Chapitre 59 : La décision d'Arthur

Royaume de Camelot, cité, château, cour, quelques semaines plus tard

« Voilà ce que j'appelle une mission rondement menée ! », s'extasia Aurore en s'étirant, sur le dos de Moonlight. « Ah ! Qu'il fait bon d'être de retour à la maison ! »

« Désolée, je pensais pas que ça prendrait autant de temps... », s'excusa Nahida, gênée, en descendant de la jument. « Si j'avais su, je ne t'aurais pas demandé de m'aider... »

Aurore descendit de cheval et tapota l'encolure de Moonlight pour la récompenser, avant de se tourner vers son amie.

« Non, tu as eu raison, tu n'aurais pas pu vaincre ce dieu toute seule, tout ce qu'il touchait devenait contaminé par la siccité. J'aurais aimé pouvoir sauver toutes les vies qu'il a prise... enfin, au moins, il ne fera plus de mal à personne. »

« Mais tu es toujours blessée, alors ne force pas trop, d'accord ? Les effets de la siccité mettront du temps à se dissiper. »

La déesse de la Liberté regarda machinalement son avant-bras, où les manches de son haut noir étaient suffisamment entaillées pour laisser voir des blessures qui suintaient encore d'une énergie rouge-noir, malgré le fait qu'elles étaient refermées. Son regard se porta alors sur les bras et les jambes de Nahida, qui comportaient le même genre de blessures.

« Toi aussi tu devrais te reposer. Reste à Camelot quelques jours, je suis certaine que ça ne dérangera pas Arthur. »

Nahida secoua vivement les mains devant elle.

« N-Non ça ira ! Tu sais que je ne suis pas à l'aise avec les gens. »

« Tu peux toujours loger dans mes appartements, il y a largement la place. Je ne te demande pas de t'intégrer à la vie à Camelot, simplement d'y rester le temps qu'on se remette complètement sur pied. Tu pourras rester seule dans mes appartements ou dans les jardins toute la journée, si c'est ce que tu veux. Moonlight te ramènera au camp quand tu iras mieux. Pas vrai ma belle ? »

La jument hennit joyeusement, approuvant visiblement l'idée de sa cavalière. La déesse de la Sagesse soupira, sentant que son amie n'en démordrait pas.

« Bon, très bien. Montre-moi le chemin alors. »

« Pas de problème. On fera un crochet par les appartements d'Arthur pour le prévenir de mon retour. A cette heure-ci, il doit être en train de faire de la paperasse. Suis-moi ! Moonlight, on se voit plus tard ! »

La jument hennit une nouvelle fois, alors qu'Aurore la saluait, puis elle repartit au galop vers la forêt entourant la cité. Les deux déesses entrèrent ensuite dans le château, bien décidées à prendre le repos qu'elles méritaient.

Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Arthur

Aurore et Nahida entrèrent après avoir y été invitées. Arthur et Gwen regardèrent vers eux, et le Roi vint enlacer la chevalière en voyant que c'était elle.

« Aurore ! Je commençais à me dire que tu ne reviendrais pas. »

« Désolée, ça a pris plus de temps que prévu. », s'excusa Aurore en l'enlaçant en retour. « Mais nous sommes de retour. »

« Et juste à temps ! », sourit Gwen venant l'enlacer à son tour. « Tu m'as manqué ! »

« Toi aussi Gwenny ! »

« Ça faisait longtemps Nahida. », la salua Arthur. « Tu restes cette fois-ci ? »

« Le temps que je me remette complètement, oui. Aurore a accepté de partager ses appartements avec moi. », confirma la déesse de la Sagesse. « Mais la vie à la cour n'est pas pour moi, alors je rentrerai au camp dès que je serai sur pied. »

« C'est vrai que vous avez l'air blessées toutes les deux ! Tout va bien ? », s'enquit Guenièvre en se détachant de la chevalière.

« Nahida a guéri le plus gros, mais il nous faudra un peu de temps pour nous remettre d'aplomb. Je devrais être opérationnelle pour l'entraînement, demain. »

« Vas-y doucement quand même. », conseilla Nahida. « Tu sais que la siccité corrode notre énergie aussi bien physique que magique, elle aura du mal à se refaire tant que le pollen noir n'aura pas été complètement évacué de notre organisme. Je préconise un repos total de deux journées au minimum. »

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, les ressources de Camelot sont à votre disposition. », intervint Arthur. « Vous n'avez qu'à demander, je donnerai l'ordre que chacune de vos demandes soient satisfaites jusqu'au départ de Nahida. »

« Merci, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire. Le pollen noir et ses effets sont longs à évacuer du corps d'un dieu, seul le repos nous permettra vraiment de guérir. »

« J'insiste. », rétorqua Arthur. « C'est le moins que je puisse faire. Nahida, tu peux rester autant que tu veux. »

« Merci. », dit simplement la petite déesse.

« Bon, j'ai raté quoi sinon ? »

« Beaucoup de choses. Pour commencer, Gaius a été soupçonné de trahison, surtout lorsqu'il s'est soi-disant enfui, alors qu'il avait été enlevé par Morgane. Enfin c'est la version officielle, il s'agissait surtout d'un plan que j'ai monté avec Merlin et Gaius pour essayer de démasquer Agravain car il s'est très vite avéré grâce à la fleur que tu m'as offerte qu'il était le traître. Cependant, ça a un peu mal tourné... », dit le Roi, penaud. « On a aussi été attaqués par une Lamia, et Guenièvre a fait preuve d'une bravoure et d'un courage héroïque, tu aurais été impressionnée ! »

« Je ne m'entoure que des meilleurs ! », se vanta faussement Aurore, en rejetant sa queue de cheval en arrière, faisant rire ses amis. « Plus sérieusement, si tout le monde va bien, c'est le principal. Ce que vous me racontez ne m'étonne pas, Lirou et vous êtes de véritables aimants à problèmes. Alors, si tout le monde est sains et saufs au final, c'est ce qu'on peut espérer de mieux. »

« C'est sûr ! », rit Gwen.

« En tout cas, ravi que vous soyez de retour toutes les deux. », affirma Arthur. « Merlin avait peur qu'il te soit arrivé quelque chose. »

« Il faudrait vraiment qu'il apprenne à se détacher de moi... ça me touche mais il donne l'impression que sa vie est foutue si je ne suis pas à ses côtés... bon, j'irai le voir après avoir un peu dormi. Tu viens Nahida ? »

La petite déesse hocha la tête et elles s'apprêtèrent à partir, avant que la voix d'Arthur ne s'élève à nouveau.

« Aurore, je dois te parler quelques minutes, seul à seule. », quémanda-t-il. « Gwen, tu peux conduire Nahida aux appartements d'Aurore ? »

« Bien sûr ! »

Le Roi attendit que Nahida et Guenièvre soient sorties pour se tourner vers sa sœur de cœur.

« Qu'y a-t-il Arthur ? »

« Ces dernières semaines, j'ai pris conscience de ce que je ressentais vraiment. Enfin, non. », corrigea Arthur. « Il serait plus juste de dire que j'ai pris le temps de me poser et de ressentir plutôt que d'essayer de faire un choix raisonnable. L'amour n'a rien de raisonnable. »

« En effet. Et tu as choisi Lirou plutôt que Gwenny. »

Arthur cligna des yeux, hébété.

« Euh o-oui... comment... »

« Vous êtes destinés l'un à l'autre, ça fait longtemps que je savais que tu finirais avec mon frère dans tous les cas. Je n'ai rien dit pour éviter que tu ais l'impression de ne pas avoir le choix, et aussi parce que je crois vraiment qu'on peut toujours changer son destin. »

« Et tu n'as jamais rien fait pour que je privilégie Merl plutôt que Guenièvre... », réalisa Arthur.

« En fait, si. Un tout petit peu. La cape rouge Pendragon lors de Saint Noween, c'était mon idée... mais sinon, non. C'est votre vie et vos sentiments, je devais vous laisser la liberté de choisir, et de réaliser qui vous aimiez vraiment. J'ai simplement donné un petit coup de pouce à mon frère, pour qu'il prenne confiance en lui. Je le connais, il pensait que vous ne le choisiriez jamais. Il devait apprendre à s'aimer s'il voulait espérer que vous l'aimiez réellement en retour. »

« T'es sûre que t'es pas la déesse de la Sagesse plutôt ? »

« Certaine. », sourit Aurore. « Vous savez, la Liberté est un idéal qui demande beaucoup de sagesse pour la divinité qui l'incarne, car entre la Liberté et le Chaos, il n'y a qu'un pas. Toutes les Libertés ne sont pas bonnes, certaines sont carrément néfastes. »

« ... quelle est la vraie Liberté alors, selon toi ? La meilleure de toutes ? »

« Ce que je pense à ce sujet se résume en une phrase : la Liberté d'une personne s'arrête là où Celle des autres commence. Pour dire plus simplement, votre Liberté est totale tant que vous ne contraigniez pas autrui. Ceci dit, ça ne prend pas en compte les lois, aussi bien légales que morales, donc ce n'est pas à prendre au mot. C'est pourquoi la divinité de la Liberté doit pouvoir faire preuve de sagesse, et c'est pourquoi Venti était proche de la Molrani Rukkhadevata, la mère de Nahida. »

Arthur hocha la tête, prenant quelques instants pour méditer sur les paroles de la chevalière.

« Qui d'autre est au courant de votre choix ? »

« Guenièvre, pour le moment. Merl ne sait pas encore, mais c'est parce que j'avais besoin de parler d'une affaire importante avec elle. On a convenu avec Guenièvre de rester amis, il se trouve qu'elle a réalisé qu'elle ne m'aime pas autant qu'elle le pensait. »

« C'est de cette affaire dont vous voulez me parler ? »

« En effet. », confirma Arthur. « Le conseil me presse pour prendre une épouse et, avec les récents événements et le travail que me demande la modification de la loi sur la magie, je n'ai pas encore eu le temps de créer une loi qui protège les couples de même sexe et autorise le compagnon d'un Souverain de Camelot à monter sur le trône en tant que consort, peu importe le sexe des deux personnes. »

« Qu'allez-vous faire ? »

« J'ai demandé à Gwen si ça la dérangeait de m'épouser, histoire de me faire gagner du temps et que le conseil me lâche la grappe jusqu'à ce que la loi sur les couples de même sexe soit officialisée. C'est la solution la plus naturelle puisque ça fait un bon moment que je la courtise aux yeux de tous. Par contre, le conseil et le peuple ne comprendront pas si, d'un coup, Gwen et moi ne nous comportons plus comme un couple. Et je ne veux pas que Merlin se prenne leurs foudres, pas tant que la loi n'existe pas. Mais je voulais aussi avoir ton avis, pour être certain que je ne fais pas une énorme erreur.

« Gwenny est d'accord ? »

« Oui, car je lui ai assuré que ce n'était que pour les apparences. Nous serons libres d'être avec qui nous voulons, même si ce ne sera qu'officieux et uniquement dans le cercle privé. »

« Ainsi, vous pourrez être avec Lirou et Gwenny avec qui elle veut, quand elle sera vraiment amoureuse, tout en donnant l'image d'un royaume fort et prospère car il y a une Reine. »

« Tu as tout compris, même si concrètement, il n'y aura rien d'intime entre Gwen et moi, ce ne sera que de la comédie. »

« Et pour l'héritier ? Avec mon frère, vous n'aurez pas d'enfant. »

« Je m'en fiche d'avoir des enfants, vraiment. Tu es immortelle, donc tu prendras le trône à notre mort s'il n'y a aucune alternative. »

« Il doit y en avoir. Après tout, Nahida est la déesse de la forêt, et plus généralement de la flore, elle est capable de redonner à une terre stérile sa fertilité. A voir avec elle, mais elle peut peut-être vous aider. »

« Cela ne risque-t-il pas de prendre la vie de l'un de nous, comme ça a été le cas pour ma mère ? Je me fiche vraiment d'avoir un enfant. Il est vrai que je voudrais fonder ma propre famille, mais ce n'est pas ma priorité, et je ne veux pas faire appel à la magie si ça veut dire sacrifier une vie pour faire naître notre enfant. »

« Je me doute Arthur, mais ce n'est pas mon rayon d'action. Je vous indique simplement quelqu'un qui s'y connaît mieux que moi. Mais de toute manière, rendre fertile quelque chose ou quelqu'un, c'est simplement modifier sa constitution pour le rendre capable d'engendrer la vie, mais ça ne veut pas dire que ce quelque chose ou ce quelqu'un le fera pour autant. Disons juste que c'est donner accès à une porte qui était jusqu'alors verrouillée. Ce qu'Uther a fait, lui, c'est enfoncer une porte qui était verrouillée sans se soucier des conséquences, puis blâmer cette porte pour avoir explosé. »

« Dis comme ça, c'est encore plus idiot que ce que je croyais déjà... », fit remarquer Arthur. « Mais je vois ce que tu veux dire. Je vais y réfléchir. Pour en revenir au sujet, penses-tu que je devrais appliquer ce plan ? »

« En tout cas, c'est un plan qui se tient, qui est logique et qui devrait satisfaire tout un chacun le temps que vous ameniez les lois et le royaume à être en accord avec le Roi que vous êtes. Ceci dit, ce n'est pas à moi de vous dire si vous devriez le mettre en place ou non. Ce plan concerne directement Gwenny et Lirou, alors je pense qu'il serait plus sage d'en discuter avec eux, et que vous décidiez ensemble de l'appliquer ou non. »

« Mais tu connais ton frère, penses-tu qu'il accepterait ? »

« Ecoutez Arthur. », dit gentiment Aurore en posant une main sur son épaule. « Je connais mon frère par cœur, c'est vrai, mais il n'a jamais été amoureux avant vous. Enfin si, mais c'est compliqué. Il y a eu Freya mais disons qu'il l'a aimé autant que vous aimiez Gwenny. Et puis, en plus, c'était même pas avant mais pendant. Bref, c'est compliqué, je m'égare. Ce que je veux dire, c'est que je ne peux que deviner qu'il sera plutôt possessif dans votre relation, mais que je ne sais pas ce qu'il est prêt à sacrifier pour être avec vous. Je ne sais pas s'il est prêt à vous voir aimer publiquement quelqu'un d'autre tout en l'aimant lui officieusement. C'est quelque chose que vous devrez discuter avec lui. »

« Mais à sa place, que ferais-tu ? Vraiment, réponds-moi franchement Aurore, c'est important. S'il te plaît. », insista Arthur.

« Lirou et moi ne sommes pas comparables, j'essaie de devenir le même genre de personne, de chevalière, que Lancelot. Alors, probablement que je refuserai, car Lancelot ne se permettrait jamais d'entretenir une liaison avec une personne mariée, encore plus un Roi ou une Reine, quand bien même ce mariage n'est qu'une comédie. Mais ce n'est que mon avis, honnête et franc, comme vous me l'avez demandé. »

« Même si l'autre personne du couple marié est d'accord avec ça et fait de même ? »

« Même. Ce n'est pas une question d'être d'accord ou non, c'est juste mon propre code moral qui fait que je refuserai. Quand j'ai rencontré Lancelot, je l'ai tout de suite admiré pour sa noblesse, sa bravoure et son honneur, et jamais je n'ai cessé depuis. Il était mon mentor et mon maître d'armes, mais pour mon frère, c'était son meilleur ami. Je doute sincèrement que Lirou ait adopté le même code moral que Lancelot. »

« C'est triste... »

« Les dieux ne sont pas destinés à être heureux, vous savez ? Quand bien même un jour, je tombe amoureuse, je ne ferai rien. »

« Même si cette personne n'est pas engagée avec quelqu'un ? »

« Même. Je doute que vous compreniez Arthur, mais je suis immortelle. Ça signifie que, même si je tombe amoureuse et que je vis cette relation à fond, je vais voir la personne que j'aime vieillir et dépérir lentement, jusqu'à mourir, pendant que je resterai éternellement jeune et en vie. C'est sûr que, quelque part, j'aurais des regrets de n'avoir rien fait pour vivre cet amour, mais est-ce mieux d'être rongée éternellement par la douleur et la tristesse ? C'est pourquoi j'ai décidé de ne rien faire si jamais je tombe amoureuse. Cette personne ne le saura pas et trouvera quelqu'un qui vivra, vieillira et mourra avec elle, mais ce ne sera pas moi. C'est mieux comme ça. »

Un lourd silence s'installa dans la pièce, alors qu'Arthur ne savait que dire pour réconforter la chevalière, visiblement abattue et résignée. Il ne pouvait pas vraiment comprendre, il n'était pas dans cette situation et il ne saurait dire ce qu'il aurait fait à sa place.

« Je comprends ton point de vue, bien que je ne puisse comprendre ta situation... je pense sincèrement que l'amour vaut la peine d'être vécu, avec ses joies et ses peines, mais ton cas est plus complexe que ça et je ne peux te dire si tu as tort ou raison d'avoir décidé ça. »

« Et je ne vous le demande pas, je vous ai expliqué pour que vous compreniez que le fait que je sois fermée à l'amour n'est pas seulement due au code moral de Lancelot que j'ai adopté, mais aussi et surtout du fait de ma condition divine. Et je vous défends d'en parler à mon frère, je ne veux pas qu'il se contraigne à faire comme moi. »

« Pourquoi tu dis ça ? Merl est aussi... »

« C'est possible, vu qu'il est le frère d'une déesse et le descendant d'un dieu, mais je ne sais pas vraiment ce qu'il en est car il a déjà frôlé la mort plusieurs fois. Donc c'est une possibilité, mais mon frère est du genre à m'imiter car il croit que ma façon de faire est dans les meilleures, et ce, depuis toujours. Quand on était enfants, face à quelque chose de nouveau, il faisait toujours exactement comme moi. A ses yeux, faire comme moi signifiait qu'il ne pouvait pas se tromper, et ce doit sans doute être le cas encore. Je ne veux pas que ça arrive, pas en ce qui concerne votre relation. D'autant plus que, même s'il était immortel, ça serait forcément une immortalité différente de la mienne, moins extrême, car sa part divine est passive. Enfin bref, tout ça pour dire que vous feriez mieux d'en parler directement avec Lirou. »

Comme si parlait de lui l'avait invoqué, Merlin entra dans la pièce sans frapper, avec une panière destinée au linge sale d'Arthur dans les mains. En voyant sa cadette de retour, le magicien lâcha la corbeille de stupeur et se jeta sur sa sœur pour l'enlacer.

« Rory !! Il était temps que tu rentres ! Je me suis fait un sang d'encre ! »

« Doucement Merl, elle a besoin de repos. Elle n'est pas encore remise de ses blessures. », dit gentiment Arthur.

« Oh je ne suis pas en sucre tout de même ! Ne t'en fais pas Lirou, je vais bien. Il y a juste un truc qui va drainer mon énergie pendant encore quelques jours, c'est pourquoi je ne dois pas forcer. »

« Ceci dit, je suis sérieux Aurore : pas d'entraînement tant que Nahida ne t'a pas donné son autorisation. Ordre du Roi. »

« Bon, alors je vais fusionner avec mon lit pendant quelques jours ! C'est fou ce qu'on s'habitue au luxe d'un lit hyper confortable ! »

« Tu es sûre que tu vas bien, hein ? Cette mission était horriblement longue ! », se plaignit Merlin sans se détacher d'un pouce de sa sœur.

« Ça nous a demandé plus de temps que prévu, mais oui, je vais bien. Nous n'avons pris la route du retour que lorsque Nahida a jugé qu'on était en état de monter à cheval jusqu'à Camelot. Alors ne t'en fais pas, je suis en fin de convalescence, dira-t-on. »

« Bon... mais on mange ensemble ce soir, avec Gaius ! », exigea le magicien. « Et invite Nahida aussi, Gaius et elle s'entendent bien. »

« C'est noté ! Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je vais aller dormir un peu, le voyage a été long et épuisant compte tenu de mon état. Oh, et Arthur, n'oubliez pas ce que je vous ai dit ! »

Le Roi hocha la tête, sous le regard interrogateur de Merlin, puis la chevalière quitta, refermant la porte derrière elle.

« De quoi elle parlait Arthur ? »

Le blond ne répondit pas, ayant soudainement l'air gêné. Merlin le regarda se passer la main sur la nuque et attendit patiemment qu'il parle, sentant que son Roi voulait parler de quelque chose d'important.

« I-Il se trouve que j'ai fait mon choix, Merl... »

« Oh... », fit Merlin, déçu. « Vous avez choisi Guenièvre dans ce cas. »

« Hein ? »

« J'ai toujours su que vous la choisiriez elle plutôt que moi... et c'est normal ! Après tout, je suis un homme et- »

« Tu peux arrêter de dire des conneries pareilles ?! C'est toi que j'ai choisi ! », le coupa Arthur. « Je t'ai choisi toi, Merlin. »

Merlin cligna des yeux, sonné.

« M-Moi ?! »

« Oui, toi. Il m'a fallu beaucoup de temps, et j'en suis navré, mais j'ai fini par me rendre compte que Guenièvre n'était qu'une amie à mes yeux, que je ne l'aimais pas vraiment comme je le croyais. Toi, en revanche... toi, je t'aime comme un fou. Et c'est cet amour fou qui me fait te parler du second point. »

« E-Euh OK. Je vous écoute. »

« Tu sais que le conseil me presse pour me marier, et tout le tintouin. »

« En effet... », répondit Merlin, incertain. « Arthur, où voulez-vous en venir ? »

Après quelques secondes d'hésitation, le Roi lui exposa son plan, faisant s'écarquiller les yeux bleus du magicien.

« Ah parce que vous étiez sérieux à propos de la loi sur la magie ? Je croyais que vous disiez cela juste pour rassurer Rory à propos de la fleur qu'elle vous a offerte ! »

« C'est vraiment pas mon genre de dire quelque chose dans l'unique but de rassurer un proche, pas si je ne le pense pas. Non, j'étais sérieux, et je le suis maintenant également. »

« M-Mais si ça marche entre nous... vous ne pourrez pas avoir d'héritier... »

« Je le sais, et ça m'est égal. C'est vrai que j'aimerais fonder une famille, mais seul ton bonheur m'importe. Il n'y a que nous qui m'importe. »

« Moi aussi, j'aimerais... un jour. »

« Dans ce cas, on en discutera avec Nahida le jour où on voudra que ça devienne réel. Ta sœur pense qu'elle pourra nous aider d'une manière ou d'une autre, sans qu'on ait à refaire ce que mon père a fait pour que je naisse. Mais ça, c'est pour le futur. », affirma Arthur. « Ecoute, je me doute que ce n'est pas exactement ce que tu imaginais quand tu m'as dit que tu m'aimais, mais... »

« Ce ne sera que temporaire, hein ? Au bout d'un moment, nous pourrons être ensemble aux yeux de tous. »

« Bien sûr, même si je ne peux te dire quand. Cela pourrait être dans un mois, ou dans dix ans... »

Merlin ne répondit pas, considérant sérieusement l'idée de son Roi. Après quelques minutes de silence angoissant, il se mordit la lèvre, faisant encore plus stresser Arthur.

« Vous savez, ça risque d'être difficile à vivre. Je veux dire, je vais devoir continuellement vous regarder donner l'illusion que vous aimez Guenièvre. Même si je saurais que c'est faux, je sais que quelque part, une part de moi sera convaincue que c'est vrai. Je le sais, c'est mon quotidien depuis que j'ai été transformé en enfant, et probablement depuis avant également. »

« Dans ce cas, je te prouverai que je t'aime autant de fois qu'il le faudra. On mangera ensemble dans mes appartements, tu dormiras avec moi, tu auras plus de temps libre, je te ferai plein de cadeaux, je t'offrirai même toutes les pommes du royaume s'il le faut ! »

« Vous savez, je suis quelqu'un de plutôt simple. Juste des câlins et des baisers, ça suffira. », marmonna Merlin, les joues rouges. « Même si je ne dirai pas non au fait de manger et de dormir avec vous, ni au temps libre si ça me permet de le passer avec vous sans avoir de corvées. »

« Ç-Ça veut dire que tu es partant ? », balbutia Arthur, n'osant trop y croire.

Timidement, Merlin hocha la tête.

« Les gens n'ont pas besoin de savoir pour nous, du moment que nous on le sait. Et j'ai confiance en Gwen, je sais qu'elle respectera ce pacte. »

« Oui, même si elle ne sera jamais avec celle qu'elle aime... c'est triste... »

« Pourquoi ça ? »

« Elle est amoureuse d'Aurore. »

« Et c'est réciproque, même si elle ne me l'a jamais dit. Je l'ai deviné avec ses réactions, je la connais par cœur, même si je ne l'ai jamais vu amoureuse... »

« Ouais, sauf que ta chère sœur prend exemple sur Lancelot. Jamais elle n'entretiendra de relation amoureuse avec une personne mariée, quand bien même le mariage est faux, et encore moins si c'est sa Reine... »

« C'est le cas actuellement, mais il est certain qu'il en sera autrement à l'avenir. Après tout, nul ne peut échapper éternellement à l'amour, c'est la plus grande force de toutes. Je le sais bien, j'ai déjà essayé, à une époque où j'étais certain que jamais vous ne pourriez aimer un homme. »

« Espérons que tu ais raison, parce qu'Aurore a l'éternité pour fuir, mais Guenièvre n'a pas l'éternité pour vivre. »

« Nous verrons bien... »

Arthur regarda le magicien se triturer les doigts, incertain.

« Donc... on est ensemble, c'est ça ? », finit par demander Merlin.

« Tu en doutais ? », sourit Arthur, amusé.

« C'était juste pour être sûr... »

Cette fois-ci, le sourire du Roi se fit plus franc et il mit deux doigts sous le menton de son valet pour lever son visage vers le sien. Avec tendresse, il scella leurs lèvres mais ne laissa pas le temps à Merlin d'y répondre.

« Ça répond à ta question ? »

« Non. On s'est déjà embrassés sans être ensemble. Je veux être certain d'avoir le droit de le faire quand je veux maintenant. Vous imaginez pas à quel point c'est difficile de me retenir de vous embrasser ! »

« Haha ! Oui Merl, on est ensemble ! », rit Arthur.

Merlin regarda un instant la corbeille qui était toujours au sol, puis haussa les épaules.

« Mes corvées attendront. »

Sans laisser à Arthur le temps de réagir, le magicien l'empoigna par le col de sa chemise et scella leurs lèvres. Le Roi émit un petit son de surprise, mais se laissa bien vite aller au baiser tendre mais ardent, se battant avec Merlin pour la dominance.

Bien vite, Arthur prit les rênes du baiser, mais le magicien ne comptait pas s'en plaindre. Il pouvait enfin être avec son Roi, son Arthur, et c'était tout ce qui comptait pour lui.

« Je le protégerai au péril de ma vie, pour qu'il continue de m'embrasser ainsi... »

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