Chapitre 2
Kidou attendait devant l'université, son téléphone à la main. Il choisissait une musique, en attendant ses amis de toujours.
« Yuuto ! » Lâcha une voix qu'il connaissait bien.
Il se tourna vers un de ses amis d'enfance, Shuuya Gouenji. A ses côtés, il y avait Hiroto Kiyama, un garçon qu'il avait connu en primaire et son petit ami, Ryuuji Midorikawa, puis, aux côtés de Gouenji, le brun au bandeau rencontré plus tôt.
« Tiens, je connais cette tête, dit Kidou en voyant Endou.
— Oh, c'était toi ?
— Vous vous connaissez ? S'étonna Gouenji, regardant Endou et Kidou tour à tour.
— Il m'a vu entre deux cours de danse, dit Kidou, rangeant son téléphone dans sa poche, les écouteurs dans ses oreilles. Tu nous présentes mieux ?
— Mamoru, je te présente Yuuto, c'est un ami d'enfance. Yuuto, voici Mamoru, mon copain. C'est encore récent, mais je voulais que tu le saches. Voilà. »
Kidou esquissa un sourire. Enfin, Gouenji avait trouvé quelqu'un. Kiyama et Midorikawa, eux, s'observaient discrètement en attendant de pouvoir suivre les autres.
« On y va ? Demanda alors Midorikawa, quittant son amant des yeux.
— J'attends Ryuugo et les Fubuki. On va faire du patinage, se justifia Kidou.
— Tiens, nous aussi, Shirou nous a invités ! Fit Hiroto, amusé.
Les trois intéressés ne tardèrent pas à arriver, Shirou aux côtés de Someoka, tout comme Atsuya, de l'autre côté, qui semblait faire la moue. Someoka, quant à lui, semblait désespéré.
« Vous êtes déjà sortis ? Demanda Shirou en voyant le groupe d'étudiants. Vous avez été rapides !
— Tiens, c'est qui lui ? Je l'ai jamais vu ! Lâcha Atsuya, un sourire aux lèvres.
— C'est mon petit-ami, dit Gouenji, un peu rouge. Il est en première année.
Kidou, Shirou et Someoka étaient tous les trois en seconde année de master, tout comme Atsuya, Midorikawa et Kiyama, mais pas dans la même filière. Gouenji, lui, était en première année de doctorat, pour devenir médecin. C'était le plus grand des trois, qui avait sauté une classe, en primaire. Mais Someoka et Kidou, ses deux amis d'enfance, l'avaient toujours traîté comme égal.
« Je savais pas que tu préférais les hommes plus jeunes, Gouenji, ricana Atsuya, visiblement amusé.
— L'âge n'a rien à voir, Atsuya. Je suis amoureux de lui, et c'est tout ce qui compte.
— Je suis bien d'accord, approuva Midorikawa.
C'est au bout de dix minutes que le petit groupe décida de se rendre chez les Fubuki, après un débat plutôt animé sur "l'âge a-t-il de l'importance dans un couple ?". Originaires de Hokkaido, les deux frères avaient décidé de venir à Raimon pour leurs études, et avaient acheté une vieille maison avec un petit stade de football, transformé en piste de patinage artistique l'hiver. Ils étaient début avril, ils pouvaient bien se permettre de faire l'impasse sur le football. Avec Someoka et les autres, ils avaient passé la plupart de leurs vacances à retaper la maison et faire en sorte que la patinoire soit couverte.
« Whaoh ! C'est gigantesque ! Lâcha Endou lorsque le groupe arriva dans le stade couvert des Fubuki.
— Tu as déjà patiné, Endou-kun ? Demanda doucement Shirou, ouvrant un petit placard où étaient rangés les patins, de différentes couleurs et tailles.
— Non, pas vraiment, dit le brun en rigolant doucement.
— Ne t'en fais pas, il y a un début à tout.
— Espérons que tu ne te casses rien. » ricana Atsuya.
Le blanc tendit des patins marrons au plus jeune d'entre eux. Chacun avait sa paire. Pour Gouenji, des rouges avec les lacets oranges, pour Someoka, des bleus avec les lacets roses, Atsuya avait des patins oranges ainsi que des lacets blancs, à contrario son frère, qui avait les chaussures grises et les lacets blancs.
Kiyama, lui, n'arrivait pas bien à patiner, si bien qu'il décida, pour cette fois, d'observer Midorikawa et de le conseiller. Shirou tendit la paire bleue aux lacets rouges à Kidou, qui les enfila. Toujours en tenue de danse, il s'élança le premier. Après tout, il dansait, sur la couche de glace. Le patinage est une forme de danse, disait-il.
« Ouaaaah ! Aaaaah !! »
Kidou ne prêta pas attention à Endou qui glissa, et continua de patiner à sa manière. Il ferma les yeux et fit un tour sur lui-même, sautant légèrement. Il retomba sur ses patins, écartant les bras. Il dansait, seul, au milieu de la glace. Toute la piste semblait être à lui. Il n'y avait plus que la danse et lui.
« Yuuto ! Yuuto ! »
Le garçon aux lunettes ouvrit les yeux. Il était allongé, par terre, sur la glace, qui le faisait frissonner. Il cligna des yeux plusieurs fois, encore un peu sonné.
« Ça va aller ? S'enquiéra Someoka. Tu as glissé, un peu après ton saut. »
Il s'en souvenait. C'était une bonne chose. Parfois, ça lui arrivait, lorsqu'il était trop pris par la danse.
« Tu peux te lever, Kidou ? » Demanda Midorikawa en tendant sa main.
Kidou prit la main du vert et se redressa. Atsuya arriva près d'eux, un sourire aux lèvres.
« Hey, Kidou ! Tu fais un mini-concours contre moi ?
— Non merci.
— Roh, allez ! Je te présenterai deux potes, répondit l'orangé.
— Ça ne m'intéresse pas.
— Je vois. Donc le grand Yuuto Kidou a peur de perdre contre le tueur d'ours ?
— Je n'ai pas peur, je ne suis juste pas intéressé. Je sais que tu veux juste essayer de me battre, mais tu n'y arriveras pas.
— On parie ?
— Si tu veux. »
Il ne tilta que quelques secondes plus tard. Atsuya avait réussi à le convaincre. Shirou avait raison, il n'avait pas assez dormi, cette nuit. Tant pis ; il montrerait à Atsuya qu'il ne gagnerait pas comme ça. Le concours se basait sur le patinage artistique, la spécialité d'Atsuya, avec le football. Le jury, composé de Someoka, Shirou et Gouenji, devait dire lequel avait été le plus impressionnant, autant dans les figures que dans les gestes. Kiyama et Midorikawa, eux, se contentaient juste de regarder, se tenant la main discrètement. Endou, lui, comme c'était un débutant, les autres l'avaient jugé "inapte à donner une critique". Il regardait donc, aux côtes de Gouenji.
C'est Atsuya qui s'élança le premier. Un sourire mesquin aux lèvres, il enchaînait les mouvements, si bien qu'il finit vite par s'épuiser. Il reçut un huit de Someoka, un neuf de Shirou - toujours autant émerveillé par son frère - et un huit de Gouenji.
Puis, ce fut au tour de Kidou. Il replaça ses lunettes, et se mit à glisser sur la piste. Il faisait quelques figures de patinage, mais surtout, il captivait ses amis, parce qu'il dansait la valse, seul, entre chaque figure. Tournant, écartant ses bras, mettant ses chevilles à rude épreuve. Ses doigts semblaient tenir des fils au bout, et son visage montrait sa concentration, mais aussi le plaisir qu'il prenait à danser.
Il renversa la tête, ce qui permit à ses camarades de voir des gouttes de sueur perler sur son front. Mais il ne s'arrêta pas. Il voulait danser. Encore. Toujours. Pour toujours. Mourir jeune, et danser pour l'éternité au paradis. Il se moquait un peu de ses études. Son père adoptif était tout de même fier de lui. Il se moquait de l'amour. Il n'était jamais tombé amoureux et cela ne lui manquait pas. Il se moquait de l'argent. Il en avait eu trop enfant, dans sa famille d'accueil. Seuls ses amis et la danse comptaient. Ses amis qui le soutenaient.
Et la danse. Sa seule façon de tout oublier autour de lui. Comme s'il était seul dans l'univers. Dansant avec le vide, l'espace et le silence, pour toujours. Dansant avec Elle pour toujours. Il finit par s'arrêter, à bout, sentant ses jambes trembler. Il reprit son souffle, fixant ses camarades. Tous étaient soufflés, y compris Atsuya.
« Kidou ! C'était incroyable ! Cria alors Endou des gradins, des étoiles dans les yeux.
— Ah oui ? » Demanda l'intéressé, ironiquement.
Il savait qu'il les avait épatés. Il le voyait sur leurs visages. Il était sans doute le meilleur en danse à Inazuma. Il était le meilleur dans toutes les danses. À quoi auraient servi ses efforts sinon ?
Onii-chan...
Il secoua la tête, et sortit de la plaque de glace, sans un mot.
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