ELLA XIV

Dès le lendemain, les tortures commencèrent.

L'homme vint seul. Je m'apprêtais à l'agonir d'injures, quand il me détacha. Je tombai comme une masse. Je me relevai doucement, grimaçant sous la douleur des muscles qui craquaient. Je lui jetai un regard interrogatif.
« Par qui êtes-vous envoyé ? »
Sa réponse ne vint jamais. Seul le coup vint.

Je sentis mon visage se déformer, mes os craquer. C'est alors qu'il demanda :
« Où est votre amie ? »
Rao employe les grands moyens, me dis-je.
« Je ne sais pas. »
Le deuxième coup vint.
« Je réitère ma question. »
« Et moi, je réitère ma réponse. »
Il sourit légèrement. Avant de sortir l'instrument le plus cauchemardesque que j'avais jamais vu.
Il s'agissait d'une sorte de grand tuyau noir hérissé de petits bouts de métal, ainsi que de minuscules bouts de verre, visibles grâce à la lumière qui les traversait. L'instrument se terminait par trois longues poignées. À quoi pouvaient-elles bien servir ; je ne tarderais pas à le découvrir. Je fus pris d'une incommensurable peur, à l'idée qu'on m'applique ceci sur mon corps et surtout qu'on en baisse les poignées. Si j'avais eu à ce moment les informations ce qu'il demandait, je les lui aurais livrées sans la moindre hésitation.
Il commença à approcher l'instrument de mon bras. Je tentai de mon prendre mes jambes à mon cou, mais mes muscles, restés immobiles trop longtemps, refusèrent de fonctionner. Ma frayeur s'accrut.

Il posa simplement l'objet sur mon bras.
« Je te présente le Rashuin. Cela veut dire souffrance dans la langue des Séros.
Les poignées sont nommées, dans notre langue, de gauche à droite, poignées du scellement, de la douleur et de l'éternité. Tu vas bien vite découvrir pourquoi... »
Je n'avais qu'une seule envie : qu'il éloigne cette horreur de moi.

Il abaissa la première poignée. Des piques surgirent des côtés de cette abomination et rentrèrent dans ma peau, agrippant mon bras et accrochant le tuyau.

La douleur afflua d'un coup. Je hurlai comme je n'avais jamais hurlé. Il abaissa la deuxième poignée. Des dizaines de piques sortirent du tuyau et rentrèrent simultanément dans mon bras. Je hurlai de plus belle. La souffrance occultait et surpassait tout.
L'homme sourit sadiquement.
« Je réitère ma question. Veux-tu que j'active la poignée de l'éternité ? »
La douleur était si forte que je ne pus répondre. Mais, en baissant les yeux, je m'aperçus que les piques étaient ressorties de l'autre côté de mon bras. Suivant mon regard, il expliqua.
« Les piques sont faites pour passer dans les interstices entre les os de l'avant-bras. »
Je vomis du sang.
« Où est Dahra ? »
Et il abaissa la troisième poignée.

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