Chapitre 36 : Une demande étrange
Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Aurore, quelques semaines plus tard, matin
« Debout petite sœur ! Le soleil est déjà haut dans le ciel ! »
Aurore grommela et enfouit sa tête sous un de ses oreillers, fuyant le soleil qui filtrait à travers les rideaux ouverts par son aîné. Le doux rire de Merlin s'éleva et elle l'entendit se rapprocher, avant que son matelas confortable s'affaisse un peu. Avec tendresse, il leva le coussin et lui caressa les cheveux.
« Il est temps de se lever Rory. Tu vas être en retard. »
« Mmh... »
Merlin lâcha un soupir rieur et secoua doucement sa cadette pour la convaincre de se lever. Jamais il n'aurait cru que faire sortir du lit Aurore serait une épreuve infiniment plus ardu que faire de même pour Arthur ! Déjà que le Prince était incroyablement difficile à faire se lever... et pourtant, depuis qu'elle avait ses propres appartements dans le château, étant désormais chevalière de Camelot, la tirer du paradis de confort qu'était son lit était un défi qui paraîtrait insurmontable à n'importe qui.
Mais pas pour Merlin. Après tout, il était entraîné, avec Arthur.
« Roryyyy... », geignit le magicien. « Ne me force pas à te réveiller comme Arthur... »
Sa sœur ne répondit même pas, et Merlin soupira, avant de se lever du lit. Il vérifia que la porte était bien fermée puis convoqua sa magie. Ses yeux se dorèrent et, d'un mouvement du doigt, Aurore fut projetée au sol. La chute eut le mérite de la réveiller, comme en témoigna son grognement de contrariété.
« J'te préviens, j'vais me venger... », marmonna Aurore en se frottant les yeux.
Elle s'étira en bâillant à s'en décrocher la mâchoire, et Merlin sourit, amusé. Finalement, après quelques minutes, elle se releva et se laissa retomber sur le lit en lâchant un soupir.
« Ce lit est trop confortable... »
« Je vois ça ! Tu es encore plus difficile à réveiller qu'Arthur, ce qui est un exploit. »
« C'est la faute de ce lit. Tu aurais le même problème si tu avais un lit aussi confortable. »
« Haha ! Je veux bien te croire ! Mais je serais encore plus en retard que je ne le suis déjà... »
« Lirou, tu es descendant de Barbatos, tu peux demander au vent de te réveiller à l'heure, tu sais ? »
Merlin ne répondit pas, rougissant de gêne car n'y ayant même pas songé. Sa sœur se mit à rire légèrement puis se redressa avant de se donner quelques claques sur le visage. D'un mouvement qui devenait chaque jour plus fluide, elle attrapa le bandeau violet offert par Gwen au tournoi et releva ses boucles de jais en queue de cheval avant de les attacher, usant du bandeau comme d'un ruban.
« Je ne comprends toujours pas pourquoi tu as coupé tes cheveux... », marmonna Merlin, scrutant la chevelure de sa sœur qui tombait autrefois jusqu'à ses hanches et qui cascadaient désormais sur ses épaules lorsqu'ils étaient détachés.
Il se souvenait d'à quel point il aimait coiffer les cheveux de sa sœur, allant parfois jusqu'à user de sa magie pour réaliser des coiffures très complexes. C'étaient des moments insouciants qui lui manquaient désormais.
« Ils se sont très vite avérés gênants lors de l'entraînement avec les chevaliers, qu'ils soient tressés ou attachés en queue de cheval. »
« Et maintenant ? »
« Maintenant, c'est parfait. Ne t'en fais pas, je ne me ferai jamais une coupe à la garçonne, j'aime garder la liberté de coiffures que m'offre une longue chevelure. »
Merlin lui sourit et vint déposer un baiser sur son front, avant d'aller sortir de son armoire des vêtements pour elle, malgré ses protestations.
« Lirouuuu ! Je ne suis pas Arthur ! J'ai vécu en nomade pendant des années ! Je sais m'habiller et me choisir des vêtements ! »
« Mais tu ne sais pas mettre une armure. »
« Je l'ai même pas encore ! »
« Plus pour longtemps. Arthur m'a demandé à ce qu'on passe à l'armurerie avant l'entraînement, elle est prête apparemment. »
Il posa sur le paravent l'ensemble moulant noir que portait toujours sa sœur sous la côte de maille de rechange de Léon, empruntée le temps que la sienne soit confectionnée. Il mit au sol, juste en dessous des vêtements, la paire de bottes brunes après s'être assuré qu'elles étaient propres. Il savait très bien qu'elle n'allait plus les porter très longtemps mais il se plaisait à pouvoir servir sa sœur aussi dignement qu'elle l'avait servi depuis qu'elle était en âge de le faire.
Finalement, Aurore se leva complètement du lit et vint s'asseoir à la table à manger de ses appartements, où Merlin avait déposé un plateau avec du petit-déjeuner. Elle sourit en voyant la quantité astronomique de nourriture.
« Je n'arriverai jamais à me faire à la quantité de nourriture que je mange ici, que ce soit en tant qu'invitée ou en tant que chevalière. Sérieux, c'est pas bon pour ma ligne ! », se plaignit la jeune déesse en regardant le plateau qui contenait bien trop de viande pour un petit-déjeuner.
Merlin rigola et vint lui ébouriffer les cheveux.
« Maintenant que tu es chevalière, il faut que tu manges de la viande pour aider tes muscles à se développer. Arthur et Sire Léon l'ont exigé. Ils ont dit, je cite, « un chevalier de Camelot ne peut se permettre de ressembler à une brindille ». »
« Heureusement que tu ne le seras jamais alors, même si tu le mérites. »
« Comme tu dis. Ceci dit, je pense vraiment que ça ne te fera pas de mal. En plus, ton corps a magiquement évolué, il a besoin de davantage de choses qu'avant. Tu as failli t'évanouir au bout de dix minutes d'entraînement, la première fois que tu t'es entraînée avec les chevaliers. »
Aurore grimaça au souvenir, ne pouvant qu'être d'accord. Son corps avait grandi, il s'était aminci à certains endroits et bombé à d'autres, notamment au niveau de sa poitrine et de ses hanches, tellement que Gwen s'était secrètement mise à l'envier tant son corps était devenu voluptueux, selon les ragots du vent (ce qui avait fait rougir d'embarras Aurore et rendaient leurs interactions embarrassantes pour la chevalière). Même après un ajustement de son régime alimentaire par Gaius et plus d'un mois d'entraînement, elle avait encore des problèmes, notamment d'équilibre et de coordination. Son esprit n'arrivait pas à se défaire des habitudes prises avec son ancien corps, la faisant désormais paraître aussi maladroite que son aîné.
« Tu vas finir par y arriver. », l'encouragea Merlin, se doutant des pensées qui la traversaient. « Tu as déjà beaucoup progressé par rapport à il y a un mois, d'après Arthur. »
« S'il y avait que ça... Lirou, j'ai seulement quinze ans, et on dirait que j'en ai vingt, comme toi ! Y'a rien qui va ! C'est trop bizarre. »
« Tu as toujours fait plus âgée que tu ne l'étais. Et pour ta gouverne, la bizarrerie, c'est de famille. Tu n'as pas à te plaindre, tu es vraiment magnifique ! Gauvain n'arrête pas de le dire. »
« Tu t'attends vraiment à ce que l'avis de cet ivrogne me rassure ? »
Sa réponse fit rire Merlin, qui lui piqua une saucisse.
« Si ça peut te rassurer, Lancelot m'a dit que s'il n'était pas déjà amoureux de Gwen, probablement aurait-il déjà un coup de cœur pour toi, tant tu es belle à l'extérieur et à l'intérieur. »
« C'est déjà plus rassurant. », se détendit Aurore, alors que Merlin croquait dans la saucisse. « Arthur est déjà réveillé ? »
« Comme toujours. J'irai l'habiller quand il aura fini de manger. »
« Tu devrais te préparer à y aller alors, il a presque terminé. », l'avertit-elle après avoir écouté le vent.
Le magicien hocha la tête et termina rapidement son en-cas. Il récupéra le panier à linge sale et fit venir ceux de sa sœur avec un mouvement magique de la main. Un simple regard doré suffit ensuite à faire le lit de la jeune chevalière.
« Merci grand frère. Mais tu sais, tu n'es pas obligée de me servir. Je sais que tu as déjà beaucoup à faire avec Arthur. »
« Cela me fait plaisir ! », affirma Merlin avec un grand sourire. « Tu m'as toujours servi comme un Prince, laisse-moi te chouchouter maintenant que tu vis à Camelot ! J'arrive pas à croire qu'Arthur ait réussi à annuler la sanction d'Uther ! »
« En même temps, le Roi est déficient mentalement ces derniers temps... j'espère que ça s'arrangera. Toute cette histoire l'a vraiment brisé... »
« Dans un sens, je l'espère aussi. Mais dans un autre, je me dis qu'Arthur ferait un bien meilleur Roi que lui... », chuchota Merlin.
« Je vois ce que tu veux dire. Allez, va rejoindre ton cher futur Roi ! Et... grand frère ? »
« Oui ? »
« J'aime que tu me chouchoutes, et je sais que tu t'efforces de faire en sorte que cela n'empiète pas sur ton travail envers Arthur, mais n'en fais pas trop non plus, d'accord ? Je ne suis chevalière qu'à temps partiel, je peux très bien t'aider dans tes corvées si tu en ressens le besoin. »
Merlin hocha la tête avec un sourire avant d'aller vers la porte, la corbeille dans les mains. D'un simple mouvement des yeux, Aurore fit s'ouvrir la porte afin d'aider son frère. Celui-ci la remercia d'un signe de tête joyeux avant de s'éclipser dans le couloir. Aurore referma magiquement la porte et se fit un devoir d'avaler le maximum de nourriture, bien que sachant qu'elle n'arriverait jamais à tout manger. Ce n'était pas important, Gaius prenait toujours volontiers les restes de ses repas pour les conserver et pour les nourrir, Merlin et lui. Aux yeux de l'adolescente, c'était bien mieux que de laisser les serviteurs les jeter.
Une fois repus, elle se lava les dents et le visage avec le nécessaire de toilette que Merlin déposait tous les matins et tous les soirs près de sa coiffeuse, puis elle alla se changer derrière le paravent. Une fois que cela fut fait, elle prit soin de mettre sa douce chemise de nuit sur un cintre, un objet fort pratique qu'elle avait importé de Mondstadt à Camelot lors de son passage pour le traité de paix des Cinq Royaumes, et le plaça ensuite dans son armoire. Elle fit un rapide rangement, rassemblant ses affaires de petit-déjeuner pendant que le vent nettoyait de lui-même la pièce, et eut un léger sourire en sachant que son frère dirait encore le soir suivant qu'elle n'avait pas à faire toutes ces choses.
Elle était en train de boucler sa ceinture et d'y mettre son épée lorsque quelqu'un toqua à sa porte. Elle ajusta rapidement ses cheveux, aidée du vent afin qu'ils restent bien en place pour la journée, puis alla ouvrir à son frère et Arthur.
« Toujours ponctuelle Aurore, ravi que tu ne partages pas ce trait avec ton imbécile de frère ! », fit Arthur, le cinglant de ses paroles adouci par le léger sourire en coin visible sur ses lèvres.
« Je ne serais pas en retard si je n'avais pas l'équivalent d'une semaine de corvées à faire en une journée ! »
« C'est toi qui as voulu servir Aurore. »
« C'est normal, c'est ma sœur. Et pour votre gouverne, elle me facilite tellement le travail que je n'ai quasiment aucune surcharge de travail par rapport à lorsqu'elle n'était pas chevalière. Tout le travail que j'ai à faire, c'est vous qui me le donnez. »
Merlin jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule de sa cadette, voyant comme toujours le plateau de petit-déjeuner ordonné, avec ce qui devait être ramené à Gaius et ce qui devait aller en cuisine pour être nettoyé.
« Parfait, je m'en occuperai une fois qu'on sera passé à l'armurerie ! On y va ? », sourit Merlin.
Aurore hocha la tête et ils arpentèrent ensemble les couloirs, alors qu'elle avait porté la main à son épée, faisant cliqueter ses doigts sur la garde. Arthur la regarda faire en fronçant les sourcils. Chaque jour, la jeune déesse se présentait à l'entraînement en semblant peu certaine de son arme.
« Aurore, il y a un problème avec ton épée ? »
« Hein ? Non pourquoi ? »
« Cela fait plusieurs semaines que tu ne sembles plus à l'aise avec ton arme. Si tu as un problème avec elle, il faut que tu me le dises. »
« Je ne sais pas trop si on peut appeler ça un problème... », fit Aurore en secouant la tête.
« Dis toujours. »
« J'ai l'impression que mon arme devient trop légère, comme si elle était faite de plumes, j'arrive de moins en moins à la manier comme avant. »
« Et c'est un problème. », assura Arthur. « Ta magie a fait évolué ton corps, et l'entraînement et le régime alimentaire te permettent de gagner en muscle et en force, c'est normal que ton épée ne soit plus adaptée. J'ai déjà demandé à ce qu'on t'en fasse une autre, tu devrais bientôt l'avoir. »
Aurore fit la moue, mais le blond ne le vit pas. Seul Merlin le remarqua, marchant pourtant derrière sa sœur, qui marchait elle-même derrière le Prince.
« Tu y tiens, hein ? », comprit le magicien.
« De quoi tu parles Merlin ? », l'interrogea Arthur, alors qu'Aurore rougissait.
« Son épée. Elle y tient beaucoup. »
« O-Ouais. », admit-elle, gênée. « C'est un cadeau de Lancelot, ma première épée et la première fois que quelqu'un m'acceptait en temps que fille escrimeuse. Elle représente énormément à mes yeux. »
« Dans ce cas, je peux la faire émousser, afin que tu puisses la garder comme souvenir. Mais tu ne peux pas décemment continuer à l'utiliser pour te battre si elle ne te convient plus. »
Ne trouvant rien à contrer, elle hocha doucement la tête, faisant rire son frère.
« Tu aurais dû écouter Gwen, elle est probablement aussi expérimentée en armure et en épée qu'Arthur, si ce n'est plus ! »
« Avant que Lancelot ne m'offre cette épée, je passais mon temps à combattre avec des épées volées à des bandits. Aucune n'était adaptée à moi, et celle de Lancelot ne l'a jamais été non plus. Je ne vois pas l'intérêt de dépenser de l'argent et des matériaux pour forger une épée alors que celle-ci est encore utilisable. »
« Ton raisonnement serait valable si tu n'étais qu'une simple voyageuse. Mais désormais, tu es une chevalière de Camelot, honoraire certes mais tout de même. Tu te dois d'avoir une bonne épée, la qualité d'une arme influence bien plus l'issue d'un combat que tu ne peux l'imaginer. », contra Arthur.
« J'imagine que je n'ai pas le choix... »
« Non ! », répondirent de concert Arthur et Merlin.
Les deux amis se regardèrent, surpris, avant que Merlin ne se mette à rire et qu'un sourire prenne place sur le visage d'Arthur.
« Bon... par contre, si elle doit parfaitement s'adapter à moi, ça veut dire qu'il faut qu'elle soit en accord avec mon style de combat. Elle se doit d'être suffisamment légère et de favoriser un style de combat rapide. Même si je gagne en force, ma plus grande force reste ma vitesse, en dehors de mes dons. »
« Que tu ne dois pas utiliser, à moins que je ne t'en donne expressément l'ordre. »
« Je sais, vous avez mon Gnosis sous clé dans un tiroir que seuls Lirou, vous et moi pouvons ouvrir. Sans lui, je ne représente pas un réel danger de ce côté là. »
« Je sais. », confirma Arthur en hochant la tête. « Et ne t'en fais pas, elle te correspondra. C'est le moins que je puisse faire pour toi, après la façon dont mon père t'a traité l'an dernier. »
« C'est du passé Arthur. »
« Peut-être, mais tu as failli te retourner contre nous à cause de ça. Tu es un excellent élément, je ne peux me passer de toi pour défendre Camelot. »
« Vous savez très bien que je resterai votre alliée, tant que mon frère vous est dévoué et que vous le traitez bien. Et je sais que vous le traitez bien mieux que vous n'en donnez l'air. »
Arthur rougit mais ne répondit pas tout de suite, s'efforçant de garder son masque royal.
« Bien. Parce que je n'aimerais pas me retrouver à devoir te juger pour trahison. »
« Tant que je porte les armoiries des Pendragon, jamais je ne le ferai. Mais je suis incapable de vous garantir qu'il en est de même lorsque je porte les armoiries de Barbatos, tout se fera au cas par cas. »
Ayant déjà été prévenu à ce sujet lors des premiers jours d'Aurore en tant que chevalière honoraire, Arthur marqua simplement son accord avec un hochement de tête, avant de pousser la porte de l'atelier de Morrison, l'armurier royal.
Royaume de Camelot, cité, château, atelier de Morrison
« Votre Majesté ! »
Arthur salua d'un mouvement de tête Morrison, un homme d'une carrure similaire à celle de Perceval et ayant l'âge d'Uther. Malgré les boucles rousses qui s'échappaient de son chignon et qui auraient pu adoucir le regard d'acier de l'homme, Aurore se tendit en croyant le regard dur de l'armurier. Il la méprisait depuis le début, jugeant qu'une fille ne pouvait décemment être une bonne combattante, bien qu'il n'en montrait rien en présence d'Arthur.
« Morrison, je vous prierai de bien vouloir traiter notre chevalière honoraire avec tout le respect qui est dû à sa position. », fit sévèrement le Prince, les sourcils froncés.
Morrison hocha la tête, quoique contrariée. Aurore, elle, était surprise que le jeune Pendragon ait deviné le mépris de l'homme à son égard. Toutefois, un clin d'œil effronté de son aîné lui apprit qu'il en était à l'origine.
« L'armure de Dame Aurore est prête et conforme à votre demande, Sire. »
Il guida le trio à un mannequin de bois situé dans un coin de la pièce. Aurore afficha un air surpris. Elle s'était attendue à une armure similaire à celle des autres chevaliers, à savoir une côté de maille, quelques pièces de protections et la longue cape rouge Pendragon, mais il n'en était rien. L'armure que Morrison leur montrait était une armure complète, du cou jusqu'à la pointe des pieds.
« Euh... je crois qu'il y a erreur... »
« Nope ! », rétorqua Merlin avec un sourire dans la voix. « Si tu veux intégrer les chevaliers de Camelot, tu dois porter une armure complète. Je n'ai pas laissé le choix à Arthur, je tiens bien trop à toi. »
« C'est plutôt toi qui mériterais une armure complète ! », s'offusqua Aurore.
« Tu es une fille, Rory. Arthur et moi connaissons tes capacités, mais pas nos ennemis. Ils te considéreront comme le maillon faible du groupe et ils t'attaqueront tous en priorité. Tu es douée, mais même toi tu es incapable de gérer des dizaines d'hommes à la fois, à moins d'utiliser ton... talent. »
« Et je suis d'accord avec lui, bien que ce soit plutôt inquiétant. », ajouta Arthur avec un mépris simulé qui fit sourire Merlin. « Je sais à quel point tu es forte, mais mon devoir reste avant tout de m'assurer qu'aucun de mes chevaliers ne soit considéré comme le plus faible d'entre tous. Nahida m'a donné une liste des métaux les plus légers et solides à utiliser pour ton armure, donc cela devrait aller. »
Il murmura ensuite, de sorte à n'être entendu que par la fratrie, qu'il l'autorisait à alléger magiquement son armure si ce n'était pas suffisant, mais qu'elle serait obligée de la porter dans tous les cas.
« Merlin, aide-la à la mettre pour l'entraînement. Je vais voir où en est le forgeron royal avec sa nouvelle épée. »
« Mais on me demande même pas mon avis en fait ! »
« Non. », répondirent les deux garçons.
Arthur quitta, alors qu'Aurore soupirait, dépitée, et que Merlin riait. Il la conduisit derrière le paravent de l'atelier et commença à lui mettre l'armure, avec des gestes habiles et précis qui trahissaient les habitudes acquises auprès du Prince.
« Comment tu te sens ? », demanda Merlin après avoir terminé.
Aurore ne répondit pas mais fit plusieurs mouvements pour voir si son armure était bien ajustée. A son grand étonnement, bien qu'elle se sentait plus lourde à cause du poids supplémentaire, elle avait une si grande liberté de mouvement qu'elle aurait pu croire qu'elle ne portait pas l'armure.
« C'est parfait, même si cette armure est hyper lourde ! »
Merlin lui adressa un regard entendu et elle hocha la tête. Elle le laissa surveiller Morrison, retourné au travail, et usa de sa magie, allégeant suffisamment son armure pour ne pas être courbée comme elle l'avait été jusqu'à présent. Le magicien lui sourit, ravi de la prestance qu'avait désormais sa cadette dans sa nouvelle armure.
« Tu as tellement grandi Rory... je suis fier de toi petite sœur ! »
Aurore rougit, touchée et sans voix. Merlin eut un rire tendre avant de venir attacher la ceinture de sa sœur à sa taille. Il lui donna son épée, et elle la rengaina.
« Allons montrer au monde à quel point tu es incroyable ! »
Elle regarda son aîné, émue par la fierté et la joie qui brillaient dans son regard si identique au sien. Jamais il ne l'avait regardé de cette façon, et cela l'ébranlait au plus profond d'elle-même.
« Grand frère... je t'aime. »
Merlin déposa un baiser sur son front et essuya les larmes d'émotion qui perlaient au coin de ses yeux.
« Je t'aime encore plus petite sœur. »
Royaume de Camelot, cité, château, couloir
En route vers la forge royale, Arthur repensa malgré lui au rêve qu'il avait fait une bonne semaine auparavant et qui l'avait incité à prendre de l'avance sur les besoins d'Aurore en demandant à ce qu'on lui forge une nouvelle épée.
Nahida l'avait visité en rêve, lui demandant de faire forger deux épées quasiment jumelles, blanches et or, leur seule différence résidant dans la garde : l'une d'elles était de forme basique, l'autre ressemblait à un croissant de lune horizontale dont les pointes étaient tournées vers la lame. Elle lui avait promis de lui fournir le minerai, et il avait eu la surprise de la voir débarquer dans ses appartements le lendemain soir, après qu'il ait congédié Merlin. Elle était venue avec les plans des épées qu'elle voulait qu'il fasse faire, et un énorme sac rempli de minerais qu'il n'avait jamais vu, blancs et dorés et d'une solidité à toute épreuve malgré une légèreté humainement inconnue pour une telle quantité de minerais.
Il avait eu beau lui demander pourquoi, la déesse de la Sagesse avait été fidèle au peu qu'Aurore lui avait dit à son sujet : mystérieuse, parlant en énigmes et métaphores, laissant son interlocuteur le soin de chercher la réponse par lui-même. La seule chose qu'il savait, c'était ceux à qui étaient destinées ces épées : celle avec la garde en forme de croissant de lune était pour Aurore, l'autre pour Merlin. Nahida lui avait simplement dit qu'entre leurs mains, ces épées représentaient le salut d'Albion.
Arthur lâcha un petit soupir. Il n'avait aucune réelle raison de prêter attention aux paroles de la petite divinité, mais il n'avait pas non plus de réelle raison de les ignorer. Il avait voulu l'écouter, par respect et reconnaissance envers l'aide précieuse qu'elle leur avait apporté durant la reprise de Camelot. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se demander quelles propriétés auraient ces épées, et en quoi le maniement de l'une d'elles par son sot mais adorable valet était vitale. Il ne pouvait juger pour Aurore, elle était une déesse doublée d'une redoutable épéiste, mais aux dernières nouvelles, Merlin n'était ni un mage ni un épéiste quelque peu expérimenté. Il était juste Merlin, son maladroit mais pourtant si dévoué valet. Son valet, pour lequel il éprouvait de très forts sentiments sur lesquels il rechignait inconsciemment à mettre un mot.
Probablement devait-il juste faire confiance Nahida. Ce n'était pas dans ses habitudes de faire confiance aux mages, mais sans doute était-ce son statut de déesse, de déesse de la Sagesse, qui l'incitait à prendre garde à ses paroles. Probablement, même. Contrairement à Uther, qui aurait probablement ignoré les paroles de la déesse malgré ses cinq cents ans de vie, il était d'avis d'écouter les avertissements, qu'ils soient à propos de la magie ou venant d'une personne magique. Il n'avait fait l'amère expérience des conséquences qui découlait de la non-écoute que de trop nombreuses fois, l'une des plus marquantes ayant été le résultat de l'assassinat d'une licorne, qu'il avait lui-même perpétré.
La magie était une force puissante, inconnue et dangereuse, et certains détenteurs comme Nahida et Aurore avaient le pouvoir de vie et de mort sur tout être vivant. Il pouvait très bien prendre leurs conseils et avertissements avec prudence, mais il ne serait plus assez fou pour les ignorer et ne pas chercher à en savoir plus. Cela pouvait s'avérer être une faille exploitable pour les sorciers, mais Arthur espérait pouvoir compter sur le lien d'Aurore avec le vent pour pouvoir anticiper et contrer quelque attaque contre Camelot. Il devait lui en parler, mais chaque chose en son temps...
Royaume de Camelot, cité, château, forge royale
Arthur poussa la porte de la forge, et l'apprenti appela son maître en voyant le Prince. Frère cadet de deux ans de Morrison, Ben lui ressemblait presque trait pour trait.
« Sire. », s'inclina Ben. « Êtes-vous venus pour le couple d'épées ? »
Le Prince hocha la tête, et le forgeron sourit.
« Elles sont prêtes, et d'une qualité à nulle autre pareille si je puis me permettre Votre Altesse. Le minerai que vous m'avez apporté est incroyable, je n'ai jamais travaillé avec de tels matériaux. Puis-je savoir où vous les avez acquis ? »
« ... une amie me les a amenés. Puis-je voir les épées ? »
Le forgeron hocha la tête et s'éloigna un instant, avant de revenir avec deux épées, identiques à la vision que Nahida avait donné en rêve à Arthur. Le blond récupéra celle destinée à son Merlin, et fut surpris d'à quel point elle était légère, bien plus que n'importe quelle épée à sa connaissance, mais facile à manier. Elle était extrêmement bien équilibrée et agréable en main, et son instinct de guerrier expérimenté lui soufflait que c'était une excellente épée que même un débutant pourrait manier avec habileté. Il s'assurerait tout de même que Merlin n'ait pas de problème à l'utiliser, mais son maladroit de valet n'aurait aucun mal à la brandir, d'après Nahida.
Arthur prit ensuite celle forgée pour Aurore et remarqua aussitôt qu'elle semblait au moins autant exceptionnelle que celle pour Merlin. Et, avec la garde en forme de croissant de lune, il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle pouvait être maniée avec une très grande vitesse.
« Vous conviennent-elles ? », s'enquit Ben.
« Elles sont parfaites, je vous remercie. », dit sincèrement Arthur. « D'autres affaires m'appellent, mais je veillerai à ce que vous soyez généreusement récompensé pour de telles ouvrages. »
« Ce fut un honneur Altesse, je n'ai besoin de nulle autre récompense que votre satisfaction. »
« J'insiste, il est évident que ces épées vous ont demandé énormément de travail. »
Sous l'insistance d'Arthur, Ben eut un sourire doux.
« Vous ferez un bon Roi, Sire. »
« Je l'espère. »
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