Chapitre 27 : Courage, Force, Magie et Liberté
Frontière des Terres des Périls, pont, quelques temps plus tard
Arthur arriva au pont permettant d'entrer dans les Terres des Périls, qui était le royaume du Roi Pêcheur. Grettir se tenait au milieu de celui-ci.
« Qui es-tu, toi qui veux traverser mon pont ? », l'apostropha le nain.
« Un chevalier qui est parti en quête du Trident du Roi Pêcheur. »
« Alors tu dois être Courage ? »
« Je m'appelle Arthur. »
« Je suis Grettir. Je dois dire que tu n'es pas aussi petit que je le pensais. Avant de te laisser passer, permets-moi de te donner un petit conseil. Puisque tu es Courage, tu auras besoin de deux autres choses pour accomplir ta quête : Force et Magie. Et Liberté également, au risque de te perdre. »
« Je n'admets pas l'usage de la magie. Je ne la tolère qu'en cas d'extrême nécessité, et seulement de la part d'une seule personne. »
« Ne rejette pas aussi aisément la magie car les règles dans les terres où tu vas sont forcément différentes de celles que tu connais. »
« Merci pour ton aide. », fit Arthur.
« Il est magnifique ce bracelet ! »
Arthur suivit son regard et vit qu'il parlait du cadeau de Morgane, un bracelet d'argent avec une pierre brillante de la couleur du feu.
« C'est un cadeau d'une personne qui est très chère à mon cœur. Elle espère qu'il m'apporte la bonne fortune. »
« Tiens, tiens ! », se moqua Grettir. « Très attentionnée de sa part ! »
Il rit alors qu'Arthur s'avançait vers le pont. Le Prince se retourna un instant, mais Grettir avait déjà disparu. Il haussa les épaules et s'engagea sur le pont.
Quelque part dans les Terres des Périls, caverne d'Aurore, plus tard
« Hm... »
« Arthur ? »
Le blond se réveilla brusquement et se redressa, avant de voir la cadette de Merlin.
« Aurore ? Que fais-tu ici ? »
« C'est plutôt à moi de vous demander cela, mais disons que c'est ici que je m'entraîne avec ma magie. Et vous ? Vous êtes bien loin de Camelot. Je vous ai trouvé inconscient près de sables mouvants. »
« Je dois trouver le Trident du Roi Pêcheur pour prouver que je suis digne d'accéder au trône. »
« Vous voulez de l'aide ? »
Le blond secoua la tête, expliquant qu'il devait accomplir cette quête en solitaire, sans aide. Aurore fronça les sourcils.
« C'est dangereux. »
« Je le sais, mais c'est ma quête. Je suis censé l'accomplir seul, tu comprends ? »
« Non, je ne parlais pas de ça. », nia Aurore. « Vous êtes un excellent chevalier, un cœur noble dans un corps défendant. Je n'ai aucun doute qu'en temps normal, vous réussiriez cette quête haut la main. »
« « En temps normal » ? »
« Oui. », confirma Aurore. « Quelque chose draine votre force vitale. Dans ces conditions, vous risquez de mourir avant même d'être arrivé au château du Roi Pêcheur. »
« C'est vrai que je suis fatigué, mais ma force vitale drainée ? J'ai du mal à y croire. »
« Et pourtant, c'est la vérité. Je n'ai aucun intérêt à vous mentir. C'est votre père que j'aimerais bien voir déchu voire mort, pas vous. »
« Tu sais Aurore, ta franchise est vraiment aussi horripilante que celle de Merlin, voire plus. », lui fit remarquer Arthur. « Je pourrais te faire emprisonner pour dire de telles choses sur le Roi. »
« Non, vous ne le pouvez pas. Premièrement, vous êtes loin de Camelot, votre titre ne vaut rien ici. Vous n'êtes pas « Arthur le Prince de Camelot », vous êtes juste « Arthur ». Deuxièmement, vous ne pouvez faire appliquer les lois de Camelot qu'à Camelot. Comme j'en suis bannie, aucune de vos lois ne peut m'atteindre. Et puis, estimez-vous heureux : au moins, vous savez à quoi vous en tenir avec moi. Comment va mon frère ? »
« Beaucoup mieux. », répondit Arthur, souriant sans s'en rendre compte.
« Cela vous rassure, hein ? Vous ne supportez pas de le voir malheureux. »
Arthur rougit et détourna le regard.
« Ce n'est pas moi qui vais vous juger. Il y a des endroits où l'amour entre deux hommes ou deux femmes est tout à fait normal. Cela ne l'est peut-être pas à Camelot, mais je suis partisane du fait qu'on tombe amoureux d'un cœur et d'une âme, qu'ils appartiennent à une femme ou un homme. »
« Je ne suis pas amoureux de Merlin, mais de Guenièvre. Ton frère n'est que mon valet Aurore. »
« Continuez à vous mentir à vous-même si cela vous fait plaisir, mais vous ne pourrez pas le faire éternellement. Viendra le jour où vous n'aurez plus d'autre choix que de vous avouer la vérité, mais vous perdrez beaucoup pour avoir refusé d'admettre vos sentiments pendant si longtemps. »
Aurore se leva et sortit de son sac un mortier, un pilon, des plantes et certaines de ses essences.
« Que fais-tu ? »
« Je vous prépare une potion. Peu importe ce qui draine votre énergie vitale, je peux le contrer pendant quelques heures, une journée peut-être. »
« Tu ne sais pas ce que c'est ? »
« Non. », mentit Aurore, qui savait très bien que cela venait du bracelet offert par Morgane.
Elle aurait dû s'attendre à un coup de ce genre. Cela faisait déjà quelques jours que Morgause et la pupille du Roi complotaient pour faire en sorte qu'Arthur meurt durant sa quête. Toutefois, la barde avait pensé à quelque chose de plus... radical, de plus rapide qu'un drainage de force vitale. Au lieu de cela, Arthur mourait à petit feu. C'était cruel, il n'avait rien à voir avec les décisions d'Uther. S'il savait la vérité, peut-être abdiquerait-il en faveur de Morgane, mais aucune des deux sœurs ne semblait envisager cette possibilité.
Aurore secoua doucement la tête. Peu importait ses doutes quant à son allégeance et son destin, elle ne pouvait se résoudre à laisser Arthur payer pour les bêtises de son père. Pas alors qu'il l'avait accepté d'emblée, malgré son épée et sa magie, lui qui était contre la magie et qui l'était probablement encore. Et Morgane le savait très bien.
« Par contre, je me dois de vous prévenir. Si je n'infuse pas ma magie dans cette potion, elle n'aura aucun effet. C'est de la magie qui vous met dans cet état, seule la magie peut espérer la contrer. »
« Mais tu es une déesse, non ? Tu ne peux pas me guérir ? »
« Je pourrais, si je savais d'où ça venait, et encore. Ce n'est même pas sûr. J'apprends encore en ce qui concerne les soins avec la magie Anémo. Par contre, je sais contrer ce genre de sorts, mais ce n'est que temporaire, et vous ne retrouverez pas toutes vos forces. »
« J'imagine que c'est mieux que rien. Si l'usage de la magie est essentielle, alors fais-le. Tu es bien la seule personne dont je tolère l'usage de la magie. »
« Pourquoi cela ? »
« Tu m'as prouvé ta loyauté, et tu me la prouves encore. »
« Je vous l'ai dit : je n'ai aucun intérêt à ce que vous perdiez la vie, ce qui n'est pas le cas pour votre père. Ma loyauté ne va à personne d'autre qu'à mon frère. Le reste... je dois encore le décider. En attendant que ce soit le cas, soyez assuré que je ferai toujours de mon mieux pour que vous restiez en vie. Vous avez été la première personne à m'accepter, malgré mon épée et ma magie. Je vous dois bien cela. »
« ... merci Aurore. »
La barde se contenta de hocher la tête et de terminer la potion. Une fois que cela fut fait, elle la boucha avant de la secouer.
« Repousse. »
Ses yeux se parèrent des couleurs de l'aurore avant que la fiole contenant la potion ne s'illumine d'une lueur turquoise pendant quelques instants. Lorsqu'elle s'éteignit, Aurore revint vers Arthur.
« Je ne sais pas combien de temps cela durera, alors ne tardez pas à accomplir votre quête Arthur. »
Le blond hocha la tête et récupéra la potion avant de la boire d'une traite.
« Wow ! Je me sens beaucoup mieux, d'un coup. »
« C'est à effet immédiat, c'est normal. »
Aurore récupéra la fiole et alla chercher un parchemin dans son sac.
« Tenez. C'est une carte de ce royaume, elle devrait vous aider à rejoindre le château du Roi Pêcheur plus rapidement. »
« Où l'as-tu eu ? Il n'existe aucune carte de cet endroit. »
« J'ai cartographié la zone moi-même, grâce à ma magie. J'y ai passé beaucoup de temps depuis l'attaque de Kilgharrah sur Camelot. Comme je l'ai dit, c'est ici que je m'entraîne. J'ai donc dessiner une carte de ces terres, ainsi que des endroits à éviter et de ceux où on peut trouver des vivres ou des refuges sûrs. Nous sommes ici. »
Elle indiqua sur la carte un dessin en forme de tourbillon.
« Tu as fait une carte du château aussi. », remarqua Arthur.
« Elle n'est pas très détaillée, mais des vouivres en ont pris possession, j'ai donc jugé utile de faire un plan, ne serait-ce que sommaire, avec les endroits où elles vivent. Soyez prudents. »
« Je le serai. Merci Aurore. »
Elle inclina la tête en réponse et Arthur quitta la caverne, avec la carte.
« Je te ramènerai la carte. »
« Inutile, j'en ai une autre. Grettir m'avait dit que mon frère viendrait un an plus tard que moi, alors j'en ai fait deux, au cas où. Vous n'aurez qu'à la lui donner. »
« Je n'y manquerai pas. »
Frontière des Terres des Périls, pont
Merlin s'approcha du pont, tandis que Gauvain, qu'il était allé chercher pour qu'il l'aide, était parti surveiller les alentours.
« Tiens ! Magie est arrivé ! », sourit Grettir.
« Quoi ? », bafouilla Merlin.
« Tu n'as pas à avoir peur de quoi que ce soit. Ta présence est essentielle pour qu'Arthur puisse réussir sa quête. »
« Comment connais-tu Arthur ? Qui es-tu ? »
« Je suis le gardien du pont. Je veux voir les Terres du Roi Pêcheur reprendre vie, et la prospérité régner à nouveau. Cela n'arrivera qu'une fois ta mission accomplie. »
« C-Ce n'est pas ma mission, c'est celle d'Arthur. »
« Ça, c'est que tu choisis de croire. Ce n'est pas par hasard qu'Arthur a choisi ce chemin, ni que tu as choisi de le suivre, ni même qu'Aurore soit en ce moment-même dans le royaume du Roi Pêcheur. »
« Rory est ici ? »
« Depuis quelques jours, oui. Elle vient généralement pour s'entraîner, mais ce n'est pas par hasard qu'elle est revenue maintenant. », fit Grettir, avant que Gauvain n'arrive. « Ah ! Enfin ! Force est arrivé ! Le trio est au complet ! »
« Et ma sœur ? »
« Elle a déjà accompli son rôle, en prenant soin d'Arthur jusqu'à votre arrivée ici. »
« Qui est-ce ? », menaça Gauvain en dégainant son épée.
Grettir transforma l'épée en fleur, expliquant qu'il ne leur voulait aucun mal et qu'il aimerait qu'ils fassent de même.
« Où est mon épée ? »
« Elle te sera rendue quand tu atteindras l'autre côté. »
Gauvain passa mais le gardien du pont retint un instant le magicien.
« Le Roi Pêcheur attend ce jour depuis bien des années. Ne lui refuse pas ce qu'il souhaite. Souviens-toi, rien n'est comme il semble. Maintenant, dépêchez-vous de rejoindre Arthur. »
Terres des Périls, Tour Sombre, le lendemain
Arthur s'arrêta un instant devant le bâtiment pour consulter la carte confiée par Aurore. Toutefois, deux vouivres, des sortes de petits dragons noirs aux yeux rouges, foncèrent sur lui. Il fut obligé de ranger précipitamment la carte pour tenter de les repousser avec son épée.
Au même moment, Merlin et Gauvain arrivaient près de la Tour Sombre. Gauvain remarqua alors des créatures volant dans le ciel, qui n'étaient en rien des oiseaux.
« Je n'ai jamais vu de créatures comme celles-là. », fit Merlin.
« On dirait qu'elles pourchassent quelque chose. »
« C'est quoi ça ? », réagit le magicien en voyant un éclat de lumière.
« On dirait... une épée ! »
« C'est Arthur ! », réalisa Merlin.
« Tu l'aimes vraiment, hein ? »
Merlin soupira mais hocha la tête, Gauvain ayant remarqué ses sentiments dès leur première rencontre quasiment.
« Mais il ne s'intéresse pas à moi, c'est tout juste si on peut dire qu'on est amis d'une certaine manière. »
« Les nobles sont bons menteurs Merlin. Le seul moyen pour toi d'en être certain, c'est encore de défier Arthur. »
« C'est-à-dire ? »
« Il faut que tu le rendes jaloux. Selon sa réaction, tu sauras ce qu'il en est de son côté. »
« Je... eum... c'est pas le moment pour parler de ça ! »
Gauvain rit mais suivit le pas rapide de Merlin, qui était pressé de fuir la conversation et de venir en aide à son Prince.
Le temps qu'ils arrivent, Arthur s'était réfugié à l'intérieur de la tour. Gauvain comprit alors la nature des créatures volantes.
« Ce sont des vouivres... de lointaines cousines des dragons, et des créatures magiques, alors fais attention Merlin. »
Le magicien hocha la tête et ils entrèrent dans la tour. Ils décidèrent de se séparer pour retrouver Arthur. Celui-ci s'était enfermé dans une des salles de la tour. Malgré la potion d'Aurore, il perdit conscience plusieurs minutes, assez pour que les vouivres réussissent à entrer dans la pièce et s'approchent de lui. Heureusement, Merlin surgit et s'interposa.
« Nun de ge dei, s'eikein kai emois epe'essin hepesthai ! »
Les créatures baissent la tête, ne pouvant résister à un Seigneur des dragons, puis s'en allèrent. Merlin en profita alors pour retirer le bracelet ensorcelé de son Prince, permettant à la potion qu'il avait avalé de chasser les dernières traces du sort. Presque instantanément, Arthur recouvrit toutes ses forces et reprit conscience.
« Mais bon sang ! Qu'est-ce-que tu fais là ?! », fit Arthur, abasourdi.
« Pourquoi vous ne me dites pas simplement merci ? », rétorqua Merlin.
« Merci ? De quoi ? »
« De vous avoir aidé... »
« D'avoir totalement gâché ma quête, plutôt ! »
« C'est une chance que je sois arrivé, sinon vous auriez servi d'aliment pour vouivres. »
« Combien de fois faudra-t-il que je te l'enfonce dans ta tête d'idiot que tu es ! Je suis sensé accomplir cette quête TOUT SEUL ! »
Toutefois, l'ombre d'un sourire était perceptible sur ses lèvres, montrant malgré tout son bonheur de revoir son valet. Celui-ci ne le vit car Gauvain débarqua, tuant une vouivre qui tentait d'attaquer le magicien par derrière.
« Tout va bien Merlin, je suis là. », affirma Gauvain, avec un sourire et un ton de séducteur.
« Oui, merci. », répondit Merlin sans prêter attention à l'attitude du jeune homme.
Arthur fronça les sourcils, étrangement furieux. De quel droit Gauvain se permettait-il de venir perturber sa quête ? Et de quel droit se permettait-il de parler ainsi à son valet ?
« Ah, charmant ! Ça devient de mieux en mieux ! Guenièvre et Morgane sont des nôtres ? On va se faire une petite soirée surprise ?! », explosa Arthur.
« Il y a d'autres vouivres qui arrivent. Nous devons partir d'ici. », souligna Gauvain, fier de la réaction du Prince.
« Je ne partirai pas sans le Trident. C'était lui, le but de cette quête. », marmonna le blond en partant, sur les nerfs.
« Vous voulez un coup de main ou vous voulez le trouver tout seul ?! », clama Merlin.
Il y eut un court silence avant qu'Arthur ne crie le prénom du magicien, ne souhaitant guère laisser à Gauvain l'opportunité d'être seul avec son valet. Merlin et Gauvain se mirent à rire mais s'empressèrent de le suivre.
Terres des Périls, Tour Sombre, couloirs
« Vous savez où il est, ce Trident ? », demanda Merlin à Arthur.
« Si je le savais, il n'y aurait aucun problème, n'est-ce-pas ? », rétorqua le blond sans lever les yeux de la carte d'Aurore.
« Vous n'avez rien pour nous mettre sur la piste ? »
« Il s'agit d'une quête Merlin ! Pas d'une chasse au trésor ! »
« Oui, mais ça y ressemble un peu, non ? En plus, vous suivez une carte. »
« Pour éviter d'avoir affaire à d'autres vouivres. Ta sœur m'a donné cette carte en disant que tu étais censé venir en ces terres un an après elle. J'imagine que j'aurais dû comprendre qu'elle parlait d'un an après la bataille contre le dragon ! »
« Vous avez vu Rory ? »
« Oui, elle voulait que je te donne cette carte à mon retour, pour que tu l'aies lors de ton voyage ici. Mais apparemment, il s'agissait de ma quête ! »
« C'est gentil de sa part. », sourit Merlin, ignorant volontairement l'agacement du blond.
Arthur le regarda un instant avant de soupirer.
« En effet. », admit-il, avec un léger sourire.
Merlin porta un instant la main à l'attache dans ses cheveux, murmurant des remerciements envers sa sœur. A peine quelques secondes plus tard, le vent lui porta le rire ravi de la barde. Sans aucun doute, il avait une cadette incroyable !
A peine quelques pas en arrière, Gauvain les regarda, moqueur. Comment pouvaient-ils être si aveugles aux tendres sentiments qu'ils se portaient l'un l'autre ? C'était d'une évidence même qu'Arthur aimait Merlin, il était parti au quart de tour dès qu'il avait fait semblant de s'intéresser au magicien. Il avait pris comme prétexte le fait qu'ils avaient ruiné sa quête, mais Gauvain n'était pas dupe. Comment l'être, alors que le sourire radieux de Merlin faisait fondre comme neige au soleil l'agacement du Prince ?
Après un certain temps, ils grimpèrent des marches jusqu'à ce que l'attention de Merlin fut attirée par une salle, qui avait l'air d'une salle du trône.
« Si le Trident peut se trouver quelque part... », commença Arthur.
Il ne put terminer sa phrase car Merlin activa par mégarde un panneau secret. Le mur pivota brusquement et piégea de l'autre côté le magicien.
« Merlin ! », cria Gauvain.
« Merlin ? Tu n'es pas blessé ?! », s'inquiéta Arthur. « Merlin ! »
Terres des Périls, Tour Sombre, ancienne salle du trône
Merlin appela ses amis, en vain. Il n'entendait pas leurs cris, alors il observa plutôt la pièce et s'approcha, intrigué par le trône. Le Roi Pêcheur y était assis, avec le Trident en main.
« Ainsi Emrys... te voici enfin arrivé. »
« Alors vous êtes encore en vie ! », s'émerveilla Merlin.
« Pour l'instant. »
Il y eut un bruit étrange, amenant Merlin à penser qu'il s'agissait d'Arthur et Gauvain.
« Courage et Force, je sais. », confirma le Roi Pêcheur. « Sans leur aide, et celle de Liberté, tu ne serais pas ici. »
« Vous parlez de ma sœur ? »
« Une grande âme, douce mais courageuse. »
« Je ne peux vous donner tort. Que voulez-vous ? »
« ... je veux une fin à mes souffrances. »
« Vous voulez mourir ? »
« Sache que j'ai attendu toutes ces années que nous arrive enfin un temps nouveau. Le temps d'un Roi qui fut et qui sera. »
« J'ai déjà entendu ces paroles. », se souvint Merlin. « En fait, je les ai même dites à Rory il n'y a pas si longtemps... »
« Tu les entendras encore, car ce temps va bientôt commencer. Et mon temps peut enfin arriver à son terme. C'est pour cela que tu as été conduit ici car cette quête n'est pas celle d'Arthur, c'est la tienne. Arthur croit que le prix à gagner est le Trident. »
A ces mots, il lâcha le Trident et fit apparaître une fiole remplie d'eau.
« Mais le véritable prix est une chose beaucoup plus importante... de l'eau provenant du lac d'Avalon. Je l'ai gardée en sûreté toutes ces années en attendant que la bonne personne vienne la demander. Et c'est toi... tu es celui qui a été choisi. »
« De quoi parlez-vous ? »
« Pour Albion, des temps difficiles vont arriver. Et dans ces heures sombres, tu devras être fort car toi seul pourra la sauver. Tes pouvoirs sont grands, mais tu auras besoin d'aide. C'est justement ce que je te donne. », déclara le Roi Pêcheur en lui tendant la fiole. « Lorsque ta sœur aura commencé à choisir sa voie et que tout semblera perdu, ceci te montrera le chemin. »
« Ma sœur va s'allier avec le mal ?! »
« Tu m'as mal compris Emrys. Ce sont deux événements distincts, mais qui auront lieu en même temps. Au même moment, Liberté commencera à choisir sa voie et tout vous semblera perdu. »
« ... merci. », sourit Merlin en prenant la fiole.
« Je t'ai donné un présent. Maintenant, tu dois m'en offrir un en retour. »
« Mais je n'ai vraiment rien à vous donner ! »
Le Roi Pêcheur se leva.
« Je crois que tu as quelque chose. »
Machinalement, Merlin porta la main à l'attache dans ses cheveux. Le Roi Pêcheur secoua la tête avec un sourire.
« Garde-la. Elle n'a de la valeur qu'à tes yeux, Emrys. Je parlais d'autre chose. »
Comprenant, Merlin sortit le bracelet ensorcelé de sa poche.
« Si je vous donne ce bracelet, vous mourrez. », grimaça le magicien, incertain.
Le Roi Pêcheur hocha la tête et, après quelques instants, Merlin consentit à lui mettre le bijou au poignet. Aussitôt, il s'évapora et Merlin ne put entendre qu'un « Merci. », avant que la présence du Roi Pêcheur ne disparaisse totalement.
A cet instant-là, Arthur et Gauvain parvinrent à entrer dans la salle. Aussitôt, Arthur se précipita sur Merlin, ne laissant que quelques vulgaires millimètres entre eux. Le magicien devint complètement rouge face à cette soudaine proximité, sous le regard hilare de Gauvain.
« Merlin... »
« A-A-Arthur ? », bafouilla Merlin.
Le Prince ne répondit pas, les joues rouges. Au moment où Merlin prit son courage à deux mains et se décida à esquisser un mouvement vers lui, le blond reprit ses esprits et s'éloigna rapidement, profondément gêné.
Frustré, Merlin fronça les sourcils et s'humecta les lèvres, pendant qu'Arthur se concentrait sur le fait qu'il avait trouvé le Trident.
« Mais à quoi je pensais ?! Il aime Guenièvre ! Je ne peux pas lui faire ça ! Arthur a bien raison de dire que je suis idiot, je ne suis même pas capable de résister à cet amour impossible ! », se fustigea Merlin.
« Allez ! Sortons vite de cet endroit ! », clama Arthur, sans regarder Merlin.
« Je ne pourrais être plus d'accord avec vous. », murmura le magicien pour lui-même.
Frontière de Camelot, fin de journée
« Nous voici à la frontière ! Par décret du Roi, je ne peux pas aller plus loin. », s'arrêta Gauvain.
« Désolé, je ne peux rien faire pour changer cela. », dit sincèrement Arthur.
« Comme pour Rory, peut-être qu'un jour... »
« Oui ! Quand Camelot aura un Roi à peu près correct ! C'est la seule chose sur laquelle ta soeur et moi tombons d'accord ! »
« Tu la connais ? », s'étonna Merlin.
« Aurore ? Bien sûr ! On s'est croisé quelques fois, quand elle cherche des vivres à acheter dans les villages. Une jeune fille haute en couleurs mais au cœur valeureux, à n'en point douter. J'ai appris il y a quelques semaines qu'elle avait été bannie de Camelot également, et elle avait des mots très créatifs pour décrire votre Roi ! »
« Prenez garde tous les deux, c'est mon père. »
« Eh bien, on ne peut pas tout avoir, hein ! », rétorqua Gauvain.
« Où tu vas aller cette fois-ci ? », voulut savoir Merlin.
« Hm... », réfléchit-il, en cherchant de quel côté le vent souffle. « Je crois que je vais aller ver le sud ! »
« Tu ne vas pas continuer à vivre comme ça, quand même ? », sourit Merlin, amusé.
« Non, mais ça m'amuse d'essayer ! »
« Merci Gauvain. », dit le magicien.
« Avec plaisir ! Reviens me voir quand tu veux, que ce soit pour de l'aide ou... autre chose. »
Gauvain eut un sourire suggestif qui mit mal à l'aise Merlin, qui ne comprenait pas l'attitude de son ami, et qui énerva Arthur, qui ne supportait pas la situation.
« Je n'oublierai jamais Gauvain ! », clama Arthur, faisant sonner sa phrase de remerciement comme une menace à peine voilée.
Gauvain rigola et s'en alla, laissant le Prince et son valet seuls.
« Pourquoi cela sonnait comme une menace ? »
« Pour rien Merlin. »
Le magicien haussa un sourcil, perplexe, mais abandonna très vite pour retrouver son enthousiasme, ce qui rassura Arthur.
« Je dois admettre que ça a été une quête passionnante ! Vous avez vu ce type près du pont ? Et puis toutes les vouivres ! Elles étaient vraiment effrayantes hein ? Et puis oh ! La porte de la salle du trône ! Là on a eu chaud ! »
« Parfois tu racontes réellement n'importe quoi Merlin ! Je veux dire qu'est-ce que tu sais de tout ça ? Tu n'étais pas là. »
« Bien sûr que j'étais là ! »
« Tu n'étais pas là ! Il y a des jours que tu ne m'a pas vu. Tu as fait un petit voyage pour... pour cueillir des herbes ou faire ce que tu fais d'habitude ! Pendant ton temps libre ! », insista le blond.
Merlin comprit alors où voulait en venir son Prince.
« Ah, bien sûr ! Si votre père découvrait que vous n'étiez pas seul... »
« Voilà Merlin ! Alors, tu gardes ta bouche cousue. »
« Absolument Sire ! Je ferai tout ce que vous dites contre une récompense ! »
« Quel genre de récompense ? », se méfia Arthur.
« Une journée de congé ? »
« ... je crois que tu as un peu abusé de ces herbes que tu es allé cueillir ! »
Merlin rit légèrement, s'attendant à cette réponse.
« J'aurais essayé, au moins ! Ne vous en faîtes pas mon Prince, je ne dirai rien. »
D'un claquement de langue, il lança son cheval au trot, laissant un Arthur aux joues rouges continuer au pas. Après quelques secondes, le blond esquissa un doux sourire.
« Merci... »
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