- Shinobu ?

La jeune fille releva la tête vers le garçon, qui s'approcha d'elle. Ils étaient dans les vestiaires. Ils étaient les derniers à se préparer pour aller à la douche.

- Shuuji...

- Tu es sûre que ça va ?

- Oui, ne t'en fais pas.

- Sûre ? Je te connais, à force.

- Je m'inquiète pour Akio. Son état était beaucoup trop inquiétant. Et Kidou-san qui nous a dit qu'il avait disparu...

- Oui. C'est étrange.

Sakiyama retira son pantalon, avant de se retourner. Il noua une serviette autour de sa taille avant de retirer son sous-vêtement. Il attendit. Il avait l'habitude, Takanashi ayant le très mauvais réflexe de se changer avec ses camarades. Mais bon, comme un tiers d'entre eux étaient gays, alors...

- Shuuji ?

- Mh ?

- On va aux douches communes ?

- Heh ?

Sakiyama se retourna, découvrant la rosée les cheveux détachés et une serviette autour de son corps. Un peu plus et il faisait un malaise.

- J'ai envie de prendre une douche avec toi, tu veux bien ?

- Oui, murmura Sakiyama, en pleine admiration.

La jeune fille souria et prit la main de son amant, qui revint sur terre. Ils se dirigèrent aux douches communes. Ils gardèrent tout de même une petite distance pour se doucher, puis, Takanashi entra dans le bain, suivi par son petit-ami.

Un sentiment de malaise planait entre eux. Mais ils finirent par se rapprocher et s'embrasser doucement.

- Je t'ai déjà dit que tu étais magnifique ?

- Pas assez de fois à mon goût, ironisa Takanashi.

Ils échangèrent un baiser, collant leurs corps l'un à l'autre dans l'eau. La rosée recula, par réflexe.

- Est-ce que ça va aller ? S'enquiéra Sakiyama.

- Oui... c'est juste que...

- Je ne te forcerai à rien. Je sais très bien que ça t'a traumatisée.

- Shuuji.

- Mh ?

- Tu es mon petit-ami depuis bientôt quatre ans. C'est "ça" qui a fait en sorte qu'on soie ensemble. Et puis ose me dire que tu n'as jamais eu envie.

- Je...

- Henmi te l'a déjà reproché, je crois. Arrête de parler et agis.

Légèrement rouge, Sakiyama vint embrasser la jeune fille. Ici. Maintenant. Ils étaient seuls au monde et rien n'aurait pu les séparer.

***

- Fudou !

Le garçon grommela. Il se redressa, voyant Sakuma devant lui.

- Le cours est fini depuis cinq minutes.

Akio regarda autour d'eux. Il n'avait plus que Sakuma et lui. Puis, Genda ouvrit la porte et s'approcha, le regard un peu perdu.

- Encore un ?

Sakuma hocha la tête, lâchant un soupir. Akio savait tout sur ses camarades, de Gojou à Shinobu, en passant par Sakuma.

Et il savait que Sakuma était amoureux de Genda. Et inversement. Alors il imaginait la douleur du bleuté. Une douleur qu'ils partagaient depuis ce jour maudit.

- Koujirou me l'a dit hier soir. C'était la semaine dernière.

- Dois-je en conclure que vous vous êtes rapprochés ?

Sakuma ne répondit pas, rouge de gêne.

- ça va aller, Genda ? Demanda Akio.

- C'est rare de te voir si prévenant, Fudou... Jirou m'a tout raconté... toi aussi, alors...

- Nous ne sommes pas les seuls. Il ne manque que deux personnes dans notre équipe, et tu es l'un deux.

- Qui est le deuxième ? Tenta Genda.

Akio n'osa pas répondre. Il lâcha un soupir. S'apprêtant à répondre, il ouvrit la bouche, mais la porte s'ouvrit à la volée, sur Henmi :

- Fudou ! On a un gros problème !!

Akio se leva. Il déglutit, avant de lâcher :

- Genda est de notre côté, est-ce que...

- Oui ! Répondit Henmi, reprenant son souffle.

- Merde ! Jura Akio. Henmi, Genda, vous vous occupez de Sakiyama. Sakima, tu vas chercher les autres, réunion ici dans quinze minutes !

Le rasé n'attendit pas leur réponse, et courut hors de la classe. Il grimpa les escaliers qui menaient au toit. Il devait l'arrêter. Il poussa violemment les portes.

Le vent fit voleter sa mèche. Il se figea en voyant Takanashi de l'autre côté de la rembarde. Il courut vers elle et l'attrapa par la taille.

- Akio !

- Fais pas ça, Shinobu, je t'en supplie ! Je sais ce que c'est ! On sait tous ce que c'est ! Moi aussi, j'ai voulu mourir tant de fois, depuis des années !

- Pourquoi... ?

- Si je mourrais, qui vengerait ma mère ? Qui vous vengerait vous ?!

La jeune fille, en larmes, tenait les poignets du brun, les mains tremblantes.

- Si tu meurs, je m'en voudrai toute ma vie. Si tu meurs, je dirai quoi à tes parents ? Je dirai quoi aux autres ? Je dirai quoi à Sakiyama ?!

Le garçon serra les dents, sentant des larmes de rage perler sur ses joues. Takanashi se tourna vers lui, le serrant fortement. Akio l'aida à revenir de son côté.

- Toi alors, souffla Takanashi. Je sais pas ce que je ferais sans toi.

- Shinobu, on se fout dessus dès que possible depuis la maternelle, voire même depuis la crèche. Tu comptes énormément pour moi. Jamais je retrouverai une amie comme toi. On est tous dans le même bateau. Alors venge-toi, avec nous.

- Jure-moi qu'il payera.

- T'as ma parole. Mais tu as une contrepartie à payer.

- Une contrepartie ?

- Bouge-toi de rejoindre Sakiyama. Il est fou de rage de t'avoir "laissée" à Kageyama. Va le voir immédiatement et dis-lui que vos sentiments sont réciproques.

Les joues rouges, la jeune fille lâcha un : "Abruti de stalker", avant de partir en courant. Akio entendit la porte claquer. Les onze avaient été violés. Comme lui. Il se mit dos à la rembarde, avant de lever la tête. D'abord lui, puis Sakuma. Et c'était en voyant Sakuma pleurer que tout avait commencé.

Il tira sur une de ses manches, observant le bandage à son bras gauche. Il le retira doucement, contemplant les onze blessures encore légèment saignantes. Il sortit son cutter de sa poche.

Ce cutter qui l'avait accompagné durant dix ans. Il se coupait chaque nuit, à minuit. Si il était réticent à sept ou huit ans, à présent, c'était devenu un rituel. Pire qu'une drogue. Il sortit la lame, la posant sur son bras, repassant sur ses coupures.

Sakuma.

Henmi.

Narukami.

Sakiyama.

Gojou.

Oono.

Doumen.

Banjou.

Jimon.

Genda.

Shinobu.

Un nouveau trait ornait son bras. Le dernier, le plus rouge, étaient trois mots.

Vie de merde.

Il se coupa encore. Encore. Encore.

Vie de merde.

Vie de merde.

Vie de merde !

Akio se stoppa, observant les différents filets de sang qui coulaient. Il essuya une grande partie de son sang avec un mouchoir, puis, enroula son bras dans un bandage neuf, qui ne tarda pas à se teinter de rouge.

Il se vengerait. Il vengerait ses amis. Il vengerait sa mère. Il mettrait Kageyama à genoux. Il mettrait son père à genoux.

Deviens fort.

Il était assez fort pour se défendre et aider ses amis. Il était resté dans son coin, à attendre, préparer sa vengeance. Mais à présent, il voulait lancer son plan. D'abord, son père. Puis, Kageyama.

Il remit sa veste avant de sortir du toit, jetant un dernier regard à la flaque de sang au sol.

***

Sakiyama reprit son souffle. Il observa Takanashi, haletante. Ils échangèrent un baiser, souriants tous les deux.

Ils sortirent du bain, avant d'aller se sécher. Ils entendirent alors un cri. Takanashi reconnut la voix. Sakiyama aussi. Et ce cri était bien singulier.

C'était un cri de douleur. Sakiyama, torse nu, courut vers la provenance du cri. Il poussa la porte d'un autre vestiaire. Ce qu'il vit le fit déglutir. Il posa une main sur sa bouche, sentant un frisson le parcourir.

- Fudou...

- Sakiyama... ne raconte à personne. Même pas à Shinobu. Compris ?

- Mais... Fudou...

- Compris ?!

Fudou le fusilla du regard. Sakiyama hocha fortement la tête, fermant la porte à clé, se retrouvant seul à seul avec Fudou.

- Moi qui croyais que vous étiez tous partis... soupira Fudou.

Sakiyama avait des dizaines de questions à poser, mais aucune ne passa ses lèvres.

- Ah, et, bien entendu, interdiction formelle d'en parler à Kidou...

Le vert hocha la tête doucement, tremblant.

- Fudou...

- Va-t-en. Et rappelle-toi. Personne ne doit savoir.

- Mais Fudou ! Tu te rends compte de la gravité de ce truc ?! Tu as...

- Ta gueule, ordonna Fudou, se relevant.

Fudou enfila le pantalon d'uniforme de la Teikoku. Puis, sans une explication, il sortit. Sakiyama fixa le sol. Comment Fudou pouvait-il rester aussi calme ?

- Merde !

* * * * *

Mais c'est que Watty devient casse-burnes ! Le deuxième chapitre non posté !
Bon, à votre avis, qu'est-ce que Sakiyama a vu ?

#Historia