Emergence

Une semaine était passée, Naomi avait continué de se rendre en cours avec son vieil uniforme car le nouveau étant toujours en cours de confection. Elle attachait toujours ses cheveux machinalement et lorsque Akito lui faisait la remarque, elle donnait comme excuse qu'elle les détacherai lorsque son uniforme serait livré. Conscient des efforts qu'elle devait déployer, il n'insista pas.

Même si rien n'avait semblé changer pendant les cours, elle avait à s'habiller et se coiffer autrement lorsqu'elle sortait pour chercher du travail. Akito avait insisté pour qu'elle joigne à son CV, la photo d'identité qu'il lui avait fait faire en sortant du centre commercial. Grâce à ça, elle avait déjà réussis à décrocher un ou deux entretiens par soir dans des entreprises avoisinant la grande université Seika no Kosu.

Elle s'y rendait donc avec ses nouveaux vêtements, les cheveux tirés en arrière en une longue queue de cheval, toujours accompagnée d'Akito qui l'a surveillait plus attentivement que jamais. Cependant l'attitude du professeur, qui refusait catégoriquement de la laisser assister aux entretiens seule, ne jouait pas en faveur de la jeune fille. Intimidés par l'ombre maléfique que projetait le professeur sur Naomi, personne n'osait l'embaucher. Tous la remercièrent, désireux de voir son garde du corps avec son regard de tueur, quitter leurs locaux au plus vite.

- Rien n'a changé finalement...

Soupira Naomi découragée et épuisée. Elle regardait le plafond du salon d'Akito d'un air mélancolique, pendant que Pedro lui massait les épaules comme un coach sportif délassant son poulain. Elle avait l'air exténuée.

Craignant d'attirer des ennuis à la demoiselle, Akito avait insisté pour que la visite de son ami se fasse chez lui et non pas chez Naomi.

C'était la première fois qu'elle revenait ici depuis qu'elle s'était enfui de chez lui. En arrivant elle avait remarqué que la commode sur laquelle la barrette et le carnet rouge pour lesquelles Akito s'était mis si en colère ce jour là, était à présent vide.

Depuis qu'ils avaient passé la soirée au Kakuteru no Pedro, la fatigue de Naomi s'était intensifiée. Ses journées étaient bien trop chargées et ses nuits trop courtes. Les élans amoureux répétés du professeur et le stress provoqué par les entretiens d'embauches portaient une certaine part de responsabilité. Mais c'était surtout de terribles terreurs nocturnes qui venaient peu à peu ronger ses forces et sa psyché. Depuis quelques jours en effet, chaque nuit devenait tourment. Des cauchemars aussi profonds que horribles arrachaient à son corps agité des hurlements d'épouvante entrecoupé de longs râles d'agonie. Le professeur, paniqué, étaient souvent obligé de la réveillée pour mettre fin à cet inquiétant supplice. Il arrivait parfois que sous le coup de l'adrénaline, elle se réveille, en sueur, le souffle court, le coeur martelant sa poitrine. Si elle ne se souvenait jamais quel cauchemar avait pu provoquer ses terreurs. Akito lui, en connaissait parfaitement la raison. La jeune femme laissait échapper parfois quelques bribes de phrases désarticulées entre ses terribles convulsions. Il refusait néanmoins de lui révéler ce qu'elle hoquetait la nuit, prétextant que sa propre somnolence altérait sa mémoire.

- Ne t'inquiète pas ce n'est pas de ta faute, la réconforta Pedro en faisant les gros yeux à Akito. Someone needs to let.. it.. go.

- Don't you dare utiliser l'anglais pour être condescendant avec moi, répliqua le professeur l'air bougon.

- Laisse la un peu tranquille. Tu vois bien qu'elle à besoin de voir qu'elle peut se débrouiller toute seule. Moi qui pensais que tu voulais qu'elle déploie ses ailes.

Au fur et à mesure que Pedro parlait Akito se renfrognait de plus en plus, s'enfonçant dans le canapé, les bras croisés.

- C'est comme ça que tu le ressens aussi Naomi ?

Elle ne répondit pas, rougit en haussant les épaules et détourna le regard l'air gênée.

- Tu vois ! lança Pedro triomphant.

- D'accord, j'ai compris ! s'écria le professeur d'un air boudeur.

- A cause de toi, elle pense que tout ses changements ne servent à rien. Tu vas la décourager. C'est ce que tu veux ?

Akito, piqué à vif sembla réaliser à quel point son attitude avait été néfaste pour Naomi.

- C'est vrai que j'ai du mal à supporter la façon dont les recruteurs te regardaient pendant tes entretiens, admit-il. Je suppose que je récolte ce que je sème. J'aurai dû me douter que planter une aussi jolie graine ne pouvait donner qu'une fleur que personne ne peut s'empêcher de cueillir. Mais c'est vrai... dit il en se levant avant de se diriger vers sa chambre. Vous avez raison tous les deux. Je dois te laisser pousser librement maintenant.

Il claqua la porte laissant Naomi et Pedro interdits.

- Qu'est-ce qu'il lui prend ? demanda Naomi perplexe.

- La jalousie... Une araignée capable de tuer les plus beaux papillons s'ils sont prit dans sa toile. Heureusement je pense qu'il à comprit qu'elle finira par vous dévorer tout les deux s'il continue sur cette voie. Déclama Pedro tel un poète.

- Je ne comprend plus rien... Je suis une plante ou un papillon ?

- Ahah tu es mignonne. Je pense que je vais rentrer maintenant. Va le rassurer. Il a juste peur de te perdre à nouveau.

- A nouveau ? Demanda Naomi de plus en plus perplexe.

- Oh mais vous avez vu l'heure ? Allez je file !

Sur ces mots, il sortit de chez Akito, sa veste sur l'épaule. Laissant Naomi sans réponse.

Le lundi suivant, Naomi se tenait devant son psyché. Bien décidée à se rendre en classe dans son nouvel uniforme, les cheveux lâchés, elle prit une grande inspiration.

- Yosh... 

Murmura-elle, hochant la tête avec détermination, tentant de s'insuffler du courage. Akito apparut dernière elle dans le miroir et l'enlaça tendrement :

- C'est le grand jour. You're gorgeous.

Il semblait s'être fait une raison même s'il semblait encore parfois tourmenté, comme à cet instant où son reflet semblait grimacer à l'idée qu'elle se balade dans le campus dans cette tenue. Après tout, ce qu'il souhaitait depuis le début c'était qu'elle se sente mieux dans sa peau et retrouve sa féminité. Alors pourquoi avait-il tant de mal à l'accepter ?
Elle se retourna pour lui faire face et l'enlaça son tour, essayant de leurs donner du courage à tous les deux.

Le premier jour fut assez éprouvant car bien sûr son changement de style ne passa pas inaperçu chez les étudiants, en particulier chez la gente masculine. Elle attirait tous les regards. Des tas de garçons pensant qu'elle était nouvelle, ne la reconnaissant pas, vinrent lui proposer de lui faire visiter le campus. Certains lui demandaient son numéro et même si elle était libre pour sortir. Naomi était un peu désemparée et ne savait pas comment réagir face à cette soudaine vague d'intérêt qu'on lui portait. Les filles la dévisageaient avec insistance, certaines avec un regard mauvais, jaloux, envieux. Elles marmonnaient entre elles. Naomi essayait tant bien que mal de les ignorer, serrant son sac contre elle, se forçant à regarder ses pieds.

- Qui c'est ça ?

- Je l'ai jamais vu.

- Poussez vous je la vois pas ! Elle est belle !

- Son visage me dit quelque chose ...

Soudain quelqu'un l'a reconnu.

- Hé l'androgyne à changé de look ! 

Cette remarque suscita de nombreuses réactions.

- Oh mon dieu ! T'es sûr que c'est elle ?

- Qu'est-ce qu'elle a fait ?

- Aha. Elle a enfin comprit qu'elle était une fille ?

- Hé bah comme quoi, la façon de s'habiller peut changer quelqu'un.

- Fait gaffe Mitsuko, elle va prendre ta place.

- La ferme !

Naomi accéléra le pas pour échapper à cette cacophonie.

Akito, qui redoutait ce qui se passerait ne pouvait néanmoins rien dire, au risque d'éveiller les soupçons et d'attirer l'attention sur eux. Essayant de contrôler sa jalousie pour ne pas étouffer Naomi et sachant qu'elle ne devinait pas les intentions de ces camarades de classe. Il décida de la surveiller le plus possible, à distance...

Ses craintes ne mirent pas longtemps à se concrétiser. Moins d'une semaine plus tard. Alors que l'hiver commençait à s'installer sur la ville d'Osaka. Les premières journées de neiges étaient aux rendez-vous et les températures avoisinaient les zéros. Comme chaque années à cette période, l'université tenait à la disposition de ses étudiants quelques salles de classe chauffées pour qu'ils puissent travailler à l'abri du froid hivernal. 

Dans un des amphithéâtres, Naomi relisait son cours de grammaire, qui était, cela-dit en passant un vrai cauchemar. Azuka, qui l'avait suivi jusque là, intrigué par sa nouvelle apparence, la regardait timidement à l'entrée de la salle. Enfin, comme si quelqu'un l'avait poussé dans le dos pour entrer, il se décida à venir s'asseoir près d'elle.

- Naomi ? C'est bien toi ?

- Oui...? répondit-elle méfiante, sans lâcher son cahier des yeux. Levant la tête, elle parut rassurée de voir qu'il ne s'agissait que de lui. Elle poussa un soupir de soulagement.

- Dis donc tu as.... changée depuis samedi dernier.  Je ne t'avais pas reconnu.

Dit-il les pommettes légèrement rosée, en jetant un regard furtif vers l'entrée de l'amphi.

Continua-t-il en tournant la tête vers elle avec un sourire censé rattraper la maladresse de ses mots. Le silence blasé de Naomi révéla son échec. Il se frotta le derrière de la tête et tenta une nouvelle approche.

- Je ne savais pas que toi aussi tu avais une heure de libre le jeudi. Ça ne te déranges pas si je reste une peu pour qu'on bosse sur l'exposé ?

- Non pas du tout. C'est vrai qu'on est assez en retard.

Azuka s'installa à côté d'elle et sortit ses affaires de son sac, ainsi que deux briques de jus de pomme et d'un air faussement détaché en lança une à Naomi.

- Tiens, quand j'ai pris la mienne au distributeur, y'en à une deuxième est tombée.

- M.. Merci...

 Ils avancèrent un peu leur plan et étoffèrent leur introduction. Au bout d'une trentaine de minute, alors qu'Azuka s'étirait pour se délasser le dos, ses amis entrèrent bruyamment dans la salle, brisant l'ambiance studieuse qui y régnait. Si Naomi n'y prêta aucune attention, Azuka se couvrit immédiatement le visage de la main, baissant la tête, espérant ne pas être reconnu.

- Hé ! Regardez-ça ! C'est Azuka avec sa blonde !

- Hey Mec ! Ça travail dur hein !? Lui lança Luka en haussant frénétiquement ses sourcils de façon suggestive.

- Ça travail au corps même ! renchérit Toshi.

Azuka leurs lança un regard à la fois noir et paniqué, priant pour que Naomi n'ai rien entendu. En une seconde son cerveau bouillonna : Que faire !? Jouer le jeu et rire avec eux au risque de blesser Naomi ? Les ignorer ? Ou pire ! Les laisser saborder sa mission ! Soudain, volant à son secours, une claque s'abattit sèchement sur le crâne des deux indiscrets.

- Fermez là un peu vous deux ! chuchota sèchement Kuro.

- Venez, on va se poser là-bas discrètement.

Suggéra Yuushi tandis que Luka en se frottait douloureusement la tête.

- Ok, ok... Ça va...

Sur le trajet, ils adressèrent à Azuka des sourires entendus accompagnés de clins d'oeil franchement pas discrets.

Soulagé de voir que Naomi n'avait rien remarqué, le jeune homme leurs répondit avec majestueux et vibrant doigt d'honneur, habilement dissimulé sous la table.

- Dis moi Kuro, tu voulais pas lui proposer d'échanger de groupe avec lui pour l'exposé ? J'crois que c'est mort non ?

- Ouais... J'aurai bien voulu... Elle est tellement kawaï maintenant... avoua Kuro avec des étoiles dans les yeux.

- Kawaï ? Ta petite sœur est kawaï ! Elle, c'est une méga bombasse ouais ! s'esclaffa Luka.

- En tout cas, elle passe un après midi avec lui et "hop" elle tombe les fringues de mec la petite Uchida. Imagina Toshi.

- Sérieux ? Tu crois que c'est pour lui tout ça ? demanda Yuushi en les regardant avec un peu trop d'insistance.

- J'sais pas... Mais j'aurais aimé qu'elle fasse ça pour moi... confia Kuro en rougissant légèrement.

- Ahah pour ça, il aurait pas fallu te foutre de sa gueule à chaque cours. Il a bien joué son coup le p'tit Azuka.

- Hé les gars, imaginez la en tenu de maid...

C'était leur grand jeu, il s'amusaient à imaginer chaque fille qu'ils trouvaient mignonne en maid. Encore une belle démonstration de machisme ostentatoire.

- Elle ?! En tenu de maid ?! J'vend mon rein pour voir ça... déclara Kuro en déglutissant.

- Et moi j'vend ta petite soeur ! ajouta Luka en riant, lui valant de se recevoir une seconde claque de Kuro qui n'avait pas vraiment apprécié la plaisanterie.

De l'autre côté de la salle, ayant perdu toute motivation pour continuer à travailler, Azuka demanda à Naomi :

- Alors tu vas faire quoi pendant tes vacances d'hiver ?

- Euh je ne sais pas, sûrement travailler. Et toi ?

- Moi je vais skier un peu à la montagne avec un groupe d'ami. Ça te dirait de venir avec nous ?

- Non merci, le ski c'est pas trop mon truc...

- Ah d'accord, tant pis...

- Alors viens prendre un verre avec moi, un de ces soirs ?

- Je ne bois pas, répondit elle d'un air distrait en continuant d'écrire.

Mais Azuka ne semblait pas vouloir s'avouer vaincu.

- Ou voir un film ? insista-t-il. Tu aime les films surnaturel ? Moi j'adore ça. Il y en a un très bon qui vient de sortir avec une fille qui voit les auras des gens et peut deviner leurs intentions. Je trouve ça trop cool. Ça fait rêver...

Expliquait le jeune homme d'un air passionné alors que Naomi se perdait dans ses pensées avec nostalgie.

Saki...

En effet Azuka avait une passion très prononcée pour le surnaturel et adorait raconter des histoires de fantômes tirer de son bouquin préféré : Contes et légendes Nippones qu'il trimballait toujours avec lui. Il ne manquait aucune occasion d'en parler, et lorsqu'il le faisait cela pouvait durer une éternité. Naomi l'avait souvent entendu en parler avec ses amis. Rêvant de pouvoir surnaturel il s'était souvent essayer à la télékinésie mais sans succès.

La cloche sonna, en rangeant ses affaires le jeune homme fit une ultime tentative.  

- On a qu'à dire demain soir 19h devant le vendeur de Yakisoba alors ? Après on ira voir le film dont je t'ai parlé tout à l'heure. Passe une bonne journée !

Avait-il débité à toute vitesse, en se levant, comme s'il était pressé de partir.

- Mais...

Il lui frotta délicatement la tête et s'en alla, sans qu'elle eu le temps de répondre quoi que ce soit. Prenant une gorgée de jus de fruit pour se remettre de ses émotions de ce contact physique, elle remerciat les dieux qu'Akito n'est pas été témoin de la scène. Elle manqua de s'étouffer lorsqu'elle réalisa qu'elle n'avait pas eu l'occasion de décliner son invitation.

De l'autre côté de la salle, on entendit des réactions sonores venant du groupe d'Azuka avait rejoint.

Elle resta perplexe quelques instants. Soudain un raclement de gorge provenant de derrière elle, suivit d'une voix d'outre tombe à firent frissonner..

- Mademoiselle Uchida ...

Elle reconnut la voix d'Akito et du réprimer un sursaut avant de se retourner, un peu gênée et angoissée à la fois.

Était-il là depuis longtemps ?

Elle répondit d'une voix empressée et maladroite.

- Euh...Oui, monsieur Nagaruma ?

- Suivez moi dans mon bureau.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top