Chapitre 18
Carline se gare devant la maison familiale. Elle ne sait pas encore comment annoncer la trahison de Kaleb, ni la fuite de trois de leurs enfants. Celle de Maria a déjà été dure à supporter. En quelques semaines, leur famille a explosé. Carline soupire en rentrant chez elle. Elle ne pourra pas se liguer contre Kaleb. De toute façon, comme lui a si bien fait remarquer Paul, leur famille est désavantagée. Maria ne les aidera pas. Mais c'est sûrement justifié. Ils l'ont laissée souffrir.
— On peut savoir où tu étais ? demande alors son mari.
Elle jette un coup d'œil à Abby et Rafaël, leurs derniers enfants à ne rien savoir de la situation. Rafaël se rangera du côté de Kaleb et même si Abby n'est pas d'accord, elle le suivra. Carline reporte son attention sur Jackson.
— Chez les Ravens.
La surprise se lit sur le visage des deux adolescents alors que Jackson la foudroie du regard.
— Et qu'est-ce que tu foutais là-bas ?!
— Je soignais une de leurs filles ! réplique Carline.
Elle voit son époux trembler de fureur. Il est prêt à se transformer. Rafaël et Abby se reculent de quelques pas alors que Carline ne bouge pas.
— Je ne comprends toujours pas, grogne Jackson en fixant sa femme.
— Kaleb me l'a demandé.
— Kaleb ? Qu'est-ce qu'il...
— La ferme ! s'énerve Carline. Antoine et Neave ont enlevé et torturé Thala Ravens. Et il s'avère que Kaleb l'aime.
Jackson est choqué. Ses tremblements cessent.
— Il l'aime ?
— Oui ! Il est amoureux d'elle. Et crois-moi, ça ne m'enchante pas plus que ça. Mais on ne pourra rien faire.
— Et pourquoi ? demande l'homme, en croisant les bras sur son torse.
— Peut-être parce que Neave, Antoine et Jenna ont déserté, et que Maria et Kaleb s'opposeront à nous.
— Et tu crois que je vais rester là, sans rien faire ?
— Et tu veux faire quoi ? ricane Carline. Attaquer les Ravens est du suicide. Et je refuse de mettre Rafaël et Abby en danger alors qu'on a déjà perdu presque tous nos enfants. Alors tu fais ce que tu veux Jackson, mais ne comptes pas sur moi pour te suivre.
Quinn et les autres rentrent alors que Kaleb descend les escaliers. Elle vient me serrer dans ses bras et j'entends Mia demander des nouvelles de Thala. J'embrasse Quinn puis elle se focalise sur ce que raconte la famille au sujet de Thala. Paul les rassure. Puis Logan, Cassiopée, Mia et Quinn nous parlent de leurs recherches.
— On ne les a pas retrouvés, expose Logan.
— On a suivi leur odeur mais on n'a pas réussi à les rattraper, enchaîne Cassiopée. Ils ont semé leur odeur partout et ça nous a perturbés.
— Ils ont sûrement dû se séparer, intervient Paul, concentré.
— C'est ce qu'on s'est dit aussi, dit Logan, alors on s'est séparé pour les trouver.
— Mais ça n'a rien donné, continue Mia.
Nous discutons encore de tout ça pendant quelque temps. Nous sommes tous soulagés que Thala soit en vie. Mais nous ne savons pas où sont Antoine, Neave et Jenna. Et je vois bien que ça inquiète Paul et Lumia. Je suppose que les trois Forget n'oseront pas nous attaquer parce que nous sommes beaucoup trop. Mais il faudra faire attention et ne jamais se retrouver seul. Les semaines qui vont suivre, seront difficiles. Nous allons devoir rester sur nos gardes. La tension ne s'apaisera pas. Heureusement, qu'il reste encore une semaine de vacances. Je ne sais pas si Thala sera assez rétablie pour la rentrée. Mais elle ne va pas supporter longtemps de rester couché. Cependant, maintenant que Kaleb peut être à ses côtés, ça ira mieux. Maria et Mia décident de repartir bien que Paul préférerait qu'elles restent. Sauf que Mia a un travail et n'a plus l'intention de prendre de congés. Kaleb se range du côté de Paul et essaie de les retenir, mais Maria réussit à le convaincre qu'elle a besoin de s'éloigner. Kaleb acquiesce malgré lui.
Quinn entre sans bruit dans la chambre de Thala. La jeune femme se réveille alors que Quinn s'assoit sur le lit. Cette dernière ne voit pas toutes les blessures de sa sœur, mais les imagine.
— Quinn, souffle Thala.
Son regard noir croise celui violet de Quinn. Celle-ci esquisse un fin sourire. Elle s'approche de Thala et la serre délicatement de ses bras. La brune est heureuse de voir sa sœur et profite de cette étreinte. Quinn la relâche doucement.
— Tu nous as fait peur.
— Ma spécialité, réplique doucement la brune.
Quinn laisse échapper un rire.
— Sérieusement, ne nous fais plus jamais ça.
Thala acquiesce.
— Comment tu te sens ?
— J'ai connu mieux, soupire Thala.
Elle remarque alors l'inquiétude dans les yeux de Quinn. Elle effleure le bras de la blonde.
— Ça ira, Quinn. Ne t'inquiète plus.
— Facile à dire, lâche la blonde en détournant les yeux.
Thala sait qu'elle va être surveillée ces prochaines semaines. Ça va très certainement beaucoup l'agacer même si elle sait que c'est pour son bien. Elle sait qu'elle va guérir. Et elle sait qu'elle ira bien. Car même si les prochaines nuits vont être difficiles pour elle, peuplées de cauchemars, elle ne se laissera pas abattre. Parce qu'elle est Thala Ravens. Parce qu'elle est forte. Parce qu'elle est une louve. Elle ira bien et jamais personne ne réussira à la briser.
— Comment réagit Papa à propos de Kaleb ? demande Thala en changeant de sujet.
Elle se pose vraiment des questions car il lui paraissait si calme ce matin alors qu'elle était certaine qu'il serait en colère.
— Au début mal. Il l'a même frappé.
— Quoi ? s'exclame la brune en se redressant un peu.
Elle grimace et Quinn la rallonge doucement.
— Mais rien de grave, ne t'inquiète pas. On s'est aussitôt interposé. Puis on a donné quelques explications à Papa. Il n'était pas très content, mais maman a pris votre défense.
Thala est surprise et Quinn le voit.
— Étonnée ? rit la blonde. Maman a décrété que Kaleb nous aiderait quoique Papa en pense.
Thala et sa mère ne se sont jamais très bien entendues. C'est donc surprenant que se soit elle qui prenne sa défense.
— Tu devrais lui parler, dit soudainement Quinn. Elle allait mal cette semaine Thala. Et le fait de ne pas pouvoir nous aider, n'a pas arrangé les choses.
La brune détourne le regard, ne voulant plus en parler. Sa soeur soupire, sachant que le sujet est clos avant de remarquer les deux bijoux.
— Ce sont les cadeaux de Kaleb ?
Thala reporte son attention sur Quinn.
— La bague et le collier ? Oui, sourit-elle en passant ses doigts sur sa bague.
— Il a bon goût.
Thala acquiesce en riant.
J'attends que Quinn redescende pour lui dire que je m'en vais. Je ne veux pas la déranger, car je sais que les deux sœurs ont besoin de se parler. Quinn a besoin d'être rassurée et je suis sûre que ça fera du bien à Thala de parler avec elle. J'attends donc qu'elle redescende. Je suis en train d'enfiler ma veste quand elle descend enfin. Les autres membres de la famille vaquent à leurs occupations. Tout le monde essaie de reprendre des activités normales après cette semaine.
— Tu t'en vas ? me demande-t-elle, surprise.
J'acquiesce lentement.
— Tu peux rester.
— Je dois récupérer des choses chez moi et je pense que tes parents veulent un peu au calme ce soir.
Elle fronce les sourcils.
— Tu dois récupérer quoi ?
— Surprise.
Je lui souris en attrapant mon sac puis je la vois enfiler ses chaussures.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je viens avec toi, m'explique-t-elle.
Je pose ma main sur son bras.
— Reste avec ta famille.
Elle secoue la tête.
— Je ne te laisserai pas partir seule.
Elle attrape une veste et indique à sa famille qu'on s'en va. J'ouvre la porte et nous sortons de la maison. Une fois chez moi, elle entre à ma suite.
— Tu n'es pas obligée de rester.
Elle me sourit, une lueur dans de désir dans le regard. Nous enlevons nos chaussures et elle se rapproche de moi.
— Je sais mais ça fait longtemps qu'on n'a pas passé un moment rien que toutes les deux, me murmure-t-elle.
Je souris et lui enlève sa veste avant de faire de même avec la mienne. Ses lèvres trouvent rapidement les miennes avant de dévier dans mon cou. Je passe mes mains sous son haut, caressant sa douce peau. Elle décolle ses lèvres de ma peau et j'arrive à lui retirer son haut. Je repose mes lèvres sur les siennes et l'entraîne dans le salon.
Le soleil se lève à peine, mais Kaleb est déjà debout. Il se tient devant la baie vitrée, une tasse de café à la main. Il n'a pas beaucoup dormi cette nuit. Thala a fait beaucoup de cauchemars. Elle arrive à ne pas craquer devant sa famille. Cependant la nuit, avec lui, elle n'arrive plus à rester forte. Kaleb essaie de la rassurer. Il ne supporte pas de la voir comme ça. Il sait que ça passera un jour, mais pour l'instant, c'est trop tôt. Alors, il doit supporter la souffrance de Thala. Il voudrait se venger, mais pour l'instant, même si la colère le ravage, Thala a besoin de lui. Alors, il reste à ses côtés.
Après un énième cauchemar de la jeune femme, il n'a pas pu se rendormir. Les autres semblaient encore dormir, alors Kaleb était descendu et avait fait du café. Ça fait déjà une semaine qu'il a envahi la maison, même s'il n'est pas encore accepté par les membres de la famille de Thala. De toute façon, il n'a plus d'autre endroit où vivre. Son père le tuera sûrement s'il rentre chez lui.
— Ma fille dort ?
Kaleb sursaute au son de la voix de Paul. Celui-ci se poste à ses côtés. Kaleb acquiesce lentement, mais reste silencieux. Il est légèrement tendu. Pour quelle raison Paul vient-il lui parler ? D'habitude, le père de famille se contente de l'ignorer et Kaleb ne fait rien pour arranger les choses. Pourtant, maintenant que Thala est de nouveau avec eux, ils vont devoir faire des efforts. Paul veut peut-être lui parler d'elle justement. Kaleb est anxieux de se retrouver face à son beau-père.
— Même si j'aime tous mes enfants de la même façon, j'ai tendance à m'inquiéter plus pour Thala. Elle me ressemble tellement. Elle semble si forte... Pourtant je sais qu'elle a besoin d'être entouré. Elle a besoin de toi. Ça me prendra quelque temps pour t'accepter, mais je ne pourrai pas t'interdire d'être avec ma fille. Je ne veux plus jamais la revoir comme lors de votre séparation. Alors, prend soin d'elle.
Les yeux noirs de Paul fixent ceux translucides de Kaleb.
— Toujours, murmure celui-ci, avant de détourner les yeux pour fixer la forêt.
— De toute façon, je vais être obligé de te supporter parce que je suppose que tu ne peux pas rentrer chez toi.
Kaleb hausse les épaules.
— A moins de vouloir me faire tuer, marmonne-t-il sans pouvoir sans empêcher.
Il est surpris d'entendre Paul rire. Son regard se pose de nouveau sur son beau-père.
— Ta mère a dû calmer ton père. Carline obtient toujours ce qu'elle veut.
Kaleb acquiesce, complètement d'accord. Sa mère ne se laisse pas marcher dessus et encore moins par son mari. Elle sait s'imposer. Et parfois, on pourrait croire que c'est elle l'alpha plutôt que son père.
— Et de toute façon, Thala a besoin de toi. Je ne peux donc pas te mettre dehors.
— Merci, soupire Kaleb, de soulagement.
— Je fais ça pour ma fille, pas pour toi.
— Je sais.
Ils entendent alors des pas dans l'escalier. Lumia se fige en les voyant. Elle les observe attentivement, avant qu'un fin sourire se dessine sur son visage. Elle les rejoint.
— Vous discutez et tu ne le frappes pas, sourit-elle, moqueuse, en regardant son époux. Tu fais des progrès !
Kaleb ne sait pas comment il a fait pour que sa belle-mère soit aussi aimable avec lui. Thala lui a raconté comment elle était avec Einin. Et Kaleb s'attendait à ce que ce soit pire. Mais Lumia est même plus polie que Paul. Thala devrait réellement parler avec sa mère. Une jeune femme descend alors les escaliers. Olivia les salue rapidement et sans qu'ils aient bougé, elle disparaît dans la cuisine. Elle en ressort aussitôt et son regard vert les fixe tous les trois.
— Ça fait combien de temps que vous êtes levés ?
— Pas plus de cinq minutes, répond sa mère.
— Environ une quinzaine de minute, dit son père.
Olivia pose son regard sur la tasse que tient Kaleb.
— Et toi ? réplique-t-elle, visiblement de mauvaise humeur.
— Peut-être trente minutes, lui répond-il en haussant les épaules.
— Et t'as pas préparé de petit-déj ? Alors monsieur se fait de café, mais il pense pas aux autres ?!
Kaleb écarquille les yeux alors qu'Olivia râle en retournant dans la cuisine. Paul et Lumia rient doucement en l'entraînant dans la cuisine.
Je me réveille doucement et m'étire comme un chat. Quinn dort encore et je la laisse dormir. Je prends une douche rapide avant de décider de réveiller ma petite amie. Elle ronchonne quand j'ouvre les volets. Elle reprend la couette et enfonce sa tête dans l'oreiller. Je ris et remonte sur le lit. J'embrasse sa joue.
— Laisse-moi dormir, râle-t-elle.
— Il est plus de dix heures !
Elle tourne la tête vers moi et ouvre les yeux. Elle s'assoit dans le lit. Je plante un baiser sur ses lèvres.
— Debout mon cœur !
Elle grogne et je la laisse se lever. Je descends les escaliers et rejoins la cuisine. Je suis en train de manger quand elle me rejoint, après avoir pris une douche. Une heure plus tard, nous sommes prêtes pour rejoindre sa famille.
— J'ai quelque chose à prendre.
— Ah oui, la surprise ?
Je lui souris et vais chercher mon dessin encadré.
— C'est pour qui ? me demande-t-elle.
— Thala.
— Et c'est quoi ?
— Tu verras bien.
Je mets le cadre à l'arrière de la voiture et nous pouvons alors partir. Tout le monde est déjà levé quand nous arrivons, sauf Thala qui est obligée de rester allongée. Je demande à Quinn de prendre le cadre.
— Mais c'est ton cadeau ! s'indigne-t-elle.
Mais je ne réponds pas et entre dans la maison. Je salue tout le monde avant de demander à Kaleb de me suivre. Il me regarde, surpris. Quinn dit rapidement bonjour à sa famille avant que je les conduise dans la chambre de Thala. Je toque avant d'entrer doucement. Thala est assise dans son lit, lisant un livre. Elle pourra peut-être se lever demain si sa blessure à la cuisse a bien cicatrisé. Elle pose son livre en nous entendant.
— J'ai quelque chose pour toi.
Elle me fixe, étonnée. Je prends le cadeau et vais m'asseoir sur le lit.
— C'est pour ton anniversaire, lui expliqué-je.
— Qui est passé depuis quelques semaines, me fait-elle remarquer.
— Je n'aurais pas pu te le donner avant.
Sa main gauche s'approche du papier qu'elle entreprend de déchirer. Je l'aide et sa main se fige quand elle commence à reconnaître ce qui est dessiné.
— Tu as vraiment fait ça ?
Je lui souris en retour et hoche la tête. Kaleb et Quinn se rapprochent. Kaleb s'assoit à côté de Thala. Il observe le dessin à moitié déballer et me fixe.
— C'est nous ? me demande-t-il.
J'acquiesce et Thala finit d'enlever le papier cadeau. Elle passe ses doigts sur le cadre en verre.
— C'est magnifique, me sourit-elle.
Elle se tourne vers Kaleb.
— C'est tellement ressemblant, dit celui-ci.
— Heureusement, m'exclamé-je.
Je croise le regard violet de Quinn, qui me tend la main. Je me relève et passe le cadre à Kaleb.
— Je vais demander à Papa ou Logan de l'accrocher, intervient Quinn.
Thala acquiesce, ne détachant plus son regard du dessin. Quinn m'entraîne hors de la chambre. Sa main m'arrête en plein milieu de couloir. Je me tourne vers elle et elle m'attire contre elle.
— Tu te rends compte de ce que représente ce cadeau pour Thala ?
— Oui. Je voulais quelque chose de marquant. Au début, j'avais pensé à un portrait de Kaleb puis Olivia m'a donné cette photo. Et c'était parfait, car elle représente ce qu'ils sont.
— C'est toi qui es parfaite, me dit-elle avant de m'embrasser.
Carline sonne et Paul vient lui ouvrir. Elle espère que c'est la dernière fois qu'elle vient. Les blessures se Thala devraient commencer à guérir. Il n'y a que l'épaule de la jeune femme qui mettra plus de temps à guérir. Paul la laisse entrer.
— J'aimerais vous parler, à Lumia et toi.
Paul fronce les sourcils, mais ne dit rien. Il l'entraîne à l'étage, la conduisant dans le bureau de sa femme. Lumia est assise à son bureau, le nez plongé dans un dossier. Elle relève la tête.
— Carline.
— Lumia.
— Tu veux ?
Carline soupire et s'assoit dans le canapé du bureau.
— Étant donné la situation, je suppose que la paix s'impose, déclare-t-elle froidement.
Paul et Lumia acquiescent.
— De toute façon, je ne te crois pas assez irresponsable pour continuer la guerre, lui fait remarquer Paul.
— Heureusement...
— Et Jackson ? demande Lumia.
Carline hausse des épaules.
— Il s'y fera. Et à moins qu'il retrouve Neave, Antoine et Jenna, il n'aura personne de son côté, répond la blonde.
— Et les concernant ?
Le regard bleu de Carline fixe Paul.
— Vous faites ce que vous voulez. On ne s'en mêlera pas.
Puis elle quitte la pièce. Elle se dirige vers la chambre de Thala et entre lentement. Elle discute avec une autre jeune femme qui n'est pas de la famille. Une amie sûrement. Une louve aussi. Les deux brunes se tournent vers elle.
— Vous venez m'annoncer une bonne nouvelle ? demande Thala.
— Ça dépend de l'état de tes blessures.
Thala se tourne vers Mia.
— On reprendra notre conversation tout à l'heure, sourit Mia.
Thala acquiesce. Carline commence à examiner Thala, mais Mia se tourne vers elle.
— Je ne sais pas si vous vous souciez de votre fille. Je ne pense pas, mais si c'est le cas, alors sachez que je prends soin d'elle.
Carline analyse les paroles de cette jeune femme qu'elle ne connaît, puis se tourne vers Thala.
— Maria habite chez elle ?
La brune acquiesce.
— Mais sachez que je ne vous donnerai ni son adresse, ni son numéro de portable car Maria ne veut pas vous parlez, réplique Thala.
Carline ne dit mot et continue de l'ausculter. Elle refait les bandages et vérifie l'état de l'épaule qui est encore fragile. Carline se relève après avoir fini.
— Tu peux marcher. Par contre, ton épaule doit être encore immobilisée et je ne sais pas pour combien de temps. Je reviendrai sûrement dans une semaine pour contrôler.
Thala acquiesce et esquisse un sourire. Elle va enfin pouvoir se lever.
Thala peut de nouveau se lever, mais elle ne peut toujours ni se transformer ni continuer nos cours de remise en forme. C'est donc Mia qui me propose de le faire. Malheureusement Quinn se trouve à côté de nous quand elle le fait. Quinn se tourne vers moi.
— De quoi elle parle ?
Et merde... Mia fronce les sourcils en me regardant.
— Elle n'est pas au courant ?
Je secoue la tête de gauche à droite.
— T'es dans la merde, me dit-elle avant de quitter précipitamment la chambre de Quinn.
— Einin ?
— J'ai demandé à Thala de me donner des cours.
Quinn se lève de son lit, l'air contrarié.
— Quel genre de cours ?
— Heu... de remise à niveau...
— Einin ! Des cours de quoi ?!
Son regard violet me fixe.
— Tu pourrais te calmer ? répliqué-je en me levant à mon tour.
Elle grogne en réponse et elle commence à m'énerver.
— J'ai demandé à Thala de me donner des cours pour m'aider à retrouver mes facultés de combats. T'es contente ?!
— Quoi ?!
Son regard me lance des éclairs.
— Tu as très bien entendu !
— Et mon avis dans tout ça ?
— Tu n'aurais pas été d'accord !
— Bien sûr que non !
— Et pourquoi ? lui demandé-je en croisant les bras.
— Tu pourrais te blesser, me répond-elle comme si c'était une évidence.
— Je sais me battre Quinn ! J'ai été un ange ! Et crois-moi, nous nous battons mieux que vous !
Elle reste silencieuse. Je sais qu'elle n'est toujours pas calmée et moi non plus en fait.
— Mais que tu sois d'accord ou non, je m'en moque. Je continuerai ces cours.
Je prends quelques affaires et vais me changer. Quand je reviens dans la chambre, elle n'est plus là. Je vais chercher Mia et elle ne dit rien quand elle voit mon visage contrarié.
— On y va ?
Elle acquiesce et m'entraîne dans le jardin.
Nous sommes déjà samedi et je n'ai toujours pas reparlé à Quinn. Enfin, c'est plutôt elle qui ne me parle plus. Elle m'en veut toujours d'avoir fait ça dans son dos. Mais je ne m'excuserai pas. Je fais encore ce que je veux et de toute façon, même si je lui avais dit, nous nous serions disputées, car elle n'aurait jamais voulu que Thala et Mia me donnent ces cours.
Cependant, je passe quand même mes journées chez les Ravens, car je ne dois pas être seule pendant la journée. Thala va mieux depuis qu'elle peut quitter son lit. Certes, ces cernes en disent long sur son sommeil, mais la journée, elle profite. Elle garde son caractère, mais je pense que son enlèvement l'a quand même changé. Elle s'énerve beaucoup moins rapidement qu'avant et elle sourit aussi plus. Je suppose que la présence de Kaleb la change aussi. Maria et Mia sont reparties. Kaleb a eu moins de mal que la première fois. Maria va mieux et il s'inquiète de moins en moins.
Je jette alors un coup d'œil à la table basse. Il y a ma place pour le concert de piano. Une place qui est pour ce soir. Je ne sais pas si je vais y aller. J'aime le piano, mais pourrai-je y aller seule ? Oui... Ce concert est un de mes cadeaux de noël et bien que je n'aie pas le moral, je vais y aller. C'est Quinn qui a la deuxième place et je ne suis pas sûre qu'elle y aille. Après tout, le piano, ce n'est pas trop son truc, même si je sais qu'elle adore m'écouter jouer.
Après avoir passé une jolie robe et m'être coiffée, je suis prête pour y aller. Après une heure de route, je suis arrivée. La salle de concert se situe dans un grand bâtiment où se trouvent aussi des écoles de danse et de théâtre. Je descends de ma voiture et monte les marches. Je suis la foule, certains sont apparemment des habitués. Certains se connaissent aussi. À l'entrée de la salle, des personnes ont été engagées pour contrôler nos places et nous placer dans l'immense salle, richement décorée. De nombreux orchestres et artistes ont dû défiler sur cette scène. Je m'installe à ma place et attends le début. J'observe un peu les personnes autour de moi, quand je sens une présence familière à mes côtés. Je sais que c'est Quinn. Je garde mon regard rivé sur la scène. Sa main se pose alors sur ma cuisse. Et j'ose enfin la regarder. Je la détaille du regard. Elle est belle. Elle a dû passer entre les mains expertes d'Olivia. J'esquisse un sourire en voyant sa coiffure.
— Olivia ?
Elle acquiesce en souriant. Je sais que je ne lui en veux plus. Je ne suis pas très rancunière et puis, comment lui en vouloir alors qu'elle veut me protéger ? Certes, ça m'énerve qu'elle me pense trop vulnérable pour réapprendre à me battre, mais puis-je lui en vouloir de s'inquiéter ? Je sais que ce qui est arrivé à Thala l'a marquée. Et elle ne veut pas que ça m'arrive. Alors, non, je ne lui en veux plus. Je pose ma main sur la sienne et serre ses doigts.
— Einin...
— Pas maintenant.
Elle comprend et reste silencieuse. Alors que le pianiste entre sur la scène, je dépose un baiser sur sa joue puis je reporte mon attention sur la musique.
Après des minutes d'applaudissement, l'artiste se retire. Le concert est fini. C'était magnifique. Je regarde Quinn et lui souffle un merci. Elle me sourit et se lève en me tendant sa main. Je la prends et me lève ensuite. Elle m'entraîne dehors. Certains nous regardent bizarrement, d'autres avec dégoût. Mais je ne m'en préoccupe pas. Nous sortons à l'air frais. Quinn m'emmène à ma voiture.
— Tu es venue comment ? lui demandé-je.
— Mon père, me répond-elle en montant du côté passager.
Je m'installe à mon tour et me tourne vers elle.
— Chez moi ?
— Chez toi.
Nous arrivons une heure plus tard. Nous entrons dans la maison. J'enlève mes chaussures et mon manteau. Elle fait de même. Puis, je vais dans la cuisine. Je me sers quelque chose à boire et elle refuse que je la serve. Je bois mon verre d'une traite alors qu'elle s'installe sur un tabouret. Je reste debout et la fixe. Elle m'a manqué et j'ai envie de lui dire, mais nous devons discuter avant.
— Comment tu vas ? commence-t-elle.
J'hausse les épaules. J'ai dû mal à vivre sans elle. Beaucoup diraient que ma dépendance est malsaine. Mais elle est comme ma drogue et je sais que sans elle, je ne pourrais pas vivre. Ça peut aussi paraître niais, mais c'est la stricte vérité.
— Pareil.
— Je ne m'excuserai pas.
— Moi non plus.
Nous nous fixons quelques instants.
— Je ne t'en veux plus, me confie-t-elle. Mais j'ai eu l'impression que tu ne me faisais pas confiance.
Je la vois essayer de garder son calme et je soupire.
— Ce n'est pas une question de confiance. J'ai confiance en toi Quinn, mais je ne voulais pas te le dire parce que je savais comment tu allais réagir. Et je ne voulais pas que nous nous disputions.
Elle acquiesce lentement.
— Mais s'il te plait, la prochaine fois que tu fais un truc que ne me plaît pas, dis le moi quand même, ajoute-t-elle.
Je contourne l'îlot central de ma cuisine et m'approche d'elle.
— D'accord.
Elle sourit et m'embrasse enfin.
Demain, c'est la reprise des cours. Tout le monde est prêt même si aucun des enfants n'a envie de retourner au lycée. Thala y retourne aussi. Elle ne voulait pas rester seule à la maison. Lumia, Paul et Kaleb ont voulu s'y opposer, mais après avoir parlé avec Carline, ils ont dû céder. Thala ne peut toujours pas se servir de son bras gauche, mais elle va de mieux en mieux. Elle se remet doucement. Comme l'a souligné Carline, Thala est forte.
Lumia frappe à la porte de sa fille puis se glisse lentement dans la chambre. Thala prépare ses affaires pour aller au lycée. Lumia a longtemps hésité à venir. Ça fait déjà plusieurs jours qu'elle a envie de parler à sa fille. Mais elle n'avait pas encore osé car elle a peur. Lumia ne sait pas comment Thala va la recevoir. Thala lève la tête et croise le regard bleuté de sa mère. Elle fronce les sourcils. Que veut sa mère ? Elle la regarde quelques secondes avant de continuer ce qu'elle faisait. Elle attrape sa trousse et la met dans son sac. Lumia observe sa fille qui se désintéresse rapidement d'elle. Alors, elle s'assoit sur le lit et scrute quelques secondes le dos de Thala avant de se lancer.
— Vas-tu réellement bien ? demande-t-elle, calmement.
Thala ne se tourne même pas vers elle, continuant de fouiller dans ses cours.
— Oui, finit-elle par répondre.
— Thala...
Lumia aimerait que sa fille soit honnête.
— Quoi "Thala" ? marmonne la brune.
Lumia soupire, agacée par le comportement de sa fille. Elle ne comprend pas pourquoi celle-ci semble si hostile.
— Arrête de soupirer, lui lance Thala.
— Alors arrête d'être si désagréable. J'ai l'impression de te déranger.
— Mais tu me déranges, réplique la brune en fermant brusquement son sac de cours.
— Thala ! S'exclame Lumia, vexée.
Elle essaie de faire des efforts. Elle s'est réellement inquiétée pour sa fille. Mais la jeune femme ne semble pas prête pour ce rapprochement. Ça attriste et irrite Lumia. La brune se tourne alors vers sa mère et croise son regard glacial. Sa mère s'attendait à quoi ? À ce que son enlèvement règle leurs problèmes ? Sa mère serait-elle si naïve ? La porte s'ouvre soudain sur Nathan. Les deux femmes se tournent vers lui. Le jeune homme les regarde chacune leur tour. Auraient-elles parlé ? Il en doute fortement, connaissant sa sœur.
— Désolé si je dérange mais on doit y aller, informe-t-il sa sœur.
— Tu ne nous déranges pas, réplique celle-ci en regardant leur mère.
Lumia soupire une énième fois. Sa fille ne veut pas lui parler. Elle se lève donc et sort rapidement de la chambre en souhaitant une bonne journée à ses enfants.
— Enfin... souffle Thala.
Son frère lui lance un regard exaspéré.
— Un problème ? demande-t-elle.
— Vous avez parlé ?
— On a échangé quelques mots. Je ne pense pas qu'on puisse appeler ça une conversation.
— Tu ne pourrais pas faire un effort ?
— Non, déclare froidement Thala
Le jeune homme est visiblement agacé par le comportement puéril de sa sœur.
— Elle s'est réellement inquiétée pour toi.
Thala hausse les épaules, indifférente, et sort de sa chambre pour rejoindre les autres.
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Voilà pour le chapitre 18. J'espère qu'il vous a plu. En le relisant, je dois dire que ce n'est pas mon chapitre préféré. Je pense que la dispute entre Quinn et Einin mériterait une bonne réécriture ^^
Petite confidence : c'est bientôt la fin de cette histoire.
Merci pour tous les votes et les ajouts aux listes de lecture. Ça me fait vachement plaisir de savoir que vous appréciez cette histoire !
A+
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