Chapitre 27
Lorsque Fudou sortit du train, il sentit enfin libre. Il fouilla dans sa poche et observa la petite fortune qu'il avait avec lui. Pas plus de dix mille yens, mais c'était déjà beaucoup. Il replaça son argent dans sa poche. Il se mit en route. Avec l'aide du téléphone prêté par Sakiyama, il lança Google Maps. Pendant ces deux mois, il ne savait plus combien de fois il avait tenté d'appeler Kidou. Mais c'était son répondeur. Toujours. Encore encore et toujours.
La prison était à quarante minutes de marche de la gare. Il décida donc de prendre le bus, n'importe lequel, tant qu'il l'amenait où il voulait. Il repensa alors à Takanashi, pendant le trajet. Est-ce qu'elle se débrouillait ? Non, il ne pouvait pas douter d'elle. Elle réussirait, il en était certain.
Le bus s'arrêta. Fudou se leva et en descendit. Les murs de la prison étaient au moins quatre fois plus grands que lui. Et d'une sorte de rose pastel bizarre. Il s'avança vers l'entrée visiteurs. À l'accueil, un quadragénaire, à première vue, rangeait quelques dossiers, dans la salle derrière le comptoir.
- Excusez-moi...
L'homme se retourna alors. Il n'était pas si vieux en fait. Il semblait avoir maximum trente-cinq ans.
- Akio ?
Fudou cligna des yeux. Il reconnaissait ce visage et cette voix.
- M'sieur Momora ?
- C'est bien moi !
L'homme sourit. Il posa ses dossiers et sortit de l'espace, pour retrouver Fudou.
- Alors, ça, pour une surprise !
- J'aurais pas dit mieux.
- J'espère qu'on ne t'a pas arrêté ! Plaisanta l'adulte.
- Non, ne vous en faites pas. Je suis très sage.
- Tu as laissé pousser ts cheveux ?
- C'est une longue histoire que je me ferai une joie de raconter. Mais là, je suis venu voir une connaissance.
- Son nom, s'il te plaît ? Demanda Momora, choppant le papier des visites.
- Reiji Kageyama.
L'ancien policier le fixa quelques secondes avant de lui demander ses papiers et une signature ; la procédure habituelle.
- Je fais une exception rien que pour toi, parce que les mineurs sont censés être accompagnés. Tu vas attendre dans la salle au fond, là-bas, s'il te plaît.
Fudou hocha la tête et s'exécuta. Il observa autour de lui. C'était calme. Très calme, même. Il entra dans la pièce, où se trouvaient deux amis, visiblement, qui parlaient. Ils se stoppèrent en voyant Fudou, puis reprirent leur conversation. Le brun s'assit, attendant l'officier. Mais était-il encore officier ?
La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard sur Kageyama. Il avait les cheveux blonds, désormais, et ses éternelles lunettes noires.
- Oh, Fudou-kun. Moi qui pensais ne plus jamais te revoir.
Assis l'un en face de l'autre, ils se fixèrent quelques minutes. Puis, Kageyama reprit :
- Cela doit faire six mois, qu'on ne s'est pas vus. Comment ça va, à la Teikoku Gakuen ?
- Plutôt bien. On continue les études. Votre remplaçant actuel, Asuka Domon, se débrouille plutôt bien. Shinobu passe un concours, les autres choisissent leur voie... On reste autant sur le football que sur la danse.
- Je vois... Vous avez joué un match après mon départ, je suppose ?
- Contre Raimon, oui.
- Raimon... Souffla Kageyama.
Ainsi, ils ressemblaient à deux vieux amis. Ce n'était pas le cas, mais Fudou voulait tout de même parler un peu avec lui. Il était encore celui qui lui avait enseigné la danse et le football. La salle ne comprenait plus qu'eux à présent.
- J'imagine que tu n'es pas là pour me parler du bon vieux temps. C'est à propos de Kidou-kun ?
- Comment vous avez- ?! Commença Fudou.
- Fudou-kun, retiens une chose. La Teikoku Gakuen, aussi renommée soit elle, attirera toujours des problèmes. Il peut y avoir toute la joie du monde, une part de ténèbres survit encore. Et elle me suivra toujours. Raconte-moi.
C'est aussi pour ça qu'il ne pouvait pas le haïr totalement. Il restait le père "attentionné" qu'il n'avait pas eu. Jusqu'à "l'incident", il le considérait comme son père. Alors, il prit une grande inspiration et commença.
Au fur et à mesure qu'il racontait, une dizaine de souvenirs lui revenaient. Que ce soit avec Kidou, ou Kageyama. Il s'arrêta alors.
- Hiroto Kira... Je vois. C'est tout ?
- Non, je... J'ai juste besoin de me calmer.
- Ta carapace n'était pas assez solide, on dirait, souligna Kageyama.
- Depuis que Yuuto est parti, je n'ai plus goût à rien. C'est à cause de Hiroto s'il est parti, et si mon père est revenu. Il ne cherche qu'à me voir souffrir.
- Fudou-kun. Je te croyais plus fort que ça.
Le brun redressa la tête. Il fixa Kageyama, qui avait posé son menton sur ses mains entremêlées.
- N'est-ce pas toi qui as piégé ton père, avec mon aide ? Qui m'a piégé moi-même ? Voilà qui est Akio Fudou. Un homme qui se relève. Tu n'es plus ce petit garçon qui a perdu sa mère. Relève-toi. Bats-toi. N'aies pas peur de ne pas y arriver mais plutôt d'abandonner. Ton équipe est avec toi. Elle a confiance en toi. Abandonner n'est pas une option. Tu vas le faire.
Fudou se leva d'un coup. Kageyama lui sourit.
Va, Akio Fudou. Bats-toi. Bats-le. S'il y a quelqu'un qui en est capable, c'est bien toi.
- Fudou ?
Il se stoppa, devant la porte.
- Dis à l'équipe que je suis désolé. Je vous félicite d'être arrivés jusqu'ici. Je vous souhaite bonne chance pour la suite.
- Kageyama... Non. Merci, Kageyama-san.
Fudou sortit, essuyant les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Il remercia le policier et s'en alla. Un peu plus et il aurait pleuré devant eux. Un sourire aux lèvres, il se frotta les yeux. Le grand Akio Fudou se devait de faire son retour.
* * *
Fudou entra dans le train. Il alla s'asseoir, les écouteurs dans les oreilles. Il devait rester fort. Il avala le bout de sandwich qu'il était en train de manger. Être fort était une chose, avoir faim, une autre. Et il ne pouvait pas se rebeller face à son estomac.
Il changea de musique, écoutant Everything Black se déverser dans ses oreilles. Il était tenté de chanter, mais les autres usagers n'aimeraient pas. Un vibremment le fit baisser les yeux vers son téléphone.
« Shinobu est sortie de l'examen ! Elle a dit qu'elle avait tout explosé ! »
Le brun esquissa un sourire, avant de s'empresser de répondre :
« Tkt pas, elle est pas aussi pétée que Henmi, elle était sûre de tout réussir
Go parier sur sa mention mdr. »
« Mention "oh putain elle a tout dégommé" avec 805 pts / 800 »
« Tellement
Rdv ce soir chez moi pour fêter ça »
« Demain soir plutôt
Je fête avec elle ce soir »
« Ok
Oublie pas de prendre de la vodka sinon tu rentres pas »
« 😏👍 »
Fudou rangea le téléphone une fois sa conversation avec Sakiyama terminée. Pourquoi ? Pourquoi Takanashi avait-elle pris ce métier en particulier ? Elle avait une bonne éloquence, pour sûr, mais d'autres choix lui étaient à portée.
Je veux aider les gens comme toi !
Des gens comme lui. Il avait vécu tout ça, il était à même de les défendre en sachant de quoi il parlait. Le train s'arrêta, le sortant de ses pensées. Il resserra sa main sur son sac, avant de descendre. L'atmosphère était redevenue pesante, mais elle dégageait aussi un je-ne-sais-quoi qui le rendait heureux.
Fudou s'arrête.
Il déglutit.
Il se tourne lentement.
Il fixe la main qui lui retient le poignet.
Il relève la tête.
Une larme coule sur sa joue, s'envole avec ses cheveux bruns.
Il fixe l'homme devant lui.
Yuuto Kidou.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top