Thala n'est pas rentrée de la nuit. C'était à prévoir. Paul s'est inquiété. Il nous a questionnés et nous avons dû lui mentir. Je suppose qu'il s'en est rendu compte, mais n'a pas trop insisté. J'avoue m'être sentie un peu coupable de lui mentir, sachant que nous savons qu'il se fait vraiment du souci pour Thala. Cependant nous ne pouvons pas lui dire avec qui elle était. Et puis si elle n'est pas rentrée de la nuit, ça veut sûrement dire qu'elle s'est réconciliée avec Kaleb. Mentir à Paul était donc justifié. Quand il verra le sourire de Thala, il ne nous en voudra plus.

Cette dernière ne tarde d'ailleurs pas à pointer le bout de son nez. Nous sommes tranquillement en train de petit-déjeuner. Lumia travaille et Logan et Cassiopée sont sortis. La maison est donc calme si on omet la mauvaise humeur du père de famille qui ne nous adresse pas un mot. Je m'en veux un peu de l'inquiéter, mais ce n'est que passager. Et ma culpabilité s'envole quand Thala entre dans la cuisine, un fin sourire étirant ses lèvres.

Paul relève la tête et lance un regard noir à sa fille qui se fige.

— Mais tu étais où ?! Putain, mais tu aurais pu prévenir !

Le sourire de Thala se dissipe.

— Papa, je...

—Tais-toi Thala ! Ne refais plus jamais !

Il fixe encore quelques secondes Thala avant de se tourner vers nous. Ses yeux brillent de rage. En fait, je me sens encore coupable. Nous baissons tous les yeux.

— Et vous ! Je suis certain que vous saviez où elle était et vous nous l'avez caché !

— Papa ! s'exclame Thala. C'est moi qui leur ai demandé de rien te dire.

— Et bien il va falloir qu'ils apprennent que t'obéir n'est pas toujours la meilleure décision, déclare froidement Paul, la voix pleine de reproches.

Il quitte ensuite la cuisine dans un silence pesant. Thala met quelques secondes à réagir puis s'assoit avec nous.

— Il a ruiné ma bonne humeur, râle-t-elle.

— Il était inquiet, explique Olivia.

— J'avais pas remarqué.

Olivia soupire avant de sortir de la cuisine.

— Tu devrais quand même essayer de lui parler, lui conseille Nathan avant de suivre Olivia.

Thala ne répond rien et se contente de commencer à manger.

Thala est assez courageuse en temps normal. Mais aujourd'hui, le courage l'a désertée. Elle n'a pas réellement envie de parler à son père. Elle ne veut pas subir encore une fois sa colère alors qu'elle vient de se réconcilier avec Kaleb. La journée commençait si bien. Elle soupire et sort enfin de sa chambre. Elle n'est pas prête à affronter son père, mais elle ne peut pas l'ignorer. Elle sait très bien qu'il s'est inquiété pour elle. Et elle a détesté faire subir ça à son père. Mais malheureusement, il ne pourra pas avoir toutes les réponses qu'il veut. Plus le temps passe, plus elle a l'impression de s'éloigner de lui. Elle rejoint rapidement le salon où il est assis, regardant un match d'un sport quelconque. Sa mère cuisine avec Olivia et Nathan. Cassiopée est au travail et Logan révise dans sa chambre. C'est l'occasion parfaite pour lui parler.

Thala n'est pas du genre nerveuse et peureuse. Pourtant, ses mains tremblent alors qu'elle s'assoit à côté de son père. Celui-ci ne bouge pas et ignore totalement sa fille.

— Je suis désolée.

— Parce que tu crois que ça va suffire ?

Thala sait très bien que non. Mais elle ne sait pas quoi lui dire sans trahir son secret.

— Où étais-tu cette nuit ? demande Paul.

— Je ne peux pas te le dire.

Paul se tourne brusquement vers sa fille.

— Tu ne peux pas ou tu ne veux pas Thala ?!

— Je ne peux pas ! s'exclame cette dernière.

Son père la fixe pendant quelques secondes avant de reporter son attention sur la télé.

— Je te promets que je ne recommencerai pas.

Ne voulant pas entendre d'autres reproches, Thala se lève rapidement et fuit dans la cuisine.

La situation reste tendue entre Thala et son père. Cependant, il n'y a pas eu de nouveaux conflits entre les deux familles. Une trêve semble s'être installée pendant les vacances. Ça me rassure un peu même si je sais que cette trêve n'est que temporaire. Et je panique quand même en pensant à la rentrée. Nous essayons de nous détendre et de nous changer les idées, mais nous restons inquiets et attentifs. La moindre rencontre pourrait dégénérer...

En ce premier lundi de vacances, je sors avec Olivia. Celle-ci veut faire quelques achats de Noël et j'ai accepté de l'accompagner. De toute façon, je n'ai pas encore trouvé le cadeau de Quinn. Ces derniers temps, je n'avais pas trop la tête à ça. Cette journée shopping est donc le bon moment pour trouver quelque chose. J'ai envie de lui offrir quelque chose et Olivia est d'une précieuse aide. J'achète à Quinn un beau collier en argent représentant une paire d'ailes d'ange, pour qu'elle pense à moi.

Olivia est tellement passionnée par les fêtes de Noël ! Elle nous contamine tous. Depuis que je la connais, je dois avouer que je souris plus et que je suis moins pessimiste. Je vois la vie d'un meilleur angle qu'avant. Je crois que je le dois un peu à Olivia et son sourire éclatant.

Nous croisons Maria par hasard. Elle semble blessée et ne nous jette même pas un coup d'œil. Elle ne nous a sûrement pas vues. Cependant, nous, nous remarquons son état. Elle semble dépérir. Olivia et moi échangeons un regard. Nous devons aider la jeune femme avant qu'Antoine ne la tue.

Nous rentrons chez les Ravens. Je suis épuisée alors qu'Olivia trouve encore assez d'énergie s'exciter. Quinn m'enlace pendant qu'Olivia montre certains de nos achats à la famille.

— C'était long sans toi, se lamente Quinn.

Je ris doucement avant de l'embrasser.

— J'imagine... En tout cas, je ne ferai pas ça tous les jours. Elle m'a épuisée.

— Pourquoi crois-tu que nous n'allons plus faire les magasins avec elle ?! rit-elle.

Je ris avec elle avant de me rappeler de notre rencontre avec Maria.

— Maria ne va pas bien.

Son sourire se fane.

— Je n'ai pas d'idée, soupire-t-elle.

— Moi non plus. Il n'y a pas quelqu'un qui peut nous aider ? Quelqu'un d'extérieur aux deux familles ? lui demandé-je.

Jamais nous ne pourrons sauver Maria sans une aide. De toute façon, elle ne pourra pas rester en ville. Il faudra absolument qu'elle parte parce qu'Antoine la cherchera. J'attends une réponse de Quinn, mais elle semble dans ses pensées.

— Quinn ?

Elle reporte son attention sur moi, son regard violet croisant le mien.

— Je connais peut-être quelqu'un. Il faut qu'on parle à Thala.

Elle m'entraîne dans la chambre de sa sœur. Celle-ci est installée dans son lit, avec sa guitare. Elle s'interrompt quand nous entrons.

— Tu te souviens de Mia ? demande Quinn sans laisser le temps à sa sœur de dire quelque chose.

Je me demande qui est Mia. Une amie ? Une connaissance ?

— Oui. Pourquoi ?

Thala fronce les sourcils. Comme moi, elle ne doit pas savoir où veut en venir Quinn.

— Tu crois qu'elle pourrait nous aider pour Maria ?

Thala se fige quelques secondes, réfléchissant sûrement. Puis, un fin sourire apparaît sur ses lèvres. Un sourire qui me réconforte.

— Certainement. Il faut que j'en parle à Kaleb.

Quinn acquiesce et se tourne vers moi, souriante. Je lui demande alors qui est Mia et les deux sœurs m'expliquent que c'est une amie d'enfance.

Le lendemain, Thala réussit à se faufiler dehors malgré la surveillance de son père. Elle doit absolument parler à Kaleb. Quinn a eu une idée géniale et il faut que Kaleb soit au courant. Thala est soulagée. Maria ne risquera plus sa vie et Kaleb ne se sentira plus aussi coupable. Et malgré le conflit entre les deux familles, Thala se sent mieux. Kaleb l'attend à leur point de rendez-vous. Toujours le même. Il est assis dans l'herbe, dos à un arbre. Il relève la tête en l'entendant arriver. La jeune femme vient directement s'asseoir à côté de lui, se calant dans ses bras. Il l'embrasse doucement. Il lui a manqué. Elle est tellement heureuse de l'avoir retrouvé...

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu avais l'air pressé de me parler.

Kaleb semble soucieux et Thala esquisse un sourire rassurant. Elle entrelace leurs doigts puis fixe les yeux translucides de Kaleb.

— J'ai une solution pour Maria, lui annonce-t-elle.

— Quoi ?

— Je connais quelqu'un qui pourrait accepter d'accueillir Maria, lui explique Thala.

— Vraiment ? s'étonne le jeune homme.

Thala acquiesce.

— Elle s'appelle Mia et c'est une bonne amie à Quinn et moi. Elle habite à environ quatre heures d'ici.

— Tu es sûre qu'elle accepterait ?

Kaleb semble perplexe. Il ne veut pas espérer pour rien. Il en a marre des faux-espoirs.

— Absolument, affirme Thala. Il nous suffit de la contacter puis d'élaborer un plan pour emmener Maria.

Kaleb la scrute encore quelques secondes avant de la serrer contre lui tout en lui murmurant des "merci".

Aujourd'hui est mon premier Noël sur Terre. En fait, c'est mon premier Noël tout court car les anges ne le fêtent pas. Et je suis ravie de le fêter. Tout le monde semble si enjoué. J'oublie nos problèmes pour quelques heures. Nous cuisinons et nous décorons la maison sans nous soucier du monde extérieur. La situation reste compliquée entre Thala et son père, mais elle se calme doucement. Nous passons une excellente soirée et je m'habitue peu à peu à la famille Ravens, même si Cassiopée et Logan restent froids. Lumia semble plus apaisée que lors de notre rencontre et ça me soulage. Elle semble se faire à l'idée que Quinn et moi soyons ensemble.

Il est un peu plus de minuit quand nous nous regroupons dans le salon. Les échanges de cadeaux commencent. Je suis surprise qu'on m'en offre aussi. J'avais pensé que seule Quinn m'en offrirait un. Je suis réellement touchée et remarque que Quinn leur a parlé de ma nouvelle passion pour l'art. Je me sens bien, entourée des Ravens. Quinn me tend alors une enveloppe. Je suppose que c'est son cadeau. Je l'ouvre doucement et en sort deux invitations. Deux places pour un concert de musique classique. Cette femme est géniale ! Je lui souris avant de déposer un délicat baiser sur ses lèvres. Je suis encore un peu gênée des démonstrations en public alors que ça n'embarrasse pas Quinn. Ça semble si naturel pour elle. Cependant, je m'habitue de plus en plus. Et de toute façon, je ne peux pas m'empêcher de la toucher ou de l'embrasser. Sa famille ne se préoccupe pas de nous et continue de déballer les cadeaux. J'attrape un petit sac et le tends à Quinn.

— C'est quoi ? me demande-t-elle souriante.

— Ouvre et tu verras.

Je croise le regard d'Olivia qui me fait un clin d'œil tout en nous observant. Je sais que curieuse comme elle est, elle attend de voir la réaction de Quinn. Cette dernière plonge sa main dans le petit sac et en tire un écrin. Elle l'ouvre et fixe le collier qui se trouve devant elle. Je suis nerveuse. L'aime-t-elle ? Sa main effleure alors le pendentif, une petite paire d'ailes d'ange. Son regard violet croise le mien.

— Il est magnifique, me sourit-elle avant de s'approcher de moi pour m'embrasser.

Elle s'écarte doucement et me tend la boite.

— Tu me le mets ?

J'acquiesce et sort le collier que je passe autour de cou de Quinn.

Il est tard quand les Ravens vont se coucher et Thala ne peut s'empêcher d'être triste. Elle aurait aimé que Kaleb soit là... Elle s'apprête à se mettre au lit quand Olivia entre dans sa chambre. Elle tient un petit sac dans sa main. Thala est étonnée quand sa sœur lui tend.

— C'est de Kaleb, lui explique-t-elle en souriant avant de sortir de la chambre.

Elle est soulagée de voir qu'il a pensé à elle. Certes, il ne l'a jamais oubliée, mais elle avait eu peur qu'il ne lui offre rien. Elle s'assoit sur son lit. Le sac ressemble à celui qu'Einin a donné à Quinn. Le cœur de la jeune femme s'emballe. Elle attrape nerveusement une boite carrée dans le sac. Elle pose le sac et fixe l'écrin qu'elle tient. Thala sait que c'est un bijou. Elle ouvre fébrilement la boite. Son cœur loupe un battement quand elle découvre une délicate bague. Elle est parfaite. Simple et élégante. La brune aimerait tellement que Kaleb soit là. Pour le remercier. Pour l'embrasser. Elle prend délicatement la bague et la glisse à son annulaire gauche. L'or blanc ressort sur sa peau dorée. Et la pierre claire lui fait penser à la couleur des yeux de Kaleb. Cette bague est parfaite. Thala est attristée de devoir la remettre dans cette boite. Elle aimerait tant la porter. Malheureusement c'est impossible. Elle enlève la bague et la remet dans la boite. Elle ouvre alors un tiroir de sa commode et cache l'écrin en dessous de ses hauts.

Kaleb est anxieux. Il aurait tellement aimé pouvoir donner son cadeau à Thala lui-même. Il se demande comment elle a réagi en découvrant la bague qu'il a choisie. Il sait qu'elle ne pourra pas la porter. Pourtant, quand il avait vu cette bague, il avait tout de suite su qu'elle était faite pour Thala. Lui-même tient son cadeau entre les mains. Il sait qu'il ne pourra pas non plus le porter. Mais le pendentif est parfait. Les détails du petit loup sont remarquables. Il est tellement bien fait. Et Kaleb se sent mal quand il est obligé de le ranger au fond d'un tiroir.

Nous sommes samedi et je vais enfin rencontrer Mia. Thala a réussi à la joindre hier et la jeune femme a accepté de nous rencontrer aujourd'hui. Kaleb est parvenu à échapper à Antoine pour nous accompagner. Apparemment, il ne connaît pas non plus Mia. Je suis un peu nerveuse de rencontrer une nouvelle personne de l'entourage de Quinn. Surtout que Mia semble être une bonne amie. Quinn essaie de m'apaiser, mais je reste stressée.

— Mia est un peu comme Olivia. Peut-être un peu moins excitée, mais elle est toujours de bonne humeur. Tu verras, elle est sympa.

Nous avons convenu d'un rendez-vous à mis-chemin entre Roseville et la ville de Mia. Cette dernière habite à plus de quatre heures de Roseville. Antoine ne pensera jamais à aller si loin. Et de toute façon, d'après Quinn et Thala, Mia est capable de se protéger. D'après ce que j'ai compris, elle est aussi un loup-garou. Ça me rassure un peu parce qu'aucun humain n'est capable de lutter contre Antoine.

Thala gare la voiture devant un petit café. Nous sortons rapidement de la voiture et entrons dans le café. Quinn et Thala repèrent directement Mia alors que Kaleb et moi restons en retrait. Une grande brune se lève pour les accueillir. Un grand sourire plaqué sur le visage, elle enlace ses deux amies. Nous nous approchons doucement avec Kaleb. Les trois amies se séparent.

— Je suis tellement heureuse de vous revoir ! s'exclame Mia.

— Nous aussi, sourit Quinn.

Elles échangent quelques mots avant que le regard chocolat de Mia se pose sur Kaleb et moi.

— Vous ne me présentez pas ? demande Mia, curieuse.

Nous nous approchons. Quinn s'empare de ma main alors que Kaleb passe un bras autour de la taille de Thala.

— Voici Kaleb et Einin.

— J'avais hâte de vous rencontrer, nous confie Mia. Elles me parlent tellement de vous.

Quinn semble alors gênée et je ne peux m'empêcher de rire. Mia nous invite à nous asseoir. Un serveur vient rapidement à notre rencontre. Nous commandons tous un café.

— Alors, pourquoi m'avez-vous appelée ?

— Pourquoi aurions-nous une raison ? répond Quinn.

Aucun de nous ne trouve les mots pour exposer la raison de ce rendez-vous. Comment expliquer la situation à Mia ? Elle est si compliquée. Nous devrions commencer par le début. Mais je ne sais pas si Kaleb est prêt à tout exposer.

— Parce que Thala n'est jamais si hésitante au téléphone, rétorque Mia en souriant.

Thala murmure un « je ne suis jamais hésitante » alors que nous rions doucement. Cependant, Mia est curieuse et ne semble pas vouloir nous lâcher.

— J'attends.

J'entends le soupire de Kaleb et Thala prend alors la parole.

— On a besoin de toi pour sauver la sœur de Kaleb.

Le sourire de Mia s'efface et elle fronce les sourcils en regardant Kaleb.

— La sauver de quoi ?

— De mon frère.

— De ton frère ?!

Mia semble consternée. Le serveur nous apporte alors nos cafés. Mia boit une gorgée avant de fixer Kaleb.

— Pourquoi ?

Kaleb détourne les yeux. Je sais qu'il se sent coupable. Thala entrelace leurs doigts.

— Il lui fait du mal, répond alors Quinn à sa place.

Je me serre contre elle en tremblant. Je repense à Antoine, à mes rencontres avec lui et à sa menace. Menace qu'il mettra à exécution quand il découvrira la fuite de Maria. Mia observe nos réactions. Cependant, elle ne porte aucun jugement.

— Qu'est-ce que je peux faire ?

— Elle faut qu'on l'éloigne de ma famille, dit Kaleb froidement.

— Et tu es la seule qui pourrait nous aider, continue Thala.

Nous passons encore une heure avec Mia afin de mettre un plan au point. Antoine a des partiels la semaine après la reprise du lycée. Nous devons agir lors de ce laps de temps. Nous ne savons pas encore exactement notre plan. Il reste des points à éclaircir. Mia ne peut pas venir à Roseville. Il faut donc que quelqu'un amène Maria chez Mia. Ou alors qu'on se rencontre dans un endroit précis. Et je suppose que c'est moi qui vais devoir le faire. Quinn n'est pas forcément d'accord. Cependant, on ne peut pas prendre le risque d'éloigner un loup de la ville. Si les Forget décident d'attaquer à ce moment, il faut que tous les Ravens soient présents. Et de toute façon, j'ai une petite revanche à prendre sur Antoine. Certes, je ne peux pas le battre physique. Avant, j'aurais pu, mais plus maintenant. Donc, je dois aider Maria. Depuis que je suis arrivée sur Terre, j'ai envie de la protéger. Alors ce n'est pas Quinn qui va m'en empêcher.

De plus, nous ne savons pas quel jour nous ferons ça et quand dans la journée. Cela pourrait être après le lycée, dans la nuit ou le matin avant les cours. Kaleb doit nous communiquer les emplois du temps de toute la famille. Nous aviserons après. Nous avons encore trois semaines pour réfléchir. Et même si ça paraît peu pour monter un plan de ce genre, nous devons réussir.

Les jours défilent rapidement. Nous nous concentrons surtout sur Maria même si nous devons le cacher à tout le monde. Et cacher quelque chose à Olivia se révèle difficile. La rousse arrive toujours à tout savoir. Je ne sais pas comment elle fait et je trouve ça impressionnant. Quoique parfois, je trouve ça agaçant. Elle ne doit pas être au courant de ce qui se prépare. J'ai confiance en Olivia et je suis certaine qu'elle saurait garder le secret, mais plus des personnes sont au courant, plus le risque que l'on soit découvert augmente. Et nous ne pouvons pas échouer. Alors nous essayons de garder Olivia à distance même si je sais que ça la frustre.

Le jour de nouvel an arrive enfin et je passe ma journée et ma soirée avec Quinn. Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvées toutes les deux et j'apprécie cette soirée. Je suis comblée. Et nous profitons pleinement de cette nuit, car les prochaines semaines vont être dures à supporter.

Les vacances se terminent et les cours reprennent. La routine se réinstalle ainsi que l'agitation. La trêve est finie et la tension revient. Mes cours de dessin ne m'aident même pas à me détendre.

Les deux familles s'épient au lycée. Antoine s'est aussi montré deux fois lors de la première semaine de cours. La bagarre a été évitée de justesse, mais je sais que la nuit, les deux familles se déchirent. Et j'ai peur. La peur que je ressens depuis quelques semaines comble celle que je n'avais jamais ressentie. C'est peut-être prétentieux de dire ça, mais ce sentiment est étranger aux anges. Nous ne pouvons pas ressentir ça. La peur nous perdrait. Et je me sens encore plus faible et inutile alors que chaque matin, je panique en me demandant si Quinn va être au lycée aujourd'hui.

De plus, nous devons aussi nous concentrer sur Maria. Notre plan se concrétise. Tout est presque organisé. Nous allons attendre le jeudi matin parce qu'Antoine, Neave et Jenna ne seront pas là. Rafaël et Abby ne pourront pas s'apercevoir que je ne suis pas au lycée, puisqu'ils seront en sortie scolaire. C'est la journée parfaite. Plus elle approche, plus je me sens nerveuse. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer des scénarii catastrophes. Et si Antoine s'apercevait de quelque chose le mercredi soir ? Et si Mia ne pouvait plus accueillir Maria ?

Je pense aussi à Kaleb qui va devoir subir Antoine chez lui. Et en fait, je m'inquiète aussi pour lui. Comment Thala réagirait s'il lui arrivait quelque chose ? Je n'ose même pas imaginer.

Le mardi suivant, je suis à mon cours de dessin. Je n'arrive pas à me concentrer tant, je suis stressée. Après-demain, tout sera fini. Je sursaute en sentant mon portable vibrer. J'abandonne mon crayon quelques secondes et sors mon portable. J'ai un message de Quinn. Je fronce les sourcils. Que se passe-t-il ? Elle devait passer me chercher normalement. Je déverrouille mon portable et ouvre la conversation.

De Quinn :
Ne pourrais pas venir te chercher. On ne sera pas là demain. Problème avec les Forget. Je t'aime

Mes mains tremblent et je commence à paniquer. Une rencontre a sûrement dû dégénérer et ça m'inquiète. J'espère qu'elle n'est pas blessée, quoiqu'elle me l'aurait dit.

A Quinn :
J'espère que tout le monde va bien. Appelle-moi demain. Je t'aime aussi

Je repose fébrilement mon portable et reprends mon dessin là où je l'ai arrêté. Mais jusqu'à la fin du cours, je suis incapable de tracer la moindre ligne. Je suis obligée de rentrer à pied chez moi puisque c'est Quinn qui m'a déposée. Je resserre mon écharpe autour de mon cou et me hâte de rentrer. Je grignote un peu avant de monter me coucher.

Il fait noir et froid. Le vent me provoque des frissons. Mes poils se dressent. J'aurais aimé avoir une écharpe. Quelle idiote ! Je frissonne. Pourtant, je continue de m'enfoncer dans la forêt. Je n'ai pas réussi à m'endormir et j'étais incapable de jouer du piano tant, mes mains tremblaient. Alors une balade en forêt m'avait paru une bonne idée. Surtout qu'en début d'année, les balades calmaient souvent mes insomnies. Pourtant, c'est une idée que je regrette maintenant. Les deux familles qui doivent rôder. Je n'ai pas peur de tomber sur les Ravens, mais si jamais je croisais la route d'Antoine... Je frissonne à nouveau, de peur cette fois. Je ne suis pas de taille à lutter contre lui.

Alors, je fais demi-tour. Je trouverai bien de quoi m'occuper à la maison. Ça sera toujours mieux que de traîner en forêt, surtout que je ne vois presque rien. J'arrive quand même à me repérer.

La maison doit être à une cinquantaine de mètres quand j'entends un bruit suspect. Des branches craquent, comme si quelqu'un marchait dessus. J'essaie de ne pas céder à la panique. Je ferme quelques secondes les yeux avant de les rouvrir. Je fixe le chemin qui mène jusqu'à chez moi. Je suis déterminée à le suivre jusqu'au bout. Cependant, je fais à peine quelques mètres, que j'entends une nouvelle fois ce bruit. Malgré moi, je me fige. Je scrute lentement les alentours, jusqu'à tomber sur un regard. Mon souffle se coupe. Je connais ce regard. Le regard d'Antoine.

Je recule alors que le loup avance. J'essaie d'être forte, mais je tremble de peur. Antoine doit le remarquer. Je ne sais pas si je pourrais lui échapper. Je ne cours pas aussi vite que lui. De plus, il ne s'arrêtera pas à la maison. Je recule encore d'un pas quand j'entends un grognement derrière moi. Je me retourne brusquement et tombe sur le même regard qu'Antoine. Et même si je n'ai jamais vu Neave, le frère jumeau d'Antoine, je sais que c'est lui.

Je suis prise au piège entre les deux loups. Je vais mourir ici. Ils ne me laisseront pas m'en sortir vivante. Cependant, aucun des deux n'a le temps de bouger qu'un troisième loup surgit et je suis soulagée de croiser le regard de Quinn. Elle est là et je suis certaine que sa famille ne doit pas être loin. Antoine et Neave se tournent vers ma louve. Et tout se passe très vite. En quelques secondes, je suis projetée un peu plus loin. Ma vision est floue et ma cheville me fait mal. Je me relève difficilement. Je reporte mon attention sur les trois loups au moment où Neave réussit à mettre Quinn à terre.

— Quinn !!

Je fais un pas vers eux, mais m'écroule au sol. Ma cheville n'est pas capable de supporter mon poids. Ma louve essaie de se débattre. Cependant Neave la tient fermement. Antoine s'approche alors d'elle et je remarque la lueur dans ses yeux.

— QUINN ! NON ! crié-je alors que les dents d'Antoine se referment sur le cou de Quinn.

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Voilà pour le chapitre 14. Il se concentre surtout sur Maria avec un nouveau personnage, Mia. Et comment avez-vous trouver Paul au début et Thala ? Et puis Einin, qui a peur mais qui veut se battre. J'espère que vous avez apprécié la fin. 

A+