Pathos Originem Part.4
Le lendemain, Naomi fut réveillée en sursaut par le fracas d'une chute. Après avoir frotté le sommeil hors de ses yeux, elle trouva A-kun par terre, manifestement choqué de la voir.
- Qu'est-ce que tu fais là ?! s'insurgea t-il.
Honteuse, Naomi tripotait nerveusement la pointe de ses cheveux.
- Désolée...
- Ne...
Soudain en proie à une gêne considérable, il attrapa l'oreiller qu'il avait fait tomber et s'empressa de le placer devant son bassin.
- Ne refais plus jamais ça ! C'est mal... Dormir avec un homme... à ton âge... En plus te glisser dans son lit à son insu. Tu ne peux pas te...
- Je... J'ai fais un cauchemar... J'ai essayé de vous réveiller mais rien à faire. J'avais trop peur pour retourner seule au salon alors...
A-kun lança un regard à la bouteille de saké vide posée sur sa table de nuit, et soupira.
- Tu as de la chance d'être tombé sur moi...
- Dès que je m'assoupissais, il était là, dans la ruelle. À chaque fois... Il recommençait...
Une fois de plus les larmes de la jeune fille eurent raison de la volonté de son hôte.
- Mou ii... Sois plus prudente à l'avenir, une femme ne peut pas se permettre de se comporter comme ça.
- Etre une femme c'est nul, j'aurais voulu ne jamais en être une...
A-kun esquissa un geste de réconfort qu'il eut grand peine à contenir, à la place il attrapa ses vêtements et l'appareil photo.
- Bon je te laisse te préparer, dit-il avant de quitter la pièce.
Un long moment après, Naomi le rejoignit à la cuisine. Lorsqu'il l'a vit entrer, Akito glissa la carte mémoire de l'appareil photo dans sa poche. La peau des bras et le cou de la jeune fille étaient rouges vifs. Elle put voir dans le regard attristé que lui lança son hôte, qu'il avait compris ce qu'elle avait fait.
- Daïjoubu J'ai juste frotté un peu trop fort, ça va passer. Qu'est-ce que vous faites ?
- Je cherche une solution pour réussir à te ramener chez toi. Placarder des affiches comme pour un chat errant me ne paraît pas être une si bonne idée en fin de compte. Elles pourraient attirer des gens mal intentionnés.
- Vous avez trouvé une autre idée ?
- Malheureusement pas encore.
- On peut chercher ensemble.
A-kun acquiesça et après une longue réflexion silencieuse, il sembla s'illuminer.
- Ta famille est très certainement à ta recherche. La police a dû être alertée. [...]
Le coeur de Naomi s'emballa, si bien qu'elle cessa d'écouter ce qu'il disait. Peut être que personne ne la cherchait ? Peut être n'avait-elle pas de famille ? Après tout, pourquoi se trouvait-elle dehors seule en pleine nuit ? Peut être que sa famille s'était débarrassée d'elle ? Et si sa vie avant son amnésie se révélait pire que ce qu'elle vivait maintenant ? Elle se surprit à s'imaginer rester vivre chez cet homme. Lui pouvait la protéger, il ne lui ferait jamais de mal. Il l'avait déjà prouvé.
- [...] Je pourrai te suivre discrètement de loin pour être sur que tout se passe bien et lorsque quelqu'un te reconnaitra tu pourras rentrer chez toi.
Lui aussi veut se débarrasser de moi ?
- Pour ça, il faudrait aller t'acheter des vêtements plus adaptés.
Naomi s'enlaça, serrant contre elle le tissu de la chemise qu'elle portait, comme si elle avait peur qu'on la lui retire.
- Non... Je préfèrerai rester habillée comme ça. Je me sens bien dans ces vêtements...
Le jeune homme la regarda, interdit.
- Désolée, je suis un fardeau... Vous devez avoir hâte de vous débarrasser de moi.
- Quoi ? Non pas du tout ! Ne dis pas ça ! Tu es adorable mais au vue de la situation... Je... Et en plus, je suis certains que quelqu'un est mort d'inquiétude pour toi en ce moment même.
- Et si ce n'est pas le cas ?
- On trouvera une solution ensemble. Ne t'en fais pas, je ne t'abandonnerai pas.
Le regard de Naomi s'illumina et elle offrit à son hôte un sourire sincère et rempli d'espoir.
Ce spectacle éphémère donna aux joues de A-kun une teinte rosée. Naomi remarqua que la façon dont il l'a regardait avait changé, passant d'une empathie profonde à quelque chose de plus chaleureux. Alors, qu'il se penchait vers elle, elle ferma les yeux l'espace d'un instant et sentit la main rassurante du jeune homme passer dans ses cheveux. Elle s'avança vers lui, le coeur au bord de ses lèvres tendues.
- Qu'est-ce que je suis entrains de faire...
Lâcha-t-il manifestement dégoûté par ses propres pensées. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il s'était éloigné et feignait de s'affairer.
Soudain, un bruit de crissements de pneus retentirent dehors. A-kun sembla comprendre instantanément ce qu'il se passait et se rua au salon, suivit de Naomi. Il attrapa la barrette de cette dernière qui traînait sur la table du salon et la glissa dans sa poche juste à temps avant que la porte d'entrée ne s'ouvre à la volée. Dans l'encadrement de la porte se tenait une femme mûre, sa posture et son tailleur lui donnait des airs de femme d'affaire, les rayons du soleil qui l'enveloppaient, renforçaient sa prestance. Sans un mot, elle entra dans le salon, et après avoir retiré ses lunettes de soleil, balaya la pièce du regard tandis un des trois hommes en costumes qui l'accompagnaient, la délestait de ses effets. Naomi, cachée dans l'angle du mur épiait la scène, le souffle coupé.
A-kun, visiblement sur la défensive, mit quelques secondes avant de finalement s'incliner à l'équerre.
- Mère... N'étiez-vous pas à Kyoto ?
- Tu ne changeras donc jamais. Tu as toujours ce goût immodéré pour les ennuis et les vieux bibelots inutiles. Railla-t-elle en touchant négligemment la tête de la statuette de son défunt mari. A-kun serra les dents.
- Que me vaut cette visite ?
- Je suis là pour t'apporter mon aide, qu'elle question...
- Je vous remercie pour votre sollicitude mais tout est sous contrôle. Je suis vraiment navré que vous ayez fait tout ce chemin pour....
La femme d'affaire regarda le cadran de la montre qui ornait son délicat poignet.
- Où est l'enfant ? Je n'ai pas de temps à perdre, répondit-elle d'un ton las.
- Mère, elle n'a aucun souvenir des événements, elle ne sait même plus qui elle est ! répondit- A-kun d'une voix presque suppliante.
Posant les yeux sur Naomi qui tentait de se glisser discrètement dans la cuisine, elle se fendit d'un sourire :
- La voilà... Venez par ici mon enfant.
Naomi s'approcha et la salua humblement.
- M...madame !
Madame N. lui adressa un signe de main dédaigneux signifiant "assez" et se tourna à nouveau vers son fils.
- Ton frère a tenu des accusations peu flatteuses à ton sujet. Mais bien sûr rien de tout cela n'est jamais arrivé, n'est-ce pas ?
- Mère je....
La tension dans la voix de N.A. était palpable.
- Asseyez-vous mademoiselle, ordonna-t-elle en montrant le canapé à la jeune fille, déposant une boîte de mochi sur la table basse du salon avant de s'asseoir sur le fauteuil en face du canapé.
- Servez-vous, dit-elle en offrant un mochi à Naomi. Du thé serait parfait pour accompagner, ajouta-t-elle à l'attention de son fils. Naomi tendit une main hésitante vers la boite et attrapa un gâteau. Avant qu'elle n'ait pu l'amener jusqu'à sa bouche la main de A-kun attrapa Naomi par le poignet et l'entraîna jusqu'à la cuisine, envoyant le gâteau rouler au sol.
- Viens m'aider, avait-il dit, la voix éraillée par l'appréhension.
Naomi n'aurait jamais pensé que cet homme puisse arborer de telles expressions d'anxiété, d'affolement, de terreur même. Lui qui lui semblait si solide, lui qui lui apparaissait comme son seul et unique repère, le voir vaciller ainsi lui fit perdre un instant l'équilibre.
Une fois à la cuisine Naomi demanda des explications :
- Mais enfin qu'est-ce qu'il vous prend ?
- Surtout ne mange et ne bois rien venant d'elle. J'ai un très mauvais pressentiment. Fais très attention et reste prêt de moi.
Naomi ne parvenait pas à comprendre pourquoi Madame N. rendait son fils aussi nerveux.
A leurs retour, un silence de plomb régnait dans la pièce. A-kun déposa le plateau sur la table basse. Naomi servit le thé pour eux trois, alors que, son hôte observait les moindres faits et gestes de ceux qui semblaient désormais être leurs geôliers.
Les gardes du corps restaient tous immobiles, les bras croisés devant eux. Leurs lunettes cachant leurs yeux, ils avaient presque l'air de statues de cires. Madame N. fixait la blonde en tripotant sa bague, l'air pensif. Croisant le regard du jeune homme, l'un des gardes qui se trouvait vers l'entrée, fit soudainement un pas en arrière et renversa la précieuse statuette, qui tomba au sol dans un fracas assourdissant. Le sang de N.A. ne fit qu'un tour et il se jeta sur le maladroit. Naomi paniquée tenta de s'interposer afin de le ramener à la raison. Tout en faisant tourner sa cuillère dans sa tasse, la femme d'affaire mit fin à cette cacophonie d'un claquement de doigt.
- Ce truc est en bronze. Même s'il tombait de cinq étages, il serait indemne. Maintenant arrête tes enfantillages avant de le regretter.
A-kun déglutissant avec difficulté, fut parcouru d'un frisson et s'exécuta immédiatement après avoir remis soigneusement en place la statuette de son père. Tel deux enfants venant de recevoir un sermon, ils prirent place sur le canapé, l'un à côté de l'autre sous le regard agacé de madame N. Elle prit une longue inspiration au dessus de sa tasse et se fendit d'un sourire avant de prendre une gorgée de thé. Anxieux, Naomi et N.A. l'imitèrent.
De ses longs doigts fins, madame N. saisit un mochi qu'elle croqua délicatement. Elle déposa le reste du gâteau à côté de sa tasse. La marque de ses dents l'avait transformé en un croissant de lune argenté. Akito reposa sa tasse à moitié bu sur la table basse et se racla la gorge avant de demander à sa mère ce qu'elle avait l'intention de faire. Un sourire glacial se dessina sur le visage de la matriarche.
Naomi, soudain prise d'un vertige, lâcha sa tasse qui se brisa au sol. Elle regarda le jeune homme d'un air interrogateur, agrippant sa chemise avant de s'effondrer. A-kun eu tout juste le temps de la retenir pour ne pas qu'elle tombe sur les éclats de porcelaine éparpillés au sol.
Alors que sa vue commençait également à se brouiller, il réalisa ce qu'il venait de se passer. Tenant la bonde dans ses bras, désespéré, il regarda la femme qui lui avait donné la vie d'un air suppliant.
- Non ! Mère !
Un sourire triomphant aux lèvres, celle-ci referma sa bague dans un petit cliquetis. Il était trop tard.
- Tu as encore beaucoup à apprendre, déclara-t-elle en se levant. Cela vaut mieux pour tout le monde.
Un nouveau claquement de doigt et les garde du corps se jetèrent sur eux. Sur le point de perdre conscience, il serra contre lui, la blonde qui voyait la pièce et le visage désespéré de N.A. tourner au-dessus d'elle. Elle déposa délicatement sa main sur la joue de cet homme qui, depuis leur rencontre, avait fait tout son possible pour la défendre.
- Je te promet de te retrouver ! Ne m'oubli pas !
Elle acquiesça faiblement, un sourire à la foi triste et plein d'espoir se dessina brièvement sur son visage, utilisant tout la force de sa volonté, elle déposa un frêle baiser sur les lèvres de l'homme.
- Non, non non non non... Ouvre les yeux. Reste avec moi !
Elle ne voulait pas partir, non elle voulait rester à ses côtés. Sous le regard amusé de sa mère, A-kun tentait désespérément de maintenir la jeune fille éveillée en la secouant, mais Naomi était molle comme une poupée de chiffon. Alors que ses yeux se fermaient sur l'expression horrifiée de A-kun qui semblait réaliser quelque chose.
- Je m'appelle Akito Na ...
La dernière chose qu'elle pu percevoir avant que sa conscience ne sombre, fut le bras levé d'un des gardes du corps, brandissant la statuette en bronze et l'abattant sur le crâne de son sauveur.
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