Chapitre 4 : Pour Ealdor !
Royaume de Cenred, Ealdor, le lendemain
Alors qu'Arthur parlait aux hommes du village et à Aurore à l'intérieur d'un bâtiment, afin de monter un plan pour limiter la mobilité des bandits et les attirer dans un piège, un cri retentit. Ils sortirent tous à l'extérieur et virent un cheval arriver avec un homme mort dessus.
Arthur ordonna qu'on fasse descendre du cheval l'homme, qui s'avéra être Mathieu. Le choc traversa la foule, alors qu'un carreau d'arbalète planté dans son dos était visible.
« Et moi qui pensais que même les bandits avaient un soupçon d'honneur. Attaqué par derrière, c'est vraiment déloyal. », marmonna Aurore. « Arthur, il y a un papier épinglé sur le carreau d'arbalète. »
Elle le récupéra délicatement et vint le donner au blond, avant de retourner près de la dépouille de Mathieu.
« Que Barbatos te bénisse, et que le vent de la Liberté emmène ton âme vers un monde meilleur. », murmura Aurore, les mains jointes sur sa poitrine.
« Qu'est-ce-qui est écrit ? », demanda Merlin à Arthur, amenant l'adolescente à tendre l'oreille.
« « Profitez bien de cette journée, c'est pour vous la dernière. » »
Une femme arriva en courant et se jeta au pied du corps en criant et en pleurant. William intervint alors, affirmant que c'était de la faute d'Arthur.
« Vous l'avez tué ! », vociféra William.
« Ce n'est pas sa faute ! », s'écrièrent de concert les deux enfants d'Hunith.
« S'il ne s'était pas pavané en nous traitant tous comme son armée personnelle, ça ne se serait jamais produit ! », accusa William.
« On ne vous traite pas comme ça ! », rétorqua Aurore.
« Toi non, mais lui oui ! »
« Ces hommes-là ont assez de courage pour se battre pour leurs convictions, contrairement à toi ! », riposta Arthur.
« Vous les envoyez à la tombe ! », asséna le villageois, amenant Arthur à regarder la veuve en pleurs. « Vous avez tué un homme. Combien d'autres en faudra-t-il pour qu'Aurore et vous compreniez qu'il s'agit d'une bataille qu'on ne peut pas gagner ? »
Il s'adressa ensuite aux paysans, leur disant qu'ils n'auraient aucune chance lorsque Kanen arriverait.
« Vous serez tous massacrés. », fit-il avant de s'en aller vers sa maison.
Un peu plus tard, Merlin sortit de la maison de William, abattu. Sa sœur le remarqua.
« Lirou ? », s'inquiéta Aurore.
« Rory... c'est vrai que j'abandonne tout le monde ? »
« C'est ce que William t'a dit ? »
Merlin hocha la tête. Avec affection, l'adolescente vint lui ébouriffer les cheveux.
« Ne l'écoute pas, tu n'abandonnes personne parce que tu es là. S'il avait raison, je pense que son jugement s'appliquerait à moi également. Je ne suis revenue que parce que j'ai senti que la situation de Maman devenait trop précaire pour que je ne m'en mêle pas. William reporte sa haine de la noblesse sur Arthur. Tu es proche de lui, tu n'es donc qu'un dégât collatéral. »
« Tu n'as jamais été douée pour réconforter les gens... », fit Merlin avec un léger sourire.
« Les gens, non, mais toi oui. Et c'est tout ce qui compte ! », affirma sa cadette. « Tu devrais rejoindre Arthur, il ne le montre pas mais quelque chose le turlupine. »
Merlin hocha la tête et s'empressa d'aller voir son Prince. Il le rejoignit devant la maison d'Hunith et s'assied à ses côtés, alors que le blond affûtait son épée.
« Le père de William a été tué en combattant pour le Roi Cenred, alors il n'a pas confiance en les gens de la noblesse. », révéla Merlin.
« Les villageois l'ont cru ? »
« Non. Il a toujours adoré... il a toujours adoré semer le trouble. Ils ne l'ont jamais écouté. En plus, ils sont persuadés qu'avec Rory et vous, ils peuvent gagner, quand bien même ils la rejettent le reste du temps. »
« Ce n'est pas vraiment correct envers elle. »
« Ne vous en faîtes pas pour elle, elle est forte. Le village ne l'intéresse pas, elle ne se préoccupe que de ma sécurité et celle de notre mère. Si elle est là, c'est uniquement pour ça. Si notre mère ne vivait pas ici, elle n'aurait aucun intérêt à défendre le village. Probablement qu'elle serait directement aller s'occuper des bandits, plutôt que d'entraîner les villageois. »
Le silence plana quelques secondes, que Merlin rompit de nouveau, inquiet du brusque intérêt que portait Arthur à Aurore.
« Pourquoi vous intéressez-vous à ce point à Rory ? »
« C'est ta sœur. », dit simplement Arthur, avant de revenir sur le sujet initial. « William... tu penses qu'il a raison ? »
« Non, il a tort. », fit Merlin, sans voir qu'Hunith débarrassait la table chez elle et les entendait discuter.
« Merlin, je traite ces hommes, et ta sœur, comme des soldats, mais ils ne le sont pas. Tu les as vus combattre, et... seule Aurore semble vraiment s'y connaître un minimum ! Tu dois leur dire de quitter le village avant que Kanen ne revienne. »
« Non, nous allons rester, nous allons nous battre ! Et nous allons gagner ! J'ai confiance en Rory et vous. »
« Ce n'est pas possible ! On a tout contre nous. »
« C'est possible ! », insista Merlin. « Nous allons faire regretter à Kanen d'être venus dans ce village ! Tout ce que nous avons à faire, c'est préparer les hommes pour le combat. Et le reste... le reste s'arrangera tout seul. »
« Mais comment ?! »
« Il vous suffit de croire en eux, tout comme vous avez assez cru en moi pour tester Rory, et comme vous croyez suffisamment en ma sœur pour la considérer comme l'épéiste qu'elle est. Si vous ne croyez pas en eux, ils le sentiront, et la bataille sera perdue avant même d'avoir commencé. »
Royaume de Cenred, Ealdor, forge, nuit
Les villageois étaient réunis en cercle près d'un feu, alors qu'Arthur s'adressait à eux pour rappeler le plan.
« Demain matin, les femmes et les enfants devront rassembler les affaires qu'ils peuvent porter et partir dans les bois... »
« Nous n'irons nulle part. », affirma Guenièvre.
« Je sais que tu veux nous aider, mais les femmes ne peuvent pas rester ici, c'est trop dangereux. »
« N'avez-vous pas réfléchi à ce que j'ai dit Arthur ? », s'enquit Aurore, fronçant les sourcils.
« Si, je n'ai qu'une parole. J'y ai sérieusement réfléchi, mais aucune d'entre elles ne savent comment se battre. Seules Morgane et toi le savez. »
« Les femmes ont le droit de se battre tout autant que les hommes ! », rétorqua Morgane.
« Plus nous seront nombreux, plus nous aurons de chances. », seconda la cadette de Merlin. « Les femmes ont plus de ressources que ce que vous croyez, il faut leur laisser l'occasion de le montrer. »
Les femmes s'avancent, alors qu'Arthur méditait sur les paroles d'Aurore. Malgré lui, il y prêtait plus attention car c'était la sœur de son cher valet, mais force était de constater que ses voyages en solitaire lui avaient apporté une sagesse et une ouverture d'esprit que peu acquièrent en une vie.
« C'est votre patrie. », finit-il par dire. « Si vous voulez vous battre pour la défendre, c'est votre choix. Je serai honoré de me tenir à vos côtés. Bien, Kanen attaquera demain. Kanen est cruel. Il ne se bat que pour tuer. C'est pourquoi il ne pourra jamais nous vaincre. Nous sommes tous égaux, vous ne vous battez pas parce que quelqu'un vous l'ordonne, vous vous battez pour infiniment plus que ça. Vous vous battez pour vos foyers ! Vous vous battez pour vos familles ! Vous vous battez pour vos amis ! Vous vous battez pour le droit de cultiver la terre en paix ! Et si vous mourrez, vous mourrez en combattant pour la plus noble des causes. En combattant pour votre droit à survivre! Et quand vous aurez des cheveux blancs, vous repenserez à ce jour et vous saurez que vous avez gagné le droit de vivre chaque jour qui s'est écoulé depuis ! Vous allez vous battre ! Pour votre famille ! Pour vos amis ! »
Arthur leva son épée, vite imités par tout le monde.
« Pour Ealdor ! »
« Pour Ealdor ! Ealdor ! Ealdor ! », scandèrent les villageois.
« Il est fort... même au cours de mes voyages, je n'ai jamais vu quiconque galvaniser une foule comme ça. Il y croit dur comme fer. », glissa Aurore à son frère.
« Pas toi ? »
« Si, bien sûr que si. Mais je comprends pourquoi tu le respectes et l'apprécies autant. »
Merlin rougit légèrement et se passa la main sur sa nuque. Sa sœur eut un sourire amusé.
« J'ai visé juste ? »
« O-Ouais. Rory, s'il te plaît... »
« Le vent scelle mes lèvres, grand frère. »
« Merci, petite sœur. »
Royaume de Cenred, Ealdor, maison d'Hunith, plus tard
« Merlin, approche. », fit Hunith en voyant son fils entrer et enlever son manteau.
Le magicien vint s'asseoir devant le feu, à côté de sa mère. Elle avait l'air soucieuse.
« Je t'aime tellement mon grand. », murmura-t-elle en lui caressant le visage.
« Maman, qu'est-ce-qu'il y a ? », s'enquit le noiraud, intrigué.
« Je n'aurais jamais dû venir à Camelot, je sais que j'ai tout gâché. »
« Pas du tout ! », nia Merlin. « Pourquoi tu dis ça ? »
« Je sais ce que tu projettes de faire. »
Le silence plana quelques instants, avant que Merlin ne le rompt.
« Si la question est de décider entre sauver la vie des gens et révéler qui je suis réellement... je n'ai pas le choix. Mais j'essaierai de ne pas activer la magie de Rory, même si ça va être un peu compliqué vu qu'on ne sait toujours pas comment elle s'active. »
« Tu ne peux pas dévoiler ton talent à Arthur ! »
« Pourquoi pas ? Peut-être que le destin veut que ça se passe comme ça. Et s'il refuse de... de m'accepter tel que je suis... alors... alors il n'est pas l'ho- enfin, l'ami que j'espérais. »
Royaume de Cenred, forêt près d'Ealdor, le lendemain matin
« Arthur. »
Le blond se retourna, étant en train de réfléchir. Guenièvre venait de le rejoindre avec un plat de nourriture.
« Hunith vous a préparé à manger. », fit-elle en lui donnant un bol.
« Merci. », répondit-il, avant de reprendre pour lui-même. « Si on peut dire. »
« Aurore a rajouté des gouttes d'essence de tombaies pour vous. Ceci dit, la nourriture est rare pour ces gens. Vous ne devriez pas faire le difficile. », jugea Guenièvre, avant de se reprendre. « Oh non, j'aurais jamais dû vous parler comme ça, je suis désolée ! »
« Gwen. »
« Je ne sais pas ce qui m'a pris, ça ne se reproduira pas ! », assura-t-elle en partant.
« Guenièvre ! », l'interpella Arthur, la faisant se retourner. « Merci. Tu as raison. Et tu as eu raison de parler franchement, j'aurais dû vous écouter, Morgane et toi. On aura besoin de toute l'aide qu'on trouvera. »
« Vous ne nous avez écouté que lorsque la sœur de Merlin a parlé en notre faveur. », fit Guenièvre avec un petit sourire en coin. « Tout ira bien. »
« Comment en es-tu si sûre ? »
« Parce qu'on a tous foi en vous... et parce que vous avez foi en Merlin, et donc en Aurore. »
Arthur toussota de gêne et tourna le dos à Gwen pour lui cacher son trouble, ne comprenant pas l'allusion de cette dernière.
« ... merci. »
Royaume de Cenred, Ealdor, maison d'Hunith, plus tard
Arthur et Merlin venaient d'enfiler leurs cottes de mailles. Le magicien s'approcha du Prince pour lui mettre son armure, mais le blond refusa.
« Mets la tienne, plutôt. »
Surpris, Merlin s'exécuta tout de même mais peina a attaché un des ses protèges avant-bras. Arthur vint l'aider.
« J'espère que cela ira pour Rory... », murmura Merlin, inquiet.
« Tu as peur qu'elle soit blessée car elle n'a pas d'armure ? »
« Je lui ai proposé la mienne, mais elle préfère que ce soit moi qui la porte. J'en aurais davantage besoin qu'elle, apparemment. »
« Et elle a bien raison ! », affirma Arthur, avant de mettre sa main sur son épaule. « Tu es prêt ? »
« J'ai la gorge sèche. »
« Moi aussi. », confia le blond.
Le valet et le Prince se serrèrent la main puis se préparèrent à sortir.
« Quoiqu'il arrive pendant le combat, ne changez pas l'opinion que vous avez de moi. »
« C'est entendu. », promit Arthur. « Mais c'est normal d'avoir peur, Merlin. »
« J-Je sais mais... ce n'était pas ce que je voulais dire. »
« Qu'y-a-t-il ? Si tu as quelque chose à dire, c'est maintenant. »
Merlin le regarda puis ouvrit la bouche pour tout lui avouer, mais Morgane entra brusquement, l'interrompant dans sa lancée.
« Arthur, ils ont franchi la rivière. »
Les deux allèrent à l'extérieur, laissant le magicien désappointé. Aurore sortit de l'ombre, s'étant faite toute petite pour les laisser parler, et vint enlacer son frère.
« Courage Lirou. Quand tu arriveras à lui dire, je suis certaine qu'il le prendra bien... après un petit temps d'encaissement. »
Merlin lui rendit brièvement son étreinte et déposa un baiser sur son front.
« Merci Rory. », fit-il en dégainant son épée, imité par sa cadette. « Allons-y. »
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