soir. Penser à Fudou, puis Sakiyama, signifiait qu'elle ne pourrait plus bosser jusqu'au repas.

- Aki-chan, tu as un copain ?

La verte laissa tomber la carotte qu'elle épluchait, avant de nier, rouge comme une pivoine. Takanashi enfonça le clou en lui demandant si elle avait quelqu'un en vue.

- Takanashi-san ! C'est pas sympa !

- Ça veut dire que tu es amoureuse !

Aki détourna le regard, avant de reprendre sa cuisine.

- Oui. Mais je suppose que toi aussi ?

- Je suis en couple, avec celui que j'aime, depuis longtemps.

- Tu as de la chance.

- Qu'est-ce qu'il fait, ton amoureux, Aki-chan ?

- Allume la télévision et mets la six.

Sans chercher à comprendre, la rose s'exécuta. C'était un match de football. Elle reconnut très vite les équipes.

- Là, c'est le numéro quatre, en blanc, fit Aki, qui avait tourné la tête.

- Kazuya Ichinose ?

- Oui...

Takanashi esquissa un sourire. Rien qu'en acquiesçant, elle avait pu ressentir ses sentiments pour ce footballeur. La rose décida de se concentrer sur le match. L'équipe opposée était celle d'Italie, menée à 1-0. Ils tenaient plutôt bien.

- Aki-chan ! Regarde !

Pile au bon moment, car Ichinose venait de ramener son équipe au score, à quelques minutes de la fin. La verte explosa de joie, avant de rougir. Elle avait complètement oublié sa colocataire. La télévision fut éteinte.

- Je peux t'aider ?

- Seulement si tu me parles de ton copain.

- Toi aussi, alors.

- Ça marche !

***

La jeune fille attrapa une fiche de révision. Aki était couchée depuis une bonne demi-heure. Elles avaient longuement parlé de leurs vies, de leurs rêves et de leurs amoureux. Takanashi retira son élastique, ainsi que ses épingles. Ses cheveux retombèrent sur ses épaules. Elle leva les yeux et observa la photo de Sakiyama et elle.

Rejoins la Teikoku Gakuen, Shinobu. Comme ça, on sera encore tous les trois ensemble, avec Fudou.

Tu es Shinobu Takanashi ? Il me semble que tu veux entrer à la Teikoku Gakuen ?

Prouve-moi que tu m'es dévouée.

Elle secoua la tête. Kageyama lui avait donné une note avec sa mission. Mais elle était convaincue qu'il l'avait trompée. Elle fixa son téléphone quelques secondes, avant de l'attraper.

La voix de Kidou résonna dans sa tête. Puis le journal qu'elle avait lu. Les cris d'un adolescent qu'elle avait entendu. Elle se leva d'un coup, cherchant de l'air, n'arrivant plus à respirer. Elle inspirait et expirait de nombreuses fois. Trop, même. Elle poussa la porte qui menait au balcon. De l'air.

Elle se laissa tomber, les jambes tremblantes et le souffle saccadé. Elle composa rapidement le numéro de Sakiyama, qui lui répondit aussitôt.

- Shi' ?

- Shuu, viens me chercher, je... gémit la rose, entre plusieurs halètements.

- J'arrive. J'appelle Fudou ?

- Surtout... pas. Je...

- N'en dis pas plus. Tu n'as pas besoin de te justifier. J'arrive.

- Merci...

La conversation se coupa. Elle esquissa un sourire, avant d'entendre un cri qui la hanterait toujours. Il était dans son esprit, mais il l'a terrifiait. Et en fermant les yeux, juste avant de perdre connaissance, elle le vit.

Yuuto Kidou.

***

- Quoi ?!

Fudou écarquilla les yeux. Sakiyama n'avait pas pu cacher plus longtemps ce qui était arrivé à Takanashi.

- Mhhgh ?

- Rendors-toi, Yuuto, murmura le brun.

Le plus jeune se leva lentement, après avoir embrassé son amant sur la tempe.

- Akio...

- Je termine mon appel et je reviens, promis.

- Tu restes.

- D'accord.

Sakiyama lâcha un soupir. Fudou recommençait les conquêtes d'une nuit ? Fudou lui dit de continuer, caressant les cheveux de Kidou doucement.

- Donc comme je le disais, elle a perdu connaissance hier soir, et elle n'a pas pu se présenter à son examen. J'ai appelé ses parents, ils ont mis l'université au courant. Je pense qu'elle pourra passer l'épreuve un autre jour.

- Elle est où, là ?

- On est dans son appartement, celui qu'elle loue. Elle s'est pas réveillée, et moi, j'ai pas dormi.

- On vient.

- Quoi ? Souffla Kidou.

- Hein ?!

Fudou répéta sa phrase. Sakiyama, sachant qu'il ne renoncerait pas, lui donna l'adresse. Le brun se leva, raccrochant.

- Yuuto, tu viens avec moi ?

- Bien entendu.

- Je suis désolé, mais Shinobu m'inquiète. C'est pas son genre, de paniquer pour rien. D'après ce qu'à dit Sakiyama, c'est sans doute sérieux.

- Je me doute. Elle n'est pas du genre à sécher une épreuve, hein ?

- Ni même un cours.

Kidou se redressa doucement. Il ne leur fallut qu'une dizaine de minutes pour se préparer. Et ils partirent, en train. En se tenant la main. En se collant l'un à l'autre. Ils étaient dévisagés, mais quelle importance ? S'ils savaient à quoi ils avaient passé le reste de la journée de la veille.

Des baisers. Des pleurs. Des câlins. Des prénoms prononcés. Presque aucune parole.

Des caresses. Des marques. Des cris. Des corps collés. Presque aucun espace entre eux.

Chacun avait redécouvert le corps de l'autre.

Fudou descendit le premier du train, tirant Kidou par la main. Ils appelèrent un taxi, et en moins de dix minutes, ils étaient arrivés.

- Yuuto, on est dans la merde.

- Ah ?

- Y a un digicode.

- Ah.

- On essaye tous les codes possibles ?

- Seulement si tu veux passer vingt-quatre heures dessus.

- Et merde.

- Ou alors, on attend un résidant.

- Sinon, il suffisait juste d'appeler votre ami qui vit ici.

Fudou et Kidou tournèrent la tête vers une jeune femme, qui tenait un sac à la main. Elle leur proposa d'entrer. Fudou s'excusa, avant de la remercier. Ils passèrent la porte en bois, qui se referma derrière eux.

- Qui allez vous voir ?

- Shinobu Takanashi, vous savez où c'est ? Demanda Fudou.

- Bien sûr, suivez-moi.

Ils commencèrent à grimper les marches de l'escalier en colimaçon. Premier étage. Puis, le deuxième.

- Dites, vous ne seriez pas Yuuto Kidou ?

- Heu, si, pourquoi ?

- Vous avez vu le match d'hier soir ?

- Celui de Ichinose ?

- Oui !

- Heu, Yuuto, comment t'as fait pour savoir de quel match elle parlait ?

Ils se stoppèrent au troisième étage, devant l'appartement numéro huit.

- Ici, c'est chez Shinobu Takanashi-san, et aussi chez Aki Kino, c'est-à-dire moi ! Sourit la verte.

- Oh, voilà donc la fameuse Aki, rit Kidou doucement.

Aki ouvrit la porte, lâchant un « tadaima ». Sakiyama arriva dans l'entrée, tenant une compresse hydratante dans la main.

- Tu dois être Aki, la colocataire de Shi' ?

- Oui, c'est moi. J'ai ramené de quoi faire une soupe, pour Takanashi-san. Tu es le fameux Shuuji, je suppose ?

- C'est ça.

- Eh bien tu as de la visite, Shuuji-kun.

Fudou décida d'entrer, un sourire aux lèvres.

- Oh non, pas lui, ricana le vert. Alors comme ça, on se refait des conquêtes d'une nuit ?

- Jamais de la vie.

Kidou retira ses chaussures, avant d'entrer, à la surprise de Sakiyama. Il resta béat quelques minutes avant de saluer le danseur.

- Je me disais bien que c'était bizarre. T'as pas répondu de la journée, hier, et là t'arrives en souriant.

- Je suis désolé, fit Kidou. Je m'expliquerai après. Où est Takanashi ? Akio a très envie de la voir.

- Elle est dans sa chambre. Ne faites pas de bruit.

- Je vais faire une soupe, moi.

Aki disparut dans la cuisine, tandis que les deux fiancés suivirent le vert.

- Je croyais que tu avais vendu ton appartement, Fudou.

- C'est grâce à Sun Garden, si je l'ai encore. Ils se sont cotisés pour me le racheter. Même Reina, qui d'habitude ne prête pas un yen.

Sakiyama poussa la porte de la chambre de Takanashi, plongée dans le noir. On entendait la rose haleter, comme si elle cauchemardait. Ce qui devait sans doute lui arriver. Elle murmurait parfois des « pardon ». De quoi pouvait-elle rêver ?

Fudou s'accroupit près de son lit et lui attrapa la main. Elle la serra fortement, mais son rythme cardiaque se calma, tout comme sa respiration. Sakiyama laissa échapper un soupir d'aise. Il sortit de la pièce, pour aller chercher une nouvelle compresse – qu'il avait oubliée en voyant Aki débarquer.

- Shi'... qu'est-ce qui t'es arrivé... ?

- C'est pas le stress de l'épreuve ?

- Impossible. Ça a toujours été la plus calme. Même pour l'examen de fin de lycée, réputé pour être le plus dur de la préfecture – avec celui de la Outei Tsukinomiya.

- Akio...

Le brun resserra sa prise sur la main de la jeune fille, sous les yeux de Kidou, adossé contre le mur.

- Ça va aller, je suis là, Shi'. Je serai toujours là pour toi. Quelque soit la raison. Peu importe l'âge. Tu auras beau m'appeler, je serai déjà derrière toi. Et ça depuis des années.

- Je crois...

- Shi'... ?

- ... que j'ai fait... une connerie.

* * * * *

On se rapproche de la fin petit à petit...

#Historia

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