Chapitre 41 : Magie et Amour

Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Arthur

Arthur vécut les quelques minutes entre son retour magique à Camelot et son habillement pour la nuit par George sans vraiment les vivre. Sans comprendre, il se retrouva en tenue de nuit, assis sur son lit et seul dans sa chambre. Son esprit tournait et retournait dans tous les sens les quelques années qu'il avait vécu avec Merlin, cherchant à faire émerger un sens nouveau à la lumière des dernières révélations.

Merlin était Emrys, son premier amour. Merlin était un magicien. Et probablement un Seigneur des dragons, mais il s'en préoccuperait plus tard.

Son premier sentiment fut de la colère, non pas envers Merlin, mais envers Aurore, qui lui avait menti en face tout en affirmant ne pas mentir. Elle avait menti devant Uther après avoir juré de dire la vérité.

« Non... elle a dit qu'elle était la seule à avoir hérité des pouvoirs de Barbatos, et mon père et moi avons compris cela comme signifiant que Merlin n'avait aucun pouvoir, et elle le savait. Mais en réalité, elle n'a jamais dit qu'il n'en avait pas... », réalisa Arthur, après s'être repassé en boucle le jugement d'Aurore, après l'attaque de Kilgharrah.

Arthur soupira. Combien de fois la sœur de Merlin avait employé ce genre de réponse sournoise pour couvrir le fait que son frère avait de la magie ?

Une part de lui-même en voulait spécifiquement à Merlin, qui lui avait caché délibérément ses pouvoirs, alors que le magicien savait tout sur lui-même. Mais son cœur lui susurrait que son valet n'avait pas eu le choix, qu'il avait simplement protégé sa vie et qu'il ne pouvait lui en vouloir pour ça. N'aurait-il pas fait la même chose à sa place ?

« Mais pourquoi être venu à Camelot, dans ce cas ? C'est le pire endroit pour un mage... »

Arthur se leva pour venir à sa fenêtre. Machinalement, il regarda vers la tour qui abritait les appartements de Gaius. D'après ce que lui avait dit Aurore, Merlin était parti à Camelot pour trouver des réponses sur la magie qu'elle détenait, et d'après Merlin lui-même, il l'avait fait pour trouver sa place. Si ce que la chevalière avait dit à l'époque était vraie, il était probable que ce ne soit qu'une demi-vérité également. Il était certain que Merlin était venu à Camelot à la fois pour sa sœur et pour lui-même, pour trouver des réponses sur leur magie. Et qui, dans ce château, était le plus susceptible d'avoir des réponses à lui apporter ?

Gaius.

Plus Arthur y réfléchissait, et plus ça lui semblait logique. Jamais Merlin n'aurait pu survivre dans les murs de Camelot sans que quelqu'un ne le couvre. Et le médecin de la cour était un ancien sorcier... non, un ancien magicien, il en était persuadé. Si Merlin semblait détenir un grand pouvoir, Gaius était certainement celui qui détenait le savoir, qui l'aidait à contrôler et exploiter son potentiel.

Et si Merlin était Emrys, alors Merlin et lui étaient les deux faces d'une même pièce, comme le frère et la sœur l'était.

Arthur fronça les sourcils et repoussa cette dernière pensée, se forçant à trier et ranger chaque information afin de ne pas se laisser submerger par elles.

Donc, Gaius savait très certainement pour Merlin. Son valet l'avait trop souvent mis en garde à propos de créatures magiques, et il s'était trop souvent demandé comment il pouvait savoir cela. Les quelques fois où Merlin avait daigné offrir une vraie réponse, il lui avait dit qu'il le savait de Gaius.

Une petite partie de lui, celle qui restait fidèle aux enseignements d'Uther, tentait de toutes ses forces de le faire douter de la loyauté de Merlin, de la bonté qui l'habitait. Merlin était un sorcier, il était forcément malveillant et dangereux. Cependant, la partie lucide de lui-même, celle qui avait ouvert les yeux sur la magie, ne cessait de lui mettre sous les yeux toutes les fois où Merlin aurait pu le tuer, le laisser mourir, et où il avait au contraire sacrifié sa propre vie pour le garder en sécurité. Seulement quelques temps après qu'il soit entré à son service, il avait avalé du poison pour le protéger, et il avait été prêt à faire de même lorsqu'Arthur avait tué une licorne.

Il aurait pu s'allier à Morgane, elle aurait forcément restauré la magie à Camelot, mais non. Il était resté à ses côtés. Il y avait tant de fois où Merlin avait été le plus fidèle et dévoué de ses sujets. Il l'était même bien plus que ne le seront jamais les chevaliers de Camelot. Quelque part, il était certain que Merlin se laisserait exécuter si c'était ce qu'Arthur voulait.

Lâchant un énième soupir, le Prince secoua la tête, chassant cette idée. Il était impensable d'exécuter Merlin. Il en savait peu, mais il savait que Merlin avait trop de fois sauvé son royal postérieur, comme il le disait, pour qu'il ait le droit de jouer avec sa vie de la façon que l'aurait fait Uther. Et puis, Arthur aimait Merlin, de tout son cœur. Il venait de s'en rendre compte, mais il ne l'aimait pas moins pour autant. Que ce soit sur le plan politique, sur le plan logique ou sur le plan émotionnel, il n'avait aucune raison de faire brûler son Merlin.

Politiquement parlant, il savait qu'il se mettrait à dos la déesse de la Liberté, et probablement celle de la Sagesse également, et le risque qu'Aurore s'allie réellement avec Morgane ne serait plus un risque, mais la très probable réalité si elle voulait venger la mort de Merlin. Et elle en aurait le droit. Ce n'était pas un risque qu'il voulait prendre. Camelot tomberait en quelques minutes si Aurore décrétait que le royaume était son ennemi.

Logiquement parlant, Merlin était un serviteur loyal, courageux et dévoué, maladroit mais dévoué. A aucun moment il n'avait cherché à s'en prendre à lui-même ou à Uther. Au contraire ! Il avait raisonné Arthur quand il voulait tuer son père, alors qu'il aurait très bien pu le laisser faire. Merlin n'était pas le plus compétent des serviteurs, mais il était le plus dévoué de ses amis. Il détenait de la magie, oui, mais il ne l'avait pas demandé et ne l'utilisait que pour le servir. Il ne méritait pas de mourir pour ça.

Et émotionnellement parlant, il savait qu'il ne supporterait pas de voir mourir Merlin. Il savait qu'il le vivrait très mal, que ça le détruirait. Il tenait bien trop à lui, même s'il ne s'en était pas vraiment rendu compte. Il ne supporterait pas non plus qu'Aurore devienne son ennemie, elle était devenue comme une sœur à ses yeux, même s'il ne la connaîtrait jamais autant que Merlin. Il les aimait, tous les deux. Il ne pouvait se résoudre à tout détruire. Jamais il ne s'en remettrait.

En somme, Merlin n'avait rien fait de mal. Arthur était évidemment déçu que le magicien ne lui ait pas fait confiance, mais il n'était pas en colère. Son tendre valet avait joué la carte de la prudence, et le Prince n'avait jamais vraiment donné à Merlin une raison de croire qu'il s'était détaché de la folie d'Uther concernant la magie. Pour autant que le magicien sache, il avait été compréhensif avec Aurore seulement parce qu'elle avait préféré l'épée à la magie, et qu'elle cherchait un moyen de la contrôler afin de ne jamais s'en servir. Il se doutait bien que la position de la chevalière avait changé, depuis, mais il n'avait jamais démontré que la sienne à propos de la magie avait évolué aussi.

Il n'avait jamais donné à Merlin une raison de lui faire confiance à propos de sa magie. Et il devait changer ça, avant toute chose.

La tempête dans sa tête se calma suffisamment pour qu'il sente la fatigue s'abattre sur lui. Il sourit légèrement, content. Beaucoup de questions restaient sans réponse, mais il savait qu'il les aurait en temps voulu. Tout ce qu'il avait besoin de savoir, c'était qu'il pouvait faire confiance à Merlin plus qu'à n'importe qui d'autre, en dehors d'Aurore. Il ne dirait rien à personne, pas même à Merlin lui-même, mais il ferait en sorte que son tendre magicien se confie volontairement. Il ferait en sorte que Merlin soit assuré de pouvoir avouer la vérité sans crainte.

Arthur regarda encore quelques instants le ciel étoilé, puis décida qu'il était temps d'aller dormir. Il aurait tout le temps pour disséquer la situation à propos de ses sentiments mais, contrairement à comme il l'avait fait concernant le fait « Merlin magicien », il savait qu'il n'y arriverait pas tout seul. Il pourrait en parler à Guenièvre, mais elle l'aimait. Elle savait avant lui qu'il aimait Merlin, mais il ne souhaitait pas l'impliquer plus que nécessaire. Lui demander de l'aide pour y voir clair dans ses sentiments ne lui ferait que du mal. Et demander à Merlin était tout simplement impensable.

« Vous savez, je ferai tout pour mon frère, alors n'ayez pas peur de vous confier à moi. Que ce soit à son sujet ou sur n'importe quoi d'autre »

« C'est vrai... », murmura Arthur, se souvenant des paroles de la chevalière.

Elle lui avait dit que sa sagesse serait à sa disposition s'il en ressentait le besoin, mais pouvait-il lui demander de l'aide à propos de ses sentiments ?

« J'imagine que je n'ai rien à perdre... je lui poserai la question. »

Arthur se glissa sous les couvertures, espérant vivement que la fatigue accumulée dans la journée aurait raison sur sa curiosité à propos de ce que Merlin ne lui avait pas dit et ce qu'il ressentait pour lui. Et, heureusement, il ne mit que très peu de temps à s'endormir, une fois la tête sur l'oreiller, l'esprit obnubilé par une paire d'yeux plus bleus que le ciel d'été et un stupide sourire radieux.

Royaume de Cenred, frontière avec Camelot, forêt, campement de Nahida, le lendemain soir

« Rory, regarde ! »

Merlin rit joyeusement en faisant apparaître des papillons aux couleurs de l'arc-en-ciel. Nahida et Aurore le regardèrent, attendries, avant que la déesse de la Sagesse ne regarde celle de la Liberté avec sérieux.

« Tu en es certaine ? »

« Tout à fait. Il n'aurait pas dû apprendre ça comme ça, de toute façon. Il vaut mieux qu'il l'apprenne par Lirou directement. »

« Mais pas ses sentiments ? »

« Comment lui expliquer ensuite le fait que mon frère soit redevenu normal par un de ses baisers, si jamais il accepte de l'embrasser ? Non, tout ce qui concerne le fait que Lirou est amoureux d'Arthur... eh bien Arthur doit le garder en souvenir. Il faut bien qu'il se remette en question. Par contre, il n'a pas spécialement besoin de se souvenir que mon frère est magicien. »

« Je m'en occuperai cette nuit, alors. Par contre, je dois t'avertir : ses souvenirs seront bloqués, pas effacés. S'il en vient à comprendre la nature de Merlin, il se souviendra de tout. »

« Je veux que mon frère ait la possibilité de lui révéler ça. C'est son secret. En plus, Arthur s'est pris d'un coup les deux secrets de Lirou. Si on peut lui en faire oublier un et l'amener de manière progressive à lui en faire prendre conscience, alors ce sera plus simple pour lui de s'y faire. De toute manière, je connais assez mon frère pour savoir qu'il ne tardera pas à lui dire la vérité, si jamais Arthur le choisit. Et il le choisira. Ils sont destinés l'un à l'autre, après tout. Peu importe le temps que ça prendra, ils finiront ensemble. »

Nahida hocha la tête, alors que Merlin continuait de jouer insouciamment en créant des papillons multicolores. Arthur choisit ce moment pour les rejoindre, et ne put s'empêcher de rire légèrement en voyant la joie qui éclairait le visage du jeune Merlin, pendant que Nahida s'éloignait pour les laisser entre eux.

« Merlin ! La magie n'est pas un jouet ! », le réprimanda Aurore. « Tes pouvoirs ne doivent servir qu'à- »

« Qu'à protéger les autres, je sais. », la coupa Merlin. « Mais je peux même pas m'en servir, alors ça sert à quoi ? »

« Tu es un enfant, c'est normal que tu ne le saches pas encore. Mais tu es un descendant de Barbatos, de grandes choses t'attendent. »

« Mais je veux pas de grandes choses ! Je veux une vie libre ! Comme Maman nous l'a promis ! »

« Je t'emmènerai à Helva. », promit Aurore. « Mais seulement si tu me promets de ne plus te servir de tes pouvoirs pour t'amuser. »

« T'étais bien contente que je m'en serve quand tu avais peur des tiens ! Ça te rassurait ! », riposta Merlin, dans une ridicule tentative de tenir tête à sa sœur.

« Justement. », sourit narquoisement Aurore. « Tu t'en servais pour me rassurer, donc pour me protéger de la peur de la magie. »

Merlin ouvrit la bouche pour contre-attaquer, mais rien ne lui vint à l'esprit, alors il ferma la bouche en grommelant. Avec un sourire moqueur, Arthur et Aurore cognèrent leurs poings, prenant visiblement beaucoup de plaisir à voir Merlin incapable de rétorquer.

« Il trouve toujours quelque chose à répondre avec moi, comment tu fais ? »

« Je dis ce qu'il est incapable de démentir. »

« Comme le fait qu'il te rassurait par rapport à tes pouvoirs ? »

« Par exemple. Allez grand frère, attrape ! »

Elle lui jeta une pomme du panier à côté d'elle et Merlin perdit immédiatement son air boudeur pour attraper le fruit et croquer dedans à pleines dents.

« Merchii grande sœur !! »

« Ne parle pas la bouche pleine ! »

Merlin lui répondit par un immense sourire duquel dépassait du jus et de la bouillie de pomme. Arthur grimaça, mi-amusé mi-dégoûté, et Aurore mit ses mains sur ses hanches.

« Tes manières mon garçon ! Je ne t'ai pas éduqué comme ça ! »

Merlin avala avant d'adresser un sourire narquois à sa sœur.

« Tu imites très mal Maman ! »

« Parce que tu crois que je l'imite ?! »

« Oui. Tu m'as toujours dit que les manières, ça servait à rien. Que les gens devaient nous accepter comme on est, et que cacher notre nature sous des conneries sociales, c'était comme se mentir à soi-même. »

« Donc, c'est à cause de toi qu'il est aussi malpoli ? », dit Arthur d'un ton rieur.

« Que Barbatos me garde... j'étais une tempête sauvage avant... », rit jaune la chevalière. « Il est éventuellement possible que... que j'ai influencé mon frère sans le vouloir. »

« J'aurais pas cru. En dehors de ton tact plus que discutable, tu as des manières relativement acceptables. »

« Quand on voyage beaucoup, on est obligé d'avoir un semblant de manières, c'est vital pour ne pas se faire chasser de chaque lieu où on met les pieds. Mais Lancelot m'a aussi aidé sur ce point-là, j'imagine qu'il se doutait que, quelque part, devenir chevalière était quelque chose qui était fait pour moi, et qu'il voulait que j'en ai l'esprit quand bien même je ne le deviendrais jamais. »

« Tu l'aimes beaucoup, n'est-ce-pas ? »

« Lancelot ? Il est un peu comme... comme le grand frère que je n'ai jamais eu. Lirou n'a jamais été l'archétype idéal du grand frère. Pas que ça me dérange, je l'aime comme ça, mais j'aurais aimé avoir un frère avec qui combattre à l'épée et faire ce genre de choses que les filles ne sont pas censées faire. Sauf la chasse. Vraiment. Je ne vois pas l'intérêt de faire souffrir des animaux pour le simple plaisir humain. Je sais qu'il faut manger, mais je suis prête à parier mon Gnosis que vous chassez beaucoup par plaisir. »

« Epargne-moi le laïus de Merlin, par pitié. C'est toi qui le lui as mit dans la tête aussi ? »

« Non. Pour le coup, c'est le contraire. Ceci dit, je suis d'accord avec lui. Depuis que je suis en âge d'apprendre à différencier les plantes nocives et les plantes mangeables, j'ai une préférence pour les végétaux, en ce qui concerne mon alimentation. »

« Et Merlin aussi. », comprit Arthur, faisant acquiescer Aurore. « C'est pour ça que vous ressemblez à des brindilles. »

« Les végétaux sont plus faciles à trouver, à cuisiner et à conserver que la viande, et ceux qu'on ne cultive pas sont gratuits. Et ils ne nécessitent de tuer personne. Je ne peux pas vivre avec le sang d'êtres innocents sur mes mains. C'est bien pour ça que j'essaie d'en savoir le moins possible sur la fabrication d'un poison violent voire mortel. D'ailleurs, je ne referai plus JAMAIS de poison ! J'aurais pu vous tuer... »

Une chaude brise accompagnée de plumes blanches vint s'enrouler autour d'Aurore, comme une douce couverture. Elle ferma les yeux quelques instants, avant de les rouvrir sur son aîné, dont les yeux dorés redevenaient doucement bleus.

« Merci grand frère. »

« J'aime pas te voir triste ! T'es plus jolie avec un sourire ! Et je sais que ma magie te fait sourire ! »

« Awwww ! »

Aurore se jeta sur son frère et l'enlaça férocement. Merlin lâcha une exclamation de surprise, expulsée contre son gré lorsqu'il fut écrasé contre la poitrine de sa sœur. Cependant, il sourit doucement et lui rendit l'étreinte. Arthur les regarda faire, attendri mais triste. Aurore le sentit car elle murmura à l'oreille de son frère, juste avant que celui-ci ne saute dans les bras du blond, grandement aidé par la magie. Ce fut au tour du Prince de lâcher une exclamation de surprise, et il tomba au sol, emporté par l'élan de l'enfant.

En riant, Merlin déposa un baiser sur le nez d'Arthur, qui rougit jusqu'aux oreilles, un large sourire naissant sur ses lèvres.

« Toi aussi, t'es plus beau quand tu souris ! Pourquoi t'étais triste ? »

« Disons que ma sœur me hait, et que je n'ai jamais eu avec elle une relation comme celle que tu as avec Aurore. »

« On peut partager ! »

« Tu m'as très clairement fait comprendre que non, hier matin. », rappela Arthur.

« Je comprenais pas pourquoi elle était gentille avec toi alors que t'es de Camelot, mais maintenant je sais et je seconde. Tu es gentil Arthur, et ça me dérange pas de partager ma sœur, si c'est avec toi. »

« Je ne suis pas un objet !! », cria Aurore.

« Alors ? », sourit Merlin.

Arthur le regarda, son cœur battant à tout rompre. Tout son environnement s'était évanoui, ne laissant que Merlin et son éblouissant sourire enfantin que, même adulte, il avait. Un sourire radieux, que les horreurs des batailles ne pouvaient entacher. Un sourire qui n'était qu'une pâle représentation de la pureté de l'âme du magicien. Un sourire qui faisait toujours chavirer Arthur, même bien avant qu'il ne s'en rende compte.


Doucement, sans même sans rendre compte, il prit le visage de l'enfant en coupe, avant que son propre sourire ne devienne si tendre qu'il aurait pu se charrier lui-même.

« ... tu as un grand cœur Merlin. Merci... je t'aime. »

Merlin écarquilla les yeux lorsqu'Arthur l'embrassa avec toute le douceur du monde. Aurore lâcha un hoquet de surprise, ne s'attendant pas à ce qu'il le fasse maintenant. Comme si c'était instinctif, Merlin ferma les yeux et répondit à Arthur du mieux possible, compte tenu du fait qu'il était enfant, et une lumière dorée l'enveloppa très vite. Le blond ferma les yeux pour s'en protéger et, lorsqu'il rouvrit les yeux, un Merlin bien adulte l'embrassait avec tellement d'empressement et de passion refoulée qu'il eut du mal à garder le rythme au début, bien qu'il s'y habitua très vite pour le lui rendre de la même manière.

Ses lèvres avaient, selon Arthur, le meilleur goût du monde. Elles goûtaient la pomme et le vent, le ciel et la magie, l'amour et le bonheur. Quelque part, ses lèvres lui rappelaient ce vin des milles vents que Merlin lui avait servi après le tournoi décennal de Camelot, bien qu'elles étaient infiniment plus addictives que n'importe quel vin.

D'un mouvement à peine conscient, il renversa Merlin, sans quitter ses lèvres, afin de se retrouver au-dessus de lui. Entre deux baisers avides, ils se murmuraient leur prénom avec un empressement tel qu'Aurore rougit jusqu'aux oreilles, se demandant s'ils oseraient aller jusqu'à coucher devant Nahida et elle, au milieu des bois.

Considérant que sa tâche était accomplie et voulant leur laisser le maximum d'intimité, Aurore s'éloigna vers Nahida, pour laisser le couple seul, espérant très sincèrement que leur histoire d'amour avancerait. Du moment qu'ils ne se liaient pas charnellement devant elle, elle en serait sincèrement heureuse. Moins elle en savait sur les relations charnelles de son frère, mieux elle se porterait.

« C'est fait. », déclara simplement la déesse de la Sagesse. « A l'instant. »

« Que Barbatos soit loué. Merci. »

« Tu crois qu'ils vont attendre longtemps avant de se dévêtir ? »

« Nahida ! Dis pas des trucs pareils ! »

« Tu es trop prude Aurore ! », rit Nahida.

« C'est particulièrement étrange de t'entendre tenir de tels propos avec l'apparence enfantine que tu as ! »

« J'ai cinq cent ans Aurore, et tu en as quinze. Tu es aussi prude que Merlin ! Enfin, ceci dit, je doute qu'il le reste pendant encore longtemps vu comment Arthur et lui s'embrassent actuellement. »

« Je te jure que je vais faire de sa vie un enfer sur Terre si jamais mon frère me réveille avec ses rêves... ugh... chauds... », marmonna Aurore, violette de gêne.

Nahida tapota amicalement son épaule en signe de soutien, mais ses rires montraient surtout qu'elle se moquait de son amie.

« Tu connaîtras ça aussi, un jour. »

« Ah ! Pitié ! Non ! »

« Tu n'en as pas envie ? »

« Je n'éprouve aucunement l'intérêt de me plonger à corps perdu dans des amourettes que mon immortalité rendra impossible. Il faudra déjà que je m'occupe du moral de mon frère, j'aurais déjà assez à faire. Et toi ? »

« Tu es la première avec qui je converse plus de trois secondes. Ce n'est pas l'idéal pour trouver l'amour. »

« C'est triste. »

« C'est le triste fardeau des immortels. », murmura Nahida. « La solitude. En plus, les dieux ne deviennent adultes qu'à partir de mille ans d'existence. »

« Pas moi. »

« Tu es née de deux parents humains, ça change pas mal de choses. Mais ce que je veux dire, c'est que le physique compte pour trouver l'amour. Aucun être, qu'il soit humain ou immortel, n'envisagerait de me considérer autrement que ce dont j'ai l'air : une enfant. Je pense que c'est important de connaître l'amour, mais d'autre part, tout est contre moi. Il y a le fait que je ressemble à une enfant, et aussi ce que tu as dit, le fait que nous soyons immortelles, ce qui donne à n'importe laquelle de nos relations une date de péremption. Sauf la nôtre et celle avec Merlin. Il est Emrys, après tout. »

« Que veux-tu ? Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »

« Hm. Plus tu en as, et moins tu peux aspirer à avoir ce que les autres ont... »

Aurore soupira, le moral en berne. Elle n'eut pas besoin de regarder sa comparse pour savoir que c'était la même chose de son côté. Ses rires avaient cessé et sa main caressait désormais son dos dans une vaine tentative de réconfort.

« Pour une fois, ta Sagesse me déprime, Buer... »

« Moi aussi Eilin... moi aussi. »

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