Chapitre 43 : Saint Noween

Royaume de Camelot, plaines de Denaria, un an plus tard

« Halte ! », cria Léon à une personne encapuchonnée de noire et tirant une charrette. « Restez où vous êtes ! »

La personne, une femme, s'arrêta et posa la charrette, laissant la patrouille de Camelot approcher. Elle était composée, entre autres, de Léon et Elyan.

« Où allez-vous ? », demanda Elyan.

« Vers les mers de Méridor. », répondit la femme sans se retourner.

« Qui est dans cette charrette ? »

Léon fit signe aux autres chevaliers de s'approcher, amenant la femme à se retourner, révélant son identité.

« Dame Morgane ! », s'écria Léon.

Morgane fit usage de la magie pour projeter à terre les chevaliers et les assommer. La sorcière retourna alors vers la charrette et vit avec surprise une invitée inattendue assise sur un des rebords.

« Aurore ? »

La chevalière, vêtue de sa tunique aux armoiries de Barbatos, sauta pour se remettre sur ses pieds et venir en face de Morgane.

« Que fais-tu ici ? »

« Simplement m'enquérir de l'état de Morgause. J'ai entendu dire qu'il se dégradait. »

« Malheureusement, tes soins n'ont pas suffi à la maintenir en pleine santé. », dit doucement Morgane. « Mais je ne t'en blâme pas, tu m'avais prévenu. »

« Que comptez-vous faire ? »

« L'emmener sur l'Île Fortunée. Le reste ne te regarde pas. »

Aurore hocha doucement la tête, tandis que Morgane se rapprocha de la charrette et souleva le drap qui couvrait Morgause.

« Tout va bien ? »

« Oui, merci ma sœur. Mais dépêchons-nous. La nuit ne va pas tarder, et nous avons une longue route devant nous. »

A la voix légèrement chevrotante, Aurore se rapprocha. Elle déglutit en voyant le visage de la blonde défigurée par une grande cicatrice sur le côté droit de sa figure, une cicatrice qu'elle savait provenir du dernier affrontement avec Merlin.

« J'espère que tu trouveras la paix, Morgause. », dit sincèrement Aurore.

« Décidément... je n'arriverai jamais à te cerner, Aurore... j'imagine que je n'aurais jamais dû vouloir me servir de tes pouvoirs contre Camelot. Au final, tu t'en ais servi contre moi... »

« N'y vois rien de personnel. Vous non plus, Morgane. J'ai simplement trouvé que votre règne n'apporterait que souffrance et oppression, et je ne peux le tolérer en tant que déesse de la Liberté. »

« Parce que tu trouves que celui d'Uther est mieux ?! »

« Je n'ai jamais dit le contraire. Uther n'est qu'un pion pour moi, un pion pour qu'Arthur devienne Roi. J'ai passé assez de temps avec lui, pour savoir qu'il sera le meilleur Roi que les Cinq Royaumes n'aient jamais connu. Continuez à blâmer Camelot et à en vouloir le trône si ça vous chante, mais sachez que vous aurez toujours un obstacle divin sur votre chemin. »

Aurore s'éloigna, jusqu'à se retrouver à trois mètres de Morgane, dos à elle.

« Si j'étais vous, je veillerai à épargner mon frère dans vos plans maléfiques, à moins que vous ne vouliez que l'obstacle se transforme en ennemi. »

Morgane hocha sèchement la tête et reprit la charrette. Elle commença à s'éloigner, mais s'arrêta un instant.

« Félicitation pour ta promotion au rang de chevalier. J'ai toujours su que tu en avais l'étoffe. Dommage que tu ais choisi le mauvais camp. »

Aurore ne répondit pas, elle ne se retourna même pas. Elle laissa Morgane partir, sachant pertinemment que les armoiries de Barbatos lui permettaient de la laisser partir si elle le voulait.

Lorsque les deux sorcières furent assez loin, Aurore lâcha un soupir et remplaça dans un tourbillon de vent sa tenue par son armure de chevalière de Camelot.

« Bon, allons nous assurer que ce traître d'Agravain ne ruine pas mes plans. Il manquerait plus qu'il retourne le cerveau d'Arthur... »

Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Arthur

Merlin entra dans la pièce, essoufflé. Arthur était debout, déjà habillé d'une chemise et occupé à rédiger un discours.

« Vous êtes vêtu. », s'étonna Merlin.

« Oui Merlin, je ne suis pas un idiot, tu sais ? »

Arthur adressa un léger sourire affectueux à son valet, qui rougit légèrement. Lorsqu'Arthur se retourna, le magicien rigola doucement. Sans un mot, il s'approcha et arrangea la chemise du blond, qui n'était pas bien passée dans sa ceinture.

« Y'a du progrès. », admit Merlin, mi-amusé mi-attendri. « Qu'étiez-vous en train de faire ? »

« Je m'efforce d'écrire un discours. »

« Voulez-vous de l'aide ? »

« Naaaan. », fit Arthur, priant pour que Merlin insiste davantage.

« Certain ? Dans ce cas, je peux déchirer ceci. », conclut Merlin en montrant un parchemin. « J'ai passé la nuit à travailler dessus, mais si vous n'en voulez pas... »

Il ne put continuer car le Prince avait récupéré le parchemin d'un geste faussement agacé. Il le parcourut des yeux et Merlin jura qu'il était impressionné, bien qu'il s'efforçait de ne pas en donner l'air.

« Qu'en pensez-vous ? »

« Il faut le polir. », rechigna Arthur.

« Comme vous voudrez. »

Arthur balança sa feuille et, de l'autre main, jeta à Merlin une pomme crépusculaire du panier qu'il veillait à garder sur son bureau. Le magicien l'attrapa et sourit, avant de croquer dedans.

« Tu sais Merlin, ils ne sont pas nombreux les serviteurs qui ont la chance d'écrire le discours d'un Prince. Me dire merci, tu as peur que ça ne t'étouffe ? »

« Merci ! »

Le serviteur prit des vêtements du Prince et s'en alla, la pomme dans une main et la corbeille de linge dans une autre. Arthur sourit et laissa tomber sa plume. Il ne saurait dire si le remerciement de Merlin était pour la pomme ou en réponse à ce qu'il avait dit juste avant, mais son valet avait semblé si sincèrement heureux que le blond s'en fichait complètement.

« Oh ! Merlin ! »

La tête de son serviteur apparut dans l'entrebâillement de la porte quelques instants plus tard.

« Oui ? »

« Pense à la robe, pour ta sœur. »

« Elle a accepté, finalement ? »

« Non, mais elle n'a pas le choix. Ordre du Prince. Elle a bien le droit à des vêtements pour de grandes occasions. »

« Et pas moi ? »

« Tu en as déjà une, non ? Celle de barde. Tu ne l'as porté qu'une fois. »

« Je n'ai aucun intérêt à la porter si Rory n'a pas de tenue de barde. Ceci dit, j'en prends quand même soin, ça peut toujours servir. »

« Mets-la ce soir. »

« Pourquoi ? »

Arthur rougit et détourna le regard. Merlin rigola doucement.

« Ordre du Prince ? », dit-il, amusé.

« O-Ouais... », marmonna ledit Prince. « File maintenant. »

Merlin lui sourit, les joues roses car, d'une certaine manière, Arthur avait implicitement affirmé qu'il le trouvait beau dans sa tenue de barde. Si c'était pour lui plaire, Merlin n'y réfléchit pas à deux fois.

Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Aurore, quelques heures plus tard

« Non non non ! »

« C'est un ordre d'Arthur Rory. Tu n'as pas vraiment le choix... »

« Mais je suis une chevalière de Camelot ! Pas une dame de la cour ! », bougonna Aurore. « Je ne vois pas pourquoi je devrais mettre cet accoutrement ridicule ! Mon armure ira très bien ! »

« Tu ne la trouvais pas trop lourde ? »

« Plus maintenant, j'y suis habituée. »

Comme pour prouver ses dires, elle fit quelques élégants mouvements de danse. L'armure tinta délicieusement aux oreilles d'Aurore, telle une douce mélodie.

« Ordre d'Arthur. »

« Comme si tu l'écoutais. »

« Des fois, seulement. », admit Merlin. « Allez, tu vas être magnifique dedans ! »

« Mais je m'en fiche d'être belle ! »

« C'est Saint Noween, une commémoration à nos ancêtres. Comme Barbatos... ou Papa... j'aurais aimé avoir le temps de pouvoir l'appeler ainsi... »

Aurore adressa un regard en coin à Venti, qui venait d'apparaître à ses côtés. Il lui adressa un sourire innocent qui la fit grommeler.

« Un chevalier de Camelot n'est jamais en repos. Ce n'est pas parce que je suis seulement chevalière honoraire qu'il doit en être autrement. Je ne peux pas avoir mon épée si je porte une... une de ces horreurs ! »

« Je te jure qu'elle est magnifique ! »

« Ne prends pas tout au pied de la lettre. Je me doute bien qu'elle est belle, mais tu sais aussi parfaitement que je déteste les robes longues. Ça m'entrave quand je combats. Pourquoi crois-tu qu'avant d'avoir ma tenue de barde, je portais un de tes anciens pantalons et que j'avais fait en sorte que la jupe de ma robe longue soit facilement déchirable et recousable ? »

Merlin la regarda quelques instants, l'expression indéchiffrable. Toutefois, Aurore ne se laissa pas démonter, sous les rires de Venti. Le magicien finit par soupirer.

« Ah ! Comme tu veux. Je vais dire à Guenièvre que tu ne veux pas porter la robe. Elle va être déçue, elle qui a passé beaucoup de temps dessus... enfin bref ! On se voit à la fête. »

Merlin se retourna et fit mine de partir, avant que la voix de sa sœur ne le retienne.

« Attends ! »

« Qu'y a-t-il ? », demanda Merlin en lui faisant face, dissimulant son sourire victorieux.

« ... demande à Gwenny de venir m'aider à la mettre, je vais jamais m'en sortir sinon... »

« C'est dingue, dès que j'évoque le prénom de Guenièvre, tu deviens aussi docile qu'un agneau ! », rigola Merlin.

« Prends garde à ce qui sort de ta bouche mon frère. », marmonna Aurore, les joues roses. « Tu ne voudrais pas que je dise par accident à Arthur le genre de rêves que tu fais à son propos... »

Merlin déglutit et pinça les lèvres, devenant complètement rouge de gêne.

« Je... je vais faire passer le mot à Gwen. »

« Merci ! Oh, et attrape ! »

Elle lui lança une pomme rouge, qu'il attrapa au vol. Elle en lança une autre à Venti, avant qu'il ne retourne dans son monde.

« Merci, mais pourquoi ? »

« Parce que j'aime voir le sourire que tu fais quand tu croques dans une pomme. Ça me rappelle de bons souvenirs ! »

« Si tu le dis. », sourit Merlin. « En tout cas, je suis gâté aujourd'hui. Arthur aussi m'a donné une pomme. Depuis l'année dernière, il m'en donne beaucoup j'ai l'impression, et à chaque fois qu'il semble un minimum fier de moi. Enfin, si je puis dire... tu sais pourquoi ? »

« Disons juste que je lui ai parlé un peu de notre enfance, quand tu t'es auto-transformé en gosse. »

« Donc, de ma passion pour les pommes, apparemment. Tu lui as demandé de m'offrir des pommes à chaque fois que je fais un truc bien ? »

« Je lui ai simplement suggéré de t'offrir des pommes pour te remercier, quand tu lui sauves la vie. T'offrir des pommes à chaque fois qu'il veut te remercier est une initiative de sa part. »

« Oh... », rougit Merlin, à court de mots et touché de l'initiative d'Arthur. « Eh bien... merci. Je... je vais y aller. J'ai encore du travail à faire. »

Aurore hocha la tête et embrassa son frère sur la joue avant de le laisser partir. Il se passa presque deux heures avant que Gwen n'entre, avec la tenue qu'elle avait confectionné pour Aurore. Celle-ci lui offrit un sourire éblouissant en la voyant.

« Gwenny ! Je t'ai pas vu de la journée, ça va ? »

Guenièvre lui sourit et l'enlaça un instant.

« Je vais bien, merci. M'occuper d'Uther me prend beaucoup de temps, mais tes essences sont très utiles. C'est la seule chose qui permet au Roi d'avoir une quelconque réaction... il est vraiment brisé. »

« La nourriture sucrée est un réconfortant, mais ce n'est qu'un baume. Ça peut pas ressusciter un mort... »

« Hm... il n'y a rien que tu puisses faire ? »

« Avec ma magie ? J'en sais rien, mais je n'ai aucun intérêt à permettre à Uther de vivre plus longtemps. Arthur fera un bien meilleur Roi que lui. Et même si j'avais un quelconque intérêt, la magie divine de guérison est un art complexe dont je ne connais que les règles basiques. Je risquerai d'accélérer la mort d'Uther si j'essayais. »

« Il vaut mieux, en effet. », sourit Gwen. « Et si je t'aidais à retirer ton armure ? »

« Oh euh... tu n'es pas obligée... je sais l'enlever toute seule, tu sais. »

« Avec ta magie, je sais. Mais je suis là, autant en profiter, non ? »

Aurore hocha doucement la tête avec un sourire timide. Guenièvre alla déposer délicatement sa tenue de fête sur le lit puis détacha avec autant de délicatesse chaque élément composant l'armure de la jeune déesse. Lorsqu'elle eut terminé, cette dernière put retirer ses bottes et laisser ses pieds nus sur la pierre froide. Guenièvre l'envoya ensuite derrière le paravent et la laissa enfiler la robe longue ainsi qu'un pantalon moulant blanc. Lorsque la cadette de Merlin annonça avoir terminé, la servante la rejoignit derrière le paravent et arrangea le vêtement. Elle lui fit mettre une paire de ballerines plates, ainsi qu'une paire de manchettes.

Elle guida ensuite la chevalière jusqu'à sa coiffeuse et amorça le mouvement pour retirer le nœud violet qui retenait ses cheveux.

« Non ! »

« Qu'y a-t-il ? », s'inquiéta Gwen.

« Je veux le garder. »

Guenièvre sourit, touchée, et le détacha pour mieux relever les boucles corbeaux en chignon. Elle attacha le ruban violet de sorte à ce qu'il maintienne la coiffure et le recouvrit d'un ruban doré dans lequel elle avait cousu une fausse cécilia. Après un coup de peigne pour coiffer les mèches qui encadraient son visage et ainsi que sa frange asymétrique, elle piocha ensuite dans le tiroir contenant les maigres produits de maquillage d'Aurore, à savoir essentiellement des poudres naturelles confectionnées par Nahida et à appliquer sur les yeux, et prit une poudre noire, la seule qui se démarquait des poudres colorées. Elle l'appliqua ensuite de sorte à faire ressortir l'incroyable bleu des yeux de son amie, avec ce que les gens du futur appelleront « smoky-eye ».

Lorsqu'elle eut fini son œuvre, elle guida Aurore vers un plus grand miroir, pour qu'elle puisse voir à quoi elle ressemblait.

« On dirait une princesse... », murmura Gwen. « Vraiment. Tu es magnifique. »

Aurore rougit, peinant à se reconnaître dans le miroir. Elle portait une robe longue dans deux tons de turquoise qui laissait la moitié du dos nu, rehaussée de détails blancs et dorés. Ses pupilles lui paraissaient d'un coup étonnamment flamboyantes, isolées par le noir du maquillage.

Elle se sentait belle, mais aussi étrangère à elle-même.

« Je t'ai toujours trouvé magnifique, mais là, je n'ai pas de mots ! », affirma Guenièvre. « Ella, vraiment... tu es... »

Aurore devint encore plus rouge et coinça machinalement une mèche de cheveux derrière son oreille.

« M-Merci... ce... c'est gentil... tu seras au banquet ? »

« Non, je dois veiller sur Uther... », dit doucement Gwen, déçue.

Le sourire d'Aurore s'éteint légèrement, avant que Gwen ne reprenne la parole.

« Mais je peux t'y accompagner, si tu veux. »

Aurore se tourna vers Guenièvre et lui fit un petit sourire tendre. Les joues de la servante se foncèrent un peu.

« Avec plaisir ! »

Gwen sourit et vint poser ses mains sur les épaules de son amie, sentant son malaise.

« Tout ira bien. Le turquoise est ta couleur. C'est littéralement celle de ta magie ! »

« Je... je sais... mais j'ai l'impression que c'est pas moi... la robe est belle mais... y'avait pas besoin d'utiliser de l'or et des tissus aussi coûteux. Je ne suis que chevalière honoraire... je ne suis même pas une noble... »

Machinalement, elle porta la main à son épée pour se rassurer, mais ses doigts se refermèrent sur du vide, laissant sa main retomber contre le tissu turquoise de sa robe. Gwen sourit puis alla chercher sa ceinture. Sous le regard interrogateur d'Aurore, elle la lui attacha autour de la taille, avant de ranger dans le fourreau son épée.

« Tu n'as plus qu'à utiliser ta magie pour la dissimuler. Comme ça, tout le monde est gagnant. Et si jamais il y a une attaque, ce dont je doute, je t'autorise à déchirer la jupe pour pouvoir te battre. Je ne t'en voudrais pas. »

« D'où le pantalon sous la robe ? »

« Exactement. »

Gwen enlaça Aurore et déposa un baiser sur le côté de sa tête. La déesse rougit doucement, marmonnant quelques mots pour que son épée ne soit visible que d'elle.

« Tu te sens mieux ? », sourit Guenièvre.

En guise de réponse, la déesse porta la main à la garde de son épée et referma ses doigts sur la poignée durant quelques secondes. La servante la sentit se détendre, et son sourire s'élargit lorsque celui d'Aurore apparut.

« Et tu sais, en ce qui concerne la richesse de ta tenue... eh bien... Arthur cherchait à te faire plaisir. »

« Pour quoi ? Avoir sauvé Camelot deux fois, dont une qui m'a valu un bannissement, ou pour endurer ses lamentations à propos de ses sentiments ? »

« Peut-être les deux ! », rigola Gwen. « Il t'aime beaucoup. Ses sentiments pour Merlin doivent aider, mais je sais que tu comptes énormément pour lui, indépendamment de ton frère. Tu le traites comme un frère, c'est normal qu'il essaie de te rendre la pareille. »

« Maladroitement alors... », ironisa gentiment Aurore. « J'ai passé trop de temps à vagabonder pour être aux anges face à des parures riches et somptueuses. »

« C'est l'intention qui compte, comme on dit. Et puis, tu n'auras qu'à la porter lors de grands événements, comme le festin de ce soir. Ça fera plaisir à Arthur. »

« ... j'imagine qu'il serait ingrat de ma part de refuser alors que tu as passé beaucoup de temps dessus... c'est le moins que je puisse faire, je sais que tu y as mis beaucoup de cœur. »

Gwen rosit puis enlaça son amie. Le silence plana quelques secondes, avant qu'elle ne le brise.

« Comment s'en sort Arthur ? Par rapport à ses tâtonnements sentimentaux, je veux dire. »

« Toujours au même point que l'an dernier. Il faudra beaucoup de temps pour intégrer qu'il a le droit d'aimer un homme. J'ai l'impression qu'il considère ça comme un crime actuellement, même s'il n'en montre rien devant Lirou. Et toi ? Tout va bien ? »

« Hm... tu sais... je ne dirais pas que je n'aime plus Arthur, mais... je ne sais pas... j'ai l'impression que mes sentiments se font plus faibles de jour en jour. Je tiens beaucoup à lui, mais je commence à me demander quel genre d'amour j'éprouve pour lui : un amour romantique comme Merlin, un amour fraternel comme toi, ou un amour amical comme les chevaliers. Quand je le vois interagir avec Merlin... je me dis que, quelque part, ils sont destinés l'un à l'autre, et que je n'ai pas le droit de m'immiscer entre eux alors que je ne suis plus sûre de mes sentiments. Qu'est-ce-que tu en penses, toi ? »

Aurore resta silencieuse. Elle hésitait à dire la vérité à la brune, à savoir qu'elle était destinée à régner sur Camelot mais que Merlin était destiné à régner sur le cœur d'Arthur. Il était sans doute trop tôt.

« J'aime à croire que le destin n'est pas figé dans la pierre. », répondit finalement la chevalière. « Le plus important, c'est ce que tu en penses Gwenny. »

« Tu me donneras pas ton avis, pas vrai ? Pas tant que je navigue encore dans le brouillard. »

« Je me dois de te laisser la Liberté d'avancer par toi-même. Et ça vaut aussi pour Arthur. Ce n'est que lorsque vous aurez choisi votre voie que je pourrai me permettre de vous donner mon avis. J'espère que tu ne m'en veux pas... »

« Pas du tout ! », la rassura Gwen. « Je sais que tu fais de ton mieux pour être une bonne déesse. Laisse-moi te dire qu'à mes yeux, tu l'es déjà. »

« J'ai encore beaucoup de choses à apprendre... mais merci Gwenny. Ton soutien m'aide beaucoup. », rougit Aurore.

Guenièvre rougit, lui offrant un timide sourire.

« Les festivités vont bientôt commencer. », réalisa soudainement Aurore en regardant le ciel.

« Tu es prête à y aller ? »

Aurore inspira profondément puis hocha la tête. Guenièvre lui fit un sourire encourageant avant de prendre galamment sa main, comme le ferait n'importe quel noble à sa dulcinée. Pour l'avoir observé au cours de ses voyages, Aurore le savait bien, c'est pourquoi elle devint complètement rouge. Elle ne put empêcher un sourire de naître sur ses lèvres, tout en se fustigeant mentalement de l'idiotie de son comportement. Elle ne pouvait pas aimer Guenièvre, elle allait devenir Reine. Elle ne ferait que se faire du mal en développant ce genre de sentiments pour elle, car ils auraient une date de péremption encore plus proche que la mort de Guenièvre.

Et puis, Lancelot ne ferait pas ça. Il ne le fait pas.

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