Chapitre 65 : Perdue dans le futur

Royaume de Camelot, frontière avec les terre de Gedref, le lendemain, quelques minutes avant l'aube

« Pourquoi doit-on absolument se balader en pleine nuit ? Et avec un bandeau sur les yeux pour moi en plus ! », ronchonna Merlin, alors qu'Arthur le guidait.

« Tu verras. On y est presque. »

Le Roi tira doucement son valet jusqu'au sommet de la falaise, qui était si haute qu'elle surplombait les terres de Gedref, bientôt au royaume de Nemeth, sans pour autant y pénétrer. Il le fit s'installer sur les couvertures et les coussins qu'il avait disposé au début de la nuit avec l'aide de Léon, constatant au passage avec joie qu'ils étaient encore parfaitement secs.

« Merci. », murmura-t-il silencieusement au vent.

Bien qu'incapable de comprendre cet élément comme Merlin et Aurore, Arthur sut que le vent lui répondit favorablement lorsqu'il s'enroula chaleureusement autour de lui comme une couverture, pendant quelques secondes. Si même le vent était d'accord pour que le Roi et le magicien soient ensemble, la preuve étant le matériel de pique-nique qu'il avait maintenu au sec, il était d'autant plus hors de question de laisser filer son tendre Merlin.

« C'est tout doux et confortable... », commenta Merlin, de plus en plus perplexe. « Où sommes-nous ? »

« Sois un peu patient Merl. », sourit Arthur, amusé.

Il regarda la vue qu'ils avaient depuis leur petit nid d'amour et, jugeant que c'était le bon moment, dénoua délicatement le bandeau couvrant les yeux de son cher et tendre. Merlin ouvrit doucement les yeux avant de hoqueter de surprise en voyant l'éblouissant tableau qui se peignait devant ses yeux.

De là où il était, il était capable de voir les terres de Nemeth ainsi que l'océan qui s'étendait dans un coin de la frontière entre Nemeth et Camelot. Le soleil qui se levait nimbait l'atmosphère d'une lueur dorée absolument magique. Le ciel, revêtant les couleurs de l'aurore, rappelait les yeux remplis de magie de sa tendre cadette, et le monde semblait s'étendre à l'infini devant lui. Les terres de Nemeth visibles étaient inhabitées, seule une tour de guet était vraiment visible mais facilement occultée par les terres libres et sauvages qui s'étendaient au pied de la falaise.

En voyant l'air stupéfait de Merlin, son sourire enfantin et ses yeux brillants d'émerveillement, comme un enfant le matin de Noël, Arthur sourit avec une tendresse infinie. Doucement, il se colla contre Merlin, qui se blottit contre lui et laissa reposer sa tête contre son épaule, soupirant de contentement.

Ils restèrent ainsi un moment, jusqu'à ce que le ciel commence à se teindre lentement de son bleu caractéristique. Le ventre de Merlin choisit ce moment pour émettre un bruit suspect, rompant la magie du moment et faisant rire Arthur. Le Roi lui intima de s'installer à son aise dans les coussins, puis il se leva pour aller récupérer le panier de pique-nique qu'il avait caché à quelques mètres de là lorsque Léon et lui avaient tout installé. Lorsqu'il revint, son sourire s'élargit en voyant Merlin allongé en étoile dans les coussins, soupirant de bonheur.

« Et si on mangeait un peu ? », lui proposa Arthur sans un souffle.

Merlin hocha la tête plus vigoureusement qu'il ne l'aurait voulu, mais le Roi ne lui en tint pas rigueur. Il sortit la nourriture du panier, et sourit d'anticipation à la réaction du magicien lorsqu'il verrait que le blond avait veillé à emmener de très nombreuses pommes de toutes sortes et tout autant de mets à la pomme.

« Vous avez fait tout ça vous-même ? », s'étonna Merlin.

« J'aimerais. », rougit Arthur, gêné. « J'y travaille encore. »

Ce fut au tour de Merlin de rougir, touché et attendri d'imaginer son Roi en cuisine en train d'essayer de préparer des tartes aux pommes, de se donner autant de mal pour lui et pour lui seul. Cela avait plus de valeur à ses yeux que de l'argent ou des cadeaux, et il tenta de le lui faire comprendre en l'embrassant avec une infinie douceur. Arthur y répondit aussitôt, puis vint s'installer avec son aimé parmi les coussins.

« C'est vraiment une magnifique surprise Arthy. », sourit Merlin en croquant dans un morceau de tarte aux pommes. « J'en attendais pas autant de vous. »

« Ça te fait plaisir, au moins ? », lui demanda Arthur, anxieux.

« Évidemment ! », assura le magicien, en triturant la chevalière qu'il avait passé autour de son cou, afin de pouvoir la cacher sous sa tunique. « Vous m'avez promis le trône, mais la vérité, c'est que je me fiche de tout ce faste qui entoure votre vie. Si nous pouvions vivre aussi simplement qu'à cet instant, j'en serai tout aussi heureux, voire plus encore. »

« Tu as raison. », admit le Roi. « J'aimerais vivre comme ça, avec toi. Mais j'ai des obligations... »

« Et ce n'est pas grave. Ce que je veux dire, c'est que je vous aime autant, que vous soyez le Roi ou un simple paysan. C'est Arthur que j'aime, pas son titre. C'est pour ça que des surprises comme celle-ci valent infiniment plus à mes yeux que des cadeaux hors-de-prix, et ce sera toujours comme ça. »

« Et c'est comme ça que je t'aime. »

Merlin sourit et l'embrassa un instant, avant de prendre une pomme crépusculaire et de la scinder en deux, avec un coup de pouce de sa magie. Arthur le vit mais n'y prêta pas vraiment attention, l'événement se rajoutant de lui-même parmi les pièces du puzzle qu'il se refusait à recomposer, par respect pour Merlin. Quoiqu'il cache, le Roi attendrait qu'il le lui dise et ne chercherait pas à savoir. Il savait qu'il pouvait avoir confiance en lui, et c'était tout ce qui avait de l'importance à ses yeux.

Chaque relation mettait du temps à se construire, et ils n'étaient qu'au début de leur amour. Ils avaient tout le temps devant eux.

France, Camargue, Avalon-le-Lac, 21e siècle, manoir des Pendragon, chambre d'Arthurine

« Ma tête... », gémit Aurore.

Doucement, la jeune fille se releva et s'assit sur ce qui semblait être un lit, mais son attention fut vite attirée par le style de la chambre, ô combien étrange pour elle malgré le fait qu'elle avait vu de nombreuses choses au cours de ses voyages. Elle fronça les sourcils en voyant un bureau sur lequel il y avait trois tableaux tout noirs et renvoyant son propre reflet, une planche avec des boutons carrés et un objet vaguement circulaire doté d'un fil.

Perplexe, elle se leva du lit et s'approcha de la grande baie vitrée. Le soleil brillait et le ciel était bleu, lui permettant de voir dans la cour une sorte de caisse en métal dotée de quatre roues noires bien trop étranges pour être faîtes de bois comme celles qu'elle connaissait.

Aurore, déglutit, absolument certaine de ne pas être à Camelot, et encore moins à Ealdor.

« Mais où est-ce-que j'ai atterri ? »

« Ah, tu es réveillée. Je commençais à m'inquiéter ! », fit une voix féminine.

Aurore sursauta et dégaina prestement son épée en se retournant vers l'intruse, qui refermait doucement la porte derrière elle. C'était une magnifique jeune fille de son âge, avec des boucles dorées comme le soleil tombant jusqu'à ses fesses et une frange droite qui masquait légèrement ses yeux bleu océan. Elle était vêtue d'une robe blanche décorée de quelques étoiles rouges, bien trop courte pour être décente aux yeux d'Aurore, et des chaussures rouges à talons hauts et bouts ouverts. Elle portait également quelques bijoux rouges, du rouge à lèvres de la même teinte, et deux barrettes blanches qui retenaient quelques boucles. Aurore n'eut aucun mal à reconnaître ce rouge comme celui qui habillait les tapisseries du château de Camelot : le rouge Pendragon.

« Baisse ton épée, veux-tu ? Je connais suffisamment tes capacités pour ne pas vouloir engager le moindre combat contre toi. », reprit la blonde, d'un air qui paraissait familier à Aurore.

« Qui êtes-vous ? », demanda Aurore, en pointant son épée sur la gorge de l'inconnue.

« Arthurine Pendragon, sœur cadette de Morgane Pendragon et réincarnation d'Arthur Pendragon, Roi de Camelot et mari de Merlin Pendragon. Oh, et le Roi qui fut et qui sera, par extension. », déclara la dénommée Arthurine.

« Arthur ? Très drôle. Arthur Pendragon est un homme musclé, pas une fille qui s'habille de manière aussi peu décente. Et même si c'était une fille, jamais il ne s'habillerait ainsi. », rétorqua Aurore, en rapprochant sa lame du cou d'Arthurine.

« C'est la mode de cette époque, que veux-tu ? Mais j'avoue que je déteste m'habiller comme ça, ça ne fait que m'éloigner encore plus de Merlin... », se désola Arthurine, en prononçant le prénom de son valet « Merline ». « Si tu ne me crois pas, pose-moi une question que seule Arthur Pendragon pourrait connaître. »

(NDA : à partir de maintenant, quand le prénom Merlin se prononce « Merline », il sera écrit ainsi : Merlin)

Aurore réfléchit un instant.

« Pourquoi Guenièvre a été bannie de Camelot ? »

« Parce qu'elle a été piégée par Morgane, qui a ramené Lancelot en tant qu'ombre et a lancé un sort d'amour sur le bracelet que Lancelot a offert ensuite à Guenièvre. »

« Mais comment savez-vous ça ? Seuls Gwenny, Lirou, Arthur et moi sommes au courant... »

« Je te l'ai dit : je suis la réincarnation d'Arthur Pendragon. Tu ne me crois pas ? »

« C'est plutôt difficile à croire, mais c'est vrai que vous lui ressemblez, d'une certaine manière... »

Abdiquant, Aurore rangea son épée, mais garda sa main sur la garde, tel un avertissement muet.

« Savez-vous où nous sommes ? »

« Tu sais, tu peux me tutoyer à cette époque. Nous avons quasiment le même âge, et il n'y a plus de rangs sociaux comme à l'époque de Camelot. »

« Je suis dans le futur. », comprit Aurore.

« Oui, au vingt-et-unième siècle. Le 10 août 2023 pour être tout à fait exacte. Pour te donner un ordre d'idée, tu viens du douzième ou treizième siècle. C'est pas tout à fait précis, on ne mesurait pas le temps comme on le fait aujourd'hui, à mon époque. »

« Vous... euh tu dis que je viens d'une époque antérieure, pas que je me crois venir de cette époque à cause d'un quelconque choc à la tête. Tu te souviens de l'époque de Camelot. »

« Tout à fait, mais pas Merlin. Morgane aussi se souvient, mais je crois que c'est tout, j'ai retrouvé pas mal de personnes de l'époque de Camelot mais aucune ne semble se souvenir de quoi que ce soit, j'ai fait de nombreuses allusions pourtant. Merlin se comporte avec moi comme Merlin le faisait lors de notre rencontre... oh, et il y a ton homologue de cette époque également, c'est elle qui m'a averti de ta venue prochaine. Elle aussi s'est retrouvée catapultée dans le futur, quand elle-même vivait à l'époque de Camelot. C'est... compliqué. », admit Arthurine.

« C'est le moins que l'on puisse dire. Comment m'avez-vous... euh m'as-tu trouvé ? »

« Ça fait un mois qu'Aurore m'a prévenu, donc je faisais attention. Tu devais être près d'une statue à l'effigie d'Eilin. J'ai fini par te trouver hier, après la réunion de l'été du BDE. Elle sert à préparer la rentrée pour les élèves. Tu étais contre la statue qui orne la cour de notre faculté. Euh, le BDE, c'est le Bureau Des Etudiants. J'en suis la présidente. C'est un peu comme le conseil de Camelot, mais à une échelle bien plus restreinte. »

« Donc la « faculté », c'est comme un précepteur ? Je sais que tu en as eu plein quand tu étais un enfant Prince. »

« En quelque sorte. », admit Arthurine. « C'est un endroit où plein de gens de notre âge vont pour s'instruire, afin de pouvoir être formés au métier qu'ils veulent exercer plus tard. Les cours sont donnés par plein de précepteurs, qui ont chacun leur propre domaine d'expertise. On les appelle des professeurs. Lancelot était ton professeur d'escrime, à ton époque, par exemple, et Venti, Nahida et Stella tes professeurs de magie. »

« D-D'accord. », balbutia Aurore, enregistrant les informations du mieux possible.

« Bref. La toi du futur m'a prévenu pour que tu ais un guide à cette époque. Elle savait que j'étais « réveillé », probablement par Nahida. Elle est encore en vie à cette époque, mais pas toi. Enfin je m'égare. Du coup, elle m'a prévenu d'où te trouver, mais je ne sais pas comment tu as pu arriver à cette époque. »

Saisissant sans peine la question sous-entendue, Aurore se concentra pour rappeler à sa mémoire les derniers événements.

« J'étais partie pour récupérer des herbes. »

« Pour le fertilisant conçu par Nahida, c'est ça ? Je me souviens que Guenièvre nous l'avait dit quand on s'est retrouvés à Ealdor, quelques semaines après son bannissement. »

« C'est ça. », confirma Aurore. « C'est super bizarre que tu te souviennes de choses qui se sont même pas encore passées... »

« Pour moi, elles sont déjà passées, donc je pourrais aussi bien dire que c'est bizarre que tu ne te souviennes pas de choses ayant déjà eu lieu. Et donc, tu es partie pour chercher des herbes ? »

« Oui. Le voyage devait durait trois jours maximum. », indiqua-t-elle en dressant trois doigts devant elle. « Mais Morrigan, la Triple Déesse, m'a attaqué par surprise et m'a emmené dans le monde des esprits ! Là-bas, les règles de la magie sont différentes de celle du monde mortel, et je ne les connais pas. Je me suis défendue mais, avant que je ne puisse le réaliser, elle m'a propulsé dans le vide. La dernière chose dont je me souviens, c'est d'avoir traversé un portail. Après, c'est le trou noir... »

« Il faut toujours que cette déesse s'en prenne à toi... », soupira Arthurine.

« Elle continue ? Même dans le futur ? »

« Oui. », confirma Arthurine. « Le problème, c'est que tu n'as été l'Archon Anémo que dans ta première vie, celle du temps de Camelot. Toutes tes autres réincarnations ne le sont pas. L'impact que tu as laissé sur le monde mortel est si important qu'il n'y a pas eu de dieu de la Liberté depuis ta mort. Un autre dieu est rentré dans le cercle des Sept, la déesse de l'Unité et de la Lumière si ma mémoire est exacte, mais personne ne t'a remplacé à ton poste. Les Sept protègent chacune de tes réincarnations avec un sort parce que tu n'as plus le pouvoir de te défendre contre Morrigan. Et tu ne peux plus te balader avec ton épée divine de nos jours, le port d'armes est très contrôlé. »

« J'ai toujours de la magie ? »

« Oui, et Merlin aussi. A chacune de vos réincarnations, vous restez les mages les plus puissants existants, après les dieux, mais la magie est devenue un mythe pour la plupart des gens de nos jours. Elle n'est pas interdite, mais disons que vous risqueriez de servir de rats de laboratoire si ça venait à se savoir. Eum... en gros on ferait des tests et des expériences sur vous pour savoir ce qui fait que vous avez de la magie, afin de pouvoir le reproduire à une échelle beaucoup plus grande. », expliqua Arthurine.

« Comment marche la magie à cette époque ? »

« Il n'y a plus besoin d'incantations de l'Ancienne Religion. Au cours de ton règne, tu as libéré la magie elle-même afin qu'elle puisse être utilisée plus facilement, avec de simples mots de pouvoir comme tu le faisais avec ta magie du vent. »

« Je peux faire ça ?! », s'étonna Aurore.

« Apparemment. »

« Et comment ça, mon règne ? »

Arthurine se tendit, marmonnant un juron, avant de se reprendre avec la vivacité du Roi Arthur.

« Ton règne de déesse de la Liberté, bien sûr. », mentit la blonde.

Aurore fronça les sourcils mais n'insista pas.

« Tu sais, si ça concerne le passé de mon avenir... euh... enfin ce qui va m'arriver mais qui est déjà arrivé dans ta temporalité, tu peux juste le dire. Je sais qu'il ne faut pas perturber le cours du temps. Ceci dit, c'est déprimant de savoir que Morrigan me poursuit jusque dans le futur... »

« Je comprends. Il y a encore une chose que je dois te dire, une chose capitale même. »

« Laquelle ? »

« Regarde ton Gnosis. »

Intriguée, Aurore obtempéra et sortit l'artefact de sous sa tunique turquoise. Elle fut alors surprise de voir que, au lieu de briller d'une lueur turquoise, le Gnosis était gris et terne, sans vie... et sans magie.

« Je n'ai plus de pouvoir ? », s'inquiéta Aurore.

« D'après ce qu'on m'a expliqué, il y a un bug dans l'univers, une erreur si tu préfères : il existe deux Aurore en même temps, pour faire simple. Donc t'as plus accès à ta magie divine, mais tu es toujours immortelle. Les seules choses que tu peux faire, c'est ce que tu savais faire quand on est allés sauver Guenièvre à la demande de Morgane, tu te souviens ? »

« C'était y'a longtemps, même pour moi, mais oui. Je ne peux faire que ça ? »

« A ma connaissance, oui. Ton homologue du futur est une globe-trotteuse, une voyageuse comme ce que tu étais, mais elle est revenue ici en secret, pour être à proximité au cas où tu aurais du mal à te faire passer pour elle. »

« Je dois me faire passer pour elle ?! Hors de question ! Je peux très bien survivre seule ! », refusa Aurore avec véhémence.

« Dans le temps de Camelot, sans aucun doute. Mais tu ne sais rien de cette époque, beaucoup de choses ont changé. C'est bien plus simple pour tout le monde si tu te fais passer pour l'Aurore du futur, plutôt que tu ais à survivre dans cette époque en restant cachée. Tu ne tiendrais pas une heure. Ton futur toi, par contre, a voyagé dans le monde entier, plus loin que tu ne l'as jamais été, et sait tout ce qu'il y a à savoir sur la survie en ce monde. En plus, elle se souvient de sa vie en tant que toi, donc elle s'en sort mieux que n'importe lequel explorateur connu à mon époque. », argumenta Arthurine.

« C'est bien un raisonnement qui me ressemble... », soupira Aurore. « Et comment je me fais passer pour elle... pour moi ? Ah, ça va finir par me donner des nœuds au cerveau cette histoire ! »

« Il a été prévu que je t'emmène la voir une fois que tu t'es réveillée. Elle t'enseignera comment te faire passer pour elle pour que tu sois prête à la rentrée. Merlin et toi entrez en première année dans ma faculté. »

« Je croyais que vous aviez le même âge dans cette temporalité... »

« C'est le cas, mais ton homologue du futur a pris une année sabbatique pour voyager partout dans le monde et s'instruire sur tout ce qui se fait en terme de musique, de chanson et de danse. Merlin a fait la même chose, mais pour prendre soin de votre mère, je crois. J'ai entendu dire qu'elle était devenue très faible après vous avoir mises au monde, toutes les deux, et que ça a empiré à la fin de votre dernière année de lycée. Je t'expliquerai tout, le système scolaire est un peu complexe pour quelqu'un qui débarque de presque un millénaire plus tôt. Bref. Ah oui, Merlin et toi êtes des jumelles dans cette vie. Vous êtes censées avoir dix-neuf ans actuellement. Tu dois plus en être très loin, non ? »

« J'ai fêté mes dix-sept ans il y a quelques mois. »

« C'est bien ce que je disais. A deux ans près, on y est. Compte tenu que tu as toujours donné l'impression d'être plus âgée que ton âge réelle, aussi bien physiquement que mentalement, tu donneras l'illusion à la perfection. Il y a un risque que Merlin découvre la supercherie, mais tu peux toujours compter sur le vent, il te soufflera en temps réel ce dont tu as besoin de savoir pour faire illusion, si jamais tu te retrouves confrontée à des choses qu'Aurore ne t'aura pas dites. Sa vie est tellement remplie que je doute qu'elle ait le temps de tout t'enseigner. Elle va sûrement t'apprendre l'essentiel. Et au pire, je sais que Merlin comprendra. C'est Merlin, après tout. »

« Depuis quand tu la connais, dans cette vie ? »

« Depuis la primaire je crois, ce qui fait... euh... treize ans, si je me trompe pas. Mais on s'est jamais vraiment parlé. J'étais vraiment une snobe avant de retrouver mes souvenirs, il y a deux ans. Du coup, elle sait comment je suis, ou plutôt étais, et ne veut rien avoir à faire avec moi. Elle traîne toujours avec Lancelot, votre cousin, et Gauvain, et moi avec Léon, Perceval et Elyan. »

« Je t'aiderai, si je le peux. », promit Aurore. « Mais Lance n'est plus un esprit, maintenant ? »

« Non, Stella l'a libéré un peu après ta mort. Depuis, il se réincarne. »

Aurore hocha la tête, organisant toutes les informations le plus efficacement possible dans son esprit. Soudainement, Arthurine tapa des mains et se redressa.

« Bon ! Commençons par moderniser ta garde-robe. Je doute que tu fasse ma taille, tu as plus de formes que moi, mais j'ai tout de même quelques trucs qui devraient t'aller, j'ai prévu le coup et ai acheté quelques vêtements en taille unique. Ce sont des vêtements faits pour aller à tout le monde. »

« Je ne peux pas rester comme ça ? »

« Il ne faut pas attirer l'attention. Rappelle-toi : ton homologue du futur sait que tu devais arriver, et Morrigan est toujours en vie actuellement, elle mène même une vie de mortelle, mais c'est pas le sujet. Ce que je veux, dire, c'est qu'elle sait aussi que tu dois venir et elle va te chercher pour te tuer, là où tu es la plus vulnérable : dans une temporalité où une autre version de toi existe déjà. En fait, c'est surtout pour ça qu'il a été décidé que tu te ferais passer pour ton futur toi. D'après Nahida et ton futur toi, comme tes pouvoirs divins sont inutilisables ici, Morrigan ne te détectera pas même si elle t'a en face d'elle. »

« Et elle va tout de suite savoir que c'est moi si je me balade avec des vêtements de l'ère de Camelot... »

« En effet, mais ne t'inquiète pas. Je vais les garder de côté, en sécurité, pour que tu puisses les récupérer avant de repartir dans ton temps. »

« Tu sais comment je peux faire ça, d'ailleurs ? »

« Non. Ce que je sais, c'est essentiellement ton homologue du futur qui me l'a dit, dans la lettre me prévenant de ton arrivée prochaine. Elle préfère discuter des détails avec toi directement, elle ne m'a donné que les informations essentielles, les réponses aux questions les plus importantes que tu te poserais. »

« J'aurais sans doute fait la même chose. », approuva Aurore. « Bon, qu'as-tu à me proposer ? »

Arthurine se dirigea vers son armoire et l'ouvrit, en sortant un débardeur blanc, un pantalon très court fait d'un drôle de tissu bleu (un « short » fait en « jean », d'après la réincarnation d'Arthur) et des bottes à lacet blanches très étranges qui ne montaient que jusqu'à la cheville (des « baskets », apparemment).

« Ça fera l'affaire, au moins jusqu'à ce que ton homologue du futur te donne des vêtements à elle, ou qu'elle serait capable de mettre en tout cas. », affirma Arthurine, une fois qu'Aurore se fut changée dans la salle de bain attenante à sa chambre.

Se sentant trop légère, Aurore détacha ses cheveux et noua le ruban violet à son poignet. Sa chevelure libre lui apporta l'illusion du poids manquant, suffisamment pour qu'elle se sente à l'aise dans des vêtements de cette nouvelle époque.

« Avez-vous décidé aussi où je vivrai pendant mon séjour à cette époque ? »

« Chez moi, jusqu'à la rentrée. Les parents sont partis en voyage romantique y'a deux jours, ils ne reviendront qu'à la rentrée, donc on aura pas à s'embêter à justifier ta présence ici. Après la rentrée, tu iras au pensionnat de la faculté, beaucoup l'utilisent. Ce sera le cas de ta sœur et toi mais ça, c'est pour quand tu seras prête à intégrer notre société en tant que l'Aurore de notre temps. Pour Merlin, tu ne dois revenir ici qu'un jour ou deux avant la rentrée, donc tu as un peu de temps. »

« Un « pensionnat » ? »

« C'est comme toi à Camelot, pour faire simple. », expliqua Arthurine. « Tu as tes appartements dans le château de Camelot, comme beaucoup de chevaliers, mais ce n'est pas ta maison, pas dans le sens « habitation qui t'appartient ». Le pensionnat, c'est pareil, sauf que tu partages tes appartements avec une ou plusieurs personnes. »

« Beaucoup de... hum... facultés ont ça ? »

« Oh non. Pas dépendant directement de la faculté, en tout cas. C'est la seule dans ce pays qui le fait. C'est une volonté de ma mère, elle en était la directrice jusqu'à l'année dernière. Maintenant, elle se concentre sur la création de sa propre marque de vêtements. Enfin bref ! Les frais de pensionnat sont directement inclus dans les frais de scolarité d'un étudiant qui souhaite en bénéficier, ça revient moins cher aux étudiants et c'est plus pratique pour le personnel, même si j'ai pas trop compris en quoi c'était plus pratique. Dans les autres facultés, le pensionnat est indépendant de la faculté, les appartements alloués sont minuscules et d'une qualité à peine suffisante compte tenu de ce que les étudiants peuvent payer par mois, et il y a souvent des problèmes. Le pensionnat dépendant de la faculté serait plus avantageux pour tout le monde d'après ma mère. »

« J'ai vraiment beaucoup de choses à apprendre... », remarqua Aurore.

« T'en fais pas. Tu es censée être une globe-trotteuse, ça ne paraîtra pas bizarre si tu es pas au courant de certaines choses, tu pourras facilement prétendre que ça a un quelconque lien avec tes voyages dans le monde entier. Bon, on a beaucoup de choses à faire et peu de temps, donc on ferait mieux d'y aller. On s'arrêtera à un café sur la route, pour que tu puisses petit-déjeuner. Je te le paierai, t'inquiète. »

« Un « café » ? »

« Un sorte de taverne, mais beaucoup mieux fréquenté généralement. Beaucoup de choses ont changé, à commencer par le pays où tu es, mais on t'apprendra tout petit à petit, ne t'inquiète pas. »

« Je te fais confiance. Où va-t-on ? »

Arthurine sourit, comme si c'était une évidence.

« Au camp de Nahida ! »

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