Chapitre 54 : Une erreur catastrophique

Royaume de Camelot, forêt, un mois plus tard

Merlin, habillé comme un chevalier, courait dans les bois, poursuivi par une bande de guerriers. Soudainement, il s'arrêta et reçut une hache entre les jambes. Il la prit puis continua sa course, avant de s'arrêter à nouveau. Il regardait autour de lui, comme s'il attendait quelque chose, ce qui permit aux guerriers de le rattraper. Celui qui semblait être le chef sortit du groupe, s'approchant de Merlin.

« Alors, on est piégé ? », se moqua-t-il. « Triste affaire ! »

Une flèche siffla dans les airs, avant de se planter dans l'un des guerriers, qui s'écroula sous la douleur. Tous levèrent la tête et réalisèrent qu'ils étaient encerclés par Arthur et ses chevaliers, sans Aurore évidemment.

« C'était l'idée. », sourit Merlin.

« A moi !! », cria Arthur en sautant en contrebas.

Les chevaliers neutralisèrent aisément les guerriers et Agravain fut nommé en charge de la surveillance du leader du groupe.

« Votre Majesté, regardez qui est là ! », l'interpella le noble.

« On l'emmène avec nous, je verrais les prisonniers quand nous serons à Camelot. »

« Ce n'est pas un prisonnier ordinaire votre Altesse. »

Agravain jeta le prisonnier au sol et Arthur s'approcha, examinant le collier du chef que lui tendait son oncle.

« Eh bien, eh bien. », remarqua le Roi.

« Qu'est-ce-que c'est ? », demanda Merlin.

« Ceci Merlin, c'est l'écusson royal de Carleon. », répondit le blond en se tournant vers le prisonnier, le Roi Carleon. « Ai-je raison votre Altesse ? »

Royaume de Camelot, forêt, campement d'Arthur, le soir venu

« Ce n'est pas la première fois qu'il fait intrusion sur nos terres. », dit Arthur.

« Non, la semaine dernière il s'est emparé du village de Stonedown, à la frontière ouest. », confirma son oncle.

« Mais nous sommes loin de la frontière, on est au cœur du royaume. Il a couru un grand risque en venant jusqu'ici. »

« Mais peut être voit-il les choses d'un autre œil? Il n'y a aucune coïncidence dans tout ce qui s'est passé depuis la mort d'Uther. »

« Que voulez-vous dire ? »

« Arthur, votre père était un puissant monarque. Ses ennemis redoutaient et respectaient sa force. »

« Mais ils étaient clairement prêts à user de magie pour contrecarrer le sort de guérison de ce magicien... »

« Vous pensez toujours qu'il n'a pas tué Uther intentionnellement ? »

« J'ai une totale confiance en Aurore, c'est une informatrice précieuse et je ne peux me permettre de remettre en doute sa parole. De plus, Gaius a ensuite confirmé que le pendentif trouvé sur mon père était enchanté pour avoir les exacts effets décrits par Aurore. »

« Le sorcier aurait pu le placer là sans que vous ne le remarquiez. »

« Je ne l'ai pas quitté des yeux. Non, ce magicien a été piégé. Quoiqu'il en soit, vous insinuez que je ne suis pas digne de mériter le respect que nos ennemis éprouvaient envers mon père. »

« Non Sire, vous vous méprenez ! Il n'y a pas un citoyen de Camelot qui ne sacrifierait sa vie pour vous. Mais vos ennemis... Pour les ennemis de Camelot, vous êtes encore inexpérimenté en tant que Roi. Vous devez leur envoyer un message clair. Il faut qu'ils sachent que toute action contre Camelot sera punie sans aucune pitié. »

« N'est ce pas ce que nous avons signifié aujourd'hui ? »

« Non Sire, non hélas ! Pas suffisamment pour décourager Odin, Bayard et tous ceux qui convoitent les richesses de Camelot. »

« Alors que conseillez-vous? »

Merlin tendit l'oreille, pour capter tout ce que le traître dirait à son Roi.

« Je conseille... Je conseille de l'obliger à accepter un traité rédigé selon nos termes. Il devra ordonné à ses hommes de quitter notre pays, il devra libérer nos territoires et accepter de nous livrer York sans délai. »

« Il ne voudra en aucun cas, il préférera mourir. »

« Dans ce cas vous n'avez pas le choix. »

« Je ne saurais tuer un homme de sang froid. Je ne veux pas que les gens me respectent par crainte, nous avons bien vu où cela a mené mon père. Je veux que les gens me respectent parce que je suis un Roi bon et compatissant. »

« Vous devez faire ce qui est nécessaire pour asseoir votre autorité sur cette contrée. »

« Il doit y avoir un autre moyen. »

« Il n'y en a nul autre. Réfléchissez, mais décidez pour demain. Ne vous laissez pas influencer par Dame Aurore, elle est peut-être sage mais elle n'y connaît rien à la gestion d'un royaume. »

Royaume de Camelot, forêt, camp d'Arthur, le lendemain matin

« Arthur... », l'appela Merlin, en lui apportant un verre d'eau. « Arthur. Tenez. »

Le blond sortit de ses pensées et prit le verre. Merlin s'empressa alors de raviver le feu.

« Vous êtes-vous reposé ? », s'inquiéta le magicien.

« J'ai beaucoup réfléchi. »

« A propos de ce qu'Agravain vous a dit ? »

Arthur hocha la tête, amenant Merlin à l'interroger sur ce qu'il comptait faire.

« Mon père était un grand Roi, mais je n'ai ni sa sagesse, ni ses certitudes. Je ne peux que suivre son exemple et faire ce qu'il aurait fait. »

« Allez-vous établir ce traité ? »

« Je dois montrer ma force. Prouver que je suis le digne héritier de mon père. », confirma le blond.

« Mais vous n'êtes pas votre père. Vous n'avez pas sa sagesse, mais vous avez accès à celle de la déesse de la Sagesse, ce qui n'est pas rien. Vous avez accès à celle de ma sœur aussi. Vous n'avez pas à essayer de ressembler à Uther, au contraire. Les gens vous suivent et vous respectent parce que vous êtes un homme bon, faisant preuve de clémence et de compassion. Vous n'avez vraiment pas à essayer d'être comme votre père, vous êtes très bien tel que vous êtes. Vous avez toujours fait preuve de clémence, vous avez toujours refuser d'humilier vos ennemis de la manière dont vous comptez le faire, c'est indigne de vous. Cela ne vous ressemble pas. Et ce n'est pas ce genre de Roi que Rory défend. »

« Aurore et Nahida sont très sages, mais elles n'ont aucune idée de ce qu'il en coûte de prendre des décisions, des décisions qui façonneront l'avenir du pays, et toi non plus. Alors je t'en pris, cantonne toi à ce que tu connais. »

« Arthur, réfléchissez avec votre cœur, je vous en prie. », le supplia Merlin. « Rory ne sait pas diriger un pays, mais vous l'avez quand même nommé héritière du trône si jamais il vous arrivait quelque chose et qu'il n'y avait pas d'héritier de sang. C'est bien parce que, quelque part, vous reconnaissez qu'elle ferait une bonne Reine pour Camelot. Et Rory ne ferait jamais ça. Alors, je vous en supplie, ne faîtes rien d'irréfléchi, ne faîtes rien que vous pourriez regretter. »

Arthur le regarda quelques instants, avant de soupirer, ses yeux voilés de tristesse.

« Je n'ai pas le choix. Pour être le Roi que je veux, il faut d'abord que je m'affirme en tant que Roi de Camelot auprès de mes ennemis. »

« ... faîtes comme vous voulez. », soupira à son tour Merlin. « Mais ne vous étonnez pas si Rory se retourne contre vous... elle sert un Roi juste et généreux, avec un grand cœur et capable de résoudre les problèmes sans que la violence ne soit son maître-mot. Elle ne sert pas une pâle copie d'Uther Pendragon. Et moi non plus, d'ailleurs. »

« Tu me fais du chantage ? »

« Non. Peu importe votre décision, je vous servirai toujours. Mais je sais que ma sœur ne le fera pas si vous empruntez les mêmes chemins que votre père, car vous ne seriez plus le Roi compréhensif et ouvert d'esprit qu'elle a vu en vous lorsque vous l'avez accepté avec son épée et sa magie. Je vous mets simplement en garde contre cela, je sais que vous tenez beaucoup à elle. »

« Un royaume ne peut être gouverné par un cœur tendre, Merlin. »

« Mais peut-il vraiment l'être par une statue de marbre ? »

Royaume de Camelot, forêt, plus tard

« Qu'est-ce-que c'est que ça ? », demanda Carleon en voyant Agravain lui tendre le traité.

Sire Léon récupéra le traité afin de le montrer au Roi prisonnier.

« Vous attendez de moi que je signe cela ? Que je m'humilie devant vous ! »

« Vous avez envahi notre royaume, vous êtes emparé de ce qui ne vous appartenez pas ! », rétorqua Agravain.

« Si je refuse de signer ? »

« Vous le paierez de votre vie, dans ce cas. »

« Qui a pu définir ces termes ? »

« Arthur Pendragon... Roi de Camelot. », s'avança Arthur.

Carleon se dégagea et s'agenouilla devant le blond.

« Très bien. Tuez-moi, mais faites vite ! »

« Réfléchissez à ce que vous faites Carleon, ce traité pourrait conclure une trêve et la paix reviendrait comme avant. Comme du temps de votre père et du mien. »

« Je ne suis pas mon père. Et vous n'êtes pas Uther. Aurez-vous vraiment l'audace de me tuer ? »

Arthur serra la mâchoire. Il savait que Nahida et Aurore seraient totalement contre, mais aucune d'elle n'avait la responsabilité de tout un royaume sur ses épaules. Elles veillaient sur l'équilibre des mondes, mais en aucun cas elles ne régnaient sur eux. Il devait faire ce qui était le mieux pour Camelot.

« Vous ne me laissez guère le choix. »

« Vous ne choisissez rien du tout, petit. C'est moi qui choisis de mourir et je suis seul à choisir. Je vous ai dit de faire vite. »

Carleon baissa la tête. Arthur regarda Merlin, qui secouait la tête dans une vaine tentative de l'en dissuader.

« ... très bien. »

Agravain sourit et Merlin baissa les yeux, plus que conscient de la guerre qui s'en suivrait.

« Rory a raison, l'influence d'Agravain est vraiment trop néfaste pour Arthur... jamais il n'aurait pensé à cela de lui-même, il est bien trop bon. »

Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Arthur, quelques heures plus tard

« J'espère que c'est une blague !! », s'écria Aurore d'une voix sourde, en entrant sans frapper dans la pièce.

« Aurore, n'imite pas ton frère, veux-tu ? »

« Vous avez vraiment tué de sang-froid un homme ?! »

« Je n'avais pas le choix, ce n'était pas la première fois qu'il envahissait nos terres. Une démonstration de force était nécessaire. »

« La compassion aurait eu le même effet. », dit doucement Merlin, essayant de calmer la tempête qui se préparait.

« Avec les gens comme Carleon ? Non ! ... non, il fallait le faire pour l'exemple, pour le bien du royaume. »

Aurore resta silencieuse, le scrutant de ses yeux bleus si identiques à ceux de Merlin. Arthur voyait très clairement la colère mais, surtout, il voyait la déception et il en était attristé.

« Vous êtes donc ce genre de Roi... je vois. »

Elle détacha sa cape et la laissa tomber au sol, sans quitter le regard d'Arthur, puis se dirigea vers le tiroir contenant son Gnosis. Elle le récupéra et l'attacha à sa chaîne, lançant un regard méprisant à Arthur.

« Aurore, que... »

« Je refuse de servir un sosie d'Uther Pendragon, je préfère encore vénérer la Triple Déesse. »

Sur ses mots, elle quitta la pièce, ses talons métalliques claquant au sol. Arthur la regarda partir, plus ébranlé qu'il ne l'aurait voulu.

« Arthur ? »

« Je vais bien. Je n'ai besoin de personne. Je ne peux pas me permettre ce luxe. Le royaume est désormais placé sous ma seule responsabilité pleine et entière. Ramasse cette cape et brûle-la. Si ta sœur n'est pas capable de comprendre que le royaume passe avant ce qu'elle pense de moi, c'est son problème. », dit sèchement Arthur.

Merlin soupira, mais ne répondit pas, sachant très bien que son Roi masquait toujours sa douleur avec de la colère. Sans un mot, il ramassa la cape de sa sœur, n'ayant clairement pas l'intention de la brûler.

« N'oubliez juste pas que je suis là si vous avez besoin de parler. J'ai toujours été là pour vous, et je le serai toujours. Je vous aime Arthur, et je ne vous laisserai pas tomber. », fit Merlin d'une voix douce, avant de quitter la pièce.

Arthur soupira et le regarda partir, s'autorisant quelques larmes alors qu'il entendait dans la cour du château Aurore partir au triple galop sur Moonlight.

« ... si seulement c'était si simple... »

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