Chapitre 74 : Retour à Camelot

France, Camargue, Avalon-le-Lac, 21e siècle, faculté, trois ans plus tard, milieu de matinée

« Ce cours était tellement long ! », se plaignit Arthurine. « Je suis épuisée ! »

« Pourtant, tu devrais avoir l'habitude, depuis le temps ! », se moqua Merlin.

La blonde se tourna vers la réincarnation de Merlin et eut un petit sourire en coin.

« Amour, tu sais que tout affront de ta part peut se payer au lit, hm ? »

La jeune fille rougit mais, fidèle au serviteur à la langue acérée qu'elle avait été, elle ne se démonta pas.

« Qui te dit que c'est pas exactement ce que je veux ? »

« Pitié vous deux, arrêtez ce genre d'allusions ! », grimaça Aurore. « Sweetie et moi, on ne vous abreuve pas de ce genre de choses ! »

« Oh, c'est pour ça que tu es aussi coincée ! », rétorqua la jeune Pendragon sur un ton moqueur.

« Non, c'est parce que j'ai encore de la bienséance, moi. »

« A quoi sert la bienséance ? Je ne vis plus dans une quelconque cour royale. », répondit Arthurine en haussant les épaules.

« Peut-être, mais ce n'est pas mon cas. Arthur va me faire vivre en enfer si, en revenant à Camelot, je me comporte comme les gens de cette époque. »

« Et tu as bien raison Chérie. », intervint Guenièvre en venant les rejoindre.

Aurore sourit et accueillit sa petite-ami avec un doux baiser.

« Comment s'est passé ton cours Sweetie ? »

« Assez intense, mais ça va. Et vous, votre cours de coréen ? »

« Arthurine est un peu fatiguée, mais elle s'en remettra. », sourit Merlin.

« Je vois... si mes souvenirs sont bons, c'est surtout toi qui vas devoir t'en remettre demain matin. »

« Ils étaient comme ça à Camelot ? », s'inquiéta Aurore.

« Malheureusement Chérie. Jamais en public ceci dit, mais tu risques d'y avoir souvent droit. »

« Par Barbatos... », soupira la chevalière.

« Eh bien, voilà un nom que je n'ai pas entendue depuis longtemps ! »

Les deux couples se retournèrent et tombèrent nez à nez avec une jeune fille de leur âge avec de longs cheveux ondulés d'un blond presque blanc et des yeux bleu-gris. Arthurine sourit, alors qu'Aurore portait la main à son cou en sentant son Gnosis, complètement rechargé depuis peu, vibrer contre sa peau.

« Bonjour Mamie, qu'est-ce-que tu fais ici ? »

« Qui traites-tu de grand-mère, petite effrontée ?! », gronda la nouvelle venue d'une voix polaire.

« Eh bien, toi Mamie. », répondit Arthurine, les sourcils froncés. « Tu es ma grand-mère. »

« Je ne pense pas Arthurine. », intervint Aurore. « Cette Natasha vient de mon époque. »

La dénommée Natasha écarquilla les yeux et s'approcha un peu de la chevalière, sentant l'énergie de son Gnosis.

« Eh bien eh bien... on dirait que j'ai fini par te trouver de façon complètement hasardeuse. », sourit Natasha. « C'est un plaisir de te rencontrer Eilin, je suis Anastasia, l'Archon Cryo, mais tu peux m'appeler Natasha. C'est mon prénom humain. »

« Alors appelle-moi Aurore. Que fais-tu ici ? »

« Je suis des cours de chimie cosmétique ici, sur ce campus et à cette époque, mais jamais je n'aurais pensé que tu y serais. », fit l'Archon Cryo. « Mais cela tombe bien, je vais pouvoir te ramener à notre époque. »

« Aussi facilement que ça ? », s'étonna Merlin.

« Bien sûr. Contrairement à Aurore, je ne suis pas bloquée à cette époque, j'en suis une visiteuse. Et la future grand-mère de la réincarnation d'Arthur, apparemment. »

« En effet. », confirma la blonde.

« Natasha, je ne souhaite pas rentrer tout de suite. », annonça Aurore. « Par contre, j'aurai besoin de toi pour mettre en application un plan qui devrait nous permettre d'éliminer Morrigan définitivement. »

« Oh ? Je t'écoute. »

Royaume de Camelot, forêt, chambre de Merlin, présent de Merlin, un an plus tard

Merlin sursauta, manquant de tomber de son cheval en marche. Il ne dut son salut qu'à la poigne d'Arthur, qui le retint par le bras et l'aida à s'installer correctement sur la selle.

« Merl, tout va bien ? »

« O-Oui. », mentit Merlin, secoué. « Juste... j'ai ressenti quelque chose de bizarre. »

« Tu veux dire, quelque chose de magique ? Ton sang divin fait encore des siennes ? »

« Je ne sais pas trop... mais j'ai la sensation que quelque chose d'important va avoir lieu aujourd'hui. »

Arthur haussa un sourcil, mais voyant la réticence de Merlin à développer, il n'en dit pas plus et resta sur ses gardes. Après plus d'un an à l'observer avec attention, il avait très vite deviné que son aimé avait des pouvoirs magiques. Ce n'était, en soit, pas si étonnant que ça vu qui était sa sœur, mais le plus choquant avait été l'afflux de souvenirs qui s'était déversé dans son esprit, comme s'ils avaient été bloqués jusqu'à présent. Probablement était-ce le cas, d'ailleurs. Cependant, il n'avait pu qu'être d'accord avec son ancien lui sur sa réflexion à propos du fait que Merlin gardait sa magie secrète de lui et ce que cela impliquait. Il avait pris la même décision que ce soir-là : ne rien dire à personne, pas même Merlin lui-même, et s'assurer de le mettre assez en confiance pour que son serviteur et amant lui avoue de lui-même.

Cependant, après plus d'un an à s'y efforcer et à analyser plus finement le comportement de Merlin, Arthur se disait qu'il n'était peut-être pas le problème. Son aimé était un jeune homme avec le cœur sur la main, qui savait à quel point le peuple de Camelot était important aux yeux du blond. Le jeune Roi commençait à penser que le magicien ne souhaitait pas le forcer à choisir entre lui et le royaume, toujours contre la magie malgré ses efforts pour essayer de faire passer la loi. La disparition d'Aurore avait bien trop renforcé la méfiance envers la magie et toutes les idées un peu modernes que souhaitaient faire passer Arthur. Merlin attendait probablement que la loi soit de son côté avant de révéler la vérité au blond. Celui-ci, de son côté, savait très bien qu'il choisirait toujours Merlin avant toute chose. Dans le pire des cas, lorsqu'Aurore serait de retour, il pourrait abdiquer et l'Archon de la Liberté monterait sur le trône sans que quiconque puisse s'y opposer. Les Chevaliers de la Table Ronde lui seraient fidèles parce que la jeune fille avait depuis longtemps montré qu'elle le méritait, et ces derniers constituaient l'élite des chevaliers de Camelot, rien ne pourrait les arrêter. Avec eux à ses côtés, Aurore réussirait à coup sûr à faire passer ces lois si importantes pour Arthur.

« Merl, penses-tu que le conseil va finir par accepter de faire passer les lois sur la magie et les couples de même sexe ? »

« Arthy, je sais que tu n'en as pas l'impression pour le moment, mais je sais que cela finira par arriver. Tu es un grand Roi, n'en doute pas. La situation est certes bloquée pour l'instant, mais le vent de la Liberté soufflera tôt ou tard sur Camelot. De toute façon, le royaume n'est pas prêt à accepter la magie pour l'instant. Et les couples homosexuels ne seront probablement accepté que lorsqu'il leur sera possible d'avoir des enfants, ce qui implique nécessairement d'utiliser la magie. Je pense sincèrement qu'il est inutile de chasser deux lièvres à la fois Arthy. Il vaut mieux se concentrer sur la magie pour l'instant. Cela prendra du temps, mais cela ne signifie pas que vous êtes incompétent. Vous êtes et serez le meilleur Roi que Camelot ait jamais connu. »

Arthur sourit tendrement, appréciant toujours autant que Merlin prononce ces mots. L'entendre dire avec tant de confiance qu'il était le plus grand Roi qui n'ait jamais existé suffisait à le rassurer, parce que le magicien était une personne dotée d'une grande sagesse et qui ne prenait jamais de gants avec lui. Le frère d'Aurore l'avait toujours traité comme une personne lambda, et il en était chaque jour reconnaissant.

« Merl, je t'aime. »

« Moi aussi Arthy. », rougit Merlin.

« Par Barbatos, où est-ce-que j'ai atterri ? »

Merlin fronça les sourcils en reconnaissant la voix que lui rapportait le vent.

« C'est Rory ? », murmura le magicien.

Le vent gazouilla pour approuver, amenant Merlin à lancer son cheval au galop, dans la direction d'où venait la voix, sous les cris d'Arthur qui fut obligé de le suivre.

Ils arrivèrent au lac d'Avalon, où une jeune fille bien connue remuait les doigts pour pour se sécher. Elle semblait un peu plus âgée, et ses cheveux étaient de nouveau longs, lisses et avec les deux tresses encadrant son visage, mais c'était impossible de ne pas la reconnaître.

Aurore était de retour.

« Rory !! »

La jeune fille leva la tête et sourit en voyant le magicien descendre rapidement de cheval pour venir l'enlacer.

« Tu m'as tellement manqué ! Tu vas bien ?! »

« Euh... je vais bien, ne t'en fais pas. », répondit Aurore en lui rendant maladroitement son étreinte.

« Bienvenue dans ton époque, Aurore. », sourit Arthur en s'approchant à son tour.

La jeune fille s'écarta de Merlin et sourit au blond.

« Je suis contente de vous revoir. Mais je suis fatiguée avec tout ça... »

« On va te ramener à Camelot. », décida Arthur. « Tu nous raconteras tout ce qu'il s'est passé quand tu seras sur pied. Je ferai également venir quelqu'un pour s'occuper de tes cheveux. »

« Oh non, ce n'est pas la peine. »

« Tu n'avais pas dit que les cheveux longs te gênaient quand tu te battais ? », se rappela Merlin.

« Euh... si ! Mais ça fait trois ans que je n'ai pas combattu, et ma magie a trop longtemps été détraquée par le blocage dans le temps. Il va me falloir du temps avant d'être seulement apte à reprendre l'entraînement avec les chevaliers, alors mes cheveux sont pas du tout un problème pour le moment. Arthur, tu pourras me faire un rapport de tout ce qu'il s'est passé depuis que j'ai disparu ? Histoire que je puisse réfléchir à ce que je peux faire pour t'aider, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire. »

Arthur fronça les sourcils, son instinct commençant à tirer la sonnette d'alarme. Depuis quand l'Archon de la Liberté le tutoyait-elle ?

« Arthur, tout va bien ? », demanda Aurore.

« Parfaitement. », répondit le Roi avec un sourire. « Je suis juste soulagé de te retrouver. Guenièvre va être ravie, tu lui as énormément manqué, surtout que vous étiez en couple depuis peu quand tu as disparu... »

« Ah... ouais... Guenièvre... », marmonna Aurore en se passant la main dans les cheveux. « Je... euh... j'irai lui parler... à l'occasion. »

Arthur et Merlin se consultèrent du regard et le magicien hocha la tête. La personne devant eux était bien sa sœur, le vent le lui aurait signalé sinon. La seule chose à faire dans l'immédiat était de la ramener à Camelot pour qu'elle se reposer.

Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Aurore, le soir venu

Aurore se laissa tomber sur son lit, épuisée. Cependant, elle n'eut pas le loisir de se reposer car un bracelet à son poignet vibra. Elle se redressa en soupirant mais appuya sur la pierre turquoise qui brillait, incrustée dans une simple bande en or, sans remarquer que sa porte était légèrement entrouverte et qu'Arthur l'espionnait discrètement.

« Aurore, tu me reçois ? »

« Cinq sur cinq Eilin. »

« Tout se passe comme prévu ? »

« Pour le moment, oui, mais les gens vont finir par se douter de quelque chose. Lynn a beau dire qu'Arthurine a toujours été une crétine royale, elle est très loin d'être stupide, et ce peu importe la réincarnation. Et Lynn est tout sauf stupide aussi, tu le sais bien, alors Merlin finira pas comprendre. »

« Crois-moi que non. Quand j'ai rencontré Merlin, elle m'a dit qu'elle n'avait jamais vraiment compris le plan qui m'avait fait revenir. Lirou est intelligent, mais s'il n'a pas toutes les informations, il ne comprendra pas. Quant à Arthur... j'ose espérer qu'il sera trop content de te revoir pour se poser des questions. »

« Y'a peu de chances, je parle pas du tout comme toi. Enfin comme moi. Bref, t'as compris. »

« Si j'ai pu jouer ton rôle pendant trois ans, tu peux jouer le mien pendant quelques temps, surtout que tu as tous les souvenirs de cette période. »

« Ouais, mais ça fait des siècles que je tutoie la réincarnation d'Arthur. J'avais oublié à quel point c'était chaud le Moyen-Âge ! Sérieusement, comment on a pu se passer aussi longtemps de l'eau courante, de l'électricité et des WC ?! »

« Je n'aurais jamais cru que j'étais du genre à me plaindre pour du confort... arrête de râler, je te signale qu'en tant que chevalière de Camelot, tu as accès à un bien plus de confort que la plupart des personnes. Lirou a moins de confort que moi, je te signale. »

« Apparemment, Arthur a réglé ce soucis pendant ton absence, en commençant par l'installer dans l'anti-chambre dans ses appartements. Ils sont ensemble maintenant. »

« Que Barbatos soit loué ! Mais sérieusement, arrête de te plaindre du manque de confort par rapport à l'époque d'où tu viens, et concentre-toi sur ce que tu dois faire. »

« Tu crois vraiment qu'ils vont y croire ? »

« Eh bien, techniquement, Moonlight est toujours ici, donc oui, ils y croiront. Arthur et Lirou savent à quel point je tiens à elle, alors ils te suivront sans trop faire d'histoire. Le plus difficile va être de convaincre Morgane et Gwenny. »

« Morgane ne posera pas de problème, vu qu'elle cherche à faire de toi son alliée. Mais oui, Guenièvre va être difficile à convaincre, surtout qu'elle est la Reine de Camelot maintenant. »

« Oh... on dirait que je vais devoir rompre avec elle alors... même si je sais qu'Arthur et elle sont d'accord, je ne peux pas être en couple avec quelqu'un qui est marié, surtout quand ce quelqu'un est la Reine que je sers. »

« Voilà autre chose qui ne me manque pas : notre faculté à nous prendre la tête pour des futilités. »

« Je ne me prends pas la tête, je m'efforce juste d'être à la hauteur du chevalier qu'a été Lancelot. Et Lancelot- »

« N'aurait jamais fait ça, bla, bla, bla. Je sais, je suis toi, tu te souviens ? Enfin, de toute façon, ça me concerne pas, j'aurais déjà beaucoup à faire avec ma Gwenny à mon retour, je vais pas non plus me prendre la tête avec la tienne. Et non, je ne suis pas jalouse de toi et je ne t'en veux pas. Pour l'avoir vécu, je sais que cette relation avec ma Gwenny est nécessaire pour celle que tu construiras avec la tienne. Je trouverai le moyen de faire venir Guenièvre et Morgane, ne t'inquiète pas pour ça et préoccupe-toi du reste. »

« Sûre ? »

« Certaine. Et avec un peu de chance, Merlin ou Arthur me fourniront l'excuse parfaite pour les faire venir, eux et Guenièvre, là-bas. »

« J'espère... au besoin, tu as toujours Nahida de toute façon. Elle est intelligente, dès qu'elle te verra elle comprendra. »

« T'en fais pas pour moi. J'ai été l'Archon Anémo et, même actuellement, je reste ta descendante. Le vent continue de m'accompagner, de façon moins puissante qu'avant, c'est vrai, mais quand même. Je suis pas vraiment toute seule. »

« ... prends soin de tout le monde pour moi. »

« Promis Eilin. Et toi, essaie de tout finaliser au plus vite, il y a toujours que six Archons sur sept présents à l'époque de Camelot. Tu es la plus importante, mieux vaut pas trop traîner. »

« Je fais faire au plus vite. Je te tiens au courant quand tout est prêt. Au besoin, n'hésite pas à me contacter. »

« Je le ferai. A plus Eilin ! »

« Bonne nuit Aurore. »

La pierre cessa de briller, et Aurore se laissa retomber sur le lit. Demander à son homologue du futur de se faire passer pour elle était infiniment plus complexe qu'elle ne l'avait soupçonné lorsqu'elle-même en avait fait la demande, quand elle avait été piégée dans le futur. Enfin, son futur-elle s'en était plutôt bien tirée, donc elle allait s'en sortir elle aussi.

Le tout était de réussir à mener Arthur, Merlin, Guenièvre et Morgane au lac d'Avalon, au moment propice, lorsque les deux Natasha, Arthurine, Merlin, Eilin et les futures Nahida et Morgane, auraient fini d'en faire un nœud intertemporel, où les deux époques pourraient se rencontrer sans risque.

De son côté, Arthur décida de retourner à ses appartements, ayant eu la réponse qu'il souhaitait. Cette Aurore n'était pas la leur, mais sa version future, d'après ce qu'il avait compris. Elle n'était là que pour préparer un plan (quel plan d'ailleurs ?) qui, visiblement, nécessitait d'être mis en place depuis les deux époques.

En tant normal, Arthur se serait méfié, mais il avait reconnu dans la voix émanant du bracelet la façon de parler de la chevalière. Le plan venait clairement de cette dernière, et il lui faisait confiance. Il n'allait rien dire à personne, mais il comptait faire en sorte que cette Aurore-là puisse accomplir sa mission, à savoir les emmener, Merlin, Guenièvre et lui il-ne-savait-où. Quant à Morgane, eh bien... il espérait que les Aurore savaient ce qu'elles faisaient.

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