Chapitre 15 : Destin et envoûtement
Royaume de Camelot, cité, château, appartements du Roi Alined, après le banquet
Une fois dans la sécurité de la chambre d'Alined, Trickler commença à préparer un sortilège avec la mèche de cheveux de Vivianne. Celui-ci avait fait infuser une potion sur une bougie.
« Sbadayè oce on anoarcte dosièlf sonyè awactnès içi if one solda bienté otsonéh sélamènes. », incanta le bouffon en agitant la mèche au-dessus de la potion.
« Dormez bien Prince Arthur. Quand vous vous éveillerez, puissiez-vous n'avoir de pensées que pour Vivianne. », murmura Alined avec un rictus mauvais.
Une fois la potion prête, Trickler alla se glisser dans la chambre d'Arthur et fit tomber une goutte de la potion sur les yeux de ce dernier, avant de placer la mèche de Vivanne sous son oreiller.
« Éwesti néwact. Faites de bons songes. »
Royaume de Camelot, cité, château, appartements d'Arthur, le lendemain matin
Arthur observait amoureusement Vivianne depuis sa fenêtre, alors qu'elle rentrait de balade et criait après un serviteur. Il était déjà habillé, chose surprenante car c'était toujours Merlin qui l'habillait.
« Bonjour Sire ! », le salua Merlin en entrant.
« Tu ne crois pas si bien dire Merlin ! C'est le jour le plus ensoleillé ! Le plus parfumé ! Le jour le plus beau ! Le jour le meilleur que j'ai jamais vu de toute ma vie ! »
« On dirait que vous avez trop bu hier soir. », rigola le magicien. « C'est le vin des mille vents qui vous a retourné la tête ? »
« Non, mais ma Dame, oui. »
Merlin haussa un sourcil puis décida de laisser tomber. Moins il se mêlait de la relation entre Arthur et Guenièvre et mieux il se portait.
« Vous êtes déjà habillé ? », remarqua-t-il plutôt.
« Je suis le futur Roi de Camelot, j'ai quelques talents figure-toi. », répondit Arthur avec un léger dédain.
« En effet, vous avez un grand talent ! Pour faire faire les choses par les autres à votre place. », marmonna Merlin.
« Fais ton travail Merlin ! Mais aujourd'hui, mon travail... est de faire la cour ! »
« De... quoi ? », balbutia le magicien, sonné d'une annonce si soudaine.
« De faire la cour ! J'ai envie de faire une grande déclaration d'amour ! »
« C'est vrai ? Vous ne vouliez pas gardez vos sentiments secrets ? », s'étonna le frère d'Aurore, pensant qu'il parlait de Gwen.
« Pourquoi ferais-je cela ?
« Bah... euh... »
« A la fin de cette journée, j'aurai gagné le cœur de ma Dame ! »
« D'accord... et qu'est-ce-que vous allez dire à votre père ? »
« Oh ! Mon père n'a pas d'importance ! »
« ... c'est une façon de voir les choses. »
« Alors oui ! J'ai besoin de ton aide pour... exprimer mes... sentiments ! », fit Arthur avec enthousiasme, s'interrompant par moment pour chercher ses mots.
« Bien sûr ! », lui répondit Merlin, avec le sourire le plus sincère qu'il pouvait faire.
« Oui ! »
« Quoi ? »
« Eh bien, comment j'exprime mes sentiments ? »
« Ah ! Je vois... euh... », dit le magicien, réfléchissant à toute vitesse. « ... les sentiments ? »
« Les sentiments ! »
« Les filles ? », tenta Merlin.
« Les filles ! »
« Des fleurs ! », affirma le magicien comme si c'était une évidence.
Merlin se retint de grimacer. Il n'y avait pas que les filles qui aimaient recevoir des fleurs, lui-même aimerait bien en recevoir du blond.
« Excellent ! Trouve-moi des fleurs ! Peut-être que tu dois envoyer aussi une note ! »
« Bonne idée, oui ! »
« Quelque chose... d'émouvant ! Quelque chose qui vient du cœur ! Quelque chose de... oh, tu trouveras bien quelque chose ! »
« A croire que c'est moi qui cherche à courtiser quelqu'un... », songea avec dépit Merlin. « Vous savez, c'est Rory la poète de la famille, pas moi. »
« Tu n'as qu'à lui demander de l'aide ! »
Royaume de Camelot, cité, château, appartements de Gaius
« Non. »
« Non ? »
« Non. », confirma Aurore, sans lever les yeux des parchemins qu'elle devait faire pour les Rois.
« C'est parce que j'aime Arthur ? »
« Cela n'a rien à voir Lirou. »
Merlin haussa un sourcil, amenant sa cadette à se tourner vers lui.
« Quelqu'un a usé de magie sur Arthur cette nuit, et je refuse de participer à une quelconque affaire l'impliquant tant que je ne saurai pas ce qu'il en retourne. Il ne t'a pas semblé bizarre ? »
« Juste un peu plus jovial que d'habitude, et soudainement plus actif dans sa relation avec Gwen. J'imagine que le vin des mille vents lui a donné la claque dont il avait besoin. Après tout, les Mondstadtois disent bien qu'un verre d'un bon vin vaut plus qu'une illumination divine, non ? »
« Ce n'est qu'un adage grand frère, et les adages changent voire même se contredisent d'une région à une autre. »
« Rien ne prouve qu'Arthur a été ensorcelé. »
« Parce que je n'ai pas encore entamé les recherches. Pour le moment, je suis ici en tant que barde invitée par Uther, pas en tant que sœur cadette du valet d'Arthur. Cela ne va pas être simple de fouiner dans le château... mais tu dois avoir raison. Après tout, tu t'y connais bien plus que moi en magie, j'imagine que tu l'aurais remarqué s'il avait été ensorcelé. »
« ... en effet. »
« Reste prudent, tout de même. »
« Promis. », fit Merlin avant de s'éloigner.
« Lirou ? »
« Oui ? »
« Gwen et toi avez à peu près la même barrière vis-à-vis d'Arthur : vous n'êtes que des serviteurs. Sauf que toi, tu es un homme en plus. »
Merlin hocha la tête puis quitta. Sa sœur le regarda partir, inquiète. Elle aurait aimé que ses pouvoirs puissent apporter à son frère des certitudes en ce qui concernait la magie. Mais si Kilgharrah avait raison à propos de son ascendance et de la nature de ses dons, alors le seul moyen pour que Merlin lui fasse confiance en ce qui concernait la magie, c'était encore d'apprendre à faire plus que des tours que son frère savait faire depuis de nombreuses années...
Royaume de Camelot, cité, château, grotte de Kilgharrah
« Bonjour jeune déesse. »
« Bonjour Kilgarrah. »
« Pourquoi viens-tu aujourd'hui ? »
« Quel est mon destin au juste ? »
« Tu t'es donc décidée à marcher vers ton destin. »
« Pour être honnête, je n'en ai aucune idée. Mais personne ne peut y échapper, alors je préfère savoir ce qu'il en est. »
Le dragon hocha la tête et s'étira les ailes.
« Tu sais déjà que tu descends de Barbatos et que tu détiens ses pouvoirs. Mais tu ne sais pas que, en raison de cette magie divine, ton destin est bien plus flou que celui de Merlin. »
« C'est-à-dire ? »
« Les prophéties révèlent simplement que tu es destinée à apporter la Liberté de tous et de toutes dans le Royaume d'Albion. Elles ne révèlent en rien la manière dont tu y parviendras, si tu y parviens. »
« C'est normal. Si je dois apporter la Liberté aux autres, il est juste que je détienne la Liberté de décider du chemin que je souhaite prendre pour cela. »
« En effet. », convint Kilgharrah.
« ... j'ai le droit de lier mon destin à celui de mon frère ? »
« Tu l'as dit toi-même jeune déesse : tu détiens la Liberté de décider du chemin à emprunter. Tu peux prendre autant de détours que tu le juges nécessaire, ou utiliser le moyen le plus rapide. »
« Genre attaquer tous les Royaumes d'Albion pour prendre leur couronne par un coup d'État et les unir sous la même bannière ? J'appelle pas ça apporter la Liberté. »
« Je me doute, jeune déesse. »
« Au fait, pourquoi vous m'appelez ainsi ? Je ne suis pas une déesse. »
« Toute personne détenant les pouvoirs d'un dieu est un dieu. De plus, Barbatos est mort il y a déjà longtemps, de même que les Quatre Vents. Si tu détiens les pouvoirs de Barbatos, c'est que tu es devenue le nouveau dieu des vents. »
« Je croyais que les dieux étaient immortels. »
« Ils le sont, sauf qu'un autre dieu ou une épée forgée dans le souffle d'un dragon peut les tuer. Toutefois, sache que ton destin n'est pas lié à celui de Mondstadt. Il y a déjà une nouvelle génération de protecteurs qui veille sur la nation, et ses habitants ne vénèrent pas une personne, mais ses valeurs. Tu n'es pas Barbatos, mais tu incarnes ses valeurs. »
Aurore hocha doucement la tête, Merlin n'ayant cessé de lui répéter durant leur enfance qu'elle aurait pu être Barbatos tant elle lui ressemblait mentalement.
« Autre chose qui pourrait t'être utile : j'imagine que cela te semble évident, mais tu es également immortelle. Tu continueras à grandir mais, une fois que tu auras une pleine maîtrise de tes pouvoirs, tu seras en mesure de stopper la croissance de ton corps à l'âge que tu souhaites. Dans une moindre mesure, Merlin aussi est immortel, car il est l'humain le plus puissant qu'il n'ait jamais existé, mais le temps lui laissera irrémédiablement des traces, à ton inverse. Tout comme toi, et comme Barbatos avant, seuls un dieu ou une épée forgée dans le souffle d'un dragon peut le tuer. »
« Cela ne changera jamais rien au fait que je me ferai toujours un sang d'ancre pour lui... »
Le dragon eut un léger rire.
« En effet, mais je suis certain qu'il te rendra la pareille, au moment où tu en auras le plus besoin ! »
« Ah, cela ne me dérange pas de veiller sur lui ! », sourit Aurore. « J'ai toujours fait ça, je serai continuellement stressée si je ne le faisais plus. C'est devenu instinctif. »
« Et c'est ce qui lui a permis de rester ce jeune magicien au cœur pur qui fera d'Arthur un grand Roi. »
« Vous devez avoir raison. Merci d'avoir partagé votre savoir avec moi, Kilgharrah. »
« Tu ne comptes pas apprendre à maîtriser tes pouvoirs ? », fit-il en la voyant s'éloigner.
« Ne suffit-il pas que je connaisse mon destin ? »
« Bien sûr que non jeune déesse ! La connaissance n'apporte pas nécessairement la maîtrise, particulièrement en ce qui concerne ta magie. Elle ne provient pas du monde mortel, mais du monde des esprits, où vivent les dieux. Tu peux l'invoquer pour des sorts de base, mais tu ne peux invoquer davantage de puissance sans que cette magie divine ne prenne le dessus sur toi. C'est d'ailleurs pour cela que tu n'arrives pas à invoquer davantage de puissance, la magie est liée à l'esprit, et ton esprit a bloqué la capacité consciente que tu avais d'invoquer cette puissance magique. »
« Donc, techniquement, je sais invoquer davantage de pouvoir mais j'ai bloqué cette capacité sans le savoir, ce qui fait que je ne le fais que de manière inconsciente, quand mon frère ou les gens qu'ils aiment sont en grand danger ? »
« Tout à fait. Mais n'as-tu pas remarqué que ta magie ne s'activait plus contre ta volonté, depuis que Merlin est arrivé à Camelot ? »
« Si, je l'avais remarqué, mais je n'avais jamais vraiment su comment ma magie fonctionne. Ceci dit, mon frère ne s'est jamais mis plus en danger qu'avant de devenir le valet d'Arthur, n'est-ce-pas ? »
« En effet. »
« Alors pourquoi ma magie ne s'est pas activé pour autant ? »
« Tout simplement parce que ton pouvoir n'a pas autant de portée. Tu as une profonde connexion avec le vent, mais plus tu es éloignée d'un lieu et plus les informations que le vent te transmet et qui viennent de là-bas mettent du temps à te parvenir. Si ton pouvoir avait une portée suffisante, le vent te transmettrait ces informations immédiatement. Ta magie n'a pas d'ancre en ce monde, elle ne peut y demeurer à sa puissance maximale qu'un certain temps, elle n'a donc actuellement qu'une portée correspondante à la puissance que tu es capable d'invoquer. »
« Pas grand-chose, donc. »
« Pas grand-chose. », confirma le dragon.
« Savez-vous comment ancrer mon pouvoir dans le monde mortel ? »
« Il te faudra ce que chaque dieu agissant en ce monde se doit de détenir : un Gnosis. En ce qui te concerne, il te faudra celui de Barbatos. Il servira de pont entre les mondes et te permettra d'invoquer et d'exploiter ta magie à sa pleine puissance. Toutefois, il te faudra de l'entraînement car ton corps et ton esprit ne peuvent encaisser qu'un nombre très limité de sorts à ta pleine puissance, pour le moment. Tu en auras la maîtrise aussitôt le Gnosis en ta possession, mais tu devrais t'entraîner pour devenir assez endurante pour pouvoir l'utiliser à volonté. »
« Un Gnosis... je ne me souviens de rien de tel dans tous les récits sur Barbatos que je connaisse. »
« Un tel secret est généralement très bien gardé. Je ne suis même pas censé être au courant, pour tout te dire. Si je le sais, c'est parce que l'esprit de Barbatos m'a chargé de mettre en sécurité le sien et de le cacher, jusqu'à ce que celui ou celle de ses descendants qui hériterait de ses pouvoirs puisse l'avoir. »
« Puis-je vous savoir où il se trouve ? »
« Je peux te l'indiquer, mais des centaines d'années ont passé depuis. Il se peut que les lieux ne ressemblent plus à ce que je connais, et il est même possible qu'il ait été déplacé, que ce soit par volonté humaine ou hasard naturel. »
« C'est toujours mieux que rien. J'ai l'habitude de voyager et de chercher des choses. Si jamais le Gnosis ne se trouve pas à l'endroit où vous l'avez caché, je devrai pouvoir le retrouver. »
Le dragon hocha la tête puis inspira profondément avant de souffler sur Aurore. La magie mise dans le souffle pénétra dans l'esprit d'Aurore et y marqua l'image du Gnosis, du lieu où il était caché ainsi que ses propres souvenirs de l'époque où il l'avait caché.
« Fais bon usage de ces indications, jeune déesse. Sitôt que tu as récupéré le Gnosis, reviens me voir, et je te dirais ce que je sais sur les capacités de la magie du dieu des vents. »
« Kilgharrah, pourquoi m'aidez-vous ? Il me semble que vous n'avez aucun intérêt là-dedans. »
« C'est le cas mais, vois-tu, les dieux sont la seule espèce supérieure aux dragons. Et tu es une déesse, bien que seulement un embryon pour l'instant. Mais tu es d'une grande sagesse, et c'est en cela que je te respecte spécifiquement. Entres créatures sages, on s'entraide. »
« Donc... je suis en quelque sorte votre égal tandis que mon frère est votre apprenti ? »
« Tu restes mon apprentie aussi, mais Merlin est bien sot. Il croit toujours bien faire, mais généralement cela se retourne contre lui. »
« Il réfléchit avec son cœur, je n'appelle pas ça être sot. Je réfléchis avec ma tête, nous sommes complémentaires, sur tous les points. Plus sérieusement, pourquoi vous m'aidez ? »
« J'ai promis à Barbatos d'aider et de guider son successeur jusqu'à ce qu'il puisse voler de ses propres ailes. Mais c'est aussi parce que j'éprouve un grand respect à ton égard, jeune déesse. Je me dois d'encourager une telle sagesse. »
Aurore lui sourit, reconnaissante, puis s'inclina avec respect. En réponse, Kilgarrah pencha légèrement la tête en signe d'un respect mutuel. Puis, sans un mot, Aurore mit fin à leur entrevue en quittant.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top