Chapitre 31 : Le règne de la terreur

Royaume de Camelot, cité, château, salle du trône, quelques jours après

Les portes s'ouvrirent et les soldats de Morgane entrèrent, traînant Sire Léon par la même occasion. Morgause et Guenièvre observaient la scène, aux côtés de la nouvelle Reine.

« Dites-moi Messire Léon, Avez-vous apprécié les premiers jours de mon règne ? Je vous écoute. Parlez haut et fort. Êtes-vous prêt à me servir avec tous les chevaliers de Camelot ? »

« Plutôt mourir que vous servir. »

« Sachez qu'on peut vous y aider. », rétorqua Morgause.

« Ma vie appartient au Roi et au Prince Arthur. Je leur serai fidèle, et nul n'y saurait rien changer. »

« C'est ce que nous verrons. », conclut Morgane.

Elle ordonna aux soldats de le ramener dans sa cellule, et Guenièvre regarda par la fenêtre.

« Ella, qu'attends-tu ? »

Royaume de Camelot, forêt, grotte

Merlin pénétra dans la grotte après une course effrénée pour échapper à l'armée de Morgause. Elyan lui tendit une gourde pour qu'il puisse boire un peu, mais celle-ci est vide.

« Je vais aller en chercher. »

« Non, c'est trop dangereux Elyan. », refusa Merlin.

Il amorça le mouvement pour rejoindre Gaius, plus loin dans la grotte, mais le vent lui porta une note de lyre qu'il désespérait d'entendre depuis que Morgane s'était emparée du trône. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

« Rory arrive ! »

A peine quelques minutes après qu'il eut dit ces mots, la jeune barde fut visible à l'entrée de la grotte. Elle y entra mais n'adressa qu'un sourire désolé à son aîné avant de venir s'agenouiller devant Arthur, qui était assis au sol, abattu malgré les efforts de Merlin pour le réconforter. Son action eut le mérite de surprendre le Prince, qui leva la tête.

« Aurore ? »

« Je vous ai trahis en aidant Morgane et Morgause dans leur plan pour s'emparer de Camelot. »

« Aurore. »

« Je ne peux excuser cela, je n'ose même pas vous demander de me pardonner, mais je tenais à vous présenter mes excuses, Prince Arthur. »

« Aurore. »

« Je vais libérer Camelot, et vous serez libre de me condamner à la peine que vous jugerez nécessaire. »

« Aurore ! »

La barde leva la tête, le visage déformé par la culpabilité et quelques larmes roulant sur ses joues. Cependant, Arthur n'eut qu'un léger sourire.

« Cela arrive à tout le monde de faire des erreurs. Je ne t'en veux pas, il est normal que tu te sois mise à douter après ce qu'il s'est passé l'an dernier. Tu n'as pas à t'en vouloir. En fait, ce serait plutôt à mon père de s'excuser auprès de toi car, malgré tout, tu as choisi de t'opposer à Morgane quand tu avais toutes les raisons du monde de t'allier à elle. Tu as compris ton erreur et tu as essayé d'y remédier, c'est tout ce que je retiens. »

« Vous êtes trop bon, Arthur... », souffla Aurore en essuyant ses larmes.

« Tu me le rends bien. Maintenant, dis-moi, tu es une Seigneure des dragons ? »

« Il n'y a pas de femmes Seigneure des dragons. Mais Balinor pensait que m'apprendre quelques mots de la langue des dragons pouvait m'être utile, puisque je suis amie avec Kilgharrah. »

« Explique-moi pourquoi il est encore en vie. Merlin m'a dit qu'il était mort. »

« ... j'ai utilisé ma magie pour créer une illusion et permettre à Kilgharrah de s'enfuir, avec la menace que s'il revenait, je le tuerai moi-même. », mentit Aurore. « Je me disais... que ce n'était que justice. Il m'a aidé à découvrir mes origines et a trouvé comment contrôler ma magie. C'était juste... un retour de faveur, on va dire. »

« Donc, tu as menti à ton frère ? »

« Il est nul pour mentir. »

« Ah là, je ne peux pas te donner tort. »

Elle ne put répondre car une petite voix s'éleva depuis l'entrée de la grotte.

« Aurore, nous sommes prêts. »

La barde se détourna d'Arthur et se releva, dardant son regard bleu sur la petite elfe.

« Allons-y. »

« Où ça ? », voulut savoir Merlin.

« Faire ce que j'aurais dû faire depuis longtemps : arrêter Morgane et Morgause. », rétorqua sa sœur en allant rejoindre Nahida.

« Toute seule ? C'est de la folie, même pour toi. », signala Merlin en la suivant.

« Elle ne sera pas toute seule, Emrys. », lui glissa Nahida lorsqu'ils furent à sa hauteur.

« Nara Aurore !! »

Une armée de petites créatures, pas plus hautes que les bottes de Merlin, vinrent les entourer. Ils portaient tous une sorte de chapeau de feuilles avec une hélice de fleur.

« Nara Aurore ! Tu as beaucoup manqué aux aranaras ! », s'exclama l'un des créatures.

« Doucement vous tous. On va bientôt passer à l'action ! », leur fit Nahida.

« Donc, j'en déduis que ce sont des aranaras. Tu dois être Nahida, la déesse de la forêt. », comprit Merlin.

« Tout à fait. »

« Nara Emrys ! », sourit un aranara.

« Je préfère que vous m'appeliez Merlin, c'est plus prudent... »

« Nara Merlin !! »

Aurore rigola alors que son aîné était renversé par l'armée d'esprits de la forêt. Nahida rit aussi avant de demander aux aranaras de laisser Merlin tranquille.

« C'est quoi le plan ? Vous allez reprendre Camelot tous seuls ? »

« Ne sous-estime pas les pouvoirs des aranaras grand frère. »

« Même. Ce n'est pas prudent. »

« C'est le moins que je puisse faire, c'est à cause de moi qu'on en est là ! »

Merlin la regarda, impressionné par son aplomb et sa détermination. L'espace d'un instant, il crut voir une version légèrement plus âgée de sa sœur, avec deux grandes ailes blanches dans le dos.

« Laissez-nous vous aider. », dit-il simplement.

Aurore regarda Nahida, qui hocha la tête.

« C'est leur maison, pas la tienne, au moins pour le moment. Il est normal qu'ils veuillent la reprendre. »

La barde soupira, consciente que la déesse de la Sagesse avait raison. Elle n'incarnait pas la Sagesse pour rien, après tout.

« Bon... très bien... on maintient le statu quo alors, pour le moment. A part mon frère, personne ne me suivra si ce n'est pas Arthur qui mène les troupes... »

« Dans ce cas, les aranaras et moi allons monter la garde. », décida Nahida. « Repose-toi Aurore, tu n'as encore jamais invoqué les Quatre Vents en même temps, cela a dû épuiser ta magie... »

« C'est vrai. Si je n'avais pas demandé à Kilgharrah de t'aider à t'enfuir, Morgane t'aurait attrapé ! Tu m'avais promis d'être plus prudente ! », la fustigea Merlin.

« Oui bon, ça va. Il était hors de question que je fuie sans chercher à combattre d'abord. Tu me connais, ce n'est pas mon genre de fuir face à un combat. Mais je vais bien, le Gnosis régénère mes forces en quelques heures. »

« Tes forces physiques, pas ta magie. Repose-toi, et essayez de faire sortir Arthur de sa torpeur. », insista Nahida, en regardant le blond, qui avait replongé dans son état de choc après son échange avec Aurore. « Nous nous occupons de monter la garde. Aucun ennemi ne s'approchera, je vous en fais la promesse ! »

Les aranaras approuvèrent à grand renfort d'exclamations, et les deux descendants de Barbatos se regardèrent.

« Tu t'occupes/Je m'occupe d'Arthur ? », firent-ils simultanément.

Voyant qu'ils étaient toujours sur la même longueur d'onde, ils se sourirent puis Merlin s'éloigna vers son Prince.

« Sois prudente Nahida, tu n'as pas l'habitude d'interagir avec des gens... »

« Ne t'en fais pas. La forêt est mon territoire. Aucun mage, aussi puissant soit-il, ne pourra trouver cet endroit si je ne le désire pas. Pas même Emrys ou toi, Eilin. »

A l'entente de son nom de divinité, Aurore eut un sourire timide, avant de mettre une main sur son cœur.

« Bonne chance, Buer. »

Nahida sourit à son tour, puis quitta avec les aranaras, qui se dispersèrent dans la forêt. Aurore regarda son amie s'effacer dans la forêt, puis mit une main sur la garde de son épée.

Elle réparerait son erreur... à n'importe quel prix.

Royaume de Camelot, cité, château, cour

« Je vous donne une dernière chance de me jurer allégeance. », fit Morgane depuis son balcon.

Les chevaliers, debout dans la cour, firent courageusement face aux soldats qui pointaient leurs arbalètes sur eux.

« Longue vie au Roi !! », clama Léon en souriant, très vite imité par les autres chevaliers.

« Cela vous aidera peut-être à changer d'avis. », rétorqua froidement la brune sorcière.

Les soldats immortels se tournèrent brusquement vers les villageois présents et tirèrent des flèches en cascade, faisant hurler d'horreur les chevaliers.

« Non !! »

Royaume de Camelot, cité, château, cellule d'Uther

« Père... », sourit Morgane en entrant dans la cellule.

« Pourquoi agissez-vous ainsi ? »

Morgane garda son sourire, se délectant du malheur et des larmes du Roi déchu.

« S'il y a bien une personne susceptible de le comprendre c'est vous. Parfois de telles mesures sont nécessaires. »

« Mais ces malheureux sont innocents ! », déplora-t-il, horrifié du massacre auquel il avait assisté depuis sa cellule.

« Tout comme tant de ceux que vous avez exécuté, ou bannis, dans le cas d'Aurore. Elle ne méritait vraiment pas cela. Et pourtant, elle continue à vous être loyale, pour que votre fils prenne la place qui me revient de droit. »

« S'il vous faut tuer à tout prix, tuez-moi. »

« Votre vœu sera exaucé... mais pas tout de suite. », rétorqua la sorcière en regardant de haut Uther. « Avant cela, vous devez endurer ce que j'ai enduré : vous sentir seul au monde en étant terrifié, avoir en horreur ce que vous êtes et qui vous êtes. »

« Vous me haïssez donc à ce point ? », murmura Uther, alors qu'elle se dirigeait vers la sortie.

« Vous ne sauriez imaginer à quel point je vous hais. »

Royaume de Camelot, forêt, grotte

Merlin vint s'asseoir à côté d'Arthur, une assiette de nourriture à la main pour son Prince. Cependant, Arthur la refusa, n'osant toujours pas croire la trahison de Morgane. Si celle d'Aurore s'était avérée fausse en réalité, il avait vu dans ses yeux la culpabilité qu'elle ressentait, celle de Morgane était toutefois bien réelle. Pourquoi n'avait-il rien soupçonné ?!

« C'est du rat. Oh, vous pouvez me croire, vous avez mangé pire. Je vous ai servi des mets que je n'aurais jamais touchés mais vous les avez engloutis sans problème. », le taquina Merlin, espérant le faire manger.

« ... Merlin, pour une fois... laisse-moi en paix... je t'en prie... »

« Jamais. Vous m'aurez toujours dans les pattes Arthur, il va falloir vous y faire. »

Arthur ne répondit pas, il ne releva même pas la façon dont la voix de son valet avait pris une intonation tendre.

« Arthur écoutez. Uther vous a menti au sujet de Morgane. Il avait ses raisons, et vous les comprendrez sûrement un jour ou l'autre. Mais là, le devoir vous appelle, car il n'en demeure pas moins votre père et il a besoin de vous. Camelot a besoin de vous. »

« ... je la connais depuis toujours. Comment peut-elle agir ainsi ? »

« Je l'ignore. Mais vous avez un devoir envers votre père et envers votre peuple. Vous ne sauriez les abandonner maintenant. »

« Nous ne saurions vaincre une armée de soldats immortels. »

« Tous seuls, non, effectivement. », convint Merlin. « Mais nous avons deux déesses comme alliées, tâchons d'en tirer partie. »

« Deux ? »

« Rory et Nahida, la déesse de la forêt. S'il y a une personne encore plus sage que ma sœur, c'est bien elle. C'est la déesse de la Sagesse. Elle a sous son commandement des esprits de la forêt, et cela ne m'étonnerait même pas qu'ils aient les mêmes particularités que les Quatre Vents. »

« Même avec deux déesses, ils sont infiniment plus nombreux que nous. Nous ne saurions l'emporter. »

« Croyez-moi, pour avoir vu la détermination de ma sœur, je sais qu'elle aurait pu reprendre Camelot seulement avec l'aide de Nahida. Mais c'est notre maison, c'est à nous de la reprendre. Tout le monde croît en vous, pourquoi ne pas le faire à votre tour ? »

Arthur daigna enfin lever la tête vers son valet, qui rencontra alors ses yeux bleu océan dans lequel la tristesse se disputait avec de l'affection.

« Merlin... tu crois en moi ? »

Sans vraiment réfléchir, le magicien vint caresser les cheveux du blond, avant de laisser courir ses doigts jusqu'à sa joue pour venir poser sa main dessus. Arthur rougit, sentant son cœur s'emballer sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Il ouvrit légèrement la bouche, sans quitter le regard étouffant d'amour de Merlin.

« Plus qu'en n'importe qui, Arthur. »

Emporté par la tendresse dans les gestes et la voix du magicien, Arthur vint l'embrasser impulsivement. Merlin écarquilla les yeux, rougissant furieusement, mais lui rendit timidement son baiser. Lorsque le Prince finit par se détacher, la gêne et une profonde affection se disputaient sur son visage, alors qu'il lui adressait un sourire si tendre que son valet crut que sa magie allait faire des siennes, tant son cœur s'emballait.

« Merlin... merci... », murmura Arthur, la voix légèrement rauque.

« Rein de... euh reid ne... euh... d-de rien... », balbutia laborieusement Merlin.

Arthur sourit, trouvant son valet absolument adorable avec ses joues rouges, ses yeux bleus comme les cieux plus brillants qu'un millier d'étoiles, et ses dents qui martyrisaient de gêne ses lèvres. Il s'écarta un peu et, lorsqu'il vit l'assiette amenée par Merlin, il revint brutalement sur terre.

« Mais merde ! Qu'est-ce-qui me prend ?! Je peux pas être amoureux de Merlin !! »

Complètement gêné, il prit l'assiette et commença à manger son contenu, évitant du mieux possible le regard de son valet. Toutefois, il ne put réellement s'en empêcher et, lorsqu'il vit son sourire béat au possible, lui-même ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en coin.

« Pendant combien de temps il va encore se mentir à lui-même ? », soupira Aurore, qui les observait avec Gauvain.

« Pourquoi crois-tu que je drague Merlin quand il est dans les parages ? »

« Tu es plus vif d'esprit que tu n'en as l'air Gauvain. Enfin, quand tu n'es pas bourré. »

Celui-ci se mit à rire, avant qu'Elyan ne vienne se présenter officiellement à Aurore. Heureusement, jusqu'à présent, Gaius l'avait maintenu occupé afin qu'il ne puisse voir le Prince et le magicien s'embrasser. Merlin ne lui en avait jamais parlé, mais il n'avait pas été compliqué pour lui de comprendre que son pupille était amoureux d'Arthur. Le plus compliqué était de savoir ce qu'il en était pour le blond, mais il en était certain désormais : Arthur aimait Merlin, et le futur Roi en prenait de plus en plus conscience. Lorsque cela serait le cas, un choix devrait être fait.

Merlin ou Guenièvre.

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