Chapitre 80 : Aide à Nemeth

Royaume de Camelot, cité, château, salle du trône, quelques semaines plus tard, matin

« Ils sont arrivés de nuit... à l'improviste... », fit la Princesse Mithian d'une voix tremblante.

La Princesse, arrivée blessée au milieu de la nuit avec sa servante « Hilda », était assise en face des deux trônes, sur lesquels siégeaient les Souverains, eux-mêmes entourés des chevaliers, de la cour et de Merlin.

« Nous avons été pris au dépourvu. Nous n'avons pas pu leur résister... »

« Cela s'est passé il y a trois jours vous dites ? », fit Arthur.

« En effet. Ces guerriers... n'ont montré aucune pitié. Ils nous ont fauchés comme- comme du foin. », pleura Mithian, sous le regard compatissant de Guenièvre.

Aurore fronça les sourcils de façon tout à fait imperceptible. Morgane était bien sotte si elle espérait les avoir avec elle dans les rangs des chevaliers de Camelot...

« Odin se moque totalement de ce qu'il inflige. », asséna Arthur, se rappelant cruellement de l'assassin d'Uther.

« Et votre père ? », s'inquiéta la Reine.

« Il a été gravement blessé. Mais nous avons réussis à nous échapper. »

« Et maintenant où est-il ? », interrogea le blond.

« Il est arrivé presque jusqu'à la frontière mais il n'a pas pu continuer plus loin... », répondit Mithian. « Les hommes d'Odin vont se lancer à notre recherche. Ils le trouveront tôt ou tard, ce n'est qu'une question de temps ! »

« Je vois. »

Mithian tourna la tête vers « Hilda », c'est-à-dire Morgane déguisée, assise à ses côtés. Celle-ci l'observa, amenant la princesse à rassembler son courage. Aurore détendit son visage et se força à rester impassible, car elle savait que montrer le moindre soupçon engendrerait une réaction désastreuse sur la Princesse, libre mais prisonnière de Morgane.

« Mon père est un homme âgé. Il est incapable de se débrouiller seul. Je n'ai personne vers qui me tourner à part vous, Arthur... Vous êtes mon unique espoir. »

Arthur hocha la tête, avant d'échanger un regard avec Guenièvre, puis Aurore, qui réfléchissait à comment empêcher le Roi de se précipiter dans un tel piège. Elle pouvait forcément faire quelque chose... le destin d'Albion menacé... un Roi et une Princesse prisonniers d'un Roi qui cherchait à se venger d'Arthur...

« Mithian je comprends ce que vous devez ressentir. Et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider. »

La Princesse fut surprise, alors qu'une larme coulait sur son visage.

« Je vous remercie votre Majesté. »

« Sire, laissez-moi m'en occuper. », demanda Aurore, faisant se retourner les Souverains vers elle. « Je suis l'Archon de la Liberté, je suis tout à fait en droit d'intervenir. »

Semblant comprendre que quelque chose n'allait pas, parce qu'elle parlait de Liberté alors qu'il n'était nullement question de libérer quelqu'un, Arthur écarquilla légèrement les yeux. Morgane, elle, jeta un regard assassin à la chevalière qui allait réduire à néant son plan.

« Toute seule ? », insista Mithian, effrayée des conséquences que cela pourrait avoir pour son père. « Peut-être vaut-il mieux- »

« Je vous assure, Mithian, que nul n'est aussi qualifié que Dame Aurore. », assura Arthur. « Pas même moi. Même sans sa magie, elle est extrêmement compétente. Ceci dit, Dame Aurore, je préférerai que vous n'y alliez pas seule. »

« Sire, je ne suis jamais seule. J'ai le vent, ma magie, et mes esprits, qui peuvent venir m'aider sans que je n'ai à les invoquer par moi-même.

« Malgré tout, je serai plus rassuré si vous emmeniez un autre chevalier, comme M- »

« Comme Perceval. », le coupa Guenièvre, qui avait paniqué en comprenant directement qui Arthur allait proposer. « Avec sa force brute, il vous sera complémentaire. »

Aurore haussa un sourcil dans sa direction, perplexe qu'elle coupe la parole à Arthur. Celui-ci, d'ailleurs, la regardait avec la même perplexité, de même que les chevaliers. En réalité, seul Merlin comprenait sa réaction.

« Comme vous voudrez, ma Reine. », accepta Aurore, faisant rosir légèrement Guenièvre. « Sire Perceval ? »

« Vous pouvez compter sur moi. », affirma Perceval.

« Bien. Sire Mordred ? »

L'interpellé tourna la tête vers elle, lui offrant son attention.

« En mon absence, vous serez responsable de la sécurité de la Reine Guenièvre. Je serai plus sereine en la sachant entre vos mains. »

Malgré tout ce qu'avait pu lui dire son frère, elle avait confiance en Mordred. Elle était certaine que même un mortel pouvait changer son destin. De toute façon, ce n'était pas en le traitant avec méfiance comme le faisait Merlin que le chevalier allait rester du côté d'Arthur, alors elle espérait que le fait qu'elle l'ait pris sous aile (certes, à la demande du Roi, mais elle en avait été plus qu'enchantée de pouvoir aider un nouveau chevalier comme Léon l'avait fait pour elle) lui permette de s'écarter de son destin.

« Je m'efforcerai de me montrer à la hauteur de cet honneur, et de votre confiance Dame Aurore. », répondit Mordred en s'inclinant légèrement, profondément touché et faisant sourire la déesse.

Merlin et Guenièvre échangèrent un regard plein d'appréhension, et il laissa le vent lui porter sa demande : demander audit vent de le prévenir au moindre problème avec Mordred. Mieux valait être prudent...

« Bien. Perceval, prenez le strict nécessaire, nous n'en aurons pas pour très longtemps. »

Le chevalier hocha la tête et Aurore laissa le vent siffler sa jument pour elle.

« Dame Aurore, prenez votre Gnosis, au cas où. », fit le Roi.

« Entendu. Pour faciliter le sauvetage, j'aurais besoin que l'une de vous vienne avec moi. », déclara Aurore en regarda « Hilda » et Mithian.

« La Princesse n'est pas en état pour un quelconque voyage. », intervint Gaius.

« Voilà qui règle la question, Hilda viendra avec moi. Ne vous inquiétez pas, vous serez en sécurité avec Sire Perceval et moi. », dit Aurore à la sorcière, sur un ton faussement rassurant.

« M-Mais Hilda- », balbutia Mithian, sous un regard assassin de Morgane.

« Sait parfaitement où se cache votre père. », rassura réellement la chevalière. « Vous vous êtes tous les trois enfuis ensemble, elle sait donc où il est. Crapahuter dans la forêt, ce n'est pas pour une Princesse, encore moins dans votre état. Vous serez en sécurité ici, et je sais que mon frère prendra bien soin de vous. »

Se retenant de grimacer sous la stupidité de sa phrase sur les Princesses, Aurore décocha un regard à son frère, qui avait bien trop confiance en elle pour ne pas embarquer dans son plan même sans savoir en quoi il consistait.

« Bien entendu. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. »

« Merci. », sourit faiblement Mithian, inquiète.

« Ne vous en faîtes pas, je sais très bien ce qu'il se passe, vous serez en sécurité au château, et Morgane ne peut rien contre moi. Nous sauverons votre père et personne ne mourra. Humectez vos lèvres si vous avez compris. »

Mithian s'humecta les lèvres, et Aurore sut qu'elle était réellement rassurée cette fois. Prenant soin de fermer les yeux au moment opportun, elle libéra le bracelet qu'elle portait de son pouvoir inflammatoire, bracelet qui la gardait sous le contrôle de Morgane car celle-ci pouvait l'activer à tout moment.

« Vous n'avez plus rien à craindre désormais. Dès que nous aurons quitté la citadelle, racontez la vérité au Roi. Je n'aurais aucun de mal à contrecarrer les plans de Morgane, mais mieux vaut éviter de ramener un Roi ennemi dans l'enceinte du château. Le Roi devra se déplacer pour décider du sort de l'ennemi. »

La Princesse s'humecta de nouveau les lèvres, sans qu'Aurore n'ait à se répéter, afin de lui faire comprendre qu'elle avait compris. La chevalière quitta ensuite, demandant tout de même au vent de garder un œil sur Morgane en attendant qu'ils partent.

Royaume de Nemeth, sépulture du Roi Lothar, quelques heures plus tard

« Pourquoi tu ne peux pas te mêler de tes affaires ?! », ragea Morgane, après avoir assommé Perceval à l'entrée, repris sa véritable apparence et être entrée avec la chevalière dans le mausolée.

« Pour une seule et unique raison, Morgane : si j'ai confiance en celle que j'ai rencontré dans le futur, je n'ai strictement aucune confiance en vous. », rétorqua Aurore.

D'un éclair d'aurore, elle assomma le Roi Odin, libéra le Roi Rodor de Nemeth et attacha l'inconscient avec les chaînes qui gardaient jusqu'alors prisonnier le père de Mithian.

« Faites votre choix Morgane : Arthur va arriver d'ici un peu moins d'une heure, et s'il m'ordonne de vous éliminer... eh bien, je ne saurai désobéir à mon Roi. », fit Aurore avec un sourire vicieux. « Encore moi en portant les armoiries de Camelot. »

« Pourquoi tu t'opposes à moi d'un coup ? »

« Morgane, vous êtes venue à Camelot, mon territoire, en toute connaissance de cause. Je ne saurai permettre qu'Arthur tombe dans un piège le menant à sa mort, il est trop important pour l'avenir de ce monde. En faisant prisonnier le Roi Rodor et en contraignant la Princesse Mithian, vous m'avez offert sur un plateau d'or la possibilité d'intervenir sans ordre d'Arthur. Soyez plus prudente à l'avenir Morgane, en tant qu'Archon de la Liberté, je suis tenue de libérer quiconque est prisonnier ou contraint par autrui. »

La sorcière fuit alors, et Aurore commença à soigner le Roi Rodor.

« Comme nous nous revoyons, Aurore. Vous avez laissé à ma fille une très bonne impression, et vous la confirmez aujourd'hui. »

« Quand j'ai joué pour vous, je n'étais qu'une barde sans importance. Les choses ont beaucoup changé, je suis chevalière de Camelot désormais, mais je n'ai essentiellement pas changé. »

« Grâce au ciel. », sourit Rodor, avant de sentir la magie et les soins de plantes faire leur effet. « Merci. »

« C'est tout naturel. Reposez-vous, votre fille est en sécurité à Camelot, et Arthur est en chemin. »

Un moment après, Arthur entra dans le mausolée avec Merlin et retrouva sa chevalière conversait paisiblement avec le Roi Rodor, veillant sur un Roi Odin inconscient et attaché.

« Eh bien, vous avez fait du ménage on dirait. »

« Je vous avais dit que ce serait rapide. », se vanta Aurore.

« Je n'en ai jamais douté. », assura Arthur. « Bien. Dame Aurore, libérez le Roi Odin et escortez le Roi Rodor jusqu'à Camelot. »

« Sauf votre respect, ce ne serait pas sage compte tenu de vos... antécédents. »

« Je ne le tuerai pas. »

Cependant, même Merlin ne sembla pas en être convaincu, car il s'approcha pour venir à la hauteur de son aimé, assez près pour lui montrer son soutien mais assez loin pour ne pas éveiller les soupçons sur leur relation.

« Arthur, arrêtez d'y penser, réfléchissez. Que pourra-t-il résulter de bon d'une vengeance ? Combien de fois avez-vous parlé d'unifier ce pays ? Si vous tuer cet homme, cela vous rapprochera-t-il de la réalisation de ce rêve ? »

Le jeune Roi regarda son aimé, puis celle qui avait pris la place de sœur dans son cœur. Tous deux lui sourirent tendrement en hochant la tête, faisant esquisser un léger sourire à Arthur.

« Tu as raison, Merlin. Ce n'est pas une solution. Albion verra le jour, je vous le promets à tous les deux. »

Rassurée, Aurore laissa le Roi de Camelot aux bons soins de son aîné et escorta le père de Mithian jusqu'à la sortie, puis jusqu'à Camelot, après avoir réveillé le Roi Odin.

« Tout ira bien. », murmura la chevalière, sereine.

« Aurore ? »

« Oui ? », répondit l'interpellée, qui marchait à côté de sa jument, qui avançait au pas.

« Ce Merlin et le Roi Arthur... sont-ils ensemble ? Ils avaient l'air... complices. »

« ... en effet. », admit Aurore. « C'est un peu compliqué, mais le mariage avec la Reine Guenièvre n'est qu'une façon de gagner du temps. Faire passer une loi pour les couples de même sexe est affreusement compliqué, et long. Surtout avec un conseil formaté par Uther. »

« Voilà pourquoi le Roi Arthur a renoncé au mariage avec ma fille... Mithian n'a rien voulu me dire. », comprit Rodor.

« Puis-je compter sur vous pour garder cela secret ? »

« Bien entendu. Après tout, Nemeth et Camelot sont amis désormais. »

« ... et Boréalis ? Que pensez-vous de ce royaume ? »

« Vous savez, le règne d'Uther Pendragon a, à mon humble avis, plus que prouvé qu'il valait mieux vivre en harmonie avec la magie que passer son existence à l'éradiquer. On ne peut qu'y être gagnant. Si vous voulez connaître mon avis honnête, je pense que les tous les royaumes auraient grand intérêt à être amis avec Boréalis, le royaume de la magie. »

« Vous êtes un bon Roi. »,, sourit Aurore, soulagée d'avoir au moins deux Souverains avec qui s'allier le moment venu.

« Je m'y efforce en tout cas. »

« Comme notre bon Roi Arthur. »

« Comme vous également. », assura Rodor, s'attirant un regard étonné d'Aurore. « Ne me regardez pas ainsi. Avec l'âge, un Roi apprend à reconnaître celles et ceux qui ont l'étoffe de grands Souverains. Vous feriez une excellente Reine, j'en suis certain. »

« Arthur pense la même chose, il m'a nommé héritière du trône si jamais il n'avait pas d'enfants. », admit Aurore. « Peut-être que je monterai sur un trône, un jour, nous verrons. En attendant, je ne suis qu'une simple chevalière. »

« Pas si simple, d'après ce que vous avez dit à Morgane. »

« Je suis beaucoup de choses. », sourit la jeune fille. « Mais seules trois choses me définissent vraiment, pour le moment en tout cas : je suis la sœur de Lirou, enfin Merlin, je suis l'Archon Anémo et de la Liberté, et je suis la Chevalière de la Reine de Camelot. Mon temps en tant que Reine, s'il y en a un, n'est pas encore venue. En attendant, je suis entièrement au service d'Arthur, meilleur Roi que le monde n'ait jamais connu. »

« Je ne peux vous contredire, Aurore. Il a quelque chose... quelque chose qui me donne de l'espoir pour nous tous. »

Ainsi s'écrivit un nouveau chapitre d'Albion, avec le royaume d'Odin comme nouvel allié.

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