Chapitre 64 : La Princesse Mithian

Royaume de Camelot, cité, château, couloir, le lendemain

« Vous n'aimez pas la chasse ? »

Merlin s'arrêta à la question de Mithian, alors qu'il se dirigeait à reculons vers la cour où les chevaliers et Arthur étaient déjà.

« Ce n'est pas un sport que de lancer des chiens, des lances et des arbalètes à un adversaire qui n'a rien. », rétorqua vertement Merlin en se tournant vers elle.

« Vous ne m'aimez pas beaucoup non plus, et je le regrette. », répondit-elle, avant de reprendre devant son air étonné. « Allons Merlin, il faudrait que je sois idiote pour pas le voir. »

« Pardon si je vous ai offensé, ce n'est en rien contre vous. »

« Ce n'est pas sans raison, n'est-ce-pas ? Vous l'aimez. »

« Comment puis-je aimer un tel abruti ? », marmonna Merlin, surtout pour lui-même.

« Il est fort aimable, disons-le, quoiqu'il le cache bien. Arthur est-il au courant de vos sentiments ? »

Merlin pinça les lèvres pour s'empêcher de répondre mais, devant le regard empreint de gentillesse de la Princesse, il ne put que se résoudre à tout avouer.

« Bien sûr qu'il l'est. En fait, nous sommes ensemble. »

« Il ne m'a rien dit de tel... », fit Mithian, choquée.

« Évidemment, c'est un lâche. Je vois bien que vous l'appréciez, et c'est justement ce qui me pose problème. Il m'a promis que je serai son Roi, un jour, lorsqu'il aurait changé les lois. Mais ça n'arrivera pas s'il se marie avec vous. Honnêtement, je me fiche du trône, je veux juste pouvoir être avec lui aux yeux de tous. »

« ... j'espère qu'un jour, quelqu'un m'aimera autant que vous l'aimez... je comprends votre rancune Merlin, c'est pourquoi je ne me mettrai pas en travers de vous. Si ce mariage se fait, vous pourrez être avec Arthur. Je ne vous ferai pas concurrence sur le plan de l'amour, je vous le promets. »

« Vous me laisseriez entretenir une relation avec lui ? Alors... que nous sommes des hommes ? Et qu'il sera marié ? », demanda Merlin, franchement perplexe.

« Une fois, j'ai rencontré une jeune fille qui disait qu'on aimait un cœur et une âme, pas un corps. Et ce n'est qu'un mariage politique. En soit, rien n'empêche vraiment les relations extraconjugales, si les deux membres d'un couple marié sont tous les deux d'accord. »

« Vous avez rencontré Rory... », réalisa Merlin, avec un petit sourire. « C'est bien le genre de choses que ma sœur serait capable de dire. »

« Ainsi donc, Aurore est votre sœur. Cela ne m'étonne pas, vous vous ressemblez. »

« C'est ce qu'il paraîtrait. Vous seriez vraiment prête à faire cela ? »

« Je ne peux rien faire pour que vous puissiez vivre votre amour au grand jour, mais je suis d'avis que l'amour doit être encouragé, même au sein d'un couple marié, et tant pis si c'est un amour extraconjugal, du moment que les deux parties reliées par le mariage sont d'accord. Enfin, c'est ce que je pense. S'il y a une observation que j'ai faite depuis que je suis ici, c'est qu'Arthur attache plus d'importance à votre opinion qu'à celle de n'importe qui. Même s'il ne l'admettrait pour rien au monde. Alors, oui, si cet accord vous convient, je le ferai, pour votre bonheur à tous les deux. Me laisseriez-vous une chance ? »

Après quelques instants de réflexion, Merlin sourit.

« Oui. »

« Je vous remercie. », sourit Mithian, sincère.

« C'est plutôt à moi de vous remercier, pour votre compréhension. »

« C'est tout naturel. Je discuterai de la situation avec Arthur, mais peut-être devriez-vous songer à lui pardonner, vous semblez très remonté contre lui. C'est un bon mais jeune Roi, il fait ce qu'il pense être le mieux, c'est normal qu'il se trompe. »

« Oui... c'est un crétin royal. Mais je l'aime, beaucoup trop pour que ce soit raisonnable. »

« Je l'avais remarqué. », répondit Mithian, amusée. « J'espère que les choses s'arrangeront entre vous. »

Reconnaissant, Merlin inclina la tête, signe qui lui fut rendu.

Royaume de Camelot, forêt, plus tard

« On devrait peut-être renter ? », émit Merlin, alors qu'aucune proie ne pointait le bout de son nez.

« Sottise ! Nous avons à peine commencé. », rétorqua Arthur.

A son grand soulagement, le magicien répondit aussitôt avec son affront habituel.

« Chasser perd son intérêt s'il n'y a rien à chasser. »

« Bon, et si on te donnait cinq minutes d'avance, Merlin ? », répliqua Arthur, avec un haussement de sourcil suggestif.

Merlin rougit furieusement, mais n'eut pas l'occasion de répondre car Léon indiqua une direction. Ils se mirent à pourchasser une biche et le magicien ralentit, percevant quelque chose. L'animal le regarda et il entendit les pleurs de Guenièvre. Les yeux de Merlin se dorèrent et il vit alors Gwen courir à la place de la biche.

Merlin écarquilla les yeux, comprenant sans mal que Morgane l'avait probablement transformée, et il poursuivit le groupe de chasse pour l'empêcher de la blesser.

« Quelle bête magnifique ! », commenta Léon.

Il pointa son arbalète sur Guenièvre, mais la biche s'échappa. Arthur décocha un carreau d'arbalète mais Merlin lui fit rater sa cible avec sa magie.

« Je vous croyais plus adroit mon Seigneur. », commenta Mithian.

A son tour, elle visa et réussit à la toucher sans que Merlin n'ait le temps de dévier le carreau. Le groupe se lance donc à sa recherche, particulièrement le magicien qui espérait pouvoir la soigner.

« Il y a des traces. », indiqua Léon.

« Ah ! Elle n'a pas pu aller bien loin... »

« Arthur, nous devrions la laisser. C'est Guenièvre, elle a été transformée par Morgane. Laissez-moi la libérer avec mon sang et la soigner... »

Il laissa le vent porter à son Roi ses dernières pensées.

« Oui, tu as raison. Nous ne chasserons plus aujourd'hui. », décida Arthur.

« Je ne vous croyais pas aussi mauvais perdant, Sire. », fit Mithian, perplexe.

« Merlin, va récupérer les herbes que Gaius t'a demandé avant la chasse, puis rejoins-nous à Camelot. »

« A vos ordres ! », sourit Merlin.

Il s'éloigna dans la forêt, remontant la piste de Guenièvre avec l'aide du vent. Il la trouva assez vite et s'empressa d'utiliser quelques gouttes de son sang pour la libérer du sort de Morgane. Il retira ensuite le carreau d'arbalète de sa jambe et utilisa un sort pour la guérir.

« Ic hæle þina þrowunga. »

Guenièvre soupira, se détendant dans son sommeil. Elle ne s'éveilla qu'une heure plus tard.

« Merlin ! »

« Comment te sens-tu ? », lui sourit le magicien.

« Je vais bien, je crois. Qu'est-ce-que tu fais ici ? »

« Tu as été transformée en biche et blessée. J'ai utilisé mon sang pour te libérer et mes connaissances pour te soigner. C'était Morgane ? »

« Oui, c'est elle qui m'a envoûté. Elle, les Sudrons et Helios ont le projet d'attaquer Camelot. »

« Ils n'y arriverons pas, ils le savent forcément. »

« Ils ne sont pas seuls, Agravain leur a donné les plans des souterrains de sièges sous le château. »

« Je le dirai à Arthur. Mais que fais-tu ici ? Où est Rory ? »

Guenièvre ne répondit pas tout de suite, recherchant une excuse pour ne pas dire à Merlin qu'Aurore n'était pas rentrée après les trois jours prévus.

« Partie... euh... chercher des herbes, pour préparer le fertilisant conçu par Nahida. Elle va bien ! File prévenir Arthur du danger ! »

« Mais- »

« Cours ! Vas-y vite ! », le pressa Guenièvre.

Dans un soupir, Merlin hocha la tête et enlaça la brune, avant de se dépêcher de rejoindre Camelot.

Royaume de Camelot, cité, château, appartement d'Arthur, le soir venu

« Arthur ? »

Le Roi leva la tête.

« Merlin. », répondit-il, incertain de savoir comment réagir.

Le magicien lui sourit tendrement et vint l'enlacer, nichant sa tête dans sa nuque. Soulagé, Arthur lui rendit son étreinte, respirant sa douce odeur.

« Désolé, je n'aurais pas dû m'énerver autant... », murmura Merlin.

« Non, tu as eu raison. J'ai été vraiment stupide, j'aurais dû en parler dès le début à Mithian, et comprendre ta position. Je ne l'épouserai pas Merl, il n'y a que toi que j'aime. »

Merlin sourit doucement, resserrant leur étreinte.

« Vous pouvez, Mithian m'a dit qu'elle nous laisserait être ensemble si le mariage devait avoir lieu. »

« Non. Je veux que tu deviennes mon Roi, Merl. Je sais que ça ne pourra pas se faire tout de suite, mais c'est ce que je souhaites, au plus profond de moi-même. Si je dois épouser quelqu'un pour que le conseil me fiche la paix, ce sera Guenièvre et uniquement Guenièvre, comme on l'avait initialement conçu. »

« Comment allez-vous faire ? »

« Simplement laisser un peu de temps s'écouler, avant de la ramener au château, en prétextant que je lui ai pardonné. Je la ramènerai, avec ta sœur. C'est une promesse. »

Merlin leva la tête et déposa un doux baiser sur les lèvres d'Arthur, qui sourit, rassuré que leur querelle soit derrière eux. Le blond se détacha légèrement et retira la chevalière qu'il portait toujours à son doigt. Elle portait les armoiries des Pendragon. Il mit pied à terre, présentant la bague à Merlin, qui hoqueta de surprise, les joues rouges.

« Merlin d'Ealdor, fils d'Hunith, descendant de Barbatos et frère d'Aurore, accepterais-tu de me prendre pour époux, lorsque nous pourrons nous marier librement ? »

Le magicien ouvrit la bouche, la referma, puis la rouvrit, à court de mots. Finalement, il hocha la tête, quelques larmes coulant sur ses joues. Arthur, heureux, se releva et lui passa la bague au doigt, avant de l'embrasser.

« Je t'aime, idiot. »

« Je vous aime aussi, crétin royal. », répondit amoureusement Merlin, ému. « Mais... euh... vous devez savoir qu'il y a quelque chose sur moi que je ne vous ai pas encore dit... »

« Et ce n'est pas grave. Tu me le diras en temps voulu, ce doit être quelque chose de très important, je vois bien que ça t'angoisse. »

« Oui, c'est vrai... mais ce n'est pas parce que je ne vous fais pas confiance, au contraire ! Mais je... je serai plus serein de vous le dire quand les conditions seront favorables. »

« Alors j'attendrai. Je sais que tu m'aimes, et c'est suffisant. »

Rassuré, Merlin l'embrassa avec d'autant plus de tendresse, avant de se rappeler subitement la première raison de sa venue. Il se détacha d'Arthur, qui afficha un point d'interrogation sur la figure.

« Désolé de mettre fin aux réjouissances de cette façon, mais je me dois de vous avertir Arthur : Agravain a donné les plans de siège à Morgane. Comme vous vous en doutez, je n'ai aucun moyen de le prouver. C'est Guenièvre qui m'a mise en garde. Il faudra s'attendre à une attaque dans les prochains jours... »

« Faut toujours qu'il gâche tout... », soupira Arthur. « Je vois, merci Merl. Maintenant, peut-on reprendre là où on en était ? »

Merlin hocha la tête, amusé, puis Arthur le reprit dans ses bras, déposant de doux baisers dans sa nuque. Très vite, le magicien se mit à soupirer de plaisir.

« Veux-tu que je te montre à quel point je t'aime, Merl ? », susurra-t-il.

« Arthy... je... je me sens pas encore prêt pour aller aussi loin... », rougit Merlin.

« Alors, nous irons doucement, hm ? Je te posséderai quand tu seras prêt, mais seulement si tu continues à m'appeler ainsi... »

« Arthy ? »

En réponse, Arthur lui mordit le cou, le faisant crier de surprise et de plaisir.

« D-D'accord, Arthy... », articula Merlin, plus rouge que le rouge Pendragon.

« Préviens-moi dès que je dépasse ta limite. », souffla Arthur en remontant vers ses lèvres.

Merlin hocha la tête, fixant le regard assombri de désir du blond qui faisait sans doute écho au sien. Le Roi vint alors capturer ses lèvres et l'emmena doucement vers son lit, prêt à lui faire ressentir toute l'étendue de son amour pour lui.

Royaume de Camelot, cité, château, cour, le lendemain

Mithian se préparait à monter à cheval pour s'en aller, déçue, mais avec la tête haute et partageant le bonheur qu'Arthur et Merlin ressentaient maintenant qu'ils s'étaient retrouvés.

« Princesse... pardonnez-moi. », fit Arthur. « Je comprends votre déception, c'est pour cette raison que je vous offre ainsi qu'à vos descendants, l'objet du litige, la totalité du territoire de Gedref. »

« Vous céderiez ce que vous revendiquez depuis toujours, pour lui ? », lui répondit-elle sur un ton entendu.

« Je veux surtout éviter un conflit. »

« Une telle décision ne peut être prise à la hâte, amour ou non. »

« Mes scribes ont déjà préparé un accord. Si les termes vous conviennent, je signerai séance tenante. », affirma Arthur en lui montrant un rouleau de parchemin.

« Et si je refuse ? »

« C'est tout ce que j'ai à vous offrir. Je le fais en toute humilité. »

Mithian hocha la tête et prit le parchemin.

« C'est un homme bon qui vous aime infiniment, capable de protéger ce qu'il estime lui appartenir. Il ferait un bon Roi. Et pour lui, vous risqueriez votre royaume ? Votre couronne ? »

« Sans lui, ils ne sont rien pour moi. », avoua Arthur.

« Ne le laissez pas partir, Arthur, car je donnerais volontiers mon propre royaume pour que l'on m'aime ainsi, autant que vous vous aimez l'un l'autre. Adieu, Arthur. »

« Adieu, Princesse. Et merci pour votre compréhension. »

« Si vous voulez vraiment me remercier, allez jusqu'au bout de votre projet. J'espère être invitée à votre mariage et son couronnement. »

« Lorsque le temps sera venu, soyez certaine que vous serez l'une des premières invitées. »

Mithian sourit doucement et inclina la tête, avant de monter à cheval.

« Que l'amour continue de vous guider, Majesté. Il vous mènera bien plus loin que vous ne le croyez. »

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