Nymphose
Une fois l'entretien d'embauche terminé, Naomi ressortit du bâtiment la mine défaite par un nouvel échec. Elle s'installa dans la voiture et soupira de dépit.
- Ne t'en fais pas, tu fera mieux la prochaine fois.
- Hmm...
Akito démarra, et Naomi laissa son regard boudeur vagabonder par la fenêtre de la voiture. Enfin, ils arrivèrent devant le bar préféré d'Akito.
- Un bar ? tu m'avais dit qu'on allait voir ton ami ?
- C'est ça, mais à cette heure ci, il travaille.
Naomi lu l'enseigne du bar décorée élégamment, le nom était écrit de manière sobre mais chic, ce qui donnait un cachet authentique à ce bar moderne.
- Kakuteru No Pedro.... Akito... Je n'ai pas vraiment envie d'aller dans ce genre d'endroit... Ce n'est pas vraiment mon truc.
- C'est notre première sortie ensemble, essais de te détendre.
- Et si quelqu'un de l'université nous voyait ici ?
Akito prit une veste à capuche qui trainait sur la banquette arrière de la voiture et l'a tendit à la jeune fille.
- Tiens... met ça. Pedro nous trouvera un coin calme...
Naomi enfila la veste avant de descendre de la voiture. Akito qui commençait à perdre patiente lui prit la main et l'entraîna à l'intérieur. Malgré l'heure, le bar était déjà bondé, des serveuses dans leurs costumes de maid arpentaient la salle de long en large pour servir les clients en les appelant master. La musique douce et discrète ainsi que l'ambiance feutrée du bar contrastait totalement avec la personnalité du propriétaire qui accueillit son ami chaleureusement dès son arrivée.
Naomi se cachait derrière le professeur, dissimulée sous sa capuche et les manches trop longues de la veste. Akito salua Pedro à son tour et ce dernier les conduisit dans un salon privé. Ce n'est que lorsqu'il referma la porte derrière eux qu'il aperçut un petit être essayant de dissimuler sa présence derrière le dos de son ami de toujours.
- Tu m'avais caché l'existence d'un nouveau petit frère ?
Akito se racla la gorge bruyamment d'un air désappointé.
- Je te présente Naomi ! lança-t-il fièrement en la faisant passer devant lui, la tenant par les épaules et lui retira sa capuche.
- Bonjour... souffla Naomi timidement.
- Enchanté ! s'écria Pedro les yeux écarquillés. Il tourna autour d'elle pour l'examiner, attrapa une mèche de ses cheveux qu'il fit glisser dans ses doigts d'un air pensif. il se penchait pour la regarder dans les yeux.
- Je crois que tu as finalement atteint ton but mon vieux, lui lança il en aparté.
- Je te l'avais bien dit... répliqua Akito entre ses dents, visiblement irrité par le manque de discrétion et de tact du barman.
- En tout cas si ce n'est pas elle. Elle lui ressemble beaucoup !
Naomi les regardait stupéfaite, ne comprenant pas un traître mot de ce qu'ils pouvait bien raconter.
- Atteint son but ? Ressembler ? répéta-elle, perplexe.
En guise de réponse Pedro galamment l'invita à s'asseoir.
- Que voulez-vous boire mademoiselle ?
- ... Un thé ?
Répondit timidement Naomi, se sachant pas vraiment ce qu'il était d'usage de boire dans ce genre de situation. La réponse fit s'esclaffer le gérant. Il lui tendit une carte interminable. Sous le coup du stress, elle pointa une boisson sans alcool au hasard.
- Très bon choix, Un virgin cuba libre. C'est partit !
- Merci beaucoup.
Akito se pencha sur Naomi pour lui souffler :
- C'est un nom très pompeux pour un simple coca.
- Ah ?
- Pour moi un Whisky sans glaçon s'il te plait Pedro.
- A vous deux vous avez un cocktail entier, fit remarquer Pedro en les servant. Alors comme ça c'est vous cette mystérieuse jeune fille dont il n'arrêtait pas de me parler. Haha, vous l'auriez vu l'autre soir. Je l'avais jamais vu dans cet état.
Naomi était écarlate et ne savait plus où se mettre. Il ajouta alors dans une mauvaise imitation de la voix d'un Akito dépressif :
- "Tu te rends pas compte Pedro... Qu'est ce que je vais devenir si jamais elle ne veut pas de moi ?"
Akito lui coupa la parole en bouillonnant. Il commençait à regretter d'avoir amené Naomi ici.
- Arrête de dire n'importe quoi...
Il se tourna vers Naomi en riant nerveusement.
- L'écoute surtout pas. Il essaie de me faire honte.
Après quelques verres Akito débattait très sérieusement de choses et d'autres avec Pedro qui commençait lui aussi à être un peu éméché. Akito remarqua alors que Naomi paraissait ailleurs, elle n'avait pas encore touché à son premier verre, avait l'air abattue et ne les écoutait pas vraiment.
- Naomi ? Tout va bien ?
Comme sortit de sa rêverie, elle répondit d'une voix faible.
- C'est juste que la journée d'aujourd'hui à été quelques peu... difficile. Entre cet entretien qui a finit comme tout les autres et les gens de mon cour d'expression oral qui passent leurs temps à se moquer de moi. Je suis démoralisée. Répondit une Naomi qui n'avait presque rien dit de la soirée. Elle bu son verre d'une traite, soudainement assoiffée par le stress d'avoir prit la parole.
- Ce coca à un drôle de goût.... fit Naomi alors que Pedro lui servait déjà un autre verre, adressant un clin d'oeil furtif à Akito.
- Un entretien ? demanda-t-il ensuite, curieux.
- Elle a beau essayer, personne ne veut l'embaucher, expliqua le professeur en passant un bras protecteur autour de ses épaules.
- Avec ce joli minoi elle devrait pas avoir de soucis pourtant, répondit le barman en l'analysant.
- Apparemment personne n'a besoin de quelqu'un pour seulement quelques heures par jours. Surtout de quelqu'un comme moi...
- Non c'est pas ça. Le problème c'est ses vêtements, dès qu'elle sort elle se déguise en garçon.
- Je me sens mieux comme ça... se justifia Naomi.
- Naomi tu devrais essayer de t'habiller comme une femme. Et là tu verrai que tout le monde voudrait t'engager, même pour quelques minutes... Tu pourrai même être mannequin.
- Ah non c'est hors de question ! protesta Akito en imaginant déjà l'angoisse quotidienne qu'il ressentirait si c'était le cas.
- J'en connais une qui sait se mettre en valeur tu devrais lui demander conseil. Hein Akito ?
- Pedro...
Le regard d'Akito se fit tellement menaçant qu'en l'espace d'un instant Pedro sembla dé-saouler... Il recula d'un pas, conscient que son ami commençait à perdre patience quant à ses allusions vaseuses.
- Ah ah je plaisantais...
- De qui il parle ?
- De personne. N'écoute pas ce crétin.
Au fil de la soirée Naomi semblait se détendre. Ses joues étaient rosées témoignant du fait qu'elle commençait à avoir un peu chaud. Elle finit par se laisser convaincre d'essayer de porter des vêtements plus féminins du moins pour ses entretiens d'embauches. Ce ne fut pas une mince affaire, mis à part le père de Saki, Akito était le seul homme à l'avoir vu porter une jupe depuis des années.
Pedro qui se félicitait ne n'avoir pas servi que des "Virgin" Cuba libre à Naomi, lui fit essayer un uniforme de maid. Ils la contemplaient en acquiesçant de la tête. Aktio paraissait la redécouvrir, et la dévorait du regard, complètement sous le charme. Naomi ne se sentait pas vraiment à l'aise dans cette tenue étriquée qui lui enserrait la taille, la poitrine et exposait ses cuisses à mi hauteur. Elle tirait dessus essayant d'étendre le tissu.
- Mais c'est beaucoup trop court, se plaignit-elle, les joues couleur pivoine en se penchant pour regarder le derrière de sa jupe bouffante qui cachait à peine ses fesses.
- On a déjà vu plus court, fit remarquer Akito
- Bien plus court... ajouta Pedro.
Ils se regardèrent un instant, et hochèrent tous deux la tête en guise d'approbation, ils avaient l'air terriblement sérieux.
- Ça te va très bien. Mais...
Reprit Pedro avant de se lever pour lui arranger les cheveux et ajouter des petits noeuds en tulle aux dessus des oreilles.
- Tu devrais essayer de laisser ta chevelure détachée, une couleur comme celle là, ça ne se voit pas souvent. Il faut t'en servir. Tiens...
Il lui donna un verre d'eau sur un plateau.
- Essais de servir Akito comme une vraie maid.
Elle s'avança vers le professeur le plateau chancelant.
- M...master sama...
Bégaya-t-elle alors que le verre vacillait dangereusement. Par réflexe Akito stabilisa le plateau et l'encouragea d'une voix douce.
- Ne sois pas si nerveuse, ce n'est que moi. Tu peux y arriver.
Lorsqu'elle se pencha pour poser le verre devant lui, et se cogna le tibia dans la table basse et le contenu du verre se renversa sur sa chemise.
- Décidément... Toi et les liquides...
Fit remarquer Akito en secouant ses mains trempées pendant que Naomi se répandait en excuses, se penchant à l'équerre à répétition. Pedro quant à lui se retenait tant bien que mal d'exploser de rire.
Le professeur retira sa chemise et enfila la veste qu'il avait prêté à Naomi un peu plus tôt. Pedro retira le plateau des mains de l'apprenti Maid et remplit un second verre d'eau, puis se dirigea vers son ami d'un pas très efféminé, se pencha lentement sur lui, déposa le verre en face du professeur et lui susurra sensuellement à l'oreille.
- C'est pour vous Mas...ter.
Akito sentit un frisson d'effroi lui remonter l'échine. Aussitôt, il avait fui le regard mielleux de son ami pour celui de Naomi, semblant tout à coup l'appeler à l'aide.
- Je crois que j'ai compris... Intervint Naomi.
Pedro se redressa et lui redonna les plateau. Elle essaya une nouvelle fois, s'approchant lentement, elle déposa la boisson sur la table et de sa voix fluette accompagné d'un sourire innocent :
- Voici votre boisson... Master...
Akito se mit à saigner légèrement du nez. Le frisson était tout autre lorsque Naomi faisait de lui son maître.
- Parfait ! S'exclama Pedro en applaudissant. «Avec cette allure et se comportement. Ce sont les compagnies qui te démarcheront. C'est vraiment dommage que mon bar soit si loin de votre université, sinon je t'aurai engagée sur le champs. Ma clientèle augmenterait j'en suis sur. »
- Vous exagérez...
Le lendemain matin, elle se réveilla dans son lit, seule. Elle portait sa chemise de nuit. Elle se redressa en se tenant la tête. Le soleil du matin l'aveuglait, et son mal de crâne était un supplice. Le professeur se pencha sur elle, lui rendant la vue en obstruant la lumière de jour. Il lui apportait le petit déjeuner au lit. L'air anxieux, il semblait redouter une sentence imminente.
- Que s'est il passé ? demanda elle un peu perdue. Je ne me souviens pas d'être rentrée à la maison...
Akito parut légèrement soulagé pendant un bref instant mais bien vite son regard et les plis de son front indiquèrent une inquiétude, une tension, un malaise encore inavoué. Inavouable.
- Tu ne te souviens vraiment de rien ? demanda-il, crispé.
- A part avoir eu la tête qui tourne lorsque nous nous sommes levés pour partir non... Pourquoi ? En voyant ta tête j'ai l'impression d'avoir fait quelques choses de mal, dit elle en rougissant de honte par avance.
- Raconte-moi. Je suis tombée sur la lune ? Euh dans les pommes... ?
- Les cocktails que Pedro t'a servi hier n'étaient apparemment pas tout à fait "virgin"... Donc forcément tu n'as pas très bien supporté, répondit Akito qui essayait tant bien que mal d'avoir l'air décontracté.
- Tiens bois ça, ça te fera du bien.
Elle bu l'aspirine d'une traite en grimaçant. Il lui retournait déjà l'estomac et lui laissait un goût amer dans la bouche sans pour autant soulager la sensation de soif qu'elle ressentait.
- Tu le savais...? demanda-t-elle, frémissant encore de dégoût.
- Bien sûr que non ! Il va falloir qu'on ai une petite conversation lui et moi...
S'exclama-t-il, feintant la colère avant de reprendre sur un ton plus calme :
- Mais il faut avouer que tu étais beaucoup plus détendu en fin de soirée...
- Je me demande pourquoi il a fait ça... En tout cas... Désolée de t'avoir causé du soucis... Si j'étais plus habituée à l'alcool...
Il l'a coupa en la prenant dans ses bras, tout contre lui.
- Ne t'excuses pas de ne pas boire voyons. Lui dit il en lui caressant tendrement la joue.
- Tiens je t'ai préparé une Omurice pour le petit déjeuner.
Annonça-t-il fièrement, se levant pour attraper le plateau qu'il avait posé non loin du lit. Il la servit d'un air solennel. Le dos droit, le visage sévère, endossant tout à coup le rôle d'un majordome. Seul son regard fuyant trahissait l'anxiété de l'attente du jugement de son œuvre. Naomi regarda le plateau plein de couleur, composé d'un verre de jus d'orange, posé à côté d'un cœur rouge dessiné au ketchup sur une omelette dorée à la perfection et bourrée à craquer de riz, sur un lit de salade croquante. L'odeur pourtant somptueuse, l'a fit grimacer.
- C'est gentil, ça à l'air très bon... Mais je n'ai pas très faim.
- Tu fais toujours ça quand tu es stressée. Sauter des repas n'est pas une bonne chose tu sais...
- Tu parles comme Saki... répondit Naomi d'un air abattu.
- Il faut croire qu'elle n'a pas toujours tort.
- Elle n'a jamais tort.
Naomi marqua une pause, se rendant compte de ce qu'elle venait de dire en croisant le regard attristé d'Akito, elle se hâta d'ajouter :
- Sauf sur un point. Elle se trompe complètement à ton sujet. Merci pour ce petit déjeuner.
Pour montrer sa bonne foi, elle lui planta un baiser sur la joue et attrapa ses baguettes pour commencer à manger. Elle découpa son Omurice en morceau à l'aide de ses baguettes, prit sa cuillère et en mangea quelques uns avec gourmandise.
- C'est vraiment délicieux ! lança-elle d'un ton enjoué faisant semblant d'avoir regagner de l'appétit.
Mais sa feinte ne dura pas longtemps. Très vite, le rythme de ses bouchées ralentit. Elle paraissait à nouveau pensive, portant les morceaux à sa bouche, les mâchant machinalement et fixant le vide avec une intensité obstinée. C'était comme si elle luttait intérieurement, contre elle même. Akito l'observait, accoudé au pied de lit, une main retenant son menton, se demandant quels tourments coupaient l'appétit de sa jolie petite étudiante blonde. Bien sûr il avait plusieurs hypothèses toutes aussi peu réjouissantes les unes que les autres. Il ne posa pas de question, de peur de troubler ses réflexions, de casser la magie du moment. Car, même les traits tirés par la fatigue et les contrariétés, les cheveux en pagaille et la mine défaite, elle restait belle. Tout simplement belle. Peut être ne la voyait-il pas vraiment avec ses yeux, mais avec son coeur. En tout cas à ce moment précis, une pensée lui traversa l'esprit qui l'emplit à la fois de bonheur et d'effroi : Il aimerait pouvoir l'admirer tous les jours de sa vie, dans tous les états et toutes les humeurs, tous les moments qu'elle traverserait, bons ou mauvais. Soudain, elle le sortit de sa contemplation.
- Akito... Je sais que tu me caches quelque chose...
Elle releva la tête et le contempla, un sourire triste accroché à ses lèvres.
- Tu as l'air de porter un lourd fardeau toi aussi.
Le professeur eut l'impression de se désincarner, il resta figé par l'appréhension de ce qui allait suivre.
Posant la main sur son cœur, elle lui murmura:
- Je ne sais pas quelle est cette blessure que tu tentes de cacher, et je sais que tu n'es pas prêt à m'en parler... Mais sache que lorsque le moment sera venu, quoiqu'il advienne, je serais là. Je ne te laisserai pas tomber.
Akito demeura interdit, ne sachant pas comment réagir devant tant de candeur et d'abnégation. Il la regarda se perdre à nouveau dans ses pensées. A cet instant il avait envie de tout lui révéler. Il ouvrit la bouche.
- Pedro à raison, si je veux être indépendante, il faut que je me trouve un travail. Et pour ça, Il faut que je sois plus présentable.
Elle avait dit ça en bondissant hors du lit, le regard flamboyant de détermination.
Et juste comme ça, la résolution que venait de prendre Akito disparue.
- Allons-y immédiatement alors.
Le sourire aux lèvres, il se fit une joie de se préparer à sortir. En quelques secondes il était prêt. Lunettes sur le nez, tenue débraillée et cheveux ébouriffés. Naomi mit plus de temps que lui à se préparer, le faisant trépigner d'impatience. Même si enfiler machinalement son pantalon et sa veste d'uniforme ne lui prit pas longtemps, réussir à coiffer une chevelure de prêt d'un mètre pour la faire ressembler à une coupe d'homme n'était pas chose aisée.
- Tu n'as plus besoin de faire ça maintenant, lui dit-il en lui prenant doucement la main qui s'affairait à attacher sa chevelure dorée.
- Mais...
- Puisque tu as pris cette décision il faut t'y tenir.
Il retira l'élastique de ses cheveux et le jeta par dessus son épaule. Naomi le fusilla du regard, l'air boudeur. Il aurait pu avoir peur d'elle si elle ne s'était pas avouée vaincue en soupirant.
- Tu as raison. Il est temps de changer...
Elle se leva de sa chaise ; déterminée.
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