Chapitre 19 : La vengeance de Kilgharrah
Quelque part dans les Terres des Périls, caverne, quelques semaines plus tard
« Cela suffira pour le moment. »
En réponse, Aurore utilisa la Lyre Anémo pour renvoyer Vennessa dans le monde des esprits, n'ayant pas l'énergie pour le faire sans elle.
« Cela commence à venir mais, pour le moment, en situation réelle, utilise ta lyre pour nous invoquer. Cela te prend d'énergie à l'heure actuelle de le faire sans. Jusqu'à ce que tu puisses le faire en entraînement sans que cela ne t'épuise, utilise ta lyre. », conseilla Venti.
« Pourquoi dis-tu cela comme si je n'allais pas m'entraîner avant un moment ? »
« Parce que c'est le cas. Je ressens une catastrophe imminente à Camelot. »
« Quelle genre de catastrophe ? »
« Merlin est en train de libérer le Grand Dragon. »
« Par Barbatos, comment je peux avoir un frère aussi inconscient... », soupira Aurore en secouant la tête.
« Aucune idée. Ce qui est sûr, c'est que tu es bien trop loin pour l'en empêcher. En partant maintenant et en usant de ta magie pour renforcer les capacités physiques de Moonlight, tu pourras y être dans trois jours, peut-être moins si jamais tu connais des raccourcis. »
« On va se mettre en route. Kilgharrah a beau être une créature magique pleine de sagesse, il n'en reste pas moins un être extrêmement puissant qui a vu toute sa race périr sous la folie d'Uther. N'importe qui voudrait se venger de Camelot, à sa place. Je dois l'en empêcher. »
« Comment ? Tu n'es pas une Seigneure des dragons. »
« Peut-être, mais j'ai mon Gnosis maintenant. Je suis encore une novice en magie divine, mais je pense que tu m'en as appris suffisamment pour pouvoir protéger Camelot. »
« En effet, tu restes bien nettement supérieure à un dragon en terme de puissance. Va. De toute manière, tu peux m'invoquer n'importe quand. A l'inverse des Quatre Vents, je ne pourrai pas utiliser ma magie sans t'en priver temporairement, mais personne n'en sait plus sur la magie Anémo que moi, qui en étais le détenteur et le dieu pendant des millénaires. File ! »
Aurore hocha la tête et usa de nouveau de sa lyre pour renvoyer Venti dans le monde des esprits. Elle siffla ensuite sa jument, tout en regardant ce qu'il lui restait comme vivres. Il ne lui restait pas grand-chose, mais elle pouvait faire apparaître le nécessaire pour confectionner ses barres pressées, c'est pourquoi elle referma son sac et le mit sur son dos avant de monter Moonlight. Aussitôt qu'elle fut bien installée, la jument fila vers la sortie et partit au galop vers la frontière avec Camelot.
« Brise de soutien ! »
Ses yeux virèrent à l'aurore et un léger vent entoura Moonlight pendant quelques secondes, avant de l'enchanter pour renforcer ses capacités physiques, comme sa vitesse et son endurance.
« Fonce ma belle ! »
Royaume de Camelot, cité, château, salle du conseil, trois jours plus tard, matin
« Parmi les morts, on dénombre quarante-neuf hommes et vingt-sept femmes, sans compter les dix-huit femmes et enfants portés disparus. La plupart des incendies sont maintenant éteints, les murs du château sont sur le point de s'écrouler, en particulier dans la section ouest. Et la liste est encore longue... », annonça Arthur à Uther.
Le Roi ne put répondre, car les portes s'ouvrirent soudainement et Aurore entra dans la salle. Pour l'usage, elle s'inclina devant Uther.
« Aurore, que fais-tu là ? », demanda Arthur, qu'elle n'avait pas prévenu.
« Vous m'excuserez, on m'a rapporté l'attaque de Kilgharrah, je suis venue aussi vite que j'ai pu. Je ne pense pas que vous auriez eu le temps de lire une quelconque lettre de ma part, vu les circonstances. »
« Kilgharrah ? », releva Uther.
« C'est le nom du Grand Dragon, mais ce n'est pas le sujet. »
Uther haussa un sourcil suspicieux, tandis qu'Arthur la fusillait du regard, l'air de dire que son père ne devait surtout pas savoir sa nature magique.
« Il nous faut nous débarrasser de cette monstruosité. Il doit bien y avoir un moyen ! », finit par dire Uther, préférant résoudre l'affaire du dragon en priorité.
« Vous comptez le tuer ?! »
« Que veux-tu que l'on fasse Aurore ? », riposta Arthur. « Il tue des milliers d'innocents ! »
« La faute à qui ?!! »
« Faites-la sortir !! », ordonna aussitôt Uther.
« Non Père. », s'opposa calmement le Prince. « Aurore est une voyageuse expérimentée. Aussi impertinente qu'elle soit, son savoir pourra certainement nous aider actuellement. »
« Je ne veux pas de traitement de faveur, Sire. », marmonna Aurore au blond.
Merlin remua les lèvres pour intimer à sa cadette de se calmer, que s'opposer aussi franchement à Uther ne pourrait que les faire tuer, eux et le Grand Dragon. La barde serra la mâchoire de contrariété mais, comme attendu par le magicien, elle abdiqua et présenta des excuses à Uther que Merlin et Arthur savaient ne pas être sincères.
« Il nous faut un Seigneur des dragons, Sire. », intervient Gaius, remettant la conversation sur la bonne voie.
« Vous savez bien que cette option n'existe pas. », rappela le Roi.
« Cependant Sire, s'il restait malgré tout, un dernier Seigneur des dragons ? »
« Ce n'est pas possible. »
« Mais s'il en restait un ? », insista le médecin.
« Qu'est ce que vous dites ? »
« Il se peut que ça ne soit qu'une rumeur. »
« J'en ai entendu parler aussi. Il reste un Seigneur des dragons encore en vie, mais je n'en sais pas plus. Moins j'en sais sur la magie, et moins j'ai de chances d'être traquée ou prise pour cible par des sorciers. Gaius, vous en savez plus ? », mentit à moitié Aurore.
D'un geste de la main, Uther autorisa Gaius à préciser sa pensée.
« Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais si Aurore en a aussi entendu parler, c'est qu'il doit y avoir une part de vérité dans cette rumeur. Je crois savoir qu'il s'appelle Balinor. »
« Attendez, quoi ? Il ne m'a rien dit de tel. Ceci dit, prudence est mère de sûreté... », convint Aurore.
« Tu le connais ? », l'interrogea Uther.
« Si nous parlons bien du même Balinor, oui, je le connais. Mais je ne savais pas qu'il était un Seigneur des dragons, je le soupçonnais juste d'être un mage. Je l'ai croisé quelques fois lors de mes voyages dans le royaume de Cenred. La seule chose que je sais, c'est qu'il doit vivre en ermite depuis des années. »
« On l'a aperçu dans la ville d'Hengerd, plus précisément, mais c'était il y a bien longtemps. », confia Gaius.
« Très bien. D'après Aurore, cet homme semble vivre encore, il est donc de notre devoir de le trouver. »
« Notre traité avec Cenred n'est plus en vigueur, nous sommes en guerre. S'ils te découvrent sur leur territoire Arthur, ils te tueront. », refusa Uther.
« Surtout que Balinor n'acceptera jamais. Il déteste tout ce qui existe. », fit Aurore.
« Pourtant, tu lui as parlé plusieurs fois, non ? »
« En effet, mais cela ne change rien. Il respecte mon expérience en tant que voyageuse, mais cela s'arrête là. Une fois qu'il a ses plantes et qu'il m'a enseigné de nouveaux savoirs médicinaux, nos chemins se séparent à chaque fois. La seule fois où j'ai essayé d'apprendre à le connaître, il m'a envoyé bouler. »
« Peut-être pourrais-tu lui parler. », insista le Prince.
« Pour lui dire quoi ? « Bonjour, je voudrais que vous veniez sauver Camelot de la fureur vengeresse de Kilgharrah alors qu'il est totalement en droit de vouloir de se venger et que vous êtes parfaitement en mesure de refuser de sauver un royaume qui exécute tous les mages sans distinction » ? Je ne vais pas m'amuser à juger la politique de ce royaume, ce n'est pas mon rôle, et ça ne servirait à rien de toute façon. Mais compte tenu des lois de ce royaume, Balinor n'a aucun intérêt à aider Camelot. »
« Il faut quand même essayer. », décida Arthur, avant qu'Uther ne fasse enfermer la barde dans le donjon. « Je partirai seul pour ne pas attirer l'attention de Cenred. »
« Si vous y allez, moi aussi. », rétorqua Aurore. « Je n'y crois pas, mais une tête familière devrait mettre Balinor en confiance. »
« Non. », s'opposa Uther.
« A deux, nous ne serons pas repérés ! Aurore connaît les chemins des Cinq Royaumes mieux que quiconque ! »
« Non Arthur, c'est trop dangereux. »
« Plus dangereux que de rester ici ? Je ne vais pas croiser les bras et regarder mourir mes hommes quand j'ai une chance de les sauver ! »
« Tu as entendu Aurore ! A quoi bon risquer ta vie pour aller voir un homme qui n'aidera jamais Camelot ?! Je t'ai donné des ordres ! Tu n'iras pas ! », exigea Uther.
« N'en faites pas un conflit personnel Père. »
« Je ne te parle pas en tant que Père, je te parle en tant que Roi ! »
« Je vais partir immédiatement. »
« Mais je suis inquiet pour toi. »
« Et moi, pour Camelot. J'avertirai quand je l'aurai retrouvé. Aurore, assure-toi que ton cheval est en mesure d'entreprendre ce voyage. Si ce n'est pas le cas, demande à ce qu'on te prépare une monture. », fit Arthur avant de s'adresser aux chevaliers. « Préparez les chevaux. »
Royaume de Camelot, cité, château, appartements de Gaius, plus tard
« Qui étaient les Seigneurs des dragons ? », voulut savoir Merlin, pendant qu'il préparait ses affaires avec sa sœur. « Gaius ? »
« Il y avait autrefois des hommes qui savaient parler aux dragons et les dompter. »
« Que sont-ils devenus ? »
« Uther a pensé que l'art des Seigneurs des dragons était trop de proche de la magie, alors il les a tous rassemblé, et il les a massacré. », répondit Gaius.
« Mais l'un d'entre eux a survécu. Comment vous le saviez ? »
« Je l'ai aidé à s'échapper. »
« Gaius ! », s'étonna Merlin.
« Balinor n'est pas seulement un Seigneur des dragons. », annonça Aurore en préparant de nouvelles barres pressées. « Venti m'a dit que c'était l'un de ses descendants. »
« Venti ? », releva Merlin.
« C'est comme ça que Barbatos veut que je l'appelle. Cela fait moins solennel selon lui. Tu as manqué beaucoup de choses, mais je vais te faire un résumé rapide : nous sommes des descendants de Barbatos, sûrement par notre père, nous avons hérité notre magie de lui très probablement, et je détiens ses pouvoirs, et son rôle. Donc je suis une déesse. En raison de notre ascendance et de nos pouvoirs puissants, nous sommes immortels. Après le traité des Cinq Royaumes, je suis partie chercher le Gnosis de Barbatos, qui avait été caché par Kilgharrah. Je suis allée le voir quelques fois par rapport à mes pouvoirs. Une fois le Gnosis en ma possession, Barbatos lui-même a commencé à m'entraîner pour contrôler ma magie. Bref. D'après lui, il reste un Seigneur des dragons, qui est un de ses descendants. C'est forcément Balinor. »
« Merlin, tu n'as jamais entendu le nom de Balinor ? », demanda Gaius.
« Non. »
« Votre mère ne vous en a pas parlé, à tous les deux ? »
« Je vous l'ai dit tout à l'heure : je ne le connais que parce que nous échangions parfois des plantes et des savoirs. Maman n'a jamais parlé de lui. »
« Pourtant, elle l'a hébergée. »
« Elle a osé tenir tête à Uther ? »
« Cela t'étonne Lirou ? C'est probablement d'elle qu'on tient notre esprit de rebelle, toi plus que moi. »
« Elle a été très courageuse. », commenta le magicien.
« Oui. Quand Uther a découvert où Balinor se cachait, il a envoyé des chevaliers à Ealdor pour le débusquer, ce qui l'a obligé à fuir. »
« Pourquoi Maman ne nous a jamais rien dit ? », s'interrogea Aurore. « A moins que... »
Gaius hocha la tête, voyant que la barde venait de faire le lien.
« Quoi ? », s'inquiéta Merlin.
« Merlin, Aurore, je lui ai promis de ne jamais parler de ces choses. J'ai toujours traité Merlin comme mon fils et, quand je t'ai rencontré Aurore, je t'ai traité de la même manière, mais ce n'est pas ce que vous êtes. L'homme que vous allez chercher est votre père. »
« Notre père ? », balbutia Merlin, plus sonné que s'il s'était pris un bloc de pierre sur la tête. « Rory, tu savais ? »
« Je viens de comprendre. Cela m'a juste semblé logique. »
« Il était Seigneur des dragons ? Pourquoi est-ce-que personne ne nous en a parlé ! »
« Je voulais le faire, mais votre mère craignait que ça ne soit trop dangereux. »
« Je ne peux pas lui donner tort. On aurait été en danger dès notre venue en ce monde. »
« Mais on avait le droit de savoir ! », s'énerva Merlin.
« Elle voulait vous protéger. », dit doucement Gaius.
« Non ! On avait le droit de savoir. »
Aurore vint faire un câlin à son aîné, qui se calma légèrement.
« Cela fait beaucoup de choses à encaisser, entre Balinor et notre lien avec Barbatos. Respire, d'accord ? »
« ... merci Rory. »
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