Chapitre 55 : Unies contre Arthur
Royaume de Camelot, cité, château, salle du conseil, quelques heures plus tard
Arthur, assis seul à la table, soupira, essayant de faire rentrer dans son esprit ébranlé par les derniers événements les données inscrites sur les documents devant lui. Lorsque quelqu'un frappa à la porte, il renonça à s'obstiner et autorisa plutôt la personne à entrer. Agravain entra alors, refermant la porte derrière lui.
« Veuillez m'excuser de vous déranger Majesté. »
« Ce n'est rien, j'avais besoin d'une pause de toute façon. »
« Est-ce le départ d'Aurore qui vous préoccupe ? »
« Elle a fait son choix. », répondit amèrement Arthur. « Elle n'était que chevalière honoraire, elle était libre de s'en aller dès que ça ne lui convenait plus. Bien. Qu'est-ce-qui vous préoccupe mon oncle ? »
« J'avoue que j'ose espérer que mes conseils vous ont été de quelque utilité ces trois derniers mois. », dit Agravain en s'approchant.
« Mais bien entendu, vous le savez. »
« Je tiens à aborder un sujet qui me tiens à cœur avec vous... mais c'est une question délicate. »
Arthur haussa un sourcil, perplexe.
« Il s'agit de Guenièvre. »
« Je... je vous écoute. »
« C'est une belle jeune femme Sire, qui a beaucoup de merveilleuses qualités, cela ne fait aucun doute, mais c'est une servante. »
« C'est sans importance pour moi. Vous savez que je ne regarde que le cœur et l'âme d'une personne. »
Arthur grimaça légèrement. Ces mots sonnaient désormais faux dans sa bouche.
« Pour moi non plus, je vous assure ! Non ! C'est votre peuple qui ne cesse de m'inquiéter. », minauda Agravain.
« En tant que Roi, je fais ce que bon me semble, non ? »
« Non Sire, vous ne le pouvez pas ! Vous devez faire ce que l'on attend de vous. Vous devez vous présentez comme il convient à votre rang. Le peuple... votre peuple refuse de voir le roi entretenir des liens avec la fille d'un simple forgeron, Majesté. »
« Ce n'est pas une affaire de rang. C'est essentiellement une affaire de cœur. »
« Vous ne gouvernerez pas avec votre cœur. Votre père l'avait compris, lui. »
Arthur resta silencieux, la mine sombre, alors qu'Agravain s'asseyait à côté de lui.
« Vous ne vouliez pas tuer Carleon. Je le sais. Mais vous avez été fort. Vous n'avez pas laisser vos émotions obscurcirent votre jugement. Vous avez décidé tel un Roi tout puissant. »
« J'imagine. »
« Faites appel à cette force aujourd'hui. Laissez de côté vos sentiments personnels pour le bien de votre royaume. »
« Devrais-je ignorer mes sentiments pour Guenièvre ? », demanda à contrecœur Arthur. « Et ceux que j'éprouve pour Merlin ? Il m'attend, le temps que je fasse mon choix entre Guenièvre et lui... puis-je vraiment les repousser tous les deux ? »
« J'en ai peur votre Majesté. »
Arthur baissa la tête, contrarié. Devait-il écouter Agravain ? Le reproche d'Aurore ne cessait de le tourmenter. Elle refusait de servir un sosie d'Uther, mais lui-même refusait d'être un Roi comme son père. Mais n'était-ce pas le priorité d'un Roi que de faire passer son peuple avant ses sentiments ? Si son peuple ne voulait pas le voir avec Guenièvre, il ne voudrait pas le voir avec Merlin...
Royaume de Carleon, château, salle du trône, le soir venu
« Aurore, chevalière honoraire de Camelot. », fit la Reine Annis en haussant un sourcil, lorsque la jeune fille entra, escortée par des gardes.
« Majesté. », s'inclina Aurore.
« La mort semble vous séduire. J'ai déclaré la guerre à Arthur Pendragon, mon armée marchera bientôt sur Camelot. »
« C'est justement pour cela que je suis ici. Je ne sers pas un Roi qui n'est pas capable de penser par lui-même, un Roi sans cœur qui imite Uther Pendragon. Je suis venue vous proposer mon aide. Après tout, loin de moi l'idée de me vanter, mais je suis une déesse et, même sans magie, Arthur n'a encore jamais pu me battre à l'épée. »
« J'avais entendu dire que vous étiez une déesse, mais j'ignorais si c'était vrai. »
« Je n'aime pas m'en vanter, mais Arthur a trahi ma confiance, et il doit le payer. Et il le paiera, même si je dois éliminer toute votre armée pour me battre personnellement contre lui. C'est à vous de choisir. »
La Reine Annis la sonda, cherchant une quelconque trace de mensonge. Mais Aurore était on ne peut plus sérieuse, même si elle avait une idée très précise en tête.
Cependant, leur échange fut interrompu par les portes qui s'ouvrirent sur Morgane, escortée par d'autres gardes.
« Morgane Pendragon. Se faufilant dans mon château au cœur de la nuit. La mort a l'air de vous séduire, vous aussi. »
« Pardonnez-moi cette intrusion Majesté, mais une affaire urgente la motive. Aurore, je ne m'attendais pas à te voir ici. »
« En revanche, votre présence ici ne m'étonne guère. »
« Dites moi quelle affaire vous pourriez bien à voir à avec moi, sorcière ! », s'écria Annis.
« Je suis venue au nom de mon père ! »
« Vraiment? La dernière fois que j'ai eu de ces nouvelles, vous étiez... »
« Je ne parlais pas d'Uther mais de Gorlois. », la coupa Morgane.
« De Gorlois ? »
« Uther n'est mon père que par le sang, c'est Gorlois qui m'a élevée, c'est lui qui a fait de moi ce que je suis ! »
« Je m'en souviens très bien, c'était un grand homme, lui. C'était un homme honorable. »
« En effet votre Altesse. Et sa récompense fût la mort. Il a été trahi par son Roi. »
« Dans ce cas, il semble que vous et moi nous ayons eu à subir un deuil à cause d'un Pendragon... pour la dernière fois Morgane, que faites vous là ? »
Morgane s'agenouilla, sous le regard surpris d'Aurore qui ne pensait pas que la sorcière s'abaisserait à cela pour mener à bien le quelconque plan qu'elle avait en tête.
« Votre Altesse, Uther a été une malédiction pour cette contrée, son fils l'est aussi. Je cherche vengeance pour les blessures qu'ils ont infligées, tout comme vous. Je vous propose mon aide, si vous l'acceptez. »
« ... il semblerait qu'Arthur Pendragon n'est aucune chance. »
Royaume de Camelot, cité, ville basse, maison de Guenièvre
« Arthur ! », sourit Gwen, en venant ouvrir la porte.
« Puis-je entrer ? »
« Oui, bien sûr. »
Elle s'écarta pour le laisser passer puis referma la porte derrière lui.
« Je vous sers quelque chose ? A manger peut être ? », lui proposa-t-elle.
« Non, rien merci, je ne vais pas m'attarder. »
Un peu surprise, Guenièvre hocha néanmoins la tête et se tourna vers lui.
« Guenièvre. Je t'en pris crois moi quand je te dis que tu n'as rien fait de mal et que cette décision n'a rien à voir avec toi. », la supplia Arthur.
« Quelle décision ? Je crains de n'y rien comprendre... oh ! Vous êtes venu m'annoncer que vous avez fait votre choix, c'est ça ? Et vous avez choisi Merlin, évidemment. », sourit doucement Gwen. « Ne vous en faîtes pas, je comprends parfaitement. En fait, je m'y attendais. »
« Hein ? Euh... non ! Non ! Je... tout a changé dans ma vie. A présent que mon père est mort, c'est à moi qu'il appartient de gouverner cette contrée. »
« Je me doute que c'est une très lourde responsabilité. », rétorqua la servante en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce qui pouvait ébranler Arthur à ce point si ce n'était son choix entre Merlin et elle.
« Aujourd'hui je suis Roi... et la question n'est plus de savoir ce qu'il me plairait de faire de ma vie. Mon seul devoir est envers le peuple de ce royaume. On me jugera sur mes actes et sur mon entourage. »
« Vous avez honte d'être vu en ma compagnie ? », réalisa Guenièvre, n'osant y croire.
« Non ! », s'écria Arthur. « ... non, mais je suis Roi à présent et ce n'est convenable ! »
« ... je ne suis pas convenable ? J'imagine que Merlin ne l'est pas non plus, dans ce cas... »
« Il semble que non. »
Les larmes aux yeux, elle s'avança vers lui.
« Arthur... Vous entendez ce que vous dites? Ces propos ne vous ressemblent pas. On vous a obligé à prendre cette décision. »
« Nul ne m'oblige à quoi que ce soit. Je suis mon seul maître, je prends mes décisions seul. »
« Et vous avez décidé de rompre nos liens ? »
« Oui. »
« ... et Merlin ? Il en pense quoi ? »
« Je ne lui ai encore rien dit, mais je sais que nous resterons amis. Enfin j'espère. Je suis navré Guenièvre. C'est ainsi, nul n'y peut rien. »
Arthur s'apprêtait à sortir, mais Gwen prit la parole une nouvelle fois.
« Arthur... ne laissez personne dicter votre conduite, vous êtes, selon vous, votre propre maître, vous avez un cœur généreux, respectez-le. Vous deviendrez alors le Roi que vous voulez être et Ella reviendra, car c'est ce genre de Roi qu'elle veut servir. »
« Elle ne reviendra pas. Et puis, je n'ai besoin de personne. »
Royaume de Camelot, cité, château, couloir, plus tard
« Sois sans crainte Guenièvre. », lui dit Gaius alors qu'ils regardaient Arthur et son armée partir à cheval pour arrêter l'armée de la Reine Annis. « Il ne sera pas absent longtemps j'en suis sûr. »
« C'est différent pourtant cette fois Gaius. Aujourd'hui Arthur est Roi, le destin de Camelot repose sur ses seules épaules. »
« Non il est loin d'être seul, s'il y a bien une personne qui devrait le savoir c'est toi. »
« Moi, j'en ai conscience, mais lui j'en doute. Le départ d'Ella l'a affecté bien plus que ce qu'il n'en montre... »
« Elle n'est pas partie. »
« Gaius... »
« Aurore sait tout ce qui se passe, il est certain qu'elle connaît tous les détails de ce qui a amené Arthur a tué le Roi Carleon. En plus, elle n'a aucune confiance en Agravain. »
« Où voulez-vous en venir ? »
« Elle a promis à Arthur de le remettre sur le droit chemin si jamais il s'égarait à cause du traître. »
« Vous pensez qu'elle est partie pour ça ? », réalisa Guenièvre. « Elle aurait un plan en tête ? »
« J'en suis persuadé. Jamais elle ne l'abandonnerait pour une seule erreur, pas alors qu'Arthur lui a pardonné sa propre erreur de l'an dernier. »
Royaume de Camelot, falaise, campement d'Arthur, tente d'Arthur, une heure plus tard
Les chevaliers entrèrent dans la tente, alors qu'Arthur était pensif et que Merlin était occupé à nettoyer son armure.
« Elyan ? », fit Arthur.
« Sire. Nous tenions à ce que vous sachiez, que nul homme parmi nous ne refuserez de donner sa vie pour vous. Nous avons prêter serment et nous portons les armoiries des Pendragon avec fierté. Demain nous combattrons en votre nom Majesté. Pour la paix et la justice dans ce royaume. », déclara le frère de Gwen.
Touché, Arthur eut un léger sourire.
« Merci Elyan, merci à tous. »
Les chevaliers le saluèrent puis quittèrent, alors que Merlin souriait.
« Ils le pensent Sire. Ils sont sincères. »
« Je n'ai jamais remis en question leur loyauté. Je me demande si je la mérite. »
« Nul ne se soucie plus de ces hommes que vous. Vous ne prenez pas la décision de les envoyer au combat à la légère. Ils le savent. »
« Mais ai-je pris la bonne décision ? »
« S'il y avait une alternative à cette situation vous l'auriez choisi sans hésitation. Mais il faut bien défendre Camelot. Vous n'avez pas le choix. »
« J'avais un choix à faire. Laisser la vie à Carleon ou la lui ôter. J'ai pris la mauvaise décision. Et malheureusement c'est moi qui ai amené cette guerre sur Camelot. Aurore avait raison, je ne suis qu'un sosie de mon père... »
« Arthur... nul n'est plus prêt à tout sacrifier pour le bien du royaume que vous. Votre décision a été prise dans le meilleur intérêt de Camelot. Vous n'êtes pas comme votre père, et vous avez le droit de faire des erreurs, et je sais que ma sœur le sait. »
« Alors pourquoi est-elle partie ? »
« Probablement pour vous faire comprendre que vous vous égariez. »
« Peut être... mais à présent mes hommes vont risquer leur vie à cause de ma décision, et j'ai fait fuir ta sœur. Je suis désolé Merl... »
« Il n'y a pas de mal, je sais que vous vous efforcez d'être le meilleur Roi possible. Je ne vous en veux pas. »
« ... même pas parce que je t'ai rejeté finalement ? »
« Je sais que vous faîtes de votre mieux, et si je dois rester votre ami pour le bien de Camelot, alors je m'en fiche. Si c'est ce que vous voulez vraiment, alors ça ne me dérange pas. »
Royaume de Camelot, falaise, campement d'Arthur, tente d'Arthur, quelques heures plus tard
Tout le monde était réuni. Arthur venait de les mettre au courant du marché qu'il avait conclu avec la Reine Annis, afin d'épargner de nombreuses vies, à savoir régler leur conflit par un combat singulier en un contre un. Si Annis gagnait, alors elle remporterait la moitié de Camelot. Si Arthur gagnait, alors l'armée de la Reine se retirerait.
« Nous pouvons gagner cette bataille, j'en suis certain. », dit Léon.
« Je n'en doute guère, mais quel en sera le coût ? Combien d'hommes seront massacrés ? », rétorqua Arthur. « Je ne peux pas prendre ce risque. »
« Que se passera t-il si nous perdons le combat ? Nous ne saurions perdre notre terre. »
« C'est l'accord que j'ai conclu et je pense qu'il est juste. J'assume mon choix. », répondit le Roi à Elyan.
« Dans ce cas, il ne vous reste plus, Majesté, qu'à choisir votre champion. », conclut Agravain.
Tous les chevaliers s'avancèrent, mais il secoua la tête.
« Un choix s'impose, il n'y en a nul autre. Un choix que j'estime juste et honorable. Ce combat est le mien. »
Royaume de Camelot, contrebas de la falaise, campement d'Annis, tente d'Annis
« Je n'aime pas cela. Un piège m'est s'en doute tendu. »
« Qu'est-ce-qui vous inquiète votre Altesse ? », demanda Morgane.
« Arthur. Pourquoi se choisirait-il pour être le champion de sa cause ? »
« Parce que c'est Arthur, il risque toujours sa vie avant celle de ses hommes. », rétorqua Aurore. « Ceci dit, une telle décision de sa part est plutôt sage, elle montre qu'il a enfin compris ses erreurs. Enfin, bon, je dois m'en assurer d'abord... »
« Aurore a raison. Croyez-nous, ce n'est pas un piège votre Altesse. Arthur combattra. »
« On dirait que cela vous fait plaisir. Je sais qu'Aurore compte le faire payer, mais vous, Morgane. Avant toute chose, il s'avère qu'Arthur est un grand guerrier. Vous avez tout autant à perdre que moi s'il gagne. Vous désirez accéder au trône de Camelot, vous le convoitez. »
« Je ne le nie pas , j'en suis la légitime héritière. Arthur ne gagnera pas. », assura Morgane.
« Qu'est ce qui vous permet d'en être aussi certaine ? »
« Majesté, j'ai le pouvoir de faire en sorte qu'il échoue. Et puis, Arthur n'a jamais battu Aurore, alors qu'elle n'utilisait pas sa magie. Il n'a aucune chance. »
« ... faites en sorte qu'il perde. »
« Pas besoin d'utiliser la magie, Morgane. », dit Aurore. « Je peux le battre. »
« Ne t'en fais pas, je vais ensorceler son épée mais je n'activerai l'enchantement que si tu es en mauvaise posture. Cela vous convient ? »
Aurore et Annis hochèrent la tête.
« Bien. Maintenant, allez vous reposer Aurore. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top