Chapitre 7 : Au secours de Guenièvre

Royaume d'Odin, forteresse abandonnée de Morgause, quelques temps plus tard

« Expulse ! »

Une rafale de vent se leva brusquement et désarma Morgause, envoyant son épée plusieurs mètres plus loin. La Grande Prêtresse sourit puis alla récupérer son arme.

« Il y a du progrès Aurore, bien joué. », la félicita Morgause. « Tu apprends vite. »

Aurore sourit, ravie. Elle savait bien que sa maîtrise était très limitée pour le moment, mais elle avait renoncé depuis si longtemps à maîtriser sa magie qu'elle ne pouvait qu'être heureuse de voir qu'elle était capable de la contrôler.

« Ceci dit, il te faudra bien plus que ça si tu veux pouvoir être en mesure de contrôler ta magie lorsqu'elle prend le dessus sur toi. Mais j'ai bon espoir que tu y arriveras. Tout vient en pratiquant. Ce sera tout pour aujourd'hui. »

« D'accord. Je vais faire un tour avec Moonlight. Ne t'en fais pas, je ferai attention à ne pas révéler l'emplacement de ta forteresse. »

Morgause hocha la tête avec un sourire et laissa son apprentie s'en aller. Son sourire disparut alors.

« Je n'ai jamais vu un mage mettre autant de temps à maîtriser ses pouvoirs ! », ragea la blonde. « Je ne vais vraiment pas pouvoir compter sur cette incapable. »

A l'entrée de la forteresse, Aurore, qui préparait Moonlight pour une longue balade, fronça les sourcils. Sur les conseils de son fidèle compagnon aérien, elle avait volontairement omis de préciser à Morgause que le vent lui murmurait à l'oreille. Sans dire un mot, elle monta sur sa jument sauvage et l'enjoignit à sortir de la forteresse secrète.

Forêt

« Je me demande ce que Morgause attend de moi, pour jouer aux hypocrites avec moi... », murmura Aurore. « Probablement rien de bien... il va falloir être prudente. »

Le vent lui conseilla d'écrire à Merlin pour lui demander conseil, mais l'adolescente s'y refusa aussitôt. Elle savait très bien comment réagirait son frère, et elle ne pouvait le laisser intervenir. Cela mettrait en péril ses propres efforts pour le cacher de Morgause, d'autant plus que cela la ferait revenir à la case départ concernant ses pouvoirs. Elle comptait rester sur ses gardes et continuer à apprendre la magie avec Morgause, au moins jusqu'à ce qu'une meilleure solution soit envisageable.

Après une petite heure de promenade au pas, Aurore fit s'arrêter Moonlight pour se concentrer sur la nouvelle que lui rapportait le vent. Celle-ci provenait de Camelot.

« Les bandits ont toujours Guenièvre ! », s'écria Morgane.

« Ce sont des Merciens. », précisa Arthur. « Et nous savons qu'Hengist vient de passer la frontière. »

« Hengist ? », s'étonna Uther.

« Envoyez des hommes la secourir ! », exigea la pupille du Roi.

« Si Hengist l'a faite prisonnière, il faudrait une armée pour la libérer. », soupira Uther. « Combien d'hommes devrais-je sacrifier pour sauver une servante ? »

Aurore grimaça, jugeant qu'elle en avait assez entendu. Uther n'irait jamais secourir Guenièvre, mais elle pouvait toujours le faire elle-même. Avec ses talents d'escrimeuse et la maîtrise rudimentaire de sa magie, s'occuper de bandits devrait être facile. Elle devait faire vite, les paroles rapportées par le vent pouvaient mettre plusieurs heures à lui parvenir, et chaque heure comptait pour secourir Guenièvre.

« Indique-moi la route à suivre pour libérer Guenièvre. »

Le vent siffla et des pissenlits poussèrent brusquement, de sorte à montrer un chemin.

« Tiens, c'est nouveau ça. », s'étonna Aurore. « Moonlight, on suit la piste. »

La jument apprivoisée obtempéra et s'engagea rapidement sur le sentier de pissenlits, qui disparaissait derrière elle au fur et à mesure qu'elle avançait sur la piste dévoilée par la magie de sa cavalière.

Elles galopèrent ainsi pendant plusieurs heures, sans s'arrêter, jusqu'à atteindre la frontière mercienne ainsi qu'un grand château en ruines. Aurore descendit de sa jument et lui tapota l'encolure.

Frontière mercienne, château d'Hengist

« File ma belle. », murmura l'adolescente. « Il vaut mieux qu'on ne se doute pas qu'un intrus est là. »

Moonlight baissa la tête en guise d'affirmation, puis s'en alla au galop. Aurore leva la tête puis plissa les yeux, écoutant attentivement les informations que lui transmettait le vent pour trouver le chemin le plus sécurisé pour entrer dans le château. Elle finit par se glisser jusqu'à une tour, lieu le moins occupé par les bandits d'Hengist.

« On dirait qu'il va falloir que je grimpe... mais j'ai rien du tout pour sécuriser ma grimpée. Si je me fais attaquer pendant que j'escalade la tour, ce sera la fin... »

Elle regarda attentivement autour d'elle puis tendit la main.

« Champ de vent ! », murmura-t-elle.

Ses yeux s'illuminèrent durant un instant, se parant des couleurs de l'aurore qui lui avaient valu son prénom. Un courant d'air ascendant s'ouvrit au-dessus d'elle, la portant jusqu'à une fenêtre qui lui permit d'infiltrer le château. Elle se cacha alors derrière un pilier, réfléchissant à comment passer les gardes que le vent lui avait signalé avant qu'elle n'entre.

Après quelques secondes, elle se risqua un œil pour évaluer la situation mais fut surprise de les voir assommés, dans un coin sombre de la pièce. Perplexe, elle s'approcha et remarqua vite que l'un d'eux portait une tenue qu'elle ne connaissait que trop bien.

C'était celle de Merlin, son frère.

Probablement que le second garde portait la tenue d'Arthur, ils étaient toujours fourrés ensemble dans les problèmes.

« J'aurais apprécié savoir qu'ils étaient là. », reprocha Aurore au vent.

Celui-ci émit une mélodie d'excuses, faisant soupirer l'adolescente. Elle s'empressa néanmoins de les rejoindre. Le vent la guida jusqu'à une arène formée par des sortes de cages. Dans cette arène, il y avait Guenièvre, Lancelot ainsi qu'Arthur. Ils se battaient contre une bête qu'Aurore avait vu une fois, au cours d'un voyage dans le coin : un wildorène.

Le Prince et Lancelot combattaient la bête, tentant de protéger la servante de Morgane par la même occasion. Ceci dit, les soldats d'Hengist se précipitaient sur eux, tandis que ce dernier prenait une arbalète et visait Arthur.

« Ec pa bel lo laye éh folléh ! »

Sous l'effet du sort de Merlin, écrasé au sol, un chandelier tomba, mais Hengist l'évita de justesse.

« Le tunnel ! C'est notre seule chance ! Merlin ! Ne reste pas recroquevillé sur le sol ! Allons-y ! », clama Arthur.

« Rattrapons-les ! », s'écria Hengist.

Les héros sortirent de l'arène et Hengist tenta de les arrêter.

« Oh non, je ne crois pas ! Vole ! », cria Aurore en tendant la main, ses yeux virant à l'aurore.

Une bourrasque se leva et fut assez puissante pour propulser le chef des bandits dans l'arène, pendant qu'Arthur emmenait Guenièvre, Lancelot ayant décidé de les retenir.

« Rory ! », s'exclama Merlin, heureux de revoir sa cadette.

« Ferme ! »

La grille s'abattit, enfermant Hengist dans l'arène.

« Ahuté bé luca ! », prononça Merlin, verrouillant par magie la grille.

« Ouvrez cette porte ! », ordonna Hengist, avant de crier et de se faire manger par le wildorène.

« Je vois que tu n'as pas renoncé à tes tours Merlin ! Et tu t'y mets aussi Aurore ? »

« Vous vous connaissez ? », s'étonna Merlin.

« Je t'expliquerai Lirou ! Allons-y ! »

Le trio se mit à courir pour rejoindre Arthur et Guenièvre. Ils étaient devant une grille menant vers l'extérieur, et la servante tombait de fatigue.

« Je suis heureux de vous revoir ! Où sont vos chevaliers ? », demanda Lancelot à Arthur.

« Il n'y a que nous ! Il faut faire vite ! »

A ces mots, Aurore tendit la main.

« Explose ! »

Une vague d'air comprimé s'écrasa contre la grille, la faisant sortir de ses gonds. Lancelot tendit la main à Guenièvre pour l'aider à se relever. Ils se regardèrent dans les yeux et se serrèrent fort la main, ce que virent Merlin et Arthur. Une lueur de tristesse apparut dans les yeux du blond, mais il ne força à rester concentrer sur le moment présent. Guenièvre sortit, suivie par Merlin, puis Lancelot et Arthur.

« Je vous remercie Arthur. Vous nous avez sauvé la vie. »

Arthur hocha la tête, alors qu'Aurore sortait elle aussi. Une fois dehors, elle tendit la main vers la grille au sol.

« Répare-toi ! »

La grille se leva et, par la forte friction du vent qui la fit chauffer, se ressouda à l'entrée par laquelle ils étaient sortis.

« Je croyais que tu étais censée ne pas utiliser tes pouvoirs si jamais tu apprenais à les contrôler ! », lui reprocha Arthur.

« C'est le cas, ma maîtrise est extrêmement rudimentaire. Pour obtenir un contrôle suffisant sur ma magie pour pouvoir en garder le contrôle, il faut que je l'utilise. Je vous le promets Arthur, quand j'aurais atteint mon objectif, je ne l'utiliserai plus. »

Le blond resta silencieux un instant, puis enjoignit tout le monde à s'éloigner en vitesse. Aurore siffla Moonlight, qui arriva au galop dans la seconde. La cadette de Merlin grimpa sur son dos sans que la jument n'ait à s'arrêter. Pour soulager tout le monde, elle prit Guenièvre avec elle, leur permettant de fuir un peu plus vite.

Forêt, plus tard

Le groupe était réuni autour d'un feu. Une certaine tension régnait, Arthur était perturbé par le fait que Lancelot aimait Guenièvre, Merlin était curieux de savoir comment sa sœur et Lancelot se connaissaient et comment elle avait fait pour maîtriser ses pouvoirs, tandis qu'Aurore était inquiète pour son frère par rapport à Arthur et Guenièvre ainsi que pour Lancelot.

« Cela m'étonne que vous ayez décidé d'entreprendre une telle mission en étant simplement deux, ou seul en ce qui concerne Aurore. »

« Mon père ne voulait pas risque la vie de ses chevaliers, pas pour une servante. »

« Le vent me l'avait rapporté, alors j'ai décidé d'aller la secourir. », renchérit Aurore.

« Cela ne m'étonne pas de toi. », admit Lancelot. « Cependant, vous avez désobéi à votre père Sire, vous êtes venu malgré tout. »

« Je ne suis venu que parce que Morgane m'a supplié. », nia Arthur, ne souhaitant pas admettre qu'il avait décidé seul de venir.

Guenièvre annonça qu'elle allait s'étendre puis partit, imitée par Arthur puis Lancelot, qui avait décidé de monter la garde. Tous trois étaient partis dans des directions différentes, laissant Merlin et Aurore seuls, avec pour unique compagnie celle de Moonlight qui gambadait pas loin.

« D'où tu connais Lancelot ? »

« Je l'ai rencontré au cours de mes voyages, quelques temps après ton départ pour t'installer à Camelot. On a combattu une créature magique ensemble, à la seule force de nos épées. Cette bête terrorisait la région et était en train de s'attaquer à un village quand je suis arrivée dans le coin. J'ai décidé de la chasser, mais Lancelot avait décidé la même chose, alors on a fait équipe, lui avec son épée et moi avec une que j'avais ramassé dans le village. Il m'a considéré dès le départ comme n'importe quel épéiste, même si je suis une fille, et ça m'a beaucoup touché. Mes pouvoirs se sont activés à ce moment-là car la créature avait des pouvoirs similaires aux miens, mais j'ai eu de la chance : on l'a battu avant que la magie ne me contrôle complètement. Même de ma magie, il n'en avait que faire car il avait vu que mon cœur était pur. Il s'est simplement contenté de dire qu'il garderait le secret. Après la bataille, il a proposé de m'entraîner un peu, car ma technique était trop hasardeuse pour qu'un chevalier ne puisse pas me désarmer. »

« Arthur a dit la même chose sur le chemin du retour, après la bataille d'Ealdor. Ceci dit, il m'a dit que c'est ce qui faisait la force de ton escrime : tu n'as aucune technique, tu combats à l'instinct, mais cela n'empêche en rien ton style d'être dévastateur, ce qui te rend extrêmement compliquée à battre. »

« C'est grâce à Lancelot que j'ai pu tenir tête à Arthur et le battre ce jour-là. Il m'a enseigné certaines choses pour m'améliorer, dans l'objectif qu'on ne puisse pas me désarmer. Il trouvait aussi que mon absence de technique pouvait être une force pour défendre les autres. Je crois qu'on est restés ensemble durant quelques semaines. Il était en route pour Camelot, pour en devenir chevalier. »

« Il ne m'a pas parlé de toi, à ce moment-là. »

« Je n'avais aucune raison de lui donner des détails sur toi. Il savait juste que j'avais un frère aîné. »

« C'est lui qui t'a offert ton épée ? Tu n'en avais pas quand je suis parti d'Ealdor. »

« Tout à fait. », confirma Aurore. « Avant qu'on ne se sépare, il m'a dit que tout épéiste digne de ce nom se devait d'avoir sa propre épée, alors il m'a donné celle qu'il emportait avec lui au cas où la sienne rendrait l'âme. Apparemment, il ne l'avait jamais utilisé et il était fier de la remettre à quelqu'un comme moi. C'est un homme bon, j'avais espéré qu'il réussisse à devenir chevalier de Camelot, mais je crois qu'il a échoué. »

« Ouais. J'ai usé de magie pour le faire passer pour un noble, afin qu'il puisse le devenir et prouver ensuite par ses actes qu'il en était vraiment un. Mais tu penses bien que le fait qu'il n'était pas noble a fini par se savoir. Il a sauvé Arthur, aidé de ma magie, mais il a préféré partir afin de se prouver à lui-même qu'il était digne du titre de chevalier de Camelot. »

« Il faut être noble pour le devenir ? », s'étonna Aurore.

« Apparemment. Ce serait inscrit dans le code de la chevalerie, les chevaliers sont issus de familles nobles ayant tissé des liens de confiance très étroits avec le Roi Uther. »

« ... »

« Rory ? »

« Arthur a menti. »

« Hein ? »

« Après notre duel d'entraînement. Il m'a dit qu'il réfléchirait à la possibilité d'adouber des femmes, une fois qu'il serait Roi. Il m'a menti. Pourquoi songer à adouber des femmes si on ne commence pas par adouber des roturiers au cœur valeureux ? »

« Peut-être qu'à ses yeux, il n'y a pas lieu d'y réfléchir car il compte le faire une fois qu'il sera Roi. », supposa Merlin. « Et sinon, tu ne m'avais pas dit que tu maîtrisais aussi bien tes pouvoirs ! Je suis fier de toi ! »

Aurore rougit, gênée.

« Détrompe-toi, je n'ai acquis qu'une maigre maîtrise malgré mes efforts. Il paraîtrait que je possède une magie qui ne devrait pas être aussi puissante, compte tenu de mon âge. Et bien sûr, je suis une magicienne à part puisque je ne peux lancer que des sorts de vent. »

« Tu avais l'air de bien maîtriser tes pouvoirs pourtant. Tu as fait des merveilles ! », protesta Merlin.

« Ce n'était que des petits tours sans importance. Je ne maîtrise que les rudiments de ma magie, je ne peux lancer que des sorts basiques, qui demandent peu de concentration et d'énergie. Et pour en arriver là, il m'a fallu de très longues semaines d'entraînement. Ceci dit, je ne perd pas espoir : je ne croyais plus au fait de contrôler mes pouvoirs, un jour, mais maintenant, je peux y croire à nouveau. Je redoublerai d'efforts jusqu'à y arriver ! »

Merlin sourit et ébouriffa les cheveux de sa cadette.

« Je suis fier de toi Rory ! »

Celle-ci lui fit un lumineux sourire.

« Mais dis-moi, tu n'utilises aucune incantation, si ? »

« Oui et non, c'est compliqué. », réfléchit Aurore. « On a découvert que ma magie ne réagissait à aucune incantation de l'Ancienne Religion. Elles ne déclenchent aucune réponse de ma magie. Il s'avère qu'en fait, ma magie répond à des images mentales, des pensées ou des mots qui évoquent en moi une image particulière. Mes incantations ne sont que des « mots de pouvoir », des mots destinés à m'aider à faire appel à une image mentale précise. Par exemple, tout à l'heure, j'ai dit « explose » pour que la grille s'ouvre. La grille n'a pas vraiment explosé, mais ce mot évoque en moi une explosion dont le souffle déplace violemment des choses. Dans le cas d'aujourd'hui, cela a eu pour effet de créer une bourrasque d'air comprimé qui a expulsé la grille vers l'extérieur. Une décharge d'air comprimé peut avoir la même puissance et les mêmes résultats qu'une véritable explosion. »

« Cela n'a pas dû être facile pour toi de découvrir ça... »

« J'ai eu de l'aide, ne t'inquiète pas. J'ai fini par trouver quelqu'un pour me guider. »

« Qui ça ? »

« Peu importe. », sourit Aurore. « Dis-moi, comment tu te sens ? »

« Bien, pourquoi ? »

« Lirou, sérieusement. »

L'adolescente lui adressa un regard éloquent, faisant soupirer son aîné.

« J'ai mal. », finit-il par avouer dans un souffle, les larmes aux yeux. « Mais j'imagine que c'est normal. Jamais je n'aurais dû me monter la tête par rapport à l'affection qu'Arthur semble me témoigner parfois. Si affection il y a, elle ne doit être que fraternelle. Il est amoureux de Gwen. Je sais vraiment pas pourquoi je me suis persuadé qu'il pouvait y avoir quelque chose de romantique entre nous... nous sommes des hommes... c'est simplement inenvisageable, que ce soit pour lui ou pour les autres... »

Peinée, Aurore se rapprocha de son frère et vint l'enlacer, lui caressant les cheveux.

« Tu sais grand frère, l'humain est doué pour nier une chose et se persuader d'une autre. Quoiqu'il en soit, nul cœur, qu'il soit homme ou femme, ne mérite que tu verses des larmes. Si Arthur ne t'aime pas, cela veut juste que ce n'est pas la personne qu'il te faut. Barbatos mettra sur ton chemin celle qui est vraiment faite pour toi, tu verras. Arthur est encore un crétin. Tu verras que d'ici quelques années, ce sera lui qui te courra après et toi qui ne lui rendra pas l'affection qu'il éprouvera pour toi. »

« Tu crois pas que tu exagères ? », rit Merlin à travers ses larmes.

« Peut-être, mais j'ai réussi à te faire rire au moins. », sourit Aurore. « Allez, repose-toi un peu. »

Merlin hocha la tête et s'allongea près du feu. Sa sœur alla rejoindre Lancelot, qui montait la garde plus loin.

« Aurore. », la salua Lancelot avec un signe de tête.

« J'ai été surprise de te voir prisonnier d'Hengist... pourquoi ne m'as-tu pas appelé pour que je vienne t'aider ? Je t'ai dit que tu pouvais le faire au besoin. »

« Je te respecte en tant qu'escrimeuse Aurore, mais j'admets que je ne voulais pas avoir à me reposer sur toi. »

« Tu en aurais eu honte, hein ? »

« Pas du tout. »

« Pas la peine de mentir, tu sais ? Enfin bon, je ne le prends pas mal, j'ai l'habitude. Promets-moi de m'appeler la prochaine fois. »

« Promis. Ceci dit, je ne voulais surtout pas te mettre en danger. Si Hengist t'avait attrapé et découvert tes talents magiques, il t'aurait vendu à prix d'or au Roi Uther, qui t'aurait fait exécuter. »

« Tu sais bien que j'aurais été prudente. »

« Même la plus grande des prudences peut finir par s'avérer inutile face à la cupidité des humains. J'espère que tu finiras par trouver ta place en ce monde, une place où on t'acceptera, avec tes pouvoirs et ton talent d'escrimeuse. »

Aurore lui sourit, reconnaissante de son soutien.

« J'espère que tu deviendras chevalier de Camelot. Tu le mérites, Lancelot. Tu as l'âme noble et le cœur valeureux. Il n'y a rien de plus important en ce monde. »

« Je te remercie de son soutien, mais j'en ai perdu l'espoir, malheureusement. »

« Tu ne devrais pas dire ça. J'avais perdu l'espoir d'apprendre à contrôler un jour mes pouvoirs, et regarde où j'en suis aujourd'hui ! Ma maîtrise est rudimentaire pour le moment, mais elle est tout de même là ! Il ne faut pas perdre espoir. »

Lancelot resta silencieux, mais il finit par incliner la tête en guide de remerciement, un léger sourire aux lèvres.

« Qui d'autre est au courant pour toi ? »

« Mon frère, Maman, Arthur, toi... et Guenièvre maintenant, j'imagine. Mais je sais qu'Arthur et Lirou lui expliqueront la situation, et je suis certaine qu'elle comprendra et gardera le secret. Enfin j'espère. »

« J'en suis certain. »

Rien de plus ne fut dit. Le silence les enveloppa pendant qu'ils montaient la garde ensemble. Ce ne fut que plus tard qu'ils furent rejoints par Merlin.

« Lirou ! Comment tu te sens ? », s'enquit Aurore.

« Mieux, merci Rory. »

Rassurée, elle sourit puis décida d'aller voir comment allait Guenièvre, les laissant seuls.

« Est-il vrai qu'Arthur a volé au secours de Guenièvre simplement parce que Morgane l'en a supplié ? »

Merlin secoua négativement la tête, et Lancelot comprit aussitôt.

« Il est amoureux d'elle, c'est ça ? »

Encore une fois, Merlin ne répondit pas, se contentant de hocher tristement la tête.

« Toi aussi ? »

« Oh, non. », fit Merlin. « Mais ce n'est pas important. »

« Cela en a l'air pour toi. Si tu n'es pas amoureux de Guenièvre, alors... »

Lancelot écarquilla les yeux, venant de réaliser.

« Je te dégoûte, hein ? », marmonna le magicien.

« Pourquoi dis-tu ça ? »

« Parce que cela ne se fait pas. »

« Tout comme cela ne se fait pas qu'une femme prenne les armes. Pourtant, Aurore le fait brillamment. Ce n'est pas parce que nos mœurs l'interdisent que cela est impossible. Après tout, l'amour n'est qu'un sentiment qui lie deux personnes, pourquoi cet amour devrait être strictement réservé à une femme et un homme ? Parce qu'ils sont les seuls à pouvoir engendrer des héritiers ? L'amour se fiche des conventions sociales, ou d'avoir des enfants. »

« Rory pense la même chose... mais il y a plus de chances qu'Arthur légalise la magie plutôt qu'il tombe amoureux d'un homme, un homme comme moi surtout. Et qu'en est-il de toi ? Es-tu amoureux de Guenièvre ? »

« Mes sentiments n'ont... aucune importance, je ne m'immiscerai pas entre eux. Et toi non plus, je suppose. »

« Qui serai-je si j'étais un frein à son bonheur ? », murmura tristement Merlin.

« ... dis à Guenièvre... dis à Guenièvre qu'elle a transformé ma vie à jamais, mais certaines choses ne sauraient se passer. Tu salueras Aurore de ma part, et... j'espère que tu trouveras la personne qui est faite pour toi, Merlin. »

Lancelot s'en alla, et le magicien le regarda partir avant de retourner au camp et d'éteindre le feu. Guenièvre semblait réveillée et échangeait calmement avec Aurore, comme si de rien n'était.

« Rory, tout est arrangé ? », s'enquit Merlin.

Sa cadette hocha la tête.

« Ne t'en fais pas Merlin, je ne dirai rien. », promit Guenièvre. « Je comprends pourquoi tu n'as rien dit, j'aurais sans doute fait la même chose. Ceci dit Aurore, ne viens pas à Camelot tant que tu ne maîtrises pas ta magie. C'est beaucoup trop dangereux ! »

« Ne t'en fais pas Gwen, je vis avec cette magie depuis toujours, je sais ce que je peux ou non me permettre. »

Guenièvre hocha la tête puis les interrogea sur l'absence de Lancelot.

« Où est-il ? », s'enquit la servante.

« Il s'en est allé. », répondit simplement Merlin.

« Non ! », cria Guenièvre, attristée.

« Sans même dire au revoir ? Cela ne lui ressemble pas... », émit Aurore en fronçant les sourcils.

« Il m'a chargé de te saluer. Gwen, il a dit que certaines choses ne sauraient se passer, mais il voulait que tu saches que tu avais transformé sa vie à jamais. »

Gwen se mit à pleurer, alors qu'Arthur venait vers eux. Son cœur se serra en la voyant si triste, de même que celui de Merlin, triste que le blond ne lui renvoie pas ses sentiments. Aurore posa une main réconfortante sur l'épaule de son aîné, qui lui fit un tendre sourire en retour.

« Merci. », murmura-t-il.

Avec douceur, elle colla sa tête contre celle de son frère pour tenter de le consoler.

« Une longue route nous attend. », finit par dire Arthur. « Tu nous accompagnes Aurore ? »

« Non, Camelot reste trop dangereux pour moi pour l'instant, je suis certaine que vous en conviendrez. », sourit Aurore en se détachant un peu de Merlin. « Je vais plutôt retourner là où je loge ces dernières semaines, mais merci de l'invitation. »

« Je dirais à Morgane que tu nous as beaucoup aidé. », promit le blond.

« Je n'ai rien fait de particulier, vous auriez pu vous en sortir sans moi. »

« Peut-être, mais rien ne t'obligeait à te porter au secours de Guenièvre. Malgré tout, tu l'as fait. Je veillerai à ce qu'elle le sache. »

« Comme vous voulez. », rougit Aurore. « Hum... si jamais je peux vous aider en quoi que ce soit, n'hésitez pas à me contacter, le vent apportera toujours vos lettres à bon port. »

Arthur hocha la tête et laissa Guenièvre et Merlin dire au revoir à l'adolescente.

« Gwen, veille sur mon frère, s'il te plaît. », lui souffla Aurore, pendant que le magicien se perdait dans ses pensées.

« Pourquoi ça ? »

« Tu te souviens de ce que je vous avais confié à propos de l'amour, quand Dame Morgane et toi logiez chez nous ? »

« Bien sûr... oh... », comprit Guenièvre, en regarda furtivement Arthur.

« Tout à fait. Je sais que c'est déjà compliqué pour toi, entre tes sentiments pour Arthur et ceux pour Lancelot. Je ne te demande pas de t'en mêler, seulement de me prévenir si tu sens que Lirou ne va pas bien. Si c'est le cas, tu n'auras qu'à m'écrire une lettre et la confier au vent, il me l'apportera. »

« C'est entendu, tu peux compter sur moi. »

« Merci. »

Guenièvre sourit puis lui fit une signe de la main avant de rejoindre Arthur, qui se mit appeler son valet.

« De quoi vous parliez ? », voulut savoir Merlin, ignorant le Prince.

« Rien qui ne pourrait t'intéresser. », éluda Aurore. « Ça ira ? »

« Je n'ai pas trop le choix. Malgré tout, je continuerai à veiller sur lui, afin qu'il devienne le grand Roi que je vois en lui. »

« N'hésite pas à me contacter, vraiment. Je serai toujours là pour toi. »

Merlin sourit, touché, puis vint enlacer sa petite sœur.

« Je t'aime Rory, tu le sais ? »

« Haha ! Évidemment que je le sais ! Je t'aime aussi, grand frère ! »

Celui-ci l'embrassa sur le front puis consentit à obéir au blond et à les rejoindre. Aurore siffla gentiment sa jument, qui s'empressa de venir. L'adolescente monta sur son dos et salua le trio avant de s'enfoncer dans la forêt pour rejoindre Morgause.

« Allons-y, Merlin. Tu la reverras, je n'ai aucun doute là-dessus. »

« ... vous avez raison Arthur. Rentrons à Camelot. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top