Chapitre 51 : Longue vie au Roi !
Forêt, cabane de Morgane, le lendemain
Agravain pénétra dans la cabane sans prévenir. En réaction, Morgane se retourna, un poignard à la main, prêt à être plongé dans le cœur de l'homme. Ce dernier sourit narquoisement.
« En voilà une façon de saluer un vieil ami. »
« Je ne vous attendez pas, aujourd'hui. », répondit la sorcière en baissant son arme.
« Il fallait que je vous vois. J'ai une bonne nouvelle, meilleure que nous n'aurions jamais pu espérer. »
Curieuse, Morgane l'interrogea du regard. Agravain prit alors plaisir à lui annoncer la blessure mortelle d'Uther.
« Aurore et Gaius disent qu'il n'a plus que quelques jours à vivre. »
« Aurore n'essaie pas de le sauver ? », s'étonna Morgane. « J'imagine qu'elle n'a pas les capacités de le faire, elle ne peut pas vraiment s'exercer à la magie dans l'enceinte de Camelot... »
« Je ne pense même pas qu'elle le veuille réellement. D'après ce que vous m'avez dit, elle n'est pas fidèle à Uther, mais plutôt à Merlin et Arthur. »
« C'est vrai, Uther n'est qu'un pion à ses yeux. Elle ne le tuera pas, mais ça ne m'étonne pas qu'elle ne cherche pas à le sauver alors que sa fin est proche. En tout cas, j'espère que mon visage le hante à chaque minute. Comment va Arthur ? »
« Désespéré et dévasté. Le pauvre garçon peut à peine penser correctement. »
« Nous frapperons pendant qu'il est vulnérable. », sourit la sorcière.
« A la mort d'Uther, le royaume sera faible, quand bien même Aurore le défendra. Alors, nous devons choisir notre moment avec grand soin. Qui sait, quelles opportunités les prochaines semaines nous offrirons. »
Royaume de Camelot, cité, château, appartements de Gaius, soir
« Alors Arthur est déterminé à le sauver, quand bien même il a été prédit que c'était son heure... », murmura Aurore.
« Il pense que ce n'est qu'une interprétation de ce que Stella a prédit. », soupira Merlin. « Et dans un sens, je le pense aussi. Après tout, ça peut aussi être la fin de la réticence d'Arthur envers la magie, ce qui fait qu'il la légalisera dès qu'il sera sur le trône. Et quoi de mieux que de sauver Uther grâce à elle pour lui prouver que la magie n'est définitivement qu'une arme ? »
« Tu vas essayer de le sauver. », comprit Aurore.
« Ça serait pas arrivé si j'avais choisi de suivre Arthur plutôt que de venir te réveiller. J'aurais pu les protéger d'une manière ou d'une autre. Sérieux, t'avais pas décidé d'être de service hier soir ?! »
« J'ai été... distraite... », marmonna Aurore, en esquivant son regard.
« Tu l'es toujours quand Gwen est dans les parages. Mais comment tu es passée de la salle de banquet à ta chambre ? Il s'est passé un truc entre vous ? »
« HEIN ?! Mais bien sûr que non ! », rougit la chevalière. « Je me suis juste endormie sur elle pendant qu'on regardait les étoiles, et elle a dû me ramener à ma chambre, j'imagine. C'est pour ça que je dormais quand tu es venu dans mes appartements. Dans tous les cas, je suis désolée... j'aurais dû être vigilante. »
« Laisse, c'est mon rôle de protéger Arthur, pas le tien, de toute façon. »
Le silence plana quelques secondes, avant qu'Aurore ne le brise à nouveau.
« Tu es déterminé à sauver Uther ? »
« Arthur l'est, quitte à utiliser la magie, même si ce n'est pas la tienne. C'est l'occasion de lui montrer qu'il y a d'autres mages que les dieux qui peuvent faire de la magie pour le bien. Je ne perds rien à essayer. Il ne m'a pas reconnu la dernière fois que j'étais un vieillard, il ne me reconnaîtra pas non plus cette fois-ci. »
« Qu'en pense Gaius ? »
« Il est complètement contre cette idée, il pense que c'est trop dangereux. Et toi ? »
« Peu importe ce que j'en pense. », dit doucement Aurore. « Ce qui importe, c'est ce que toi, tu en penses. Et je sais qu'au fond de toi, tu as déjà pris ta décision. Arrête de toujours avoir besoin de mon aval, tu es assez grand pour faire tes propres choix. Et, en tant que sœur et déesse de la Liberté, je t'encourage à les assumer. On peut être frère et sœur sans suivre les mêmes chemins, il y aura forcément des moments où nos choix s'opposeront, et c'est pas grave, car c'est justement ce qui fait notre complémentarité. On s'est déjà opposés plusieurs fois, et ça nous a pas empêché d'être plus fusionnels que n'importe quoi en ce monde. Suis ton propre chemin, et je suivrai le mien. Quoi qu'il en soit, on se retrouvera à chaque tournant. »
Merlin la regarda quelques secondes, avant de lui faire un doux sourire.
« Tu as grandi petite sœur... je suis fier de toi. »
« Je te renvoie le compliment, grand frère ! »
Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Uther, le lendemain
« Je suis désolée Aurore, je ne peux m'opposer à la volonté de la nature. », dit gentiment Nahida. « Être sage, c'est aussi accepté que la mort finira un jour par venir nous chercher. Les dieux n'y échappent pas. »
« Mais tu pourrais le sauver. »
« Bien entendu, ce serait même très facile. Mais ce serait contre-nature, car son heure est arrivée. Quelle vie innocente faudrait-il sacrifier pour permettre à Uther de vivre ? »
Aurore fronça les sourcils.
« C'est cruel. »
« Mais nécessaire. Si ça avait été quelqu'un d'autre qu'Uther, peut-être aurais-je pu trouver le moyen de le soigner quand même, mais je n'ai aucun intérêt à le faire. Personne d'autre ne le regrettera, à part Arthur. Et Arthur n'est plus un petit garçon, il est assez grand pour assumer les responsabilités d'un Roi, et assez entouré pour surmonter cette perte. Il faut laisser l'hiver s'en aller, si on veut que le printemps s'installe. »
Aurore resta silencieuse, et Nahida remarqua son désarroi.
« Pourquoi souhaites-tu le sauver, Aurore ? Il a persécuté et opprimé beaucoup de gens comme Merlin et toi. Il t'a banni en récompense d'avoir sauvé Camelot. Pourquoi sembles-tu vouloir le sauver à tout prix ? »
« C'est un monstre, mais il reste le père d'Arthur. Si j'avais pu sauver notre père, Balinor, je l'aurais fait. Je sais que Lirou l'aurait fait aussi, c'est pour ça qu'il est déterminé à sauver Uther. Arthur me considère comme sa sœur... qui suis-je pour ne pas chercher à aider un frère ? »
« Tes intentions sont louables, mais un autre mourant devrait mourir à la place d'Uther, dans ce cas, et probablement quelqu'un qui ne mérite pas d'être sacrifié pour cet homme. C'est toujours comme ça. Arthur est né comme ça. Ygraine de Bois a été sacrifié par Uther pour donner naissance à Arthur, elle a été sacrifié pour et par Uther, et elle ne le méritait pas. Balinor a été sacrifié pour Uther, et il ne le méritait pas. Tant de gens ont été sacrifiés pour et par cet homme. Tu as bon cœur Aurore, mais le sort d'Uther est déjà scellé. »
« Que veux-tu dire ? », pâlit Aurore, entendant la résignation dans la voix de son ami.
« Morgane est au courant de l'état d'Uther, et Agravain est en train de l'informer de l'intention d'Arthur d'utiliser la magie pour le sauver. »
« Et Morgane va bien entendu s'assurer qu'Uther trépasse... », marmonna la déesse de la Liberté.
« Tu as tout compris. Uther va mourir. Peu importe le futur que l'on regarde, c'est ce qui est écrit. »
« Tu es devineresse ? »
« Je peux lire l'avenir dans les feuilles de thé, mais je tiens surtout cette information de Stella. Avec Natasha, il n'y a pas meilleure devineresse qu'elle. Elle ne m'a rien dit de plus, juste que dans tous les futurs possibles, Uther meurt à ce moment précis. »
« Alors on ne peut rien faire... », soupira Aurore. « Il me manquera pas, mais c'est triste quand même... »
« La mort d'une personne n'est jamais un événement dont il faut se réjouir. Uther a fait quelques bonnes choses dans sa vie, et son fils est probablement la meilleure chose qu'il ait apporté à ce monde, même si le prix a été immense. »
Aurore lui fit un petit sourire, reconnaissante de son soutien.
« Notre rôle est de garantir l'équilibre, mais ce n'est pas un rôle plein de joie. Aurore, le jour où tu te réjouiras réellement de la mort de quelqu'un, cela voudra dire que tu as fait ton temps en temps que déesse. »
« ... être une déesse est si difficile... »
« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, et une grande charge morale. Mais c'est un enfer que nous pouvons traverser. »
« Pourquoi ? Parce qu'on a été choisis ? »
« Si ça t'aide, tu peux te dire ça, oui. Mais en ce qui me concerne, je pense plutôt que c'est une vocation. On est choisis, mais rien ne nous empêche de nous détourner de nos responsabilités. C'est mal, mais être un dieu est une vocation avant d'être un destin. Quelle est ta vocation, Aurore ? »
L'interpellée resta silencieuse un moment, réfléchissant sérieusement à la question.
« Permettre aux gens de pouvoir vivre et aimer librement. C'est pour ça que je dresse mon épée face aux oppresseurs. »
« ... parfois, il faut faire des choix difficiles au nom de notre vocation, qu'ils soient difficiles car ils nous affectent ou parce qu'ils affectent les gens qu'on aime. Et suivre notre vocation, c'est aussi accepter qu'un arbre pourri ne peut plus être sauvé. »
« Ta logique est glauque. »
« C'est normal, j'ai cinq cent ans. Tu n'as que dix-sept ans, tu es encore rayonnante des espoirs d'une jeune déesse. Quand tu auras plus d'expérience, tu comprendras que préserver l'équilibre nécessite plus d'actions déchirantes que d'actions de bon cœur. Être un dieu est une vocation, et c'est pourquoi tu ne dois pas hésiter à y renoncer dès que tu ne t'en sens plus capable. »
Aurore ne répondit pas. Le silence s'installa pendant de longues secondes, avant que la déesse de la Liberté ne sorte sans rien dire. Celle de la Sagesse eut un sourire triste, la regardant partir, consciente qu'elle avait besoin d'aller galoper avec Moonlight pour intégrer la dure réalité.
Royaume de Camelot, cité, château, jardins, plusieurs heures plus tard
« Vous allez utiliser la magie ?! », fit Gwen, choquée.
Arthur hocha la tête, ne souhaitant pas cacher quoi que ce soit à l'une des deux personnes dont il était amoureux.
« C'est le seul espoir de mon père. », dit-il, avant de voir son hésitation. « Tu penses que je suis fou, n'est-ce-pas ? »
« Non. Qui suis-je pour vous dire que vous devez faire ? »
« Et pourtant, c'est ton avis que j'estime plus que tout autre, avec celui de Merlin et d'Aurore. »
« Je suis flattée, mais je ne suis peut-être pas la meilleure personne à qui demander. S'il n'y avait pas eu de sorcellerie, mon propre père serait toujours en vie. Ella est magicienne, mais son cas est différent, j'imagine. Elle n'a pas une once de méchanceté en elle, et c'est une déesse. Mais qu'en est-il des mages mortels ? Pourquoi ne pas avoir demandé à Ella, d'ailleurs ? »
« Je l'ai fait, mais elle n'en a pas les capacités. Elle ne peut pas s'entraîner à la magie à Camelot, et tous les descendants de Barbatos qui pratiquent la magie n'ont pas d'affinité avec la magie de guérison. Mais je comprends ta réticence. Ma mère est également morte à cause de la magie. La magie a jeté une ombre sur ma vie depuis ma naissance. Mais Aurore m'a fait comprendre qu'il est peut-être temps de sortir de cette ombre. Comme tu l'as dit elle n'a pas une once de méchanceté en elle, et elle m'a déjà dit qu'il existait des dieux mauvais, qui s'étaient détournés de leurs devoirs. Quand elle m'a dit ça, j'ai eu l'impression que les dieux étaient bien plus proches des humains que ce qu'on croyait. C'est pourquoi je ne crois pas que tous ceux qui pratiquent la magie soient mauvais. S'il existe des dieux mauvais et des dieux bons, pourquoi n'y aurait-il pas des magiciens et des sorciers, comme Aurore se tue à faire la distinction ? »
« C'est sûrement vrai, mais il est difficile de différencier les magiciens des sorciers dans un royaume où être un mage entraîne automatiquement la mort. »
« C'est pourquoi je crois qu'il est temps d'arrêter de traiter les mages comme s'ils étaient mauvais. Parfois, notre jugement est obscurci par la haine et la peur. Celui de mon père l'est, quand il est question de magie. »
« C'est une attitude courageuse. », sourit Gwen.
« Je ne sais pas si c'est courageux ou stupide ! Je ne sais toujours pas si je fais le bon choix. »
« Vous n'êtes pas stupide Arthur, vous avez bon cœur. Vous devez lui faire confiance. Parfois, c'est tout ce que nous pouvons faire. Et je sais qu'Ella serait d'accord avec moi. »
« ... tu as raison. Merlin et Aurore suivent toujours leur cœur, et c'est ce qui les rend si exceptionnels, quelque part. Ils ont le courage pour le faire. Mais ne va surtout pas dire ça à Merlin, j'en entendrai parler pendant des années ! »
« Haha ! Promis ! »
Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Uther, nuit
Merlin, sous l'apparence d'Emrys, donna au Roi quatre gouttes d'une potion, sous l'œil attentif d'Arthur. Le magicien ressentait un mélange d'excitation, de bonheur, de peur et d'anxiété à l'idée que le Prince légaliserait la magie une fois Roi, promesse qu'il avait obtenu en échange de la guérison d'Uther.
« Un moment ! », fit soudainement Arthur.
« Qu'y a-t-il ? »
« Mon père m'a appris à ne pas me fier à la magie et voici que je l'utilise pour le sauver. »
« A vous aussi, elle vous a moult fois sauver la vie. Et plus souvent encore que vous pourriez l'imaginer. »
« Mais enfin ! De quoi me parlez-vous ? »
« Simple rappel amical que la magie nous entoure partout et toujours. Elle est l'un des fils qui servirent à tisser la trame de l'univers. Et puis, vous avez bien fait d'une mage une chevalière de Camelot. Vous n'êtes pas aussi méfiant envers la magie que vous n'en donnez l'air. »
« Comment savoir s'il est sage de le tenter ? J'ai confiance en Aurore, parce qu'elle a toujours été franche avec moi, sans filtre. Elle m'a donné une raison de lui faire confiance, elle a toujours utilisé sa magie pour le bien. Mais vous ? »
« Je sais que la magie vous a causé bien des souffrances, jeune Arthur. Et il n'y a pas qu'à vous. Mais il y a bien des magies, bien des mages et aucun ne se ressemble. Je n'aspire qu'à vous montrer que la magie peut être utilisée à des fins bénéfiques, et que R... cette Aurore n'est pas qu'une exception. Et j'espère que dans les temps à venir, vous me verrez sous un autre jour. », dit sincèrement Merlin.
Arthur regarda son père quelques instants, avant de hocher la tête, permettant à Merlin de continuer. Ce dernier prit donc la branche de sauge qu'il avait emmené et la leva au-dessus du corps d'Uther. Ses yeux se dorèrent et la branche se mit à fumer.
« Efencume aetgaedre, eala gastas craeftige, gestricie pis lic forod ! »
Pendant quelques instants, le silence enveloppa la pièce. Arthur regardait désespérément son père, à la recherche de signes de vie et, pendant une seconde, il sembla que le sort ait échoué. Merlin devint anxieux, se repassant mentalement les instructions du livre que Gaius lui avait donné sur les sorts de guérison, afin de savoir s'il avait fait quelque chose de travers.
Et, soudainement, les yeux d'Uther s'ouvrirent, provoquant un sourire ravi sur les lèvres d'Arthur.
« Père... Père ! »
Père et fils se serrent la main et Uther sourit faiblement.
« Arthur... »
Submergé de soulagement, Merlin s'autorisa un doux sourire. Mais alors que le Roi levait les yeux vers le Prince, son expression se tordit soudainement de douleur et son souffle s'emballe.
« Que se passe-t-il ?! », réagit Arthur, alarmé.
Merlin déglutit, au moins aussi alarmé que son cher et tendre.
« Je n'en sais rien... »
Très vite, Uther retomba, inconscient, et ses yeux se fermèrent. Il allait partir, encore, et cette fois il n'en reviendrait pas.
« Mais faites quelque chose ! », s'affola Arthur.
Merlin chercha un pouls, les mains tremblantes d'angoisse. Il inspira profondément pour se calmer, alors qu'Arthur regardait, impuissant, la mort emporter son père.
« Il est mort... », souffla Merlin, sidéré.
« Non... Il ne peut pas être... », fit le blond, dévasté, en secouant Uther. « Père... Père ?! ... Non... S'il vous plaît... Père... »
Tout ce que le magicien put faire, ce fut regarder, horrifié. Arthur se rendit très vite compte de la futilité de ses actions et se tourna brusquement vers Merlin, plus blessé et en colère que jamais.
« Qu'avez-vous fait ?! »
« Ce... ce n'était pas censé arriver... je ne comprends pas... », balbutia Merlin, retenant du mieux possible ses larmes. « J'ai tué Uther... je l'ai tué... mais comment ?! C'était pas censé se passer comme ça ! Pourquoi rien ne se passe jamais comme je le veux ?!! J'ai tué son père ! J'ai tué le père de l'homme que j'aime... »
« Vous m'aviez donné... votre parole ! Vous avez tué mon père ! Vous l'avez tué ! », ragea Arthur, faisant inconsciemment écho aux pensées du magicien.
Merlin leva un regard brisé, rempli de chagrin et de culpabilité, sur Arthur. Ce dernier contourna le lit, fou de rage et de chagrin, et saisit son épée, la brandissant sur le magicien malgré ses supplications.
« Et maintenant c'est vous qui allez mourir !! »
Merlin serra la mâchoire, quelques larmes coulant sur ses joues malgré ses efforts pour les retenir. Il avait tué Uther, et il s'en voudrait toute sa vie pour cela. Mais d'abord, il devait s'enfuir pour reprendre son apparence. Alors, il fit ce qu'il s'était promis de ne jamais faire : il utilisa sa magie contre Arthur.
« Hleap on baec ! »
Le Prince fut propulsé à terre et Merlin s'enfuit, les larmes coulant sur ses joues. Les cloches retentirent et chevaliers et gardes accoururent, au moment même où Aurore rentrait de sa longue promenade.
Un peu après, Gwen, Arthur et Gaius étaient au chevet d'Uther. Aurore et Merlin, sous sa véritable apparence, entrèrent alors que le médecin annonçait au blond ce qu'il savait déjà.
« Je suis navré Arthur. Le Roi est mort. »
Aurore s'approcha, profondément triste mais Arthur pouvait aisément voir qu'elle était aussi extrêmement résignée, comme si elle essayait de se convaincre que c'était mieux ainsi, ou comme si elle avait toujours su que cela se terminerait ainsi.
« Tu le savais ? »
« Je l'ai appris dans la journée... d'après Nahida, c'était écrit... », souffla Aurore, en se laissant tomber à genoux au chevet d'Uther. « Elle aurait pu trouver un moyen de le soigner, mais elle ne voulait pas le faire pour un homme comme lui. »
« ... c'est dingue, il s'est même mis à dos les dieux... », rit nerveusement Arthur.
Son rire se brisa très vite, les larmes coulant sur ses joues.
« Arthur... je suis désolée... je ne sais pas quoi dire... »
« ... ne dis rien... j'imagine que c'était le karma, son destin. Il a fait tuer des milliers de mages, j'en ai tué de mes propres mains un certain nombre, à mon grand désarroi... et il est mort de la main d'un sorcier... »
Aussitôt, Aurore braqua son regard sur Merlin, dont le regard brillait de détresse.
« Vraiment ? »
« J'étais là... »
« Ça m'étonne de lui... », murmura Aurore.
« Tu le connais ? Ce vieux sorcier ? »
« C'est un magicien, mais oui. C'est l'âme la plus noble, la plus gentille, la plus bienveillante, la plus chaleureuse, la plus généreuse et la plus pure qu'il m'ait été donné de rencontrer. », dit la déesse, sans quitter son frère des yeux.
Ce dernier lui offrit un faible sourire reconnaissant, mais qui n'apaisa en rien son chagrin et sa culpabilité.
« Eh bien... il faut croire que, même toi, tu peux te tromper sur les gens... »
« Oh non, ce magicien a longtemps fait partie d'un de mes seuls amis dans ce vaste monde. Morgane est forcément impliquée. »
« Qu'est-ce-qui te fait croire ça ? », soupira Arthur. « Ne peux-tu juste pas croire que c'était un sorcier et non un magicien ? Les mages ne sont pas aussi bienveillant que toi Aurore... »
Aurore fronça les sourcils, sentant une étrange vibration, et s'approcha un peu plus d'Uther. Suivant la vibration qu'elle ressentait, elle colla son oreille contre la poitrine du défunt Roi, sous les yeux perplexes de Merlin et Arthur.
« Ella, que se passe-t-il ? », s'inquiéta Gwen.
Le visage fermé, elle s'éloigna et tendit la main vers Uther. Ses yeux prirent les couleurs de l'aurore et un pendentif émergea des robes du défunt Roi avant de s'envoler, se retirant de son cou et venant stationner devant le regard magique d'Aurore.
« C'est le symbole de la Triple Déesse. », remarqua Gaius en voyant la triquetra qui ornait le pendentif.
« C'est la déesse que vous vénérait dans le coin, c'est ça ? Celle que vénère les utilisateurs de l'Ancienne Religion ? »
« En effet. », confirma le médecin.
« Tu la connais ? », demanda Guenièvre, curieuse.
« Je ne connais que deux dieux, trois si on compte mon ancêtre. Ne crois pas que je les connais tous. Mais je sais de Venti qu'elle n'est pas vraiment bienveillante, elle a été bannie du cercle des Sept Archons quand notre ancêtre n'était encore qu'un jeune dieu, libérant ainsi la place que Barbatos a prise ensuite. Le rôle des dieux est de protéger les hommes, et vu la religion qu'elle a instauré, son bannissement est normal. L'Ancienne Religion comporte énormément de rituels sanglants, de monstres dangereux et de sorts qui devraient être interdits. Je ne dis pas que tout ce qui est issu de l'Ancienne Religion est mauvais, mais que les Grandes Prêtresses le sont incontestablement si elles choisissent de suivre aveuglément la voie de la Triple Déesse. Nous en avons eu une preuve avec Morgause puis Morgane. D'autres la suivent mais sont conscients des dérives de cette religion et font attention. Et encore d'autres sont totalement ignorants de la voie de la Triple Déesse et usent de leur magie pour le bien d'autrui, sans se douter qu'ils utilisent un pouvoir initialement ouvert aux hommes pour répandre le chaos dans le monde mortel. Gaius faisait partie de ces gens-là, avant la Grande Purge, et il n'est pas le seul. Il y en a encore d'autres, comme les druides, qui connaissent les véritables desseins de la Triple Déesse et qui utilisent la magie de l'Ancienne Religion en allant à l'encontre de ces derniers. Les dieux ne sont pas si différents des humains : ils sont tous différents. »
« Mais que faisait ce pendentif autour du cou du Roi ? », l'interrogea Gwen.
« Il est ensorcelé, de sorte qu'il inverse la magie de guérison et en décuple mille fois les effets. Un enchantement de ce type transforme le plus puissant sort de guérison en le poison le plus mortel qui soit. Le Roi n'avait aucune chance d'y survivre. Et je reconnais la trace magique de Morgane, je parierai mon Gnosis là-dessus. »
« Attends ! Pause. », réclama Arthur, dont le cerveau avait du mal à tout enregistrer avec le chagrin qui le paralysait. « Comment un tel objet aurait pu arriver ici ? »
« Un traître, comment voulez-vous qu'il soit arrivé là sinon ? », rétorqua Aurore. « J'aurais dû savoir qu'il s'empresserait d'en informer Morgane... une occasion comme ça... »
« Tu sais qui c'est ?! »
« Il serait plus juste de me demander ce que je ne sais pas, mais en effet. Je ne vous en ai pas parlé parce que je n'avais aucune preuve. Le conseil est déjà bien trop contre moi, inutile de les offenser en accusant un noble de trahison sur la simple base des ouï-dires du vent. »
« Qui est-ce ? »
« Arthur, je ne peux vous le dire, comme je n'ai pas pu dire explicitement à Sire Léon qui était l'assassin engagé par Odin. Je n'ai pas le droit d'intervenir si l'équilibre du monde n'est pas en jeu, pas en exploitant les informations que j'obtiens grâce au vent. De ce fait, tant que le traître ne met pas en péril l'équilibre même du monde, vous n'aurez accès à aucune information précise de ma part, pas celles acquises grâce à ma magie divine en tout cas. Si jamais le traître s'en prend à Lirou, là oui, il verra de quel bois je me chauffe, mais je ne peux pas divulguer ce genre d'informations sous prétexte que c'est un acte de trahison envers le royaume. Vous savez que mon devoir envers ce monde surpasse de loin celui que j'ai envers Camelot... et puis, ça vous mettrait dans des situations compliquées car vous n'auriez aucune preuve pour justifier vos actions à chaque fois que vous voudrez empêcher ce genre de choses d'arriver. Je ne veux pas que vous soyez obligé de choisir entre le royaume et moi. »
Arthur la regarda quelques instants avant de soupirer et de hocher doucement la tête.
« Je tiens beaucoup à vous Arthur... je suis désolée de ne pas pouvoir vous aider davantage... »
« Non, je comprends. Même toi, tu as des règles à respecter, tout comme chaque personne en ce monde... donc tout ça... c'est un coup de Morgane ? Le sorcier n'a vraiment rien fait de mal ? »
« Il a été piégé lui aussi. », confirma Aurore.
« ... maintenant que tu le dis, c'est vrai que j'ai cru le voir pleurer... », marmonna Arthur. « Mais j'ai pas fait attention... si je le recroise un jour, je m'excuserai. Même s'il est peu probable que je le vois encore... »
« Je suis certain qu'il le comprend, Arthur. », dit doucement Merlin, qui s'était rapproché. « Je suis sûr qu'il sait qu'il n'a rien fait de mal, ce n'est pas de sa faute si Morgane a voulu continuer à vous faire haïr la magie... »
« Mais je ne la déteste pas. Aurore m'a ouvert les yeux lors de notre première rencontre, et elle vient encore de le faire. Je ne peux détester la magie, pas quand quelqu'un comme elle la pratique, pas quand Morgane piège des magiciens pour arriver à ses fins. »
« Qu'allez-vous faire alors ? », murmura Merlin, en s'asseyant sur le matelas pour être à la hauteur de son Prince.
« Je ne sais pas Merl... je ne sais pas... »
Le blond soupira, avant de regarder le pendentif qui flottait toujours, puis Aurore.
« Aurore, je ne te forcerai pas à me révéler ce que tu sais. Mais par pitié, si jamais je me fourvoie à cause de ce traître... je te demande d'intervenir, d'une manière ou d'une autre. Ne me laisse pas faire de bêtises. »
« Oh, vous avez ma parole, mais mon frère vous empêche déjà de faire pas mal de bêtises, alors je suis sûre qu'il saura vous donner une bonne claque si jamais ! », sourit la chevalière, amusée.
« Fidèle au poste. », murmura Merlin, forçant un faible sourire.
Royaume de Camelot, cité, château, salle du trône, le lendemain
Les portes s'ouvrirent, laissant entrer Arthur en tenue de chevalier. Tous étaient rassemblés dans la salle pour son couronnement, alors que dehors flottait le drapeau rouge Pendragon avec le motif d'un dragon. Chacun s'inclina au passage d'Arthur, qui alla s'agenouiller devant le trône, à côté du bibliothécaire Geoffrey de Monmouth.
« Donnez-vous en ce jour votre parole solennelle de gouverner les terres de Camelot selon les lois et coutumes propres à notre royaume ? »
« Je donne ma parole solennelle. »
« Useriez-vous du pouvoir qui vous ai choit pour faire régner la loi et la justice en faisant preuve de miséricorde dans chacun de vos jugements ? »
« Je le jure. »
Geoffrey prit une imposante couronne en or, bien plus imposante que celle d'Uther, et la maintint au-dessus de la tête d'Arthur.
« En vertu des pouvoirs qui me confère la loi sacrée je vous fais... », fit Geoffrey en couronnant le blond. « ... Arthur, Roi de Camelot. »
Arthur se leva et fit face à la foule.
« Longue vie au Roi ! », s'écria Agravain.
« Longue vie au Roi ! Longue vie au Roi ! Longue vie au Roi ! », clama la foule.
« Longue vie au Roi ! », sourit Gwen, émue aux larmes.
Elle regarda Aurore, qui était avec les chevaliers, et la déesse lui fit un sourire qui signifiait qu'elle n'osait pas croire qu'Arthur était enfin Roi.
« Longue vie au Roi ! », entonna Aurore, émerveillée.
« Longue vie au Roi ! Longue vie au Roi ! »
Merlin regarda son Roi, fier du chemin parcouru par ce dernier, fier de l'homme qu'il était devenu, fier de le servir, fier d'aimer un homme tel que lui, fier de le laisser régner à tout jamais sur son cœur.
« Longue vie au Roi ! », cria Merlin, probablement aussi fort que sa sœur.
« Longue vie au Roi ! », s'enthousiasma Nahida.
« Longue vie au Roi ! », fit à son tour Lancelot, bien que seules Nahida et Aurore le voyaient actuellement.
« Longue vie au Roi ! », s'exclamèrent à leur tour Venti et les Quatre Vents.
« Longue vie au Roi ! »
Bientôt, toute la salle était emplie de cris euphoriques. Depuis la terre, même le chant des aranaras s'élevait. Humains, esprits et dieux chantaient à la gloire de celui qui deviendrait le légendaire Roi Arthur Pendragon.
« Longue vie au Roi ! »
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