Chapitre 20 : Balinor

Royaume de Camelot, cité, château, cour, plus tard

« Tu as tout ce qu'il te faut ? », demanda Gaius à un Merlin pensif qui préparait sa monture.

Merlin hocha la tête, avant de s'excuser pour ses paroles, disant qu'il ne pensait pas ce qu'il avait dit. Le médecin le rassura, le sachant bien, puis s'approcha d'Aurore, qui murmurait à l'oreille de sa jument.

« Elle n'est pas trop fatiguée ? », s'enquit Gaius.

« Moonlight est une battante, il lui faut plus que ça. Même si je la monte, elle reste relativement sauvage. Voyager, c'est dans ses gènes. », sourit Aurore, amenant la jument à hennir d'approbation. « Par contre, je m'inquiète pour Arthur. Il a été blessé par un dragon, ce n'est pas rien. J'essaierai de lui proposer de le soigner par magie une fois qu'on sera loin du château, on verra bien. »

Gaius hocha la tête puis le Prince arriva à cheval.

« En route vous deux ! »

« Vous êtes prêt ? », demanda Merlin.

« Pas grâce à toi. »

« Vous souffrez ? », s'inquiéta le magicien en le voyant grimacer de douleur.

« Ce n'est qu'une égratignure. », marmonna le blond.

Il s'éloigna, amenant la fratrie à monter à cheval, mais Gaius les retint quelques instants.

« Merlin, Aurore, quoi qu'il arrive, ne dîtes surtout pas à Arthur l'identité réelle de cet homme. Uther verrait les enfants d'un Seigneur des dragons d'un œil extrêmement soupçonneux. »

« Ce qui ne serait pas totalement injustifiée dans notre cas... », admit Aurore.

« Nous ferons attention Gaius. », promit Merlin.

Royaume de Cenred, Hengerd, taverne, dans la soirée

Merlin, Arthur et Aurore poussèrent la porte de la taverne afin d'y manger et d'y passer la nuit. Lorsqu'ils entèrent et que les hommes les virent, ceux-ci cessèrent de rigoler.

« Bonsoir ! », fit Arthur.

« Eh bien, eh bien ! Qu'avons-nous là... Aurore la voyageuse ! », fit sournoisement un homme.

En guise de réponse, Aurore posa la main sur son épée et la sortit légèrement.

« Prend garde à tes paroles et tes actes si tu veux encore avoir ta langue pour boire comme un trou ! »

N'attendant pas de réponse, elle poussa sans ménagement son frère et le blond vers une table libre. Le tavernier arriva pour les servir.

« J'espère que tu n'apportes pas le chaos cette fois, Aurore. »

« Désolée pour la dernière fois, mais je n'apprécie pas qu'on me traite comme un objet. Les hommes d'aujourd'hui ont trop peu de fierté pour accepter qu'une femme puisse les battre sans avoir recours à la moindre magie. »

« Rory, de quoi tu parles ? »

« Une voyageuse, douée à l'épée qui plus est, se fait plus d'ennemis que d'amis, partout où elle passe. », dit simplement la barde avant de se tourner vers le tavernier. « Nous cherchons un homme du nom de Balinor. »

« Je suis prêt à payer généreusement. », poursuivit Arthur en posant une bourse sur la table.

« Jamais entendu parler. », marmonna le tavernier. « Reste tant que tu veux Aurore, du moment que tu te tiens tranquille. »

« Du moment que tes clients se tiennent tranquilles, vous n'aurez pas de problème avec moi. »

Le tavernier repartit, sans prendre la bourse, et Merlin interrogea sa sœur pour savoir si l'un de ces hommes était Balinor.

« J'espère que non. », admit Arthur.

« ... heureusement que je suis là pour compenser ta bêtise grand frère... Balinor est un homme qui hait tout ce qui existe, pourquoi serait-il client d'une taverne ? »

« ... c'est pas faux. »

« Comme quoi, je ne suis pas le seul à te trouver sot Merlin ! »

Après avoir mangé, le trio s'installa dans une chambre et se couchèrent. Toutefois, personne ne dormait. Merlin gardait le silence, pensant à son père, tandis que sa sœur jouait un peu de sa lyre, chose qu'elle faisait souvent quand elle avait besoin de réfléchir à propos d'elle-même.

« Mais qu'est-ce-que tu as aujourd'hui Merlin ? »

« Quoi ? »

« Cela me fait mal de l'avouer, mais j'aime entendre tes répliques boudeuses, ainsi que l'affection débordante pour Aurore dont tu fais preuve quand elle est là. En fait, ce sont sans doute les seules choses qui te rendent acceptable ! »

« Merci. », marmonna Merlin, peu certain de savoir comment le prendre.

« Il y a des tas de serviteurs qui savent servir, mais très peu sont capables de se rendre aussi totalement ridicules, ni aussi attentionnés envers une sœur de la trempe d'Aurore. »

« Je vous entends. »

« Ce n'était en rien un reproche, mais plutôt un constat. Toi-même, tu dois bien admettre que ta différence de personnalité par rapport à ce qui est attendu d'une femme te pose problème avec les autres. »

« Je vais faire comme si je vous croyais. »

« Mais je suis sincère. », dit Arthur. « ... Merlin, qu'est-ce-qu'il y a ? »

« Rien du tout. »

« Il y a quelque chose, dis-le moi. », insista Arthur, en vain. « D'accord, je sais que je suis un Prince, donc on ne peut pas être amis, mais si je n'étais pas un Prince... »

« Quoi ? »

« Eh bien, dans ce cas, on s'entendrait plutôt bien, je crois. »

« Et alors ? »

« Cela veut dire que tu peux me le dire. »

« Qu'on ose me dire qu'il n'en pince pas au moins un peu pour lui. Il veut absolument savoir pourquoi il ne va pas bien. Un simple ami n'insiste pas autant, généralement, il attend que l'autre soit prêt à se confier. »

« C'est vrai, mais si vous n'étiez pas un Prince, je vous dirais de vous occuper de vos oignons. »

Les notes de la lyre se mirent à sonner de façon victorieuse, et Merlin sourit légèrement face au soutien indéfectible de sa cadette.

« Merlin ! », insista à nouveau le blond. « C'est Gaius qui te manque ? »

« ... quelque chose comme ça... », finit par admettre Merlin.

« Alors qu'est-ce-que c'est ? », demanda Arthur en lui lançant un oreiller sur la tête.

« Oh ! Je vais vous le dire... je me fais du soucis pour les habitants de Camelot... j'espère qu'ils vont bien. »

« Moi aussi. »

Le silence s'installa, alors que la lyre venait de se taire. Aurore se leva.

« La journée de demain va être longue, reposez-vous. Je vais voir si les chevaux ont besoin de quelque chose. »

Elle vint caresser les cheveux de son aîné avant de lui embrasser le front, lui souhaitant bonne nuit, puis s'approcha d'Arthur. Un peu hésitante, elle finit par poser un instant sa main sur la tête du Prince, avec la même tendresse que pour son frère. Le blond rosit légèrement, n'ayant jamais été habitué à un comportement qu'il pouvait qualifier de maternel. Pour autant, il ne la somma pas d'arrêter cela. En réalité, cela lui faisait du bien, et il comprenait dans un sens pourquoi Merlin se détendait d'un simple geste de sa cadette : elle traitait avec beaucoup de tendresse son entourage. C'était ce que Morgane lui avait dit, une fois. Aurore pouvait naturellement prendre la place d'une mère ou d'une sœur dans le cœur des autres, car elle les traitait avec douceur, sans jamais juger et toujours avec la sagesse apportée par ses voyages.

« Dormez bien Arthur. »

« M-Merci. », murmura le blond. « Et... »

« Oh veuillez m'excuser ! », rougit Aurore en retirant aussitôt sa main. « Je pensais juste que vous aviez besoin d'un peu de réconfort avec ce qu'il se passe avec Kilgharrah. »

« ... cela ne me dérange pas, du moment que cela reste dans une situation privée. Au contraire. Tu prends ton rôle de sœur très à cœur. »

« Morgane m'a dit la même chose... il a tendance à déborder sur les proches de mon frère, désolée... »

« Ne t'excuse pas, tu m'as fait ressentir pendant un instant l'amour venant d'une mère. Cela fait du bien. »

« Sous son armure, Rory est une vraie guimauve débordante de tendresse et d'amour. », approuva Merlin.

« Eum... je... euh... merci ? Bon, dormez. »

« Toi aussi. », fit Arthur, alors que Merlin pouffait doucement.

« J'ai le sommeil encore plus léger qu'avant, je sais que je ne dormirai pas. Mais reposez-vous. »

Sans leur laisser l'occasion de répondre, Aurore sortit de la chambre puis rejoignit les chevaux avec prudence.

Plus tard, dans la nuit, quelqu'un s'introduit dans la chambre. Il tenta de voler l'argent du Prince mais il se fit prendre la main dans le sac par Arthur, qui plaqua alors le tavernier, car c'était lui, sur le lit de Merlin, le réveillant au passage.

« Qu'est-ce qui se passe ?! »

« Sais-tu quel est le châtiment pour voleur ?! », grogna Arthur en s'adressant au tavernier.

« Je vous en supplie ! J'ai des enfants à nourrir !'

« Dis-moi où trouver Balinor ! », menaça le Prince en sortant une dague.

« Balinor ? »

« Que sais-tu de lui ? »

Le tavernier tenta d'affirmer qu'il ne savait rien, mais la menace d'Arthur sur sa vie l'encouragea finalement à répondre qu'il ne l'avait pas vu depuis des années.

« Il faut traverser la forêt de Mérédrat, jusqu'au pied de la montagne Féwéh, vous y trouverez la caverne où Balinor demeure. Mais ne vous faites pas d'illusion. », fit le tavernier alors qu'Arthur le lâchait.

« Pourquoi ? », interrogea le magicien.

« Vous ne serez pas les bienvenus. Balinor déteste tout le monde, et tout ce qui existe. Une caverne, c'est l'idéal pour lui ! », clama-t-il avant de fuir.

« Rory a dit qu'il vivait en ermite. », se souvint Merlin.

« Au moins, on sait où maintenant. Tu crois qu'Aurore le savait ? »

« Sans doute pas. D'après ce qu'elle m'a dit, il cherche souvent des plantes, ce qui les a mené à faire affaire ensemble quelques fois. Apparemment, elle lui troquait des plantes que qu'elle avait ramassé au cours de ses expéditions contre des savoirs médicinaux. Donc cela ne m'étonnerait pas qu'ils fassent leur troc à une certaine distance de la caverne de Balinor, par sécurité. »

« Hm, tu as sans doute raison. D'ailleurs, elle est où ? En temps normal, elle aurait rappliqué avant même que le tavernier n'entre. »

« Oui, c'est étrange... », murmura Merlin en se levant, inquiet pour sa sœur.

Royaume de Cenred, Hengerd, extérieur de la taverne

Au moment où Arthur et Merlin sortirent de la taverne, une silhouette encapuchonnée se cacha dans les ombres après avoir enchanté la chaîne qui maintenait le Gnosis autour du cou de la barde.

« Rory ! »

« Chut Merlin ! », lui intima Arthur.

Ils se rendirent là où ils avaient attaché les chevaux et retrouvèrent l'adolescente assoupie contre un arbre. Le visage de Merlin s'adoucit sensiblement et un tendre sourire ourla ses lèvres, un sourire qu'Arthur n'avait encore jamais vu sur son valet, même envers Aurore.

Avec délicatesse, Merlin s'approcha et la souleva comme une princesse puis retourna vers Arthur.

« Elle va bien ? »

« Elle est juste endormie. Peut-être qu'elle a accumulé tellement de fatigue ces derniers temps qu'elle lui ait tombé dessus comme une masse, allez savoir. »

Il déposa un baiser sur le front de sa cadette et la serra contre elle, comme s'il voulait la protéger. A cette vue attendrissante, Arthur sourit.

Royaume de Cenred, forêt

Le trio avançait à bonne allure, mais Arthur ralentissait, perdant des forces à cause de sa blessure. Le frère et la sœur s'inquiétaient.

« Tout va bien ! », leur fit Arthur.

« Vous êtes certain de ne pas vouloir que j'essaie de vous soigner avec ma magie ? Ou ne serait-ce qu'avec les savoirs médicinaux que Lirou et moi avons. »

« Couchez-vous ! », clama soudainement Merlin.

Avec difficulté, Arthur se cacha dans les fourrés avec Aurore et Merlin. Plusieurs gardes de Cenred passèrent dans la zone, mais ils partirent aussi vite qu'ils étaient venus.

« Arthur. Arthur ? », l'appela Merlin.

« Il s'est évanoui. », fit sa sœur en l'examinant.

« Tu peux le soigner ? »

« On va voir. »

Elle se concentra et passa une main au-dessus de la blessure du blond, ses yeux virant à l'aurore.

« Sa blessure s'est trop aggravée pour que je puisse la guérir complètement, en l'état actuelle des choses. J'en sais encore trop peu sur mes capacités... »

« Ne peux-tu rien faire ? »

« Je peux refermer une partie de la blessure, mais vu la situation, elle se rouvrira en peu de temps. Je vais lui administrer une potion pour accélérer le processus de cicatrisation, mais cela n'aura que peu d'effet s'il ne reçoit pas de vrais soins et s'il ne se repose pas. »

« Fais ton possible. »

Pendant qu'elle cherchait dans son sac de quoi faire la potion, Merlin examina à son tour la blessure de son Prince. Malheureusement, il ne savait encore que trop peu de choses sur la médecine pour pouvoir le soigner convenablement. Comme sa sœur probablement, il savait soigner les blessures de base, mais une blessure causée par un dragon n'était certainement pas normale...

Une fois qu'Aurore eut administré la potion à Arthur, ils reprirent le chemin avec le blond sur le cheval de Merlin. La barde prit les rênes du cheval du Prince et sifflota pour que Moonlight les suive. C'est ainsi qu'ils finirent par trouver la caverne.

Royaume de Cenred, forêt de Mérédrat, au pied des montagnes de Féwéh, caverne de Balinor

« Il y a quelqu'un ? », appela Merlin en entrant, Aurore veillant sur Arthur à la demande de son frère.

Un homme aux longs cheveux bruns avec une barbe, des yeux marrons et une peau bronzée vint l'attraper par derrière et lui demanda ce qu'il cherchait.

« Mon ami est malade, je dois l'aider ! »

L'homme le lâcha et lui dit de lui montrer son ami.

« Qu'est-ce-que tu attends petit ? », fit l'homme, en voyant Merlin le fixer. « Va le chercher et vite ! »

Merlin s'exécuta et revint avec sa sœur. L'homme, qui était Balinor, la salua d'un simple mouvement de tête alors qu'elle installait le Prince au sol.

« Vous pouvez soigner sa blessure ? », demanda Aurore.

« Regarde. »

Il appliqua sur la blessure d'Arthur une crème épaisse et verte à base de plantes avant de prononcer une incantation.

« Alutra çasiorabès soranla rate. »

Balinor se leva et rejoignit Merlin, imité par Aurore.

« Il doit se reposer. », fit le Seigneur des dragons à Merlin.

« Il va se rétablir ? », s'enquit ce dernier.

« Dès demain matin. »,

« Merci beaucoup. »

Le frère et la sœur dînèrent en compagnie de Balinor et Merlin tenta de connaître un peu plus leur père.

« Cela a l'air délicieux. Il y a longtemps que vous êtes là ? »

« Quelques hivers. »

« Ce doit être dur. »

« Aurore, pourquoi êtes-vous ici ? »

« On vous cherchait. Il paraît que vous êtes un Seigneur des dragons. »

« Qui vous a dit ça ?! », s'énerva Balinor.

« C'est un peu long à expliquer, mais disons que c'est Gaius et Barbatos. »

« Qui êtes-vous ?! C'est impossible que tu connaisses Barbatos ! »

« En fait, si, mais c'est une longue histoire. Quant à qui on est, eh bien vous me connaissez déjà. Et voici mon frère, Merlin. »

« Et lui ? », fit Balinor en pointant Arthur du doigt.

« C'est mon maître. », répondit Merlin.

« Son nom ! »

« Son nom, eh bien c'est... Lancelot, oui c'est un chevalier, oui, mais c'est un gentil ! »

Aurore regarda son frère, l'air de dire « Sérieux ? ». Celui-ci eut en guise de réponse en petit sourire contrit.

« Son nom est Arthur Pendragon. C'est le fils d'Uther. », dit Balinor, blasé.

« ... oui. »

« Ici, nous sommes dans le royaume de Cenred, il cherche vraiment les ennuis ! Qu'est-ce-que tu attends de moi ? »

« Kilgharrah est en train d'attaquer Camelot. », lui apprit Aurore.

« Tu le connais ? », s'étonna Balinor.

« Je lui ai rendu visite quelques fois, mais je ne pense pas qu'on puisse dire que je le connais vraiment. C'est un dragon, avec plus de mille ans d'expérience. Il ne faut pas accorder trop de confiance à ce type de personne, d'autant plus quand il s'agit d'une créature magique avec une intelligence supérieure qui a vu toute sa race mourir à cause de la folie d'un homme comme Uther. Enfin bref. »

« Nous n'arrivons pas à l'en empêcher. Seul un Seigneur des dragons le pourrait. »

« Il n'agit pas en aveugle, il tue pour une raison : la vengeance. C'est Uther qui est responsable, comme l'a si justement souligné Aurore. »

« Il tue des innocents, des femmes et des enfants. », protesta Merlin.

« Uther m'a fait chercher partout ! Il m'a pourchassé comme une bête sauvage ! »

« Je sais. »

« Qu'est-ce-que tu sais de la vie que j'ai vécu petit ?! Uther m'a demandé d'user de mon pouvoir pour amener le dernier dragon à Camelot, il disait vouloir faire la paix avec lui. Mais il ne l'a pas fait ! Il m'a menti, il a trahi ma confiance. Et tu voudrais que je protège cet homme-là ?!'

« ... en fait, il n'a pas tort. »

« Rory ! »

« Quoi ?! Tout le monde se porterait bien mieux si Uther n'était plus de ce monde. »

« Je ne crois pas que Barbatos soit pour un tel acte. La Liberté n'a rien à voir avec la vengeance. En plus, Camelot n'a pas à payer pour les décisions d'Uther. Balinor, je ne veux pas que vous protégiez Uther, je veux que vous protégiez Camelot. »

« Il a tué tous ceux de mon espèce ! Moi seul en est échappé ! »

« Où êtes-vous allé ? », voulut savoir Merlin.

« Il y a un village du nom d'Ealdor. J'ai eu une vie là-bas, une femme, une femme gentille. Ealdor est en dehors du royaume d'Uther, mais il a continué à me poursuivre. Pourquoi n'a-t-il pas pu me laisser en paix ? Qu'avais-je fait de si grave pour qu'il veuille anéantir la vie que j'avais construite ! Et me faire abandonner la femme que j'aimais ! Il a envoyé des chevaliers pour me tuer ! Quand les choses se sont calmées, j'ai tenté d'y retourner, mais je n'ai pu rester qu'une nuit, avant que les chevaliers ne retrouvent ma trace. C'était comme si, pendant cinq ans, ils n'avaient cessé de me chercher ! A un tel point que j'ai fui jusqu'ici et que que j'ai été forcé de venir ici dans cette caverne ! Alors, je comprends ce que Kilgharrah éprouve. Il a perdu tous ceux de sa race, tous ceux de sa famille. Tu veux savoir l'effet que ça fait ? Regarde autour de toi petit. Laisse Uther mourir, et Camelot être anéantie. »

« La rancœur vous aveugle aussi, Balinor. Je peux le comprendre, plus que vous ne pouvez le croire, mais il faut savoir distinguer ceux qui méritent cette rancœur et ceux qui sont innocents. »

« Qu'en sais-tu, petite ? »

« Les voyages apportent la sagesse. Vous ne voulez quand même pas la mort de tous les habitants de Camelot, si ? »

« Que voulez-vous que ça me fasse ? »

« Et si certains d'entre eux étaient vos enfants ? », demanda Merlin.

« Je n'ai pas d'enfants. »

Aurore regarda son frère, qui semblait prêt à tout révéler. Celui-ci l'interrogea du regard, et elle hocha la tête pour marquer son accord.

« Et si je vous disais que... »

Il n'eut le courage de poursuivre lorsqu'Arthur se réveilla et se mit à l'appeler faiblement.

« Va rejoindre ton Prince, grand frère. », lui sourit Aurore.

Il hocha la tête et elle lui ébouriffa les cheveux, le faisant sourire avant d'aller s'occuper de son crétin royal.

« Aurore, pourquoi te soucies-tu de Camelot ? La dernière fois qu'on s'est vus, tu m'avais parlé de dons magiques, sans entrer dans les détails. Pourquoi vouloir protéger Camelot ? »

« Mon frère et la personne qu'il aime y vivent, c'est plus que suffisant pour vouloir protéger ce royaume. Il y a des gens bien là-bas, qui m'acceptent malgré le fait que j'ai des pouvoirs et que je manie l'épée. Quelque part, je m'y sens bien, là-bas, comme si j'étais chez moi, et c'est quelque chose que je n'avais jamais vraiment ressenti. Mais je continue à voyager car, tant que je ne maîtrise pas ma magie, je ne ferai que les mettre en danger. Et puis, comme je vous l'ai dit, il faut savoir discerner les coupables des innocents. Uther mérite de mourir, pas les autres habitants de Camelot. Toutefois, à la réflexion, si Uther meurt à cause de la magie ou d'une créature magique, Arthur ne permettra jamais que les magiciens vivent librement à Camelot. Tout comme Barbatos, j'aspire à la Liberté de tout et de tous. Comme mon frère est dévoué à Arthur, j'ai décidé de commencer par apporter la Liberté à Camelot, même si c'est de manière indirecte. Kilgharrah ne doit pas tuer Uther. La meilleure arme contre la haine et la peur, c'est encore l'amour et l'espoir. »

« ... tu sembles être une fervente croyante de Barbatos. Comment as-tu appris son existence ? »

« Par notre mère. Elle nous a fait croire en lui pour qu'on ne perde jamais espoir d'une vie libre, peu importe nos différences. J'essaie de transmettre ses valeurs, où que j'aille. »

« Il serait fier de toi, j'en suis certain. »

Aurore sourit légèrement, sentant qu'il était curieux d'en savoir plus. Pourtant, fidèle à sa réputation d'ermite, il ne posa pas d'autres questions, sans doute parce qu'il ne voulait pas qu'on lui en pose en retour.

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