Chapitre 26
Il ne la lâchait pas. Fudou se tenait toujours à Takanashi, le visage caché dans son cou. La jeune femme lui caressait le dos, pour le rassurer, sachant très bien qu'il mettrait longtemps pour se calmer. Ils étaient là depuis trois heures. Takanashi avait décidé de sécher sa journée entière pour rester avec son ami d'enfance. Il répétait d'ordinaire sans cesse qu'il n'avait pas besoin d'aide. Elle ne renchérissait jamais et lui faisait confiance. Mais maintenant qu'il était à nu, elle ne pouvait plus l'ignorer.
- Shi' ?
Takanashi releva la tête vers Sakiyama. Le garçon baissa son masque.
- Va en cours. Sinon tu vas foirer ton concours.
- Je m'en fous. Akio a besoin de moi.
- Shi', je m'en occupe. Tu me fais confiance ?
Elle hésita quelques secondes, avant de frotter sa tête contre la joue du brun.
- Akio... Je te laisse avec Shuuji, je reviendrai après mes cours.
- Non... Me laisse pas... Shinobu... Pas toi aussi...
- Je ne te laisse pas... Je peux pas...
Sakiyama lâcha un soupir en voyant sa petite-amie serrer Fudou contre elle. Il détourna le regard, sentant un pincement au cœur. Il vint s'accroupir près d'eux.
- Fudou, le concours de Shinobu est dans deux mois et demi, faut pas qu'elle tombe maintenant. Je sais que c'est égoïste de ma part, mais laisse-la y aller. Je reste avec toi, et elle revient dans une heure, pour le repas.
Le brun releva lentement la tête. Il plongea son regard noyé de larmes dans celui de Sakiyama. Il lâcha doucement la rose et s'essuya les yeux. Le vert vint lui caresser les cheveux.
- Ça va aller. On est là pour toi. Ne l'oublie jamais.
Fudou hocha la tête. Ses amis le soutiendraient aussi longtemps et aussi bien que lui envers eux. Alors il esquissa un sourire, remerciant son ami. Il se leva, annonçant qu'il allait rentrer chez lui. Il ajouta qu'il pourrait rentrer seul.
Sakiyama n'insista pas. Takanashi décida de lui faire confiance. Ils se quittèrent au portail de l'université, puis, Fudou se mit à déambuler dans la ville. Il n'avait envie de rien. De personne. Sauf une seule.
Yuuto Kidou.
Il se stoppa, caressant ses doigts doucement. Il avait caché sa bague de fiançailles dans sa chambre, ne voulant pas la briser. Elle était trop importante à ses yeux.
- Pourquoi tu m'ignores ? Tu fuis le décor que...
Fudou releva la tête. Il connaissait cette chanson. Et cette voix.
- J'invente partout, j'invente pour nous...
Hiroto venait d'apparaître derrière lui. Fudou se frotta les yeux. Le grisé retira l'un de ses écouteurs. Il sourit, faisant claquer sa bulle, ses mains dans les poches.
- Salut, Akio.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
- Je suis venu te parler d'un truc important.
- Mettons-nous d'accord, réglons nos efforts... Murmura le brun.
- Dois-je comprendre que tu veux régler tes comptes avec moi ?
- T'as tout compris.
Hiroto esquissa un sourire. Il dit à Fudou de commencer.
- Que dois-je faire pour que tu supprimes mon père ?
- Je ne ferai rien. J'ai eu tout ce que je voulais. Tu vis un enfer, c'est tout ce que je souhaitais.
- Laisse-moi au moins voir Yuuto, s'il te plaît... Fais en sorte que mon père me laisse le-
- Non. Parce que Kidou est parti.
Fudou se figea à ces mots. Kidou, parti ? Quand ? Comment ?
- Il est parti il y a deux jours. Parce que je lui ai fait croire que si il s'en allait, je m'occuperais de ton père. Mais quel abruti fini !
Hiroto se mit à rire à nouveau. Il se stoppa brusquement lorsqu'un claquement retentit. Fudou secoua son poignet. Sa paume était rouge. Tout comme la joue de Hiroto.
- Espèce d'enfoiré !
Le grisé fixa les larmes du brun, qui coulaient à flots. Et, comme si la flamme en lui s'était rallumée, Fudou se mit à courir. Au diable la douleur de ses jambes. De son bassin. De sa poitrine. Kidou ne pouvait pas être parti. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait tout simplement pas !
Ne me laisse pas, Yuuto...
Fudou poussa la porte d'entrée de l'immeuble. Il grimpa les escaliers en direction du troisième étage, où se trouvait l'appartement de Kidou. Il toqua plusieurs fois. Kidou allait lui ouvrir. Avec un sourire. Le serrer contre lui. L'embrasser. Lui dire « je t'aime ».
Mais la porte s'ouvrit quand Fudou s'appuya sur la poignée. Elle grinça. Le brun entra. Vide. C'était vide. Il s'avança encore, sentant ses jambes vaciller. Il entra dans la chambre de son amant. Il pouvait sentir des traces de son odeur. Mais il n'y avait plus personne.
Alors il ressortit et passa au salon. Il déglutit en voyant le mur blanc en face de lui. Vide et immaculé. Ou presque. Fudou s'approcha et effleura l'inscription sur le mur, qui lui brisa le cœur :
« Le feu de mon amour pour toi m'a brûlé trop violemment, mais je sais qu'il restera pour toujours en moi. »
Alors, Fudou hurla. De douleur. De tristesse. De colère. Son cœur avait cessé de battre. Ses yeux coulaient sans qu'il puisse les arrêter. Ses hurlements lui brisaient la gorge, mais il n'en avait que faire. Il battrait Hiroto avec ses poings. Il lui suffisait de faire comme avant.
Subir. Ne rien dire. Se laisser faire. Ne pas rendre les coups.
Les rendre au centuple.
* * *
Kidou n'avait été qu'une pause dans sa vie de merde.
Il n'avait pas l'impression qu'il ait vraiment existé.
Il avait le même quotidien qu'avant, mais en pire.
Lever à cinq heures. Tâches ménagères.
Déjeuner à six heures. Une tasse de café pour lui, un repas de "luxe" pour en père, qu'il préparait.
Départ à sept heures, après avoir été frappé en essayant de se rebeller, pour rentrer à la fin de ses cours et pas plus tôt.
De huit heures jusqu'à neuf heures, il préférait ne pas aller en cours, se calmer dans son coin avec l'un de ses amis, le plus souvent avec Sakiyama.
Et puis il oubliait tout à neuf heures. Plus de père. Plus de Kidou. Plus d'amis. É-tu-des.
Vers midi, il retrouvait un petit sourire.
Et puis jusqu'à dix-sept heures, il bossait. Il ne savait pas ce qu'il voulait être. Il devait prendre exemple sur ses amis et trouver un objectif, lui aussi. Il parlait souvent avec l'équipe de leurs rêves.
Sakuma voulait prendre en charge le collège de la Teikoku Gakuen. Genda était plus tenté par le métier de vétérinaire, tandis que Narukami s'était trouvé une passion pour la musique, et s'était mis en tête d'être DJ. Henmi n'avait pas vraiment de projet, il répétait qu'il suivrait les autres. Gojou ne savait pas quel métier en particulier, mais il voulait travailler dans les finances.
Tant qu'il ne devient pas l'un des hommes chargés des impôts... Pensait le groupe à chaque fois.
Jimon, après ses études, avait déjà décidé d'entrer dans la police. Il plaisantait toujours sur ce sujet en disant qu'il arrêterait tout le monde, même ses amis. Doumen avait beaucoup moins de chance à cause de sa taille, alors il disait "attendre que toute l'équipe trouve son chemin pour se faire embaucher par l'un d'eux".
Chacun avait son propre objectif, à atteindre sous peu ou plus tard. Et puis il y avait eu Takanashi et Sakiyama.
- Moi, je veux devenir Avocate.
- Premier ministre m'irait très bien, rit Sakiyama. Après tout, en sortant de la Teikoku Gakuen, qui est classée après Tôdai et la Outei Tsukinomiya, je pense que j'ai les chances.
- Pourquoi ces métiers là ? Demanda Fudou.
- Parce que je veux défendre les gens comme toi.
- Et qu'il faut un travail à la hauteur de l'homme parfait que je suiiiiiiaiaiae ! Shinobu !
Fudou lâcha un petit rire en voyant Sakiyama se frotter la joue, pincée par Takanashi. Le vert se reprit :
- Si dans quelques années tu es encore dans cette situation, on fera tout pour t'aider. Pas vrai, les gars ?
Ils acquiescèrent tous. Fudou sourit alors. Il pourrait encore supporter cette situation, avec ses amis. Il en était certain. Mais cette pensée s'évaporait dès qu'il arrivait devant chez lui. Une peur immense le saisissait. Il ne pouvait pas se rendre à Sun Garden. Parce que Hiroto y était. Même si il ne l'avait pas vu depuis une semaine, il avait trop peur. Il ne ferait plus de vagues. Il se laisserait faire.
Un mois passa. Puis deux. Et enfin, décembre pointa le bout de son nez. La neige, le froid. Le concours de Takanashi. Et Kageyama qui avait été arrêté, voulant recommencer son œuvre ailleurs. Fudou décida d'aller le voir, le huit décembre. Kageyama fut transféré à la prison de la ville voisine, dans la préfecture de Tokyo. Il ne fallut qu'au brun une seule heure de train pour s'y rendre.
Évidemment, personne ne l'accompagna, car la seule personne à qui il l'avait dit – Shinobu – passait son concours. Et il refusait de la déstabiliser. Alors il s'y rendit, seul, un vendredi matin. Vêtu de l'uniforme du lycée pour duper son père, et une écharpe grise que Doumen lui avait offerte.
Il grimpa dans le train, qui s'éloigna lentement, en même temps que ses problèmes. Mais l'un comme l'autre, ils finiraient par revenir.
* * * * *
LattaqueDesYaoistes7 a mis à jour El Fuego del amor — Chapitre 26
La scène où Akio frappe Hiroto, juste, imaginez-la.
AAAAAAH ça fait du bien !
On fait un petit saut dans le temps, parce que tenir encore deux chapitres avec Akio en mode "kill me please", Ça ira. Je vais arrêter de le faire souffrir autant, j'ai quelqu'un d'autre en tête :)
Au chapitre suivant, on aura deux revenants ! Débattez pour trouver qui c'est !! (Vous saurez mercredi si vous ne trouvez pas !)
#Historia
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