Chapitre 73 : Voyons où le vent nous guide
France, Camargue, ranch Mistral, 21e siècle, veille de la compétition, milieu d'après-midi
« Aurore !! »
La chevalière leva la tête et sourit à Guenièvre, qui arrivait en courant. Elle tenta de le contenir pour qu'il n'ait pas l'air trop grand (sérieusement, elle ne la connaissait pas depuis longtemps mais son coeur s'amusait à la confondre avec sa Gwenny), mais ce fut un échec lorsque la brune lui fit un éblouissant sourire. Aurore rougit et toussota en détournant la tête pour masquer sa gêne.
« Coucou, ça va Gwen ? »
Guenièvre eut un petit air amusé, avant que son visage ne se tende un peu.
« Moi, oui. Par contre, Léna doit déclarer forfait pour demain. »
« Pourquoi ? Je croyais que vous aviez besoin de cet argent. »
« Oh, on en a besoin. Mais Léna s'est blessée, elle n'est pas en état de monter à cheval pendant plusieurs jours. », soupira Gwen.
« Qui est au courant ? », interrogea Aurore, son esprit déjà occupé à chercher une solution.
« La bande, et c'est tout. Ses parents ne sont pas encore au courant parce que ce n'est pas grave, mais il va bien falloir qu'ils le sachent... »
Aurore réfléchit, analysant la situation.
« Je pourrais la remplacer, mais je pense pas que Moonlight apprécie l'effervescence qu'il y aura... », songea la noiraude, avant que son regard ne s'éclaire. « C'est bon ! Je sais ! »
« Ah oui ? »
« Oui. Rejoignons les autres, je vous expliquerai. »
Guenièvre hocha la tête, souriant intérieurement. Sa chère et tendre était toujours aussi prompte à venir en aide aux autres.
Ensemble, elles firent route vers la petite maison, à l'extérieur de laquelle Arthurine et la bande de Léna étaient réunis.
« Salut tout le monde. », fit Aurore. « Léna, comment tu te sens ? »
« Aussi bien qu'on puisse l'être avec une cheville foulée, la veille d'une compétition importante... », soupira la jeune cavalière.
Sans un mot, Aurore s'approcha et vint inspecter et tâter la cheville en question, qui reposait sur un coussin.
« J'ai vu pire, ça va. Avec une décoction de plantes, tu devrais déjà aller beaucoup mieux demain soir. »
D'un petit geste de la main, elle fit venir à elle son matériel et les plantes dont elle avait besoin.
« Meuf, depuis quand tu sais faire ça ?! », s'écria Hugo, alors que tous sauf Gwen et Arthurine étaient choqués.
« Depuis toujours. Je suis une descendante de B-euh d'Eilin, j'ai le don de la magie. », répondit simplement Aurore en commençant à préparer le remède. « Bon, Léna ne pourra pas concourir demain, mais j'ai un plan pour qu'elle puisse quand même. »
« Il est hors de question qu'elle monte à cheval en étant blessée. », riposta fermement Angelo.
« Ce n'était pas mon intention. Au cas où ça vous aurait échappé, Léna et moi, on se ressemble beaucoup physiquement, et on monte le même genre de cheval. »
« Tu veux prendre sa place ? », comprit Arthurine.
« Avec un brin de magie, cela passera inaperçu. Et en plus, vous gagnerez la compétition. Loin de moi l'idée de me vanter, mais je suis imbattable sur un cheval, encore plus sur un cheval comme Moonlight ou Mistral. Léna, qu'est-ce-que tu en penses ? Me laisserais-tu monter Mistral, s'il veut bien, et prendre ta place ? »
« C'est pas comme si on avait le choix ! », commenta Hugo.
« Disons que c'est le plan le moins risqué que j'ai. », rectifia Aurore. « Si vous voulez vraiment que ce soit Léna qui concourt, il y a d'autres possibilités. Je peux utiliser la magie pour déplacer sa foulure sur moi, et elle sera en pleine forme. Mais c'est risqué, ma magie a quelques dysfonctionnements depuis quelques temps. »
« C'est le moins que l'on puisse dire... », songèrent Arthurine et Guenièvre.
« Je pense que c'est mieux si Aurore prend la place de Léna. », admit Angelo. « Même sans magie, elle peut facilement se faire passer pour Léna. Désolé si je te vexe Aurore, mais on connaît rien de la magie, donc je m'en méfie. »
« Du moment que tu deviens pas comme le Roi Uther Pendragon, je tolère toute méfiance envers la magie. »
« Ça vaut le coup d'essayer. », accepta Léna. « On a besoin de cet argent, et Aurore connaît le parcours. »
« Mistral connaît le parcours. », rectifia Aurore. « Et c'est plus que suffisant pour ma façon de monter. »
« Il faudrait sans doute que le fait que Léna soit blessée ne s'ébruite pas. », réfléchit Guenièvre. « Sinon, les soupçons se porteront sur Aurore demain. »
La concernée tourna brusquement la tête vers l'entrée du ranch, les sourcils froncés. Elle siffla doucement sa jument, qui ne tarda pas à approcher, prendre quelque chose dans les buissons et venir le déposer aux pieds de sa cavalière. Il s'agissait d'une jeune fille aux longs cheveux blonds qu'Aurore eut tout de suite envie de tarter.
« Samantha !! », s'écrièrent-ils tous, énervés.
« Sale canasson ! », se plaignit Samantha, en faisant des mouvements de main pour éloigner Moonlight.
La jument lui grogna dessus, jusqu'à ce qu'Aurore la siffle de nouveau gentiment. Aussitôt, Moonlight s'en alla voir Llamrei et Mistral.
« Qui es-tu, pour avoir le culot d'insulter ma jument ? »
« Et toi, t'es qui au juste ? Une nouvelle cavalière dans ce ranch de ploucs ?! »
« Une amie, et l'entraîneuse de Léna en l'occurrence. »
Aurore eut un léger regard sur le côté, qui passa presque inaperçu. Seules Guenièvre et Arthurine le virent, habituées par leur vie passée à la voir faire ça lorsqu'elle écoutait le vent lui parler.
« Eh bien, elle est blessée ! Donc elle ne pourra pas concourir. Tant pis, ça fera moins de concurrence à Bonbon et moi ! », minauda la blonde en se relevant.
« Oh, ne t'en fais pas. Elle sera sur pied pour la compétition. Mes décoctions de plantes sont plus efficaces que la médecine chimique répandue dans vos sociétés modernes. »
Arthurine et Guenièvre eurent toutes les misères du monde à ne pas rire, plus que conscientes qu'ayant été brièvement l'apprentie de Gaius et qu'étant très proche de Nahida, l'affirmation était très loin d'être exagérée.
« Je te conseille de partir tout de suite. », tonna Aurore avec sa voix de déesse, ce qui eut tôt fait d'effrayer toutes les personnes présentes. « Sinon, tu vas avoir de sérieux problèmes avec moi. »
Sans se faire prier, Samantha partit en courant, alors qu'Aurore roulait des yeux.
« C'est vraiment une tapette cette fille. Ne vous en faîtes pas, elle n'a rien entendu, juste compris que Léna était blessée. Elle vous espionne souvent ? »
« Oui, et toujours pour nous nuire ! », pesta Anaïs. « Mais comment tu fais pour être aussi intimidante ? Tu faisais peur ! »
« Confiance en soi. J'ai confiance en moi et en mes capacités, tout simplement. Désolée si je vous ai effrayé. Léna, il vaut mieux que tu restes ici et que tu te caches jusqu'à demain. Avec ma décoction de plantes, tu seras assez sur pied à la fin de la compétition pour jouer la comédie auprès de ta famille. »
Aurore se remit à sa préparation, qui prenait la texture d'une crème, et la tartina généreusement sur la cheville blessée une fois prête.
« Merci Aurore. »
« C'est normal Léna. Tout guérisseur se doit de venir en aide aux malades et blessés. Bon, repose-toi, et tout ira bien. Angelo, je la laisse à ta garde, c'est visible depuis Camelot que vous êtes amoureux et que vous le savez l'un l'autre. Moi, je vais ranger tout ça et aller voir Mistral, j'ai besoin de m'entraîner un peu avec lui si jamais il veut bien que je le monte demain. Sinon, Moonlight prendra sa place, ils sont physiquement identiques, à l'exception d'une chose que ma magie pourra recréer de manière illusoire. »
Sans leur laisser le temps de répondre, Aurore s'en alla ranger ses affaires, alors que Léna et Angelo étaient devenus tout rouges. Anaïs tira Hugo loin en riant, et Arthurine sourit en se dirigeant vers Llamrei. Guenièvre non plus ne tarda pas, préférant rejoindre sa belle et l'aider. Silencieusement, Léna vint prendre la main d'Angelo et lui sourit timidement. En réponse, il entrelaça leurs doigts et sourit lui aussi.
France, Camargue, lieu de la compétition, 21e siècle, le lendemain, milieu de matinée
« Et c'est Léna Steiner qui remporte le cross, grâce à un saut qui lui vaut d'être le nouveau record du monde de saut d'obstacles ! », cria le présentateur dans les hauts-parleurs.
Sur Mistral, Aurore, déguisée en Léna, caressa l'étalon en lui murmurant des paroles de félicitations. Avec un sourire complice, Anaïs vint prendre les rênes de Mistral.
« Va te rafraîchir un peu, je m'occupe de Mistral. »
Aurore hocha la tête et descendit de cheval, pour rejoindre Guenièvre qui l'attendait à l'écart, près des bois qui avaient marqué la ligne de départ.
« Je t'ai préparé ta boisson préférée, viens ! »
Gwen l'entraîna le plus naturellement du monde dans les rangées d'arbres, où elles retrouvèrent Léna, habillée avec ses vêtements donnés par la brune, et Angelo. La jeune cavalière était, comme prévu, physiquement assez en forme pour faire illusion, du moment qu'elle ne se reposait pas trop sur sa cheville blessée. Aurore et elle se cachèrent chacune derrière un arbre pour se changer et rendre leurs vêtements à leurs propriétaires. Lorsque cela fut fait, Guenièvre vint rattacher autour du poignet d'Aurore le ruban violet que celle-ci lui avait confié après s'être changée en Léna.
« C'était une très belle course, vraiment. », la félicita Léna. « Mais du coup, on m'attribue un mérite qui n'est pas le mien, puisqu'aucun autre concurrent n'a réussi à franchir l'obstacle... »
« Tu as réussi à le sauter aux derniers entraînements, alors si, c'est quand même ton mérite. », contredit Aurore en retirant la bombe de Léna et en la lui donnant. « Mais tant mieux si j'ai pu vous aider. Maintenant, va prendre ta place auprès de Mistral, avant que ça paraisse suspect. »
Léna hocha la tête et partit avec Angelo, qui salua sa sœur et la noiraude avec un signe de tête et un sourire. Laissées seules, Aurore annula l'illusion qui donnait à ses longs cheveux la même coupe de cheveux que celle de la jeune Steiner.
« Léna a raison, tu sais ? Ta course était incroyable, tu es vraiment douée avec les chevaux. », sourit Guenièvre.
« Je les traite juste comme ce qu'ils sont : des êtres vivants doués d'émotions et de sentiments. Je n'ai aucun mérite. »
« C'est justement parce que tu ne t'en rends pas compte que tu es aussi douée. On sent vraiment qu'il n'y a pas de différence entre les animaux et toi, et c'est quelque chose de beau, d'incroyable même. »
Aurore ne répondit pas, se contentant de se mordre l'intérieur de la joue pour intimer à son cœur stupide de se calmer, car cette Guenièvre n'était pas SA Gwenny, mais celle de son homologue du futur. Elle devait rester à sa place, même si elle prenait temporairement celle de la sœur de Merlin.
« Aurore, je peux t'avouer quelque chose ? »
« ... quoi donc ? »
« Eh bien... », rougit Guenièvre. « Je... je t'aime bien. Dans le sens, « tu me plais beaucoup ». »
« ... tu ferais mieux de te trouver quelqu'un d'autre à « bien aimer ». », répondit durement la chevalière.
Guenièvre se retint de lever les yeux au ciel, que trop consciente de la raison de ce rejet. Elle l'avait vécu, après tout, avant que son Aurore à elle disparaisse, au temps de Camelot.
« Pourquoi ? Tu n'es pas de ce bord-là ? »
« Si. Et je te mentirais si je te disais que tu ne me plaisais pas aussi. Mais c'est impossible entre nous, je n'ai pas ma place ici. »
« Tu as ta place, peu importe l'endroit. »
Aurore soupira, hésitant à en révéler davantage. Puis, finalement, elle décida de le faire, jugeant que Guenièvre comprendrait, même si elle ne se souvenait pas. Elle était toujours trop gentille, douce et compréhensive pour ne pas comprendre sa position. Après, il fallait qu'elle la croit, mais bon...
« Guenièvre... je ne suis pas d'ici, pas de maintenant. Je ne suis pas Aurore, la descendante d'Eilin. Je suis Aurore, chevalière de Camelot, descendante de Barbatos, et Eilin. Je suis... bloquée, ici, à cette époque, mais ce n'est que temporaire. Combien de temps, je l'ignore, mais je finirai par repartir. Entre nous, c'est voué à l'échec, parce qu'on n'est pas de la même époque. »
« Rien ne t'empêche de profiter de la vie dans le futur, en attendant. »
« Je ne peux pas. Je... j'aime quelqu'un, quelqu'un qui te ressemble trait pour trait. Je ne peux pas. Même avec elle, je ne peux pas. J'ai un code moral qui m'en empêche. »
« Et une peur irrationnelle de sa mort, surtout. »
Surprise, Aurore tourna la tête vers Guenièvre, qui affichait un air bien moins choqué qu'elle n'aurait dû. La chevalière ne tarda pas à comprendre et soupira.
« Tu te souviens, n'est-ce-pas ? »
« En effet. Mais personne ne le sait, je n'ai pas jugé utile de l'ébruiter. »
« ... pourquoi me piéger ainsi ? »
« Je ne t'ai pas piégée. C'est juste que... quand tu es rentrée de ce voyage temporel, dans mon passé à moi, tu étais différente. Plus... ouverte à un « nous ». Quand tu as débarqué ici, j'ai espéré que c'était grâce à une quelconque action de mon moi futur, alors... alors j'ai essayé d'entamer une relation avec toi, pour que mon moi de ton présent et toi puissiez la vivre sereinement à ton retour. Désolée... »
Aurore ne répondit pas, ne sachant que dire.
« Je comprends pourquoi tu as peur. Je le comprends mieux que je ne le pouvais quand tu as disparu. Je... on a failli te perdre, vraiment failli, et ça m'a fait réaliser l'angoisse perpétuelle avec laquelle tu vivais de nous voir partir, de me voir partir, et de te laisser, avec seulement Merlin. Comme tout avait commencé. Mais aucun de vous deux n'est désormais prêt à revenir à la vie solitaire que vous aviez avant Camelot. Alors, je comprends vraiment ce qui te terrifie. Je suis désolée de ne pas l'avoir compris à l'époque. »
« Je ne t'en ai jamais voulu, je sais que tu ne peux pas le comprendre. Enfin, ma Gwenny à moi, je veux dire. Je le sais. Gwen, combien de temps je suis restée bloquée ? »
« Tu es revenue à Camelot un an après ton départ. Mais tu avais trois ans de plus. Pose-moi tes questions, je sais que tu en as. J'essaierai d'y répondre sans trop en dire sur ton futur. »
« Trois ans ici... j'imagine que je vais devoir m'y faire... », soupira Aurore, dépitée. « Nous... on est quoi, de manière générale, à travers le temps ? »
« Ce que sont Arthur et Merlin : les deux faces d'une même pièce. Indissociables et amoureuses à chaque incarnation. »
« Donc... c'est notre destin ? »
« Vois-le comme ça si ça te rassure. Je préfère croire qu'on s'est trouvées une fois, qu'on a promis de ne jamais se quitter et que, cette promesse, nos âmes s'en souviennent et la tiennent tant qu'on le désire. »
« ... quelque part, je préfère cette version. », murmura Aurore. « Au moins, on a la Liberté d'être ou de ne pas être ensemble... et cette histoire de Reines ? »
« On a gouverné un royaume ensemble, en effet. Mais c'est une très longue histoire, d'autant plus que tu n'en sais rien actuellement. Je ne peux que te conseiller de fouiller un peu la vie de ton père, Balinor. »
« Cela a un lien avec le bleu Ambrosius ? Mon homologue du futur et toi en portez. »
« A chacune de nos réincarnations, particulièrement lorsqu'on a retrouvé la mémoire. On la portait en tant que Reines. »
« Alors, nous n'étions certainement pas Reines de Camelot. »
« Non. Les Souverains de Camelot, c'étaient Arthur et Merlin, conformément à ce qui était prévu à terme quand Arthur m'a demandé de l'épouser pour les apparences. Mais je pense que tout te paraîtra plus clair quand tu auras fait des recherches sur la vie de ton père. Promets-moi que tu ne feras pas tes recherches à cette époque. »
« Pourquoi ? »
« Certaines informations se perdent au cours du temps, il y a trop de risques que certaines essentielles se soient égarées à propos de Balinor. Ce que je sais, c'est de Kilgharrah et Arthur que tu l'as appris. De Lancelot aussi, tu lui as demandé d'interroger ton père dans le monde des esprits. C'est pour ça qu'il vaut mieux ne pas faire tes recherches avant ton retour à Camelot. »
Aurore hocha la tête, compréhensive.
« D'accord, je te le promets. », affirma-t-elle. « ... qu'est-on, du coup ? »
« Actuellement, rien. Je n'ai pas encore rencontrée l'Aurore de cette époque. Alors, on peut être ce que tu veux. »
« Mes sentiments pour toi sont ceux de Gwenny. »
« Et je suis elle, une version postérieure à celle que tu connais, mais j'ai été elle. Et même après tout ce temps, je t'aime toujours autant. C'est comme ça, c'est aussi normal et évident que de dire que l'eau, ça mouille. Mais si tu veux, on peut juste... aller à notre rythme et se laisser porter par le vent. On a trois ans devant nous. Peut-être que ça t'aidera avec ta Gwenny, quand tu seras de retour. »
« Et toi ? »
« Moi ? Dans toutes nos réincarnations, tu as toujours été profondément la même. Être avec toi, c'est comme être avec l'Aurore dont tu as pris temporairement la place. Parce que tu es elle, et elle est toi. En plus, elle a déjà vécu ce que nous allons vivre. »
Aurorue sourit légèrement.
« C'est vrai, tu as raison... voyons où le vent nous guide, alors. »
Tendrement, Guenièvre vint prendre sa main et entrelaça leurs doigts.
« Voyons où le vent nous guide. »
France, Camargue, Avalon-le-Lac, 21e siècle, faculté, extérieur, jour de rentrée
« Rory ! »
Aurore sourit en voyant celle qui devait être la réincarnation de son frère. Maintenant qu'elles avaient l'air d'avoir le même âge, il était impossible de nier qu'elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. A Camelot, on les aurait pris pour des jumeaux s'ils avaient eu moins d'un an ou deux d'écart. Merlin était son portrait craché, et elle était coiffée de la même manière qu'elle-même l'avait été avant de devenir chevalière honoraire de Camelot, c'est-à-dire la chevelure longue avec les deux tresses de leur ancêtre encadrant leur visage. Elle portait un jegging gris avec un pull d'un violet profond à manches courtes par-dessus un débardeur blanc, ainsi que des chaussures à talons de la même couleur (violet Albion, Aurore apprendra plus tard).
« Lynn ! », sourit Aurore, employant le surnom que son homologue du futur donnait à sa sœur.
« Comment s'est passé ton voyage ? », demanda Merlin en venant l'enlacer.
« Comme toujours. Et toi ? Comment va Maman ? », voulut savoir la chevalière en lui rendant son étreinte.
« Mieux, merci ! Mais tu t'es coupée les cheveux ? »
Machinalement, Aurore porta la main à ses cheveux, mi-longs et bouclés quand ceux de son homologue du futur étaient longs et lisses.
« Euh oui ! C'était plus pratique. »
« Et tu t'es remise au turquoise apparemment. Tu aimais porter du bleu Ambrosius la dernière fois qu'on s'est vues. »
« Apparemment, même dans le futur, il est attentif aux détails me concernant... pourquoi j'ai gardé la tenue d'équitation donnée par Gwen ?! »
« J'espère que tu t'adaptes bien à cette époque. Par contre, c'est ironique de voir à quel point tu joues mal ton propre rôle. », dit Merlin en croisant les bras sur sa poitrine.
Aurore soupira et se passa la main sur la nuque, en imitation parfaite d'Arthur.
« Qu'est-ce-qui m'a grillé ? »
« Tes cheveux. Rory et moi, on s'était promises de les couper ensemble, le jour où on serait à nouveau avec Gwen pour elle et Arthur pour moi. Et puis, tes vêtements aussi. Depuis qu'on se souvient, elle a arrêté de porter du turquoise. Sans même parler du fait que le vent est bien plus présent que lorsque je suis avec Rory. Enfin, ma Rory. »
Aurore soupira une nouvelle fois.
« Arthurine est vraiment mal renseignée ! Seule elle et Morgane sont réveillées, hein ? Eh bien, elle a oublié Gwen et toi. Même du temps de Camelot, il faisait du meilleur travail en récolte d'informations... »
« C'est parce que j'étais là. Elle est et restera toujours une crétine royale. », renifla Merlin. « Mais elle est vraiment réveillée ? »
« T'avais pas remarqué ? Pourtant, elle essayait de se rapprocher de toi. »
« Passif compliqué dans cette vie. Si j'avais su qu'elle était réveillée, je l'aurais laissée faire. Et donc, Gwen aussi est réveillée. »
« Ouais. C'est vraiment trop bizarre, je veux rentrer à la maison. »
« Si mes souvenirs sont exacts, tu as pu rentrer à Camelot parce qu'une Archon de ton temps vient souvent à cette époque. L'Archon Cryo. Celle qui est devenue la grand-mère d'Arthurine. Enfin, c'est ce que tu nous as dit quand tu es rentrée. Mais t'es pas rentrée avec elle directement, tu as envoyé ton homologue du futur à la place, le temps de tout préparer, puis tu as utilisé la magie accumulée par ton Gnosis pour créer dans ton temps un espace hors du temps où tu as réuni plein de gens de maintenant et quelques personnes de ton époque. Tu avais un plan pour faire payer Morrigan. Mais je l'ai jamais compris, Arthur et moi étions des acteurs passifs. Tu nous as amené sur place, et on s'est retrouvés bloqués. Même après tout ce temps, j'ai encore rien compris. »
« Tu as le droit de me dire tout ça ? »
« Est-ce-que tu m'as déjà vu respecter les règles de la magie ? Sans les avoir brisé au moins une fois je veux dire. »
« ... non. »
« Donc tu as ta réponse. », sourit Merlin. « Bon, allons en cours. On est dans les mêmes, donc je vais faire en sorte que tu sois pas perdue. »
« Merci. »
« Tu viens du passé, mais tu restes ma sœur ! »
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